N°13 // avril - mai 2022 // Gratuit Architecture de l’artisanat Vie étudiante Un chantier participatif en Touraine De architectura Le Shape village de Saint-Germain-en-Laye Actualité Prix Pritzker 2022 Journal étudiant de l’ENSA Paris Val-de-Seine interview Ciguë architecte © Photo : Damien Grenon
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L’artisanat, le savoir-faire, la fabrication, sont des termes encore utilisés aujourd’hui en école d’architecture – avec par exemple le domaine d’étude « Faire » en master.
Pourtant, beaucoup d’étudiants ont cette même impression d’être en crise de savoir-faire. Pour comprendre cela, il suffit de calculer le taux de fréquentation de l’atelier bois de notre école et de comparer la taille des ateliers de fabrication des ENSA en France avec celles des universités américaines. Mis à part l’exclusif cours de projet Cycle de la Matière, une construction à échelle 1 :1 d’un pavillon de réemploi par les M1, il suffit d’observer le désengagement global des enseignements de l’école sur la question. Entre l’incitation en cours de projet à dessiner « des détails au 10e » sans pour autant nous expliquer comment faire véritablement et les cours magistraux de construction, voire même des TD, qui n’incluent pas une seule visite de chantier - il
n’y a rien de plus passionnant que se retrouver face à des photos de chantier affichées sur un Power Point. Pour réaliser à la sortie de l’école que l’on n’a même pas retenu ce qu’était un assemblage tenon-mortaise, puis lors de notre premier stage en agence, nous tombons des nues face à ce dilemme : choisir entre « Autocad & ennui bureaucratique » ou « Chantiers & grosses galères ». Enfin, évitons les digressions. Est-ce que l’artisanat a sa place en école d’architecture ? Ce que l’on ne peut pas nier est l’intérêt que portent de nombreux étudiants en architecture à la question car pour la première fois chez Double Hauteur nous avons votés nos thématiques via un sondage sur Instagram –technique de la génération Z – afin de demander l’avis de nos lecteurs. Figurez-vous que le thème « architecture et artisanat » est arrivé en tête des sondages !
Léa Balmy
Maquettiste
Léa Balmy Pauline Toussaint Vincent Richard du P. Mathieu Khairallah Présidente Vice-présidente Co -Rédacteur chef Co -Rédacteur chef
Valora Brice Thomas Nodari Co -Trésorière Co -Trésorier Johanna Lepante B. Secrétaire
Rodrigo Romero S. Camille de Ruffray Romane Bernard Jean-Cassien Marmey Iliona Médard Valentin Bonvarlet
Paul Priel
Ornella Trantoul Laure Manissadjan
Baptiste Du Laurent Agathe-Paloma Pastré
Ainsi que , Dorianne Dupré, Martin Lefevre et Safaa Sentissi
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L’équipe
Architecture de l’artisanat SOMMAIRE
DOSSIER
VIE ÉTUDIANTE
Extrait
Faisons-nous fausse route en ne devenant qu’architectesconcepteurs ?
« (Re) faire classe en extérieur » p.4
ACTUALITÉ
ARCHITECTURALE
De architectura
Mental obsessions Pfe du mois
Mettre en valeur les potentiels locaux afin de réécrire une alternative qui redorera la fierté locale Extrait
Tribune p.6
Architecte et/ou Artisan
Le Shape village de Saint-Germain-en-Laye
Entretien avec Cigüe Architecte
« Aujourd’hui, la question du faire est un outil à part entière. » Extrait p.8
Prix Pritzker 2022
Niché dans les arbres
Vivre dans un métavers p.13
Actualités p.12 p.13 p.13
Chantier participatif
Doublage isolant en argile et chanvre locaux d’un restaurant
Horoscope p.15 p.16 p.18 p.19
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Enfin, l’enjeu de cette dernière phase réside dans l’émergence du centre de la nature et de la biodiversité. L’étape de profilage permettra l’émergence de l’artefact qui sera conforme aux phénoménologies des prescriptions et qui rendra compte de la matérialité, de la tectonique et des atmosphères du projet.5.ARTEFACT PERSPECTIVE DU LAC AXONOMÉTRIE DE L’ARTEFACT PERSPECTIVE DU MONT DE LA MONTAGNE VRANJINA
Première partie
« (Re) faire classe en extérieur » lauréat du prix FAIRE 2020
PAR ORNELLA TRANTOUL
Sur le chantier du Pavillon Le Vau par l’atelier Senzu
AAu cours d’une des nombreuses visites de chantier organisées par le « CAUE de de Paris, » DH a pu visiter le premier bâtiment porteur en pisé de Paris. Situé dans le 20ème arrondissement, proche de la porte de Bagnolet, le groupe scolaire Le Vau est composé : d’une école maternelle, d’une école polyvalente, d’une école élémentaire et bientôt, d’un pavillon multi-usages. À la demande des parents d’élèves et financé par un budget participatif, l’Atelier Senzu réalise un pavillon de 80m2 fort de sens : de forme ronde, il insuffle un environnement d’apprentissage différent — pas de premier, pas de dernier rang — où élèves et parents viendraient s’y rejoindre pour des activités scolaires ou périscolaires.
