Paracontact Été 2023

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Le kayak

Une belle activité estivale

Le magazine de l’Association suisse des paraplégiques I Été 2023

NOUVEAU la sonde urinaire de nouvelle génération

Micro-perforations.

Macro-différence.

Avec Luja ™ nous établissons un nouveau standard pour la vidange de la vessie:

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PM-26881 Coloplast AG, Euro 1, Blegistrasse 1, 6343 Rotkreuz, Hotline 0800 777 070 The Coloplast logo is a registered trademark of Coloplast A/S. © 2023-05. All rights reserved Coloplast A/S

Chères lectrices, chers lecteurs,

La revendication est on ne peut plus simple: nous, les personnes en situation de handicap, voulons prendre part à la société, d’égal à égal, et décider nousmêmes de notre mode de vie. Nous ne réclamons pas de droits spéciaux, mais les mêmes droits. Nous savons que cela n’est toujours pas une réalité en Suisse et le savions bien avant qu’un comité de l’ONU le confirme l’an dernier.

Les conséquences que cela peut avoir sur les jeunes qui ne peuvent participer, comme tout le monde, à la vie de notre société et sont parfois exclu·e·s du monde du travail, sont décrites de manière poignante en pages 12/13.

des personnes handicapées. Les participant·e·s ont élaboré une résolution à l’attention des deux chambres, afin d’obtenir la pleine participation politique. Vous découvrirez en page 47, ce qu’a retenu un membre de l’ASP des débats au Conseil national.

Toutefois, les choses bougent à plusieurs niveaux. L’ASP lance le réseau d’intérêts Construire sans obstacles. Grâce à un lobbying ciblé auprès des pouvoirs publics et des administrations, mais aussi dans le secteur du bâtiment, un mode de construction accessible à toutes et tous doit devenir la norme.

Le 24 mars, 44 citoyen·ne·s ayant un handicap se sont réuni·e·s sous la coupole du Palais fédéral pour la première session

Depuis le 27 avril, nous récoltons des signatures en faveur de l’initiative pour l’inclusion. L’initiative déplore que les personnes handicapées soient trop souvent contraintes de vivre dans des institutions et se voient refuser les aides et l’assistance dont elles ont besoin. Plus nous vieillissons, plus cette situation s’aggrave. Sans liberté de choix en matière de logement, d’assistance et de moyens auxiliaires, les personnes handicapées risquent d’être assignées à résidence, de se retrouver isolées et de voir leur santé mentale et physique gravement menacées. Soutenez l’initiative en la signant! Pour l’égalité de la participation, pour le libre choix du type d’habitat, pour une assistance accrue.

Que la lecture de ce numéro soit pour vous une source d’inspiration.

Paracontact I Été 2023 3 ÉDITORIAL
«Nous avançons aussi»

Édition

Association suisse des paraplégiques

Kantonsstrasse 40, CH-6207 Nottwil Tél. 041 939 54 00, e-mail spv@spv.ch www.spv.ch

Rédactrice en cheffe

Evelyn Schmid

Rédaction

Laurent Prince, Nadja Venetz, Felix Schärer, Roger Getzmann, Daniela Vozza, Michael Bütikofer, Peter Birrer, Tina Achermann

Traduction

Sonia Bretteville, Elvire De Tomi Coordination, graphisme, annonces

Andrea Di Bilio-Waldispühl, Tina Achermann

Photos

ASP, FSP, Adobe Stock, T. Lackner, Mark Henley/Panos, Reka, M. Ambühl, Merlin Adventures, Swissbasketball, Tokio Marathon Foundation, D. Léchenne, BWF/Parabadminton photo, SAC D. Schweizer, EPFL, Stiftung Cerebral, Swiss Paralympic Gabriel Monnet, N. Buob, Kompetenzzentrum

Sport Armee/Ch. Donzallaz, Pro Infirmis

Impression

Brunner Medien AG, www.bag.ch

Dernier délai de rédaction du prochain numéro: Édition automne 2023: close Édition hiver 2023: 6.9.2023

Tirage

8100 exemplaires en allemand 4250 exemplaires en français

Nous utilisons une écriture inclusive, mais devons parfois adopter la forme féminine ou masculine sans discrimination de genre, afin d’alléger le texte.

Les articles publiés sont protégés par le droit d’auteur. Toute reproduction nécessite l’accord explicite de la rédaction. L’opinion des auteurs externes ne reflète pas toujours celle de la rédaction. La rédaction n’est pas tenue de publier les articles non sollicités.

Paracontact I Été 2023 5 IMPRESSUM SOMMAIRE AVANCER ACTUALITÉS 6 INITIATIVE POUR L’INCLUSION Signez dès maintenant! 8 Cela nous concerne tous 9 ASSEMBLÉE DES DÉLÉGUÉ·E·S Des échanges animés 10 ÉCLAIRAGE Se fédérer contres les obstacles 11 CONSEILS VIE ESTIME DE SOI Dans le miroir de la société 12 CIRCULATION ROUTIÈRE La mobilité électrique 15 CONSEILS JURIDIQUES DROIT – RESPONSABILITÉ CIVILE Baignade en eaux troubles 16 MÉDECINE ET SCIENCES SANTÉ Fragilité osseuse 18 CONGRÈS Complexités de la paraplégiologie 20 CONSTRUIRE SANS OBSTACLES PROFESSION Lieu de travail sans obstacles 22 LOISIRS VOYAGE Détour par l’Orient 24 LOISIRS EN BREF 26 HÉBERGEMENTS Vacances Reka sans obstacles 27 JOURNÉE POUR LES ENFANTS Kids Day 28 BONNE ROUTE! Au volant, elle fait le plein d’énergie 29 PRENDRE DE LA HAUTEUR À la conquête des sommets 30 IDÉE D’ÉVASION AQUATIS Lausanne 31 LE DISC GOLF Un jeu d’adresse quelque peu différent 32 SPORT EN FAUTEUIL ROULANT WCMX Une championne qui impressionne 34 LE SPORT EN BREF 36 FORMATION Un investissement pour l’avenir 38 CHAMPIONNATS D’EUROPE Le handisport fait son entrée aux European Games 39 ESCALADE Force et créativité 40 GROS PLAN DIVERS 42 L’ENTRETIEN Nalani Buob 44 SESSION PARLEMENTAIRE Maintenant, il faut passer aux actes 47 NOS ALLIÉS·E·S Un rôle d’ambassadrice, de soutien de vie et d’égérie sportive 49 À VOS CÔTÉS Thomas Hurni 50 24 41

TROPHÉE

Une Suissesse à l’honneur

Catherine Debrunner a reçu un Laureus Award dans la catégorie «Prix du sportif/ de la sportive de l’année avec un handicap». Les Laureus Awards font partie des distinctions les plus prestigieuses du sport. Ils récompensent, dans sept catégories et à l’échelle mondiale, des sportif·ve·s ayant remporté des succès exceptionnels au cours de l’année précédente. Les nominations dans le domaine du handisport sont soumises par le Comité international paralympique.

NOUVEAU PERSONNEL

Adrian Achermann

Travailleur social

Depuis mars, Adrian Achermann fait partie de l’équipe du conseil social. Après un apprentissage de commerce dans une assurance sociale, il a travaillé dans les domaines du marketing et de l’événementiel puis a opté pour des études de travail social. Son diplôme de travailleur social ES en poche, il s’est engagé auprès d’enfants, de jeunes et d’adultes vulnérables.

Joyeuse marmaille

Ses deux jeunes enfants rythment la vie d’Adrian Achermann. La famille aime voyager ou explorer les environs à vélo. Été comme hiver, le Lucernois est attiré par la nature et la montagne.

L’ÉCHO DES CLUBS «But!»

Le CFR du Tessin InSuperAbili a fondé il y a près de deux ans une équipe de baby-foot. Aussi appelée football de table, cette discipline permet de vivre une expérience conviviale dans une ambiance joyeuse et bon enfant.

David Gebara

Architecte

Notre nouvel architecte travaille à 60 % et conseille nos membres en Romandie. Il possède une grande expérience de la planification et de la construction de bâtiments dans le secteur de la santé. Cette activité l’a sensibilisé à l’accessibilité des espaces. Dans son travail pour le Centre construire sans obstacles, il apprécie le contact direct avec les gens.

Patrimoine culturel mondial

Le bâtiment préféré de David Gebara est le musée Guggenheim à New York, car on peut visiter l’exposition à l’aide d’une rampe qui descend. Il aime passer son temps libre sur les pistes de ski, à faire de la plongée ou du kitesurf.

Au baby-foot, il faut faire preuve de rapidité et d’adresse. L’équipe des InSuperAbili se réunit tous les lundis de 19 h 30 à 20 h 30 à l’école Parsifal de Porza pour s’entraîner. Les portes sont ouvertes à toutes celles et ceux qui aiment jouer au baby-foot ou souhaitent s’y essayer. Passez donc nous voir!

Si vous souhaitez rejoindre l’équipe de baby-foot des InSuperAbili, veuillez vous adresser directement au club.

Coordinateur Réseau d’intérêts

Construction sans obstacles

Dessinateur en bâtiment et ingénieur civil diplômé, il a l’expérience du secteur de la construction. Adrian Haueter-Zumbühl a travaillé comme ingénieur de projet et de simulation avant de mettre son savoirfaire au service de l’ASP et de faire du lobbying au niveau national pour une construction sans obstacles.

Des sons graves

Cet Obwaldien d’adoption joue du cor des Alpes dans le trio Hohnegg et chante dans le club de yodleurs de Sarnen. Père de trois grands enfants, il aime la littérature suisse et s’engage politiquement au sein du parlement cantonal d’Obwald.

RUBRIK 6 Paracontact I Été 2023 ACTUALITÉS Contact www.insuperabili.ch
Adrian Haueter-Zumbühl

FOOTBALL

Inclusion dans le stade

Ce fut un grand moment pour Anouk et Felix lorsqu’ils ont pu pénétrer sur le terrain avec les joueurs du BSC Young Boys et du FC Sion le 11 mars dernier.

Pour la première fois en Super League, deux enfants en fauteuil roulant ont accompagné l’entrée des équipes. Une action commune pour l’inclusion des YB et de la

Fondation suisse pour paraplégiques a rendu la chose possible. L’ASP a aussi contribué au projet en recherchant deux enfants qui avaient envie de vivre cette expérience. Avant le match, une équipe de la Fondation suisse pour paraplégiques tenait un stand devant le stade pour sensibiliser le public au thème de la paralysie médullaire.

Formation continue

En collaboration avec Swiss Olympic et d’autres partenaires, nous proposons désormais la formation «Club Management». Il s’agit d’un cours idéal pour les membres de comité des CFR.

Composé d’un apprentissage en ligne individuel et de deux jours en présentiel, le cours aborde des thèmes tels que le recrutement de membres, les finances, la gestion des bénévoles, le sponsorat ou le droit des associations. Vous suivez les modules qui vous intéressent et décidez vous-même du rythme et du moment où vous étudiez les sujets en auto-apprentissage.

À l’issue de la formation en ligne et des deux jours de présence, vous recevrez le «certificat de leadership pour les dirigeants d’associations».

Jours de présence: 26.8.2023 à Olten, 16.9.3023 à Nottwil

Date limite d’inscription: 30.6.2023

Ces cours seront donnés en allemand. Une formation en français est prévue pour 2024.

Informations et inscription academy.swissolympic.ch

DIRECTION

À votre écoute

Vous avez une préoccupation, une idée ou une critique que vous souhaitez soumettre à l’ASP?

L’ASP souhaite connaître l’opinion de ses membres. Tous les mardis de 16 h 00 à 18 h 00, la ligne téléphonique et la porte du bureau de notre directeur Laurent Prince sont ouvertes. Venez sans rendez-vous ou appelez-le au 041 939 54 01. En cas d’empêchement de Laurent Prince, un membre de la direction vous recevra.

NOUVEAU PRÉSIDENT

CFR Bienne

Tobias Soder

Date de naissance: 6.10.1982

Profession: Propriétaire d’une agence Web et IT, conseiller municipal à Nidau, musicien Au club depuis: 2020 (réadmission)

Loisirs: se promener avec son chien, rencontrer des ami·e·s Projets actuels du club: mise en place de nouvelles offres (voile sur le lac de Bienne, curling en salle), création d’un nouveau site Internet. Offres du club: tennis, curling, prochainement voile, tournois de jass, excursions et événements conviviaux, actions de sensibilisation.

Paracontact I Été 2023 7
CLUB MANAGEMENT

Signez dès maintenant!

L’initiative revendique une vie autodéterminée pour les personnes handicapées et l’élimination des inégalités qui les frappent. Aidez-nous à faire aboutir ce projet.

Depuis 23 ans, la Constitution fédérale interdit la discrimination fondée sur le handicap. En outre, la Suisse a adopté une loi sur l’égalité des personnes handicapées et ratifié la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées. L’an passé, l’examen de la Suisse par un comité des Nations Unies a révélé qu’il restait encore beaucoup à faire pour que tout le monde puisse prendre part à la société d’égal à égal.

TEXTE DE L’INITIATIVE

La Constitution fédérale est modifiée comme suit:

Art. 8 Égalité₄ supprimé

Art. 8a (nouveau)³ Droits des personnes handicapées

¹ La loi garantit en droit et dans les faits l’égalité des personnes avec ou sans handicap dans tous les domaines de la vie. Les personnes en situation de handicap ont droit, dans le cadre de la proportionnalité, aux mesures de soutien et d’adaptation nécessaires à cet effet, notamment à une assistance personnelle et technique.

² Les personnes en situation de handicap ont le droit de choisir librement leur mode et leur lieu de résidence et, dans le cadre de la proportionnalité, de disposer des mesures de soutien et d’adaptation nécessaires à cet effet.

Trois priorités

L’initiative pour l’inclusion doit maintenant faire pression sur le monde politique. Il faut que le Parlement et la Confédération agissent enfin pour mettre en œuvre l’égalité des personnes handicapées. Au niveau du contenu, l’initiative se concentre sur trois points: la participation, le logement et l’assistance.

– L’initiative pour l’inclusion vise à supprimer la discrimination. Chacun et chacune doit prendre part à la société. Les personnes en situation de handicap sont exclues de nombreux domaines de la vie, comme le logement, la formation, les transports publics, la culture, les services et les constructions. Le législateur est chargé de garantir l’égalité de droit et de fait des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie.

– L’initiative pour l’inclusion revendique le droit pour toute personne de choisir son lieu et son mode de résidence. De nombreuses personnes handicapées sont encore contraintes de vivre en institution.

– L’initiative pour l’inclusion demande un renforcement de l’assistance personnelle afin que les personnes en situation de handicap puissent participer à la vie sociale. De nombreuses personnes handicapées rencontrent des difficultés à exercer une activité professionnelle ou politique. L’initiative vise à donner à ces personnes les ressources personnelles et techniques leur permettant, grâce à une assistance, de s’impliquer pleinement et de manière autonome dans la société, la politique, l’économie et la culture.

Le 27 avril 2023, la collecte de signatures a débuté par une grande journée d’action dans la capitale fédérale. Le comité a désormais 18 mois pour récolter les 100 000 signatures nécessaires pour que le peuple suisse puisse se prononcer sur l’initiative lors d’une votation populaire.

L’initiative pour l’inclusion est soutenue par les associations AGILE.CH et Inclusion Handicap, l’association Tatkraft, Amnesty International et la Fondation pour la démocratie directe.

Chaque signature compte!

Signez aujourd’hui même. Vous trouverez un formulaire de signature préaffranchi à imprimer sur notre site Internet. Mobilisez aussi vos proches et votre entourage. Ensemble, nous créerons une Suisse plus inclusive.

AVANCER 8 Paracontact I Été 2023 INITIATIVE POUR L’INCLUSION
Téléchargement Formulaire de signature sur spv.ch

Cela nous concerne tous

Pour Olga Manfredi, présidente de l’ASP, l’initiative pour l’inclusion vient combler une lacune qui persiste depuis longtemps. L’autodétermination est au cœur du sujet.

Pourquoi l’initiative pour l’inclusion est-elle nécessaire?

L’offre actuelle ne garantit pas que nous, les personnes handicapées, puissions mener une vie autodéterminée conformément à la CDPH de l’ONU. L’examen effectué l’année passée par le comité des Nations Unies l’a clairement démontré. Plus les gens vieillissent, plus la situation s’aggrave. En dépit de la contribution d’assistance, même les personnes qui perçoivent une rente complète ne parviennent généralement pas à organiser leur prise en charge à domicile sans que l’entourage social n’assume les soins. Mais que se passe-t-il si le conjoint vieillissant ne peut plus faire face? Sans compter que la majeure partie des personnes concernées n’est confrontée à une lésion médullaire qu’à l’âge de la retraite. Sans le soutien de l’entourage social, il y a de fortes chances pour qu’elles se retrouvent

en maison de soins. C’est à cela que l’initiative veut s’atteler: davantage d’assistance. Davantage d’autonomie dans le logement.

Comment l’initiative a-t-elle vu le jour?

À l’origine, l’initiative a été lancée par une personne qui avait elle-même besoin de soins importants. Lors d’une AD extraordinaire le 20 janvier 2023, les deux associations AGILE.CH et Inclusion Handicap ont décidé de soutenir l’initiative afin de lui donner une base solide la légitimant sur le plan constitutionnel et lui garantissant une formulation juridiquement correcte. Elle doit avoir un contenu qui non seulement génère suffisamment de signatures, mais qui a aussi des chances de convaincre lors du débat parlementaire et de la votation populaire. Pour qu’une initiative aboutisse, il faut généralement une très large coalition.

À combien évalues-tu les chances?

Il n’est jamais facile de faire un pronostic. Je pense que nous atteindrons le nombre de signatures nécessaires. Ce sujet concerne tout le monde. Chacun et chacune veut pouvoir décider de sa propre vie jusqu’à un âge avancé. Ce qui se passera ensuite dans le débat parlementaire dépendra fortement de la composition du Parlement. Comme lors de la votation populaire qui suivra peut-être, le débat tournera autour de l’éternel argument: les coûts.

Quel rôle joue l’ASP dans l’initiative?

En tant que membre d’Inclusion Handicap, nous soutenons l’initiative. Nous distribuerons des formulaires de signatures portant notre logo. Nous communiquerons largement nos revendications par nos canaux et tenterons de convaincre la Fondation suisse pour paraplégiques, avec son immense rayonnement, de se rallier à notre cause. Parallèlement, nous soutiendrons les clubs en fauteuil roulant dans leur manière de rassembler des signatures. Évidemment, c’est très bien si les clubs organisent leur propre action. Mais si chaque membre du club signe et fait la promotion de l’initiative au sein de son entourage personnel, nous aurons déjà accompli un grand pas. Nous voulons motiver nos troupes et les discussions que j’ai eues dernièrement à ce sujet ont montré que la volonté était là.

Site Web de l’initiative www.inklusions-initiative.ch

Paracontact I Été 2023 9 AVANCER INITIATIVE POUR L’INCLUSION
Co-lancement de l’initiative Inclusion Handicap et AGILE.CH

ASSEMBLÉE DES DÉLÉGUÉ·E·S

Des échanges animés

Les délégué·e·s ont approuvé le rapport annuel et les comptes annuels, et ont élu Alessandro Viri ainsi que Daniel Stirnimann au comité central.

