#16 janvier 2023 - Architecture et psychologie

Page 1

Architecture et psychologie interview Emmanuel Negroni

Débat

Peut-on guĂ©rir grĂące Ă  l’Architecture ?

Vie étudiante

Mental Obssesion : La fondation

Fondation Goodplanet

PFE

1 N°16 // janvier 2023 // Gratuit Journal Ă©tudiant de l’ENSA Paris Val-de-Seine

Comment l’architecture peut avoir la capacitĂ© d’influencer notre psychologie ? On peut parfois penser qu’une “piĂšce nous oppresse” ou encore “qu’une lumiĂšre nous agresse”, ainsi, on comprend inconsciemment que certains Ă©lĂ©ments d’architecture et notre maniĂšre de la concevoir ont un effet direct sur nous. Lors de ce numĂ©ro, nous nous sommes intĂ©ressĂ©s aux liens qu’entretenaient l’architecture et la psychologie. Commençons tout d’abord par dĂ©finir ce qu’est la psychologie : l’universitĂ© de Lausanne dĂ©finit la psychologie comme la science ayant pour but de comprendre la structure et le fonctionnement de l’activitĂ© mentale et des comportements qui lui sont associĂ©s. Nous avons rapidement compris que notre intĂ©rĂȘt n’était pas de connaĂźtre et de prĂ©tendre rĂ©soudre les maladies mentales et troubles psychiques par l’architecture, mais plutĂŽt de se demander comment adapter notre architecture aux diffĂ©rents besoins des usagers, par exemple, en prenant en compte la sensibilitĂ© de chacun pour concevoir des espaces qui aideraient au mieux les personnes atteintes de certains troubles psychiques Ă  mieux se sentir dans ces derniers.

Nous sommes partis Ă  la rencontre d’Emmanuel Negroni, qui nous parlera du lien qu’entretient l’architecture et la psychologie, il abordera ce qu’on appelle l’architecture thĂ©rapeutique et sensorielle qu’il exerce depuis plusieurs annĂ©es. Dans ce numĂ©ro, vous trouverez aussi un article dĂ©bat questionnant les effets de la neuro-architecture et de la psychologie environnementale ou encore un DE archi abordant le Parc de la Villette.

22 L’équipe
Romane Bernard Mathilde Hauzy Mathieu Khairallah Présidente Vice-présidente Rédacteur chef Pierre guignot Nawel Badja Co -rédacteur chef Lazare Rugel Trésorier Sofia Shah Julie Zivic Ainsi que Agathe-Paloma Pastré, Denis-Martin Massing Bebay, Axel Rossi , Minjae Lee Nisrine Bza Co -rédacteur chef Marsjola Gjergji Léa Balmy Secrétaire/Maquettiste Nawel Badja

Architecture et psychologie

DOSSIER

Introduction : Architecture et Psychologie

Mental Obsessions

La fondation Goodplanet

DĂ©bat : Peut-on guĂ©rir grĂące a l’architecture ?

p.5

Interview avec Emmanuel Negroni

« L’architecture n’est qu’un outil. Un rĂ©sultat d’observation de la vie qui passe autour de nous»

p.15

Trieste comme ma poche

p.16

PFE : Architecture et psychologie

p.18

Theatre 13 : critique de la piece «Dans les cordes» de Pauline Ribat

p.19

p.7-11

3
SOMMAIRE
p.4 VIE ÉTUDIANTE

PAR NAWEL BADJA

Il est Ă©vident que notre environnement a un impact sur nous : un bureau mal rangĂ©, une piĂšce avec du bruit ou encore un espace avec beaucoup trop de personnes peuvent influencer notre maniĂšre de travailler et plus gĂ©nĂ©ralement notre bien-ĂȘtre.

Cet impact sur notre bien-ĂȘtre, les chercheurs ont tentĂ© de le comprendre dĂšs les annĂ©es 30 en essayant de voir comment notre lieu d’habitat pouvait nous impacter. Le rĂ©sultat a rĂ©vĂ©lĂ© que le fait de grandir dans une ville, double le risque de dĂ©velopper des psychoses plus tard (Source: Dr Evangelos Vassos ) et d’autres Ă©tudes commencent aussi Ă  dĂ©montrer que les environnements urbains peuvent augmenter le risque de troubles mentaux tels que la dĂ©pression ou l’anxiĂ©tĂ© ( The British Journal of Psychiatry) . Enfin, des chercheurs ont Ă©voquĂ© le lien possible entre le mode de vie urbain et la schizophrĂ©nie ( Source : Faris, R. E. L., & Dunham, H. W. (1939).

Les grandes villes ont Ă©tĂ© conçues majoritairement avec une verticalisation de l’architecture, et contrairement Ă  ce que nous pourrions croire, vivre en hauteur pourrait avoir quelques avantages sur notre Ă©tat psychique : les habitants des tours disent se sentir comme dans un “ cocon coupĂ© du monde”, car grĂące Ă  la diminution des bruits urbains et au cadre de vue offert par la hauteur, ils se sentiraient plus dĂ©tendus. Cependant, d’autres, au contraire, se sentiraient â€œĂ©touffĂ©s et enfermĂ©s ”, car les contraintes techniques n’offrent pas la possibilitĂ© d’une ouverture sur l’extĂ©rieur.

Ainsi, autant les choix d’urbanisme que d’architecture influencent notre Ă©tat psychologique. La question que nous pourrions nous poser serait : de quelle maniĂšre nous pourrions penser et crĂ©er des espaces dans lesquels nous nous sentirions tous Ă  l’aise.

Nous avons rencontré Emmanuel Negroni, architecte spécialisé dans la construction de bùtiments dédiés aux personnes souffrantes de troubles mentaux, qui nous a donné des éléments de réponse au cours de son interview. Ce dernier, nous a expliqué travailler tout en prenant en compte la sensibilité de nos sens afin de pouvoir répondre au mieux à leur besoin.

Ainsi, nous ne parlons pas “d’architecture psychologique” comme nous l’avions tout d’abord imaginĂ©, mais plutĂŽt d’architecture sensorielle et thĂ©rapeutique : termes que vous pourrez dĂ©couvrir dans l’interview d’Emmanuel Negroni.