On l’aperçoit de loin : ses murs de pisé arrondis
Le pavillon est rythmé par les six murs en pisé qui seront séparés par de grandes portes vitrées. La double peau intérieure en briques, toujours circulaire pour ne pas rompre avec le rythme, créée une bande périphérique, servante et isolante. Conçu pour être un espace ouvert, accueillant et flexible, le projet se compose d’une grande salle polyvalente baignée de lumière par un oculus central, d’une kitchenette, de sanitaires et de nombreux rangements à destination de la salle et du jardin pédagogique.
La construction d’un bâtiment utilisant 100% de terre pour son pisé, est prometteur, c’est le premier de Paris et la conception de ce bâtiment, main dans la main avec la mairie ne pourra que promouvoir ce matériau dans la région et sensibiliser habitants et enfants du quartier dès leur plus jeune âge.
VERS UNE PHILOSOPHIE ARTISANALE
Le plan circulaire est percé de six ouvertures et la bande périphérique abrite de nombreux usages.
sont au premier plan du groupe scolaire. Fier, il s’avance au-devant d’un jardin pédagogique où les élèves y font leurs plantations et tranche avec le bâti scolaire existant « système Jules Ferry ».
MMais la terre crue est un matériau qui s’entretien, qui s’use avec le temps et qui idéalement pourra être réutilisé lors de la destruction du bâtiment et pour Senzu, le métier de l’architecte s’arrête ici à la livraison du projet. Peuvent-ils garantir une pédagogie qui correspondra à la géométrie très particulière du lieu ? Qui doit s’assurer de la bonne transmission du savoir d’entretien de son bâtiment ? Nos anciens construisaient leurs propres habitats et les entretenaient, faisons-nous fausse route en ne devenant qu’architectes-concepteurs ?
Organisation des rangements par usage
4 Dossier
La pisé aime avoir « des bonnes et un bon chapeau » : les murs sont posés sur un sous bassement en béton évitant les remontées capillaires.
Les architectes et les représentants de la mairie présentent le projet aux visiteurs et au corps enseignant.
© photos : Ornella Trantoul
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Architecte et/ou artisan ?
PAR Dossier Première partie LÉA BALMY
Artisanat
adjectif (pluriel Artisanaux, artisanal).
1 Qui se rapporte à la condition, à l’état d’esprit, au mode de production ou aux activités de l’artisan.
2 Qui est élaboré selon des méthodes traditionnelles, individuelles, par opposition à industriel.
ÀApartir du 19e siècle, le niveau de vie augmente, la population augmente, il devient nécessaire de produire plus, créant ainsi de l’emploi et un exode rural massif vers les villes. Il faut d’avantages de logements et d’équipements dans les villes. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays est en lambeaux. Il faut construire vite, beaucoup et pas cher. Au cours de ce siècle, naissent les HLM, mais aussi la préfabrication, le modulor, la standardisation de l’architecture et de l’Homme. En clair, tout ce qui s’oppose à la notion d’artisanat est né.
Aujourd’hui encore, sans se mentir, l’artisanat coûte cher, demande du savoir-faire et du temps, et il n’est pas ou peu envisageable dans un système de production en série, ou ce qu’on appelle le système industriel. Dans une société en crise, où il faut construire vite, beaucoup et pas cher, rien n’encourage une architecture de l’artisanat. Dans la majorité des cas, les architectes dits artisans se tournent vers des commandes privées, ou de luxe : boutique, café, galerie d’art, maison individuelle. Ces projets de petites échelles avec un budget plus généreux facilitent les pratiques artisanales.
Un architecte-artisan serait de tout dessiner, des poignées de porte aux moindres détails d’assemblages, de travailler avec les artisans locaux, de réaliser soi-même le mobilier, suivre les moindres étapes de l’esquisse au chantier, être là, partout, tout le temps.
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L’L’artisanat en architecture semble encore plus difficile à mettre en place pour de grandes échelles. Lors d’un concours, la division et répartition des tâches en différents “lots” ne permet plus que l’architecte conçoive sur des milliers de m² à la fois l’architecture, le design d'intérieur, le paysage, et l’urbanisme d’un projet, et cela, encore moins dans une démarche artisanale. Mais est-ce que l’architecture de l’artisanat est toujours enviable ? Non, parfois les maîtres d’ouvrages (clients) ont d’autres critères, ou d’autres priorités pour leurs projets. Sans même parler d’argent, parfois une architecture préfabriquée et standardisée sera beaucoup plus simple à mettre en œuvre qu’une réalisation faite sur place avec pleins de savoir-faire complexes.
EEn tant qu’étudiant, il arrive de se poser la question : est-il nécessaire d’avoir déjà coulé une chape de béton et réalisé une
Les membres d’Anatomies d’Architecture vont à la rencontre des artisans locaux. Technique de la ganivelle traditionnelle.
charpente pour comprendre le maçon ou le charpentier ? Est-ce qu’un architecte qui ne fait pas est incompétent ?
En école d’architecture, la priorité établie est de se forger une culture architecturale.
Une fois diplômé et plongé dans le monde professionnel, il est très difficile d’avoir la patience de se cultiver et de continuer à se renouveler dans son architecture. Or, le savoirfaire, s’acquiert avec l’expérience. Même si en sortant de l’école, on ne sait absolument rien de la chappe de béton, c’est avec notre expérience sur le chantier, en discutant avec le maçon, que l’on devient – ou redevient – une sorte d’artisan.
Mais, les architectes qui ont véritablement appris à couler une chappe de béton ou à réaliser une charpente, seront sûrement plus influencés dans leur manière de concevoir leur projet. Ils seront peut-être plus directifs et précis dans leurs détails de construction, voire plus inventifs.