49 délégué·e·s et un grand nombre d’invité·e·s, dont les membres d’honneur de l’Association suisse des paraplégiques, s’étaient donné rendez-vous le 6 mai 2023 à Nottwil, à l’assemblée des délégué·e·s de cette année. Les participant·e·s sont revenu·e·s sur l’année écoulée, ce qui a donné lieu à des échanges animés et constructifs.

Les défis de 2022

L’Association suisse des paraplégiques conseille ses membres sur des questions juridiques, de construction accessible et sur des thèmes sociaux. En 2022, l’ASP a fourni 22 110 heures de conseil dans ces domaines (21 300 en 2021). Dans le sport de compétition, les athlètes ont pu célébrer 13 médailles, remportées lors de compétitions à titre. Au total, l’ASP a (co)organisé 394 manifestations, dont de nombreux événements de sport pour tous et de loisirs, ainsi que 15 voyages destinés aux paralysé·e·s médullaires.

En 2022, de grands programmes chronophages et impliquant plusieurs départements ont constitué un défi important. Le projet de numérisation «OM», qui a duré plusieurs années, a pu être achevé à la fin de l’année. Par ailleurs, le nouveau site In-

ternet a été lancé à la date prévue, le 27 octobre 2022. Le rapport annuel adopté lors de l’AD donne un aperçu complet des prestations fournies.

Comptes annuels Les 49 délégué·e·s présent·e·s ont également approuvé à l’unanimité les comptes annuels 2022 et ont donné décharge au comité central et à la direction. Les performances négatives des marchés financiers de l’année écoulée ont laissé de profondes traces dans les comptes annuels de l’ASP. À la fin de l’exercice 2022, l’ASP présente un excédent de charges de CHF 3,6 millions, dont CHF 2,8 millions sont imputables à la performance négative des pla-

cements financiers. Il s’agit en grande partie de pertes comptables. L’excédent de charges issu de l’activité opérationnelle s’élève à CHF 0,8 million et reste inférieur au résultat de l’année précédente ainsi qu’au budget.

Comme organe de révision, l’AD a à nouveau mandaté la société PricewaterhouseCoopers AG qui effectue également l’audit de groupe de la Fondation suisse pour paraplégiques.

Élections au comité central À l’exception de Walter Lisetto, démissionnaire, le comité en place s’est présenté à sa propre réélection pour la période 2023–2025. Olga Manfredi, Annick Meystre, Stephan Bachmann, Fabien Bertschy et Cornel Villiger ont été réélu·e·s à l’unanimité par les délégué·e·s. Alessandro Viri et Daniel Stirnimann ont été nommés au comité central afin de remplacer Walter Lisetto et Claudia Hüttenmoser, qui s’était déjà retirée au cours de son dernier mandat. Olga Manfredi a été confirmée dans ses fonctions de présidente, sans opposition et sous les applaudissements.

Pour savoir ce que l’ASP a accompli en 2022, lisez le rapport annuel.

Comité central de g. à d.: Daniel Stirnimann, Stephan Bachmann, Olga Manfredi, Annick Meystre, Fabien Bertschy, Alessandro Viri (il manque Cornel Villiger)

AVANCER 10 Paracontact I Été 2023

Se fédérer contres les obstacles

L’Association suisse des paraplégiques crée un réseau d’intérêts pour la construction sans obstacles. Adrian Haueter-Zumbühl, coordinateur, est chargé de faire avancer le projet.

Que cherche à obtenir le réseau d’intérêts pour la construction sans obstacles?

Notre objectif principal est de faire de la sensibilisation et ce, principalement pour le bien de nos membres, à savoir les personnes en fauteuil roulant. Nous prônons la construction sans obstacles auprès de toutes celles et ceux qui travaillent dans le bâtiment: autorités, administrations, politiques, architectes, universités et hautes écoles spécialisées. C’est en principe du lobbying classique. En tant que coordinateur, je ne peux pas agir seul, nous souhaitons donc mettre en place un vaste réseau. La représentation des intérêts joue le rôle d’interface pour favoriser les échanges. Nous ne faisons pas de conseil en construction et ne sommes pas non plus en concurrence avec les services cantonaux, mais nous voulons avoir notre mot à dire, être présents quand de grands projets publics voient le jour, et ce suffisamment tôt et pas seulement lorsqu’il s’agit de faire opposition.

Comment est née l’idée de ce projet?

Nous avons discuté avec différents protagonistes. Les clubs en fauteuil roulant ont souhaité à plusieurs reprises que l’accent soit davantage mis sur la construction sans obstacles. Après avoir évalué ces besoins, il ne faisait aucun doute que nous voulions relever le défi et intensifier le travail politique. Jusqu’à présent, il n’existe que la Commission des usagers en fauteuil roulant des transports publics (RöV) qui, comme son nom l’indique, se spécialise dans l’ac-

cessibilité des transports publics. Or une représentation des intérêts axée sur toute forme d’infrastructure fait défaut. Nous voulons combler cette lacune.

Tu as commencé ton travail de coordinateur en mars. Comment procèdes-tu désormais?

Nous avons défini trois cantons pilotes pour le lancement du projet: Schwyz, Neuchâtel et Zurich. Un canton en Suisse centrale, un en Suisse romande et un avec une forte densité de population. Je vais prendre contact avec les protagonistes du secteur du bâtiment pour que nous ayons un pied dans la place et que je puisse monter un réseau. Nous nous donnons un an et demi pour voir comment les choses se passent avant d’ajouter d’autres régions. Je ne peux vraiment rien vous donner de concret. L’itinéraire que nous emprunterons dans notre quête n’est pas fixé, tout reste à écrire. Je suis ravi de pouvoir y participer.

Comment comptes-tu mettre en place un réseau qui couvre toute la Suisse?

Ce n’est pas du tout l’idée. Nous souhaitons recruter des représentant·e·s dans l’ensemble du pays qui, grâce à leur réseau, auront rapidement accès aux autorités et aux responsables. Cela n’a pas de sens de centraliser pour que tout passe par moi. La représentation des intérêts se fera à l’échelle régionale. L’idéal serait de travailler avec les personnes concernées, mais il est encore trop tôt pour franchir cette étape. Nous n’en sommes qu’au début et le moment venu, nous lancerons un appel.

Quelles sont les ambitions poursuivies par le réseau d’intérêts?

Le mieux serait bien sûr qu’un jour, on n’ait plus besoin de nous et que la construction sans obstacles soit devenue une évidence, comme pour la protection contre les incendies que plus personne ne remet en question. Actuellement, la Confédération fixe des exigences minimales et chaque canton a des directives différentes. Il est donc difficile de garder une vue d’ensemble. Aujourd’hui, la construction sans obstacles est encore trop souvent négligée et les besoins des personnes à mobilité réduite ne sont pris en compte, quand c’est le cas, que trop tardivement dans le processus de construction. Lorsqu’il faut procéder à des adaptations, on dit souvent que la construction sans obstacles coûte cher. Mais c’est uniquement parce que ces critères n’ont pas été pris en compte dès le départ. Nous avons donc encore du pain sur la planche avant de pouvoir dissoudre le réseau d’intérêts.

AVANCER ÉCLAIRAGE
Paracontact I Été 2023 11
Sans obstacles dans l’espace public

Dans le miroir de la société

Accepter son handicap et s’aimer soi-même est souvent une gageure pour les personnes concernées. Deux membres de l’ASP nous font part de leurs réflexions.

Nous sommes chaque jour inondé·e·s d’images qui prônent la perfection et véhiculent un certain idéal. Mais que se passe-t-il si je ne me reconnais pas dans ces clichés de la perfection? Que peuvent éprouver les personnes atteintes de paralysie médullaire dans une société qui semble focalisée sur la réussite, la beauté, la richesse et la performance?

Deux Suisses romand·e·s, qui vivent avec un handicap depuis leur naissance, ont accepté de réfléchir au thème de l’estime de

soi et de partager avec nous leur ressenti. Nous remercions sincèrement ces deux membres de l’ASP pour leur franchise et le temps qu’ils ont consacré à leur texte.

Apprécier l’instant présent

Caroline Bossy, 30 ans

J’ai reçu très tôt l’injonction parentale de devoir réussir, faire toujours mieux et être comme les autres – sous peine de «ne pas être aimée» – sans que ma situation de handicap et les limites qui en découlent ne

soient prises en compte. Je me contorsionne chaque jour pour m’adapter à la société et aux autres pour que ça roule et j’y perds des plumes.

Nous sommes beaucoup à avoir entendu les «quand on veut, on peut». Eh bien non, impossible de marcher! Impossible de tout réussir! Alors comment faire? Chaque fois que nous ne pouvons pas obtenir ou atteindre ce que nous voulons, nous refusons et protestons. Cela nous rend-il heureux?  On ne peut pas courir un marathon comme les autres, c’est impossible, c’est ainsi! L’énergie mentale et physique utilisée pour compenser ou diminuer notre différence est perdue. Je préfère alors accepter, faire avec, faire de mon mieux.

Agir plutôt que réagir Lâcher prise. Accepter que ce soit comme ça. Accepter de ne pas pouvoir contrôler tout ce qu’on aimerait pouvoir contrôler. Mais cela ne veut pas dire laisser tomber, au contraire! C’est faire preuve de résilience. Qu’est-ce que je peux changer? Qu’est-ce que je ne peux pas changer?

J’ai un handicap, cela implique une multitude de difficultés, c’est comme ça. Si vous perdez un objet unique et précieux, il est perdu, c’est un fait. Il en est de même pour une maladie ou un accident. Nous n’avons d’autre choix que de continuer de vivre avec. C’est bien difficile mais cela fait partie du chemin de vie.

Changer notre perception

Nous sommes bombardé·e·s d’images qui vantent la beauté, la perfection, autant de faux-semblants qui nous détournent de

12 Paracontact I Été 2023 CONSEILS VIE ESTIME DE SOI
Caroline Bossy Trouver la satisfaction dans ce qui est

notre valeur intrinsèque. Qu’est-ce que la beauté? Qu’est-ce que la réussite? Ce ne sont que des mots qui portent sur l’apparence et le superficiel. Ces normes ne décrivent en aucun cas notre vraie valeur mais sont pourtant une référence pour la plupart des gens. Suis-je quelqu’un de bien si je ne gagne pas 4000 francs par mois? Ai-je droit à de l’estime si je ne ressemble pas ou plus aux modèles prônés par les médias?

Je crois que mon monde est parfait et beau comme il est. Je préfère vivre et être dans ma propre réalité plutôt que de suivre aveuglément les diktats. C’est difficile, c’est vrai, de se sentir bien quand les conceptions du bonheur dictées par les autres ne sont pas atteintes, mais ces idéaux sont des illusions. Le bonheur passe par l’instant présent et non par des acquisitions. Chacun et chacune possède la faculté de voir dans l’ici et maintenant le bonheur qui est là. Le bonheur d’être là. Il s’agit d’en être conscient et de l’apprécier.

Tous les mêmes

Quand on vit avec un handicap physique, la seule chose que l’on peut changer pour notre bien, c’est notre état de conscience. On est appelé à lâcher prise quant à l’ordinaire, à la «normalité», à la perfection, à la réussite. Il n’est pas question de rivaliser avec les autres, mais plutôt d’observer que d’un côté nous ne sommes pas si différents les uns des autres et que de l’autre, chaque être humain est unique et différent.

Je crois que c’est en commençant par nousmême, en changeant notre propre perception, que nous rendrons petit à petit la société plus humaine. Je choisis alors d’accepter mes limitations, de trouver en moi ce qui me fait plaisir, de voir les petits détails de la vie, d’être dans le moment présent et de trouver comment me sentir bien dans mon corps.

Chômeur malgré lui

Christophe (nom modifié), 31 ans

Ce n’est pas facile de vivre dans une société où on a l’impression de devoir être beau, être bien habillé, ressembler aux autres, avoir une belle voiture et de l’argent. On

s’imagine qu’on n’a presque pas le droit de vivre autrement. Donc, par peur d’être rejeté, on s’adapte comme on peut, en prenant le risque de se perdre.

Je dois vivre avec une rente AI, j’ai donc peu de moyen à ma disposition pour mener le même le train de vie que les autres ou m’offrir des petits extras, comme des vacances. Pourtant je ne suis pas à plaindre; je renvoie l’image d’un mec soigné et bien habillé. J’ai la chance de pouvoir vivre seul dans un chouette appartement et de conduire une voiture qui me plaît.

Manque de structure quotidienne

J’ai une famille qui m’entoure ainsi qu’une vie sociale riche. En revanche, je n’ai pas de travail et cela me pèse. C’est difficile de trouver un job qui puisse prendre en compte ma situation de handicap. Comment faire comprendre à un employeur que ma tête aimerait bien pouvoir arriver au boulot à l’heure chaque matin, cinq jours sur sept, et se donner à fond, mais que mon corps ne le peut pas? Comment garder un emploi entre les rendez-vous médicaux obligatoires, la fatigue et les douleurs? Ne pourrait-on pas créer des jobs «sur appel», mais où les rôles seraient inversés, où ce serait à l’entreprise de s’adapter?

L’image d’un jeune homme qui a tout mais qui ne peut pas subvenir à ses besoins est difficile à supporter. C’est compliqué de ne pas pouvoir avoir une vie rythmée par le travail, de ne pas avoir une journée structurée et, le soir, de sentir la satisfaction d’une journée bien remplie. Je ne peux pas participer aux conversations qui tournent autour du travail et cela ne contribue pas à accroître ma confiance en moi. Ma vie est différente de celle de mon entourage. «La différence est une force!», proclame mon tatouage. J’aimerais que cette force soit davantage appréciée par la société et le monde du travail.

CONSEIL

L’équipe du département Conseils vie est à votre disposition pour discuter de ce genre de sujet. Nous sommes là pour vous écouter.

Contactez-nous par téléphone au 041 939 68 68 ou par courriel à lb@spv.ch

Paracontact I Été 2023 13
Image symbolique En marge L’impression de ne pas être à sa place

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CIRCULATION ROUTIÈRE

La mobilité électrique

Les fauteuils roulants ou les appareils de traction électriques sont très prisés. Mais quelles sont les règles à observer avec ces moyens auxiliaires et à quoi faut-il faire attention?

Les fauteuils roulants électriques et les dispositifs d’entraînement électrique comme le Swiss-Trac sont des moyens auxiliaires idéaux pour les personnes à mobilité réduite, car ils augmentent la liberté de mouvement sur les longs trajets et offrent ainsi plus d’autonomie. Ces appareils de traction électrique sont de plus en plus répandus et facilitent le quotidien des personnes qui peinent à pousser manuellement un fauteuil roulant.

Mise en circulation

En Suisse, les fauteuils roulants électriques et les entraînements tels que le Swiss-Trac n’ont besoin ni d’une réception par type ni d’une immatriculation de l’Office cantonal de la circulation routière. Ils n’atteignent pas la vitesse maximale fixée par le code de la route pour les cyclomoteurs. En revanche, les véhicules motorisés qui roulent à 30 km/h ou plus nécessitent une immatriculation du véhicule et une plaque minéralogique.

Permis de conduire

Les fauteuils roulants électriques, les SwissTrac et autres appareils de traction dont la vitesse maximale est de 20 km/h peuvent être conduits sans permis. Les modèles de fauteuils roulants électriques qui dépassent les 20 km/h sont considérés comme des cyclomoteurs et requièrent donc un permis de conduire de catégorie M. L’âge minimum pour ce permis est de 14 ans.

Assurance

L’assurance responsabilité civile est l’une des principales formes de couverture d’assurance pour être protégé·e en cas de dommages matériels et corporels. Il est

recommandé de s’adresser à son agence d’assurance afin qu’elle établisse une police correspondant à ses besoins et à ses exigences. Il est aussi possible de conclure une assurance contre le vol.

Règles de la circulation

Dans la circulation routière, les véhicules électriques qui ne dépassent pas 20 km/h sont soumis aux mêmes règles que les vélos. Cela signifie qu’ils doivent rouler sur le côté droit de la route et utiliser la piste cyclable, s’il y en a une. Si la largeur des véhicules n’excède pas un mètre, ils peuvent également rouler sur le trottoir. Les mêmes règles que pour les piétons s’appliquent. Si vous circulez sur la route ou sur une piste cyclable la nuit ou par

mauvais temps, le fauteuil roulant doit être équipé de lampes bien visibles, blanches à l’avant et rouges à l’arrière.

Les fauteuils roulants qui montent à plus de 20 km/h doivent suivre les mêmes règles que les cyclomoteurs. Cela signifie qu’ils ne peuvent circuler que sur la route, et que les trottoirs et les pistes cyclables leur sont interdits. Le port du casque n’est pas obligatoire.

Permis et autorisations

Vous obtiendrez des informations auprès de l’Office de la circulation routière de votre canton.

Paracontact I Été 2023 15 CONSEILS VIE
Appareil de traction Circuler en toute sécurité

Baignade en eaux troubles

Un plongeon dans l’eau suivi d’un diagnostic de tétraplégie. Dans quelles constellations une tierce personne peut-elle être reconnue responsable de ces lésions? Tour d’horizon en matière de responsabilité civile à la lumière d’une jurisprudence récente.

La belle saison approche et, avec elle, l’envie de se rafraîchir dans un plan d’eau. Ce n’est toutefois pas sans danger, comme le rappellent les statistiques: les accidents de baignade font partie des trois causes les plus fréquentes de lésions médullaires en Suisse. Cet article se consacre à la question de la responsabilité civile des exploitantes et exploitants d’infrastructures de baignade, indépendamment du fait qu’elles soient privées (exemple en mains d’un hôtel) ou publiques.

Monsieur X. observe plusieurs baigneurs et baigneuses plonger dans le lac depuis un ponton d’une plage exploitée par la com-

mune. Il décide d’en faire de même et plonge, tête la première, dans le lac. Sa tête heurte le fond, ce qui entraîne une tétraplégie. L’enquête révèle que la profondeur du lac n’était pas suffisante pour un tel saut. Que peut faire Monsieur X. sur le plan juridique?

Circonstances de l’accident Chaque accident de baignade est unique. Le premier réflexe d’une juriste est ainsi celui de clarifier les circonstances précises de l’accident. Ce sont elles qui contribueront à déterminer le droit de la personne lésée à faire valoir son dommage auprès d’une tierce personne.

ÉLÉMENTS DÉTERMINANTS

Lieu de l’accident: L’accident s’est-il déroulé dans un établissement payant et/ou surveillé? Y avait-il une interdiction de plonger affichée ou marquée au sol ou un autre avertissement? Comment étaient conçues les infrastructures de baignade? Quelle était la profondeur de l’eau? Quel était le public cible de cette installation? Comment l’infrastructure était-elle utilisée? Quel était le comportement des autres usagères et usagers des lieux? Quelles étaient les consignes données par la personne chargée de la surveillance?

Circonstances personnelles: Âge de la personne lésée? Dans quel état se trouvait la personne avant l’accident (bonne santé, alcool, etc.)? Était-elle une habituée des lieux?

Date et heure de l’accident: Quelle était la visibilité au moment du plongeon?

Liste non exhaustive

16 Paracontact I Été 2023 CONSEILS JURIDIQUES
DROIT – RESPONSABILITÉ CIVILE
Agnès von Beust, MLaw, avocate

Le mécanisme de la responsabilité vise à remettre la personne lésée dans la situation qui aurait été la sienne si elle n’avait pas subi une atteinte illicite.  En cas d’admission de la responsabilité, une indemnité est versée pour «compenser» le dommage qui a été encouru.

