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Une championne qui impressionne

Après avoir subi plusieurs commotions cérébrales, Lorraine Truong souffre de neuropathie. Le sport permet à cette Neuchâteloise de 33 ans de tenir bon: en WCMX, elle a décroché son titre le plus important à ce jour.

Lorsqu’elle évolue dans un skatepark, plus rien d’autre n’existe pour Lorraine Truong. C’est le seul endroit au monde où elle peut exprimer sa créativité et repousser sans crainte ses limites. Le WCMX, dans lequel elle excelle, joue un rôle majeur dans sa vie. Abréviation de Wheelchair Motocross, ce sport s’apparente au Freestyle BMX.

La jeune athlète réalise d’incroyables figures de haut niveau avec son fauteuil roulant. En décembre 2022, elle est sacrée championne du monde en Californie. «Pouvoir porter ce titre, c’est plutôt cool», dit-elle, «j’en suis fière, car c’est la récompense d’un travail acharné.» Mais, à 33 ans, Lorraine aspire à davantage. Elle est poussée par l’ambition de se maintenir dans l’élite mondiale. Et de célébrer d’autres victoires.

Si le sport a toujours rythmé sa vie, c’est aussi lui qui va changer le cours de son destin. Adolescente, elle découvre le VTT et développe des aptitudes qui lui permettent de prendre part à la Coupe du monde. Cross-country, enduro, descente – ces disciplines exigent de l’audace et de l’agilité, mais la jeune fille en a à revendre.

Chute fatale en 2015

La Neuchâteloise de Môtiers, dont le père est originaire du Vietnam, sait bien que les chutes peuvent se produire, mais elle ne se laisse pas pour autant intimider. Elle en subit plusieurs, d’une grande violence. À 14 ans, elle est victime d’une première commotion cérébrale, et d’autres suivront. Mais Lorraine s’acharne. Elle se rétablit et se remet en selle avec tout le dynamisme de sa jeunesse. «J’aurais peut-être dû m’accorder plus de pauses de temps en temps», dit-elle en y repensant aujourd’hui.

Quand d’autres se fracturent une jambe ou un bras lors de grosses chutes, c’est à la tête que notre sportive se blesse plusieurs fois, en 2015 très durement. À Samoëns en France, alors qu’elle participe à la Coupe du monde, elle tombe et son casque ne la protège pas suffisamment. Elle souffre d’un traumatisme crânien qui l’oblige à mettre un terme à sa carrière de vététiste.

On lui diagnostique une neuropathie, qui englobe tout un éventail de déficiences. Si Lorraine peut marcher, elle se fatigue tout de suite et a donc besoin d’un fauteuil roulant. Elle qui a jadis étudié la construction mécanique et les sciences des matériaux à Lausanne, doit soudain se faire à l’idée de ne plus pouvoir accomplir les actes les plus ordinaires de la vie. Elle a de la peine à téléphoner, car elle ne peut ni enregistrer ni assimiler correctement ce qu’elle entend. Elle préfère donc communiquer par messages Whatsapp ou s’asseoir en face de la personne pour lui parler.

Elle a besoin de soutien et l’obtient en partie grâce à un outil technologique qu’elle surnomme «la petite voix». Cette aide lui donne l’heure à chaque heure pleine, lui indique comment procéder pour se doucher ou lui énonce les étapes à suivre pour préparer un repas.

Le flair infaillible de Largo

Par ailleurs, Largo ne la quitte pas d’une semelle: le vieux berger allemand a déjà aidé la jeune femme à retrouver son appartement quand elle avait perdu le sens de l’orientation. Le chien a également le don de sentir venir une crise d’épilepsie chez sa maîtresse. En pareil cas, il l’alerte pour qu’elle sache à quoi s’en tenir. C’est Lorraine elle-même qui s’est chargée du dressage de Largo.

Ses journées sont courtes, car elle a besoin de beaucoup de repos. Son corps réclame jusqu’à 16 heures de sommeil. Avec sa formation, elle pourrait travailler comme ingénieure, mais ce n’est pas envisageable. Elle fait sporadiquement des traductions pour un client, s’investit dans des thérapies et bien sûr dans le sport. Elle a l’avantage de vivre dans un endroit très calme. Elle habite à Vollèges, un petit village valaisan au-dessus de Martigny, et jouit d’une vue imprenable sur Le Catogne, cette montagne remarquable. Et elle a la chance d’avoir le sport qui l’aide à tenir, donne du sens à sa vie et lui permet de surmonter les moments difficiles.