4 Dossier PremiĂšre partie Introduction
@dlr Agora

AGATHE-PALOMA PASTRÉ, PIERRE GUIGNOT

ILLUSTRATION PAR BÉATRICE ZINGAN

Débat : Neuro-Architecture, Psychologie environnementale...

Peut-on guĂ©rir grĂące Ă  l’architecture ?

« La construction, c’est pour faire tenir. L’architecture, c’est pour Ă©mouvoir ».1 Et si l’architecture et la psychologie n’étaientpas des disciplines si Ă©loignĂ©es ? On pourrait dĂ©finir l’architecture comme l’art de concevoir des espaces et la psychologie en tant que science de l’esprit. Or, l’espace a un impact rĂ©el sur la psychologie. Qui ne s’est jamais senti oppressĂ© dans un bureau Ă  la superficie minimale, Ă  l’éclairage artificiel et entiĂšrement coupĂ© de l’extĂ©rieur ? La psychologie environnementale (champ de la psychologie sociale Ă©tudiant l’interrelation entre l’individu et son environnement) fait aujourd’hui parti du processus de conception des projets architecturaux. De mĂȘme, de nouvelles architectures qualifiĂ©es de « thĂ©rapeutiques » se multiplient. DĂšs lors si l’architecture a un impact sur l’état mental des gens, peut-elle devenir en soi un moyen de guĂ©rison en faveur de certaines pathologies ?

La neuro-architecture amĂšne Ă  crĂ©er des espaces avec une meilleure qualitĂ© de vie pour des bĂątiments rĂ©duisant stress et anxiĂ©tĂ©. Elle unit alors obligatoirement le travail collaboratif d’architectes et de neuroscientifiques. Cette jeune science « partagĂ©e » porte son attention directement sur la neuroplasticitĂ©2 et la façon dont l’environnement modifie la chimie du cerveau. Le cerveau interprĂ©tant, analysant et reconstruisant l’espace perçu, il offre des indices utiles aux architectes pour penser espaces et rĂ©partitions

Les cartographies des stimulations du cerveau offrent la comprĂ©hension de ce qui active la crĂ©ativitĂ© avec par exemple de haut plafonds ou la productivitĂ© avec de bas plafonds pour la concentration et le travail plus routinier. Il en est de mĂȘme avec l’analyse du cortex auditif sensible aux sons et la production hormonale liĂ©e : l’écoute de certaines musiques amĂ©liore la concentration. Toutefois, l’architecture peut-elle alors devenir un remĂšde en faveur de la guĂ©rison mĂ©dicale ? « L’architecture Ă©motionnelle ne se prescrit pas » 3 ?

En effet, loin de ce rapport scientifique Ă  l’architecture, un espace peut dans sa seule observation faire Ă©prouver des Ă©motions plus personnelles et alĂ©atoires. « L’espace n’existe pas en soi » 4? Notre affect perçoit et modifie notre comportement et notre humeur. « L’espace lui-mĂȘme est un vide, en tant qu’architectes nous ne dĂ©finissons que l’enveloppe de l’espace, peut ĂȘtre sa forme, et vous percevez cela par les sens. »5 ? C’est alors tout l’enjeu de la psychologie environnementale : un lieu traversĂ©, visitĂ©, habitĂ© nous transmet quelque chose, produit un effet sur nous. Les objets d’influences d’expĂ©rience d’un lieu sont multiples : amplitude, complexitĂ©, texture, couleur, dĂ©sordre, espace minimaliste, saletĂ© mais Ă©galement l’identification
 Comment la dĂ©coration peut influencer notre humeur ? Notre cerveau rĂ©agit de façon sĂ©lective aux lieux 6 .

corbusĂ©en du Colloque international d'Architecture Ă©motionnelle, mars 2011, GenĂšve, initiĂ© par Barbara Poila : mĂ©decin, galeriste et Ă©crivain. Elle publia en 2011 avec Paul Ardenne Ă©galement, Architecture Ă©motionnelle, matiĂšre Ă  penser. L’architecture Ă©motionnelle est aussi un terme souvent attribuĂ© Ă  l’architecte mexicain Luis BarragĂĄn et au sculpteur-peintre Mathias GoĂ©ritz. Ce dernier publia en 1954, Le Manifeste de l’architecture Ă©motionnelle.

2Abordée notamment en lien avec les espaces au Salk Institute par le Dr Fred Gage, neuroscientifique

3Nicolas Gilsoul

4Heidegger

5BÖHM, Ursula : Peter Zumthor: Der eigensinn des schönen, Arte, 2000

6EPSTEIN, R., & KANWISHER, N. (1998). A Cortical representation of the local visual environment. Par exemple, le cortex parahippocampique s’active quand nous regardons une piĂšce vide ou remplie mais cette zone du cerveau s’active peu lorsque les mĂȘmes objets prĂ©sents dans la piĂšce sont exposĂ©s Ă  notre vue sur un simple fond blanc uniquement. Notre cerveau est alors sensible Ă  des attributs spatiaux physiques qui nous amĂšnent Ă  penser ce que l’on nomme alors lieu.

7VARTANIAN, O., NAVARRETE, G., CHATTERJEE, A., FICH, L. B., GONZALEZ-MORA, J. L., LEDER, H., ... & SKOV, M. (2015). Architectural design and the brain : effects of ceiling height and perceived enclosure on beauty judgments and approach-avoidance decisions. Journal of environmental psychology.

8BAR, M., & NETA, M. (2006). Humans prefer curved visual objects. Psychological science.

9GÓMEZ-PUERTO, G., MUNAR, E., & NADAL, M. (2016). Preference for curvature : an historical and conceptual framework. Frontiers in human neuroscience.

5
Débat PAR
1Epigraphe

Le degrĂ© d’ouverture d’une piĂšce a un impact sensible sur l’apprĂ©ciation d’un espace : plus la possibilitĂ© d’exploration visuelle et motrice est grande, plus le sentiment est positif7 . Les formes courbes sont gĂ©nĂ©ralement plus agrĂ©ables que les contours rectilignes8 . PeutĂȘtre parce que ce sont des formes naturellement associĂ©es Ă  des formes dangereuses 9 ? Espace et humeur sont donc liĂ©s mais ils font Ă©galement appel Ă  la mĂ©moire et donc aux souvenirs et ses Ă©motions. L’expĂ©rience d’un lieu n’est donc pas gĂ©nĂ©ralisable. S’il existe des recommandations pensĂ©es comme thĂ©rapeutiques10 , un sentiment de tranquillitĂ© peut tout Ă  fait en effet ĂȘtre ressenti comme un sentiment d’oppression par une autre personne.

Ces rĂ©actions ne relĂšvent pas seulement d’environnements intĂ©rieurs et intimes adaptables sur mesure pour chacun mais ils se font ressentir Ă©galement sur les espaces extĂ©rieurs11. La psychologie environnementale unie la double interaction entre l’environnement et la personne. Nous influençons notre environnement, l’environnement nous influence. Nous nous adaptons comme nous le montre notre capacitĂ© Ă  trouver son chemin dans un bĂątiment ou une ville inconnue. Si la psychologie fut historiquement centrĂ©e sur l’individu, son champ d’action s’est ouvert Ă  l’environnement aussi social et physique12. Un trajet en interaction avec un certain type de paysages urbains peut avoir un impact diffĂ©rent sur notre capacitĂ© Ă  rĂ©cupĂ©rer de la fatigue de la journĂ©e : cognition et sensibilitĂ© visuelle architecturale Ɠuvrent de concert sur notre Ă©tat psychologique13. Cependant, comment alors penser la cohabitation du multiple plus que le seul individu en un lieu ?

e ne sont pas des Ă©lĂ©ments statiques qui rĂ©sumeraient le lien entre architecture et psychologie. Nous tentons de percevoir ces impacts statiques sur notre Ă©tat cĂ©rĂ©bral de plus en plus mais lorsqu’il s’agit de mouvement, nous peinons encore Ă  en comprendre tous les ressorts. Toutefois, certains invariants apportĂ©s par la psychologie environnementale visant au bien ĂȘtre des gens sont aujourd’hui pris en compte dans le processus de conception architectural. Des architectes emploient mĂȘme le terme « d’architecture thĂ©rapeutique » allant jusqu’à favoriser la guĂ©rison de certaines pathologies. Nous pouvons citer pour exemple le travail de Emmanuel Negroni (interviewĂ© dans ce numĂ©ro) dont l’architecture devient un moyen pour traiter les maladies mentales (autisme, trisomie...). En effet, les stimulations sensorielles crĂ©ent par l’architecture sont des vecteurs d’amĂ©lioration de la santĂ©. La forme de l’enveloppe architecturale d’un projet peut notamment apaiser les sens des personnes souffrant d’autisme. Par exemple, dans un Ă©tablissement pour personnes autistes Ă  Ecouen, l’architecte explore un univers vĂ©gĂ©tal favorisant la guĂ©rison des patients. En Corse, il rĂ©alise un centre pour autistes composĂ© de cellules proposant une autonomie aux occupants. Ainsi, les recherches en psychologie environnementale constituent bien une avancĂ©e dans le traitement des maladies mentales par l’architecture.

Cependant, si nous prenons aujourd’hui conscience et essayons d’appliquer certaines approches aux environnements intĂ©rieurs ou extĂ©rieurs de façons statiques, les environnements plus changeants tels que la ville reste des terrains peu rĂ©ellement compris aux rĂ©sultats contradictoires14. Une Ă©tude plus grande pour une meilleure comprĂ©hension permettrait pourtant une inclusion plus adaptĂ©e pour chacun oĂč les sensibilitĂ©s variables aux environnements allant de l’humeur personnelle Ă  des degrĂ©s plus complexes liĂ©s Ă  la santĂ© mentale seraient mieux apprĂ©hendĂ©es.

6 Dossier PremiĂšre partie
10 Etude de l’UniversitĂ© de Palermo en Argentine en 2013 analysant l’importance des espaces pour des patients 11 CHOO, H., NASAR, J. L., NIKRAHEI, B., & WALTHER, D. B. (2017). Neural codes of seeing architectural styles. Scientific reports. 12 Travaux de Kurt Lewin (1890-1947), Egon Brunswik (1903-1955), Roger Barker (1903-1990) 13 LINDAL, P. J., & HARTIG, T. (2013). Architectural variation, building height and the restorative quality of urban residential streetscapes. Journal of environmental psychology. 14 BMW Guggenheim Lab Urban Project by Collin ELLARD & Charles MONTGOMERY ‘TESTING,TESTING!’ : rĂ©sultats de marches organisĂ©es Ă  New York, Berlin et Bombay visant Ă  la descriptions des Ă©motions Ă  diffĂ©rents points du parcours. Les donnĂ©es subjectives associĂ©es Ă  des donnĂ©es objectives relevĂ©es Ă  l’aide de capteurs Ă©lectrodermales pour la mesure physiologique du stress ne correspondaient cependant pas.

BADJA, MATHILDE HAUZY ET NISRINE BOUAZZA INTERVIEW PAR

PROPOS RECUEILLIS PAR

7 Interview
NAWEL
Qu’est-ce que l’architecture sensorielle ? Le gros problĂšme en France c’est que les cahiers des charges sont tous faits d’une certaine maniĂšre qui font qu’il ne faut pas suivre les cahiers des charges car ça ne correspond pas du tout. La grande philosophie de l’architecture sensorielle c’est de mettre au cƓur du dispositif la personne dĂ©ficiente alors que le cahier des charges fonctionne diffĂ©remment, c’est la fonction du bĂątiment, les encadrants et ensuite la personne dĂ©ficiente intellectuel alors moi je propose la personne dĂ©ficiente, les encadrants et la fonction du bĂątiment qui est secondaire. C’est difficile Ă  faire comprendre Ă  des maitres d’ouvrage car si vous voulez qu’un bĂątiment fonctionne bien il faut que les gens soient bien Ă  l’intĂ©rieur. L’élĂ©ment phare c’est la personne avec autisme. Si elle est dans un environnement rassurant, apaisant Ă  ce moment-lĂ  les personnes encadrante auront moins de travail et pourront appliquer les thĂ©rapies sur ces personnes mais si l’environnement est chaotique c’est plus difficile. Par exemple derniĂšrement j’ai eu un gros concours sur un centre sur AGHATE-PALOMA PASTRÉ, ROMANE-LIFANG BÉNARD
Je suis Emmanuel Negroni, je suis designer et je dĂ©veloppe depuis une vingtaine d’annĂ©es l’architecture sensorielle thĂ©rapeutique. Au dĂ©but j’intitulais ça architecture thĂ©rapeutique et cela m’a Ă©tait reprochĂ© par des scientifiques qui disaient que l’architecture n’étaient pas thĂ©rapeutique mais c’est Ă  peu prĂšs la mĂȘme chose. C’est adaptĂ© des environnements Ă  des personnes hypersensibles, Ă  toutes les personnes dĂ©pendantes dans des Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s et donc de concevoir des lieux aussi bien sur l’architecture que sur l’architecture d’intĂ©rieur jusque dans le mobilier adaptĂ© Ă  leur sensibilitĂ©. En fait il faut repenser complĂštement ce qu’on a l’habitude de faire et presque Ă  l’inverse de ce que l’on fait. La base de l’architecture sensorielle est de mettre au cƓur du cahier des charges la personne Ă  dĂ©ficience intellectuelle car petite prĂ©cision c’est trĂšs souvent des personnes Ă  dĂ©ficience intellectuelle, autisme, trisomie.

Quand j’ai expliquĂ© cela, on m’a repris en me disant que c’était les personnes qui encadrent l’important. L’idĂ©e n’avait pas Ă©tĂ© comprise, si vous trouvez l’apaisement auprĂšs d’une personne dĂ©ficiente ce sont les encadrants qui vont en bĂ©nĂ©ficier. Cela montre bien l’incomprĂ©hension et la difficultĂ© qu’il peut y avoir entre cette forme, cette adaptation de l’architecture sur des gens juste diffĂ©rents et pas moins bien ou quoi que ce soit mais il faut adapter l’environnement Ă  leurs diffĂ©rences. Ce sont les grandes lignes de l’architecture sensorielle. Pour en revenir Ă  cet oral j’ai compris quand j’ai entendu cela que le concours on ne l’avait pas. L’architecture sensorielle reste de l’architecture. Moi je suis designer de formation mais je travaille avec un confrĂšre architecte. C’est avoir une approche diffĂ©rente de concevoir un bĂątiment. On ne peut pas concevoir pour des gens diffĂ©rents des lieux de la mĂȘme façon. Regardez, une piĂšce comme celle-ci c’est une piĂšce qui ne correspond pas du tout Ă  des hypersensibles car rien ne fonctionne ici. L’éclairage ne peut pas ĂȘtre comme ça car c’est une source d’agression. L’écho est une deuxiĂšme source d’agression. Le mobilier disposĂ© comme ça. Les arrĂȘtes sur les murs ça ne peut pas fonctionner car pour des hypersensibles qui vont avoir envie de s’auto mutiler ils vont foncer dedans alors que c’est une salle de classe. Vous avez ce type de volumes dans les Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©es donc vous avez en France 98% des Ă©tablissements qui ne fonctionnent pas pour les hypersensibles, pour les personnes avec autisme.

Dans ce domaine on est peu mĂȘme Ă  travers le monde. Ce projet est un bĂątiment expĂ©rimentale oĂč finalement toute la recherche que j’ai pu dĂ©velopper aprĂšs par ce bĂątiment c’est une rencontre avec maitre d’ouvrage, un directeur d’établissement qui avait compris depuis un bon moment car on s’est rencontrĂ© en 2012 qui avait compris qu’il fallait repenser les bĂątiments et dans le cahier des charges ils demandaient de faire en gros comme des clapiers pour des lapins comme c’est le cas encore maintenant. On a un peu Ă©voluer mais pas beaucoup. J’ai jetĂ© le cahier des charges Ă  la poubelle et Ă  partir de ce moment-lĂ . On a eu la chance de le gagner et on a mis sept ans Ă  tout redĂ©velopper en partant d’une page blanche avec ce maitre d’ouvrage Ă©tant jean pierre blanchi, entre les Ă©tudes sur le bĂątiment et la rĂ©alisation. Le bĂątiment est sorti en 2017. On a travaillĂ© les volumes, les circulations, les cours, la luminothĂ©rapie trĂšs importante pour les ambiances par exemple. Et aujourd’hui ce bĂąti fonctionne, porte ses fruits et ce n’est qu’un dĂ©but et aprĂšs j’ai dĂ©veloppĂ© autre chose pour aller plus loin.

Avec ce projet vous avez dĂ©veloppĂ© cela. Vous avez fait l’école Boule

Oui et j’ai fait l’école de belingen ensuite.

Dans le projet « l’éveil du scarabĂ©e », on peut voir Ă  l’intĂ©rieur un jeu de lumiĂšre et un usage des couleurs en lien avec le bien-ĂȘtre des personnes hypersensibles. Comment vous vous y ĂȘtes pris pour prendre en compte cette sensibilitĂ©. Vous avez travaillĂ© avec des mĂ©decins, des psychologues ou en simple observations comportementales et en parlant avec les personnes concernĂ©es ?

Vous avez dĂ» travailler plutĂŽt les ambiances. J’ai enseignĂ© aprĂšs et cela ne ce faisait pas tant que ça. J’ai essayĂ© par mon cours de dĂ©velopper ça. Ce n’est pas une spĂ©cificitĂ© de designer, d’architecte d’intĂ©rieur ou un architecte aprĂšs c’est une sensibilitĂ©. Les trois professions sont trĂšs proches. C’est français de sĂ©parer les professions mais vous avez dans d’autres pays c’est une mĂȘme chose, un concepteur.

Quand vous Ă©tiez Ă©tudiant comme nous ce n’était pas quelque chose auquel vous pensiez dĂ©jĂ  ?

8 Dossier PremiĂšre partie

Pas du tout. C’est plutĂŽt un geste de rĂ©volte quand j’ai vu comment on traitait ces gens-lĂ , ces personnes diffĂ©rentes, c’était presque les considĂ©rer comme des sous-hommes et je pĂšse mes mots parce que je connais bien le domaine maintenant et donc je n’ai pas acceptĂ© tout simplement et je me suis dit si mon mĂ©tier doit servir Ă  quelque chose au moins qu’il serve Ă  ça. Sept ans pour dĂ©velopper un projet c’est trĂšs long surtout que ce n’était pas un gros projet mais 1 200 m2 mais je me suis formĂ© grĂące Ă  cela, j’ai appris et aprĂšs j’ai continuĂ© Ă  dĂ©velopper ça.

il faut avoir une relation au terrain car je ne suis pas touchĂ© personnellement autour de moi par des personnes avec autisme. Des conseils Ă  donner par rapport Ă  la vie Ă©tudiante. Comment on peut concilier les Ă©tudes d’architecture ou la profession avec une autre passion ou autre chose qui pourrait nous aider Ă  mieux comprendre l’architecture ?

Vous avez dĂ©veloppĂ© dans votre agence une cellule appelĂ©e « l’architecture et le design sensoriel », qu’entendez-vous par lĂ  et quels ont Ă©tĂ© les fruits de ces recherches ?

Les projets classiques je ne m’en occupe plus maintenant et moi je travaille que les projets d’architecture sensorielle et au travers de cela. L’évolution de ce domaine-lĂ  je le fais beaucoup au travers des concours d’architecture ou de projets. Je le dĂ©veloppe aussi au travers d’un vĂ©cu sur le terrain c’est trĂšs important. La thĂ©orie c’est bien mais il faut ĂȘtre confrontĂ© Ă  la rĂ©alitĂ©. A cĂŽtĂ© de ça je dirige une salle de boxe anglais Ă  Paris, « le ring parisien », et dans cette salle j’ai dĂ©veloppĂ© des cours pour personnes dĂ©ficientes intellectuelles et notamment d’autisme et aussi des projets pour des personnes atteintes d’Alzheimer. J’ai quatre groupe, un plus spĂ©cifique Ă  l’autisme, un Ă  la dĂ©ficience intellectuelle et Ă  la trisomie, un avec des troubles cognitifs et lĂ  j’essaye de dĂ©velopper un groupe pour personnes atteintes d’Alzheimer. Donc je suis confrontĂ© au terrain constamment. Demain j’y serais donc ça aussi ça me permet d’observer, d’ĂȘtre en contact avec eux, de comprendre les choses. J’ai aussi visitĂ© Ă©normĂ©ment d’établissement Ă  travers la France, j’ai fait des enquĂȘtes pour les ARS pour les bĂątiments dĂ©jĂ  en place ce qui me permet de dire qu’il y a 90% des bĂątiments qui ne fonctionne pas, trĂšs mal ou en tout cas pas adaptĂ©. Je ne mets pas en cause les gens qui sont Ă  l’intĂ©rieur qui y travaillent mais le fonctionnement du bĂątiment et je fais aussi des recherches mais

Il faut observer. L’architecture n’est qu’un outil. Un rĂ©sultat d’observations de la vie qui se passe autour de nous. L’architecture doit supporter la vie. Ce ne sont pas que des traits, des barres ou des dessins. Je vois plus l’architecture comme un outil donc toutes passions autour peut amener quelque chose. Il faut rester ouvert, s’inspirer de ce qui se passe autour de nous et c’est surtout une rĂ©flexion sur comment on voit l’avenir. L’architecture n’est pas un instant T, c’est un bĂątiment que l’on construit pour les vingt ou trente ans qui vont venir et donc il faut anticiper la sociĂ©tĂ© de demain constamment. L’architecture sensorielle est une rĂ©ponse Ă  cela. On anticipe la sociĂ©tĂ© de demain. Une rĂ©flexion des annĂ©es Ă  venir. Et vous vous ĂȘtes dans une pĂ©riode trĂšs intĂ©ressante pour cela car un peu bousculĂ©e philosophiquement et donc une charniĂšre trĂšs intĂ©ressante beaucoup plus que notre Ă©poque en tant que concepteur et architecte.

«L’architecture n’est qu’un outil. Un rĂ©sultat d’observations de la vie qui se passe autour de nous.

L’architecture doit supporter la vie.»

9

Vous travaillez aussi sur le mobilier, pour vous il faut travailler l’architecture avec le mobilier ou vous avez travaillez le mobilier pour permettre une meilleure vie pour les personnes atteintes d’autisme ?

Oui tout est liĂ©. On ne peut pas faire une piĂšce vide. J’ai remarquĂ© que tout ce qui est au mur n’est pas touchĂ© par les personnes en crise. C’est quand l’environnement l’agresse. Pour une lumiĂšre comme ça n’est pas trĂšs agrĂ©able, pour une personne hyper sensible c’est une souffrance. L’écho est une souffrance. Le mobilier a donc une grande importance car dĂšs la premiĂšre crise c’est ce qui va ĂȘtre touchĂ©, dĂ©placĂ©, volĂ©. J’ai remarquĂ© que quand le mobilier est intĂ©grĂ© au mur ils n’y touchent pas. C’est un constat, je ne pourrais pas en faire une gĂ©nĂ©ralitĂ©, je ne suis pas scientifique. On parle d’inclusion. On dit qu’il faut les intĂ©grer dans les Ă©coles mais il faut penser Ă  la suite car ces environnement ne correspondent pas. Le mobilier a donc son importance autant que les volumes, que la forme du bĂątiment Ă  l’extĂ©rieur. Il ne faut pas que le bĂątiment soit dominant car ça va impressionner la personne. La frontiĂšre entre l’extĂ©rieur et l’intĂ©rieur est trĂšs importante. Il ne faut pas de frontiĂšre trop importante avec des contrastes, des ombres. Il faut que ce soit le plus fluide possible. L’architecture, la volumĂ©trie du bĂątiment, l’intĂ©rieur et le design doivent ĂȘtre liĂ©

J’ai du mal Ă  le faire comprendre et tant que l’on ne changera pas cette approche par rapport Ă  cette diffĂ©rence on aura que des bĂątiments inadaptĂ©s.

Il y a beaucoup de projets pour les personnes en situation de handicap ?

Il n’y en a pas assez. La France a Ă©tĂ© condamnĂ©e plusieurs fois par la cour europĂ©enne parce qu’en France ils envoient tout le monde en Belgique et que c’est devenu en Ă©nergique un peu un business avec des Ă©tablissements pour accueillir un maximum de monde. Il faut changer la pensĂ©e, la rĂ©flexion que l’on a sur le cahier des charges, c’est primordial.

Faire des établissements spécialisés pour les personnes en situation de handicaps ça ne serait pas les exclure ?