Que dit le droit?

De manière générale, si une personne lésée veut agir contre la personne qu’elle tient pour responsable, elle doit prouver que certaines conditions sont réunies. Il s’agit en principe des conditions suivantes:

– un dommage (en l’occurrence ici, les suite d’une lésion médullaire)

– un acte illicite

– la causalité adéquate entre ces deux éléments

– la faute est un élément supplémentaire et elle est présumée ou non, selon le type de responsabilité

Il existe plusieurs régimes de responsabilité. En matière d’accidents de baignade, on distingue principalement la responsabilité de la propriétaire d’ouvrage (art. 58 du Code des obligations [CO]) et la responsabilité contractuelle (art. 97 CO). La responsabilité délictuelle entre également en ligne de compte (art. 41 CO).

Exemple de Monsieur X.

Reprenons l’exemple du dossier de Monsieur X. Le Tribunal fédéral a eu récemment l’occasion de se pencher sur une telle situation. Il a admis la responsabilité de la commune qui exploitait la plage (arrêt du Tribunal fédéral 4A_450/2021). En effet, le Tribunal fédéral a constaté, en substance, que les plongeons dans l’eau depuis ce ponton étaient tolérés, car le garde-bain n’intervenait pas. Il a aussi constaté qu’il n’existait aucun panneau ou marquage d’interdiction de plonger ou d’avertissement sur la profondeur de l’eau, mesures qui auraient pu sensibiliser les utilisateurs et utilisatrices de ce danger. Pour ces raisons, un défaut d’ouvrage a été reconnu s’agissant de cet accès au lac.

Le Tribunal fédéral a cependant également retenu une faute grave de la part de Monsieur X. Celui-ci, en tant qu’adulte et dans

ces circonstances, aurait dû s’interroger sur la profondeur de l’eau avant de plonger tête la première dans ces eaux. Ainsi, le tribunal a réduit la responsabilité de la commune de 40%.

Sécurité des infrastructures

Le cas de Monsieur X. montre que la question de la dangerosité des infrastructures de baignade est un volet fondamental de l’examen de la responsabilité. Les infrastructures étaient-elles conçues de manière suffisamment sûre pour l’emploi qui en était fait?

La sécurité des infrastructures de baignade est notamment abordée dans les recommandations du Bureau de prévention des accidents (bpa). Ces normes concrétisent objectivement la notion de sécurité de bains publics en proposant plusieurs mesures, comme des normes sur la profondeur minimale de l’eau, l’installation de panneaux d’avertissement ou un marquage d’interdiction de plonger. On peut également trouver des normes dans le règlement de Swiss Aquatics en matière d’installations de compétition en Suisse.

Ces diverses recommandations permettent de mieux cerner le devoir des exploitantes et exploitants d’infrastructures de baignade en matière de sécurité. Comme dans le cas de jurisprudence exposé ci-dessus, c’est la surveillance qui peut être décisive dans l’existence d’un défaut de l’ouvrage. En effet, le fait pour le garde-bain d’avoir toléré des plongeons dans le lac a permis au tribunal de conclure que les normes de sécurité pour ce ponton devaient tenir compte des plongeons tête la première. Autrement dit, comme de tels plongeons étaient usuels depuis ce ponton, la sécurité devait aussi être assurée à cet égard.

Baignade prudente

Il n’en demeure pas moins que la prudence reste mère de toutes les vertus. La jurisprudence, même en admettant la responsabilité d’une tierce personne, a reconnu la faute grave du lésé. Celui-ci n’aurait pas dû sauter dans l’eau d’un bassin naturel, soumis par définition à des variations de niveau, sans prendre le temps d’en évaluer la profondeur au préalable.

ÉVITER LES RISQUES

Cet article est ainsi l’occasion de rappeler les règles de prudence recommandées par la Fondation suisse pour paraplégiques:

– Ne jamais sauter dans des eaux troubles ou inconnues.

– Ne pas plonger dans l’eau peu profonde.

– Ne pas prendre de risques par des épreuves de courage ou par des défis.

– Ne pas consommer d’alcool ou de drogues avant ou pendant la baignade.

– Observer les panneaux d’avertissement ou d’interdiction.

En conclusion Comme le montre la jurisprudence, il vaut la peine de clarifier de manière précise les circonstances d’un accident de baignade, vu que la responsabilité d’une tierce personne peut être engagée. Il convient d’examiner le mode d’utilisation de l’infrastructure en question en le comparant aux mesures de sécurité prises, tenant compte des standards en la matière. Les circonstances personnelles jouent également un rôle. Une telle clarification fait partie du cahier des charges du service juridique de l’ASP.

Un plongeon tête la première entraîne trop souvent des conséquences très graves sur le plan de la santé, vu que les vertèbres cervicales sont les premières touchées par un plongeon en eaux peu profondes. Le dommage est ainsi très important. Si une tierce personne peut être tenue pour responsable, le dommage est ainsi «compensé», sur le plan financier à tout le moins. La prudence reste toutefois de mise pour profiter d’un bel été et des nombreuses opportunités de baignade que la Suisse recèle.

De plus amples informations concernant ce sujet sur www.paraplegie.ch

Paracontact I Été 2023 17

Fragilité osseuse

Les personnes paralysées médullaires sont sujettes à l’ostéoporose. La recherche n’est pas encore assez avancée pour apporter une explication ou un remède à ce phénomène.

Kamran Koligi, Médecin adjoint Paraplégiologie CSP, et Nadja Venetz

L’ostéoporose est caractérisée par une diminution de la masse osseuse et une détérioration microarchitecturale du tissu osseux, ce qui augmente le risque de fracture. Par ailleurs, comme leur sensibilité est réduite dans certaines régions du corps, les paralysé·e·s médullaires sont susceptibles de ne pas remarquer ces lésions. La densité osseuse est mesurée à l’aide de la méthode DXA. On parle d’ostéoporose lorsque la densité minérale osseuse au niveau de la colonne vertébrale lombaire et/ ou des os de la hanche diverge de plus de –2,5 écarts types de la valeur moyenne d’une personne du même sexe, âgée de 20 à 29 ans et en bonne santé. Ces différences avec la valeur moyenne de référence sont exprimées sous forme de T-Scores. Le diagnostic d’ostéoporose est donc posé à partir d’un T-Score de ≤ –2,5.

Causes

À ce jour, la pathophysiologie exacte d’une ostéoporose en cas de paralysie médullaire n’a toujours pas livré tous ses secrets. Divers facteurs favorisant le tableau clinique font l’objet de discussions. L’absence de charge mécanique liée à la paralysie médullaire est considérée comme l’un des principaux facteurs d’apparition de l’ostéoporose. Par ailleurs, des facteurs non mécaniques semblent également favoriser le développement d’une ostéoporose en cas de paralysie médullaire. La dégradation du système neurovégétatif et les modifications de la circulation sanguine ont un impact sur les cellules osseuses. En outre, les changements qui apparaissent dans le métabolisme, le système nerveux et l’équilibre hormonal agissent sur le métabolisme osseux et donc sur la solidité des os.

DIAGNOSTIC

Selon les recommandations de l’OMS, la densité minérale osseuse mesurée par DXA est classée en quatre catégories diagnostiques:

– T-Score normal > –1

– Ostéopénie (diminution de la densité osseuse)

T-Score ≤ –1 mais > –2,5

– Ostéoporose T-Score ≤ –2,5

– Ostéoporose manifeste

T-Score ≤ –2,5 avec fracture inadéquate

Traitement

L’association faîtière d’ostéologie (Dachverband Osteologie) préconise que les personnes à risque suivent un traitement de base prophylactique contre l’ostéoporose. Comme mentionné ci-dessus, celles et ceux qui se déplacent en fauteuil roulant en raison d’une paralysie médullaire en font partie. Le traitement de base com-

M É DECINE ET SCIENCES SANTÉ
18 Paracontact I Été 2023

prend la prise de calcium et de vitamine D3. Un apport total en calcium de 1000 mg à 2000 mg maximum par jour est recommandé. Une alimentation saine et équilibrée permet généralement de couvrir ce besoin sans compléments.

En cas de risque accru de chute et/ou de fracture et de faible exposition au soleil, il est en outre recommandé de prendre de la vitamine D3 en dose journalière de 800 à 1000 UI. Substituer la vitamine D3 en se basant sur les valeurs mesurées n’est pas conseillé. Dans le cadre du traitement de base, il convient en outre de réduire si possible ou, encore mieux, d’arrêter un traitement permanent par glucocorticoïdes.

Pour traiter spécifiquement l’ostéoporose, on a recours aux bisphosphonates, ainsi qu’à d’autres préparations, telles que les œstrogènes, le tériparatide (PTH 1–34), le raloxifène et le dénosumab. Selon les directives sur l’ostéoporose, l’indication suit un algorithme complexe prenant en compte l’âge, le sexe, le T-Score et des facteurs de risque décrits plus précisément.

État de la science

La recherche dans le domaine de l’ostéoporose en rapport avec la paralysie médullaire en est encore à ses balbutiements. Il n’existe pas d’essais cliniques concernant

l’influence de la thérapie sur la fréquence des fractures et les preuves scientifiques sont insuffisantes. Le cas échéant, un traitement spécifique de l’ostéoporose peut être mis en place «off-label», en détournant des médicaments de leur usage autorisé. Il existe néanmoins une multitude de traitements physiothérapeutiques et pharmacologiques, de plus ou moins bonne efficacité.

Dans le domaine de la prévention de l’ostéoporose dans les douze mois suivant le diagnostic d’une paralysie médullaire, tant les bisphosphonates administrés par voie orale (tiludronate, étidronate et alendronate) que les bisphosphonates injectés par intraveineuse (zolédronate, pamidronate) ont montré une réduction de la résorption osseuse sous-lésionnelle par rapport au placebo. Il a été prouvé qu’une seule dose par intraveineuse de zolédronate stabilisait le fémur par rapport au placebo dans les douze mois qui suivaient la paralysie médullaire.

Les études sur le traitement de l’ostéoporose en cas de paralysie médullaire chronique (plus de douze mois) se limitent à des recherches sur l’alendronate (10 mg/j + 500 mg de calcium/j) sur une période de deux ans chez des paralysé·e·s médullaires. L’association d’alendronate et de calcium

s’est avérée efficace pour stabiliser les paramètres osseux du tibia et de la hanche, et se traduit par une augmentation des valeurs de densité de la colonne vertébrale lombaire en présence d’une paralysie médullaire chronique. Et ce, contrairement au groupe de contrôle qui s’est vu substituer 500 mg de calcium par jour et a présenté une diminution significative de la densité minérale osseuse du tibia et de la hanche.

Approches mécaniques

Les études sur les effets d’interventions non pharmacologiques telles que l’entraînement à la position debout ou à la marche, le sport, les vibrations ainsi que la stimulation électrique fonctionnelle (SEF) sur les paramètres osseux sous-lésionnels des personnes atteintes de paralysie médullaire n’aboutissent à aucuns résultats probants. La plupart des résultats se basent sur des études de faible niveau de preuve et sur un échantillon restreint. De plus, comme les études sont très hétérogènes concernant les critères des patient·e·s impliqué·e·s, la fréquence et l’intensité de l’entraînement, il n’est pas possible de formuler des conclusions générales. Seuls les effets de la SEF ont été examinés dans plusieurs études menées chez des paralysé·e·s médullaires dont le motoneurone inférieur était intact et ont été résumés dans une méta-analyse. Le vélo à stimulation électrique fonctionnelle ou l’entraînement en flexion-extension du genou montre l’apparition d’une ostéogénèse sur les paramètres osseux des membres paralysés. Un effet ostéo-anabolique a été prouvé pour des volumes d’entraînement par SEF de trois à cinq unités par semaine, d’une demi-heure à une heure chacune, pendant six à douze mois. L’effet ostéo-anabolique se résorbe lentement après l’arrêt de l’intervention par SEF.

Comme l’efficacité de nombreuses approches thérapeutiques n’est pas suffisamment prouvée scientifiquement, un dialogue étroit est nécessaire entre le personnel médical spécialisé et les patient·e·s. Les décisions concernant les mesures diagnostiques et thérapeutiques doivent toujours être prises dans un contexte individuel.

Paracontact I Été 2023 19
Transfert L’ostéoporose entraîne un risque de fracture de la jambe

La paralysie médullaire: un thème complexe

Lors du 36e congrès annuel de la Société médicale germanophone de paraplégiologie, des spécialistes de tous horizons se sont réuni·e·s du 19 au 22 avril 2023 à Nottwil.

Médecins, orthopédistes, neuro-urologues, soignant·e·s, ergothérapeutes et physiothérapeutes, collaborateurs et collaboratrices des services sociaux et de l’assistance spirituelle, psychologues et orthophonistes – l’énumération est longue et loin d’être exhaustive. 703 participant·e·s de dix nations s’étaient donné rendez-vous à Nottwil. Le congrès annuel de la Société médicale germanophone de paraplégiologie (DMGP) est le colloque le plus important pour toutes celles et ceux qui sont confronté·e·s dans leur travail à la rééducation et aux soins des paralysé·e·s médullaires. L’envergure donnée à ce congrès était un choix délibéré. La paraplégiologie est un domaine complexe et, pour parvenir au meilleur traitement et à la meilleure prise en charge possibles, il est indispensable d’avoir une approche interdisciplinaire.

Réseau

Diana Sigrist-Nix, Responsable Services médicaux, et le Dr Michael Baumberger, médecin-chef Paraplégiologie, du Centre suisse des paraplégiques, en constituaient la direction scientifique. Ce sont eux qui ont choisi la complexité comme thème du congrès. Parmi la centaine d’abstracts envoyés, ils ont sélectionné les meilleurs avec le CO et ont créé un programme composé d’ateliers et de conférences, mettant en lumière les résultats scientifiques les plus récents, mais aussi les connaissances tirées de la pratique quotidienne. «Écouter les exposés est une chose, mais pouvoir nouer des contacts avec des personnes issues du même groupe professionnel ou non, c’est presque encore plus précieux. Le congrès offre en outre une plate-forme pour apprendre comment d’autres font face aux

mêmes défis», explique Diana Sigrist-Nix. Tels que le manque aigu de personnel qualifié et le transfert de connaissances, par exemple. Et Michael Baumberger d’ajouter: «L’objectif est d’élargir le réseau et de remplir son propre bagage de nouvelles connaissances, ce qui profitera en fin de compte aux patientes et aux patients.»

Une collaboration interdisciplinaire Les séances des cercles de travail, organisés le premier et le deuxième jour du congrès, ont permis de créer un échange professionnel intensif. Des représentant·e·s des différentes spécialités s’y sont retrouvé·e·s pour discuter de thèmes liés à leur propre discipline. Daniela Vozza et Kathrin Huber de Conseils vie à l’ASP ont aussi participé à l’atelier «Service social». «Le groupe de travail est une occasion unique d’échanger avec d’autres collègues du social qui s’occupent de la même clientèle que nous. Nous recevons des impulsions professionnelles et découvrons de nouvelles approches», estime Daniela Vozza. Leur groupe a ainsi discuté de la situation des proches et a appris l’existence d’une étude de la Haute école spécialisée du nordouest de la Suisse sur l’impact du travail social dans le processus de rééducation, ainsi que des offres de ParaWork. Les

20 Paracontact I Été 2023 M É DECINE ET SCIENCES
«Nouer des contacts et remplir son bagage de nouvelles connaissances»
CONGRÈS
À la direction du congrès: Diana Sigrist-Nix et Michael Baumberger

autres cercles ont également eu un aperçu de l’offre complète du Groupe suisse pour paraplégiques et ont pu visiter les unités de soins et les salles de thérapie.

À l’issue de ces deux premières journées, les frontières entre les différentes disciplines avaient disparu. Il s’agissait ensuite de savoir comment les spécialités pouvaient collaborer au mieux pour le bien des patient·e·s. «Avec le campus de Nottwil, sur lequel nous couvrons toutes les phases, des premiers soins à l’accompagnement à vie, nous vivons cette collaboration interdisciplinaire. Or c’est loin d’être une réalité pour tous les participant·e·s au congrès. Nous devons être conscients qu’en Allemagne et en Autriche notamment, le traitement des paralysé·e·s médullaires est beaucoup plus fragmenté, ce qui rend les choses difficiles, tant pour les soignant·e·s que pour les soigné·e·s», déclare Diana Sigrist-Nix.

Des aperçus passionnants

Alors que les spécialistes pouvaient postuler une intervention en envoyant un abstract, des expert·e·s ont été invité·e·s pour faire des exposés dits keynote. Dans la conférence d’ouverture, le Dr Grégoire Courtine et le Dr Jocelyne Bloch ont expliqué comment, avec leur équipe, ils ont réussi, à partir de premiers essais sur des souris, à développer l’électrostimulation de la moelle épinière par des implants, à tel point que des sujets atteints de paralysie médullaire ont pu faire plusieurs pas après un entraînement intensif. Au cours de leur travail, les chercheurs et chercheuses ont découvert que l’électrostimulation améliorait la stabilité du tronc ainsi que la tension artérielle des personnes tests. Ces recherches ont débouché sur un nouveau traitement par électrostimulation que l’équipe souhaite rendre accessible à l’avenir à un grand nombre de personnes concernées.

Du laboratoire à la clinique

Le Dr Marnie Graco s’est penchée sur la question de la transposition des connaissances scientifiques dans le traitement quotidien. La scientifique fait partie de la jeune discipline de l’Implementation Science. Cette branche scientifique cherche com-

ment apporter à la clinique les données et les connaissances issues des études et mettre ainsi en place de nouvelles routines de traitement. L’Australienne a étudié l’exemple de l’apnée du sommeil. Plus de 80% des tétraplégiques en souffrent, sous une forme de légère à sévère. Des études cliniques le prouvent, mais tous les centres qui traitent les personnes paraplégiques ne s’y intéressent pas forcément. Après avoir mené des entretiens dans différentes cliniques, Marnie Graco a constaté que dans certaines, les soignant·e·s manquaient de temps et/ou de compétences pour ce faire, alors que dans d’autres, le diagnostic et le traitement de l’apnée du sommeil faisaient partie de la routine. Pourquoi est-ce possible à un endroit et pas à un autre? La scientifique a pu montrer que les cliniques disposant de petites équipes motivées et interdisciplinaires proposaient un traitement. Elle a ainsi pu développer un modèle que les centres pour paraplégiques qui le souhaitent pourront appliquer chez eux. Car la connaissance des résultats scientifiques et leur mise en œuvre dans le travail quotidien avec et sur les patient·e·s sont deux choses bien distinctes.

Dans son discours d’ouverture, le directeur du CSP Luca Jelmoni a souhaité que les participant·e·s acquièrent une vision commune dans le traitement des paralysé·e·s médullaires. Dans l’idéal, un tel congrès donne des impulsions nouvelles et aide à aiguiser le regard sur les autres possibilités qui existent pour aborder une problématique. «Il est crucial de cultiver les contacts en dehors du congrès. Cela aide à sortir de sa propre bulle dans laquelle on évolue quotidiennement et à obtenir de nouvelles perspectives», résume Diana Sigrist-Nix. Après quatre jours, les participant·e·s sont retourné·e·s à leur quotidien professionnel

avec un bagage plein à craquer d’impressions. Reste à espérer que certains apports du congrès trouveront leur place dans la routine quotidienne.

