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Santé mentale au travail le stigmate invisible
Posez-vous la question: Auriezvous honte de dire à vos collègues que vous êtes tombés de vélo et que votre cheville est fracturée? Non. Que vous êtes dépressifs…? Le travail, microcosme de la société, donne du fil à retordre aux personnes non neurotypiques. Il resterait à faire passer la pilule.
UN TABOU NON SANS CONSÉQUENCE
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Divulguer ou pas son état de santé mentale dans un nouveau milieu de travail: évaluation du stigmate social et des retombées sur le travail est le titre d’une des études en cours à la Chaire de recherche en santé mentale et travail du Centre de recherche
DE L’AIDE SUR MESURE
La situation n’est pas sans espoir pour autant. À Québec, de nombreuses ressources communautaires continuent d’offrir, malgré la pandémie, leurs services aux personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale.
Parmi elles, Le Pavois « vise l’intégration socioprofessionnelle et scolaire de personnes ayant un problème de santé mentale qui privilégie l’actualisation des rêves et l’amélioration de leur qualité de vie ». L’organisme offre un programme d’aide complet aux personnes, dont des ateliers socioprofessionnels, le club sportif, l’intégration au travail, le soutien aux études. Il anime aussi un groupe des « Entendeurs de voix », qui aident les personnes schizophrènes à se réapproprier leur pouvoir d’agir malgré la maladie. Le Pavois gère également Les Éditions L’Hybride, qui publient des auteurs marginalisés et encouragent les personnes fragilisées à écrire en organisant notamment, le marathon d’écriture de la ville de Québec.
DES SERVICES ADAPTÉS
Le centre de réadaptation en toxicomanie pour adultes Portage vise la réinsertion sociale et la réadaptation de l’individu sur le marché de l’emploi ou grâce à un projet d’études. Des conseillers d’orientation et des intervenants accompagnent et guident vers la réussite les participants à son Centre de formation à l’emploi. Intervenante en toxicomanie et réinsertion sociale à Portage, Myriam Khediri explique que le centre permet,
entre autres, de s’orienter, d’améliorer la présentation de son CV et de simuler des entrevues.
Mme Khediri admet qu’il y a bien une stigmatisation en emploi pour les personnes vivant avec des troubles de santé mentale. Pour affronter ce marché du travail selon elle, il leur faut « ne pas s’étiqueter par rapport à leurs échecs, mais compter sur leurs succès et connaître leurs facteurs de réussite ». De bons outils et le soutien nécessaire peuvent faciliter la réinsertion personnelle, souligne en d’autres mots celle qui aide des personnes dépendantes à se réinsérer socialement. Je suis d’accord avec Mme Khediri pour souligner que les employeurs devraient fournir une chance égale à ces personnes et leur reconnaître les qualités hors pair, que celles-ci savent démontrer: soit de la persévérance et une grande résilience.
Sur le chemin du rétablissement, la personne au meilleur tissu social, aux meilleures conditions de travail, au réseau accueillant et vivant bien avec sa maladie pourra grandir vers le mieux-être.
de l’Institut Universitaire en santé mentale de Montréal. Cette étude présuppose que la stigmatisation des personnes vivant avec un trouble de santé mentale existe bel et bien au sein de leur milieu de travail, et qu’il y a du moins quelques conséquences à divulguer sa situation de santé. Des statistiques au Canada montrent aussi qu’environ 40 % des congés de maladie sont dus à un trouble mental. Du lot, on estime à 50 % le risque qu’un travailleur rechute après une première dépression. Les personnes dépressives n’osent pas toujours en parler. Pire encore, 70 % des personnes en souffrant ne cherchent pas d’aide selon la chaire de recherche. Elles restent seules avec leurs doutes, leurs difficultés et leur détresse. Toujours selon cette chaire, un demi-million de travailleurs canadiens sont en congé de maladie chaque semaine dû à un trouble mental, c’est qu’on est face à un réel problème de société. Et la crise de la COVID-19 n’est rien pour aider. Un sondage de l’INSPQ, affirme que « les risques liés aux rechutes et autres impacts chez ces personnes [vivant avec un trouble mental] peuvent être aggravés dans le contexte actuel en raison du stress de la pandémie, de l’isolement social et de la difficulté à recevoir les services professionnels nécessaires à cause de l’évitement des établissements de santé ou de l’inaccessibilité aux prestataires de soins », peut-on lire dans le rapport COVID-19 — Pandémie, bien-être émotionnel et santé mentale, paru en décembre 2020.
: Pixabay
Crédit photo
CASSIA NARBONNE
Merci à Myriam Khediri et Simon Falardeau de Portage pour les informations utiles.