Je parlais des personnes handicapĂ©es non verbaux ce qui reprĂ©sente environ 40%. En revanche vous avez des personnes autistiques qui peuvent trĂšs bien s’intĂ©grer. On va de la dĂ©ficience intellectuelle au haut potentiel. Il y a donc une partie qui peut s’intĂ©grer et une autre partie que l’on cache, ceux que l’on ne veut pas voir et lĂ  il leur faut des Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s qui existent pour les apaiser. Il faut les prendre comme des cocons et pas comme un enfermement qui est la philosophie d’avant. Un bĂątiment spĂ©cialisĂ© doit ĂȘtre ouvert sur l’extĂ©rieur, ouvert sur la ville. Je refuse que mes coachs aillent dans les Ă©tablissements mais que les personnes viennent au « ring parisien ». C’est important mais il faut aussi un lieu apaisant pour qu’ils puissent se reposer, que l’on puisse appliquer les thĂ©rapies que l’on appellent IEM, des Ă©coles spĂ©cialisĂ©es. Moi je parlais plutĂŽt des personnes non verbales, des diffĂ©rences trĂšs grandes avec le monde ordinaire.

10 Dossier PremiĂšre partie
Archivision - mobilier pour le repli sur soi

Dans ces projets il y a un bureau d’étude, des architectes, des constructeurs, pensez-vous qu’une Ă©quipe mĂ©dicale avec des mĂ©decins et psychologues doivent aussi intervenir ?

Bien sĂ»r. On considĂšre souvent l’architecte comme un exĂ©cutant beaucoup trop qui n’a pas son mot Ă  dire et doit faire ce qu’on lui dit ce qui est faux car les spĂ©cialistes de la volumĂ©trie c’est eux. Ce doit ĂȘtre un Ă©change. Il y a un gros problĂšme d’échange entre le onde mĂ©dicale, le monde scientifique et le monde artistique. C’est dommage car l’évolution pour ce domaine ne peut se faire que par-lĂ  par un Ă©change de compĂ©tences. C’est difficile de le faire comprendre Ă  des scientifiques soit disant spĂ©cialisĂ©e lĂ -dedans. Ils sont spĂ©cialisĂ©s mĂ©dicalement mais l’environnement c’est plus le problĂšme de l’architecte. Il s’agit d’hypersensible donc tout est liĂ© Ă  l’environnement. Il faut le mĂ©lange des professions et il n’y en a pas assez.

J’ai beaucoup de mail d’étudiants en architecture du monde entier qui me pose des questions sur mon travail et je m’aperçoit que ma gĂ©nĂ©ration aussi bien du cĂŽtĂ© concepteur que du cĂŽtĂ© maitre d’ouvrage n’est pas intĂ©ressĂ©e. C’est un problĂšme gĂ©nĂ©rationnel. Ça n’intĂ©resse que vous et notamment les pays du Maghreb tunisiens, marocains et algĂ©riens. Le QuĂ©bec aussi, anglo-saxon, peu l’Europe France, Espagne, Italie non. C’est surtout votre gĂ©nĂ©ration qui s’intĂ©resse peut-ĂȘtre plus Ă  la sante mentale quand avant c’était plus cachĂ©.

C’est un domaine passionnant qui donne une utilitĂ© au mĂ©tier et Ă  dĂ©velopper Ă©normĂ©ment encore.

Je faisais des mĂ©diathĂšques, des bĂątiments et quand j’ai dĂ©couvert ça c’est trĂšs intĂ©ressant dans la mesure oĂč ça vous remet en cause pour tout constamment et tout l’intĂ©rĂȘt est lĂ .

Pourquoi avoir acceptĂ© l’interview ?

Et pour finir avec la traditionnelle derniÚre question en lien avec le titre de notre journal, que vous évoque la double hauteur ?

Une vision différente.

11
Archivision - Unité de vie

De architectura

Amancio Williams (1913 – 1989) est la figure principale de l'architecture moderne en Argentine.

Fasciné par Le Corbusier qu'il considÚre comme "son grand maßtre" ; ils entretiennent une correspondance et s'occupe de la construction de la Casa Curutchet à Mar del Plata de 1948 à 1954.

Amancio Williams développe le projet pour le parc de la Villette sur la fin de sa carriÚre, il réalise une réunion des grands projets qu'il a développés tout au long de sa vie. On retrouve deux figures principales : son modÚle de salle pour spectacles plastique et sonore ainsi que le systÚme de toiture modulaire.

L'idĂ©e pour le parc de la villette Ă©tait de rĂ©aliser un parc "habitĂ©", qui accueille un certain nombre d'infrastructures. Pour rĂ©pondre Ă  cette demande A. Williams, propose de placer les pavillons d’activitĂ©s sur le pĂ©rimĂštre du parc afin de libĂ©rer le centre pour les espaces plantĂ©s. Au bord du canal de l’Ourcq, une passerelle surĂ©levĂ©e permet une vision panoramique sur les environs. A l’Est de l’entrĂ©e du parc, sur la place de la Fontaine aux Lions, A. Williams place son prototype de salle de spectacle qui dans ce cadre-ci deviennent les salles d’auditorium de la future citĂ© de la musique.

12
PAR AXEL ROSSI
Vie étudiante
ILLUSTRATION PAR SOFIA SHAD
DeuxiĂšme partie

La coupe de ce bĂątiment, conçu comme des ailes de papillons, permet Ă  chaque file de spectateurs de recevoir une quantitĂ© sonore Ă©quivalente en jouant sur les diffĂ©rentes proportions entre sons direct et indirect. Ceux proches de la scĂšne recevront une grande quantitĂ© d’ondes sonore directe et peu d’indirect, et inversement pour ceux du fond. La grande particularitĂ© qu’il a voulu introduire dans ce théùtre est de profiter des caractĂ©ristiques qu’offre le plan circulaire pour faire en sorte que le volume entier devienne la scĂšne. En effet les installations qui sont placĂ©es dans l’espace pourront ĂȘtre vues par tous les spectateurs. Il nomme ces lieux : “Salle pour spectacles plastique et sonore dans l’espace”. De l’extĂ©rieur le volume se prĂ©sente comme une masse pleine, ceinturĂ©e par le couloir d’accĂšs Ă  la salle. La puissance du volume est contrastĂ©e par la dĂ©licatesse avec lequel il vient toucher le sol, le tracĂ© de la course du soleil dessine une ombre courbe qui accentue l’effet de gyroscope.