DISTINCTIONS

Deux abstracts du Centre suisse des paraplégiques ont été récompensés par le prix commémoratif du Prof. Friedrich-Wilhelm Meinecke de la Société médicale germanophone de paraplégiologie:

Causes et prévalence, causes et prédicteurs des ré-hospitalisations en cas de paralysie médullaire au cours des dix premières années après la rééducation primaire. Équipe d’auteurs et d’autrices: Inge Eriks-Hoogland (Nottwil), Benjamin Hirsch (Nottwil), Jürgen Pannek (Nottwil), Lea Studer (Nottwil), Armin Gemperli (Nottwil)

Incidence et facteurs de risque des pneumonies chez les personnes récemment atteintes d’une paralysie médullaire: résultats de l’étude RESCOM.

Équipe d’auteurs et d’autrices: Gabi Müller (Nottwil), Anja Raab (Berne, Nottwil), David Berlowitz (Melbourne AU), Karin Postma (Rotterdam NL), David Gobets (Wijk aan Zee NL), Sven Hirschfeld (Hambourg DE), Burkhart Huber (Häring AT), Margret Hund-Georgiadis (Bâle), Xavier Jordan (Sion), Martin Schubert (Zurich), Renate Wildburger (Tobelbad AT), Martin Brinkhof (Nottwil)

En savoir plus sur la DMGP www.dmgp.de

Paracontact I Été 2023 21
Électrostimulation Grégoire Courtine et Jocelyne Bloch sur leurs recherches

Lieu de travail sans obstacles

Lorsque les personnes touchées retournent à leur poste de travail après un accident, des adaptations architecturales sont souvent nécessaires.

Dès la rééducation primaire, la question de la réinsertion professionnelle est abordée. C’est aussi le moment d’évaluer s’il faut procéder à des travaux de modification du poste de travail lorsque la personne concernée souhaite retourner chez son ancien employeur. Cela peut également devenir nécessaire en raison de changements de l’état de santé. Afin de mesurer ces besoins, le service d’ergothérapie organise une visite du lieu de travail avec les architectes du Centre construire sans obstacles (CSO) de Muhen. Le rapport de visite du CSO énonce les mesures à prendre et, sur demande, contient en plus une estimation des coûts. Le mandat de prestations du CSO est ainsi rempli.

Accès au monde du travail

La demande d’offres, l’argumentation auprès de l’office AI compétent et la direction des travaux restent souvent du ressort de l’employeur et/ou de la personne concernée. En cas d’adaptation complète du poste de travail, l’office AI pourrait en théorie approuver les frais d’accompagnement des travaux. Dans la pratique, cette prestation est toutefois souvent refusée. Pour que les personnes en situation de handicap puissent faire partie intégrante de notre société sur un pied d’égalité, l’accès au marché du travail est extrêmement important. C’est également ce que stipule la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées. Or les deux exemples suivants montrent que le chemin est souvent ardu.

Cas no 1: commerce de détail Madame A. souffre d’un handicap moteur depuis 2014 et travaille à la caisse d’un magasin suisse. Son état de santé s’étant détérioré, elle est devenue de plus en plus dépendante d’un fauteuil roulant et a fait appel au Centre suisse des paraplégiques pour un nouveau traitement. Avec des collègues de l’ergothérapie du CSP et de la Fédération suisse de consultation en moyens auxiliaires (FSCMA), nous nous sommes rendus sur le lieu de travail de cette patiente qui devait reprendre son activité professionnelle le 23 novembre 2022.

Le grand magasin dans lequel travaille Mme A. a été entièrement transformé et rénové en 2019. Dès ce moment, l’employée

s’est efforcée de convaincre l’entreprise de veiller à l’accessibilité des lieux, mais cela a été difficile. Nous n’avons pas pu consulter le permis de construire. La question de savoir si, selon la loi sur l’égalité des personnes handicapées (LHand), cette transformation aurait dû être réalisée sans obstacles ou si, le cas échéant, il existe également un problème de mise en œuvre, reste ouverte.

Lors du conseil en construction, le CSO a visité toutes les pièces concernées et a fait des propositions d’adaptation sans obstacles. Pour que Madame A. puisse passer de l’espace clients, où se trouve la caisse où elle travaille, à l’espace réservé au personnel, il faudrait un monte-escalier. Après l’envoi du

CONSTRUIRE SANS OBSTACLES 22 Paracontact I Été 2023 PROFESSION
L’accessibilité relève de la responsabilité de l’employeur

procès-verbal détaillé, qui consignait l’état actuel, ainsi qu’une liste des adaptations nécessaires (monte-escalier et automatisation de la porte), le conseil gratuit en construction était terminé. Le projet a été transmis au détaillant pour qu’il le réalise.

En décembre 2022, le représentant du conseil social et le chef de chantier internes à l’entreprise de Mme A. ont pris contact avec notre cliente. Les devis ont été rassemblés et l’employeur a décidé de préfinancer les mesures d’aménagement, avec l’intention de déposer une demande auprès de l’office AI compétent. ParaWork et le CSO l’ont accompagné dans cette démarche. À ce jour (début avril), l’AI n’a encore rendu aucune décision – et ce, quatre mois après le début prévu des travaux. Une situation intolérable, en particulier pour l’employée. «Mes efforts pour pouvoir retravailler durent depuis trois ans et demi.» commente Madame A, désabusée. La transformation du poste de travail, y compris le monte-escalier, devrait commencer fin avril, si tout va bien.

Cas no 2: aéroport

Le poste de travail de Monsieur B. se trouve dans la zone de sécurité d’un aéroport suisse. Avant de pouvoir entrer ou sortir de l’enceinte, un contrôle précis du personnel est effectué, comme pour les passagers et passagères. À l’étage inférieur (rez-dechaussée surélevé), il y a des salles avec des écrans. C’est de là que l’ensemble de l’aéroport est surveillé et contrôlé. Le premier

étage abrite des bureaux. Monsieur B. a deux postes de travail: un au rez-de-chaussée et un autre à l’étage.

Le 3 décembre 2021, le CSO les a tous les deux examinés avec Monsieur B., son ergothérapeute, le coach professionnel de ParaWork et des représentants de l’entreprise de sécurité ainsi que de la FSCMA. Dans ce cas également, le CSO a rédigé un rapport détaillé avec des propositions d’adaptation concrètes. Étaient proposés des aménagements de l’accès et des toilettes, un monte-escalier et l’automatisation des portes. En outre, le CSO a établi une estimation approximative des coûts de construction et a obtenu un devis d’un installateur de monte-escaliers.

Ce dossier et la justification des moyens auxiliaires de l’ergothérapeute ont permis de déposer une demande auprès de l’AI. En règle générale, la FSCMA donne un deuxième avis et établit aussi une expertise qu’elle remet à l’AI. Le 6 juillet 2022, l’office AI compétent a rejeté la demande, car selon un permis de construire antérieur, le bâtiment serait exempt d’obstacles et conforme à la LHand. L’Institut de conseils juridiques de l’ASP est intervenu et l’AI a partiellement révisé sa décision le 7 mars 2023. Les coûts de planification et de direction des travaux n’ont pas été approuvés, bien que les monte-escaliers extérieurs nécessitent un permis de construire dans le canton concerné. Cette décision a été rendue près d’un an et demi après l’éva-

luation du poste de travail. Une telle situation est intolérable pour la personne concernée qui souhaite travailler, mais aussi pour son employeur. Dans une entreprise comme celle de l’exemple présent, il est important que des spécialistes, familiarisés avec les normes de sécurité strictes, s’occupent des projets de construction de ce type. Nous estimons que les frais de planification et de direction des travaux devraient être pris en charge par l’AI au même titre que les coûts de construction.

Grâce à la Fondation suisse pour paraplégiques et à l’employeur, qui participent aux dépenses actuellement non couvertes dans le cadre d’un préfinancement dont la procédure administrative est simplifiée, la transformation est maintenant planifiée et pourra, espérons-le, être réalisée rapidement. La question de savoir si l’AI sera à nouveau sollicitée est actuellement à l’étude.

Ces deux exemples soulignent l’importance des interventions du Centre construire sans obstacles et des autres institutions. À l’avenir, le réseau d’intérêts pour la construction sans obstacles s’investira de manière ciblée pour que la LHand soit systématiquement appliquée et dans tous les projets de construction qui le justifient, jusqu’à la réception des travaux. C’est la seule façon de réussir l’inclusion.  Insertion

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professionnelle ParaWork
www.parawork.ch

Détour par l’Orient

Pendant sept jours, des voyageurs et voyageuses de l’ASP ont exploré Marrakech et ses environs. Une expérience unique.

En à peine quatre heures de vol, les vacanciers et vacancières se sont retrouvé·e·s dans un tout autre monde. Marrakech, l’une des quatre villes impériales du Maroc, fascine par son agitation, ses senteurs inconnues et ses ruelles étroites. Loin du tumulte, elle offre aussi des lieux de calme et de détente. C’est cette diversité qu’a voulu découvrir un groupe de voyage de l’ASP.

1001 photophores

La médina, le centre historique de Marrakech, est un vrai labyrinthe. Des piéton·ne·s, des mobylettes et des ânes tirant des charrettes se bousculent dans les rues encaissées. C’est bruyant, ça sent mauvais, ça s’agite. Il faut être patient·e si l’on veut se frayer un chemin ici, surtout si l’on est un groupe de 17 personnes dont huit en fauteuil roulant. «Pour un tétra comme moi, c’était très fatigant», reconnaît Sadmir Mujanovic. Les souks ou marchés couverts sont encore plus étroits. Des paniers, des articles en cuir, des chaussures, des bijoux,

des épices, des tapis, de la vaisselle et toutes sortes de babioles s’entassent jusque dans la rue et au-dessus des têtes. Et si le regard s’attarde une seconde de trop sur un bibelot, le vendeur vous met immanquablement le grappin dessus. Marchander, c’est une affaire d’honneur. Au beau milieu du souk, nos touristes ont découvert «le jardin secret»: un endroit merveilleux pour respirer un peu.

Le cœur de la médina est la célèbre place Jemaa el-Fna. En journée, elle est peuplée de charmeurs de serpents, de marchands de nourriture et d’acrobates. Mais ce n’est qu’à la tombée de la nuit que l’ambiance devient vraiment festive. Les participant·e·s au voyage ont découvert un peu d’histoire en visitant l’ancienne école coranique Medersa Ben Youssef. Le bâtiment, restauré à grands frais, est un chefd’œuvre de l’architecture orientale et fut autrefois la plus grande école musulmane de théologie.

Une oasis

L’hébergement s’est avéré être un véritable paradis. L’auberge Handi Oasis est située à l’extérieur de la ville. La piscine avec lève-personne, les jardins parfaitement entretenus et l’infrastructure entièrement accessible ont séduit les hôtes, tout comme l’accueil chaleureux des employé·e·s. Le groupe de voyage de l’ASP, qui disposait de ce complexe familial de seulement dix chambres pour lui tout seul, s’est chaque jour régalé de délicieuses spécialités marocaines. Handi Oasis est ainsi devenu une oasis de détente pour nos visiteurs et visiteuses. «L’hébergement était exceptionnel, un lieu de rêve», s’extasie Remo Maag, «le soir, après une journée bien remplie, nous avons souvent évoqué la beauté de l’endroit.» Daniela Marzari, accompagnatrice et responsable de voyage, ne tarit pas non plus d’éloges pour les gérants: «Le manager Patrick était là à toute heure de la journée pour organiser des excursions supplémentaires ou répondre à des désirs particu-

24 Paracontact I Été 2023 LOISIRS
VOYAGE

liers.» Remo Maag et Sadmir Mujanovic ont ainsi pu réserver un vol en montgolfière au lever du soleil qui valait grandement la peine de se lever tôt. Emballés par le spectacle grandiose et la serviabilité de l’équipage, ils sont unanimes: la prochaine fois, cette expérience devrait faire partie du programme du voyage.

Faire voler la poussière

Le groupe ne s’est pas cantonné aux curiosités de la ville; il a aussi exploré les environs. Le Maroc est un pays désertique. Le désert de pierres d’Agafay commence quasiment aux portes de Marrakech. Après un voyage de 45 minutes, nos aventuriers et

aventurières ont été transféré·e·s dans cinq buggies à deux places et un quad, et ont sillonné le paysage aride sur des pistes de gravier. Avec à l’horizon, les majestueux sommets de l’Atlas. «Découvrir ainsi sur le vif la nature et le reg en buggy m’a impressionné.» Pour Sadmir Mujanovic, cette excursion d’un genre particulier a été l’un des moments forts du voyage. Après la sortie de deux heures, tout le monde a apprécié le repas de midi en plein air, servi à l’ombre des arbres sur des tapis multicolores, avant de se prélasser un long moment sous le jet de la douche à l’hôtel. Car la poussière du désert s’était invitée partout.

Visite chez les Berbères

Une deuxième grande excursion a conduit la petite troupe aux trois vallées, où le paysage est riche en contrastes. Des parties arides et sèches se sont transformées en vallées vertes et luxuriantes et en forêts d’eucalyptus, de pins et d’oliviers. Les Berbères de la région y ont construit leurs villages de maisons en argile sur des pentes abruptes. Leurs moutons, chèvres et ânes s’ébattent au bord de la route. Le groupe s’est arrêté dans l’un de ces villages pour le repas de midi. De la terrasse, la vue s’étendait sur la plaine qui se déroulait tel un tapis en patchwork aux nuances de rouge, de vert et de jaune.

Le pays et ses habitants

Le dernier jour du voyage, les trois cuisinières de l’hôtel ont initié la fine équipe aux secrets de la pâtisserie marocaine. Trois sortes de pâtisseries ont été préparées et ont ensuite été emballées pour que chacun et chacune puisse ramener en Suisse un petit souvenir sucré. Que ce soit dans le complexe hôtelier ou lors des excursions, nos touristes n’ont rencontré que cordialité et serviabilité. «Sans montrer ni appréhension ni réserve, les hommes nous ont empoigné·e·s sans façon et installé·e·s dans les véhicules tout-terrain», raconte Monika Kaufmann, «sans s’inquiéter de savoir si cela était approprié ou non. Cette simplicité m’a plu.» Le fait que les Suisses aient aussi tenu compte des besoins de leurs hôtes était une question de respect mutuel, car le voyage de l’ASP est tombé en plein Ramadan.

Les vacanciers et vacancières ont apprécié le programme varié du voyage qui offrait de nombreuses expériences mais aussi suffisamment de temps libre. Chacun et chacune a ainsi pu s’adonner à ses propres centres d’intérêts et besoins. Et après sept jours impressionnants passés dans la chaleur, il a fallu faire ses adieux à Marrakech.

Enrichissant

Des moments de convivialité et une foule d’impressions

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AGENDA

Joies du loto

Cette année, deux soirées loto vous sont proposées.

Avez-vous les bons numéros? Avec un peu de chance, vous gagnerez de super prix. Organisées en collaboration avec le club de yodel de Nottwil, ces rencontres conviviales auront lieu les 28 et 29 décembre 2023 dans l’aula du CSP à Nottwil. Venez vous amuser avec nous.

Escapade à Madrid, olé!

Six membres tétraplégiques de l’ASP sont partis fin avril à la conquête de la capitale espagnole.

SWISS-TRAC Excursion

Vous aimez vous promener dans la nature et possédez un Swiss-Trac?

Pour avoir une vue d’ensemble de la ville sans nous stresser, nous avons débuté notre séjour par un circuit en bus touristique. Bien entendu, l’un des plus grands et des plus importants musées d’art du monde, le «Museo del Prado», se devait d’être au programme de la semaine. Ensemble, nous avons arpenté l’emblématique «Plaza Mayor» et le somptueux «Palacio Real de Madrid». Au «Corral de la

Moreria», le tablao de flamenco le plus célèbre du monde, notre groupe a été ébloui par le spectacle et comblé par le succulent repas. Nous avons aussi visité les villes environnantes de Ségovie, avec son ancien aqueduc romain, sa cathédrale gothique et son grand château, et de Tolède, la cité aux trois cultures.

Cela vous intéresse?

Vous avez envie de voyager avec nous? Nous vous proposons de belles vacances: www.spv.ch (calendrier-desmanifestations)

THÉÂTRE ITINÉRANT

Sept d’un coup

Alors l’excursion en SwissTrac du 2 septembre 2023 dans la région de Rothenthurm va vous enchanter! Un guide expérimenté vous fera découvrir la région et un bon repas vous attend aussi. Vos proches peuvent vous accompagner à pied. Nous nous réjouissons de passer une journée au grand air en votre compagnie.

Le célèbre conte des frères Grimm «Le vaillant petit tailleur» a captivé petits et grands dans l’aula du CSP.

La troupe du théâtre itinérant qui parcourt la Suisse en car, s’est arrêtée à Nottwil pour une journée. Le temps d’un après-midi, les spectateurs et spectatrices ont pu s’immerger dans un univers fantastique.

Le jeune public a été agréablement surpris par le caractère interactif de la représentation et s’est prêté au jeu à chaque fois que le vaillant petit tailleur l’a invité à chanter

et à s’exclamer. L’audacieux héros a aussi encouragé les enfants à chercher leurs propres solutions dans les situations de conflit, montrant ainsi que l’héroïsme ne se résume pas à la force musculaire ou à la connaissance. La passion, le courage, l’ingéniosité et la ruse, permettent d’accomplir beaucoup de choses.

Réjouissez-vous! En 2024, le théâtre itinérant jouera le conte de fées «Cendrillon».

RUBRIK 26 Paracontact I Été 2023 FREIZEIT
VOYAGE URBAIN
LOISIRS Autres manifestations www.spv.ch (Manifestations)
Infos et inscription www.spv.ch

Vacances Reka sans obstacles

Vous êtes à la recherche d’un hébergement sans obstacles et adapté aux familles? Les centres de vacances Reka existent dans toute la Suisse.

Les villages de vacances Reka sont des complexes touristiques parfaits pour des vacances en famille. Ils sont tous situés à l’écart des grands flux touristiques afin d’offrir des lieux propices au calme et à la détente. De grandes aires de jeux, des garderies et des clubs Rekalino laisseront des souvenirs impérissables aux plus petits. L’idée est de garantir des vacances pour toutes et tous, d’où l’accessibilité en fauteuil roulant des installations. Les douze centres sont en partie sans obstacles et plus de 30 appartements sont entièrement accessibles.

Nos recommandations

Lugano

Le village de vacances Reka de Lugano a fêté son ouverture l’an passé. Avec le soutien de la fondation «Denk an mich», l’ensemble du complexe et 20 appartements de vacances ont été aménagés pour être accessibles à toutes et tous. La piscine est

équipée d’un lève-personne mobile, et les vestiaires et les installations sanitaires de l’espace baignade sont adaptés aux besoins des hôtes en fauteuil roulant. Le village n’est pas l’unique raison qui fait de cet endroit une destination rêvée pour l’été, la ville de Lugano y est aussi pour beaucoup.

La promenade au bord du lac et le grand parc de la ville forment un cadre magnifique pour profiter du soleil. Si vous avez toujours voulu voir la Suisse en petit, ne manquez pas la visite de Swissminiatur à Melide. L’entrée est gratuite pour les personnes en fauteuil roulant.

