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Les troubles du sommeil moderne
Que ce soit à cause de notre grande exposition aux écrans ou de notre horaire chargé, les temps semblent durs pour le sommeil en 2021. Selon une étude réalisée par le Centre d’étude des troubles du sommeil, entre 40 et 50 % de la population québécoise souffre de symptômes occasionnels de l’insomnie. Les chercheurs affirment que nos habitudes de vie en journée ont des répercussions directes sur la qualité de notre nuit ainsi que sur notre capacité à profiter d’un sommeil réparateur.
En moyenne, la population québécoise adulte passe six heures par jour devant un écran d’ordinateur. Selon l’Association canadienne des optométristes, ces heures n’incluent pas
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En moyenne, un adulte a besoin de sept à neuf heures de sommeil par nuit pour assurer aux cellules de son corps le temps nécessaire pour se régénérer.
le temps écoulé devant un téléphone cellulaire, une tablette ou un téléviseur. Les chercheurs établissent que la lumière bleue émise par nos écrans perturbe notre cycle de sommeil ce qui peut détériorer la santé de nos yeux, causer de l’insomnie et contribuer au développement de cancers, de maladies cardiovasculaires, du diabète ou de l’obésité. Les écrans émettent une fréquence de lumière dite « bleu violet », soit une luminosité qui n’est pas naturelle et qui est différente du spectre « bleu turquoise » de la lumière naturelle à laquelle nos yeux sont habitués. Selon les chercheurs, le spectre lumineux bleu-violet « déstabilise la sécrétion hormonale de mélatonine dans le corps », soit l’hormone qui gère la bonne synchronisation des cycles du sommeil. Cette hormone régularise également les systèmes biologiques qui sont responsables de régénérer les cellules du corps humain durant la période de sommeil dit réparateur. Sur plusieurs appareils intelligents, il est possible d’ajuster la luminosité et d’amoindrir les répercussions de notre forte exposition à ces rayons. Cependant, la solution serait d’attaquer le problème à la source et de simplement réduire notre temps devant les écrans. Prioritairement, de ne pas se servir de son téléphone
intelligent ou de sa tablette au moins une heure avant d’aller se coucher.
PROCRASTINER SON SOMMEIL
Pour certaines personnes, déposer son téléphone avant de s’endormir n’est pas le problème, ce sont les heures de réflexion qui s’ensuivent qui le sont. C’est la réalité de Andrew Roberts, étudiant en psychologie à l’Université Concordia. Souffrant d’insomnie depuis son très jeune âge, l’étudiant présente le concept de revenge bedtime procrastination (ou procrastiner son heure de coucher par vengeance). Cette théorie fait référence à la manie qu’ont certains à repousser l’heure du coucher pour regagner un semblant de contrôle sur leur journée qui semble s’être écoulée tellement rapidement qu’elle leur a échappé. « J’ai l’impression de ne plus voir le temps passer. Alors, quand vient l’heure d’aller dormir, je passe, chaque nuit, au moins deux heures dans mon lit à penser à ce que j’ai fait durant le jour, à planifier le lendemain et à simplement me perdre dans mes pensées », déclare le jeune. Pour lui, il y a quelque chose de réconfortant dans la noirceur et la solitude que procure la nuit. « C’est comme si je pouvais ralentir le temps un peu et profiter d’un moment calme qui m’appartient pleinement. » Toutefois, Andrew Roberts est un exemple parfait des répercussions physiques du manque de sommeil et d’un cycle perturbé. Fatigue intense et troubles anxieux: l’étudiant, suivi par des professionnels de la santé psychologique, admet que des somnifères lui ont longtemps été prescrits pour assurer des nuits de sommeil complètes et permettre à son corps de récupérer. La pharmacienne Rim Bussoffara confirme qu’une importante hausse dans la prescription des somnifères et des antidépresseurs a été remarquée au courant de l’année 2020-2021. Selon elle, le stress engendré par la pandémie et le télétravail sont les principales causes qui expliquent ce phénomène. « J’ai des consultations sur les troubles du sommeil presque tous les jours chez des patients de tous âges. Ça devient de plus en plus fréquent », évalue-t-elle.