Les membres d’Anatomies d’Architecture assistent et participent à chaque étape du chantier. Technique de fondations en pieux de bois brûlés.
photos : Olivier Sabatier
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ENTRETIEN AVEC
CIGUË
Propos recueillis par Valora Brice, Agathe-Paloma Pastré, Thomas Nodari interview assurée par Camille de Ruffray
À la croisée de l’architecture, du design et de l’installation, l’agence Ciguë, est initialement une association créée en 2003 par quatre étudiants, dont trois issus de l’ENSA Paris La Villette. Intrigués par leur démarche autour de la fabrication et de l’artisanat. Nous sommes venus aujourd’hui à la rencontre de leur équipe.
© Photo : Damien Grenon
8 Dossier Première partie
Pourquoi cette appellation, « Ciguë » ?
Nous ne souhaitions pas un nom qui se réfère spécifiquement à l’architecture, ni les initiales des associés… Ciguë pour la définition de cette plante que l’on avait découverte ensemble. Elle pousse sur les bords de chemin, se transplante facilement ; au-delà du chemin même.
Pourriez-vous nous parler du projet du café Arabica, livré en 2021 et nous dire en quoi il est révélateur de votre travail d’architectes-artisans ?
Pourquoi avoir choisi ce projet ? *Rires* […] On ne se définit pas comme artisans, ce serait mentir. Depuis le début de notre travail, nous nous sommes intéressés à la question de la fabrication. On s’y est mis en faisant beaucoup de choses par nous-même, plus comme un apprentissage, qu’une fin en soi. Toutes ces années-là on a rencontré des vrais artisans, ce qui nous a fait prendre conscience de nos propres limites. Il y a eu une période où on voulait systématiquement fabriquer tout ce que l’on dessinait, mais très honnêtement, on est arrivé à notre limite : aucun d’entre nous n’avait de formation sur des métiers d’artisanats. Nous avons eu des pratiques un peu plus poussées que du simple hobby, ce qui nous a permis de comprendre énormément de choses sur notre métier d’architecte.
qu’on met au même niveau qu’un ordinateur ou qu’une feuille de papier. On est convaincu que ça doit faire partie de la palette de manières de s’exprimer et de concevoir à notre disposition que l’on doit pouvoir activer quand on en a envie et que l’on pense que cela fait sens vis-à-vis du projet et de son contexte.
C’est pour ça que je vous interrogeais sur le choix de ce projet à New York, car les projets à l’étranger ont remit en question cette manière que l’on avait de tout dessiner pour tout fabriquer. L’un des premiers projets que l’on a fait à l’étranger c’était une boutique à New York. […] on s’est donné comme objectif de tout fabriquer ici et de tout envoyer là-bas. On a imaginé le projet en kit, qui a énormément orienté le dessin et la conception. […]
Six mois plus tard […] nous sommes entrés en contact avec des artisans japonais, nous avons pris conscience de l’exercice nécessaire de transmission, d’explication, de ce que nous souhaitions fabriquer […] ça nous a ouvert à plein de manières de procéder que l’on ne connaissait pas. […]
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«
Aujourd’hui, la question du faire est un outil à part entière, »
©illustration : Ciguë
Dossier
Première partie
Travaillez-vous régulièrement avec les mêmes artisans ?
Nous avons fait beaucoup de projets avec les mêmes personnes. Nous travaillons énormément à la construction d’un réseau, de partenariats sur le long terme, on croit aussi beaucoup à la rencontre humaine. C’est ce qui fait que l’on s’épanoui […].
Quand tu rentres dans la structure des concours, ou des systèmes d’appel d’offres, il y a clairement une scission entre celui qui pense et celui qui fabrique ; elle est écrite, décrite par la loi avec des répartitions de responsabilités.
Dans notre pratique, nous avons voulu que cette séparation ne soit pas aussi définitive, que l’on puisse la remettre en cause quand on veut essayer de renverser les choses, commencer en fabriquant et dessiner à la fin.
Est-ce que vous pensez que la petite échelle, et notamment celle du design est plus adaptée à une démarche artisanale ?
Bien sûr, plus ton projet grossit plus tu dois cadrer les choses ; c’est la question de la division du travail et des tâches. Après, il y a pleins de pays où ça ne se passe pas comme cela, où tu fais des choses de grande échelle de manière artisanale. C’est une culture qui implique un système socio-économique, juridique et où tu dois pratiquer le métier de cette manière-là. […]
La question de l’échelle n’est pas non plus immuable. Il y a plein d’exemples qui montrent que l’on peut intervenir de manière artisanale dans les projets d’architecture. […] Cela peut exister, mais c’est une question de volonté, de temps, d’argent. L’artisanat de manière générale coûte plus cher que les produits industrialisés. Aujourd’hui, on a cet outil-là à disposition et on essaye de l’activer sur des projets dont l’échelle est de plus en plus grande. […]
On est convaincu qu’il n’y a rien de passéiste dans la défense de l’artisanat ; c’est l’histoire de la France qui est en jeu là-dedans. […] l’artisanat se meurt alors qu’il y a plein de démarches où tu sens que l’architecture, le design se sont complètement nourris de ces pratiques-là.
Il y a une réglementation qui a une raison d’être parce que construire un bâtiment, c’est un travail énorme qui requiert une organisation et une planification qui nécessite de rentrer dans un systématisme. Tout le monde ne peut pas tout faire, et plus c’est gros, plus tu divises les tâches. C’est valable en architecture et dans plein d’autres domaines.
