BESOIN D’UN VIRUS POUR PROGRESSER… ?
Confinement oblige, de nombreux groupes d’échange ont été créés sur les réseaux sociaux. Le Groupe d’entraide contre le racisme envers les Asiatiques du Québec (GECREAQ), créé par Laura Luu, a vu le jour le 28 mars 2020. Dans une entrevue accordée au CityNews Montreal, cette dernière confie que l’ampleur du racisme que subissent les communautés asiatiques depuis quelque temps est inattendue et inédite. Elle estime que les personnes asiatiques se plient depuis trop longtemps à un racisme sournois et n’ont, de ce fait, jamais développé le réflexe de dénoncer les actes répréhensibles dont ils sont parfois victimes. Mme Luu est d’avis que les communautés asiatiques doivent d’abord rompre avec leur culture du silence et juge qu’elles peuvent (malheureusement) tirer des leçons de l’expérience des autres communautés qui ont fait front au racisme avant elles. Le groupe initie certaines vagues de dénonciations notamment en lien avec des commentaires haineux ou des biais médiatiques au sujet de la Covid-19. Les membres du groupe relatent que trop souvent les articles ou les reportages au sujet de la pandémie sont illustrés par des personnes d’origine asiatique portant un masque, ce qui renforce la discrimination à leur égard. Des ateliers en direct sur la santé mentale dans les communautés asiatiques y ont aussi été organisés. Leur site web officiel a été mis sur pied pour offrir des ressources en santé mentale multilingues pour la communauté chinoise et fournir des renseignements sur la démarche à suivre afin de dénoncer des incidents FÉVRIER 2021
Crédit photo : Erika Bisaillon
La stigmatisation liée à la Covid-19 a provoqué une résurgence de sinophobie et de racisme anti-asiatique, depuis le début de la pandémie. Les effets de cette vague de discrimination ont brimé l’intégrité des personnes des communautés asiatiques et une série d’incidents xénophobes a été dénoncée au Québec, comme à travers le monde. Depuis, de multiples initiatives ont été prises afin de contrer ces incidents et crimes haineux.
Les surnoms « virus chinois » et « kung-flu » prononcés par l’ex-président Trump sont perçus comme une invitation implicite et réelle à la violence par certains. L’augmentation drastique des attaques xénophobes commise s envers la communauté asiatique américaine dès la fin du mois de mars 2020 en témoigne.
et des crimes haineux. Il est possible de le visiter au www.regroupementasieqc.org. Plusieurs campagnes de sensibilisation de toutes sortes ont également été lancées pour lutter contre la discrimination. Health Not Hate de Hamazaki Wong, dont le mot-clic #HealthNotHate est devenu viral, et Elimin8hate du Festival du film asiatique de Vancouver en sont de bons exemples. LA CAMPAGNE « BONNE FORTUNE ET SOLIDARITÉ »
Dans le quartier chinois montréalais, une douzaine d’entreprises ont distribué cinq mille biscuits de fortune contenant un message antidiscriminatoire. Par exemple, les maximes « La discrimination fait mal, la solidarité guérit » ou encore « Les sages pratiquent la distanciation sociale, et non la discrimination raciale » circulent en ce moment. Les détenteurs de ces biscuits chinois se voyaient offrir du même coup une réduction de 10 % pour chaque commande pour emporter jusqu’à la fin de l’année 2020. Les commerçants espéraient de la sorte ramener les clients dans le secteur, certains restaurants ayant déjà constaté une diminution d’à peu près 40 % de leur clientèle en mars 2020. LA QUÊTE
BARRIÈRE LINGUISTIQUE ET DÉSINFORMATION
Dans la région de Montréal, la Young Asian Health Professionals Association (YAHPA) a été fondée afin de venir en aide aux populations chinoises et vietnamiennes en matière d’information liée à la santé. Puisque la barrière linguistique et la désinformation sont des problématiques présentes au sein des communautés asiatiques, ce regroupement de professionnels de la santé tente de fournir de l’information scientifique et médicale de qualité. De son côté, le Centre de rechercheaction sur les relations raciales (CRARR) a produit une série de vidéos qui vise à mettre en lumière les conséquences négatives de la propagation de fausses informations liées à la Covid-19 sur la vie des Canadiens d’origine asiatique. Or, d’après un sondage d’opinion annuel, la Fondation Asie-Pacifique du Canada (APF Canada) révèle que 84 % des Canadiens interrogés en 2020 estiment que le racisme à l’encontre de la communauté asiatique existait au Canada avant la pandémie. Le plus alarmant c’est que 53 % des Canadiens estiment que cette hostilité ne disparaîtra pas de sitôt. ERIKA BISAILLON
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