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3 – Une évolution de la filière de la déconstruction ?

recyclage et le tri des déchets. Cependant, comme on a pu le souligner auparavant, le recyclage et la gestion des déchets sont déjà des problématiques non-résolues à La Réunion.

3 – Une évolution de la filière de la déconstruction ?

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Un prérequis est essentiel à l’organisation d’une filière de récupération, achats, distributions et ventes de matériaux de réemploi : une vraie filière de déconstruction. Cette filière de déconstruction, elle se réalise à travers la mise en place d’études et de diagnostics ressources de réemploi sur les chantier de déconstruction, de rénovation ou de réhabilitation.

Dans les différentes hypothèses d’avenir de la construction sur l’île de la Réunion, la déconstruction en est une. L’île, par sa formation géographique, est limitée en espaces constructibles. Ces espaces sont définis par des limites topographiques : l’océan, le volcan, les ravines et les cirques. Depuis des dizaines d’années, l’île connaît une évolution positive de sa population. Entre 2007 et 2017, elle a augmenté d’environ 60 000 habitants.76 Cette augmentation de la population créer une augmentation des espaces urbanisés, qui viennent grignoter peu à peu les ravines et les espaces de faune et de flore, importants pour l’équilibre de la biodiversité à La Réunion. Ces espaces grignotent aussi les terres agricoles, production économique à prendre en compte dans le fonctionnement du territoire. Dans le futur, les villes devront se tourner vers elle-même, et retravailler leur densité et leur manière de construire pour créer des logements pour tout le monde. Cela va engendrer des projets de grands aménagements urbains, qui auront pour conséquences des démolitions et des déconstructions en nombre. Dans une idée de résilience du territoire, ces aménagements sont une ressource potentielle importante pour la création et la perpétuité d’une filière de réemploi sur l’île. Cela nous porte à croire qu’amorcer la création de cette filière dès maintenant, permettra une adaptation à la future situation urbaine de l’île, de manière plus responsable et ancrée dans l’économie circulaire et le développement durable. Pour amorcer cette filière, il faut inciter les maître d’ouvrages à lancer des appels d’offres pour réaliser des diagnostic ressources, et des chantiers de déconstructions. Encore une fois, la maîtrise d’ouvrage est l’acteur qui pourrait déverrouiller la filière en incitant les autres acteurs à participer, puisque c’est « l’agent payeur » de presque toutes les étapes d’un projet de construction. Il faut des

76 INSEE, Données locales, chiffres détaillés du département de La Réunion (974), Fichier en ligne

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maîtres d’ouvrage concernés et motivés à intégrer les différents processus du réemploi. Pour cela, la loi peut les y contraindre, ou l’État peut leur donner des avantages financiers à proposer ce genre de missions, une aide financière pour tout projet s’inscrivant dans le réemploi par exemple.

Valoriser les missions de déconstruction, en les rémunérant au moins à valeur égale des missions de démolitions, inciterait les entreprises du BTP à se spécialiser et proposer leurs compétences. Les entreprises répondraient aux appels d’offres, et à force d’expérimentations, obtiendrait un savoirfaire équivalent à celui de la destruction d’un bâtiment. De toute manière, un artisan sait monter et démonter les matériaux dans lesquels il est spécialisé, ça fait partie de sa formation initiale.

Pour ces trois freins évoqués, la ressource, le stockage et la filière de la déconstruction, l’architecte peut intervenir, mais il ne paraît pas essentiel dans la mise en place de la filière. Il reste un acteur de la conception du projet et s’il doit être actif en tant qu’architecte se serait en dehors de ces compétences traditionnelles. Cela signifierait un investissement personnel en tant que citoyen. Cependant, en tant que professionnel, il pourrait répondre à l’appel d’offre du diagnostic ressource avant la déconstruction, comme il a été le cas dans nos études de cas.

Ces freins sont les principaux que j’ai relevé sur le territoire réunionnais. Ils sont induits par un manque de considération des potentiels de l’économie circulaire mais aussi peut-être par un refoulement social et esthétique du réemploi. C’est un phénomène qu’il serait intéressant de développer pour comprendre aussi les motivations des acteurs, tels que les maîtres d’ouvrage, et leurs avis sur le réemploi.

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