© photo Ciguë
© photo : Bruno Giliberto
10 « Construire un bâtiment nécessite de rentrer dans un systématisme. »
:
Quel a été le déclic de votre intérêt ? Quand vous étudiez, vous posiez-vous déjà ces questions ?
C’est venu de manière spontanée, autour de la deuxième année. On avait tous eu des expériences diverses et variées, dans l’autoconstruction, dans des chantiers, du bricolage.
C’était large, mais cette idée de fabrication était présente en chacun de nous. Il y a eu des opportunités de projets concrets, puis les stages qu’on a pu faire, et surtout les relations. […]
Assez vite, la structure s’est montée avec cette idée de dire « on va le dessiner et on va le fabriquer », et sans réfléchir plus que cela, c’était une sorte d’évidence. On s’est retrouvé autour de cette idée de la fabrication qui était complètement absente des études et assez vite, il y a eu une vraie complémentarité. Au début,
c’était une espèce de fuite, car à l’école, c’était tellement théorique qu’on est allé voir à côté car ça manquait de saveurs, d’actions, de tout ce rapport à la matière, au concret, et au chantier. À l’époque, nous étions aussi très critiques, mais rétrospectivement, on se dit que le théorique est nécessaire aussi. Il faut prendre en compte que l’école, c’est aussi un autre rythme, qui n’a rien avoir avec l’agence et qu’il faut défendre. Si je n’avais pas eu les cours théoriques que j’ai eu en quatrième, cinquième, sixième année d’archi, je ne ferais pas ce que je fais aujourd’hui, même si cela semble très éloigné. C’est une culture, un regard critique.
Que vous évoque la double hauteur ?
*rire* Hum… Je ne sais pas, la lumière, l’espace.
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© photo : Bruno Giliberto
De architectura
PAR JEAN-CASSIEN MARMEY
Le Shape Village de Saint-Germain-en-Laye
EEn 1951, le ministère de la reconstruction et de l’urbanisme commandait à Jean Dubuisson, jeune architecte s’étant fait connaître avec un projet (non lauréat) de grand ensemble à Strasbourg, un ensemble de logements destiné à accueillir 300 familles de militaires de la base de l’OTAN à Rocquencourt. Installé dans le parc du château d’Hennemont, construit au début du XXe siècle dans un style éclectique, le projet est constitué de dix bâtiments, dont deux dessinés par Felix Dumail.
L’idée de Dubuisson était de privilégier des constructions horizontales de faible hauteur en relation avec la cime des arbres, et ainsi se tapir dans le site de manière harmonieuse. Les appartements traversants sont largement ouverts sur le parc, permettant, selon l’expression couramment employée, de faire « rentrer le
paysage à l’intérieur logement ». La mission que se donnait l’architecte était de construire une relation harmonieuse de l’habitant à l’architecture et de l’architecture à la nature. Toute la difficulté ici, et ce sera une recherche constante pour Dubuisson, était de parvenir à ce but en dessinant un grand ensemble, type d’architecture pour lequel les économies et la fonctionnalité étaient les maîtres-mots face à la crise du logement de l’après-guerre. Ainsi, à travers le projet du SHAPE, le ministère de la reconstruction voulait expérimenter le procédé Camus : cette solution de préfabrication en béton, breveté par l’ingénieur Raymond Camus, avait été testée une première fois quelques années auparavant sur l’ilot N17 au Havre et sera plus tard utilisée pour la fabrication de 350 000 logements dans une vingtaine de pays différents.
12 Actualité architecturale Deuxième partie © illustrations : Louis Boulanger
S’il suivait la notice à la lettre, l’architecte aurait eu à assembler deux types d’éléments en façade, des panneaux pleins et des panneaux troués.
MMais, Dubuisson, insatisfait de ce manque de marge de manœuvre, détourne la contrainte et négocie d’utiliser ces panneaux préfabriqués comme refends porteurs, libérant ainsi la façade de sa fonction purement structurelle et la rendant plus poreuse. Il décrit le combat avec Camus de la façon suivante : « « Je me suis battu avec lui pendant trois jours et trois nuits. À la fin, il m’a téléphoné chez moi à 6 h du matin pour me dire : « tu as gagné ». De cette façon, il a pu travailler plus pleinement sur la relation entre les logements et le site à travers cet élément planaire qu’est la façade. D’un point de vue extérieur les élévations varient, selon leur orientation, de la fenêtre bandeau continue ponctuée de loggias à la trame de lignes blanches créées par les refends et les planchers préfabriqués. Dans les deux cas ce sont les lignes horizontales qui dominent. C’est la première réalisation de grande envergure de Dubuisson, et l’on peut déjà y voir la finesse et l’attention apportée à ses façades. En plus de ce dessin qui vise à ne leur faire exprimer que l’essentiel d’un point de vue constructif, il les fait fonctionner dans leur épaisseur en les meublant pour les rendre « habitables ». L’espace de la limite entre intérieur et extérieur devient ainsi à la fois fonctionnel et propice à la contemplation du dehors. Plus tard, Dubuisson travaillera ses façades comme un tisserand, essayant de trouver dans le motif, des horizontales et des verticales une vibration et une justesse qui donneraient à ses grands objets abstraient la capacité d’émouvoir : à Croix, à Paris Montparnasse, à Chambéry, la vie des habitants se lit entre les mailles des façades, comme une toile abstraite qui évolue dans le temps.