Rougemont

Dormir dans un joli chalet niché dans un écrin de verdure. C’est ce que propose le centre Reka en Romandie. Entouré de montagnes et de prairies, il vous promet calme et tranquillité. Le petit bourg de Rougemont, situé à 1007 m d’altitude, arbore le label «Plus beaux villages de Suisse».

Madulain

Ce petit village est situé dans la belle région de Haute-Engadine. Avec seulement 200 habitants, c’est le lieu idéal pour se reposer et se détendre. L’espace bien-être du complexe Reka «Chesa Engiadina» est accessible par un ascenseur. Tout le bâtiment est équipé de rampes et même la salle de jeux est desservie par un ascenseur.

Hasliberg

Situé dans le canton de Berne, le village est cerné de sommets montagneux. Le centre de vacances Reka est doté d’un accès sans obstacles à la piscine couverte et la réception est pourvue d’un ascenseur. Une excursion en montagne ne pose aucun problème grâce aux remontées mécaniques accessibles en fauteuil roulant de la région Hasliberg-Meiringen. En hiver, il est possible de dévaler les pistes en uniski ou dualski.

Sörenberg

Le village de vacances Reka de Sörenberg est situé en pleine nature. Il possède une piscine couverte de plain-pied et un ascenseur qui dessert chaque étage. Le complexe dispose de places de parking accessibles en fauteuil roulant. En hiver, vous pouvez profiter de vos vacances pour suivre le cours de ski d’une journée de l’ASP. En été, il est possible de louer des fauteuils roulants tout-terrain pour découvrir la nature.

Quand l’envie de voyage vous tient: la Toscane

Soleil, plage et accessibilité sont au rendez-vous dans le Resort Reka en Toscane. Une situation de choix avec vue sur la mer et de magnifiques couchers de soleil vient parachever des vacances d’été idéales. Il est également possible de louer sur place un vélo de transport de fauteuil roulant pour deux personnes ou un fauteuil tout-terrain.

FREIZEIT HÉBERGEMENTS
Paracontact I Été 2023 27
LOISIRS Destinations de vacances www.reka.ch
Lugano Ouverture en 2022 Toscane Vacances à la mer Madulain Lieu de calme et de repos

JOURNÉE POUR LES ENFANTS

Kids Day

À Bulle, les enfants se sont bien amusés lors de cette journée. Au programme: expression corporelle, divers petits jeux et unihockey. Revivons les plus beaux moments de cette rencontre.

Le matin, frères et sœurs issus de cinq familles ont pu s’extérioriser lors d’un atelier d’expression corporelle mis en place en collaboration avec Giulia du «Théâtre Sévelin 36» de Lausanne. D’abord, il fallut se présenter, puis faire ressortir des émotions diverses par mime, avec et sans son. Par la suite, nos jeunes avançaient dans la salle, par exemple comme s’ils étaient sur un nuage de crème fouettée ou alors sur un sol collant, comme dans du miel.

Mimer des scènes avec des objets Chacun·e a eu la possibilité de s’exprimer lors de cet atelier. Pas facile de trouver une idée pour se mettre dans la peau d’un livre, d’une pompe à vélo ou d’une cafetière. En duo ou ensuite en petit groupe, les enfants ont créé des scènes avec divers objets. Nous garderons en tête l’image de Federico et Lény faisant grève avec un gilet jaune, de Maeva et sa sœur Anaïs jetant un objet à la poubelle, de Nathan nettoyant le pull de Sarah, de Jeanne et Justine avec leur balai, de Kilian tirant la ficelle, ou encore de Jakob imitant la pompe à vélo.

Mode Mario activé

L’après-midi, les parents se sont invités au programme. Il s’agissait de jouer au jeu de plateau «Mario Party Superstars», non pas sur console derrière son écran, mais reproduit en taille réelle dans la salle de gym. Dès lors, les enfants et l’équipe composée de parents étaient les pions, qui devaient avancer sur le plateau. L’objectif? Obtenir le plus d’étoiles possibles! Pour acheter des étoiles, il fallait donc gagner des pièces. Ainsi, divers petits jeux (en équipe, en binôme ou en individuel), comme des estafettes, le jeu de l’horloge, du mini-golf unihockey

ou encore le parcours les yeux bandés permettaient à nos joueurs et joueuses de gagner de l’argent (virtuel).

Facteur chance pour influencer

«le game»

Ces jeux divers et variés ont bien amusé les enfants, mais aussi les parents et tout le monde voulait surtout remporter les dix pièces de la victoire. La stratégie était aussi de mise, avec le choix d’acheter un objet stratégique (ou pas!) à la boutique. En effet, si un objet était acheté, il fallait s’assurer d’avoir toujours 20 pièces en poche pour avoir la possibilité de s’offrir une étoile. Jusqu’au dernier moment le suspense a duré, car l’étoile bonus, tirée au sort par Claude Jaquet, notre GO du club en fauteuil roulant de la Gruyère a permis de désigner Lény, comme grand vainqueur du jeu.

De l’unihockey pour terminer la journée en beauté Fidèles à ce qui est désormais la tradition du Kids Day, parents et enfants se sont mélangés pour jouer à l’unihockey. Maeva et sa canne bricolée («T-Stick») pouvait rouler un peu plus vite que les autres avec son fauteuil roulant électrique, mais la maitrise de la balle était plus difficile aussi. La série de tir au but a départagé nos deux équipes. Mais finalement, la victoire n’avait que peu d’importance. Tous et toutes ont passé un super moment en famille, avec à la clé des (éclats de) rires, des sourires et quelques souvenirs. Un tout grand merci aux aides en salle de gym et en cuisine, sans qui cette journée n’aurait pas été possible, et aussi au club en fauteuil roulant de la Gruyère pour la collaboration.

28 Paracontact I Été 2023 LOISIRS
Kids Day Un moment de partage en famille

Au volant, elle fait le plein d’énergie

Marianne Kenel emmène en vacances les voyageurs et voyageuses de l’ASP et les ramène à bon port. Cela fait 30 ans que cette Zurichoise de 51 ans sillonne les routes en car.

Les adeptes des voyages en car avec l’Association suisse des paraplégiques (ASP) connaissent bien celle qui les conduit à destination avec le sourire et une maîtrise parfaite: c’est Marianne Kenel, conductrice de car originaire d’Obfelden ZH. Six fois par an, elle passe huit jours avec un groupe – et elle se réjouit à chaque fois: «J’ai toujours à bord des passagers et passagères formidables qui débordent de gratitude.»

Notre quinquagénaire a une longue expérience, cela fait déjà 30 ans qu’elle roule. Ce sont ses parents qui sont à l’origine de son activité: ils dirigeaient une petite société de car dans le Knonaueramt et assuraient régulièrement le transport des personnes handicapées. Après un apprentissage commercial, Marianne a passé son permis de voiture, puis de camion, et a ensuite aidé le plus souvent possible dans l’entreprise familiale.

Anticipation, calme et rapidité Pourtant, conduire un car n’a longtemps été pour elle qu’une sorte de hobby. Marianne a travaillé comme comptable jusqu’en 2009 avant de se consacrer à sa propre famille quand elle est devenue maman. Parallèlement, elle répondait toujours présente quand ses parents avaient besoin d’aide. Mais en 2013, ils ont cédé leur entreprise. Cela a été «douloureux» dit-elle, «mais c’était la bonne décision».

Marianne, elle, a poursuivi son chemin. Elle a peu à peu développé son activité de conductrice et a commencé à travailler pour diverses entreprises dans la région –

en appréciant particulièrement d’être au volant des plus grands engins disponibles. «Conduire un car de 78 places, ce n’est pas évident», dit-elle, «mais j’aime ça.»

Comment décrit-elle son style de conduite? «Mes mots d’ordre sont anticipation, calme et rapidité.» Et elle ajoute: «Je ne me laisse pas stresser par les autres usagers et usagères de la route, au contraire. C’est mon boulot, bien sûr, mais c’est aussi un excellent moyen pour moi de faire le plein d’énergie.»

Quand Marianne est en mission pour l’ASP, elle a souvent affaire à des habitué·e·s dont elle connaît les besoins. Elle sait leurs places de prédilection dans le car et leurs préférences pour le positionnement du fauteuil roulant. Plus qu’une simple chauffeuse, Marianne est aussi quelqu’un qui contribue à la bonne humeur par son attitude sans chichis.

Du temps où elle travaillait encore pour ses parents, il lui arrivait d’essuyer une remarque déplacée avec certains groupes. «Ce n’était pas commun qu’une jeune femme soit au volant», dit-elle, «et j’avais des réflexions du genre: ‹Eh ben, c’est pas gagné …›.» Elle ne se laissait pas démonter pour autant – ses compétences faisaient taire les imbéciles.

Des réserves d’énergie impressionnantes Marianne peut parcourir des centaines de kilomètres par jour sans jamais s’ennuyer ni se lasser. Lorsqu’elle se rend à Europapark à Rust avec un groupe, elle est debout

à 4 heures du matin pour arriver à temps au lieu de rendez-vous. C’est l’avantage d’être une lève-tôt. Et elle a aussi la chance de n’avoir aucun soucis à rouler tard le soir: «Je dispose d’assez de réserves d’énergie et je ne me fatigue pas vite.»

Si elle aime partir à l’étranger pour l’ASP, elle apprécie tout autant de découvrir une nouvelle facette de la Suisse. «Nous vivons dans un pays magnifique», dit-elle. S’estelle déjà retrouvée dans une situation délicate? Oui, en 2021, quand la plateforme élévatrice du car a soudain rendu l’âme peu avant leur destination, la Carinthie. Marianne s’est retrouvée coincée avec son groupe de voyage sur une aire de repos. Mais elle a gardé son calme, cherché une solution, trouvé sur Internet un spécialiste à proximité – et le problème a pu être rapidement résolu.

LOISIRS Paracontact I Été 2023 29 BONNE ROUTE!
Marianne Kenel aux petits soins

À la conquête des sommets

Envie de respirer l’air frais des montagnes et d’admirer un paysage grandiose? Venez découvrir avec nous les Alpes fribourgeoises.

Claude Siegenthaler et Nadja Venetz

Vanil Noir, Berra, Moléson, Kaiseregg: tels sont les noms des sommets les plus connus des Préalpes fribourgeoises. Le saviez-vous? Et c’est par ici que passe le Röstigraben, ce prétendu fossé entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Venez découvrir la région avec nous.

Notre excursion en montagne débutera le samedi 26 août 2023 à Plasselb. Nous nous retrouverons à 10 heures devant l’église et partirons ensuite en direction de l’Alp Flühkäseberg ou du Cousimbert des Particuliers, comme disent les Romand·e·s. Les personnes qui viennent en 4 × 4 pour-

ront descendre dans la vallée avec leur propre véhicule. Pour les autres, des voitures seront mises à disposition.

Notre première étape sera le refuge de Flühkäseberg, à 1488 m d’altitude. Même si sa jolie terrasse ensoleillée nous tend les

30 Paracontact I Été 2023 PRENDRE DE LA HAUTEUR
LOISIRS

bras, nous ne nous y prélasserons qu’à notre retour car pour l’heure, la montagne nous appelle: tout le monde embarque dans des véhicules tout-terrain. Leur puissant moteur nous aidera à gravir la dernière pente et nous mènera à notre destination: la croix au sommet du Käseberg. Là-haut, nous apprécierons le panorama exceptionnel. À 1633 m d’altitude, nous surplomberons le Röstigraben et l’agitation de la vallée, et laisserons la beauté des montagnes de l’Oberland bernois et des Alpes fribourgeoises nous imprégner ... tout en dégustant ensemble un verre au sommet. Santé!

La cabane magique

L’air frais, ça creuse! Alors, redescendons en voiture. Norbert Bächler, notre hôte au refuge de Flühkäseberg, nous accueillera à bras ouverts. Sur la cuisinière à bois, il nous préparera un délicieux rösti ou nous servira une assiette froide avec des spécialités de la région. Sa cabane est accessible en fauteuil roulant et dispose de WC pour personnes handicapées. Son père l’a reconstruite de ses propres mains après sa destruc-

tion par un incendie en 1962. En l’absence de routes, les matériaux de construction devaient alors être acheminés par des véhicules tout-terrain, à cheval ou à la main. Depuis 1974, les randonneurs et les amateurs de calme s’installent sur la grande terrasse. Ici, le temps semble suspendu. Il n’y a pas de réseau, juste les conversations animées des voisins de table, le bourdonnement des insectes et le tintement des cloches des vaches.

En plus d’être notre hôte, Norbert Bächler est aussi le propriétaire de Merlin Adventures, une agence événementielle. Guide d’excursions et de randonnées, doublé d’un instructeur de vol, il fait découvrir à sa clientèle les Alpes fribourgeoises dont il connaît chaque sommet. Il organise l’excursion avec l’Association suisse des paraplégiques et vous fera vivre une randonnée inoubliable.

Envie d’air frais?

Inscrivez-vous ici: www.spv.ch (calendrier des manifestations, excursion-fluehkaeseberg)

IDÉE D’ÉVASION

AQUATIS Lausanne

AQUATIS vous invite à vous plonger dans un voyage sur les cinq continents à la découverte des principaux écosystèmes d’eau douce. Un parcours exceptionnel!

AQUATIS met en scène des animaux vivants grâce à une scénographie totalement immersive et interactive à l’aide de technologies numériques innovantes. Plus qu’un aquarium ou un vivarium, AQUATIS est une découverte des milieux d’eau douce les plus fascinants de notre planète. C’est à la fois un espace de loisirs, un pôle d’éducation à l’environnement et une plateforme d’échanges.

Accessibilité

Voyager de manière autonome est important. Personnes en situation d’handicap, seniors ou familles avec enfants en bas âge, AQUATIS est adapté pour accueillir chacun. L’accès à l’aquarium est complètement accessible en fauteuil. Des chaises roulantes sont également à votre disposition sur réservation au préalable à info@aquatis.ch.

Adresse

Route de Berne 144 1010 Lausanne-Vennes www.aquatis.ch

Paracontact I Été 2023 31
Un panorama qui en met plein la vue Authenticité Röstis cuits sur le feu Atteindre des sommets en 4×4

Un jeu d’adresse quelque peu différent

On lance un disque en direction d’un panier surmonté de chaînes métalliques qui l’arrêtent et parfois, on finit dans les buissons. Le disc golf est un jeu convivial pour toute la famille. Nous avons testé le parcours autour du CSP.

«Zut alors! Encore dans le décor, alors que je venais de faire un superbe lancer!», m’écrié-je à l’attention de mes collègues qui profitent de la pause de midi pour relever un petit défi de disc golf avec moi. Pour un sportif ambitieux comme moi, le jeu est un tantinet frustrant. Mais une chose est sûre, la frustration est largement compensée – voire dépassée – par les rires de mes adversaires et le plaisir que prend notre petit groupe à jouer.

Alors que l’instant d’avant, nous étions encore vissés à nos bureaux, nous voici déjà arrivés au premier tee, ou aire de départ, dont le nom est emprunté à la célèbre variante qui se joue avec un club et une balle. On peut louer ces frisbees spéciaux à un très bon prix à l’accueil du Centre suisse des paraplégiques. «Ce sont de bons disques, mais tous des putter, donc conçus pour le dernier lancer dans le panier», nous explique Philipp Muff, initiateur du

parcours de l’association Woodpeckers de Sursee et collaborateur d’Orthotec. Les professionnel·le·s possèdent différents disques, pour le lancer depuis le tee, pour l’approche et pour le coup final dans la corbeille.

Les personnes en fauteuil roulant n’ont aucun mal à se déplacer librement sur le trajet, car les trous du parcours du CSP sont tous répartis le long de chemins goudronnés. Mais si le disque part de travers, il se peut vite se retrouver sur un buisson ou dans une étendue d’herbes et de fleurs. «C’est pourquoi il faut toujours jouer avec

LOISIRS 32 Paracontact I Été 2023
DISC GOLF
LE

un·e piéton·ne», nous confirme Philipp Muff en nous livrant les astuces d’un bon lancer et les principales règles du jeu.

Principe du jeu

Chaque joueur·euse lance son disque depuis l’aire de départ, le tee pad, vers la cible. Au disc golf, il s’agit d’un panier métallique d’environ un mètre de haut, surmonté de chaînes destinées à arrêter le disque. Quand tout le monde a lancé son disque, le coup suivant se fait à partir du point où le disque s’est posé. En commençant toujours par le disque le plus éloigné de la cible, les joueurs et joueuses continuent à lancer leur disque jusqu’à ce qu’il atterrisse dans le panier. On note pour chacun·e le nombre de coups nécessaires pour y parvenir. À la fin, on additionne les lancers de tous les trous joués. «Pour les participant·e·s en fauteuil roulant, nous avons légèrement adapté le jeu: on déplace simplement le disque au prochain trou du parcours, et on le relance à partir de là», précise Philipp Muff à propos des modifications des règles pour les personnes en fauteuil roulant.

Nous avons eu le luxe de commencer le cours sous la houlette de quelqu’un de compétent. Mais les règles sont également décrites de manière succincte et compréhensible sur la feuille de score qui nous est remise avec les disques à l’accueil. Une version numérique est aussi disponible via l’application. On y trouve tous les points clés des scènes de disc golf du monde entier et on peut comptabiliser en un clic les lancers du tour joué.

Question de technique

Les disques de Manuela Schär s’envolent particulièrement bien, comme s’ils étaient tirés par une ficelle. «C’est dû à la rotation qu’elle imprime aux disques grâce à sa torsion de poignet typique d’une athlète», estime Philipp. En effet, si les frisbees s’inclinent, ils se redressent sous l’effet du vent et dévient vite de la trajectoire idéale. Les piéton·ne·s prennent leur élan pour envoyer le disque le plus loin possible et s’aident en faisant pivoter le bassin. Or pour notre petit groupe de dilettant·e·s, cet avantage ne fait aucune différence. Les lancers des joueur·euse·s en fauteuil rou-

lant sont aussi longs que ceux des piéton·ne·s, et souvent même plus précis. Silvana, qui fait aussi partie de notre groupe, ne possède qu’une partie de ses doigts. L’ex-joueuse de l’équipe nationale de rugby en fauteuil parvient pourtant à saisir le disque assez correctement pour le lancer avec précision. Mais si la fonction de la main est très limitée, jouer à ce jeu peut s’avérer difficile.

Bilan: «le disc golf, c’est de la balle!» Notre plaisir a été un peu gâché par les voitures stationnées en raison d’une grande manifestation. Mais tout le monde était d’accord: la prochaine fois, nous ferons le parcours dans son intégralité, car nous avons pris un plaisir fou rien qu’à jouer ces quelques trous. Le jeu installé autour du CSP est parfait pour une excursion en famille, une sortie entre collègues d’un club

ou pour les patient·e·s qui doivent par exemple tuer le temps lors de leur visite médicale annuelle. En tout cas, nous renouvellerons bientôt l’expérience.

INFOS DU PARCOURS

Trous (paniers): 9

Pars (score idéal): 27

Longueur totale: 538 m

Trou le plus long: 91 m

Prix de location au CSP par disque: CHF 2.– à 3.–

Heures d’ouverture du lundi au vendredi: de 12 h 00 à 13 h 30, et à partir de 17 h 00

Samedi et dimanche: Ouvert toute la journée

Important: Les thérapies et autres entraînements ont toujours la priorité!

