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Se sentir rejeté
HRONIQUE
Le mot discrimination est relatif à une séparation, et sur ce point ceux qui sont forts sur les divisions savent à quoi s’en tenir. Il s’agit d’établir les différences puis de décortiquer. Dépendamment des critères, on peut diviser presque à l’infini. Plus il y a de critères, plus il y a de divisions. Tout ce qu’il y a sur la planète peut être discriminé qu’il s’agisse du règne végétal, minéral ou animal, et de l’être humain. Sauf que l’homme (et ceci inclut également la femme) est le seul à discriminer. Du règne minéral, l’humain priorisera l’or et les diamants à bien d’autres cailloux. Ce dernier est prêt à endommager la planète pour récolter les joyaux à qui il donne des valeurs incommensurables. En exemple, un diamant blanc très pur vendu plus de 20 millions de dollars à l’enchère Christie’s à Londres. Côté végétal forestier tout a aussi été discriminé et les valeurs établies depuis longtemps. Certaines sociétés veulent protéger les forêts d’essences plus rares, mais tout ça ne se fait pas sans peine. Enfin, dans les cas de discrimination animale il serait plus juste d’employer le mot élimination.
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LES DÉROUTES DE LA DISCRIMINATION POSITIVE
Discriminer c’est se prétendre un grand juge qui prend des pouvoirs absolus. Tout peut être discriminé: l’origine, le sexe, l’âge, les croyances religieuses, la couleur, l’apparence physique, etc. La discrimination est un acte négatif qui se traduit par le sexisme, le racisme, la ségrégation et tutti quanti. Même la HALDE (NDLR. En France, Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) qui prêche la discrimination positive est complètement dans l’erreur. Il en va de même pour Simone Veil qui affirme: « Je suis favorable à toutes les mesures de discrimination positives susceptibles de réduire les inégalités de chances, les inégalités sociales, les inégalités de rémunérations, les inégalités de promotions dont souffrent encore les femmes. » Je considère qu’il est totalement illogique de parler de discrimination positive: la discrimination par elle-même est négative, et en y ajoutant le mot « positive » vous faites un (-) suivi d’un (+) donc une annulation.
UNE EXPÉRIENCE NÉGATIVE DE DISCRIMINATION POSITIVE
Au tournant des années 1990, j’ai goûté personnellement à la discrimination supposément positive lors d’un concours provincial dans mon champ de compétences. Comme ce concours était gouvernemental, nous avions le droit de nous informer à chaque étape du processus. À la première étape, environ 250 personnes passent un examen écrit. Un mois plus tard, je suis convoqué, comme une vingtaine d’autres candidats, à la deuxième étape qui consiste à passer devant un jury de sept personnes. S’écoule encore un mois avant que je ne reçoive une lettre m’informant que je suis sur le palier numéro 1. Je téléphone au ministère pour savoir quand je commence à travailler. On m’informe alors qu’il y a deux paliers, cinq personnes sur le premier, et deux sur le second. Étant sur le premier palier, confiant, je lui redemande quand j’entre en poste. Il me répond qu’un autre candidat du palier 1 a été choisi. Qui est-ce que je demande? Il me donne le nom d’un type qui vient d’un autre pays. Continuant la conversation, je lui demande si ce monsieur a accepté le poste et si je suis encore éligible pour cet emploi. Sa réponse: « Non, car il y a une autre personne de tel pays qui est retenu en deuxième position dans le palier 1. » Je me suis retenu de demander à mon interlocuteur si j’étais en troisième position. Voulant en savoir davantage sur ce processus d’embauche, j’ai obtenu un rendez-vous avec un sous-ministre de l’époque qui m’a aimablement reçu. Je lui explique alors la situation. Il m’a écouté sagement, puis avec un large, il m’a confié « Mon cher Monsieur, depuis un certain nombre d’années, nous avons voté des lois pour favoriser les immigrés, d’autres lois pour favoriser les handicapés, d’autres pour les femmes, et d’autres encore pour les autochtones et, on en a même pour les anglophones. » Il m’expliqua que, lors d’un concours, les personnes appartenant à une de ces catégories obtenaient cinq points de plus pour l’évaluation. J’ai rétorqué: « Si j’ai bien compris, une femme immigrée et handicapée aura 15 points de plus en sa faveur. » Le sous-ministre éclata de rire et me répondit: « Monsieur vous avez très bien compris. Si une personne nous arrive dans l’état que vous me décrivez, nous lui déroulons le tapis rouge. » De nombreuses années ont passé depuis, mais je reste convaincu que la discrimination supposément positive est une aberration. Un (-) suivi d’un (+) = (0). Pour évaluer les meilleurs candidats sans discrimination, il y a des moyens très simples pour ne pas écraser les fleurs du tapis. « Je me souviens. » Respectueusement.
C ourtoi sie: Phili ppe Bouchard