1 Plan masse du projet du Shape Village dans le parc du château d’Hennemont.
2 Etage courant avec façade porteuse. La totalité des panneaux sont préfabriqués. Système Camus utilisé au Havre (1949-51) pour l’îlot N17.
3 Réinterprétation du système Camus par Jean Dubuisson pour Le Shape Village.
4 Assemblage des planchers, allèges, refends porteurs et menuiseries.
Guillerm, Élise. Jean Dubuisson. Paris : Édition du patrimoine, 2011. Lempereur, Hubert. « Le shape village de Saint-Germain-en-Laye ». AMC, 2007, oct., n°173.
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Actualité architecturale
Actualité
ROMANE BERNARD
Prix Pritzker 2022
Cette année, l’architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré a remporté le prix d’architecture Pritzker, devenant ainsi le premier architecte africain à remporter le prix. Il est reconnu pour son travail qui associe les pratiques vernaculaires de son pays d’origine et les connaissances en bioclimatique qu’il a acquises lors de ses études afin de libérer l’architecture des logiques économiques globalisées pour mieux l’adapter à son environnement et ainsi produire des lieux de vie adaptés au climat subsaharien. L’ensemble de l’œuvre de Francis Kéré, nous montre le pouvoir de la matérialité lorsqu’elle est utilisée de manière réfléchie et en accord avec sa localisation. Ses bâtiments sont pensés pour et avec les communautés que ce soit dans leur fabrication, leurs matériaux, leurs programmes et présentent un caractère unique.
En 2020 pour notre 7e numéro, l’équipe du journal a eu l’occasion de le rencontrer et d’échanger avec lui au sujet de l’architecture en Afrique.
Un battement d’ailes, quelques piaillements... Imaginez-vous, réveillés par le chant des oiseaux, au beau milieu d’une canopée suédoise. Cela pourrait être bientôt possible ! Le studio d’architecture danois BIG a révélé le projet Biosphère qui propose une chambre d’hôtel suspendue et accessible via un pont qui relie le sol de la forêt à la cime des arbres. Treehotel proposera à partir de mai 2022 cette chambre située dans le village d’Harads en Suède. 350 nichoirs de différentes tailles entourent la structure cubique et forment un nuage sphérique autour de la pièce. Lieu idéal pour observer la nature, ce projet a également pour vocation de ralentir la disparition drastique de la population des oiseaux, en renforçant la biosphère et leur habitat naturel.
Niché dans les arbres Vivre dans un métavers
Ce terme anglophone, à l’origine, provient de la contraction de meta, après ou au-delà, et de univers. Il sous-entend un monde virtuel dans lequel des espaces/objets virtuels, persistants et partagés sont accessibles par interaction 3D et possiblement achetables avec des cryptomonnaies.
Dans ce contexte, le studio d’architecture britannique Zaha Hadid Architects a basé leur ville virtuelle nommée Liberland Metaverse sur la République libre de Liberland - une micro nation qui chevauche des terres contestées entre la Croatie et la Serbie. Cette ville cyber-urbaine permet d’acheter des terrains avec une crypto-monnaie et d’entrer dans des bâtiments numériques en tant qu’avatar.
Les bâtiments conçus par Zaha Hadid Architects pour « l’incubateur de crypto-cyber-urbain » au sein du métaverse comprennent un hôtel de ville, une place et un centre d’exposition. Leur ambition est que cela devienne le site de référence pour la collaboration au sein de l’industrie naissante du Web 3.0.
14 © Lycée Schorge diebedo © Francis Kéré
Deuxième partie
PAR
Mental obsessions
MATHIEU KHAIRALLAH
MARTIN LEFEVRE LÉA BALMY
LIVRE Éphémère
Sarah Khodri - 2022
Ephémère est un livre de photographie publié par Sarah Khodri, jeune diplômée de l’ENSA Val de Seine. Dans le contexte du premier confinement, elle photographie des détails de lumières et scènes du quotidien, “où le réel finit par se dérober et devient extraordinaire”.
Apocalypse Now Francis Ford Coppola - 1979CINÉ
Durant la guerre du Vietnam, nous suivons le destin du capitaine Willard, qui a pour mission d’éliminer le général Kurtz aux méthodes jugées trop violentes. Ce qu’on pourrait voir comme un simple film de guerre, se révèle être un road-movie où la quête de Willard dans un monde monstrueux et absurde s’avérera plus sombre que la guerre même.
Apocalypse Now est l’un des plus grands chefsd’œuvres du cinéma ! Il est à voir d’urgence !
MODE
Irish Van Herpen
La volonté de changer Bell Hooks- 2021
La volonté de changer est un livre sur notre besoin de vivre dans un monde où, femmes et hommes peuvent aller de pair. (…) « Les hommes ne seront pas capables de changer si on ne leur donne pas des pistes de changement. Les hommes ne seront pas capables d’aimer si on ne leur apprend pas l’art d’aimer. »
Si pour beaucoup d’hommes, le féminisme est une affaire de femmes, Bell Hooks s’attelle ici à démontrer le contraire. La volonté de changer est un des premiers ouvrages féministes à poser clairement la question de la masculinité.
En abordant les préoccupations les plus courantes des hommes, de la peur de l’intimité au malheur amoureux, en passant par l’injonction au travail, à la virilité et à la performance sexuelle, Bell Hooks donne un aperçu saisissant de ce que pourrait être une masculinité libérée, donc féministe.
