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Jonathas de Andrade

Jonathas de ANDRADE (Brésil)

Né en 1982 à Maceió, Brésil, vit et travaille à Recife.

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Jonathas de Andrade adopte un regard anthropologique sur ce qui est supposé être un rite animiste survécu au Brésil. Cette vidéo d’une rare beauté plastique réussit un tour de force qui captive le regardeur quand il plonge lui-même dans l’image. Elle est tournée dans le Nordeste du Brésil, région à forte concentration de populations afro-brésiliennes. Les protagonistes en sont les pêcheurs des villages Piaçabuçu et Coruripe au bord du euve São Francisco et de l’océan Atlantique. Filmés dans la uidité de leurs gestes et mouvements sous l’eau, ils attrapent les poissons qu’ils tiennent dans leurs bras et contre leur poitrine jusqu’à l’expiration de leur dernier sou e. Derrière ce rituel, se manifesterait le respect de la vie de la proie animale avant sa consommation. Il n’en est pourtant rien – car l’artiste, par la force de la ction de ce qui apparaît au premier abord comme un documentaire quasi anthropologique, invente de toutes pièces une tradition qui ne manque pas de souligner l’importance de la relation de l’homme en symbiose avec la nature. Jonathas de Andrade a su transcrire toute la tension a ective des pêcheurs envers les poissons. Au-delà de l’opposition entre nature et culture, passablement fausse et dépassée, il fait de ce rituel un puissant exemple de leur étroite relation. Il rappelle implicitement les croyances des autochtones concernant la vie de tous les éléments de la nature et l’interaction entre l’homme et son environnement. L’artiste suggère que ce geste, qui apparaît comme un respect envers l’animal, pourrait trahir en même temps un geste de domination. Or, il n’en reste pas moins que Jonathas de Andrade propose avec cette œuvre une magique utopie, où l’homme vivrait non pas « comme maître et possesseur » de la nature mais comme étant partie intégrante de celle-ci.

Jonathas de ANDRADE (Brazil)

Born in1982 in Maceió, Brazil, lives and works in Recife.

Jonathas de Andrade takes an anthropological view of what is supposed to be an ancient Brazilian animist rite. is exceptionally beautiful lm is a true tour de force, captivating the viewer as they themselves dive deep into the images. He shot this lm in Brazil’s Northeast region where there is a high percentage of Afro-Brazilians and his protagonists are the shermen of the Piaçabuçu and Coruripe villages on the banks of the São Francisco river and the Atlantic Ocean. e lm depicts their uid movements under the water as they grab the sh, holding them in their arms until they stop breathing, revealing a real a ection. However, none of it is true, as, in fact, de Andrade invented the entire tradition from scratch. Nevertheless, the powerful, ctional images of what rst appears to be an anthropological documentary, highlight the importance of man’s symbiotic relationship with nature. Jonathas de Andrade goes beyond the fake, outdated notion of the opposition between nature and culture, and turns the ritual into a powerful example of how closely linked they really are. e implicit reminder is that the interaction between man and his environment forms the basis of all indigenous peoples’ beliefs about nature. Jonathas de Andrade suggests that this apparent gesture of respect toward the animal may also be read as a gesture of domination, but it must be said that the overall feel of this piece is magically utopian, a place where man lives in harmony with nature and not as “master and owner”.

O Peixe (Le poisson), 2016 Vidéo, 16mm transféré sur 2K 37 min Courtoisie de l’artiste et Galeria Vermelho, São Paulo, Brésil O Peixe ( e Fish), 2016 Video, 16mm transferred to 2K 37’ Courtesy of the artist and Vermelho gallery, Sao Paulo. SP Brazil