Nous les Arbres 12 Juillet 2019 - 5 Janvier 2020 (en prolongation) Fondation Cartier pour l’art contemporain Le sujet des arbres est de mode depuis quelques temps, le succès du livre du garde forestier Peter Wohlleben, La vie secrète des arbres, lançant probablement la voie. Aujourd’hui ce serait 15 milliards d’arbres coupés chaque année, et environ un terrain de foot de forêt qui disparaîtrait chaque minute dans le monde. La Fondation Cartier pour l’art contemporain, avec pour commissaire l’anthropologue Bruce Albert, réunit autour du sujet des arbres: botanistes, artistes, vidéographes, peintres, graveurs, dessinateurs, designers pour nous parler de ces êtres intelligents dont nous avons beaucoup à apprendre. Les arbres et leur savoir semblent redécouverts ces dernières années avec un engouement pour leurs pouvoir de communication, leur sensibilité, leur mémoire ou encore leur pouvoir de régulation du climat. Êtres vivants, victimes de massacres de masse dont on parlerait bien plus s’il s’agissait de vaches ou de poussins, les arbres subissent beaucoup alors qu’ils étaient présents à la base bien avant nous. La première forêt daterait en effet de 385 millions d’années et représentait 82,5% de la biomasse. Les arbres sont une vieille espèce comparée à l’Homme qui, ne représente quand à lui que 0,01 % de la biomasse, et n’est présent
sur Terre que depuis trois cents mille ans. Est-ce une exposition pour attaquer l’anthropocentrisme ? Non, sans doute pas, l’intelligence des arbres, pourtant reconnue, n’y est pas abordée. Il est en effet plutôt question des aspects esthétique, écologique et paysage. Ainsi on peut y voir de beaux témoignages de ceux qui les côtoient quotidiennement dans une vidéo signée par Raymond Depardon, ou encore de magnifiques dessins de l’architecte Cesare Leonardi et la designer Franca Stagi dressant le portrait typologique de 374 types d’arbres au 1/100, chaque arbre étant représenté en été et en hiver, avec et sans feuilles. On peut également découvrir des dessins du botaniste-voyageur Francis Hallé, qui dessine les arbres pour les étudier, bouts par bouts pour mieux les comprendre; ces dessins, par leur finesse, deviennent de véritables oeuvres d’art. Sont également présentés des dessins d’artistes amérindiens d’Amazonie représentant leur milieu de vie, une sorte de bouteille à la mer en faveur de la défense des forêts. De belles représentations de ces êtres que l’on côtoie sans voir. Alors faut-il aller au musée pour entendre parler des arbres ? Qu’il soit question d’interviews, de documentaires, ou d’oeuvres, faut-il choisir les artistes plutôt que les scientifiques ? De nos jours, est-ce plus important de voir une représentation esthétique d’arbres et d’en parler dans un lieu clos ? Plutôt de les côtoyer, d’aller à leur rencontre? D’en prendre soin, d’en planter ou de les préserver par des actions concrète? Pauline Colon
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