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Actualités artistiques
from #5 Octobre 2019
Nous les Arbres
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Le sujet des arbres est de mode depuis quelques temps, le succès du livre du garde forestier Peter Wohlleben, La vie secrète des arbres, lançant probablement la voie.
Aujourd’hui ce serait 15 milliards d’arbres coupés chaque année, et environ un terrain de foot de forêt qui disparaîtrait chaque minute dans le monde.
La Fondation Cartier pour l’art contemporain, avec pour commissaire l’anthropologue Bruce Albert, réunit autour du sujet des arbres: botanistes, artistes, vidéographes, peintres, graveurs, dessinateurs, designers pour nous parler de ces êtres intelligents dont nous avons beaucoup à apprendre.
Les arbres et leur savoir semblent redécouverts ces dernières années avec un engouement pour leurs pouvoir de communication, leur sensibilité, leur mémoire ou encore leur pouvoir de régulation du climat. Êtres vivants, victimes de massacres de masse dont on parlerait bien plus s’il s’agissait de vaches ou de poussins, les arbres subissent beaucoup alors qu’ils étaient présents à la base bien avant nous. La première forêt daterait en effet de 385 millions d’années et représentait 82,5% de la biomasse. Les arbres sont une vieille espèce comparée à l’Homme qui, ne représente quand à lui que 0,01 % de la biomasse, et n’est présent sur Terre que depuis trois cents mille ans.
Est-ce une exposition pour attaquer l’anthropocentrisme ? Non, sans doute pas, l’intelligence des arbres, pourtant reconnue, n’y est pas abordée. Il est en effet plutôt question des aspects esthétique, écologique et paysage.
Ainsi on peut y voir de beaux témoignages de ceux qui les côtoient quotidiennement dans une vidéo signée par Raymond Depardon, ou encore de magnifiques dessins de l’architecte Cesare Leonardi et la designer Franca Stagi dressant le portrait typologique de 374 types d’arbres au 1/100, chaque arbre étant représenté en été et en hiver, avec et sans feuilles. On peut également découvrir des dessins du botaniste-voyageur Francis Hallé, qui dessine les arbres pour les étudier, bouts par bouts pour mieux les comprendre; ces dessins, par leur finesse, deviennent de véritables oeuvres d’art. Sont également présentés des dessins d’artistes amérindiens d’Amazonie représentant leur milieu de vie, une sorte de bouteille à la mer en faveur de la défense des forêts.
De belles représentations de ces êtres que l’on côtoie sans voir.
Alors faut-il aller au musée pour entendre parler des arbres ? Qu’il soit question d’interviews, de documentaires, ou d’oeuvres, faut-il choisir les artistes plutôt que les scientifiques ? De nos jours, est-ce plus important de voir une représentation esthétique d’arbres et d’en parler dans un lieu clos ? Plutôt de les côtoyer, d’aller à leur rencontre? D’en prendre soin, d’en planter ou de les préserver par des actions concrète?
Pauline Colon
Vers les étoiles
Ad Astra est un film de James Gray - jusqu’à ce jour inconnu au bataillon. Toutefois si vous aimez les films de science-fiction, Brad Pitt, ou même les deux, n’attendez plus.
Surtout, ne regardez pas la bande annonce car bien que celle-ci soit très esthétique, c’est un spoiler des moments les plus émouvants du film. Par ailleurs, il est préférable de voir ce film sur grand écran pour une immersion totale - il est sorti le 18 septembre, il vous reste encore un peu de temps.
Ad Astra, très bien réalisé, offre des plans sublimes de l’Espace, similaire à « Gravity », un scénario troublant - souvenez-vous d’« Interstellar » - qui pose les questions : est-ce que l’Être Humain sur Terre est la seule forme de vie dans l’Univers ? Jusqu’où est capable d’aller l’Homme pour la conquête spatiale ?
Et bien entendu, nous nous attachons très rapidement au héros stoïcien de Roy, qui incarne à sa manière la condition Humaine.
Léa Balmy
Francis Bacon à Pompidou
Un univers d’images, d’associations spontanées et de corps déformés… Lorsque les peintures de Bacon s’invitent à Pompidou, elles nous ouvrent un spectacle d’une étrangeté complexe et profonde.
Dans la scénographie simple de l’exposition, entre les célèbres triptyques, et portraits aux visages flous, grimaçants, des niches sont créées. Des voix y résonnent. Eschyle, Nietzsche, Bataille, Leiris, Conrad ou encore Eliot y sont lus. Ce sont les mots, entre autres, qui inspirent Bacon, ces mots qui lui évoquent des images, ces images qui transcendent la réalité pour lui donner un sens nouveau.
Les ombres, les couleurs, les formes… Que signifie cette vie menacée - sans cesse - par la mort ? Que signifient ces visages aux expressions déconstruites ? Loin de tout mettre à découvert, l’exposition nous offre cependant une intéressante triangulation entre l’artiste, ses inspirations et ses productions.
Flâner, s’asseoir, regarder et écouter patiemment sont peut-être les meilleures manières de laisser tout ceci infuser ; nous rapprochant un tantinet plus des intrigantes productions de Bacon. Ce dernier se révèle être une personnalité remarquable. Le discours et le rapport qu’il entretient avec ses œuvres parlent d’eux même ; c’est pourquoi je vous invite également à feuilleter le livre Entretiens avec Francis Bacon de David Sylvester qui ouvre le dialogue et nous aide à compléter notre compréhension de l’artiste.
Valora Brice
Hiroshi Sugimoto / William Forsythe
Tu n’as jamais assisté à un ballet ou tu hésites entre danse contemporaine et danse classique ? La représentation à l’Opéra Garnier réalisée par Hiroshi Sugimoto et William Forsythe est faite pour toi !
Composée de deux parties, “At the Hawk’s Well” offre, au cours de ses quarante premières minutes, une chorégraphie contemporaine entre rêve et réalité où est interrogé le passage du temps, la question de l’entre deux, sur une musique de Ryoji au décor brumeux.
Arrive, après l’entracte, la reprise de “Blake Works I” créé en 2016 par William Forsythe au rythme plus classique et au style euphorisant. Pendant près de 30 minutes encore les danseurs seront ainsi accompagnés par une sélection de chansons du compositeur James Blake.
Lucie Melot