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Faire le ménage dans ses croyances

HRONIQUE L'ESPOIR AU CUBE

FAIRE LE MÉNAGE DANS SES CROYANCES

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Illustration : Vig no

Je suis né dans une famille de religion catholique. J’ai été baptisé parce qu’à mon époque c’était l’usage. Enfant, j’accompagnais mes parents à l’église le dimanche. C’était l’occasion de sortir mes beaux habits. C’était aussi de mon époque. Lors de mon mariage, je me suis investi en fondant une famille dans une communauté qui partageait des valeurs d’accueil, d’écoute et de bienveillance qui tournaient autour de l’idée que Jésus était un guide pour devenir des personnes meilleures remplies d’amour pour notre prochain.

Lorsque devenu adulte, j’ai commencé à me questionner sur mes croyances, j’ai réalisé que j’avais le choix. Je n’étais pas obligé d’adhérer à tout ce que la religion m’offrait. Après une psychose, un divorce et une rétrogradation professionnelle, j’ai choisi d’assumer l’homme que j’étais. J’ai clarifié mon identité sexuelle et j’ai réalisé qu’il m’était possible de m’approprier mon propre pouvoir personnel. Selon ce qu’on m’avait enseigné, Dieu punissait l’homosexualité. Jésus était mon ami, mais, qu’est-ce qu’un ami qui ne pouvait m’aimer comme je suis. L’homosexualité n’est pas un vice ou un crime punissable par la loi de Dieu. C’est un état de naissance qu’on ne choisit pas. Ce n’est pas une maladie honteuse. C’est une réalité qui fait partie de la nature humaine. Dieu n’a rien à voir là-dedans.

En évaluant le pour et le contre, j’ai fait un peu de ménage dans mes croyances. Mes parents m’ont transmis des valeurs saines; l’honnêteté, la bienveillance, l’accueil de l’autre, le respect, mais, il y a certaines autres valeurs auxquelles je n’adhère plus. Je me suis défini mon propre système de valeur à partir de mes expériences de vie. Lorsqu’on fait une structure de bénéfice à partir d’une croyance de base, on évalue si cette croyance apporte une plus-value dans notre vie quotidienne ou si elle nuit à notre épanouissement personnel. En quoi cette croyance nous sert-elle? Émane-t-elle de nous? Réfléchissons. Soyons honnêtes envers nous-mêmes et octroyons-nous le pouvoir de décider ce qui est bon pour nous. Je ne dis pas ici de ne plus croire en rien, mais bien de croire en toute conscience et, surtout, de faire un choix éclairé. Je crois en mon pouvoir personnel tout en reconnaissant ma propre limite. Il y aura toujours quelque chose de plus grand, quelque chose qui nous dépasse, qu’on ne peut expliquer. Je peux m’en remettre à cette puissance supérieure lorsque je me sens complètement dépassé et c’est très rassurant de pouvoir le faire. C’est ce que je nomme avoir la Foi. Savoir qu’on n’est jamais seul face au désespoir est source de vie. Que l’on ressente le besoin de nommer cette puissance supérieure Dieu, Allah, le Prophète, Bouddha ou autre importe peu, l’important c’est d’être conscient de ce à quoi nous adhérons et ce que ça implique dans notre vie au quotidien. Pour ma part, je suis plus inspiré par la femme qui tend la main dans la rue pour survivre que par la dame au grand chapeau, sac à main et chaussures assortis qui se rend tous les dimanches à l’église, mais, qui change de trottoir lorsque l’autre femme tend la main. Aujourd’hui, je crois que j’ai un cœur capable d’aimer, je crois que l’empathie, la bienveillance, la gratitude sont des valeurs humaines à conserver et j’en prends la responsabilité, mais, ne me demandez plus de tendre l’autre joue si une personne tente de m’humilier de mon état d’être. Je suis un homme fier. Lorsque je suis triste, malade ou désespéré, je prie. Ma prière ne s’adresse plus à un Dieu punisseur ou vengeur qui gère l’humanité par des guerres de pouvoir et de religions. Ma prière n’est plus la plainte d’une victime contre un Dieu qui m’a abandonné. Non, maintenant ma prière est un petit caillou lancé dans l’Univers avec l’espérance qu’il touche à la Source pour illuminer ma vie et je rends grâce lorsque ça se produit. Voilà où se trouvent mes croyances. Pour moi, le désespoir n’est qu’un préfixe à l’espoir. Simplement,

MARC ÉMILE VIGNEAULT

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