Appli disc golf

Infos du parcours et score

Paracontact I Été 2023 33
Le disc golf Une activité amusante à faire en groupe

Une championne qui impressionne

Après avoir subi plusieurs commotions cérébrales, Lorraine Truong souffre de neuropathie. Le sport permet à cette Neuchâteloise de 33 ans de tenir bon: en WCMX, elle a décroché son titre le plus important à ce jour.

Lorsqu’elle évolue dans un skatepark, plus rien d’autre n’existe pour Lorraine Truong. C’est le seul endroit au monde où elle peut exprimer sa créativité et repousser sans crainte ses limites. Le WCMX, dans lequel elle excelle, joue un rôle majeur dans sa vie. Abréviation de Wheelchair Motocross, ce sport s’apparente au Freestyle BMX.

La jeune athlète réalise d’incroyables figures de haut niveau avec son fauteuil roulant. En décembre 2022, elle est sacrée championne du monde en Californie. «Pouvoir porter ce titre, c’est plutôt cool», dit-elle, «j’en suis fière, car c’est la récompense d’un travail acharné.» Mais, à 33 ans, Lorraine aspire à davantage. Elle est poussée par l’ambition de se maintenir dans l’élite mondiale. Et de célébrer d’autres victoires.

Si le sport a toujours rythmé sa vie, c’est aussi lui qui va changer le cours de son destin. Adolescente, elle découvre le VTT et développe des aptitudes qui lui permettent de prendre part à la Coupe du monde. Cross-country, enduro, descente – ces disciplines exigent de l’audace et de l’agilité, mais la jeune fille en a à revendre.

Chute fatale en 2015

La Neuchâteloise de Môtiers, dont le père est originaire du Vietnam, sait bien que les chutes peuvent se produire, mais elle ne se laisse pas pour autant intimider. Elle en subit plusieurs, d’une grande violence. À 14 ans, elle est victime d’une première

commotion cérébrale, et d’autres suivront. Mais Lorraine s’acharne. Elle se rétablit et se remet en selle avec tout le dynamisme de sa jeunesse. «J’aurais peut-être dû m’accorder plus de pauses de temps en temps», dit-elle en y repensant aujourd’hui.

Quand d’autres se fracturent une jambe ou un bras lors de grosses chutes, c’est à la tête que notre sportive se blesse plusieurs fois, en 2015 très durement. À Samoëns en France, alors qu’elle participe à la Coupe du monde, elle tombe et son casque ne la protège pas suffisamment. Elle souffre d’un traumatisme crânien qui l’oblige à mettre un terme à sa carrière de vététiste.

On lui diagnostique une neuropathie, qui englobe tout un éventail de déficiences. Si Lorraine peut marcher, elle se fatigue tout de suite et a donc besoin d’un fauteuil roulant. Elle qui a jadis étudié la construction mécanique et les sciences des matériaux à Lausanne, doit soudain se faire à l’idée de ne plus pouvoir accomplir les actes les plus ordinaires de la vie. Elle a de la peine à téléphoner, car elle ne peut ni enregistrer ni assimiler correctement ce qu’elle entend. Elle préfère donc communiquer par messages Whatsapp ou s’asseoir en face de la personne pour lui parler.

Elle a besoin de soutien et l’obtient en partie grâce à un outil technologique qu’elle surnomme «la petite voix». Cette aide lui donne l’heure à chaque heure pleine, lui

indique comment procéder pour se doucher ou lui énonce les étapes à suivre pour préparer un repas.

Le flair infaillible de Largo

Par ailleurs, Largo ne la quitte pas d’une semelle: le vieux berger allemand a déjà aidé la jeune femme à retrouver son appartement quand elle avait perdu le sens de l’orientation. Le chien a également le don de sentir venir une crise d’épilepsie chez sa maîtresse. En pareil cas, il l’alerte pour qu’elle sache à quoi s’en tenir. C’est Lorraine elle-même qui s’est chargée du dressage de Largo.

RUBRIK 34 Paracontact I Été 2023 FREIZEIT SPORT EN FAUTEUIL ROULANT
WCMX
Son chien: Un compagnon et un assistant Peter Birrer

Ses journées sont courtes, car elle a besoin de beaucoup de repos. Son corps réclame jusqu’à 16 heures de sommeil. Avec sa formation, elle pourrait travailler comme ingénieure, mais ce n’est pas envisageable. Elle fait sporadiquement des traductions pour un client, s’investit dans des thérapies et bien sûr dans le sport. Elle a l’avantage de vivre dans un endroit très calme. Elle habite à Vollèges, un petit village valaisan au-dessus de Martigny, et jouit d’une vue imprenable sur Le Catogne, cette montagne remarquable. Et elle a la chance d’avoir le sport qui l’aide à tenir, donne du sens à sa vie et lui permet de surmonter les moments difficiles.

Regagner son autonomie

Après la fin de sa carrière de vététiste, elle passe six mois en rééducation à la Clinique romande de réadaptation à Sion et pendant deux ans, il n’est pas question de bouger. Durant cette période, elle dit avoir perdu une grande partie de son autonomie. Mais elle la retrouve quand elle se met au WCMX. Au skatepark, elle passe du statut de simple spectatrice à celui de skateuse, et s’amuse à exécuter des figures en fauteuil roulant.

Marco Bruni est l’un de ses plus grands soutiens. Le responsable Développement des athlètes à l’Association suisse des paraplégiques (ASP) de Nottwil la remarque, prend contact avec elle et entame en mai 2019 sa collaboration avec la jeune femme, dont il dit: «C’est une athlète d’exception. Et pour moi, elle représente le plus grand défi que j’ai jamais eu à relever en tant qu’entraîneur.»

Marco Bruni n’est pourtant pas un novice en la matière, il a coaché des douzaines de sportifs et de sportives de haut niveau, dont le champion olympique Iouri Podladtchikov en tant qu’ex-entraîneur de l’équipe nationale de snowboard. «Comme Iouri, Lorraine fait partie du top 3 de toutes celles et ceux dont j’ai eu à m’occuper», expliquet-il. «En termes d’état d’esprit, elle est incroyablement forte. Elle sait exactement sur quels leviers appuyer pour atteindre des objectifs élevés. Elle travaille de manière hyper ciblée et possède aussi l’intransigeance nécessaire.»

Coup de chapeau de Marco Bruni

Il y a des athlètes qui se mettent à s’entraîner activement quand on le leur demande. Lorraine, elle, n’attend pas. Elle prend ellemême l’initiative et ne laisse aucunement paraître au skatepark qu’elle souffre de gros problèmes neuropathiques. Elle parvient à mémoriser un parcours et à montrer tout ce qui lui tient à cœur. «La façon dont Lorraine y parvient est phénoménale», affirme Marco Bruni.

Il trouve également extraordinaire sa manière de revenir sur une compétition. Après les CM, elle a fait un débriefing qui a stupéfié Marco Bruni. L’athlète a analysé par écrit, dans les moindres détails et avec précision, ce qui était bon et moins bon. Cela facilite aussi le travail d’un coach: elle est en mesure de donner des instructions claires.

Aujourd’hui, Marco Bruni ne s’occupe plus de la sportive de WCMX aussi intensément qu’à ses débuts et Lorraine s’entraîne souvent avec James Brickell qui l’épaule. Elle aimerait bien augmenter ses efforts, mais pour des raisons purement

physiques, ce n’est pas possible. Elle doit se contenter d’aller au skatepark peut-être une fois par semaine pendant deux ou trois heures.

«Pas de faux espoirs»

On pourrait croire que ce que fait Lorraine, c’est de la folie. «On me l’a déjà dit», dit-elle avec flegme, «mais ce n’est pas le cas. Je sais où sont mes limites et je ne fais rien qui soit déraisonnable.»

Membre du club en fauteuil roulant Valais romand, elle s’abstient de trop penser à ce qui se passera dans quelques années. «Je ne me donne pas de faux espoirs», dit-elle, «sinon je risquerais de devenir folle.»

Elle accepte sa situation et est bien décidée à en tirer le meilleur parti. En sport, cela signifie tout mettre en œuvre pour défendre son titre de championne du monde cette année. Elle regarde Largo, qui pose ses grosses pattes sur les genoux de sa maîtresse. Il lui restera fidèle, même si elle rentre bredouille des États-Unis.

Paracontact I Été 2023 35
Concentration extrême pour Lorraine Truong et Marco Bruni

Intégration à la Swiss Cup Final

Il reste encore beaucoup à faire avant que l’intégration du basket fauteuil à la finale de la Coupe de Suisse ne devienne profitable pour Swiss Basketball et le sport en fauteuil roulant.

Sur le plan sportif, la finale de la Coupe a été poignante, puisque le score était de 25 à 25 à la mi-temps. Les Pilatus Dragons ont ensuite pris l’avantage grâce à leur défense qui empêchait Husein Vardo, topscoreur des Rolling Rebels, de marquer facilement des points.

Chez les Dragons, Nicolas Hausammann (MVP), mais aussi Jan Vogelsang et Maurice Amacher, ont réussi leurs tirs, permettant ainsi aux joueurs de Suisse centrale de remporter la victoire 48:64.

Malheureusement, les télévisions suisses n’ont pas été à la hauteur de l’événement. Ni la SRF ni la RTS n’ont diffusé d’images de cette rencontre, malgré la présence de leurs caméras, prêtes pour le match des piétons qui se déroulait peu après.

HANDBIKE

À vos marques, prêts, partez!

À Pâques, l’édition 2023 de la Coupe nationale de handbike (CNH) a bien démarré.

Lors de la CNH, des sportifs et sportives n’ayant aucune expérience de la compétition se mesurent à des athlètes de haut niveau. Cette année encore, de nouveaux organisateurs de courses avaient pour objectif d’offrir aux athlètes un parcours intéressant et une expérience avec d’autres pasionné·e·s. La majorité des compétitions de handbike sont intégrées à des événements cyclistes connus, comme le Grand Prix Mobiliar. Au total, la CNH comprend huit

épreuves. La première a eu lieu le 10 avril 2023. La course de handbike/cyclisme militaire clôturera la compétition à Stäfa le 3 septembre 2023.

Peu importe le classement, l’important est de participer. C’est l’occasion pour les personnes en fauteuil roulant de relever des défis sportifs et d’être fières de leurs propres performances.

Les inscriptions sont encore possibles. Toutes les informations et modalités figurent (en allemand) sur:

www.handbike.spv.ch

Arrivée à Nottwil

Un relais par équipes d’un genre particulier! Les meilleur·e·s handbikeurs et handbikeuses suisses se mesureront le 12 juin lors d’une estafette spectaculaire pour le sprint final de la deuxième étape du Tour de Suisse.

Le Tour de Suisse est la plus importante course cycliste au niveau national. Il traverse toutes les régions du pays en huit étapes sur 1300 km. La deuxième étape se

termine à Nottwil. Avant l’arrivée des cyclistes professionnel·le·s du monde entier ainsi que les meilleur·e·s handbikeurs et handbikeuses helvétiques se livreront un combat palpitant.

Soyez sur place à 14 h 30 pour encourager les athlètes.

Tour de Suisse à Nottwil

www.tds-nottwil.ch

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT 36 Paracontact I Été 2023
BASKET-BALL
TOUR DE SUISSE

ATHLÉTISME

Coup d’envoi

Les premières places de quota pour les Jeux Paralympiques de 2024 seront distribuées à l’issue des CM de cette année, qui se dérouleront du 8 au 17 juillet 2023 à Paris.

Après une préparation hivernale intense et les premières compétitions du printemps, les athlètes suisses ont pu évaluer leur forme à Arbon et Nottwil. Certain·e·s ont prouvé que leur feuille de route en vue des championnats du monde de Paris était la bonne. Nous sommes impatient·e·s de voir qui participera aux championnats du monde de Paris et pourra caresser l’espoir d’obtenir un billet pour les JP 2024.

TIR À L’ARC CM à Pilsen

La perspective des Jeux Paralympiques 2024 à Paris confère une importance majeure aux compétitions de tir à l’arc de cette année.

Les premiers résultats serviront de base aux sélections de l’an prochain, et il s’agira pour les athlètes suisses présent·e·s au championnat du monde de s’assurer l’une des 78 places de quota sur un total de 140. Les noms des archères et archers qui seront à Pilsen (CZE) du 17 au 23 juillet 2023 seront connus fin mai.

Dr Phil Jungen, médecin du sport

Les expert·e·s du Centre national de performance pour le sport en fauteuil roulant (CNP) accompagnent nos athlètes sur le chemin de l’excellence. Phil Jungen est médecin-chef du service de médecine du sport de Nottwil et cofondateur du CNP.

MARATHON

42,195 kilomètres

Bon début de saison avec une double victoire suisse à Tokyo.

Le 5 mars dernier, lors du marathon de Tokyo, Manuela Schär et Marcel Hug ont devancé leurs concurrent·e·s et ont même établi un record de parcours. La course de Tokyo était la première des Abott World Marathon Majors. Marcel Hug, qui a rem-

porté la série en 2022, entend bien renouveler sa victoire. Manuela Schär a elle aussi montré qu’elle est en forme. Après une année 2022 marquée par une blessure, elle voulait savoir où elle se situe au niveau international et les marathons de printemps à Tokyo, Boston et Londres sont de bons indicateurs. Catherine Debrunner a également participé au marathon de Londres.

Depuis quand es-tu à ce poste?

Je travaille à la médecine du sport de Nottwil depuis 2015 en tant que directeur de l’institut.

Quel est ton rôle au CNP?

J’y suis l’un des praticiens et je m’occupe de tous les athlètes du cadre qui ont des problèmes médicaux. Je me charge aussi des examens médico-sportifs annuels pendant les Testing Days.

Ton activité préférée en tant que médecin?

J’aime accompagner les athlètes – des jeunes talents jusqu’à l’élite – et cela m’intéresse. Mais assurer le suivi des compétitions sur place, par exemple lors des Jeux Paralympiques, est aussi une expérience formidable.

Quel est ton super-pouvoir? Mon enthousiasme et mon empathie pour les athlètes.

Paracontact I Été 2023 37
EXPERT·E·S CNP

Un investissement pour l’avenir

En mars, Daphné Léchenne a commencé la formation de Sport suisse en fauteuil roulant à Nottwil. Nous l’avons rencontrée pour connaître sa motivation et ses projets.

Davide Bogiani Qui est Daphné Léchenne?

J’ai 43 ans, je suis valaisanne et je vis dans la région de Bienne depuis 15 ans. Je passe la majeure partie de mon temps libre sur l’eau: sur des voiliers, des planches à voile, des paddles ou des kayaks. Le handicap fait partie de ma vie depuis 13 ans. Mon fils a des besoins particuliers, mais il n’est pas en fauteuil roulant. Sur le plan professionnel, je suis dans les ressources humaines et le coaching. Je travaille à temps partiel dans un office fédéral à Berne tout en exerçant une activité indépendante.

d’endroit adapté. Nous n’avions pas assez de temps pour naviguer avec lui, mais nous sommes rentrés en Suisse avec la ferme intention de développer une offre de voile pour toutes et tous.

Parle-nous de votre idée ...

Notre projet a vite avancé. Mon compagnon, Andi Schraner, dirige depuis 18 ans l’école de voile de Biel/Bienne. Le port où elle se trouve est presque entièrement adapté aux personnes en fauteuil roulant. Nous disposions donc déjà de certaines ressources et infrastructures. Après quelques clarifications, nous avons pris contact avec le club en fauteuil roulant de Bienne. Ensuite, tout s’est rapidement enchaîné: l’approche des personnes intéressées, l’achat de bateaux spéciaux, l’adaptation des bateaux existants ainsi que la définition de notre offre, qui fonctionne maintenant très bien.

Comment se passe la collaboration avec le CFR de Bienne?

Tu viens de terminer ta première formation en sport en fauteuil roulant. Comment vois-tu ce domaine dans dix ans?

Je suis sûre que le sport en fauteuil roulant a un avenir prometteur. Je pense qu’il va se développer rapidement et que l’accès à de nouvelles disciplines sportives sera toujours possible. Les progrès techniques sont fulgurants et le sport en fauteuil roulant offre un espace d’authenticité et d’échange qui a peut-être parfois disparu dans le sport pour piéton·ne·s.

Et pour conclure

J’adresse un grand merci à Martin Wenger, Sophie Gnaegi, Carsten Gugel et Hans Georg Koch pour ces deux incroyables journées de formation à Nottwil. J’ai été, d’une part, touchée par l’hospitalité, la gentillesse et la bienveillance, et d’autre part, impressionnée par le professionnalisme ambiant et la qualité des infrastructures.

Qu’est-ce qui t’a amenée au sport en fauteuil roulant?

Comme souvent, c’est le hasard. Lors d’un week-end d’entraînement sur le lac de Côme à l’automne 2022, mon compagnon et moi avons rencontré un voisin de camping en fauteuil roulant. Il rêvait de faire de la voile, mais il n’avait jamais trouvé

La collaboration avec le club en fauteuil roulant de Bienne est excellente et a été d’une importance capitale dès le début. Le projet n’aurait jamais vu le jour sans l’aide du club. Son nouveau président, Tobias Soder, est jeune, dynamique et il a une équipe motivée et compétente à ses côtés. Nous bénéficions également du précieux soutien d’un membre du RC Bern, Michael Siegrist, qui a un permis voilier et vient nous aider et nous conseiller. C’est une équipe extraordinaire, un bel exemple de mixité absolue entre piéton·ne·s et personnes en fauteuil roulant, hommes et femmes, Romand·e·s et Alémanique·s.

C’est avec plaisir que je donne rendez-vous à toutes celles et ceux, piéton·ne·s ou personnes en fauteuil roulant, qui souhaitent naviguer occasionnellement ou régulièrement, voire passer le permis voilier. Nous nous réjouissons de vous voir cet été et à l’avenir sur le lac de Bienne.

Renseignements

Questions et informations sur la pratique de la voile: praesident@cfrb.ch

Questions et informations sur la formation: www.spv.ch (Sport/Formation)

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT 38 Paracontact I Été 2023
FORMATION D’ENTRAÎNEUR·EUSE
Hisser les voiles avec Daphné Léchenne

Le handisport fait son entrée aux European Games

Une nouveauté européenne, mais pas mondiale. Depuis près de 20 ans, les Jeux panaméricains et asiatiques présentent des disciplines handisport. Cela devra désormais être aussi le cas pour la première fois en Europe.

En 2018, plusieurs championnats d’Europe ont été organisés pour la première fois en un seul lieu sous le nom de «European Championships», sorte de pendant aux Jeux para-panaméricains et asiatiques. Les Pays-Bas se sont à présent portés volontaires pour accueillir les premiers European Para Championships.

Du 8 au 20 août 2023, des championnats d’Europe devront donc se dérouler simultanément dans dix disciplines handisport différentes. La ville hôte, Rotterdam, recevra près de 1500 athlètes issu·e·s de 45 pays du vieux continent.