La créatrice néerlandaise fait ses études à l’institut des arts Artez à Arnhem, avant de travailler en 2005 avec Alexander McQueen et Claudy Jongstra. En 2007, elle lance sa propre ligne, « Iris Van Herpen ». Véritable exemple d’une carrière montante, elle habille régulièrement la chanteuse Björk et ses créations apparaissent de plus en plus à des évènements « Red Carpet » et sur les couvertures de magazines comme Harper’s Bazar.
Van Herpen a collaboré avec Benthem Crouwel Architekten. C’est une créatrice qui explore le vêtement au-delà de sa matière textile, innovant de nouvelles technologies au service de la mode.
15 Vie étudiante Troisième partie
PAR
PFE du mois
Diplômé en 2021 l’ENSA Paris-Val-de-Seine Faire Atelier
POUR CONSERVER LE VILLAGE
CCe mois-ci, nous vous proposons de découvrir le PFE d’Aleksandar DJORDJEVIĆ. Son travail de fin d’études s’inscrivait dans le groupe de projet «Conception systémique et écologies projectives» à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de ParisVal-de-Seine (ENSAPVS).
Après un mémoire sur «La régénération des territoires» sur la reconstruction des territoires d’après-guerre de Sarajevo, Berlin, Mostar et Beyrouth, son projet de diplôme s’orienta alors sur la reconstruction du territoire transfrontalier du lac Skadar dans les Balkans au Monténégro.
«DA SELO OSTANE» est une expression serbe qui se traduit par « Que les villages restent », qui exprime le souhait et la volonté de garder vivants le mode de vie local et rural, la tradition et la culture d’un lieu.
PPour ce projet de diplôme, le site choisi est le lac de Skadar. Il s’agit d’une figure géographique transfrontalière entre le Monténégro et l’Albanie. Alors que le projet global répond à des stratégies géopolitiques et socio-économiques transnationales, la proposition finale, qui illustrera l’approche de la conception systémique, sera située le long de la rive monténégrine du lac.
5.ARTEFACT
La tension engendrée par cette entreprise de mondialisation met en péril le mode de vie local et rural, déjà mis à mal. L’objectif du projet est de profiter du projet global pour mettre en valeur les potentiels locaux afin de réécrire une alternative qui redonnera la fierté locale, pour tisser et renforcer un réseau transnational et régional sur des initiatives patrimoniales, entrepreneuriales, touristiques et culturelles.
Tout comme le processus de soins médicaux, la méthodologie est divisée en une étude en 5 phases établies sur une matrice phylogénétique, qui permet la continuité des processus de raisonnement.
5. Artéfact
L’enjeu de cette dernière phase réside dans l’émergence du centre de la nature et de la biodiversité. L’étape de profilage permettra l’émergence de l’artefact qui sera conforme aux phénoménologies des prescriptions et qui rendra compte de la matérialité, 5.ARTEFACT de la tectonique et des atmosphères du projet.
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Enfin, l’enjeu de cette dernière phase réside dans l’émergence du centre de la nature et de la biodiversité. L’étape de profilage permettra l’émergence de l’artefact qui sera conforme aux phénoménologies des prescriptions et qui rendra compte de la matérialité, de la tectonique et des atmosphères du projet.
PERSPECTIVE DU LAC AXONOMÉTRIE DE L’ARTEFACT
DJORDJEVIC PAR
La phase de stratégie se déroule en deux temps : il y a d’abord les stratégies globales, qui sont des réponses prescriptives aux différents diagnostics à l’échelle du territoire. Et après vient la stratégie locale, qui permet de définir les points névralgiques du 3.STRATÉGIES territoire, d’où émergera l’artefact qui correspond le mieux aux besoins du territoire.
Transformer les stratégies globales et locales, qui ont été affinées jusqu’à l’échelle micro-lo cale, en un programme avec des mesures, des surfaces et des aires. Au niveau micro-local, il s’agit maintenant d’établir la 4.PROGRAMME programmation du centre de la culture et du patrimoine et du centre de la nature et de la biodiversité du lac de Skadar.
L’étape de stratégie programmatique consiste à transformer les stratégies globales et locales, qui ont été affinées jusqu’à l’échelle micro-locale, en un programme avec des mesures, des surfaces et des aires. Au niveau micro-local, s’agit maintenant d’établir la programmation du centre de la culture et du patrimoine et du centre de la nature et de la biodiversité du lac de Skadar.
4.PROGRAMME
L’objectif de cette première phase, est de faire un état des lieux des phénomènes présents sur le territoire du lac de Skadar. Pour faire un constat, il faut retranscrire les informations sous une forme cartographique et dans le même cadre scalaire, qui se décompose ici en 4 échelles différentes l’échelle continentale, l’échelle macro-régionale, l’échelle régionale et l’échelle locale. En outre, les différents résultats seront regroupés et présentés au sein de deux champs, le champ physique et anthropologique. Afin de réaliser un diagnostic, il est nécessaire de superposer plusieurs cartes de constats, afin de faire émerger une interprétation des phénomènes présents sur le territoire du lac. De plus, afin d’obtenir le maximum d’informations à partir des différents diagnostics, des SWOT sont établis pour Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces.
SCHÉMA DES ESPACES RÉPONDANT AUX BESOINS DES UTILISATEURS
2.DIAGNOSTICS
DIAGNOSTIC 1 ZONE D’IMPORTANCE HISTORIQUE, CULTURELLE ET NATURELLE. Force Zone riche en éléments historiques, culturels et naturels. Faiblesse Ces éléments sont négligés. Opportunité Mettre en valeur le territoire. Menace Dégradation et négligence de ces éléments historiques, culturels et naturels.
