QUI SORT DU MOULE DÉRANGE LA FOULE Le 10 juin 2016, le Canada ajoutait l’« identité ou l’expression de genre » comme motif illicite de discrimination à la Charte canadienne des droits et libertés. Or, quatre ans plus tard, encore énormément de personnes transgenres ou non binaires n’osent pas sortir du placard. Elles choisissent de taire leur réelle identité souvent par crainte d’être ostracisées, malgré une reconnaissance publiquement affirmée de la diversité sexuelle.
Depuis 1978, le drapeau aux couleurs de l’arc-en-ciel représente la communauté LGBTQ+. Il rappelle l’harmonie, la paix, mais surtout la diversité.
organisme a pour objectif de favoriser l’inclusion de la diversité sexuelle et de genre en misant sur l’éducation ainsi que la sensibilisation. Plusieurs stéréotypes ancrés dans les mentalités persistent, car nombreux sont ceux qui n’entrent pas en interaction fréquemment avec des gens de la communauté LGBTQ+. D’où l’importance de renseigner la société soutient l’ancien enseignant. Selon lui, en plus de démystifier la communauté, une meilleure visibilité permet
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sociaux comme dans les services de soins de santé.
À l’heure actuelle, la diversité n’est PARCOURS DOULOUREUX pas assez représentée publiquement. Pour Léo Smith, étudiant en tech« C’est très mal vu » d’être transgenre niques policières, plusieurs années ou non binaire, explique M. Blais. ont été nécessaires avant d’accepter Sur le plan social, l’incompréhensa transidentité. Au début, « même sion ainsi que la après mon coming m é c on n ai ss an c e out, j’essayais de des besoins parti« Dans la première année de me convaincre que culiers de ces pertransition chez les personnes j’étais toujours une sonnes engendrent transgenres […], près de la fille, parce que plusieurs consé- moitié vont faire une tentative j ’a v a i s p e u r d e quences. Le responde suicide. » comment les gens sable des formaallaient réagir. » tions de l’organisme ~ Mykaell Blais de GRIS-Québec d’inter vention La majorité des GRIS-Québec évoque notamment des personnes transidentitaires ont sousituations d’exclusion, d’injustice, d’in- vent une faible estime de soi quand timidation, de rejet et de transphobie. elles amorcent leur transition. Même si elles présentent les attributs physiques d’une femme ou d’un homme, elles se sentent emprisonnées dans un corps incompatible avec leur identité de genre. Lorsqu’elles sont sujettes à du harcèlement discriminatoire, la douleur qu’elles ressentent déjà est multipliée. « C’est comme mettre du sel une blessure qui est déjà ouverte », déclare Léo Smith. Crédit photo : Ashley L. Duffus, Getty Images
Il y a encore du chemin à faire avant que le Québec soit totalement ouvert à la diversité, estime Mykaell Blais, coordonnateur des services de formation pour le Groupe régional d’intervention sociale de Québec (GRIS-Québec). Créé en 1996, cet
de briser les préjugés envers les personnes LGBTQ+.
Ainsi, selon lui, « il y a beaucoup de gens qui vont choisir de taire leur réelle identité de genre » ou orientation sexuelle. Et ce, pour obtenir les mêmes chances que les autres dans différentes sphères importantes de leur vie. Plusieurs considèrent, par exemple, que sortir du placard auprès de leur entourage professionnel peut avoir un impact négatif sur leur carrière, indique-t-il. Il explique que cette discrimination peut se manifester aussi dans les lieux publics, à l’école, dans les réseaux LA QUÊTE
Cette forme d’intimidation peut entraîner diverses répercussions fâcheuses, telles que l’anxiété, l’isolement ou la dépression qui peuvent parfois mener à des idées suicidaires. En effet, M. Blais confie que « dans la première année de transition chez les personnes transgenres […], près de la moitié vont faire une tentative de suicide. » ÉTIQUETTES GENRÉES
Comme tout dans la société est catégorisé comme relevant des hommes ou des femmes, les individus qui ne se conforment pas à ces étiquettes risquent davantage de subir de la discrimination. C’est un problème considérable pour les membres de la communauté LGBTQ+, car « plusieurs d’entre eux ont des intérêts en dehors de ceux normalement associés à leur genre », confesse Mykaell Blais. Il mentionne que certains jeunes FÉVRIER 2021