La_Quête_numéro 234_Septembre 2021

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HRONIQUE

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« CRÉ-MOÉ, CRÉ-MOÉ PAS »

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Dans mon enfance, j’ai beaucoup aimé Jésus. J’étais un enfant pieux. À un moment, de catholique tiède, je me suis transformé en fondamentaliste : je voulais que tous les chrétiens vivent comme les premiers disciples de Jésus, qu’ils partagent tous leurs biens et qu’ils pratiquent l’amour universel. J’étais devenu croyant idéaliste !

énumérera des chiffres tirés de sources crédibles, sommités, chercheurs spécialisés, expertes reconnues. Elle étalera des conclusions extraites d’ouvrages, d’entrevues, de déclarations. La fiabilité d’un énoncé repose ici sur les preuves, les expérimentations, les statistiques, ce que les savants appellent « des données probantes ».

CROIRE

Toutefois, nous nous appuyons parfois sur un savoir présomptueux comme celui de « savoir » que, au prochain stop, l’automobiliste qui s’amène à toute vitesse sur la rue transversale va s’arrêter comme le lui impose le panneau de signalisation. C’est pourquoi il faut souvent douter, chercher de nouvelles informations qui confirmeront (ou infirmeront) ce que nous savons. « Le doute est le commencement de la sagesse », répétait le philosophe Aristote.

Je considère qu’il y a deux manières de croire : se croire soimême et croire aveuglément ce que croit son entourage. « Je pense que… » Croire son opinion, ce dont on est convaincu, c’est se croire soi-même. Or, sans connaissance démontrée des faits, une opinion n’est qu’un comportement égotiste, narcissique. C’est une croyance, c’est croire. La deuxième manière, c’est de croire son entourage : croire l’opinion publique, les chefs religieux ou politiques, les gourous. Adopter sans réflexion, sans analyse critique les idées qui flottent dans l’air, les jugements de valeur, les tendances, les mouvements de foule spontanés, qu’ils éclatent dans la rue ou dans les médias sociaux, c’est embrasser les croyances du temps. C’est encore une croyance, c’est croire. La croyance, c’est le fait de penser — sans connaissance de preuves — qu’une chose existe, qu’une affirmation est vraie. Commencer une phrase par « je crois que… » indique déjà qu’il s’agit d’une simple opinion, d’une croyance. Une personne, se sentant malade, peut affirmer : « Je crois que je vais guérir », mais, de cette affirmation, on ne peut rien présumer de l’avenir. La confiance et l’espérance sont des sentiments et des émotions qui, au contraire des savoirs scientifiques, imposent peu d’influence sur le déroulement des événements à venir. La croyance est parfois synonyme, au sens strict, de foi… religieuse, de cette conviction profonde impliquant cœur et esprit que des êtres évanescents, imaginés, existent dans un « ailleurs », sont à l’origine de notre existence ou en sont encore les maîtres : Dieu-Yahvé-Allah-Krishna-Manitou, Lucifer, anges, farfadets et autres entités magiques. Mais ça…

Chaque personne détient un petit savoir basé sur son expérience personnelle et un savoir plus grand, sur les connaissances acquises par d’autres au cours des siècles. À partir de la montagne de connaissances que ces derniers nous ont léguée, nous pouvons maintenant, de plus haut, voir mieux et plus loin. Mais nous ne pourrons jamais tout voir, tout savoir. Aussi est-il approprié de coupler d’autres valeurs à celle de savoir, celle de considérer également des vérités d’un autre ordre, des vérités tout humaines, des vérités qui ont toujours, à travers le temps, été considérées, étudiées, appréciées, des vérités comme l’humilité, la tolérance, la prudence, le courage, la justice, l’altruisme… Ces idées participent au « sens » que chaque personne échafaude pour elle-même au cours de sa vie. Ma croyance aujourd’hui. Je considère que, comme la carotte ou le chaton, je ne suis qu’un élément de la vie qui cherche continuellement à… vivre, à se reproduire, à se répandre — y compris par ses idées. Je ne crois pas qu’il y ait d’autres vies après la mort. Mais je reste convaincu que l’on est plus heureux à vivre selon le message du Maître Jésus. Bref, je suis athée, mais un athée chrétien. Comme chantait Beau Dommage : « Cré-moé, cré-moé pas », c’est comme ça.

SAVOIR

CLAUDE COSSETTE

Savoir est tout autre chose que croire. Une personne qui commence sa phrase par « je sais que… » ou « j’ai appris que… » suscite davantage mon intérêt. Pour appuyer ses dires, elle décrira des expériences, rapportera des faits,

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LA QUÊTE

SEPTEMBRE 2021


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