DIAGNOSTIC MONDIAL 1 UN TERRITOIRE À HAUT ATTRACTIVITÉ.
DIAGNOSTIC 2 UNE ROUTE DE LA SOIE QUI RENFORCE UNE ZONE D’ATTRACTIVITÉ. Force Augmentera l’accessibilité aux divers actifs et activités. Faiblesse La route de la soie passe un peu loin du territoire du lac. Opportunité Peut promouvoir les activités et les potentiels du territoire. Menace Peut provoquer un déplacement des activités économiques.
DIAGNOSTIC 3 LA ZONE KARSTIQUE ABANDONNÉE. Force L’environnement et la nature du lac sont préservés. Faiblesse Une diminution de la démographie de la région. Opportunité Un territoire qui n’est plus directement impacté par l’activité humaine. Menace L’abandon définitif de la zone du lac.
DIAGNOSTIC GLOBAL 2 LE NORD-OUEST DU TERRITOIRE PARTIE DU TERRITOIREEN DÉGÉNÉRESCENCE.
DIAGNOSTIC 4 TRANSHUMANCE ENTRE LES TERRITOIRES URBAINS ET RURAUX. La force Les territoires lacustres ont préservé leurs modes de vie traditionnels. Faiblesse La population jeune s’installe à long terme dans les plaines urbaines. Opportunité Promotion des modes de vie traditionnels. Menace Départ définitif de la population du lac.
DIAGNOSTIC 5 LA GESTION DES INFRASTRUCTURES HYDROLOGIQUES ENTRAVE LE DÉVELOPPEMENT. Force Infrastructure hydrologique existante et fonctionnelle. Faiblesse La gestion peut être médiocre en raison du contexte transnational. Opportunité La gestion peut être améliorée en raison du contexte transnational. Menace Gestion néfaste pour le territoire.
DIAGNOSTIC DE SYNTHÈSE UN TERRITOIRE À FORT POTENTIEL, CONTRÉ PAR LA POLLUTION ET LES DÉSÉQUILIBRES, AMPLIFIÉ PAR LE TRACÉ DE LA ROUTE DE LA SOIE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE.
DIAGNOSTIC GLOBAL 3 UN TERRITOIRE MIS EN DANGER PAR LA POLLUTION.
DIAGNOSTIC 6 UNE ACCUMULATION DE DIFFÉRENTS TYPES DE POLLUTION. Force Le lac comme bassin d’épuration naturel. Faiblesse Le lac est à la limite de ce pouvoir d’épuration. Opportunité Système d’épuration naturel. Menace Catastrophe environnementale.
DIAGNOSTIC 7 : MISE EN DANGER DES ZONES DE DÉCHARGE DES EAUX. Force Une seule zone guérir. Faiblesse La pollution est située dans les plaines habitées du territoire. Opportunité faut soigner une zone spécifique pour guérir l’ensemble du territoire. Menace La pollution rend la vie dans la plaine impossible.
DIAGNOSTIC 8 LA PARTIE ÉCONOMIQUEMENT ÉRODÉE ET CONTAMINÉE PARTIE NORD-OUEST. Force Faiblesse Une vie inconfortable. Opportunité Menace L’abandon permanent des villages dans la partie nord-ouest.
HYPOTHÈSE D’UNE AUGMENTATION DE LA TEMPÉRATURE DE 3°C ENTRAÎNANT UNE HAUSSE DE 2 M DU NIVEAU DE LA MER D’ICI À 2050.
DIAGNOSTIC 9 MISE EN DANGER DES ZONES PROTÉGÉES DU LAC EN RAISON DE L’ÉLÉVATION DU NIVEAU DE LA MER.
DIAGNOSTIC GLOBAL 4 UN TERRITOIRE ET SON ÉCOSYSTÈME MENACÉS PAR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE GLOBAL.
17 La deuxième étape est la phase de diagnostic. Afin de réaliser un diagnostic, il est nécessaire de superposer plusieurs cartes de constats, afin de faire émerger une interprétation des phénomènes présents sur le territoire du lac. De plus, afin d’obtenir le maximum d’informations à partir des différents diagnostics, des SWOT sont établis pour Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces. Ces SWOT sont utilisés pour synthétiser les données établies par le diagnostic.
DIAGNOSTIC 10 PERTE DE PLAINES AGRICOLES ET D’ÉLEVAGE.
DIAGNOSTIC 11 GESTION DES RÉFUGIÉS CLIMATIQUES.
SCHÉMA DES ESPACES RÉPONDANT AUX BESOINS DES UTILISATEURS
ORGANIGRAMME DU CENTRE DE LA CULTURE ET DU PATRIMOINE ORGANIGRAMME DU CENTRE DE LA NATURE ET DE LA BIODIVERSITÉ ORGANIGRAMME FINALE
1. Constats 2. Diagnostics 3. Stratégies 4. Programme
Chantier participatif
En terre chanvre, en Touraine
Doublage isolant en argile et chanvre locaux d’un restaurant
PAR
ORNELLA TRANTOUL
Jeune architecte à Tours, Guillaume Cavenaille a encadré pendant deux weekends en mars dans la ville de vannerie de Villaine-lesRochers un chantier participatif en association avec l’association Action Rurale des Territoires.
