2 minute read

Maintenant, il faut passer aux actes

Le 24 mars, 44 personnes handicapées se sont réunies dans la salle du Conseil national et ont adopté une résolution à l’attention du Parlement pour davantage d’inclusion et de participation politique. Alex Oberholzer, membre de longue date de l’ASP, était présent.

Alex Oberholzer

La principale difficulté consistait à décrocher une place à la première session nationale des personnes handicapées, car il fallait y être élu·e. Plus de 200 personnes handicapées de toute la Suisse se sont portées candidates pour un siège auprès de Pro Infirmis qui avait spécialement créé une plateforme pour cette élection. Les 44 personnes ayant rassemblé le plus de voix ont obtenu l’un des sièges tant convoités. (44 correspondent à 22% des 200 sièges du Conseil national; selon les statistiques, la proportion de personnes handicapées dans la population suisse s’élève à 22%). J’ai donc dû me retrousser les manches, envoyer des courriels à mes ami·e·s et connaissances, publier plusieurs posts sur Facebook et Instagram. Et ça a marché.

Dès que les 44 parlementaires d’un jour ont été désigné·e·s, les séances, les groupes de discussion, les appels téléphoniques et les courriels se sont enchaînés. Une véritable activité politique a commencé à bourdonner par la petite porte. On aurait même dit que certain·e·s élu·e·s allaient changer le monde ce 24 mars. On s’était trop longtemps tu, étouffant nos besoins.

Dénoncer les abus

Plus le jour J approchait, plus la question de la tenue vestimentaire se faisait pressante. Devais-je me conformer aux modèles ou en prendre le contre-pied? Je l’avoue, la nervosité me gagnait. Et je savais que j’allais prendre la parole. Car en matière d’accessibilité, la Suisse est encore un pays en développement, et il fallait le dire à voix haute quand toutes les caméras et tous les micros du pays seraient braqués sur nous.

Enfin, nous sommes arrivé·e·s devant le Palais fédéral, où une nuée de journalistes et de personnes en fauteuil roulant ou avec des cannes longues s’est ruée sur nous. On nous a interviewé·e·s et pris·es en photo. C’est fou comme on a vite fait de se sentir dans la peau d’un parlementaire. Après le contrôle d’entrée par la police, nous avons pu circuler librement dans le Palais fédéral. L’ascenseur était juste assez spacieux et les escaliers avaient été munis de rampes d’accès. Pour l’occasion, le Palais fédéral avait été rendu accessible aux personnes à mobilité réduite: les salles du Conseil des États et du National, la salle des pas perdus, le café et aussi la Galerie des Alpes.

Comme c’était la première séance parlementaire pour chacun·e d’entre nous, à l’exception du conseiller national Christian Lohr, nous nous tenions à carreau. Dès que la cloche a retenti, nous avons cessé nos bavardages. Tous les points à l’ordre du jour ont ainsi pu être traités rapidement et efficacement, les votes ont eu lieu et la résolution a été remise au Parlement. Après l’incontournable photo de groupe, nous avons été convié·e·s à un apéritif dînatoire dans la Galerie des Alpes.

Et ensuite?

Cet après-midi-là, l’ambiance qui régnait dans la salle du Conseil national était solennelle, grandiose, mais aussi pleine d’émotions et parfois festive. Nous nous sommes fait entendre. Nous sommes sorti·e·s de l’ombre. Et nous sommes venu·e·s en nombre. À la fin de la session, le conseiller national Christian Lohr nous a assuré que ce ne serait sûrement pas la dernière. Il veillera à ce que d’autres sessions de ce genre suivent. Et c’est nécessaire. Car après les paroles, il est urgent de passer aux actes.

En savoir plus sur cette session www.proinfirmis.ch

This article is from: