1 – Où est la ressource ? D’après mes interviews, et mes recherches, les freins récurrents au réemploi à la Réunion aujourd’hui sont les pertes de temps, d’énergies et financières. C’est ce qui décourage les architectes à se lancer dans un tel processus, et de tenter de convaincre les maîtres d’ouvrages, puisqu’ils n’ont pas d’arguments forts sur lesquels s’appuyer. Aujourd’hui, si le maître d’ouvrage n’est pas convaincu, si l’économie circulaire et le développement durable ne font pas partie de ses valeurs, il n’a pas d’autres raisons d’accepter de réaliser un projet en réemploi. Un projet qui serait chronophage, et pas forcément rentable en termes financiers. « C'est presque du militantisme que les architectes s'engagent dans le réemploi. C'est des gouttes d'eau, des projets manifestent. »73
Cela est dû premièrement à un manque d’accessibilité à la ressource. Elle est très faible, voire inexistante à la Réunion. Il n’y a pas de ressourceries, d’entreprises, d’associations ou de collectivités publiques qui mettent en place du réemploi de matériaux pour la construction de nos jours, comme on le voit en métropole. Il n’y pas la possibilité de se projeter dans des constructions en réemploi en tant qu’architecte, si l’on a ni matière à réemployer sur lesquelles se baser, ni zone de stockage mise à disposition. Il y a cependant des solutions, que nous avons évoqués durant les interviews avec les architectes réunionnais, pour remédier à ce problème. La première alternative est celle de l’initiative citoyenne évoquée par Malek Dhabi. Des initiatives privées, par des particuliers ou des associations qui peuvent être relayées par les pouvoirs publics. Il prend ainsi l’exemple du développement du recyclage à La Réunion : des acteurs privés qui se sont lancés dans le recyclage et ont ensuite obtenu le soutien de la part des communautés des communes. Il y a donc la possibilité de créer des lieux de récupération et de vente, basées sur le volontariat mais aussi l’entreprenariat. Nicolas Peyrebonne soutient cette idée en prenant l’exemple de l’entreprise ROTOR DC 74, en métropole, qui est un négociant de matériaux de réemploi. Ils ont, au fil des années, construit leur réseau d’artisans, d’entreprises du BTP, de maîtres d’œuvre et d’ouvrage, et vendent leur matériaux provenant de déconstructions, dans des catalogues comme des matériaux neufs. Ils détaillent les caractéristiques physiques et normatives de chaque matériaux ou lot de matériaux. 73 Interview Nicolas Peyrebonne, retranscription en annexe 74 ROTOR DC, Présentation, Site web
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