Les activités formant le contour du parc sont regroupées sous différents pavillons. Les toits surélevés qui couvrent les pavillons marquent leur présence dans le projet. Ils reprennent une recherche déjà lancée sur les coques en béton armé et utilisées pour d'autres concours comme notamment celui pour trois hÎpitaux à Corrientes. Sous ces grands toits toutes sortes d'activités prennent place : jardins, espaces couverts, restaurants, spectacle en plein air...

Cette toiture est composĂ©e de l’assemblage de modules carrĂ©e reposant chacun sur un pilier central. Entre le pilier et la coque en bĂ©ton se trouve une bague mĂ©tallique, crĂ©ant un Ă©clat lumineux lorsqu’elle se trouve frappĂ©e par le soleil ; de cette maniĂšre le point d'appui disparaĂźt et la coque se libĂšre. L’assemblage de ces coquilles ondulĂ©es laisse voir une toiture suspendue, un nuage abstrait dans le ciel parisien.

13

Le Paris Haussmann rĂ©inventĂ© grĂące Ă  l’intelligence artificielle

Alors que l’utilisation de l’intelligence artificielle est de plus en plus dĂ©battue dans les milieux artistiques, il s’avĂšre que grĂące Ă  l’utilisation d’intelligences artificielles comme midjouney ou GTPA13, Vincent Callebaut, spĂ©cialiste des villes verte, peut proposer un projet du Paris Haussmann revisitĂ© par l’intelligence artificielle. Cette proposition s’inscrit dans « Paris Smart City 2050 » qui a pour but d’anticiper la dĂ©gradation Ă©cologique et ramener la nature dans la ville. Le projet met le ton sur le dessin d’ilots de fraicheur urbain en rĂ©intĂ©grant la nature, la biodiversitĂ© et l’agriculture en permaculture au cƓur de Paris. Ces bĂątiments ou bien comme Vincent Callebaut les nomment ces Archibiotic mĂȘlent architecture, Bio comme le biomorphisme, le bionique, le bio mimĂ©tisme et la TIC (Technologie de l’information etde la communication). Ces bĂątiments intelligents devraient intĂ©grer les Ă©nergies renouvelables grĂące Ă  des bases de la biomasse afin de produire leurs propres Ă©nergies et Ă©galement de recycler leurs propres dĂ©chets.

Exposition al Thani

L’hĂŽtel de la marine prĂ©sente une nouvelle exposition sur la collection italienne Al thani, une des collections privĂ©es les plus prestigieuses du monde. Cette collection est Ă  l’hĂŽtel de la marine Ă  l’occasion de la restauration de Galleria Giorgio Franchetti alla Ca’d’oro, palais emblĂ©matique de Venise. Dans cette exposition on retrouve des tableaux illustres des peintres de la renaissance tels que Gentile Bellini, Andrea Riccio ou bien Andrea Mantegna. On y retrouve, Ă©galement, des piĂšces de toutes Ă©poques de la MĂ©sopotamie, Ă  l’époque Ă©gyptienne. C’est aussi l’occasion de redĂ©couvrir l’hĂŽtel de la marine, bĂątiment emblĂ©matique dans l’histoire de la rĂ©volution puisqu’il Ă©tait l’ancien garde de meubles de la couronne. La visite nous invite Ă  dĂ©couvrir les dorures des salles d’apparat, de parcourir les salles de bals au rythme de l’époque et en fin d’aprĂšs-midi d’observer un sublime coucher de soleil sur la place de la concorde.

14
Actualité PAR
@ Vincent
Callebaut Architectures

Mental Obsession

FONDATION GOODPLANET

Il existe un lieu vĂ©ritablement prĂ©cieux au cƓur du Bois de Boulogne, propriĂ©tĂ© de la ville de Paris mais ouvert Ă  tous. Si l'Ă©cologie et la sauvegarde du monde vous tiennent Ă  cƓur, vous ne pouvez vraiment pas Ă©viter une visite Ă  la Fondation GoodPlanet.

Créée en 2005 par le journaliste et photographe Yann Arthus-Bertrand (connu du grand public comme l'un des cĂ©lĂšbres photographes de National Geographic), la Fondation, au fil des annĂ©es, a Ă©tĂ© reconnue d'utilitĂ© publique et depuis 2015, la Ville de Paris lui a accordĂ© une rĂ©sidence dans un ancien chĂąteau, entourĂ© de 5 hectares de forĂȘt, au cƓur de Boulogne.

À l'intĂ©rieur du chĂąteau, on peut assister Ă  des expositions, des confĂ©rences, des projections de films, des concerts et de petits ateliers. Le fil conducteur est toujours le "vivre ensemble" et le respect de l'homme et de la nature.

La programmation permanente à l'intérieur du chùteau comprend l'exposition Human, un film documentaire réalisé par Yann Arthus-Bertrand témoigne de la position des hommes et des femmes de toute la Terre sur des questions « clé » telles que l'amour, le bonheur, la violence, la haine, le désir, la coexistence et la religion.

La programmation temporaire comprend des Ă©vĂ©nements de nature diverse, allant de confĂ©rences sur le maintien de la biodiversitĂ© Ă  des ateliers de rĂ©cupĂ©ration de vĂȘtements, en passant par un marchĂ© de producteurs locaux de farine et de lĂ©gumes.

Le thĂšme de la sauvegarde de la planĂšte est traitĂ© comme un nƓud fondamental de la sociĂ©tĂ© et de nombreux projets de sensibilisation et d'action sont dĂ©veloppĂ©s autour de ce thĂšme.

15 PAR
MARSJOLA GJERGIJ

Trieste comme ma poche...

sous la plume

YASMINE MARROUCHI et le coup de crayon

La ville Piazza unitĂ 

Trieste est une ville situĂ©e au nord-est de l’Italie sur les bords de la mer adriatique. Elle profite d’un cadre unique prĂšs des frontiĂšres de la SlovĂ©nie et de la Croatie. GrĂące au rĂŽle central de son port, elle est depuis toujours un point de rencontre entre l’Orient et l’Occident. Il faut prendre le temps de flĂąner dans ses ruelles et sur ses places, bordĂ©es de palais nĂ©oclassiques pour tenter de capter l’état d’esprit de cette ville, Ă  nulle autre pareille. Son histoire, mĂȘlant des Ă©lĂ©ments latins, germaniques et slaves, a donnĂ© Ă  Trieste une Ăąme cosmopolite et dynamique, profondĂ©ment ouverte Ă  la rencontre des cultures, des langues, des religions et des traditions.