PROGRAMME 2023

Badminton: 15–20 août

Basket-ball: 11–19 août

Boccia: 8–13 août

Goalball: 10–13 août

Judo: 8–10 août

Paracyclisme: 17–20 août

Taekwondo: 14–16 août

Tennis: 8–13 août

Tir à l’arc: 16–20 août

Tir sportif: 17–20 août

De l’idée à la réalisation

Tout a commencé à l’été 2019 avec les championnats du monde de para tir à l’arc. Dans le centre-ville de s’Hertogenbosch (NL), l’élite mondiale du tir à l’arc a démontré son savoir-faire devant des tribunes pleines. Le stade situé au cœur de la ville a attiré la population locale et les supporteurs comme un aimant. Les compétitions ont été assidument suivies et les réactions ont été si positives que le CO a voulu trouver un moyen d’assurer la véritable réussite du handisport. «Il faut faire connaître ces disciplines aux gens et susciter l’intérêt des médias et du public. Nous voulons offrir aux handisportifs et handisportives la même plateforme et le même traitement qu’à tous les autres athlètes», a déclaré le CO.

Plus d’informations www.epc2023.com

Une étape avant Paris 2024

L’idée est devenue sérieuse. Dans à peine deux mois et demi, les premiers European Para Championships débuteront dans la deuxième plus grande ville des Pays-Bas. Les dix disciplines sportives qui font partie de ces championnats d’Europe ont un lien direct avec la «Road to Paris 2024». Il sera ainsi possible d’obtenir des points de qualification pour les JP de 2024. Certaines disciplines de ces CE permettront même de se qualifier directement pour Paris 2024.

Le lieu principal sera le centre d’événements Rotterdam Ahoy avec ses six halls. Il y aura également plusieurs terrains extérieurs, tous situés au cœur de Rotterdam. Le CO veut ainsi faire en sorte que le handisport vienne aux gens et non l’inverse.

Le premier d’une longue liste Avec les European Para Championships 2023, le CO de Rotterdam entend poser la première pierre pour les prochaines éditions. Si tout va bien, les championnats sont censés se dérouler tous les quatre ans dans une grande ville européenne l’année précédant les Jeux Paralympiques. La pérennité de cette première dépendra en grande partie du succès de la grande manifestation à venir.

Bande-annonce

Suspense garanti lors du plus grand événement handisport d’Europe

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT Paracontact I Été 2023 39 CHAMPIONNATS D’EUROPE

Force et créativité

La para-escalade en est encore à ses débuts en Suisse. Les championnats du monde, qui auront lieu en août à Berne, ont offert un tremplin à cette nouvelle discipline.

«Faire de l’escalade avec une paralysie médullaire? Impossible!» C’est ce qu’avait décrété Angela Fallegger en découvrant en 2019 un prospectus de PluSport sur un entraînement inclusif intitulé «Escalade pour tous». Une femme en fauteuil roulant y posait en couverture. Un peu sceptique, mais piquée par la curiosité, elle s’était inscrite à la journée d’initiation. Contre toute attente, elle avait réussi une voie et pratique désormais régulièrement cette discipline. Ce qui lui plaît, c’est qu’elle peut grimper aux côtés de piéton·ne·s. Aujourd’hui, Angela Fallegger fait partie de l’équipe nationale suisse de handi-escalade.

L’équipe a été officiellement créée en 2022 sous l’égide du Club Alpin Suisse (CAS), où elle fait partie de la division Sport de compétition. De son côté, le CAS promeut la discipline dans le cadre d’un contrat de coopération avec PluSport. Si la Fédération internationale d’escalade (IFSC) organise des championnats du monde de handi-escalade depuis 2011, ce sport était jusqu’ici peu proposé dans notre pays. En

2023, la Suisse accueillera les CM d’escalade et de handi-escalade. Elle aimerait donc envoyer ses propres para-athlètes sur la ligne de départ. Mais où les trouver?

On recrute!

«Nous avons organisé des entraînements d’initiation et distribué des prospectus expliquant le projet dans les salles d’escalade du pays», se souvient Michael Bühler, entraîneur de l’équipe suisse de handi-escalade. Avec le temps, le recrutement s’est fait tout seul. L’expérience en escalade des membres actuels de l’équipe est donc très variée. «Nous avons par exemple un athlète sexagénaire qui grimpe depuis 45 ans et qui a perdu la vue il y a six ans», explique Michael Bühler. D’autres personnes, novices dans la discipline, sont néanmoins très motivées et douées.

Pour que les performances puissent être évaluées de manière à peu près équitable, les athlètes sont classés en fonction de leur handicap. La fédération internationale d’escalade (IFSC) définit au total dix caté-

gories par sexe. Il y a trois sous-catégories pour les athlètes atteint·e·s de déficience visuelle, quatre pour les personnes amputées et trois autres pour les personnes souffrant de handicaps neurologiques ou physiologiques. Pour qu’une catégorie soit évaluée séparément lors d’une Coupe du monde, il faut au moins quatre personnes de même classement issues de trois nations différentes. Si ce n’est pas le cas, on regroupe plusieurs catégories, ce qui engendre toujours de la frustration. «Suivant les concurrent·e·s en lice et leurs handicaps, on connaît le classement dès le départ et c’est dommage», estime Angela Fallegger. Plus il y a d’athlètes au départ, plus les compétitions sont équitables. «Il est clair que nous souhaitons que notre équipe soit la plus diversifiée possible», souligne Michael Bühler, «mais nous n’avons pas de check-list nous indiquant quel type de handicap nous manque encore pour le rechercher de manière ciblée.» L’équipe suisse de handi-escalade est en pleine expansion. En 2022, elle ne comptait que huit membres, en 2023 ils sont déjà 15. La discipline a de grandes chances de devenir paralympique en 2028.

Des voies spécifiques sont tracées pour la para-escalade. Elles disposent de davantage d’appuis de pieds et de grosses prises. Les grimpeurs et grimpeuses sont assuré·e·s par une corde (appelée moulinette), depuis le haut de la voie et ne prennent pas la corde depuis le bas comme dans les autres compétitions. Le risque pour la sécurité serait trop grand si les concurrents devaient s’accrocher eux-mêmes aux dispositifs de sûreté. Les personnes amputées des membres inférieurs décident si elles

40 Paracontact I Été 2023
Sulivan Thuer
SPORT EN FAUTEUIL ROULANT ESCALADE
Équipe nationale de Suisse

CHAMPIONNATS DU MONDE

Les CM d’escalade et de handiescalade IFSC auront lieu du 1er au 12 août 2023 à la Postfinance Arena de Berne. Pour la première fois dans l’histoire des CM, les compétitions d’escalade et de handi-escalade se dérouleront lors d’un grand événement commun. Celles-ci seront entièrement accessibles.

Plus d’informations www.bern2023.org

veulent grimper avec ou sans prothèse. Pour les membres supérieurs, les prothèses ne sont pas autorisées. Les personnes malvoyantes gravissent le mur en suivant les instructions d’un guide par radio. Souvent, les sportifs et sportives souffrant d’une paralysie complète lient leurs jambes ensemble pour mieux contrôler leur balancement. Angela Fallegger enfile des genouillères car elle se sert de ses genoux. «J’ai une paralysie incomplète et je peux exercer une pression d’environ sept à dix kilos avec chacune de mes jambes.

Cela me permet de donner du poids. Si je prends appui avec mes genoux sur le mur ou sur des poignées, j’utilise l’effet de levier différemment. Je fais le reste avec le haut du corps», explique-t-elle. Son coéquipier, Sulivan Thuer, pratique l’escalade avec une paralysie complète. Traction après traction.

Cette troupe hétéroclite est un défi pour Michael Bühler, ex-entraîneur en chef du centre régional du CAS Berne Mittelland Emmental. «Je dois construire une relation personnelle avec chacun et chacune et saisir quelles sont ses possibilités avant que nous puissions définir une tactique et élaborer des solutions. Avec les personnes

malvoyantes, je passe en revue la voie de manière détaillée et j’ai besoin d’un système me permettant de leur donner des instructions claires par radio pour la prochaine prise.» Angela Fallegger aime cette diversité: «Nous nous entraidons. Les voyant·e·s vont chercher les aveugles à l’arrêt de bus. Les piéton·ne·s ouvrent les portes aux personnes en fauteuil roulant. J’ai récemment discuté avec une amie malvoyante des bandes de guidage à la gare: elles lui sont d’une grande aide pour s’orienter, même si elle ne sait pas très bien où elles mènent, alors que les roues de mon fauteuil roulant se coincent dedans.»

Briller par sa présence

Pour l’équipe nationale, trois entraînements par semaine sont organisés en alternance dans les bases d’Ostermundigen, d’Uster et dans les salles de grimper.ch. Selon la charge de travail ou l’éloignement géographique, cela n’est pas réalisable pour tout le monde. Les athlètes se débrouillent parfois ensemble. Certain·e·s suivent en plus les cours d’escalade de PluSport. Michael Bühler évalue avec réalisme leurs chances aux CM à domicile en août: «Nous voulons y prendre part avec une bonne équipe préalablement expérimentée. Remporter une médaille serait un véritable exploit, mais décrocher une ou deux places en finale, ce serait génial.» En pensant à Berne, Angela Fallegger s’inquiète: «Jamais personne de mon entourage n’était là aux compétitions précédentes. Mais maintenant, avec mes amis et ma famille dans le public, je dois me montrer à la hauteur.» Interrogée sur ses objectifs sportifs, elle esquive. «Je me contenterais aussi bien d’une septième place que d’une cinquième. L’escalade m’a permis de faire des progrès physiques qui facilitent mon quotidien. Je peux désormais monter quelques marches à l’aide d’une rampe et j’ai confiance dans la force de mes bras. Cela m’apporte plus que n’importe quelle place sur le podium.»

Envie de participer à une initiation? Écrivez à Michael Bühler

michael.buehler@sac-cas.ch

Paracontact I Été 2023 41
Angela Fallegger à la Coupe du monde handi-escalade IFSC à Villars de 2022

MOYENS AUXILIAIRES Verre à vin mains libres

Boire du vin avec une paille? Avec le verre mains libres, vous dégusterez vos vins avec style.

La structure fermée fait ressortir les arômes des boissons, même sans faire pivoter le verre. Le support fourni avec un pied de 5 kg maintient le verre en position. Le verre à vin et le support sont fabriqués en Suisse.

Disponible ici www.active-shop.ch

BÉNÉFICE

Wings for Life Run

Le 7 mai 2023, des milliers de personnes dans le monde ont couru et roulé au même moment pour la bonne cause.

En Suisse, le coup d’envoi a été donné à Zoug. La FSP était une nouvelle fois le partenaire national de la manifestation.

Les frais d’inscription à la Wings for Life Run sont reversés à la recherche sur la moelle épinière. La fondation caritative soutient des projets de recherche et des études dans le monde entier.

POLITIQUE

Révision partielle de la LHand

Les personnes handicapées doivent être mieux protégées contre la discrimination dans la vie professionnelle et dans l’accès aux prestations.

C’est ce qu’a décidé le Conseil fédéral lors de sa séance du 10 mars 2023. Il a chargé le Département fédéral de l’intérieur (DFI) de présenter d’ici la fin de l’année une modification en ce sens de la loi sur l’égalité des personnes handicapées (LHand).

Les employeurs doivent être tenus de prendre des mesures raisonnablement exigibles pour permettre aux personnes handicapées d’exercer une activité professionnelle comme les autres. Les personnes

handicapées doivent être expressément protégées contre la discrimination dans le monde du travail. Elles doivent également avoir accès aux prestations de service destinées au public. Les prestataires privés doivent être tenus de prendre des mesures adéquates pour rendre leurs prestations aisément accessibles aux personnes handicapées. Lors de l’élaboration du projet de révision de la LHand, le DFI doit en outre examiner les mesures envisageables pour améliorer l’autonomie des personnes handicapées en matière de logement.

Informations complémentaires www.edi.admin.ch

SCIENCE

État de la recherche

Recherche sur les cellules souches, neurotechnologie ou stimulation électrique épidurale: dans le monde entier, des chercheurs s’efforcent de guérir les lésions de la moelle épinière. Alors, rêve ou réalité?

Des expert·e·s de diverses disciplines donnent aux personnes concernées un aperçu de l’état de la recherche. Le congrès, organisé par la Haute école spécialisée bernoise avec la Fondation suisse pour paraplégiques, aborde les thèmes suivants: restauration de la marche naturelle, électrostimulation fonctionnelle, exosquelettes, stimulation non invasive de la moelle épinière et études cliniques. Après

les conférences, vous pourrez assister à des démonstrations dans une exposition et échanger avec les scientifiques.

Informations en allemand bfh.ch/forschungsstand-paraplegie 26.10.2023, 13 h 30 –18 h 30 Hôtel Sempachersee, Nottwil

42 Paracontact I Été 2023 DIVERS

Fauteuil roulant tout-terrain

Grâce à la collaboration avec la fondation Cerebral, le Jurapark Aargau dispose de deux fauteuils électriques tout-terrain de la marque JST Multidrive qui peuvent être loués.

La location se trouve à Windisch-Brugg, au Centurion Towerhotel, directement à la gare. Les fauteuils roulants sont disponibles tous les jours à partir de 9 h 30, sur inscription.

Les deux puissants moteurs électriques et la structure robuste du fauteuil roulant permettent de venir aisément à bout des sentiers escarpés, des fortes pentes et même des longs trajets sur sol naturel. Le Jurapark Aargau propose plusieurs itinéraires sur son site Web. Découvrez un paysage culturel fascinant.

Informations complémentaires www.jurapark-aargau.ch

TOURISME

Suisse sans obstacles

La fondation Claire & George lance un nouveau projet de coopération avec 14 destinations touristiques, en collaboration avec Suisse Tourisme.

«L’Accessible Switzerland Tour» doit traverser le pays en dix étapes et relier des coins sans obstacles dans les montagnes à des villes attrayantes. L’accent sera en outre

mis sur des offres gastronomiques accessibles en fauteuil roulant le long du parcours. Le projet dure de 2023 à 2026 et bénéficie du soutien d’Innotour, l’instrument de promotion du Secrétariat d’État à l’économie SECO.

Fondation Claire & George www.claireundgeorge.ch

CONSIGLIO DI LETTURA

«Apnea»

A ventisei anni, Lorenzo Amurri vede la sua vita affaccendata di musicista e produttore totalmente stravolta da un incidente sciistico, che lo lascia paralizzato dal petto in giù.

Con una straordinaria scioltezza linguistica, Lorenzo Amurri racconta nella sua autobiografia il suo faticoso percorso verso una nuova quotidianità. Nel suo racconto non solo rivela dettagli assai intimi, ma anche i suoi sentimenti più profondi. Sentimenti che non era in grado di esprimere alle persone più vicine, rendendo la sua situazione ancora più difficile.

La musica era la grande passione dell’autore. La paralisi lo ha portato verso la scrittura. La sua narrazione sta a dimostrare che è una prova più che riuscita. Una volta iniziata la lettura, non si ha voglia di smettere.

Recensione di Renata Tozzi

Informazione libro

ISBN 978-8860442970

JOURNÉE D’ACTION

Politique inclusive

Le 10 mai 2023, des personnes handicapées ont appelé à la participation politique sur la Place fédérale à Berne. Cette action a été organisée par Pro Infirmis.

Paracontact I Été 2023 43
EXCURSION AU JURAPARK

Le sport m’a ouvert beaucoup de portes

Nalani Buob a fait de son hobby son métier: à 22 ans, elle navigue entre le canton de Zoug et le reste du monde comme joueuse de tennis en fauteuil roulant. Cet hiver, elle a en plus fait l’école de recrues pour sportifs et sportives d’élite à Macolin.

Quand elle était enfant, révoltée contre son handicap, elle se demandait sans cesse: «Pourquoi moi?» Aujourd’hui, tout est différent: à 22 ans, Nalani Buob rayonne de confiance en elle. La Baaroise, qui est née avec un spina bifida, affirme: «Je fais ce qui me rend heureuse.» Et elle considère depuis longtemps son fauteuil roulant comme une partie d’elle-même, une caractéristique et non un défaut – fidèle à la devise: «The wheelchair is a feature, not a bug.»

Le sport a sans aucun doute eu une énorme influence sur la construction de sa personnalité. Nalani, qui a découvert le tennis à l’école primaire, sillonne désormais le monde et entend bien récolter des victoires aux plus grands tournois. La gauchère a déjà remporté deux titres de championne du monde en simple et deux en double chez les juniors, et a participé pour la première fois aux Jeux Paralympiques en 2021. Nalani est déterminée mais reste attentive aux autres. Avec sa fondation, elle soutient des enfants en Inde, le pays d’origine de sa mère, et les initie au tennis.

Nalani, comment te décrirais-tu à un·e inconnu·e en trois adjectifs?

Pleine d’entrain, heureuse de vivre, curieuse.

Et quelle qualité aimerais-tu avoir?

J’aimerais être plus douée pour les questions d’organisation. Je n’ai pas ce talent, mais j’y travaille.

Tu fais énormément de choses au quotidien. Commençons par ton métier: tu es actuellement joueuse de tennis professionnelle. Exactement. J’ai la chance de pouvoir pratiquer un sport qui est plus qu’un hobby. J’ai commencé le tennis en novembre 2011 et j’ai pu faire de ma passion mon métier.

Pourquoi as-tu choisi cette discipline sportive?

C’était un pur hasard. Marcel Boss, mon enseignant de 5e année, a suggéré que je fasse du sport et a regardé sur Internet les possibilités qui existaient pour les enfants en fauteuil roulant. D’une part, il voulait que je devienne plus autonome et d’autre part, il voyait là l’occasion d’encourager la confiance en soi. L’offre consistait en un cours de tennis à Cham, mais j’ai d’abord pensé: Non, ce n’est pas pour moi, je n’ai pas envie. Le caprice d’une élève de primaire (petit sourire). Après avoir longuement tergiversé avec mes parents, j’ai accepté, car ils m’ont dit: «Si ça ne te plaît pas, tu peux arrêter tout de suite.» J’ai dit: «D’accord, je vais essayer.»

Et tu n’as plus pu t’en passer. J’ai frappé ma première balle – et cela m’a tellement plu que j’ai compris immédiatement que ce sport me convenait parfaitement et qu’il me faisait du bien.

Tu dois donc en être extrêmement reconnaissante à ton ancien instituteur … à l’école, nous avions quelques différends, mais aujourd’hui, je peux faire la part des choses. Je dois beaucoup à Monsieur Boss.

En quoi le tennis est-il aussi fascinant pour toi?

Il ne s’agit pas seulement de renvoyer la balle par-dessus le filet. Cela requiert aussi des capacités de coordination, un maniement optimal du fauteuil roulant, car il faut sans cesse se repositionner rapidement. J’ai l’avantage d’avoir eu d’emblée un bon toucher de balle, la technique ne m’a jamais posé de problème. Le fait que mon entraîneur de l’époque, Thomas Waltenspühl, m’ait motivée dès la première leçon y est aussi pour quelque chose. Ses compliments m’ont fait du bien.

Tu as quelque chose qui fait automatiquement de toi une joueuse particulière: tu es gauchère.

Oui, il n’y en a effectivement pas tant que ça. En général, les droitiers n’aiment pas trop affronter les gauchers.

Tu es quadruple championne du monde chez les juniors: deux fois en simple et deux fois en double. Tu aspires désormais à rejoindre l’élite mondiale. Que te faut-il pour atteindre le sommet?

44 Paracontact I Été 2023 GROS PLAN L’ENTRETIEN

Techniquement, je maîtrise les coups, mais ils doivent être encore plus puissants. Et la constance est importante. Il s’agit de donner le meilleur de soi-même pendant toute une partie, pas seulement le temps d’un set. J’ai sûrement encore des progrès à faire. Mais je suis sur la bonne voie pour me rapprocher du top 10 mondial. Ces derniers mois, j’ai pas mal accéléré.

