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débat
from #5 Octobre 2019
le bois au coeur de l’actualité
Le bois, matériau utilisé depuis la préhistoire est, au fil des ans, devenu un matériau fortementprisé par les constructeurs. En architecture, il offre un panel de possibilités d’emploi, de par ses différentes caractéristiques et sa diversité. Aujourd’hui considéré comme un matériau innovant avec la sophistication de son niveau de technicité, l’utilisation du bois contribue à l’élaboration d’un grand nombre d’ouvrages performants. Toutefois, il s’en déploie une question cruciale : dans quelle mesure l’utilisation du bois est-elle limitée?
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Un matériau vivant qui se démocratise
À ce jour, l’utilisation du bois est au coeur des débats dans le domaine de la construction. Lecontexte écologique actuel pousse à l’utilisation de nouveaux procédés et à l’usage de matériauxmoins funestes pour l’environnement. Depuis les années 1970, l’emploi du bois en construction a connu une croissance remarquable. En effet, le matériau, connu pour ses performances de qualité et sa souplesse d’utilisation, offre aux constructeurs et architectes moult avantages et possibilités. Sa diversité d’emploi a permis de nombreuses prouesses architecturales et les exemples ne manquent pas, comme l’illustrent parfaitement les projets des architectes BFV. Cette denrée universellement répandue a également aidé à la réalisation d’habitats collectifs ou individuels, ouvrages de défense, d’arts, bâtiments culturels, publics ou civils, abris d’activités agricoles ou pré-industrielles. Peu à peu, les architectes et constructeurs se détachent de l’image des chalets et cabanes de jardin et commencent à prendre conscience des réelles qualités qu’offre le bois et en extirpent des conceptions architecturales plus ambitieuses. C’est par le biais d’innovations techniques que l’on extrait le bois des forêts pour en déployer un produit final davantage élaboré. Le progrès a généré l’invention du CLT (cross-laminated timber ou bois lamellé croisé), un ensemble de plaques de bois comprimées permettant de grandes portées et une certaine rapidité d’exécution. Ce processus constitue une réelle alternative aux systèmes de construction classiques et révèle au mieux sa résistance à la traction, flexion, compression et dilatation. L’étude aiguisée de ses caractéristiques physiques nous permet de développer sa résistance au feu ainsi que ses performances thermiques et acoustiques. D’autre part, les forêts, considérées comme de véritables usines, forment un réel capital pour l’Homme. En effet, ce capital relève d’un intérêt indéniable, car il établit une chaîne de valeurs autour de laquelle un grand nombre d’acteurs s’unissent. Le bois brut parcourt une série d’exploitations différentes avant d’atteindre sa forme finale transformée. À l’inverse d’autres secteurs, les intérêts des scieurs, menuisiers, charpentiers et constructeurs de bois convergent vers la même passion pour le matériau et le travail qu’il astreint. Cette chaîne de valeurs produit un grand nombre d’emplois dans l’industrie de la ressource. Mais encore, si l’on vient à parler de l’aspect esthétique, ce matériau anisotrope suggère de nombreuses potentialités de conception car il se plie à des formes architecturales diversifiées. Dans le principe de l’édification, il induit une beauté certaine du geste avec l’art de la menuiserie dans toute son authenticité, et apporte un cachet incontestable à la forme finalisée du bâtiment. Le bois peut également être utilisé seul ou en mixité avec d’autres matériaux. Afin d’assurer la durabilité de l’ouvrage,certaines constructions bois sont mariées à d’autres corps tels que le béton pour assurer une protection contre les eaux et l’humidité ainsi que pour rigidifier la structure. Fabriquer uniquement en béton se trouve être extrêmement polluant pour l’environnement. Les innovateurs veulent revenir à une ressource naturelle : il ne s’agit plus de construire des colombages ou chalets mais, d’édifier des immeubles de huit à dix étages. À Londres, l’architecte Andrew Waugh relève le défi en concevant un immeuble de neuf étages ainsi que plusieurs immeubles de logements avec zones commerciales entièrement en bois et recouverts de ciment pour les protéger des intempéries. Il découle alors de,ce type de projet une durée de travaux amoindrie, les composantes de l’édifice étant déjà pré-découpées et montées sur place, des travaux moins onéreux (20% de moins qu’un ouvrage en béton), ainsi que des chantiers dépourvus de nuisances sonores. Pour résumer, le bois instaure un dialogue fécond avec l’Homme et permet de faire émerger la nature au coeur même de l’édifice.
Le bois : une ressource limitée?
Le bois comporte un grand nombre d’avantages, toutefois, il en demeure tout de même des controverses concernant son utilisation. Une question inévitable se pose : à termes, l’exploitation démesurée de cette denrée ne risquerait-elle pas son épuisement total ? Utiliser du bois en construction consiste à cultiver des arbres de qualité, tels que les feuillus, qui sont plus faciles à transformer en planches. Le souci majeur est d’avoir une bonne gestion des ressources. Afin de répondre à la problématique de l’épuisement du matériau, il faut avant tout trouver des solutions d’éco-gestion des forêts. C’est seulement si le secteur bois en construction se développe qu’il y aurait une diminution des menaces de déforestation. Contrairement à ce que révèle l’opinion publique, il existe peu de risques de déboisement en Europe. En France, par exemple, il ne pousse plus de bois que l’on en coupe car les forêts y sont importantes et demeurent peu exploitées. En effet, 56 millions de mètres cubes de bois sont utilisés, contre 90 millions de mètres cubes produits par la nature par année. Des centres tels que le FCBA (institut technologique des industries du bois français) veillent à ce que les forêts produisent des bois de qualité et en quantité suffisante. Et pourtant, le pays importe tout de même ses bois des pays du Nord; en effet, il existe encore peu d’infrastructures destinées à la gestion et à la transformation de la ressource sans compter que cela constitue un long travail : il faut cultiver les forêts et attendre la poussée des arbres. En ce sens, afin d’éviter de décimer les bois il faudrait mettre en place un système de gestion écologique de ceux-ci, et penser à de nouvelles manières d’exploiter le matériau dans une optique de développement durable. Avec le temps, des techniques telles que le réemploi émergent : on réutilise certains matériaux afin de les raviver dans le but d’éviter une forte empreinte carbone dans le domaine de la construction. L’idée principale est de reconduire les mentalités vers de nouvelles alternatives d’édification. Tout bien considéré, pour acquérir une bonne gestion du matériau bois, il faudrait spécifiquement adapter infrastructures et législations à ce matériau qui ne nécessite pas le même traitement que d’autres. Le bon compromis et de diversifier au mieux les ouvrages et faire collaborer différentes matières afin d’éviter l’exhaustion des ressources existantes.
Sarah Ramzi