JE DOUTE, DONC JE SUIS S’il y a une caractéristique qui unit les humains, c’est bien leur inclinaison à constamment remettre les choses en question, à douter. Bien que le doute ait une certaine connotation négative, ce dernier nous a sans équivoque aidés à survivre en tant que race humaine au fil de notre évolution : ce buisson contientil des serpents ? Suis-je capable de naviguer dans ces rapides vers mon bivouac ? Ceci étant dit, maintenant que notre survie dépend moins des aléas de la nature1, notre recherche de certitudes paralyse-t-elle la plupart du temps notre processus décisionnel ?
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Le doute peut être un outil redoutable dans l’algorithme complexe du cerveau humain, s’il est utilisé sciemment et adapté aux circonstances. Notre capacité à analyser et prendre des décisions basées sur les informations
qui nous sont disponibles est la pierre angulaire de l’humanité qui nous distingue des autres êtres vivants. Il est sain et raisonnable d’émettre des doutes concernant l’amour, nos finances, l’avenir et alouettes. Par contre, pour plusieurs d’entre nous, l’ambiguïté et le doute peuvent être des variables paralysantes. Les problèmes surviennent lorsqu’un individu est incapable de gérer les incertitudes et remet donc constamment tout en question. Un besoin constant d’absolu et de certitude dans un monde de surcharge informationnelle2 est simplement contre-productif, voire impossible. Plusieurs recherches ont démontré que notre besoin de certitudes augmente en corrélation avec notre niveau de stress. Stress amplifié par l’instabilité culturelle, technologique et économique chronique de notre époque. Étant donc conscients que le stress a un impact sur notre inclinaison à douter, évitons lorsque possible de prendre des décisions conséquentes dans des situations ou environnements stressants. Aussi, lorsque possible, tentons de relativiser l’importance qu’ont certaines décisions et adoptons une certaine légèreté mentale par rapport à ces dernières. Dans une société complexe et imprévisible comme la nôtre, le sésame vers une certaine quiétude intellectuelle n’est pas forcément notre quotient intellectuel, nos connaissances ou notre confiance envers nos capacités. C’est notre capacité à vivre avec le doute, l’ambiguïté et l’incertitude des innombrables variables qu’on ne comprend ni ne contrôle dans leur entièreté. Alors oui aux petits doutes anodins ou lorsqu’ils bonifient un processus décisionnel pertinent.
Finalement, c’est notre capacité à cheminer en n’ayant pas toutes les variables de l’équation de la vie humaine qui nous permettra d’utiliser notre doute à bon escient. Après tout, se tromper, apprendre et réessayer font partie du casse-tête de l’humanité et une quantité insoupçonnée de beauté se cache dans cette complexité. Réfléchir et se questionner sur le doute transcende notre génération. Voici ce que quelques grands penseurs des siècles précédents avaient à dire sur ce dernier :
« Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou » - Friedrich Nietzsche
« Le doute est un état mental désagréable, mais la certitude est ridicule » - Voltaire « L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit » - Aristote
SÉBASTIEN AGOSTINI-CAYER
1- Que la communauté scientifique me pardonne ce raccourci intellectuel concernant les changements climatiques. 2- Infobésité
SEPTEMBRE 2021
LA QUÊTE
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