RĂ©alisĂ©e au milieu du XIXĂšme siĂšcle, la Piazza UnitĂ  est la plus vaste place d’Europe Ă  s’ouvrir sur la mer. Elle est bordĂ©e sur trois cĂŽtĂ©s de palais du XIXĂšme siĂšcle. On retrouve au fond, le majestueux bĂątiment de l’HĂŽtel de ville ; Ă  gauche le palais du Gouvernement et le CaffĂš degli Specchi, l’un des cafĂ©s historiques de la ville ; Ă  droite, le palais de la compagnie de navigation Lloyd Triestino (18801884) aujourd’hui siĂšge du Conseil GĂ©nĂ©ral, que prĂ©cĂšde le Grand hĂŽtel Duchi d’Auosta, bĂąti en 1873. Au centre de la place, la fontaine des quatre continents reprĂ©sente le monde connu Ă  l’époque et cĂ©lĂšbre la fortune Ă©conomique de la ville.

16

Palazzo del Municipio

L’HĂŽtel de ville (Palazzo del Municipio) fut construit par l’architecte triestin Giuseppe Bruni entre 1873 et 1875. Il s’agit d’un Ă©difice de style Ă©clectique. La façade principale donne sur la piazza UnitĂ  d’Italia et se compose de deux corps latĂ©raux de quatre Ă©tages et d’un corps central plus haut d’un Ă©tage. Au centre, s’élĂšve la tour de l’horloge. On peut apercevoir en son sommet deux statues, qui rendent hommage aux deux hommes qui sonnaient les carillons Ă  l’époque : Micheze et Jacheze. Elles ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par des copies en 1972. Il est toujours possible d’admirer les originales, faites-en bronze, Ă  l’entrĂ©e du chĂąteau de Saint Just.

Cathédral de Trieste

La CathĂ©drale de Saint Just de Trieste (Cattedrale di San Giusto) se situe sur la colline de Saint-Just. Elle fut fondĂ©e au VĂšme siĂšcle Ă  l’emplacement d’un Ă©difice culturel romain. À la mĂȘme Ă©poque, une petite chapelle commĂ©morative est construite prĂšs de la cathĂ©drale. Les deux Ă©difices cĂŽtes Ă  cĂŽtes furent unifiĂ©s par la crĂ©ation d’une nef centrale au XIVĂšme siĂšcle Ă  l’initiative de l'Ă©vĂȘque Rodolfo Pedrazzani da Robecco pour ne former plus qu’un seul bĂątiment.

La façade, percĂ©e d’une belle rosace gothique, est ornĂ©e d’un bas-relief avec des portraits provenant d’un sĂ©pulcre romain. L’intĂ©rieur recĂšle de magnifiques mosaĂŻques d’écoles vĂ©nitiennes. Dans l’abside droite, figure le Christ entourĂ© par St Just et St Servolo avec des fresques du XIIIĂšme s. Nous pouvons apercevoir dans l’abside gauche, la Vierge en majestĂ©, les archanges Michel et Gabriel et les apĂŽtres. Le trĂ©sor (nef gauche) conserve la hallebarde dite de St Serge qui est devenue le symbole de la ville de Trieste.

17

PFE Architecture et psychologie

La prise en compte des connaissances apportĂ©es par la Psychologie environnementale d’un centre de consultation, de formation et de recherche en psychologie de la santĂ©.

Etudiant : Thomas Muia

Ecole Nationale supĂ©rieure d’architecture de Nancy

Année : 2018-2019

Ce PFE porte sur l’extension du centre Pierre Janet Ă  Metz. Dans ce projet l’étudiant propose une nouvelle implantation pour l’agrandissement du centre et explore diverses pistes architecturales liĂ©es Ă  la Psychologie environnementale. Tout dĂ©bute en 2015, le centre est victime de nuisances sonores et visuelles. L’analyse de l’étudiant met en Ă©vidence des espaces inadaptĂ©s Ă  l’usage, et un nombre insuffisant de salles. Pour y remĂ©dier l’UniversitĂ© de Lorraine propose d’allouer le dernier Ă©tage du bĂątiment pour accueillir les nouveaux locaux. Cependant cette proposition est peu adaptĂ©e du fait de problĂšmes confidentialitĂ©, visuels et sonore.

La nouvelle implantation proposĂ©e par l’étudiant est une clairiĂšre situĂ©e prĂšs du plan d’eau de Metz. Un “lieu de sĂ©rĂ©nitĂ©â€ au milieu de la nature prĂ©sentant la privacitĂ© visuelle et sonore prĂ©conisĂ©e par la psychologie environnementale. Il distingue le programme en diffĂ©rents pĂŽles : consultation, formation, administratif, circulations et autres.

Enfin l’étudiant propose une analyse thĂ©orique de l’espace architectural pour concevoir les nouveaux locaux. Se basant sur le travail de Jean Cousin, il identifie les espaces positifs (statique) et nĂ©gatifs (dynamique). Par exemple les salles de consultation sont des espaces positifs. Par la suite il Ă©numĂšre une sĂ©rie de procĂ©dĂ©s architecturaux pouvant avoir des effets sur le comportement des individus : l’ellipse de vision, l’ouverture sur l’extĂ©rieur, le cheminement. Ceci dans le but de proposer, par l’apport thĂ©orique, des pistes architecturales favorisant le confort des usagers.

18

Une sortie au théùtre

“Dans les cordes” est la nouvelle piĂšce de Pauline Ribat jouĂ©e au Théùtre 13. Cette derniĂšre traite notamment des relations amoureuses Ă  l’ùre du numĂ©rique. Entre un couple au bord de l’implosion, dĂ©voilement des fantasmes numĂ©riques, et dĂ©mythification du “prince Chamant”, “Dans les cordes” bouscule... Mais dans le bon sens ! Une piĂšce drĂŽle et intelligente, pointant les dĂ©rives du virtuel dans nos relations amoureuses, sans pour autant en nĂ©gliger les bienfaits. Durant ces deux heures (qui n’en paraissent qu’une), la tension monte jusqu’à l’apothĂ©ose finale dont personne ne sortira indemne... À ne pas manquer !

19
Pierre Guignot

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
#16 janvier 2023 - Architecture et psychologie by Double Hauteur - Issuu