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de architectura

Le double vi(e)sage du Centre National de la Danse de Pantin : Une métamorphose manifeste du « Palais du Peuple » de Jacques Kalisz

Sur les rives minérales aux reflets ondulants du Canal de L’Ourcq, se dresse, ancré fièrement face à la rivière artificielle, un « vaisseau de béton » qui abrite le Centre National de la Danse de Pantin.

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Un palais massif aux formes pures et à la géométrie marquée construit en par l’architecte-militant Jacques Kalisz, connu tardivement pour ses œuvres comme L’Ecole d’Architecture de la Défense ou encore son affiliation à l’AUA. Cet édifice iconique de la « ceinture rouge » parisienne occupait ainsi anciennement la fonction de Centre Administratif où se regroupait, une myriade de services rattachés à la ville (tribunal, commissariat, syndicat, emploi).

Authentique retranscription de la pensée utopico-marxiste de l’époque et symbole de la rupture avec l’architecture « bourgeoise et passéiste » de l’Ecole des Beaux-Arts, ce chef d’œuvre du Brutalisme, long de 150 mètres et haut de 18 mètres, ne doit pourtant sa survie qu’à la reconversion de ses lieux en un nouveau pôle artistique de danse en 2004 par les architectes Antoinette Robain et Claire Guieysse.

Si les architectes, lauréates de l’Equerre d’Argent, ont pris le parti - avec une intervention d’une grande finesse - de conserver à l’état brut cette « ville dans la ville », ce n’était que pour en signaler la brillante radicalité et la richesse patrimoniale du lieu.

En effet, ce manifeste irréfragable à la gloire de la technique et du béton présente un certain nombre d’innovations architecturales. Les façades « totem » aux formes aztèques d’où se projettent les volumes intérieurs ont été conçues dans le but de signaler les différentes fonctions du bâtiment. L’entrée quand à elle monumentale et minimaliste,, située face à la rue, permet de dévoiler au passant, grâce à sa parure de verre, l’imposant escalier à double révolution qui dessert tous les étages.

Pour cette réhabilitation, les architectes Robain & Guieysse ont pris le parti de ne pas entrer en rivalité avec le bâtiment existant mais plutôt de créer un système intérieur de « boîte noire » réversible pour tenter d’allier les différents éléments du programme tout en dialoguant avec le « lourd squelette de béton ». Pour lui rendre toute sa noblesse. Des plaques d’aluminium peintes en noires ainsi que tout un florilège de dispositifs architecturaux (le monumental mur-écran en stuc rouge, les persiennes dépliables ») et signalétique (les néons d’Hervé Audibert) ont permis de ne pas dénaturer le bâtiment tout en lui donnant une nouvelle identité.

Le C.N.D, par son dialogue intérieur-extérieur, entre passé et présent, peut à nouveau arborer sa couronne de lauriers gris et s’inscrire au Panthéon des exemples de cohabitation entre deux formes de radicalités architecturales.

Vincent Richard du Perron

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