Le chantier était ponctué par des interventions techniques de deux acteurs locaux de l’association Maisons Paysannes, spécialisés dans la recherche et rénovation en argile, chaux et chanvre.
Soutenu par la mairie de Villaines-les-Roches, le chantier de réhabilitation consistait à créer une paroi isolante en terre-chanvre dans l’ancienne poste du village qui deviendra un café-restaurant sur la place du village. L’utilisation de la terrechanvre est ici avantageuse sur de nombreux points :
L’isolation en terre-chanvre ou en fibres est une isolation perspirante (qui autorégule l'hygrométrie de l'air à l'intérieur du bâti) et, comme la plupart des bâtiments de la région, les murs du futur café sont en tuffeau, pierre calcaire elle même très perspirante. Utiliser une isolation classique ne permet plus à l’eau de circuler qui pourrait à terme, se stocker, stagner et faire pourrir la pierre. La paroi terre-chanvre permet une très bonne absorption sonore, un isolant phonique qui se révélera fort efficace dans un lieu qui accueillera jusqu’à 30 couverts. Enfin, tous les matériaux provenaient des environs : l’argile venait d’un terrassement à la frontière du village et le chanvre d’un agriculteur local.
L’architecte proposait à chacun de découvrir les matériaux et leurs étapes d’utilisation : tamisage de la terre, préparation du mélange argile/chanvre/sable/eau dans la bétonnière, montage de la structure en bois et du banchage, tassement de la préparation et rectification des imperfections.
L’argile une fois triée est ramollie dans l’eau avant d’être malaxée et tamisée.
Les participants tassent la préparation entre le banchage et au tour de la structure pendant que d’autres, vissent le prochain banchage.
Guillaume débanche pour la première fois une partie du mur.
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Vous réalisez que votre vie est un peu nulle mais pas assez pour qu’on accepte vos plaintes continuelles. Arrêtez de râler, faites-vous une salade tomate mozza et tout ira mieux !
LAURENT - G2
Vous venez de découvrir «Arsenal TV» avec les replay des cours de Scoffier.»LES ACTES FONDAMENTAUX». Vous hallucinez. L’architecture s’ouvre à vous. Dorénavant, même le marqueur rouge qui rature sans pitié votre planche dessinée à la main ne vous déstabilisera plus.
CMAU - G3
Les tensions retombent petit à petit après trois mois de querelles. Vous envisagez plusieurs projets de réconciliation, un grille-pain, un jeu de fléchette avec Le Pen en cible ou mieux : un trampoline.
ATELIER X - G8
Vous ne dormez plus. Mais vous avez lu un article sur Jean Nouvel à 25 ans qui était tout le temps charrette chez Claude Parent donc ça vous rassure un peu, même si les posts alarmant sur la santé mentale partagés sur @cesphrasesdarchi continuent de vous révolter.
ATELIER D - G9
Enfin ! Le printemps et son ciel bleu vous redonne : joie, motivation et espoir. Cependant, vous vous souvenez encore de la neige du mois de mars et cela vous rend méfiant, très méfiant.
HM - G10
Vous devenez maitre en l’art des devinettes : “Un professeur d’HM … qui étudie la sociologie ... et aurait été la même personne dans une vie antérieure”. Vous l’avez ?
Vous avez adoré ces petites conférences avec des architectes autour d’une bière à l’atelier. En fait, vous vous impliquez uniquement dans cet événement parce que vous venez de signer votre convention de stage. Vous vous sentez redevable.
TABET - G5 MDM - G4
Le mois d’avril apporte un vent de révolte dans l’atelier... Les idées marxistes fusent ! Vous aussi vous aimeriez adhérer à une cause. Faute de véritablement comprendre de quoi il s’agit, vous espérez au moins obtenir un peu plus de charisme.
LAROCHE - G6
Cela fait des jours que vous êtes fauchés ! Pas un grain de sel à votre table, pas un centime oublié dans la machine à café, pas même un bout de Tesa à recycler sur les murs de l’atelier … courage c’est bientôt le début du mois et l’APL ne saurait tarder.
STUDIO - G11
Vous avez encore perdu votre carte. Vous tentez de mettre une «petite annonce» sur le groupe Facebook de l’école avant de réaliser que plus personne n’utilise Facebook sauf pour quémander de l’aide.
STUDIO - G12
Depuis le temps que vous aviez envie d’être gentiment agressif avec ceux qui répétaient à tout-va « l’architecture c’est politique, Macron, Le Pen gnagna..». La solution est radicale, vous venez de vous installer dans un cabanon dans la Creuse.
LA DEF - G13
Vous optez pour un grand ménage de printemps. Tel Merlin l’Enchanteur récitant “Higitus Figitus”, vous faites la vaisselle, vous triez vos livres par couleur et surtout vous changez tous vos meubles de place.
MASSENA - G14BE - G7
Un portemanteau a disparu. Vous vous remettez en question. Et si c’était vous le voleur compulsif ? Vous êtes constamment dans le déni. Souvenez-vous du réglé que vous avez dérobé en 2020 à votre voisin.
Vous avez hâte. LA soirée de l’école approche ! Vous êtes un peu déçu du thème parce que vous aviez voté pour le thème année 2000 pour enfin rentabiliser votre t-shirt, qui n’a pas été utilisé depuis la dernière manif Free Britney.
19 HoroscopeBATAILLE - G1
20 double hauteur @doublehauteur doublehauteur@gmail.com