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Barthélémy Toguo

Barthélémy TOGUO (Cameroun/France)

Né en 1967 à M’Balmayo, vit et travaille à Paris et Bandjoun.

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Barthélémy Toguo est en transit permanent d’un lieu à l’autre, d’une culture et d’un climat à l’autre. À force d’être systématiquement contrôlé aux aéroports, il fabriquera des valises en bois massif qui rendront aux contrôleurs la tâche plus di cile, mettant à nu le système de contrôle qui considère certains individus comme suspects potentiels à cause de leur couleur de peau. Le bois massif est choisi également dans l’installation Urban Requiem, pour tailler d’énormes bustes humains avec des têtes sans visage qui prennent la forme de tampons géants. Un ensemble de ces tampons est présenté à la Biennale de Venise en 2015. Les messages gravés sur ces tampons racontent des histoires de discrimination, d’imposition de frontières, en lien souvent avec une actualité politique comme #BlackLivesMatter par exemple. Les clôtures et séparations, impositions et limites dans une société de contrôle deviennent de plus en plus strictes. «Nous sommes tous en transit permanent», dit l’artiste dont les tampons en bois géants tournent en dérision ceux apposés dans les passeports et marquent avec leur poids écrasant la condition de l’homme qui est toujours potentiellement un «exilé». L’aspect massif de ces bustes anonymes déposés par terre comme des dépouilles contraste avec la uidité des têtes et des fœtus qui peuplent ses aquarelles et ses peintures avec leur caractère fantomatique mi-humain, mi-végétal. Les têtes décapitées dérangent et interpellent par la puissance expressive des cris étou és de leur douleur, alors que tel un végétal en gestation le fœtus eurit et s’élance vers le ciel. La reconnexion de l’individu avec la terre et sa mémoire, les questions complexes d’identité, les catastrophes écologiques mais aussi celles des virus qui nous guettent, sont autant de sujets de prédilection de cet artiste toujours aux aguets pour agir. Ses œuvres portent majestueusement cette urgence.

Barthélémy TOGUO (Cameroon/France)

Born in 1967 in M’Balmayo, lives and works in Paris and Bandjoun.

Barthélémy Toguo is permanently in transit from one place, one culture and one climate to another. Because he was constantly being checked at airports, he built solid wood suitcases to make checks more di cult for customs o cers, in a bid to expose the fact that some people are considered suspect just because of the colour of their skin. He uses solid wood for his installation, Urban Requiem, where he carved huge human busts with faceless heads that form giant ‘o cial’ stamps. A collection of these stamps was presented at the 2015 Biennale in Venice. e messages on the stamps tell stories of discrimination and imposed borders, and are o en linked to political current a airs like the #BlackLivesMatter movement, evoking the fences and separations, impositions and limits in a controlling society that is getting ever stricter. According to Toguo, “We are all in permanent transit”, as his giant wooden stamps mock o cial passport stamps and the way their weight bears down on people who are all potential “exiles”. ese massive, anonymous busts, placed on the ground like bodies, contrast with the uidity of the heads and foetuses that people his water colours and paintings with their ghostly half-human, half-vegetable feel. e expressive power of the mu ed cries of the decapitated heads can be harrowing, while the foetus blooms and moves skyward like a plant in gestation. Reconnecting with the land and its memory, complex questions of identity, ecological catastrophes and the looming threat of viruses, provide the breeding ground for an artist who is ever ready to act. His work truly expresses this urgency.

Urban Requiem, 2015-2020 Tampons en bois Ιnstallation in situ Bandjoun Station 2019-2020 Photo Yvon Ngassam Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Lelong & Co., Paris et New York Urban Requiem, 2015-2020 Wooden stamps In situ installation Bandjoun Station 2019-2020 Photo Yvon Ngassam Courtesy of the artist and Galerie Lelong & Co., Paris and New York

e Quintessence of Life, 2006 Aquarelle sur papier marou é sur toile 113 x 89 cm Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Lelong & Co., Paris et New York e Quintessence of Life, 2006 Watercolours on paper on canvas 113 x 89 cm Courtesy of the artist and the Lelong & Co. gallery, Paris and New York