Quel tournant aimerais-tu donner à ta carrière?

J’aimerais me qualifier pour les tournois du Grand Chelem. C’est un objectif très ambitieux, mais néanmoins réaliste. Ensuite, je vise les Jeux Paralympiques de Paris en 2024, et je veux au minimum faire mieux que lors de ma première participation en 2021 à Tokyo, où j’ai été éliminée en huitième de finale.

As-tu un modèle qui t’inspire?

Non. Je suis probablement l’une des rares athlètes à ne pas avoir de modèle au sens propre du terme. Bien sûr, je trouvais Roger Federer admirable, c’était un joueur de tennis incroyable. Et je vois ce que d’autres pointures accomplissent dans ce sport. Mais je ne fais de fixation sur aucune en particulier.

Combien de temps consacres-tu au sport par semaine?

Normalement, je m’entraîne cinq jours sur le court, auxquels s’ajoutent deux séances de musculation et une d’endurance. En tout, l’investissement net s’élève à environ 15 heures.

Tu as terminé ton apprentissage de commerce en 2022. Quand as-tu compris que tu préférais le sport de compétition au travail de bureau?

Je me suis fixé cet objectif très tôt. En été 2012, je suis entrée à l’école secondaire à Baar. Un semestre plus tard, j’ai rejoint la classe de sport à Cham et dès lors, j’ai su que je mettrais tout en œuvre pour devenir une sportive professionnelle.

Même si tu ne peux pas mettre des millions de côté …

non, mais l’argent n’a jamais été un critère quand j’ai envisagé mon avenir. J’ai choisi le sport parce qu’il me procure un

plaisir infini. En outre, j’ai eu la chance d’attirer pas mal d’attention. Cela m’a permis de trouver plus facilement des sponsors. Grâce à eux, je peux me permettre d’avoir une carrière professionnelle. Il y a bien des prix en espèces, mais ils restent modestes. Il faudrait quasiment gagner tous les tournois si l’on voulait vivre uniquement de l’argent des prix. Et c’est très irréaliste.

Il t’a donc fallu un sacré courage pour miser entièrement sur le sport. Dans certaines limites. À l’école, je n’ai jamais été la meilleure, mais en sport, j’étais très bonne. C’est grâce à mes performances sur le court de tennis que j’ai obtenu une place dans la classe de sport. Le sport a toujours été important pour moi,

il l’est resté, et je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui si je n’avais pas eu le sport. Il m’a ouvert beaucoup de portes, c’est pourquoi il a toujours été évident que si j’avais un jour la chance de passer professionnelle, je la saisirais. Par ailleurs, je suis quelqu’un qui a la bougeotte. Rester tranquille pendant des heures, ce n’est pas mon truc.

Tu as des racines indiennes, ta mère est originaire de Goa. Et tu as créé une fondation avec laquelle tu t’engages en Inde. Que veux-tu accomplir avec «The First Serve»?

L’Inde est pour moi – tout comme la Suisse – ma patrie, je me sens attirée par ce pays. Autrefois, notre famille se rendait régulièrement à Goa. Nous nous engagions là-bas

Paracontact I Été 2023 45
Paralympics Première en 2021 à Tokyo

en faveur des orphelin·e·s et cela me touchait à chaque fois profondément. Ces jeunes respirent la joie de vivre, bien que leurs conditions de vie soient très difficiles. J’ai toujours trouvé injuste qu’il y ait des enfants sans parents, qui ne possèdent presque rien et qui ne puissent pas non plus aller à l’école. C’est de là qu’est né en moi le désir de m’engager. Et c’est ce que je fais aujourd’hui avec la fondation «The First Serve». Nous œuvrons en Inde et permettons aux enfants handicapés de s’entraîner au tennis en fauteuil roulant.

Comment t’es-tu lancée dans le travail de la fondation?

Tout a commencé en été 2018 avec un atelier de tennis de plusieurs jours pour les enfants de dix à douze ans. Nous avons fourni des raquettes, des balles, des fauteuils roulants de tennis – et c’était parti. Au début, j’étais super nerveuse, car j’étais habituée à un déroulement strict lors de mes entraînements. Mais je n’ai pas eu à faire grand-chose pour rendre les enfants heureux. Ils et elles ont pris les raquettes et ont commencé à taper des balles – c’était un vrai plaisir de les regarder.

Comment se passe le projet?

Deux classes y participent actuellement. Nous collaborons avec une fondation locale qui en assure le fonctionnement. Elle veille à ce que des professeur·e·s de tennis s’entraînent avec les enfants et développent leurs talents, sans en faire obligatoirement des champions et des championnes. Ma

priorité, c’est qu’ils prennent conscience qu’ils ont autant de valeur avec leur fauteuil roulant que les autres. Qu’ils sentent ce qui est possible de faire s’ils y travaillent sérieusement. Qu’ils puissent construire leur personnalité grâce au sport. Ce projet est un début, mais pour moi, une chose est sûre: mon engagement doit s’intensifier à l’avenir, je veux vraiment m’investir dans cette fondation. L’objectif est d’offrir un jour, non seulement des leçons de tennis, mais aussi des formations scolaires et professionnelles.

Tu es une joueuse de tennis professionnelle, tu as créé une fondation et tu as même fait l’école de recrues des sportifs d’élite à Macolin. Qu’est-ce qui t’a attirée?

Plusieurs facteurs ont joué un rôle. Par exemple, l’opportunité de passer un long moment avec une foule d’athlètes issu·e·s de diverses disciplines, d’échanger avec ces sportifs et sportives et d’en tirer profit. Ou encore la possibilité de s’entraîner soimême intensivement et de bénéficier de précieux conseils de spécialistes en planification de carrière, communication et compétence en matière de présentation.

Ce n’était donc pas aussi militaire que ce que l’on s’imagine a priori dans une ER? Les trois premières semaines ont quand même été marquées par une formation militaire de base, l’école de section ou l’apprentissage des grades, ainsi que par une formation sanitaire. Et nous devions bien

sûr nous lever tôt, ce qui était un défi pour moi qui ne suis pas du matin. Il m’a fallu quelques jours pour m’habituer à ce que l’on nous donne des ordres à droite et à gauche. En tant que pro, j’ai l’habitude d’être ma propre patronne et je suis libre de décider de ce que je fais (petit sourire). J’ai fait l’ER de mon plein gré et, avec le recul, je peux dire que cela en valait la peine. Nous avions une troupe hyper cool. Et pendant ces 18 semaines, j’ai évolué sur le plan personnel et je suis devenue plus ouverte.

Nous n’avons pas encore parlé de tes talents musicaux: tu joues du violon. Quand donnes-tu ton premier concert? (Rires). Ça fait longtemps que je n’ai pas joué, alors il vaut mieux ne pas entendre ma musique en ce moment! Mais oui, j’ai commencé en première année, j’ai mon propre violon et j’aime jouer. Mais je n’en ai hélas pas souvent l’occasion.

Tu n’as donc pas non plus le temps de remplir ta bucket list – à moins que tu n’en aies pas?

Si, si, j’ai déjà plusieurs idées. Avec tout en haut, l’objectif de développer le travail avec ma fondation en Inde. C’est une affaire qui me tient à cœur et une des rares choses, avec le tennis, qui me comble au plus haut point.

46 Paracontact I Été 2023
Recrue Buob avec son entraîneuse Fondation en Inde S’engager pour les autres

Maintenant, il faut passer aux actes

Le 24 mars, 44 personnes handicapées se sont réunies dans la salle du Conseil national et ont adopté une résolution à l’attention du Parlement pour davantage d’inclusion et de participation politique. Alex Oberholzer, membre de longue date de l’ASP, était présent.

La principale difficulté consistait à décrocher une place à la première session nationale des personnes handicapées, car il fallait y être élu·e. Plus de 200 personnes handicapées de toute la Suisse se sont portées candidates pour un siège auprès de Pro Infirmis qui avait spécialement créé une plateforme pour cette élection. Les 44 personnes ayant rassemblé le plus de voix ont obtenu l’un des sièges tant convoités. (44 correspondent à 22% des 200 sièges du Conseil national; selon les statistiques, la proportion de personnes handicapées dans la population suisse s’élève à 22%). J’ai donc dû me retrousser les manches, envoyer des courriels à mes ami·e·s et connaissances, publier plusieurs posts sur Facebook et Instagram. Et ça a marché.

Dès que les 44 parlementaires d’un jour ont été désigné·e·s, les séances, les groupes de discussion, les appels téléphoniques et les courriels se sont enchaînés. Une véritable activité politique a commencé à bourdonner par la petite porte. On aurait même dit que certain·e·s élu·e·s allaient changer le monde ce 24 mars. On s’était trop longtemps tu, étouffant nos besoins.

Dénoncer les abus

Plus le jour J approchait, plus la question de la tenue vestimentaire se faisait pressante. Devais-je me conformer aux modèles ou en prendre le contre-pied? Je l’avoue, la nervosité me gagnait. Et je savais que j’allais prendre la parole. Car en matière d’accessibilité, la Suisse est encore un pays en développement, et il fallait le dire à voix haute quand toutes les caméras et tous les micros du pays seraient braqués sur nous.

Enfin, nous sommes arrivé·e·s devant le Palais fédéral, où une nuée de journalistes et de personnes en fauteuil roulant ou avec des cannes longues s’est ruée sur nous. On nous a interviewé·e·s et pris·es en photo. C’est fou comme on a vite fait de se sentir dans la peau d’un parlementaire. Après le contrôle d’entrée par la police, nous avons pu circuler librement dans le Palais fédéral. L’ascenseur était juste assez spacieux et les escaliers avaient été munis de rampes d’accès. Pour l’occasion, le Palais fédéral avait été rendu accessible aux personnes à mobilité réduite: les salles du Conseil des États et du National, la salle des pas perdus, le café et aussi la Galerie des Alpes.

Comme c’était la première séance parlementaire pour chacun·e d’entre nous, à l’exception du conseiller national Christian Lohr, nous nous tenions à carreau. Dès que la cloche a retenti, nous avons cessé nos bavardages. Tous les points à

l’ordre du jour ont ainsi pu être traités rapidement et efficacement, les votes ont eu lieu et la résolution a été remise au Parlement. Après l’incontournable photo de groupe, nous avons été convié·e·s à un apéritif dînatoire dans la Galerie des Alpes.

Et ensuite?

Cet après-midi-là, l’ambiance qui régnait dans la salle du Conseil national était solennelle, grandiose, mais aussi pleine d’émotions et parfois festive. Nous nous sommes fait entendre. Nous sommes sorti·e·s de l’ombre. Et nous sommes venu·e·s en nombre. À la fin de la session, le conseiller national Christian Lohr nous a assuré que ce ne serait sûrement pas la dernière. Il veillera à ce que d’autres sessions de ce genre suivent. Et c’est nécessaire. Car après les paroles, il est urgent de passer aux actes.

En savoir plus sur cette session www.proinfirmis.ch

GROS PLAN
Au Conseil national Alex Oberholzer prend la parole
SESSION DES PERSONNES HANDICAPÉES
Paracontact I Été 2023 47

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Un rôle d’ambassadrice, de soutien de vie et d’égérie sportive

Thuy Essellier dirige le service de conseil juridique et social du club en fauteuil roulant Valais romand. Mais c’est aussi une sportive très active: à 49 ans, elle parcourt environ 9000 km par an en handbike – tout en restant très coquette.

Si vous vous promenez à Sion en compagnie de Thuy Essellier, vous vous apercevrez très vite qu’elle est connue comme le loup blanc. Un bonjour par-ci, un signe de la main par-là, un brin de causette un peu plus loin – c’est sa vie. Rencontrer des gens et les aider, elle adore ça. Et c’est ce qu’elle fait au sein du CFR Valais romand en tant que responsable du service de conseil juridique et social. Depuis 2019, elle rend aussi de précieux services comme coach d’entrée pour les nouveaux membres. «Le club, c’est comme ma seconde famille», confie-t-elle, «et pour moi, c’est une évidence de faire preuve de solidarité et d’être là pour les autres lorsqu’ils ou elles ont besoin d’aide.»

Un soutien indispensable Thuy est originaire du Vietnam. Elle arrive en Suisse avec sa mère et ses deux sœurs à l’âge de sept ans. À 19 ans, elle a un accident de voiture, comme passagère, et, gravement blessée, devient paraplégique. Imperturbable, elle continue son chemin. Elle s’installe en Valais, fait de Sion son lieu de vie qu’elle affectionne énormément, et intègre le CFR Valais romand dès sa création en 1995. «Je suis fière de faire partie de ce club en fauteuil roulant», déclare cette assistante sociale qui travaille à la fondation Emera à Sion.

En 2010, elle prend sa fonction actuelle au sein du comité et devient rapidement un soutien indispensable. Lorsqu’un membre a une question d’ordre juridique ou social,

mais qu’il ne peut pas résoudre le problème par lui-même et a besoin d’aide, il s’adresse à Thuy. Elle fait des recherches ou consulte le service juridique de l’Association suisse des paraplégiques. Elle n’est satisfaite qu’une fois qu’elle a trouvé une solution ou, du moins, contribué à faire avancer les choses. Elle s’engage avec dévouement en faveur des personnes atteintes d’un handicap afin qu’elles puissent mener une vie autodéterminée. À ce sujet, elle cite volontiers le philosophe allemand Emmanuel Kant: «L’autonomie est le fondement de la dignité humaine.»

Du handbike en talons hauts Thuy est toujours bien occupée. Son club en fauteuil roulant compte près de 200 membres actifs et plus de 90 membres passifs, et il a la réputation d’être très dynamique. C’est une habituée des événements culturels ou sportifs. Avant son accident, elle n’était pas spécialement sportive, mais aujourd’hui elle joue au tennis, se rend au centre de fitness trois fois par semaine et pratique l’escrime. C’est aussi une handbikeuse passionnée. Elle n’a cessé d’augmenter son volume d’entraînement et parcourt désormais 9000 km par an en moyenne, dans une tenue qui ne passe pas inaperçue: notre Valaisanne porte de préférence une jupe et ... des talons hauts. C’est devenu sa marque de fabrique. Son apparence compte beaucoup pour elle: «Quand j’ai rendez-vous avec quelqu’un, j’estime que c’est une question de respect d’être bien habillée.»

Notre Suissesse d’adoption, qui se décrit comme quelqu’un de très famille et qui adore la lecture, souligne le bon fonctionnement de la collaboration avec l’ASP de Nottwil. «Nous avons la chance d’avoir une organisation comme l’ASP dans notre pays», dit-elle, «ses prestations sont d’une importance absolument cruciale.» C’est pourquoi, ajoute-t-elle, elle est non seulement l’ambassadrice du CFR Valais romand, mais aussi de l’ASP.

Engagée sur de multiples terrains

Thuy déborde de dynamisme et d’énergie. Après l’entretien, sa journée n’est pas finie: elle a prévu de faire un aller et retour en handbike de Sion à Martigny, soit 60 kilomètres en tout. Et pour ce faire, elle se laisse suffisamment de temps: «Je vais sûrement croiser des gens en chemin», dit-elle en souriant.

Paracontact I Été 2023 49 GROS PLAN NOS ALLIÉ·E·S

À VOS

Sport rime avec plaisir

Depuis plus de 21 ans, Thomas Hurni encourage nos membres à prendre soin de leur santé en faisant de l’exercice et du sport.

Il n’est jamais à court d’idées. Et les instants de surprise sont tout aussi importants à ses yeux qu’une bonne préparation bien pensée et des objectifs clairs. Lorsque l’on discute avec le responsable de Sport pour tous – loisirs – santé, on sent qu’il est passionné par ce qu’il fait.

En tant que professeur d’école primaire et d’éducation physique, Thomas Hurni a toujours eu pour mission de motiver les gens. Il n’est donc pas étonnant qu’en 2002, le poste à l’ASP, succinctement intitulé «Animation Sport de masse» ait retenu son attention. Au début, cet emploi à 50% consistait à promouvoir des offres sportives pour tous et à former les moniteurs et monitrices nécessaires. Plus tard, la Relève et la responsabilité principale du secteur Ski alpin de compétition ont été rajoutées à son domaine d’activité. Il a donc peu à peu augmenté son taux d’occupation à l’ASP, réduisant en parallèle son temps passé à enseigner.

Une oreille attentive Avec la professionnalisation croissante de l’offre sportive, les nouveaux projets se sont multipliés. Thomas Hurni n’est pas quelqu’un qui met les bonnes idées au placard sous prétexte qu’elles ne viennent pas de lui. Il a par exemple repris le Kids Camp et l’a développé. Il est ravi quand il entend les participant·e·s dire que, même après des années, il y a toujours des nouveautés. Car il en est convaincu: la persévérance et le talent d’improvisation rendent possible beaucoup de choses impossibles. En tant que père de trois ados, il sait ce qui intéresse les jeunes. Et le fait qu’il fasse beaucoup de sport (il est lui-même passionné d’aviron, de vélo, de ski de fond, de ski alpin, entre autres) l’aide également à lancer de nouvelles disciplines.

Ces dernières années, il a aussi développé le camp de sport et de loisirs «move on» avec ses collaborateurs et collaboratrices.

Trouver constamment de nouvelles offres, c’est son truc. Et pour ce faire, il doit être à l’écoute. Donc, quand l’une de ses collaboratrices a émis l’idée d’organiser un tour cycliste inclusif, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. C’est ainsi qu’est né le Giro Suisse, qui a déjà été organisé trois fois avec succès.

D’égal à égal

Quand on aborde avec lui le sujet de son équipe, Thomas Hurni ne tarit pas d’éloges. Il n’aime pas qu’on l’appelle chef. Il travaille d’égal à égal avec tout le monde, même si les tâches sont différentes. C’est aussi ce qu’il vit au sein de sa nouvelle équipe, ou plutôt de son équipe élargie. Depuis un peu plus d’un an, s’il a cédé la responsabilité de la relève, les loisirs et la santé font désormais partie de ses attributions. «C’est un grand défi que de deviner les futurs souhaits des clubs en fauteuil roulant et des membres. Bon nombre d’activités de loisirs peuvent aujourd’hui être pratiquées avec des piéton·ne·s et les installations de loisirs comme les cinémas ou les musées sont heureusement de plus en plus accessibles», explique-t-il. Actuellement, il travaille avec des partenaires externes à l’ouverture de cours pour les personnes en fauteuil roulant dans les domaines de la créativité et de la santé. C’est justement ce genre de tâches qui a toujours attiré Thomas Hurni. On a hâte de découvrir ses prochaines trouvailles.

50 Paracontact I Été 2023 GROS PLAN
CÔTÉS

Avec la protection 100 % No Touch

• L’embout protecteur permet de protéger la sonde stérile des bactéries situées au niveau des 15 premiers millimètres de l’urètre lors de l’insertion et permet de réduire le risque d’introduction de bactéries dans les voies urinaires

• Le film protecteur permet une prise en main No Touch et fournit une barrière de protection du corps de la sonde contre les contaminations extérieures

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Avant l’utilisation, lisez le mode d’emploi avec des informations sur l’utilisation prévue, les contre-indications, les mises en garde, les précautions et les instructions.

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tout ce que vous touchez, ne touche pas la sonde VaPro.
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