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Dormir sous des millions d’étoiles

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Pays de province

Pays de province

Le secteur touristique mis à l’arrêt par la pandémie de Covid-19 a privé bien des gens de l’anticipation guillerette qu’engendre la planification d’un voyage. Après plus d’un an de projets touristiques mis entre parenthèses, nos nuits de voyages inoubliables peuvent nous sembler être un rêve lointain. Laissez-moi donc vous offrir une lueur d’espoir et vous raconter une nuit sans pareille, une nuit dans l’infini.

L’aboutissement de mon voyage au Maroc m’a amené au sud du pays, dans la ville de Marrakech. Reconnue

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Sébastien dans le désert du Sahara.

pour sa grande place publique, Jema El-Fna, qui est entourée d’un dédale de souks (marchés) marocains dans lesquels il est un régal de s’égarer, Marrakech est aussi une des portes d’entrée pour le désert du Sahara. Après avoir passé quelques journées à découvrir les musées et les environs de Riad, à déguster des mets locaux et rencontrer mon lot de charmeurs de serpents, j’ai décidé de planifier l’épilogue de mon voyage : une nuit dans le désert du Sahara.

L’aventure est pour le moins excitante : un parcours d’une journée à travers les routes escarpées marocaines jusqu’aux portes du Sahara, suivi d’un trajet de quelques heures à dos de dromadaire jusqu’à ma destination, un campement de Touaregs en plein milieu du désert. Après avoir fait la connaissance de mes hôtes enturbannés et partagé un succulent tajine sous une tente, j’ai exploré un brin les alentours du campement. Se

retrouver dans le milieu du désert est une expérience surréaliste qui donne l’impression de se retrouver sur une exoplanète chaude et granuleuse, qui offre un horizon ininterrompu et un silence apaisant que seul le chant fragile du vent altère occasionnellement. Malgré les agréables découvertes que m’offrait l’environnement de dunes infinies, rien ne saurait se comparer à l’émerveillement qu’allait m’offrir la Voie lactée durant cette nuit d’automne marocain. À la suite d’un coucher de soleil d’une beauté poétique, les premières étoiles ont percé le noir jais du ciel du désert. Alors que j’étais installé dos contre sol sur un énorme tapis tissé à la main, les voûtes célestes se sont enflammées d’un scintillement glacé alors que des millions d’étoiles se révélaient sous mes yeux. Suspendues dans l’infini inaccessible, ces dernières me récompensaient par leur beauté. La conceptualisation tangible de l’immensité de notre univers est une leçon d’humilité sur notre rôle dans ce dernier et offre à quiconque s’y perd un terrain fertile à l’introspection. Les douces lumières du passé qui ont caressé mes iris le temps d’une nuit glaciale allongé sur le sol a engendré plus de questions qu’elles n’avaient de réponse à m’offrir. Que suis-je venu chercher ici? Moi-même?

Au final, je dois admettre que les voyages me manquent, mais étant optimiste de nature je sais avec certitude que le prochain sera d’autant plus savoureux, comme l’étreinte d’une personne aimée après une trop longue séparation. Bien qu’évidemment le secteur touristique prendra un certain temps à se rétablir, voyons cette escale comme l’opportunité de nous ressourcer dans nos nuits québécoises. La nuit porte certes conseil, et possiblement que tous les chats y sont gris, mais elle est aussi sujette à l’émerveillement lorsqu’on y découvre notre univers. Les cieux comme les humains cachent parfois leur beauté dans la nuit, sous des nuages ou des façades, il suffit parfois d’y plonger un regard bienveillant pour voir éclore un univers insoupçonné.

SÉBASTIEN AGOSTINI-CAYER

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