2 minute read

Se fédérer contres les obstacles

L’Association suisse des paraplégiques crée un réseau d’intérêts pour la construction sans obstacles. Adrian Haueter-Zumbühl, coordinateur, est chargé de faire avancer le projet.

Nadja Venetz

Que cherche à obtenir le réseau d’intérêts pour la construction sans obstacles?

Notre objectif principal est de faire de la sensibilisation et ce, principalement pour le bien de nos membres, à savoir les personnes en fauteuil roulant. Nous prônons la construction sans obstacles auprès de toutes celles et ceux qui travaillent dans le bâtiment: autorités, administrations, politiques, architectes, universités et hautes écoles spécialisées. C’est en principe du lobbying classique. En tant que coordinateur, je ne peux pas agir seul, nous souhaitons donc mettre en place un vaste réseau. La représentation des intérêts joue le rôle d’interface pour favoriser les échanges. Nous ne faisons pas de conseil en construction et ne sommes pas non plus en concurrence avec les services cantonaux, mais nous voulons avoir notre mot à dire, être présents quand de grands projets publics voient le jour, et ce suffisamment tôt et pas seulement lorsqu’il s’agit de faire opposition.

Comment est née l’idée de ce projet?

Nous avons discuté avec différents protagonistes. Les clubs en fauteuil roulant ont souhaité à plusieurs reprises que l’accent soit davantage mis sur la construction sans obstacles. Après avoir évalué ces besoins, il ne faisait aucun doute que nous voulions relever le défi et intensifier le travail politique. Jusqu’à présent, il n’existe que la Commission des usagers en fauteuil roulant des transports publics (RöV) qui, comme son nom l’indique, se spécialise dans l’ac- cessibilité des transports publics. Or une représentation des intérêts axée sur toute forme d’infrastructure fait défaut. Nous voulons combler cette lacune.

Tu as commencé ton travail de coordinateur en mars. Comment procèdes-tu désormais?

Nous avons défini trois cantons pilotes pour le lancement du projet: Schwyz, Neuchâtel et Zurich. Un canton en Suisse centrale, un en Suisse romande et un avec une forte densité de population. Je vais prendre contact avec les protagonistes du secteur du bâtiment pour que nous ayons un pied dans la place et que je puisse monter un réseau. Nous nous donnons un an et demi pour voir comment les choses se passent avant d’ajouter d’autres régions. Je ne peux vraiment rien vous donner de concret. L’itinéraire que nous emprunterons dans notre quête n’est pas fixé, tout reste à écrire. Je suis ravi de pouvoir y participer.

Comment comptes-tu mettre en place un réseau qui couvre toute la Suisse?

Ce n’est pas du tout l’idée. Nous souhaitons recruter des représentant·e·s dans l’ensemble du pays qui, grâce à leur réseau, auront rapidement accès aux autorités et aux responsables. Cela n’a pas de sens de centraliser pour que tout passe par moi. La représentation des intérêts se fera à l’échelle régionale. L’idéal serait de travailler avec les personnes concernées, mais il est encore trop tôt pour franchir cette étape. Nous n’en sommes qu’au début et le moment venu, nous lancerons un appel.

Quelles sont les ambitions poursuivies par le réseau d’intérêts?

Le mieux serait bien sûr qu’un jour, on n’ait plus besoin de nous et que la construction sans obstacles soit devenue une évidence, comme pour la protection contre les incendies que plus personne ne remet en question. Actuellement, la Confédération fixe des exigences minimales et chaque canton a des directives différentes. Il est donc difficile de garder une vue d’ensemble. Aujourd’hui, la construction sans obstacles est encore trop souvent négligée et les besoins des personnes à mobilité réduite ne sont pris en compte, quand c’est le cas, que trop tardivement dans le processus de construction. Lorsqu’il faut procéder à des adaptations, on dit souvent que la construction sans obstacles coûte cher. Mais c’est uniquement parce que ces critères n’ont pas été pris en compte dès le départ. Nous avons donc encore du pain sur la planche avant de pouvoir dissoudre le réseau d’intérêts.

This article is from: