La QuĂȘte numĂ©ro 243 septembre 2022

Page 8

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ENGAGEMENT

4$ Le magazine de rue de Québec Numéro 243 Septembre 2022
2 $

Hébergement

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JEU

POUR

LA QUÊTE 03 SEPTEMBRE 2022
ENGAGEMENT
20
06
17
18 Trouver
19 S’engager
La quĂȘte des mots
S’indigner pour s’engager
La morale de l'histoire ?
sa voie
envers soi-mĂȘme
21 L'ange, l'Ă©cureuil et la rouquine 22 Être ou
pas ĂȘtre 23 Peuple fier 23 Page blanche 24 Un jour 25 Les fabuleries 26 Un carrefour 26 Bouquet d’étoiles 27 ChĂšre dulcinĂ©e 30 Des signes 31 Perte de libertĂ© 07 Manifeste
08 Défendre
10 Féminicides
«
» 12 Couple
13 Québec-municipalités
14 Portrait
16 Bénévolat, art
LE PLAISIR DE LIRE
ne
d’un intervenant frustrĂ©
une grenouille comme on défend le Saint-Laurent
au Mexique :
Pas une de plus
non monogame : s’engager à plusieurs
: une relation à redéfinir
de Colonelle Marie-Christine Harvey
et gain
Crédit photo : Natalia Kolotvina sur Pexels

RÉALISER L’ESPOIR

L’Archipel d’Entraide, organisme Ă  but non lucratif, vient en aide Ă  des personnes qui, Ă  un moment donnĂ© de leur existence, sont exclues du marchĂ© du travail ou vivent en marge de la sociĂ©tĂ©. Ces laissĂ©s pour compte cumulent diffĂ©rentes problĂ©matiques : santĂ© mentale, itinĂ©rance, toxicomanie, pauvretĂ©, etc. Dans la foulĂ©e des moyens mis en place pour amĂ©liorer le sort des plus dĂ©favorisĂ©s, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La QuĂȘte. Par dĂ©finition, un journal de rue est destinĂ© Ă  la vente - sur la rue !- par des personnes en difficultĂ©, notamment des sans-abri. La QuĂȘte permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacitĂ©s, de rĂ©aliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilitĂ©s, amĂ©liorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.

L’Archipel d’Entraide, composĂ©e d’une Ă©quipe d’intervenants expĂ©rimentĂ©s, offre Ă©galement des services d’accompagnement communautaire et d’hĂ©bergement de dĂ©pannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Depuis sa crĂ©ation, La QuĂȘte a redonnĂ© l’espoir Ă  quelques centaines de camelots.

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PAGE COUVERTURE

Photo de Victor Lhoest

Conception graphique : Mélanie Imbeault

ÉDITEUR

Archipel d’Entraide

ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette

RÉDACTRICE EN CHEF Francine Chatigny

DIRECTRICE DE L’INFORMATION ValĂ©rie Gaudreau

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Isabelle NoĂ«l

CHRONIQUEUR.E.S

Martine Corrivault, Claude Cossette, Philippe Bouchard et Marc Émile Vigneault

JOURNALISTES

Jean-Louis Bordeleau, Christine DeslongchampsPelletier, Philippe Fortin, Nicolas Fournier-Boivert, Pier-Olivier Nadeau et Victor Lhoest

AUTEUR.E.S

Envie de faire connaĂźtre votre opinion, de partager vos poĂ©sies, de tĂ©moigner de votre vĂ©cu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou mĂȘme, venez nous les dicter directement Ă  nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thĂ©matique de novembre : RĂ©munĂ©ration

UNE TRIBUNE POUR TOUS FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOT

Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

Nous vous encourageons fortement Ă  acheter La QuĂȘte directement Ă  un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider Ă  maintenir la publication de l’unique magazine de rue de QuĂ©bec.

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE

Abonnement régulier 65 $ Abonnement de soutien 80 $ Abonnement institutionnel 90 $ Téléphone :

La QuĂȘte est appuyĂ©e financiĂšrement par :

StratĂ©gie des partenariats de lutte contre l’itinĂ©rance (SPLI)

Financé par le gouvernement du Canada

Sébastien Beaulieu, Julie Bellemare, Bertrand Cyr, Gaétan Duval, François Gagnon, Armand Labbé, Mariette Mailhot, Judy Miller, et Christiane Voyer

AUTEUR DU JEU

Jacques Carl Morin

RÉVISEUR Benoit Arsenault

INFOGRAPHISTE

Mélanie Imbeault

IMPRIMEUR Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284

COPYLEFT

La QuĂȘte, QuĂ©bec, Canada, 2014

Ce document est mis Ă  votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « PaternitĂ©Pas d’Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protĂ©geant l’intĂ©gralitĂ© de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.

Journal La QuĂȘte

190, rue St-Joseph Est Québec (Québec) G1K 3A7

Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : laquetejournal@yahoo.ca

04 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
Nom : Adresse : Ville : Code postal : Date :

Engagement

Pour notre page couverture, on a retenu une photo de la manifestation — forme visible de l’engagement citoyen — qui se tenait Ă  Mexico, le 18 mai dernier, pour souligner la journĂ©e de lutte nationale contre les disparitions et les fĂ©minicides. Notre journaliste Victor Lhoest Ă©tait prĂ©sent auprĂšs des Mexicaines descendues dans la rue pour revendiquer que les agresseurs prĂ©sumĂ©s soient traduits en justice. Dans Pas une de plus, Victor fait Ă©cho Ă  leur combat.

L’indignation vĂ©ritable est souvent le levier de l’engagement comme le souligne Claude Cossette dans sa chronique. Pour la concrĂ©tiser, certains prennent la rue, d’autres la plume. Dans son Manifeste d’un intervenant frustrĂ©, notre sociologue en rĂ©sidence offre une rĂ©flexion sur les systĂšmes d’oppression dont sont victimes les citoyens avec qui il travaille.

En ce mois d’élection, on ne peut passer sous silence, l’engagement politique qu’embrassent les Ă©lus. Philippe Fortin s’est penchĂ© sur les relations provinciales municipales qui sont en mĂ©tamorphose depuis quelques annĂ©es. Il semblerait que la conjoncture soit favorable aux Ă©lus municipaux.

En endossant l’uniforme, la Colonelle MarieChristine Harvey savait quels besoins elle voulait assouvir, mais elle ne rĂ©alisait pas Ă  quel point cette carriĂšre la passionnerait. Philippe Fortin s’entretient avec cette militaire qui a gravi les Ă©chelons jusqu’au poste de commandante d’une brigade mĂ©canisĂ©e.

Les couples ouverts et les polyamoureux sont-ils moins engagés dans leur relation que les couples monogames ? Christine Deslongchamps-Pelletier a posé la question aux principaux concernés.

Projet Point de vue

Le projet Point de vue lancĂ© par Marc Émile Vigneault est un vĂ©ritable succĂšs. Chaque mois, il rĂ©unit un florilĂšge de poĂšmes qu’il offre Ă  La QuĂȘte. Toutefois, peu de candidats se sont prĂ©sentĂ©s pour signer Espoir au Cube, la chronique qui met en valeur les personnes qui arrivent Ă  se construire ou Ă  se reconstruire une vie heureuse. Si ça vous parle, Ă©crivez Ă  mev@sympatico.ca.

Dans sa chronique Espoir au Cube, Marc Émile Vigneault tĂ©moigne de l’engagement envers soimĂȘme comme un outil de mieux-ĂȘtre. Une rĂ©flexion dont on peut tous tirer avantage.

QUE SONT DEVENUS NOS JOURNALISTES ?

Bon an, mal an, une bonne quinzaine d’étudiants en journalisme Ă  l’UniversitĂ© Laval collabore Ă  La QuĂȘte. Certains d’entre eux passent Ă  la vitesse de l’éclair, d’autres Ă©tirent leur participation sur un, deux, voire trois ans. Puis, ces apprentis prennent leur envol. Que deviennent-ils par la suite ? Un peu par curiositĂ© et beaucoup pour inspirer nos futures recrues, nous en avons retrouvĂ© quelques-uns et quelques-unes qui ont acceptĂ© de nous faire connaĂźtre leur parcours post-QuĂȘte. Jean-Louis Bordeleau, maintenant journaliste au quotidien Le Devoir, ouvre le bal de cette sĂ©rie qui se poursuivra au cours des prochains mois. On a aussi demandĂ© Ă  ces ex, de nous concocter un reportage sur la thĂ©matique du mois. Jean-Louis a dĂ©cidĂ© de nous faire connaĂźtre Patrick R. Bourgeois, un ardent dĂ©fenseur de la rainette faux-grillon.

S’engager à promouvoir la langue française

De fĂ©vrier 2010 Ă  juillet 2022, HĂ©lĂšne Huot a signĂ© 122 chroniques, tout aussi intĂ©ressantes les unes que les autres, de La langue dans sa poche. Citations, jeux-questionnaires, parties de Scrabble, mots pour rire, nouvelles entrĂ©es dans les dictionnaires, origine des noms de rue, et j’en passe, autant de moyens qu’elle a utilisĂ©s pour dĂ©montrer la richesse et la prĂ©cision de notre vocabulaire, les nuances de sens d’un mĂȘme mot et autres subtilitĂ©s langagiĂšres. Son travail assidu a fourni Ă  qui la suivait d’innombrables occasions de s’émerveiller de la beautĂ© de la langue de MoliĂšre. Son engagement bĂ©nĂ©vole Ă  la production du magazine de rue prend fin avec ce numĂ©ro-ci. Nous tenons Ă  lui exprimer toute notre gratitude et de sincĂšres remerciements pour son altruisme et sa solidaritĂ©. Au revoir HĂ©lĂšne !

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 05

ourtoisie:Claude

Le mot engagement Ă©voque des actions bien connues comme celles de s’enrĂŽler dans l’armĂ©e ou de choisir une/un partenaire amoureux pour le long terme.

L’engagement dont je parlerai ici, c’est la dĂ©cision prise par une personne de participer Ă  la vie citoyenne, de l’animer, de la rĂ©gĂ©nĂ©rer. Gros programme !

L’ENGAGEMENT DIMINUE ?

Il y a soixante-dix ans, l’Internet n’existait pas ; pour dĂ©couvrir les enjeux du grand monde, les jeunes dont j’étais devaient digĂ©rer les textes austĂšres de journaux et de revues d’idĂ©es. Le communisme constituait alors le principal sujet d’inquiĂ©tude.

Aujourd’hui encore, il existe des situations qui suscitent le dĂ©bat, qui soulĂšvent l’indignation, et qui amĂšnent certains Ă  « s’engager ». Les limites imposĂ©es Ă  la libertĂ© ou les injustices sociales sont les sujets qui dĂ©clenchent le plus souvent cet engagement.

Le dictionnaire Le Petit Robert dĂ©finit ainsi l’engagement : « Acte ou attitude (d’un intellectuel, d’un artiste) qui s’engage ». C’est restrictif. Oui, c’est vrai, plusieurs professeurs et artistes de la scĂšne prĂ©sentent l’exemple de personnes engagĂ©es pour une cause. Mais les citoyens ordinaires le font aussi au sein de cercles, de regroupements, de mouvements. Notamment, les partis politiques ou les groupes religieux engendrent leur lot de militants.

Il existe par ailleurs des personnes qui dĂ©fendent l’idĂ©e qu’il faut agir par soi-mĂȘme, directement sans nĂ©cessairement passer par les intermĂ©diaires que sont les associations, partis, syndicats et autres groupes d’influence. On appelle ces personnes des activistes. Des Ă©lectrons libres, ironisent certains.

Des chroniqueurs prĂ©tendent que les citoyens d’aujourd’hui, les jeunes en particulier selon certains, sont moins engagĂ©s. Ceux-ci ne croiraient plus Ă  leur pouvoir d’influence, se dĂ©solidariseraient, renonçant Ă  agir sur leur milieu.

L’ENGAGEMENT D’AUJOURD’HUI

Beaucoup de personnes sont indignĂ©es, touchĂ©es aux larmes par les bulletins de nouvelles qui rapportent une horreur sociale, l’action de voleurs en cravate ou une guerre au bout du monde. Sans toutefois passer Ă  l’action. C’est en ce sens que le philosophe Luc Ferry, en critique, estime que l’indignation « s’inscrit

POUR S’ENGAGER

dans une politique de l’émotion plutĂŽt que dans une politique de justice ».

C’est que l’indignation vĂ©ritable ne se satisfait pas de larmes, mais se nourrit du besoin d’agir : d’abord afin d’approfondir sa comprĂ©hension de la problĂ©matique, de se fonder une solide opinion ; ensuite pour inventorier les organismes qui Ɠuvrent sur les enjeux ciblĂ©s et Ă©ventuellement se joindre Ă  l’un d’eux comme militant.

Beaucoup de contemporains le font pour dĂ©fendre leur idĂ©e sur la rĂ©partition des richesses ou contre la pauvretĂ©, la protection de l’environnement ou contre la surconsommation, l’égalitĂ© citoyenne ou contre le sexisme, le racisme. Ainsi de suite.

Plusieurs jeunes font mentir le point de vue qui veut que les jeunes ne s’indignent plus : certains se retroussent les manches, prennent la parole, font des gestes d’éclat, mettent sur pied un projet novateur, retrouvent la puissance des manifestations pacifiques. Ainsi, la grĂšve Ă©tudiante de 2012, dite Printemps Ă©rable, est devenue la plus imposante de l’histoire. Ainsi encore, en 2019 Ă  MontrĂ©al, 500 000 personnes ont rejoint une marche Ă  la suite de la jeune Greta Thunberg, rĂ©clamant une efficace stratĂ©gie de lutte contre la crise climatique.

S’engager, c’est s’appuyer sur son indignation pour faire quelque chose en vue de changer une situation. Ce qui veut dire, prendre position en signant des pĂ©titions, participer Ă  des campagnes de financement, rejoindre des manifestations, sensibiliser son entourage aux situations d’injustices qui prĂ©valent dans notre monde.

Et, le cas Ă©chĂ©ant, reprendre le flambeau, sollicitant la direction d’une association, d’une entreprise, voire d’un gouvernement. Ou mĂȘme (pourquoi pas ?) fonder un nouveau groupe de pression ou une nouvelle coopĂ©rative.

En un mot, s’engager, ce n’est pas seulement s’indigner, c’est agir. Comme il est prĂŽnĂ© sur une mini pancarte de manifestant conservĂ©e dans son bureau par la dĂ©putĂ©e-poĂšte Catherine Dorion sur laquelle il est simplement Ă©crit : « Fais quelque chose ».

06 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
HRONIQUE C
CLAUDE COSSETTE S’INDIGNER

Manifeste d’un intervenant frustrĂ©

Le 24 janvier 2019, la page Facebook du magazine de rue La QuĂȘte publie la photo d’une contravention. Celle-ci a Ă©tĂ© donnĂ©e gĂ©nĂ©reusement par la police de la Ville de QuĂ©bec. Description de l’infraction : « avoir flĂąnĂ©, vagabondĂ© ou dormi dans une rue ou dans un endroit public sans motif raisonnable ». CoĂ»t de la contravention : 223 $, soit trois nuits dans un motel.

La semaine prĂ©cĂ©dant cette publication, les journaux quĂ©bĂ©cois racontent la « bombe mĂ©tĂ©o » avec laquelle les QuĂ©bĂ©cois-e-s doivent composer. Les grands titres des journaux relatent la « paralysie du QuĂ©bec » : fermeture des routes, des Ă©coles, « orage » en plein hiver, froid intense
 Le 18 janvier 2019, dans Le Journal de QuĂ©bec, Elisa Cloutier signait un article intitulĂ© « Les refuges pour itinĂ©rants dĂ©bordent Ă  QuĂ©bec ».

L’ENGAGEMENT ET LE TRAVAIL SOCIAL

Le travail social engage les intervenants et les intervenantes face Ă  la population qu’iels accompagnent. Ces populations sont regroupĂ©es selon des caractĂ©ristiques particuliĂšres, souvent dĂ©cidĂ©es par la mission de l’organisme : jeunes, personnes ĂągĂ©es, adolescents et adolescentes, personnes psychiatrisĂ©es, personnes en situation d’itinĂ©rance, personnes judiciarisĂ©es, etc. Ces caractĂ©ristiques dĂ©signent le « problĂšme » que la personne vit et l’angle selon lequel les interventions seront conduites.

Cette problĂ©matisation des vies individuelles, des maniĂšres d’ĂȘtre, de se comporter dans l’espace public, dans les relations interpersonnelles, de rĂ©flĂ©chir le monde, s’ancre dans une conception normalisante de l’individu moderne. Cet individu est perçu par l’État comme Ă©tant autonome, responsable de son devenir, de ses faits et de ses gestes.

L’ENGAGEMENT ÉMOTIONNEL

Le matin de la dĂ©couverte de la contravention, l’équipe de l’Archipel d’Entraide Ă©tait scandalisĂ©e. Nous Ă©tions dĂ©jĂ  au courant des phĂ©nomĂšnes de judiciarisation et de profilage social vĂ©cu par les personnes marginalisĂ©es. Il n’en demeure pas moins que c’est toujours confrontant de voir le traitement que d’autres groupes sociaux rĂ©servent aux personnes que nous accompagnons. Comment se fait-il qu’un individu pĂ©nalise un autre individu des dysfonctionnements d’un systĂšme social ?

La relation d’accompagnement ancre ses acteurs et ses actrices Ă  l’intĂ©rieur d’une Ă©thique du care, c’est-Ă -dire une Ă©thique relationnelle qui se construit au sein mĂȘme des relations. Son opposĂ©, la morale universaliste, incarnĂ©e par le droit et le travail policier, me semble mal s’imbriquer avec le travail des intervenants sociaux et des intervenantes sociales.

La Loi propose de s’adresser Ă  tous les citoyens et toutes les citoyennes. Or, iels ne sont pas pourvu-e-s des mĂȘmes ressources Ă©conomiques, matĂ©rielles, sociales, culturelles ou cognitives. Pourquoi est-ce que la Ville de QuĂ©bec continue Ă  donner des contraventions Ă  des individus qui n’ont pas de logement ? Pourquoi pĂ©naliser les difficultĂ©s d’un individu Ă  se loger et Ă  se sentir confortable en logement ? Est-ce rĂ©ellement la meilleure maniĂšre de faire ?

SE RÉVOLTER

Depuis le dĂ©but de mon parcours d’intervenant social, il y a six ans, j’en suis venu Ă  dĂ©velopper un sentiment de rĂ©volte envers le systĂšme d’oppression qui rĂ©git les vies des personnes dĂ©saffiliĂ©es. Si ce n’est pas la police qui exclut ces personnes de l’espace public, ce sont les commerçants et les commerçantes qui se plaignent, ce sont les

OCIOLOGUE EN RÉSIDENCE

rĂ©sidents et les rĂ©sidentes qui font des pĂ©titions contre les utilisateurs et utilisatrices des organismes communautaires, ce sont les politiciens et les politiciennes qui dĂ©tournent leur regard du monde social pour s’occuper du monde Ă©conomique.

Le systĂšme d’oppression, nous l’incarnons tous et toutes, Ă  des Ă©chelles diffĂ©rentes. Il prend la forme de prĂ©jugĂ©s : « il n’a qu’à arrĂȘter de consommer, ça ira mieux dans sa vie » ou de stĂ©rĂ©otypes : « du monde de mĂȘme, ça ne veut pas s’aider ». C’est le fait de traiter diffĂ©remment une personne en fonction de certaines de ces caractĂ©ristiques sociales, telles que son habillement, son hygiĂšne personnelle, son statut socioĂ©conomique, ses origines ethniques, ses capacitĂ©s physiques et intellectuelles, etc.

Le sentiment de rĂ©volte tĂ©moigne d’un engagement Ă©motionnel vĂ©cu par les intervenantes sociales et les intervenants sociaux face aux personnes qu’iels accompagnent. Au sein de cet espace relationnel, de nombreuses Ă©motions sont vĂ©hiculĂ©es, allant de l’impuissance, Ă  la tristesse, en passant par le dĂ©goĂ»t ou la colĂšre.

DĂ©goĂ»tĂ© de la maniĂšre dont la sociĂ©tĂ© traite ces citoyens victimes. En colĂšre face aux manques de ressources et aux injustices structurant le travail d’accompagnement et les vies appauvries. Les intervenantes sociales et les intervenants sociaux sont souvent les derniers remparts avant la dĂ©saffiliation complĂšte d’un citoyen ou d’une citoyenne. NĂ©anmoins, je crois qu’un engagement citoyen face Ă  ces rĂ©alitĂ©s permettrait l’atteinte d’une sociĂ©tĂ© plus juste et l’abolition des systĂšmes d’oppression.

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 07
NICOLAS FOURNIER-BOISVERT
S

Que sont devenus nos journalistes?

Jean-Louis Bordeleau Ă©crit quotidiennement pour Le Devoir, pour les actualitĂ©s liĂ©es Ă  la santĂ©, l’immigration et parfois la politique. Sa trajectoire vers le journalisme de grands pĂ©riodiques a dĂ©butĂ© Ă  l’écriture de La QuĂȘte. Il raconte ce qu’il est devenu. Mes premiers pas dans l’écriture journalistique ont dĂ©butĂ© dans ce mensuel, La QuĂȘte, en 2014. Universitaire en quĂȘte de pratique, j’y ai trouvĂ© l’espace qu’il me fallait pour soigner une plume chancelante. La circulation de ce magazine papier — trĂšs prĂ©cieux de nos jours —, sa mission sociale, tout comme l’esprit bigarrĂ© de ses auteurs me sont apparus comme tout dĂ©signĂ©s pour le jeune journaliste que j’étais.

Et il l’est encore aujourd’hui. J’y suis justement revenu le temps d’une Ă©dition, comme on dit « Bonjour » Ă  des amis que l’on devrait appeler plus souvent. AprĂšs des Ă©tudes en journalisme Ă  l’UniversitĂ© Laval, donc, et un voyage de par le monde pour ouvrir mes horizons, j’ai dĂ©cidĂ© d’explorer le Grand-Est. Le diplĂŽme en communication estampillĂ© de rouge et d’or que j’avais en poche m’a ouvert la porte de Radio-Canada
 Ă  Sept-Îles, sur la CĂŽte-Nord. Pas besoin de vous dessiner combien c’est loin. C’est loin, mais c’est beau ! L’aventure semblait belle. Elle le fut. Elle a durĂ© 3 ans.

Les hivers Ă©tant ce qu’ils sont « par enbas », j’ai ensuite choisi de quitter ce territoire adorĂ© pour mon territoire natal : MontrĂ©al. L’éloignement et une certaine crise sanitaire ont prĂ©cipitĂ© les choses. RĂ©installĂ© dans la mĂ©tropole, je me suis tournĂ© naturellement vers mon journal prĂ©fĂ©rĂ©, Le Devoir. Deux raisons m’y ont poussĂ©, surtout. D’un, je considĂšre qu’il s’agit du seul journal indĂ©pendant depuis toujours dans la presse quĂ©bĂ©coise, une valeur cardinale en journalisme. De deux, c’est simplement le journal avec lequel j’ai appris Ă  lire.

Je remercie ici le journal qui m’a appris Ă  Ă©crire.

DÉFENDRE UNE GRENOUILLE COMME ON DÉFEND LE SAINT-LAURENT

L’environnementaliste Patrick R. Bourgeois est parfois connu pour ses photos et ses vidĂ©os inĂ©dites des fonds marins du SaintLaurent. Mais s’il fait beaucoup parler de lui ces derniers temps, c’est parce qu’il se bat pour sauver de l’extinction la rainette faux-grillon, une toute petite grenouille montrĂ©alaise. Une lutte astucieuse se cache derriĂšre ce combat d’écologiste presque microscopique au sein du grand saccage planĂ©taire. Portrait.

L’étĂ©, on joint Patrick R. Bourgeois sur la CĂŽte-Nord. Il y passe la belle saison Ă  plonger dans le fleuve afin de photographier la vie marine, au fond de l’eau, au large.

Le reste de l’annĂ©e, il Ɠuvre plutĂŽt dans la grande rĂ©gion de MontrĂ©al. C’est lĂ  que se joue son combat de l’heure. Il y affronte vents et marĂ©es pour ne pas que disparaisse Ă  tout jamais la rainette faux-grillon. Ce batracien ne survit plus que dans quelques parcs de Longueuil et « au rythme oĂč vont les choses, il n’en reste pas pour des annĂ©es et des annĂ©es », estime-t-il.

Les campagnes pour protéger les bélugas ont déjà fait mouche, à la faveur de la beauté et de la grùce du mammifÚre. Mais pourquoi

prendre la dĂ©fense d’un si petit animal, pas forcĂ©ment attachant, et inconnu de tous de surcroĂźt ?

« C’est tout le temps plus facile de souhaiter la prĂ©servation d’une espĂšce qui ne te concerne pas. C’est facile de dire que tu veux sauver les Ă©lĂ©phants. Ça ne te concerne pas. Le Saint-Laurent, c’est encore trop loin », rĂ©sume Patrick R. Bourgeois.

C’est ainsi qu’il a dĂ©cidĂ© il y a quelques annĂ©es de prendre Ă  bras le corps la sauvegarde de cette grenouille « grosse comme le bout de ton doigt » qui vit dans les marĂ©cages. Car le vĂ©ritable champ de bataille, c’est la prĂ©servation des zones humides, l’habitat naturel de la rainette. Ces « grands filtres qui nettoient l’eau et Ă©pongent les zones inondables » sont assĂ©chĂ©s Ă  90 % en MontĂ©rĂ©gie.

« Ça ne sert Ă  rien de sauver un animal si tu ne sauves pas son habitat.

On a souvent fait cette erreur-lĂ  dans le monde contemporain », relĂšve-t-il. De la mĂȘme façon, la dĂ©fense du bĂ©luga implique la dĂ©fense du golfe du Saint-Laurent au complet.

« La rainette faux-grillon, c’est une espĂšce dynamite », expose Patrick Bourgeois. « C’est un animal poli-

08 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
JEAN-LOUIS BORDELEAU Photo : Courtoisie de Patrick R. Bourgeois

tique qui vit dans la cour du monde. Ça touche de la plus petite rĂ©alitĂ© du quotidien jusqu’au grand promoteur immobilier. [
] Tu fais plus de bruit avec la rainette faux-grillon. »

LE DEVOIR DE PRENDRE UNE PAUSE

Dans cette bataille Ă  la David contre Goliath, le photographe s’octroie une vacance Ă  chaque dĂ©but d’étĂ© aprĂšs la saison de reproduction de l’animal menacĂ©. « C’est tellement dĂ©primant », ditil. « Il n’y a jamais rien qui va bien dans ce dossier-lĂ . Jamais. Tu es toujours en train d’éteindre un feu. Quand tu arrives Ă  l’éteindre, un autre est dĂ©collĂ©. Je ne pourrais pas juste faire ça, c’est bien trop dĂ©primant ».

S’il passe l’étĂ© Ă  Baie-Comeau, sa ville natale, c’est qu’il y a lĂ  une « impression d’intactitude » si chĂšre Ă  l’ñme des amoureux de la nature.

Cette transhumance lui permet aussi de s’adonner à la photo sous-marine. Une autre façon de s’engager pour l’environnement.

« Les gens dĂ©couvrent les animaux sous un jour meilleur, pour qu’ils finissent par les aimer et ultimement les protĂ©ger. »

Ses plongĂ©es dans les profondeurs du Saint-Laurent l’amĂšnent

Ă  constater des rĂ©alitĂ©s « terrifiantes », en premier lieu la disparition du phytoplancton, ces cellules vĂ©gĂ©tales qui font vivre les ocĂ©ans. « L’Amazonie et les autres grandes forĂȘts, c’est une bouffĂ©e d’air sur deux que tu respires. L’autre, c’est le phytoplancton », explique-t-il.

L’évolution du dĂ©cor marin de ses photos constitue selon lui une preuve de l’urgence de la situation. « Au dĂ©but, j’étais trĂšs proche de mes sujets. La colonne d’eau Ă©tait toute petite, alors je n’avais pas trop de plancton entre moi et mon sujet. J’étais proche, et ça me faisait des images claires. Depuis quelques annĂ©es, je peux faire des photos en grand-angle et je vois les vagues Ă  80 pieds en haut. Ça veut dire qu’il n’y a plus de phytoplancton dans l’eau. Ça n’arrivait jamais. Pour la photographe, c’est mieux, car j’ai de l’eau claire. Mais c’est pas mal juste bon pour ça. »

LA RESPONSABILITÉ DES ÉCOSYSTÈMES SAUVAGES

Le QuĂ©bec rural et sauvage a modelĂ© l'environnementaliste tout naturellement, dit-il. « On est Ă  peu prĂšs les derniers Ă  encore avoir des Ă©cosystĂšmes sauvages sur la planĂšte. On a une trĂšs grande responsabilitĂ©. Dans le monde oĂč l’on

est, on n’a juste pas le droit de laisser faire ça. C’est quasi-criminel de penser que moi, je vais ĂȘtre mort de toute maniĂšre quand ça va vraiment pĂ©ter. »

Cette dĂ©fense de ce coin d’AmĂ©rique du Nord a commencĂ© en politique, relate l’ancien « militant indĂ©pendantiste actif ». Jadis compagnon du trĂšs engagĂ© Pierre Falardeau, Patrick R. Bourgeois raconte que cet engagement politique apportait « beaucoup de risques, beaucoup de consĂ©quences et trĂšs peu de revenus ».

Au final, dans sa deuxiĂšme vie d’environnementaliste, le but n’a pas tant changĂ© : « Je suis parti dĂ©fendre le QuĂ©bec d’une autre façon, davantage dans son territoire ».

Il indique par ailleurs que le maniement de l’appareil photo et cette conservation de la faune par l’image, il l’a appris « sur le tas », « Ă  force de milliers d’heures dans les buissons et sous l’eau ».

Pour ceux que la dĂ©fense de l’environnement intĂ©resse, il conseille de « commencer par protĂ©ger autour de soi ». Ensuite, le combat doit forcĂ©ment devenir politique, Ă  ses yeux.

« Il faut surveiller le politique. On est rendu dans un contexte oĂč les gestes individuels ce n’est plus assez. Ça nous prend du monde en haut qui commence Ă  marcher dans le bon sens. Il faut les talonner pour qu’ils marchent dans le mĂȘme sens. »

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 09
JEAN-LOUIS BORDELEAU Photo : Courtoisie de Patrick R. Bourgeois Patrick R. Bourgeois, photographe animalier et environnementaliste.

FÉMINICIDES AU MEXIQUE « PAS UNE DE PLUS »

Au Mexique, des femmes se battent parce que d’autres meurent. Plus de 3000 femmes ont Ă©tĂ© assassinĂ©es en 2021. Alors que le prĂ©sident Andres Manuel Lopez Obrador est accusĂ© d’attentisme, des manifestantes demandent justice pour celles disparues.

Nous sommes Ă  Mexico, au ZĂłcalo, la place principale de la capitale mexicaine. Les militantes s’y sont donnĂ© rendez-vous en tenue noire pour manifester ce 18 mai, jour de lutte nationale contre les disparitions et les fĂ©minicides. Il est 17 h passĂ© de quelques minutes. Certaines militantes s’impatientent. La manifestation devait commencer Ă  l’heure pile. « C’est la ponctualitĂ© mexicaine », ironise Isabel Sanchez, militante fĂ©ministe au grand chapeau, venue avec deux amies.

En quelques minutes, une cinquantaine de femmes remplissent

le trottoir. Le cortĂšge — chauffĂ© Ă  blanc par les discours des meneuses du mouvement et les chants du public — dĂ©marre pour un tour de la place centrale. Elles endossent un macabre devoir d’alerte auprĂšs des dirigeants du pays.

Parmi elles, MĂ©lanie Gomez, Ă©tudiante de 22 ans, tient une pancarte oĂč figurent trois visages. Ce sont ceux de ses amies. « Une a Ă©tĂ© sĂ©questrĂ©e et les deux autres assassinĂ©es », dit-elle Ă  La QuĂȘte « Une enquĂȘte est en cours. On espĂšre que la justice fera son travail ». L’histoire est glaçante. Selon l’Institut de statistiques mexicain INEGI, 6 Mexicaines sur 10 ont Ă©tĂ© victimes de violences de genre au cours de leur vie. Pour les cas de fĂ©minicides, leur nombre a flambĂ© depuis 2020.

L’AUTRE PANDÉMIE

Les fĂ©minicides sont un flĂ©au national au Mexique. L’ONG Amnesty International a recensĂ© 3 723 as-

sassinats de femmes au Mexique en 2020, soit une moyenne de dix chaque jour. Mais les autorités ne reconnaissent que 940 meurtres comme féminicides, un chiffre néanmoins en hausse de 136 % en cinq ans.

Comme au QuĂ©bec oĂč vingt-six fĂ©minicides ont Ă©tĂ© comptĂ©s en 2021, le phĂ©nomĂšne s’est aggravĂ© avec la pandĂ©mie. Les fĂ©minicides touchent la population de maniĂšre inĂ©gale : la pauvretĂ© et le faible niveau scolaire sont des facteurs de vulnĂ©rabilitĂ©s. Les violences sont le plus souvent commises par des proches des victimes, et il est difficile de fuir lorsque l’argent manque.

SE BATTRE POUR ENRAYER LA MÉCANIQUE

Afin de mĂ©diatiser la cause au-delĂ  des frontiĂšres mexicaines, Isabel Sanchez, rencontrĂ©e pendant la manifestation, a acceptĂ© de s’entretenir avec La QuĂȘte.

10 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
Crédit photo : Victor Lhoest Mélanie Gomez tient une pancarte avec la photo de trois amies disparues ou assassinées.

En tant que psychologue fĂ©ministe Ă  l’organisme Renacer (renaĂźtre), elle intervient auprĂšs de victimes de violences liĂ©es au genre. « On propose un soutien psychologique et un accompagnement dans les dĂ©marches judiciaires pour les femmes victimes de violence afin de faire valoir leurs droits devant la justice, et ainsi obtenir une entiĂšre rĂ©paration. C’est une Ă©tape trĂšs complexe pour les victimes », constate-t-elle aprĂšs quatorze ans dans ce domaine.

Dans 90 % des cas de violence faite aux femmes, les agresseurs prĂ©sumĂ©s ne sont jamais jugĂ©s, selon l’INEGI. Pour enrayer la mĂ©canique, l’ancienne ambassadrice pour la prĂ©vention de la violence au ministĂšre de la Justice de l’État de Mexico estime qu’il est nĂ©cessaire de rendre la justice accessible.

PRÉVENIR, COMBATTRE, PUNIR ET ÉRADIQUER

La solution mexicaine aux fĂ©minicides tient en quatre mots : prĂ©venir, combattre, punir et Ă©radiquer les violences envers les femmes. Ce sont les mots d’ordre de la politique dĂ©finie par le gouvernement en 2021. DerriĂšre ces promesses, les moyens mis sur la table pour les programmes qui s’occupent des victimes de violence ont Ă©tĂ© rĂ©duits, ou trop peu augmentĂ©s

— infĂ©rieur au taux d’inflation. « Comment on peut avoir les moyens d’agir sans ressources », regrette Isabel Sanchez.

PRÉSIDENT AMBIVALENT

Le prĂ©sident mexicain de gauche AndrĂ©s Manuel LĂłpez Obrador (AMLO) Ă©lu depuis 2018 portait pourtant les espoirs du changement propre Ă  chaque alternance. Jamais un gouvernement mexicain n’avait comportĂ© autant de femmes, sept sur dix-neuf.

Son image a quelque peu changĂ©. En 2020, derriĂšre le mot clĂ© « #UnDiaSinNosotras » (« un jour sans nous »), une grĂšve nationale a mobilisĂ© plus de 20 000 Mexicaines selon les chiffres officiels, pour dĂ©noncer l’inaction du gou-

vernement face Ă  une vague record de fĂ©minicides. La veille, la secrĂ©taire de la fonction publique, Irma ErĂ©ndira Sandoval, affirmait encore qu’AMLO Ă©tait le « prĂ©sident le plus fĂ©ministe » du Mexique contemporain.

Une phrase qui fait sourire amĂšrement Isabel Sanchez. « Les hommes ne peuvent pas ĂȘtre fĂ©ministes », lance-t-elle. AprĂšs une respiration, elle tempĂšre. « Ils sont des alliĂ©s, ils ne peuvent pas vivre la mĂȘme chose qu’une femme victime de violence subit parce qu’elle est femme. Mais ils peuvent partager notre lutte ». La moitiĂ© de la population tend la main pour que l’autre la rejoigne.

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VICTOR LHOEST CrĂ©dit photo : Victor Lhoest CrĂ©dit photo : Victor Lhoest Sur le masque d’Isabel Sanchez est inscrit: « Ne laissons pas notre voix ĂȘtre rĂ©duite au silence par un masque ». Les militantes portent un voile noir et tiennent une croix en signe de deuil et de colĂšre.

RELATION NON MONOGAME CONSENSUELLE S’ENGAGER À PLUSIEURS

Une Ă©tude canadienne parue dans The Journal of Sex Research rĂ©vĂšle que 4 % des rĂ©pondants ont rapportĂ© ĂȘtre dans une relation non monogame consensuelle, et que 12 % des participants ont dĂ©clarĂ© que ce type de relation serait leur configuration amoureuse idĂ©ale. Bien que les relations ouvertes semblent moins contraignantes que la norme monogame, les couples ouverts et les polyamoureux respectent, eux aussi, des engagements.

Ă  l’égard de sa copine. Notons que cet exemple est un cas spĂ©cifique, et que certaines unions s’autorisent des expĂ©riences chacun de leur cĂŽtĂ©. Il faut comprendre qu’à l’intĂ©rieur mĂȘme de ses relations, plusieurs rĂšgles s’appliquent. Chaque couple dĂ©cidera des termes de leur entente selon leurs principes et leurs valeurs.

PARTAGER SON CƒUR

Le polyamour est une Ă©thique des relations amoureuses dans laquelle les partenaires sont en relation amoureuse avec plus d’une personne. Ce choix de vie nĂ©cessite le consentement de tous les partenaires. Il inclut aussi bien l’homosexualitĂ© que l’hĂ©tĂ©rosexualitĂ©.

s’engage pas avec n’importe qui. « Il faut faire attention au phĂ©nomĂšne d’énergie des relations nouvelles, soutient OphĂ©lie. La nouveautĂ© est souvent excitante, mais cela s’estompe gĂ©nĂ©ralement aprĂšs plusieurs mois. De plus, les relations que l’on vit peuvent rester floues, on n’est pas obligĂ© de mettre une Ă©tiquette sur la relation qu’on entretient avec l’autre ». OphĂ©lie dĂ©note plusieurs bienfaits Ă  cette Ă©thique amoureuse : une augmentation de la confiance en soi, moins de jalousie et du progrĂšs sur sa dĂ©pendance affective.

JALOUSIE

Le couple ouvert est une entente d’union entre deux partenaires qui s’autorisent des relations sexuelles avec d’autres personnes. Vincent est en couple ouvert depuis 8 ans. Son couple, expliquet-il, a des rapports sexuels divers tels que de l’échangisme ou encore des relations Ă  plusieurs. Sa copine et lui se sont engagĂ©s Ă  vivre ces aventures ensemble. Si l’un ou l’autre fait une expĂ©rience seule, cela est perçu comme de l’infidĂ©litĂ©. Le couple a d’ailleurs un compte sur Jalf, une plateforme qui sert exclusivement Ă  rĂ©aliser ses fantasmes. MĂ©lanie Ă©change avec d’autres femmes et d’autres couples. Dans leur relation, c’est MĂ©lanie qui choisit les partenaires potentiels.

La raison premiĂšre qui motive ce type de relation est la satisfaction sexuelle. De plus, Vincent mentionne qu’aprĂšs de telles expĂ©riences, il partage plus de tendresse

La base de cette relation repose sur des ententes variĂ©es, des principes et des limites qui sont propres Ă  chaque partenaire. Des concessions sont nĂ©cessaires, mais la personne centrale dans ce type de relation est soi-mĂȘme, et le but est de s’épanouir. Cependant, la personne engagĂ©e dans le polyamour doit rĂ©pondre au besoin qu’il dit combler chez son partenaire. Les polyamoureux affirment qu’une seule personne ne peut pas combler tout ce dont l’autre a besoin, ainsi chaque partenaire apporte ce qu’il a Ă  offrir.

Selon les pluriamoureux, comme chez plusieurs couples monogames, lorsqu’une entente est brisĂ©e, cela relĂšve de la tromperie, de la trahison. C’est ce qui qualifie l’infidĂ©litĂ© dans ce type de relation. Selon OphĂ©lie, polyamoureuse, des ajustements se font au fur et Ă  mesure. Par exemple, les heures auxquelles l’autre revient Ă  la maison : choses que l’autre est tout Ă  fait libre de faire, mais qui peuvent gĂ©nĂ©rer de l’inquiĂ©tude, Ă  savoir si l’autre est en sĂ©curitĂ©. Bien que le polyamoureux soit ouvert, il ne

MalgrĂ© ce que l’on pourrait croire, les polyamoureux vivent, eux aussi de la jalousie. La solution, s’en parler. OphĂ©lie dĂ©note que les projets Ă  long terme peuvent ĂȘtre source de conflits. Effectivement, certaines rĂšgles d’une relation peuvent entrer en conflit avec celles d’une autre relation. La bienveillance et le respect aident aux relations multiples. Les polyamoureux vont mĂȘme jusqu’à ressentir de la compersion, soit un sentiment de bonheur lorsque l’on voit son partenaire s’épanouir avec une autre personne.

« Ce n’est pas parce qu’on commence Ă  aimer quelqu’un que l’on aime plus l’autre. Mon amour pour la premiĂšre personne ne change pas », affirme Sarah-Jane, la copine d’OphĂ©lie.

Tant que l’éthique est respectĂ©e, les polyamoureux et les couples ouverts sont certainement engagĂ©s. Sarah-Jane insiste : « il y a la vulnĂ©rabilitĂ©, l’amour, le respect. Tu te dois d’ĂȘtre engagĂ© dans ce type de relations ».

12 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
Crédit photo : Commons wikimedia Drapeau du polyamour

QUÉBEC-MUNICIPALITÉS UNE RELATION À REDÉFINIR

Les Ă©lections provinciales donneront le ton quant aux relations Ă  prĂ©voir entre les municipalitĂ©s et le nouveau gouvernement Ă©lu. Avec de gros projets sur la table pour la capitale, les dĂ©bats politiques et les engagements ne manquent pas. Mais la dynamique entre les deux paliers de gouvernement est en transformation. Afin d’en cerner certains impacts, La QuĂȘte a rencontrĂ© Philippe Dubois, professeur adjoint Ă  l’école nationale d’administration publique (ENAP). Difficile d’aborder le sujet des relations entre le palier municipal et provincial sans comparer avec le passĂ©. La Ville de QuĂ©bec a eu un maire charismatique pendant de nombreuses annĂ©es et son dĂ©part vient avec des changements. Bruno Marchand a eu Ă  faire face Ă  l’hĂ©ritage de son prĂ©dĂ©cesseur. Assez rapidement, il est devenu clair que le nouveau maire souhaitait garder une position forte face au gouvernement provincial. « M. Marchand s’inscrit dans la continuitĂ©, Ă  savoir qu’il pense comme son prĂ©dĂ©cesseur et comme les Ă©lus plus jeunes du palier municipal », explique M. Dubois. Il continue en spĂ©cifiant qu’ils « se voient comme le palier de proximitĂ©, comme les spĂ©cialistes de leur milieu et que c’est eux qui devraient ĂȘtre les promoteurs et les leaders des projets locaux. »

La CAQ se voit aussi en promoteur des projets locaux, dans une vision dite rĂ©gionale. « C’est une vision un peu plus classique de la relation du QuĂ©bec envers ses municipalitĂ©s et c’est ça qui a donnĂ© lieu aux accrochages que l’on a vus dans les mĂ©dias », soutient le professeur.

M. Dubois souligne que la relation entre le municipal et le provincial est en pleine redĂ©finition. « La reconnaissance du gouvernement de proximitĂ© c’est rĂ©cent. Le rĂŽle des municipalitĂ©s et comment elles se voient changent. » Il note que les

intĂ©rĂȘts politiques des Ă©lecteurs Ă©voluent aussi. « Nous ne sommes plus dans une logique souverainiste avec les bleus contre les rouges, ce sont les tiers partis qui ont pris le devant de la scĂšne. » Il prĂ©cise Ă  ce sujet que la CAQ « est le premier gouvernement depuis 1976 qui n’est pas formĂ© par l’un des deux partis traditionnels. » Tandis que dans les conseils de ville « les Ă©lus sont plus jeunes et plus professionnalisĂ©s. Tout ce bouillonnement-lĂ  crĂ©e une redĂ©finition des relations et des pratiques ».

Quel type de relation est Ă  prĂ©voir devant cette nouvelle dynamique politique au QuĂ©bec ? « Je pense que ça va bien se passer », assure M. Dubois ajoutant que « personne n’a intĂ©rĂȘt Ă  se chicaner, surtout pas en dĂ©but de mandat. Des chicanes, ça peut ĂȘtre long et tout ce qui traĂźne en politique a tendance Ă  salir les gens qui sont impliquĂ©s. » MalgrĂ© les accrochages rĂ©cents, avance-t-il, « la CAQ a fait preuve de bonne foi et les mairies aussi. On est capable de trouver des solutions Ă  des projets qui semblent perdus d’avance. C’est encourageant. » Selon le professeur de l’ENAP, les attentes des Ă©lecteurs Ă©voluent Ă©galement et les Ă©lus doivent le comprendre. « L’appĂ©tit n’est pas pour la confrontation. Si les Ă©lecteurs sont moins intĂ©ressĂ©s Ă  la confrontation fĂ©dĂ©rale-provinciale, ce n’est pas pour la remplacer par une confrontation municipale-provinciale. Les gens s’attendent Ă  ce que les choses fonctionnent. »

Le professeur soutient que « la scĂšne municipale est mobilisĂ©e et de plus en plus intĂ©ressĂ©e par son propre sort. Il y a une conjoncture favorable aux Ă©lus municipaux et ils ont soif d’en profiter. » Pour le maire Marchand, le dĂ©fi sera de conserver le rĂŽle que la Ville de QuĂ©bec a jouĂ© sous le maire Labeaume. « La mairie de QuĂ©bec devra s’assurer de conserver un lien privilĂ©giĂ© »

avec le nouveau gouvernement. Un rĂŽle que M. Marchand rĂ©ussit Ă  remplir jusqu’à maintenant, selon M. Dubois. « Il a rĂ©ussi Ă  s’imposer, Ă  imposer son style et Ă  rallier les gens. Ça traduit selon moi un sens politique assez dĂ©veloppĂ©. »

Reste Ă  savoir dans quelle mesure les deux paliers pourront collaborer de façon constructive pour le bienfait des citoyens. La vision rĂ©gionale du premier ministre sortant amenait certaines frictions, mais le positionnement favorable des Ă©lus municipaux donne de l’envergure Ă  leur prise de position. Cette redĂ©finition des relations et des engagements politiques du palier provincial face aux municipalitĂ©s se prĂ©cisera aprĂšs les Ă©lections.

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M. Philippe Dubois est professeur adjoint en communication publique et politique Ă  l’école nationale d’administration publique. Il codirige Ă©galement un ouvrage collaboratif sur le bilan des promesses de la CAQ qui paraĂźtra aux presses de l’UniversitĂ© Laval cet automne. CrĂ©dit photo Philippe Fortin

COLONELLE MARIE-CHRISTINE HARVEY FAIRE CARRIÈRE DANS L’ARMÉE

Elle est la premiĂšre femme Ă  commander une brigade mĂ©canisĂ©e au Canada. Elle s’est enrĂŽlĂ©e il y a 26 ans afin de tester ses limites. Son engagement militaire lui en aura donnĂ© l’occasion Ă  plus d’une reprise. La QuĂȘte s’est entretenue avec la Colonelle Marie-Christine Harvey, la commandante du 5e Groupe brigade mĂ©canisĂ©e du Canada (GBMC), Ă  Valcartier.

Le commandement d’une brigade mĂ©canisĂ©e reprĂ©sente une Ă©tape marquante dans le cheminement professionnel d’un officier supĂ©rieur. Au pays, il n’y en a que trois, une Ă  Valcartier, une Ă  Petawawa en Ontario et l’autre Ă  Edmonton. Commander ce type d’organisation, c’est d’ĂȘtre Ă  la tĂȘte d’environ 5000 personnes. Une brigade regroupe diffĂ©rentes unitĂ©s, appelĂ©es rĂ©giment ou encore bataillon. Celles-ci offrent une variĂ©tĂ© de spĂ©cialisations professionnelles militaires qui fournissent aux brigades la capacitĂ© de mener des opĂ©rations au Canada ou encore Ă  l’étranger.

Originaire de la rĂ©gion du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Marie-Christine Harvey cherchait l’aventure. Elle joint la RĂ©serve comme soldat d’infanterie alors qu’elle n’était pas encore majeure. Ses parents ont d’ailleurs dĂ» autoriser son enrĂŽlement. Elle est familiĂšre avec l’environnement militaire depuis son enfance, car son pĂšre avait fait carriĂšre dans l’aviation. De nature un peu hyperactive, confie-t-elle, elle s’est sentie appelĂ©e par le service sous les drapeaux.

Elle raconte qu’elle avait « le dĂ©sir et le besoin d’assouvir un sentiment d’accomplissement et de comprendre mes

limites, autant physiques que psychologiques. »

Une fois en uniforme, avec un peu plus d’expĂ©rience, Mme Harvey explique qu’elle a alors rĂ©alisĂ© l’ampleur de sa passion. « J’ai rĂ©alisĂ© que j’avais joint quelque chose de beaucoup plus grand que moi. Tout ce que j’avais envie d’accomplir, je l’accomplissais. J’étais stimulĂ©e. » La vie militaire offre une panoplie de raisons d’apprĂ©cier son

travail. Mais la commande identifie en premier lieu les membres qui y servent pour lesquels elle a toujours eu un profond respect. « Ce qui me passionne le plus dans mon mĂ©tier, ce sont les gens. Et ce qui me passionne de nos gens, c’est quand ils sont authentiques et qu’ils sont eux-mĂȘmes. »

Il est difficile de passer Ă  travers toutes ces annĂ©es en service sans faire face Ă  son lot de dĂ©fis. Mme Harvey n’y Ă©chappe pas. Elle est la mĂšre de deux adolescents, de 13 et 16 ans. Pendant son commandement de la base de Valcartier, sa famille demeure Ă  Gatineau. Sur les cinq derniĂšres annĂ©es, elle en a vĂ©cu trois Ă  travailler Ă  l’extĂ©rieur.

14 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
La Colonelle Marie-Christine Harvey est toujours impressionnĂ©e de voir la motivation et la fiertĂ© des membres du 5e GBMC avant le dĂ©part pour un dĂ©ploiement. « C’est toujours aussi frappant de voir Ă  quel point nos soldats aiment se dĂ©ployer Ă  l’étranger, mĂȘme dans le contexte international actuel. » CrĂ©dit photo : Bureau des affaires publiques, base de Valcartier
« J’avais le besoin d’assouvir un sentiment d’accomplissement et de comprendre mes limites, autant physiques que psychologiques. »
~ Colonelle Harvey

« Le quotidien, je ne le passe pas avec eux », souligne la militaire. Pour elle, il est donc question de trouver l’équilibre fragile entre la famille et l’engagement militaire.

« Mes enfants acceptent que je vive ma passion, mais il y a des impacts, c’est certain. »

ET POUR LA SUITE

En cherchant à comprendre si les raisons pour lesquelles elle continue de servir changent avec les années, Mme Harvey soutient les remises en question

dant sont d’une durĂ©e prĂ©dĂ©terminĂ©e de deux ans. Une fois passĂ© le niveau d’une brigade, les officiers sont gĂ©nĂ©ralement employĂ©s dans des positions de leadership qui les Ă©loignent des soldats et du terrain.

Elle devra ainsi quitter les troupes qu’elle affectionne tant, non sans un pincement au cƓur. Colonelle Harvey demeure humble

dante encourage les nouveaux venus à « vivre pleinement chaque moment sans chercher à trop calculer la suite. » Elle fait confiance en cette institution qui lui a tant offert depuis bientÎt trois décennies.

« C’est un privilĂšge de leader des gens aussi compĂ©tents que ceux du 5e GBMC. »

~ Colonelle Harvey

En ce qui concerne la prochaine Ă©tape, Colonelle Harvey fait face Ă  une pĂ©riode d’incertitude. Elle est reconnaissante d’avoir pu comman-

les forces armées canadiennes (FAC), les positions de comman-

prévues surviennent durant une carriÚre militaire et la comman-

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BÉNÉVOLAT, ART ET GAIN

Depuis le 25 juin, la population peut trouver sur son chemin les Ă©tonnantes Ɠuvres des Passages Insolites d’EXMURO arts publics ainsi qu’un musĂ©e du Bad Art. En tout, 18 artistes locaux, nationaux et internationaux ont mis la main Ă  la pĂąte pour produire un parcours d’art public de 16 Ɠuvres. En plus des artistes et des employĂ©s qui ont travaillĂ© sur le projet, quatre bĂ©nĂ©voles ont retroussĂ© leurs manches pour proposer une expĂ©rience unique dans le secteur du VieuxPort de QuĂ©bec qui se dĂ©roule jusqu’au 10 octobre.

Pour Laurence Duchesne, chargĂ©e de la mĂ©diation et du dĂ©veloppement des publics, les Passages Insolites sans les bĂ©nĂ©voles seraient impossible. « Si ça n’était pas d’eux, ça serait l’équipe de bureau qui aurait peint [le musĂ©e]. Donc non, je ne pense pas que ça aurait Ă©tĂ© possible », affirme-t-elle.

Les bĂ©nĂ©voles jouent plusieurs rĂŽles clĂ©s pour l’évĂšnement. Ils font « le montage des Ɠuvres [
] et de la salle d’exposition, ils collent les affiches publicitaires dans les endroits publics et, Ă  l’inauguration des Passages Insolites, ils sont sur le terrain et distribuent des cartes et offrent de l’information aux gens », indique Mme Duchesne.

Elle ajoute qu’EXMURO aime faire appel aux bĂ©nĂ©voles, ce qui constitue souvent leur premiĂšre expĂ©rience pour les Ă©tudiants en arts. « On sait qu’en art, tu dois avoir des expĂ©riences, tu dois avoir des contacts. C’est un milieu particulier pour ça et on a une belle sensibilitĂ© Ă  cette rĂ©alitĂ©. On est trĂšs content d’offrir aux Ă©tudiants une premiĂšre expĂ©rience en art. »

IL FAUT DONNER


Parmi les trois bĂ©nĂ©voles interviewĂ©s qui participent Ă  l’élaboration de la 9e Ă©dition, tous Ă©tudient

de Benoßt Maubrey, ARENA, est constituée de plusieurs haut-parleurs fonctionnels. Le public peut les utiliser pour diffuser de la musique ou se faire un karaoké.

en art. Cette expĂ©rience leur permet de combler leur recherche de connaissances dans ce milieu. Audrey, l’une des bĂ©nĂ©voles, rĂ©sume bien les raisons pour lesquelles elle s’implique. « Par curiositĂ©, pour apprendre et pour l’aspect social. »

Faire le montage des Ɠuvres comble entiĂšrement les attentes des trois bĂ©nĂ©voles. Cependant, ne pas pouvoir faire leur propre production leur manque, selon Sandrine. « J’aime beaucoup ça produire. Ce n’est pas ça qu’on fait ici. C’est deux choses complĂštement diffĂ©rentes, ĂȘtre artiste et ĂȘtre technicien, mais je veux voir les deux cĂŽtĂ©s de la mĂ©daille », admet-elle.

Audrey Croteau cumule plusieurs expĂ©riences variĂ©es en bĂ©nĂ©volat. Un point commun Ă  ces engagements : l’aspect humain. « C’est l’aspect humain, moi, qui m’intĂ©resse peu importe la cause. On rencontre tellement de personnes diffĂ©rentes, de vies diffĂ©rentes et ils ont tous des choses diffĂ©rentes Ă  prendre ces gens-lĂ . Je trouve ça le fun d’apprendre un peu de chacune de ces personnes que je rencontre Ă  travers ces expĂ©riences. »


 POUR RECEVOIR

Ce n’est pas la premiĂšre annĂ©e que des bĂ©nĂ©voles donnent cƓur

et Ăąme pour rĂ©aliser Passages Insolites. AprĂšs avoir Ă©tĂ© bĂ©nĂ©vole l’an dernier, Triska Sicuranzo GagnĂ© commence sa maĂźtrise en art Ă  l’UniversitĂ© Laval et travaille avec diverses entreprises dans son domaine d’étude. Elle croit que son bĂ©nĂ©volat Ă  travers plusieurs organisations en art, dont EXMURO, l’a aidĂ© Ă  ĂȘtre oĂč elle est aujourd’hui. « Ça te fait un bon nom dans le rĂ©seau et ça m’a donnĂ© un contrat de mĂ©diation. Tu es considĂ©rĂ©e comme une personne de confiance ». La jeune artiste affirme Ă©galement que l’expĂ©rience, l’aspect social et tous les aspects du bĂ©nĂ©volat sont positifs.

En plus de toutes les connaissances acquises, Mme GagnĂ© a Ă©galement utilisĂ© sa formation de guide, acquise lors de l’évĂšnement Passages Insolites, pour conquĂ©rir son conjoint actuel. « À ma premiĂšre date, je l’ai amenĂ© faire le tour des Ɠuvres des Passages Insolites », confie-t-elle en riant.

16 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
L’Ɠuvre CrĂ©dit photo : Pier-Olivier Nadeau

ourtoisie:Martine

LA MORALE DE L’HISTOIRE ?

OĂč Ă©taient les foules, fin juillet, quand le Pape est passĂ© par chez nous, pour rencontrer les peuples autochtones ? Journalistes et commentateurs, commerçants et services de sĂ©curitĂ© croyaient voir accourir des milliers de personnes pour le voir. Mais ceux qu’on attendait sont restĂ©s chez eux.

L’amie Valentine explique ce peu d’enthousiasme par le fait qu’on n’aime pas les excuses : elles ne corrigent pas les fautes. De plus, les gens descendent dans les rues pour saluer l’audace triomphante ou l’arrogance des vainqueurs et des stars. Ici, l’évĂ©nement se rĂ©sumait aux inconvĂ©nients causĂ©s par les mesures de sĂ©curitĂ© autour du quatriĂšme voyage d’un pontife en Canada. De nos jours, la foule prĂ©fĂšre les dĂ©filĂ©s de fiertĂ© aux marches du grand pardon.

Comment discuter devant ce point de vue ? Alors, je ramĂšne Ă  Valentine le vieil argument des risques encourus Ă  juger des Ă©vĂ©nements d’hier avec les yeux d’aujourd’hui. Ce que de nos jours l’on condamne a pu, dans le passĂ©, relever de la norme ; ce qui Ă©tait alors rejetĂ© est, de nos jours, acceptĂ© ou tolĂ©rĂ©. L’éducation et l’information ont contribuĂ© Ă  bien des changements dans les sociĂ©tĂ©s. C’est l’évolution.

Et Valentine riposte : « Et pour cela, les gens ont dĂ» dĂ©couvrir que les reprĂ©sentants de l’autoritĂ© peuvent commettre des erreurs et que la recherche de la vĂ©ritĂ© signifie qu’on ne se limite pas Ă  une seule source. MĂȘme si dĂ©sormais, les sociĂ©tĂ©s semblent rĂ©gresser en ne se fiant qu’au seul canal des rĂ©seaux sociaux constamment prĂ©sents et consultĂ©s comme si lĂ  se trouvait la source de toute vĂ©ritĂ©. »

Comme je ne suis abonnĂ©e Ă  rien de tout ça, j’avance que tous les Ăąges ont connu leurs prophĂštes du vrai et du faux et que seuls leurs moyens de rejoindre les gens Ă©voluent continuellement. Croyant crĂ©er une diversion, je lui offre le premier roman d’une Ă©crivaine que je viens de lire, « parce qu’elle porte le mĂȘme nom que ma grand-mĂšre », mais la tentative Ă©choue quand je mentionne que la romanciĂšre rĂ©ussit Ă  Ă©voquer la thĂ©orie de l’eugĂ©nisme.

À travers une enquĂȘte policiĂšre situĂ©e en 1910 Ă  Murray Bay, CĂ©line Beaudet glisse un personnage sensible Ă  cette idĂ©e qui fermentait Ă  l’époque dans certaines sociĂ©tĂ©s convaincues de leur supĂ©rioritĂ© culturelle et raciale. Cette annĂ©e-lĂ , lors du CongrĂšs eucharistique de MontrĂ©al, un des orateurs

invitĂ©s, Mgr F. Bourne, archevĂȘque catholique de Westminster, en Angleterre, avait suggĂ©rĂ© aux Canadiens francophones d’abandonner leur langue pour se joindre la grande communautĂ© catholique anglophone.

Ce qui avait naturellement soulevĂ© l’ire d’un certain Henri Bourassa dans Le Devoir, le journal qu’il avait fondĂ©. Chez les peuples hĂ©ritiers de la Reine Victoria, plusieurs croyaient Ă  la supĂ©rioritĂ© de leur culture et tentaient de l’imposer sur une base universelle, ce qui expliquait, sans les justifier, les diverses politiques d’assimilation mises en place dans toutes leurs colonies, incluant au Canada.

«

Ça passe toujours par les Ă©lites ces histoires-lĂ  et c’est ce qu’on reproche aux organisations religieuses qui, traditionnellement chez nous, formaient les leaders tant politiques qu’économiques », commente Valentine en ajoutant qu’avec « les pensionnats pour les enfants autochtones, nos gouvernements ont bafouĂ© l’idĂ©e de respect de la culture des autres mais dans ce temps-lĂ , mĂȘme la notion de culture comme on prĂ©tend la connaĂźtre aujourd’hui n’existait pas. »

Je me souviens (!) des discours contre l’assimilation des minoritĂ©s francophones entendus Ă  l’école dans lesquels on nous incitait Ă  nous engager Ă  dĂ©fendre partout l’usage de la langue française. Les autres minoritĂ©s ? Personne n’en parlait sauf si elles Ă©taient catholiques et parlaient notre langue. Et la libertĂ© de choisir, dans tout ça ? Avec des enfants encore Ă  l’ñge de l’obĂ©issance, on n’insistait pas plus lĂ -dessus que sur les consĂ©quences de toute idĂ©e d’engagement. Les temps ont-ils vraiment changĂ© ?

À cause des excĂšs nazis, le vieux monde a Ă©tĂ© jugĂ© et souvent condamnĂ© pour avoir oubliĂ© que la pratique du respect des diffĂ©rences constitue l’essence d’une vie saine en sociĂ©tĂ©. Mais posons la question de la morale de l’histoire : fait-on mieux, aujourd’hui ?

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 17
MARTINE CORRIVAULT
HRONIQUE C
Une enquĂȘte Ă  Murray Bay, CĂ©line Beaudet, Éditions QA, 2022.

TROUVER SA VOIE

Engagement : ce mot se rattache Ă  de nombreuses façons d’agir et de faire, mais c’est avant tout de se trouver une orientation trĂšs prĂ©cise sur ce que la personne veut accomplir, car souvent dans cet engagement la personne qui s’y plaĂźt va s’y consacrer corps et Ăąme. Accomplissant ainsi par le fait mĂȘme l’union du corps (travail matĂ©riel) et de l’esprit (travail spirituel et crĂ©atif) pour obtenir un parfait Ă©quilibre dans l’espace-temps.

Peu importe dans ce que l’ĂȘtre humain s’engage, le but ultime est qu’il soit heureux dans son choix qu’il accomplira. Son engagement peut ĂȘtre spirituel, militaire, civil ou autre, mais son principal but est de s’accomplir lui-mĂȘme. S’il est heureux dans son accomplissement, ce bonheur rejaillira sur ceux qui l’entourent.

ENGAGEMENTS CRÉATIFS

Dans l’engagement sĂ©rieux, l’ñge et le temps comptent trĂšs peu, car ce qui prime, c’est le rĂ©sultat. En exemple, Michel-Ange a travaillĂ© sur les tableaux de la chapelle Sixtine jusqu’à un Ăąge trĂšs avancĂ©. Il en est de mĂȘme pour LĂ©onard de Vinci dont l’esprit Ă©tait toujours alerte pour ses crĂ©ations. La liste serait assez longue de tout ceux qui ont accompli de grandes Ɠuvres artistiques et littĂ©raires. Tout ce beau monde dans un engagement sans pareil est passĂ© Ă  l’histoire. Ils sont des exemples marquants de la civilisation.

d’un contrat — d’embauche, d’assurance, etc.

ENGAGEMENTS ALTRUISTES

Il y a aussi l’engagement personnel ou social. C’est un engagement qui est exĂ©cutĂ© volontairement sans que personne nous pousse Ă  le faire. Il est souvent caritatif, pour aider le monde dans lequel on vit. Et c’est ce que je fais prĂ©sentement en Ă©crivant cet article et vous de votre cĂŽtĂ© vous y participez en achetant cette revue que vous lisez prĂ©sentement.

« L’engagement est sans limites et il entretient la vie. »

L’engagement est sans limites et il entretient la vie. Pour bien des gens qui s’engagent sĂ©rieusement, le temps n’existe pas (ou trĂšs peu.) Ce qui compte est l’accomplissement d’une rĂ©alisation Ă  laquelle leur esprit donne un but Ă  atteindre, et qu’ils ne peuvent laisser tomber.

ENGAGEMENTS CONTRACTUELS

Mais l’engagement n’est pas seulement artistique, il y a aussi d’autres engagements qui n’ont rien Ă  voir avec les arts. En exemple, si on s’engage Ă  acheter une maison, on s’engage aussi Ă  payer une hypothĂšque pendant un certain nombre d’annĂ©es, et signer des ententes qu’on doit honorer. C’est ce qu’on appelle un engagement hypothĂ©caire. Sont compris dans tout ça des paiements pour l’auto, l’électricitĂ© ou le gaz, les cartes de crĂ©dit pour acheter tout ça, donc des engagements Ă  payer. Et plus notre civilisation avance, plus il y a de cartes de crĂ©dit.

Chaque changement de mode de vie entraĂźne diffĂ©rentes formes d’engagement. Par exemple le mariage, l’achat d’une auto, l’arrivĂ©e d’un enfant, la signature

Les obligations qu’on se donne parfois sont des obligations personnelles, il faut tout simplement se discipliner pour atteindre le but qu’on se fixe. Concernant mes articles dans cette revue, les premiers datent de 2007, et je me dois de maintenir le cap pour cet engagement personnel.

Avec cƓur et courage, PHILIPPE

18 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
HRONIQUE
Courtoisie:Philippe

HRONIQUE L’ESPOIR AU CUBE

S’ENGAGER ENVERS SOI-MÊME

La premiĂšre image qui me vient en tĂȘte c’est celle de l’engagement envers moi-mĂȘme. Comment puis-je m’engager envers les autres si je ne le suis pas avec moi-mĂȘme ?

C’est facile de partager, d’offrir mon Ă©coute, mon amitiĂ©, mon aide au besoin, mais, qu’en est-il lorsque vient le temps de respecter mes limites, de prendre une pause, de dire non au bĂ©nĂ©fice de mon bienĂȘtre personnel ? Suis-je capable d’ĂȘtre engagĂ© envers moi-mĂȘme ?

J’ai appris par expĂ©rience que si je ne suis pas Ă  l’écoute de mes propres besoins je n’arriverai pas Ă  m’engager envers autrui. J’ai attendu de frapper un mur en essayant de me rendre indispensable, irremplaçable, pour constater que, aussitĂŽt parti, aussitĂŽt remplacer. Et hop ! le monde a continuĂ© de tourner sans moi. Cette pĂ©riode de ma vie a Ă©tĂ© un point dĂ©cisif pour rĂ©ellement m’engager envers moi-mĂȘme.

« La libertĂ© n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacitĂ© de choisir. »

« J’ai attendu de frapper un mur en essayant de me rendre indispensable, irremplaçable, pour constater que, aussitĂŽt parti, aussitĂŽt remplacer. »

rĂ©alisĂ© que pour atteindre le sommet, il faut plus qu’une idĂ©e, il faut une prĂ©paration de tous les jours et surtout qu’il faut ĂȘtre bien entourĂ©. Je me croyais invincible. Je n’avais pas pensĂ© Ă  prendre soin de la machine. J’avais oubliĂ© de m’engager envers moimĂȘme. Suite Ă  cet accident de parcours, je suis devenu lucide. J’ai rĂ©alisĂ© que je n’étais plus une valeur sĂ»re pour mon employeur, j’ai dĂ» faire une croix sur mon dĂ©sir de travailler au dĂ©veloppement de la pratique professionnelle dans mon milieu de travail, mais rien ne m’empĂȘchait de devenir le professionnel de ma propre vie. J’ai acceptĂ© un autre type d’emploi dans l’organisation et je m’y suis adaptĂ©.

J’ai commencĂ© par ĂȘtre Ă  l’écoute de mes propres besoins. J’ai appris Ă  ne plus surcharger mon agenda. J’ai appris Ă  dire non sans traĂźner de sentiment de culpabilitĂ©. J’ai acquis une certaine assurance en mes capacitĂ©s et j’ai appris Ă  respecter mes limites. Ensuite, j’ai choisi de m’engager envers mon conjoint, ma famille, mes amis et amies et j’ai choisi les domaines sociaux qui m’inspiraient pour m’engager envers ma communautĂ©.

Maintenant, je participe Ă  la programmation et aux activitĂ©s de la Ruche d’Art de Sherpa, j’écris pour le magazine de rue de QuĂ©bec La QuĂȘte, je m’implique comme bĂ©nĂ©vole et je suis chargĂ© de projet pour le projet Point de vue Ă  PECH/Sherpa. Tout ça dans le plaisir, car je me suis choisi et je me suis engagĂ© envers moi-mĂȘme avant d’ouvrir vers l’extĂ©rieur pour accueillir les opportunitĂ©s qui se prĂ©sentent Ă  moi.

Ça n’a pas toujours Ă©tĂ© ainsi. Au dĂ©but de ma carriĂšre d’éducateur, j’étais carriĂ©riste, je visais toujours plus haut. J’avais une vision avec des ƓillĂšres qui me guidaient dans une direction, mais qui m’empĂȘchaient de voir ce que je provoquais autour de moi. Je cherchais Ă  me surpasser et j’ai eu une carriĂšre montante jusqu’au jour oĂč j’ai frappĂ© mon Waterloo comme NapolĂ©on le conquĂ©rant. J’ai

J’ai changĂ© mes habitudes de vie, les comportements nuisibles Ă  ma santĂ© tant physique que mentale. J’ai rĂ©duit mes facteurs de stress. J’ai laissĂ© derriĂšre moi des relations toxiques, je me suis créé un rĂ©seau qui correspond Ă  la personne que je suis. Je me suis centrĂ© sur mes compĂ©tences artistiques et j’ai fait progresser mes talents.

Aujourd’hui, je suis fier de la personne que je suis devenu. Maintenant, je peux partager mes talents et en faire profiter les autres. Je me sens Ă  ma place dans le milieu communautaire et j’y participe Ă  la mesure de mes capacitĂ©s. Je me sens apprĂ©ciĂ© par les personnes qui Ă©voluent dans mon environnement et privilĂ©giĂ© d’ĂȘtre devenu significatif pour certaines d’entre elles.

S’engager envers soi-mĂȘme, ce n’est pas qu’une dĂ©cision, c’est un engagement de tous les jours. Il est facile de retomber dans mes vieilles habitudes. Je dois rester vigilant et constamment me souvenir du pourquoi je me suis engagĂ© envers moi-mĂȘme avant d’essayer d’ĂȘtre disponible et Ă  l’écoute de l’autre. S’engager envers soi-mĂȘme c’est aussi choisir la libertĂ© en faisant germer l’espoir chez l’autre.

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 19
Illustration: Vigno

LA QUÊTE DES MOTS

PAR JACQUES CARL MORIN CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT...

Verticalement :

1- Smog.

20- Commerce des fourrures. Horizontalement :

1- Enveloppe de saucisse. Façonner une piÚce avec une machine-outil (SNIERU). Petites rues. Nouvelle exclusive.

2- Ouvrir de nouveau. MĂ©tal radioactif. Mets composĂ© d’un mĂ©lange de lĂ©gumes.

3- Bien rangés. Période de formation. Article de journal émanant de la direction.

4- Pressant, impĂ©rieux. Tambour d’Afrique. Sert Ă  la prĂ©paration du tapioca (CAMINO). MĂ©chant.

5- RenseignĂ©. Individus sous la dĂ©pendance absolue d’un maĂźtre. EmployĂ©.

6- FrivolitĂ©. Bois noir et dur. Petit cafĂ© (TATIMESEN). Ongles pointus de certains animaux. Signal d’arrĂȘt.

7- Petit reptile. Ambassadeurs, Ă©missaires. Île italienne.

8- Indolent, apathique (HOREMAP). Voleur, fripouille. RĂȘve effrayant.

9- RĂ©gion d’Espagne renommĂ©e pour ses vins (AJOIR). Difficile Ă  comprendre (CABSSON). Torture. MĂšche de cheveux.

10- Décision gouvernementale. Remuer pour mélanger (RULOLITE). Rousse..

20 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
Réponses au jeu p.28

L’ange, l’écureuil et la rouquine

Un romancier, ça raconte des histoires qu’il invente ou imagine Ă  partir de la rĂ©alitĂ© qu’il reconstruit. Et parfois, entre la page Ă©crite et le lecteur, se glisse un souvenir, portĂ© par un mot ou une image qui a dĂ©verrouillĂ© la mĂ©moire.

Ainsi, le roman Le vol de l’ange de l’auteur Daniel Poliquin m’a ramenĂ© dans un bout de phrase, un souvenir d’enfance, une odeur de vieux tabac dans un grand vestibule meublĂ© d’énormes fougĂšres. Impression restĂ©e du jour oĂč, dĂ©sobĂ©issant Ă  mon pĂšre, j’avais tentĂ© de le suivre dans cette espĂšce de chĂąteau oĂč il allait entrer. « Tu m’attends ici, c’est une maison pour les vieux. » Mais, curiositĂ© aidant, j’avais poussĂ© la lourde porte derriĂšre laquelle il avait disparu et dĂ©couvert cette odeur, celle de l’hospice, l’institution oĂč la charitĂ© publique hĂ©bergeait les personnes ĂągĂ©es dĂ©munies et les sans famille. Bien loin des CHSLD et rĂ©sidences d’aujourd’hui.

Daniel Poliquin est un Ă©crivain franco-ontarien qui observe et entend : son mĂ©tier d’interprĂšte-traducteur l’exige. Au fil des ans, il a signĂ© une douzaine de romans et d’essais. Paru en 2014, Le vol de l’ange vient d’un sĂ©jour en Acadie oĂč il a appris qu’entre 1875 et 1925, certaines paroisses organisaient des ventes aux enchĂšres pour « placer » vieillards dĂ©sargentĂ©s et orphelins abandonnĂ©s. S’ils trouvaient preneurs, ils Ă©chappaient Ă  l’orphelinat ou l’hospice, alors considĂ©rĂ©s comme des « lieux peu recommandables » ; la suite de leur vie dĂ©pendait de ceux qui les achetaient. Ce qu’évoque le titre du livre : un saut dans le vide.

Le romancier raconte l’histoire de l’un d’eux, enfant abandonnĂ©, mis en vente dans un encan, qui, devenu vieux, va se retrouver Ă  son point de dĂ©part. AprĂšs la trahison de sa mĂšre, il a dĂ©cidĂ© de ne jamais plus en parler. Recueilli par une famille qui devra le remettre en vente, il survit en dĂ©fiant le destin et grĂące Ă  son intelligence pratique : homme curieux, il apprend vite et se dĂ©brouille avec humour et ironie, mĂȘme avec les femmes.

Mais il croit qu’il ne faut pas chercher le bonheur : « C’est fatigant, on a toujours peur de le perdre et ça ne dure pas. » Il observe que « les gens ont l’impression d’ĂȘtre bons quand ils vous enseignent quelque chose ; ils se sentent grandis et vous grandissez avec eux. Il ne faut jamais laisser passer l’occasion de faire l’élĂšve
 »

Mais au bout de sa route, la malchance le ramĂšne lĂ  d’oĂč il est parti, avec d’autres humains remis en vente pour la derniĂšre des enchĂšres paroissiales. La boucle est bouclĂ©e. L’auteur ne rĂ©vĂ©lera son nom, FidĂšle-Ă -SalomĂ©, qu’à la toute fin du roman.

UN ÉCUREUIL ET UNE ROUQUINE

Daniel Poliquin a signĂ© un essai biographique sur RenĂ© LĂ©vesque et traduit Kerouac et Richler, mais s’intĂ©resse aux gens anonymes observĂ©s dans les rues, mĂȘme Ă  Ottawa oĂč il a travaillĂ©. Ainsi, le dĂ©nommĂ© Calvin qui courtise la carillonneuse du Parlement et se prĂ©tend le concierge d’un immeuble dont il est propriĂ©taire. Dans un roman paru en 1994, L’écureuil noir, le romancier le fait narrateur de sa propre vie oĂč sa pĂ©nible relation avec son pĂšre est devenue prĂ©texte Ă  pervertir la rĂ©alitĂ© pour ne pas dĂ©cevoir. Calvin, comme l’écureuil dans son arbre, observe sans jamais assumer sa responsabilitĂ©.

Dans le plus rĂ©cent de ses romans, paru en 2017, Cherche rouquine, coupe garçonne, Ă  partir d’un drame bien rĂ©el, l’Affaire Coffin, Daniel Poliquin imagine les consĂ©quences des choix de certains des protagonistes de la tragĂ©die survenue en 1953 en GaspĂ©sie. AccusĂ© du triple meurtre de trois chasseurs amĂ©ricains, Coffin a Ă©tĂ© pendu, mais un doute a toujours subsistĂ© autour des Ă©vĂ©nements. Il devait bien avoir un entourage et le romancier l’imagine.

Il invente donc une femme avec un bĂ©bĂ© adoptĂ© par le prĂȘtre prĂ©sent lors de l’exĂ©cution du meurtrier ; ensuite, il interroge les faits autour de la culpabilitĂ© de Coffin dont il change le nom. Jonglant avec les dates, le romancier multiplie hypothĂšses et incidents pour dĂ©router le lecteur tout en restant fidĂšle aux lieux des Ă©vĂ©nements rĂ©els. Libre Ă  chacun d’adhĂ©rer Ă  la thĂšse insinuĂ©e par le roman et la mystĂ©rieuse rouquine. Parce qu’aprĂšs tout, titiller imagination et souvenirs n’est-ce pas le rĂŽle du romancier ?

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 21
CORRIVAULT
MARTINE
(675-59)
Crédit photo : Commons wikimedia Daniel Poliquin

Projet Point de vue Être ou ne pas ĂȘtre

22 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
Crédit photo : Natalia Kolotvina sur Pexels

Engagement pour avoir Engagement pour ĂȘtre Engagement de sa vie Engagement de la vie Engagement de moi Engagement des autres Dans ce monde du je, pourquoi ĂȘtre engagĂ© ?

Engagement d’un peuple pour protĂ©ger son pays, d’un dictateur dont tous les pays ont peur, d’une menace pour eux quand tant de gens meurent, juste pour protĂ©ger les leurs. VoilĂ  les vraies valeurs humaines
 d’un peuple fier.

Aucune inspiration en vue

Je ne rigole pas Je veux écrire Les mots sont morts de rire +++

Je me lance, plonge en apnée Ma respiration est coupée Mon inspiration, saccagée Mon texte hachuré. +++

C’est plate Ă  mort Un texte Ă  moitiĂ© mort Un texte dĂ©charnĂ© Pourquoi insister ? +++

J’insiste N’ai pas de piste Tel un funambule Sur le fil de sa bulle

Projet Point de vue

Page blanche

Par chance, les rimes Existent dans les crimes Je tue l’écriture C’est pas dans ma nature +++

Il n’y a pas de plaisir À parler pour parler À Ă©couter sans dĂ©sir À Ă©crire pour le papier +++

Un dernier effort Mon ultime ressort +++

Je clos ce texte sĂ©raphin MenĂ© pas Ă  pas D’un souffle, que je n’avais pas !

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 23
BERTRAND CYR
PEUPLE FIER
Crédit photo : Ashley Edwards sur Unsplash Crédit photo : Karavanov sur Depositphotos

Un jour


Vous, les musiciens

Quand ils seront vieux Qu’auront-ils de mieux Que de vivre heureux ? Ils auront vĂ©cu Le meilleur, le pire Ils auront connu Des joies, des soupirs

Il aura fallu Plus que des ouï-dire Pour croire au bonheur D’un amour sans heurts

Loin du coup de foudre Qui sonne et qui soude Restera fidĂšle

La douceur de l’aile De leurs souvenirs

Les jours Ă  venir Pourront se surprendre De les voir si tendres

En fuyant les modes Leur culte et leurs codes Ils auront gardĂ© La simplicitĂ© Qui noie l’illusion Ce puits noir sans fond

Quand ils seront vieux Encore amoureux AprĂšs tant d’annĂ©es Sans avoir triché  Sans avoir fait semblant De dormir en amants

Ils auront laissĂ© À tous les guindĂ©s À tous les mondains Leurs gris lendemains.

Le fla-fla L’apparat L’étalage Ce mirage La parure Cette armure


Ils auront laissé Leurs jours de parade Le verbe et les tirades De personnages huppés

Quand ils seront vieux Qu’auront-ils de mieux Que la vie à deux ?

Quand ils seront vieux
 Combien de matins Avant ce demain ?

Il n’est pas si loin


ARMAND LABBÉ

24 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
Crédit photo : Lotte Meijer sur StockSnap

Les fabuleries

Les fabuleries sont pleines de mensonges, mais elles sont nos propres fabulations.

On aime se laisser aller Ă  fabuler
 comme dans un beau conte. Pleines de piĂšges, de combats Et pleines de moments d’exaltation et de conflits. Elles font partie de la vie, Comme les grandes pĂ©riodes de dĂ©sespoirs.

Leurs parcours sont incohĂ©rents et imprĂ©visibles Parfois, mĂȘme, on prĂ©fĂšre la sĂ©curitĂ© Et le confort, Puis Ă©tape par Ă©tape On enfile l’histoire D’un beau conte pour enfants qu’on a inventĂ©

IdĂ©aliste, tout ça dans notre petite tĂȘte C’est nĂ©cessaire Pour se sortir de ses illusions Afin de devenir un adulte

Une chose est certaine et concrĂšte C’est qu’un instant En plein cƓur du conte On peut ressentir un sentiment de fiertĂ© Dont on n’a jamais eu l’autorisation. De vivre en soi

Et tout d’un coup, on se permet de se libĂ©rer de nos fabulations et de se donner le droit d’ĂȘtre une femme libre Qui est fiĂšre de l’ĂȘtre.

On arrĂȘte d’avoir peur que le ciel nous tombe sur la tĂȘte.

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 25
BELLEMARE
JULIE
Crédit photo : Brodie Vissers sur Burst

BOUQUET D’ÉTOILES

UN CARREFOUR

Quel chemin emprunte la pensĂ©e ? RĂ©pondre Ă  cette question demande un effort d’attention, car les mots sont fuyants comme les veines de mon bras Les mots parcourent tout mon ĂȘtre pour aboutir finalement Ă  la main La main Ă©tant le prolongement de la pensĂ©e il en rĂ©sulte quelque chose Ă  la fois unique et multiple C’est le propre du langage poĂ©tique

La poĂ©sie est un carrefour oĂč l’on s’arrĂȘte Ă  tout instant

26 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
Dans la nuit s’illuminent tel un bouquet de fleurs les Ă©toiles. Elles lĂšvent leurs diaphanes voiles Sur la vie amoureuse des cƓurs De tous les fiancĂ©s et de leurs rĂ©ciproques bonheurs. Les jeunes et romantiques couples s’endorment sur de confortables nuages ouatĂ©s. Du paisible et doux MorphĂ©e. Ils pensent Ă  leurs idylles passionnĂ©es. Qui les feront planĂ©es sur la plus belle des voies lactĂ©es. Ils meubleront d’espoir dans leurs nocturnes rĂȘves Que jamais leurs amours ne s’achĂšvent.
GAÉTAN DUVAL CrĂ©dit photo : Depositphotos CrĂ©dit photo : Pixabay
LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 27 Merci À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES ! PARTENAIRES
‱ Centraide PARTENAIRES ARGENT ‱ CKRL FM 89,1 ‱ Les Impressions Stampa PARTENAIRES BRONZE ‱ AudiothĂšque ‱ CSQ ‱ Centre Femmes aux 3A ‱ IntermarchĂ© St-Jean ‱ Service Harmonia ‱ Syndicat canadien
la fonction publique
‱ Bal du LĂ©zard ‱ Maison Revivre PARTENAIRES
‱ Claude Gallichan, chiropraticien ‱ Yves Boissinot RÉPONSES LA
MOTS
OR
de
PARTENAIRES INCONDITIONNELS
AD VITAM AETERNAM
QUÊTE DES

Références communautaires

Service d’information et de rĂ©fĂ©rence qui vous dirige vers les ressources des rĂ©gions de la Capitale-Nationale, de la ChaudiĂšre-Appalaches

Tél. : 2-1-1

Aide sociale

ADDS

Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983

Aide aux femmes

Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) FormĂ© pour vous Ă©pauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192

Centre femmes aux trois A Pour la réorganisation sociale 270, 5e Rue, Québec Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca

Centre femmes d’aujourd’hui AmĂ©liorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org

Rose du Nord

Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org

Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 TĂ©l. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca

Alphabétisation

Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 info@alphabeille.com www.alphabeille.com

Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca

Le CƓur Ă  lire 177, 71e Rue Est, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 841-1042 info@lecoeuralire.com www.lecoeuralire.com

Lis-moi tout Limoilou 3005, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com

La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca membre.oricom.ca/lamareedesmots

Centre de jour

Relais d’EspĂ©rance

Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301

Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue Saint-François Est, Québec Tél. : 418 529-2222

Détresse psychologique

Centre de crise de Québec Tél. : 418 688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com

Centre de prévention du suicide 1310,1 re Avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca

Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca

Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com

Hébergement

Maison de LauberiviĂšre

Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 485, rue du Pont, Québec Tél : 418 694-9316 accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org

Maison Revivre

Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 maison.revivre@gmail.com maisonrevivre.weebly.com

SQUAT Basse-Ville

Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com

GĂźte Jeunesse

Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans

Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225

Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990

YWCA

HĂ©bergement et programme de prĂ©vention de l’itinĂ©rance et de rĂ©insertion sociale pour femmes TĂ©l. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca

Réinsertion sociale

Carrefour d’animation et de participation Ă  un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org

FraternitĂ© de l’Épi

Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la crĂ©ation d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 523-1731

Maison Dauphine

Pour les jeunes de 12 Ă  24 ans 31, rue D’Auteuil, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 694-9616 courrier@maisondauphine.org www.maisondauphine.org

Insertion professionnelle

À l’aube de l’emploi (LauberiviĂšre) Formation en entretien mĂ©nager commercial/buanderie 485, rue du Pont, QuĂ©bec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org

Recyclage Vanier

Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, prĂ©posĂ© Ă  l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, QuĂ©bec tĂ©l.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com

Prostitution

La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com

P.I.P.Q.

Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org

Soupe populaire

Café rencontre Centre-Ville 796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dßner) Tél. : 418 640-0915

Maison de LauberiviÚre (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694-9316

Soupe populaire Maison MĂšre Mallet (DĂźner) 945, rue des SƓurs-de-la-CharitĂ© TĂ©l. : 418 692-1762

Santé mentale

Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677

centresocialdelacroixblanche.org info@centresocialdelacroixblanche.org

La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 523-1502

laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca

Centre Communautaire l’AmitiĂ© Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 522-5719

info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com

Centre d’Entraide Émotions

3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070

emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org

La Maison l’Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 650-1076

info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca

Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157

Le Verger 943, av. Chanoine-Scott, Québec Tél. : 418-657-2227 www.leverger.ca

Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283

Parents-Espoir 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167

Service d’Entraide l’Espoir 125, rue Racine, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca relaislachaumine.org

Toxicomanie

Al-Anon et Alateen Alcoolisme TĂ©l. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale Alfa de QuĂ©bec 75, rue des Épinettes, QuĂ©bec TĂ©l. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca

Point de RepÚres 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com

VIH-Sida

MIELS-Québec Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720

Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

28 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE

Les signes

Le lundi 25 juillet, j’écoutais Ă  la radio FM93, l’émission d’Élisabeth CrĂȘte et son invitĂ© Christian PagĂ©, journaliste aussi connu sous le nom de L’EnquĂȘteur du paranormal. Lors de cette tribune tĂ©lĂ©phonique, ils ont abordĂ© la question des signes que perçoivent certaines personnes aprĂšs le dĂ©cĂšs d’ĂȘtres chers. Ce phĂ©nomĂšne tabou a fascinĂ© et fascine encore des gens de tous horizons. Le bouddhisme, la spiritualitĂ© autochtone, les religions polythĂ©istes et monothĂ©istes, la science quantique enseignent tous que notre Ăąme continue Ă  vivre et Ă  Ă©voluer aprĂšs avoir quittĂ© notre corps terrestre.

Les lignes tĂ©lĂ©phoniques Ă©taient remplies, car les tĂ©moignages affluaient de plusieurs endroits du QuĂ©bec et tout se passait dans une ouverture d’esprit, de cƓur et de grand respect. Nous pouvions entendre les personnes qui Ă©taient contentes de partager leur expĂ©rience sans ĂȘtre Ă©tiquetĂ©es par des gens bizarres ou hallucinĂ©s.

Les tĂ©moignages qui ont Ă©tĂ© partagĂ©s lors de cette Ă©mission Ă©taient touchants et sincĂšres. Ils m’ont fait penser aux signes que j’ai reçus personnellement. Par exemple, quand ma mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e, Ă  l’ñge de 87 ans, j’ai rĂȘvĂ© qu’elle venait vers moi avec un beau sourire, habillĂ©e d’une robe blanche brillante, en tendant ses bras, pour me dire « je t’aime ». J’ai voulu aller vers elle pour que nous puissions nous enlacer, mais il y avait comme un obstacle invisible qui nous empĂȘchait de le faire. Le matin, Ă  mon rĂ©veil, j’entends la sonnerie de mon tĂ©lĂ©phone et c’est ma sƓur qui m’annonce que notre maman est dĂ©cĂ©dĂ©e dans son sommeil pendant la nuit. Mon pĂšre dĂ©cĂ©dĂ© centenaire m’a aussi donnĂ© des signes. Un merveilleux signe que j’ai reçu rĂ©cemment. Le premier juillet Ă©tait la journĂ©e de son anniversaire et je lui avais rendu un hommage sur Facebook afin que les membres de ma famille et mes amis(es) puissent le lire. Le lendemain, dans ma mĂ©ditation du matin, je lui ai demandĂ© de me donner un signe s’il Ă©tait content. Ensuite, je me suis rendue chez mon coiffeur. Comme je suis arrivĂ©e un peu Ă  l’avance, j’ai dĂ©cidĂ© de m’installer pas trĂšs loin de lĂ , oĂč se trouvaient quatre tables Ă  pique-nique espacĂ©es. Il y avait un beau soleil, une petite brise, de l’ombre. J’étais seule Ă  cet endroit. Je m’assois Ă  une des tables et tout Ă  coup, je vois une pierre ronde sur laquelle est peint Ă  l’acrylique rouge un beau dessin composĂ© de deux cƓurs entourĂ©s d’une pluie de petits cƓurs. J’ai senti que c’était un bon signe que mon pĂšre me donnait, en me dĂ©montrant que c’est l’Amour qui est essentiel, qui nous garde unis tous, tous ensemble.

Tous les beaux signes que nos ĂȘtres aimĂ©s nous envoient nous remplissent de gratitude et d’espĂ©rance que nous allons nous revoir. Ils nous font aussi comprendre que nos proches dĂ©cĂ©dĂ©s veillent sur nous, nous protĂšgent et savent que notre passage sur terre est rempli d’épreuves.

LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 29
CHRISTIANE VOYER Crédit photo : Rock painting

Perte de liberté

Bonjour Monsieur, Madame-Tout-le-Monde.

Je m’adresse Ă  la population en gĂ©nĂ©ral et je parle aux gens ordinaires.

Avez-vous dĂ©jĂ  pensĂ© qu’il n’y a pas que les prisonniers qui ne choisissent pas oĂč ils vivent et ce qu’ils mangent ? Qui ne sont pas libre de leurs actions ? Ça n’arrive pas qu’à eux. Ça arrive aussi aux gens hospitalisĂ©s de force Ă  Robert-Giffard, aux jeunes qui vivent en Centre Jeunesse ou en centre de rĂ©adaptation interne comme le Gouvernail. Ça arrive aussi aux personnes obligĂ©es de vivre dans des RAC (rĂ©sidence Ă  assistance continue), aux malades dans les hĂŽpitaux ou aux personnes ĂągĂ©es qui vivent en rĂ©sidence et en CHSLD.

Ne pas avoir sa libertĂ©, ĂȘtre enfermĂ©, ça fait monter toutes sortes d’émotions : de la colĂšre, de la jalousie, de la tristesse. Comment on fait pour vivre ça ? Discuter avec les gens autour de nous peut aider. Collaborer avec nos intervenants et intervenants, infirmiers et infirmiĂšres, gardiens et gardiennes de prison, Ă©ducateurs et Ă©ducatrices, au lieu de les envoyer promener et d’ĂȘtre en mode rĂ©volte peut ĂȘtre facilitant. Et si c’est possible de sortir de l’institution, ben, avoir de bons comportements peut faire « avancer » notre dossier. Et si c’est possible, demander de l’aide pour gĂ©rer nos comportements et Ă©viter les dĂ©bordements, c’est le mieux Ă  faire.

On peut avoir un petit pouvoir personnel sur la situation qu’on vit
 Et ce qui fait une grande diffĂ©rence c’est de toujours garder espoir que ça va finir par aller mieux. Ce que je souhaite Ă  tous !

30 SEPTEMBRE 2022 LA QUÊTE
SÉBASTIEN, Camelot de la rue Cartier!
LA QUÊTE SEPTEMBRE 2022 31 Centre
3
Pour la rĂ©organisation sociale des femmes TĂ©lĂ©phone : 418 529-2066 TĂ©lĂ©copieur : 418 529-1938 reception@cf3a.ca www.cf3a.ca G1L 2R6 QuĂ©bec (QuĂ©bec) 270, 5 Rue, e AccueilAideAutonomie QuĂ©bec 418 627-8882 ‱ MontrĂ©al 514 393-0103 ‱ Ailleurs au QuĂ©bec 1-877 393-0103 LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA
femmes aux
A de Québec

Notre retour à la communauté en 2022

15,7 millions. C’est notre retour Ă  la communautĂ© en 2022. C’est la somme qui permettra Ă  prĂšs de 215 organismes de QuĂ©bec et ChaudiĂšre-Appalaches de consolider leur mission essentielle. C’est le succĂšs d’un mouvement collectif. C’est un pas de plus dans la lutte aux inĂ©galitĂ©s sociales. C’est la preuve qu’ensemble, unis, on ne laisse personne derriĂšre.

Centraide. Aide. 215 organismes.

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La QuĂȘte numĂ©ro 243 septembre 2022 by LaQuete - Issuu