Regagner son autonomie

Après la fin de sa carrière de vététiste, elle passe six mois en rééducation à la Clinique romande de réadaptation à Sion et pendant deux ans, il n’est pas question de bouger. Durant cette période, elle dit avoir perdu une grande partie de son autonomie. Mais elle la retrouve quand elle se met au WCMX. Au skatepark, elle passe du statut de simple spectatrice à celui de skateuse, et s’amuse à exécuter des figures en fauteuil roulant.

Marco Bruni est l’un de ses plus grands soutiens. Le responsable Développement des athlètes à l’Association suisse des paraplégiques (ASP) de Nottwil la remarque, prend contact avec elle et entame en mai 2019 sa collaboration avec la jeune femme, dont il dit: «C’est une athlète d’exception. Et pour moi, elle représente le plus grand défi que j’ai jamais eu à relever en tant qu’entraîneur.»

Marco Bruni n’est pourtant pas un novice en la matière, il a coaché des douzaines de sportifs et de sportives de haut niveau, dont le champion olympique Iouri Podladtchikov en tant qu’ex-entraîneur de l’équipe nationale de snowboard. «Comme Iouri, Lorraine fait partie du top 3 de toutes celles et ceux dont j’ai eu à m’occuper», expliquet-il. «En termes d’état d’esprit, elle est incroyablement forte. Elle sait exactement sur quels leviers appuyer pour atteindre des objectifs élevés. Elle travaille de manière hyper ciblée et possède aussi l’intransigeance nécessaire.»

Coup de chapeau de Marco Bruni

Il y a des athlètes qui se mettent à s’entraîner activement quand on le leur demande. Lorraine, elle, n’attend pas. Elle prend ellemême l’initiative et ne laisse aucunement paraître au skatepark qu’elle souffre de gros problèmes neuropathiques. Elle parvient à mémoriser un parcours et à montrer tout ce qui lui tient à cœur. «La façon dont Lorraine y parvient est phénoménale», affirme Marco Bruni.

Il trouve également extraordinaire sa manière de revenir sur une compétition. Après les CM, elle a fait un débriefing qui a stupéfié Marco Bruni. L’athlète a analysé par écrit, dans les moindres détails et avec précision, ce qui était bon et moins bon. Cela facilite aussi le travail d’un coach: elle est en mesure de donner des instructions claires.

Aujourd’hui, Marco Bruni ne s’occupe plus de la sportive de WCMX aussi intensément qu’à ses débuts et Lorraine s’entraîne souvent avec James Brickell qui l’épaule. Elle aimerait bien augmenter ses efforts, mais pour des raisons purement physiques, ce n’est pas possible. Elle doit se contenter d’aller au skatepark peut-être une fois par semaine pendant deux ou trois heures.

«Pas de faux espoirs»

On pourrait croire que ce que fait Lorraine, c’est de la folie. «On me l’a déjà dit», dit-elle avec flegme, «mais ce n’est pas le cas. Je sais où sont mes limites et je ne fais rien qui soit déraisonnable.»

Membre du club en fauteuil roulant Valais romand, elle s’abstient de trop penser à ce qui se passera dans quelques années. «Je ne me donne pas de faux espoirs», dit-elle, «sinon je risquerais de devenir folle.»

Elle accepte sa situation et est bien décidée à en tirer le meilleur parti. En sport, cela signifie tout mettre en œuvre pour défendre son titre de championne du monde cette année. Elle regarde Largo, qui pose ses grosses pattes sur les genoux de sa maîtresse. Il lui restera fidèle, même si elle rentre bredouille des États-Unis.

Intégration à la Swiss Cup Final

Il reste encore beaucoup à faire avant que l’intégration du basket fauteuil à la finale de la Coupe de Suisse ne devienne profitable pour Swiss Basketball et le sport en fauteuil roulant.

Sur le plan sportif, la finale de la Coupe a été poignante, puisque le score était de 25 à 25 à la mi-temps. Les Pilatus Dragons ont ensuite pris l’avantage grâce à leur défense qui empêchait Husein Vardo, topscoreur des Rolling Rebels, de marquer facilement des points.

Chez les Dragons, Nicolas Hausammann (MVP), mais aussi Jan Vogelsang et Maurice Amacher, ont réussi leurs tirs, permettant ainsi aux joueurs de Suisse centrale de remporter la victoire 48:64.

Malheureusement, les télévisions suisses n’ont pas été à la hauteur de l’événement. Ni la SRF ni la RTS n’ont diffusé d’images de cette rencontre, malgré la présence de leurs caméras, prêtes pour le match des piétons qui se déroulait peu après.

HANDBIKE

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