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Nevet Yitzhak

Nevet YITZHAK (Israël)

Née en 1975 à Jérusalem, vit et travaille à Tel-Aviv.

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L’installation de Nevet Yitzhak comprend deux projections. Dans la première, une colonne illuminée, celle de l’obélisque de la Concorde, alors que dans l’autre une girafe majestueuse avance à pas très lents vers une guillotine o rant sa tête pour être décapitée. Le noir domine dans une atmosphère étrange où un air de musique, celui du «Mystère d’Isis » repris de l’opéra de Mozart La Flûte enchantée, joue un rôle fondamental. Cette scène réalisée avec un soin esthétique indéniable semble résulter d’une association d’idées assez incongrue. Assez rapidement, l’arrière fond historique traité par l’œuvre révèle un événement dont la mémoire n’existe que dans de rares livres d’histoire. Il s’agit duVoyage de l’obélisque: Luxor/Paris (1829-1936), dont le musée national de la Marine à Paris lui a consacré une exposition en 2014. Avec une centaine de documents, de lettres, d’artefacts et de maquettes, l’exposition retraçait l’incroyable voyage de l’obélisque qui, au début du 19e siècle, a été déplacé de l’entrée du temple de Louxor en Égypte pour être installé à Paris. L’obélisque, avec sa pointe dorée qui connecte la terre aux cieux, a été construit au 13e siècle avant Jésus-Christ et faisait partie d’une paire d’obélisques jumeaux qui se tenaient à l’entrée du temple du dieu soleil Amon-Ra jusqu’au moment où ils ont été o erts au peuple français en 1829. Au terme d’un périple di cile depuis l’Égypte jusqu’à la France, l’obélisque a été installé sur la place de la Concorde lors d’une cérémonie festive, à l’endroit où se tenait la guillotine, le symbole de la terreur de la Révolution française – dans l’objectif d’e acer cet horrible souvenir. Deux mille personnes sont venues à la cérémonie; un bataillon de soldats français a assisté à l’érection du monument et un orchestre a joué l’air du « Mystère d’Isis ». Le voyage, qui a duré sept ans et qui a entraîné la démolition de maisons qui se trouvaient sur son passage, a confronté les ouvriers à la maladie, à de longues périodes d’attente liée aux marées, aux tempêtes et à des con its sur la stratégie à adopter. Cela, a fait prendre conscience que le second obélisque ne pourrait pas être ramené à Paris. Il est resté orphelin, se tenant seul à la porte du temple avec le fantôme de l’obélisque manquant, accusant la désorganisation de la symétrie. En croisant les références, Nevet Yitzhak s’appuie sur cet événement historique a n d’interroger également certains enjeux du présent. Est-il possible de remettre l’obélisque à sa place originelle? Et dans ce cas, quel sera le sens d’un retour à la maison? Existe-t-il quelque chose comme « une place naturelle » pour les objets et les édi ces ?

Nevet YITZHAK(Israel)

Born in 1975 in Jerusalem, lives and works in Tel-Aviv.

Nevet Yitzhak’s installation is made up of two large-scale animated videos. e rst depicts the beautifully lit obelisk at the Place de la Concorde in Paris, while the other shows a majestic gira e moving slowly toward a guillotine to be decapitated. e black background adds tension and the accompanying soundtrack from Mozart’s Enchanted Flute is key. is remarkably beautiful scene may appear strange, but it is in fact based on a real event that features in only a few rare history books. e 2014 exhibition, Voyage de l’obélisque : Luxor/Paris (1829-1936), at the Musée National de la Marine in Paris provided more detail. e exhibition retraced the amazing voyage of the obelisk from the temple of Luxor in Egypt to the centre of Paris at the start of the 19th century, through documents, letters, artifacts and models. e obelisk, whose gold tip is said to connect the earth with the heavens, was built in the 8th century B.C. and was one of a pair of twin obelisks that stood at the entrance to the temple of Amun-Ra, the Sun God, until they were gi ed to the French people in 1829. A er a long and complicated journey from Egypt to France, the obelisk was mounted in the centre of the Place de la Concorde with great pomp and ceremony. It was placed in the exact spot where the guillotine had stood, in the hopes that it would erase the horrible memory of the French Revolution’s Reign of Terror. e ceremony drew an audience of two hundred thousand people, including a battalion of French soldiers who looked on as the obelisk was mounted to the sound of an orchestra playing the Mystery of Isis extract from Mozart’s Enchanted Flute. e seven-year journey was fraught, houses that were in the way of the obelisk were summarily demolished, many workers fell ill, and tides, storms and disagreements on strategy led to long waits. Consequently, the second obelisk never made it to Paris. It remained orphaned, alone at the entrance to the temple, a symbol of disorganisation and imbalance, haunted by the ghost of the missing twin. Nevet Yitzhak references this historic event on many levels and asks questions about present. Can the obelisk ever be returned to its original place and, if so, what would this homecoming mean? Is there such a thing as the “natural place” for objects and edi ces?

Detail no. 1, from the Displaced Monuments: Luxor Obelisk, 2014 Projection vidéo sur mur et colonne 3 min 20 Courtoisie de l’artiste Detail no. 1, from the Displaced Monuments: Luxor Obelisk, 2014 Video projection on wall and column 3’20’’ Courtesy of the artist