2 minute read

Kader Attia

Kader ATTIA (France / Algérie)

Né en 1970 à Dugny, France, vit et travaille à Berlin.

Advertisement

Kader Attia a lmé cette séance de divination par le sable lors du symposium « Vive L’Indépendance de l’Eau », qu’il avait organisé à l’Université Cheihk Anta Diop, à Dakar, dans le cadre de la Sharjah Biennale 13. La couleur bleue, rappelant l’eau et le ciel, sert de cadre chromatique à la scène où, saisis en gros plan, les gestes des mains précis et assurés du devin sénégalais tracent des motifs sur le sable. Le professeur Ibrahim Sow (décédé en 2018 et à qui cette œuvre est dédiée), spécialiste de cette pratique en Afrique, précise que le destin, qui constitue une «intrusion de l’humain dans le divin», a été considéré comme une hérésie par les religions islamique et chrétienne. Or, malgré cette condamnation et l’imposition d’une certaine idée étriquée de la modernité par les puissances coloniales, ces traditions ancestrales de géomancie, du maraboutage et de sorcellerie, ainsi que les croyances animistes, ont pu survivre dans le continent africain. La permanence de ces traditions vis-à-vis des stéréotypes imposés montre la force de la mémoire orale et gestuelle, terrain propice pour la transmission des mythes et des rituels qui restent encore vivants sur le continent africain. Même si nous savons que parfois certaines traditions peuvent être remodelées ou inventées, cette œuvre évoque de façon subtile la nécessité pour les populations de se réapproprier leurs mythes et coutumes, de se reconnecter avec une histoire dont ils ont été dépossédés pendant les longues années de la colonisation. Elle questionne encore une fois certains malentendus historiques tout en mettant en avant la force de la persistance de ces cultures extra-occidentales.

Kader ATTIA (France / Algeria)

Born in 1970 in Dugny, France, lives and works in Berlin.

Kader Attia lmed this sand divination ceremony during the “Vive L’Indépendance de l’Eau” (“Long Live the Independence of Water”) symposium that he organised at the Cheihk Anta Diop University in Dakar, Senegal as part of the Sharjah Biennale 13. e blue reminds us of both water and sky, and provides the chromatic framework of the closeup of the Senegalese diviner’s precise, con dent hand movements as he traces motifs in the sand. Professor Ibrahim Sow (who died in 2018 and to whom this piece is dedicated), was a divination specialist in Africa who would point out that fate, “the intrusion of the human in the divine”, was considered by both Islamic and Christian traditions to be a heresy. Despite this condemnation and the narrow idea of modernity imposed by colonial powers, ancestral traditions of geomancy, maraboutage and witchcra , as well as animist beliefs, have survived to this day on the African continent. e staying power of these traditions proves the resilience of oral traditions and the memory of movement, allowing the myths and rituals that are still very much alive on the African continent to be handed down. While some of these traditions can be entirely reworked or invented, this piece subtly evokes the need for peoples to re-appropriate their myths and customs, to reconnect with a history that was taken from them for so long during colonisation. It questions, yet again, certain historical misunderstandings while highlighting the strength and staying power of non-Western cultures.

Hommage à Ibrahima Sow, 2018 Video, 1 min 24 Courtoisie de l’artiste Hommage à Ibrahima Sow, 2018 Video, 1’ 24’’ Courtesy of the artist