TRAVAILLEURS DE NUIT EN TEMPS DE PANDÉMIE « Aujourd’hui, je travaille de minuit à 8 heures ». Comme Richard, agent de sécurité, nombre de travailleurs doivent se déplacer de nuit. Vendredi 7 mai, 22 h, le couvre-feu est déjà en vigueur depuis deux heures. Québec dort, à l’exception des noctambules qui assurent leur service. Portrait de ces travailleurs de nuit.
« Avec ma veste d’agent de sécurité, je n’ai jamais été contrôlé ».
« Je nettoie trois étages de bureau et les 14 salles de bain »
RICHARD, LA NUIT AU MUSÉE
SYLVIE, EMPLOYÉE DE MÉNAGE
Au moment d’écrire ces lignes, le Musée de la civilisation a été forcé de fermer à trois reprises. Malgré l’absence de visiteurs, il a maintenu son service de surveillance.
Pour lutter contre la COVID-19, l’arbitrage entre économie et crise sanitaire a particulièrement affecté le secteur des services : les restaurateurs, les hôteliers… Sans oublier le personnel de ménage.
« 5 à 6 passagers après 20 heures »
Sous l’enseigne lumineuse du journal Le Soleil, Sylvie peaufine le nettoyage des portes vitrées de l’immeuble de huit étages. « Je nettoie trois étages de bureau et les 14 salles de bain du bâtiment », rapporte-t-elle. Employée depuis deux ans, elle a conservé son poste malgré les coupes de personnel. De l’entreprise qui l’emploie, « J’étais la plus expérimentée », explique-telle, chiffon et pchit pchit à la main. Sylvie finit son service à minuit. Au cœur de la Basse-Ville, le Service de Police de la ville de Québec n’est pas loin. Leur présence n’inquiète pas Sylvie : « J’ai été contrôlée une fois pendant le couvre-feu, au début. Je pense que maintenant, ils me reconnaissent ».
Crédit photo : VICTOR LHOEST
D’habitude, Richard se déplace en uniforme. « Avec ma veste d’agent RENAUD, GARDIEN DE LA NAde sécurité, je n’ai jamais été contrôlé VIGUE », rapporte le gardien du Musée de Dans le hall d’attente du traversier, le la civilisation. En plein couvre-feu, capitaine du bateau et Renaud, gar- Richard sort du traversier en prodien de la navigue, se tiennent com- venance de Lévis, pour se rendre pagnie. En tenue de travail et badge au musée. Ce trajet, il le fait depuis apparent, ce dernier s’occupe des pas- trois ans. L’air sérieux derrière son sagers et s’assure que la traversée se épaisse moustache grise, il s’apprête à passe sans accroc. Celui qui a à cœur enchaîner huit heures de travail. Les d’aider les voyageurs occupe son lieux culturels sont encore fermés, poste depuis sept ans. Avec le couvre- mais le musée est toujours surveillé. feu, son travail n’a pas changé : Avec lui, au travail, un collègue le le traversier entre Québec et Lévis a complète. « Il supervise les écrans. conservé sa fréquence, un aller-re- Moi, je suis dans les couloirs ». Ritour par heure. Après 20 h, le gardien chard admet ne pas voir beaucoup de observe peu de passages : « Cinq à six monde : « à part quelques itinérants personnes, de Québec à Lévis. Dans et ceux qui promènent leur chien, la l’autre sens, il n’y a personne ». nuit est très calme ».
Pour les travailleurs de nuit, les bus du RTC sont essentiels à leur déplacement.
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LA QUÊTE
JUIN 2021