CONSTRUIRE LES LOYAUTE N°186

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SANTÉ

e r t ê i o u q t s C’e INFIRMIER EN TRIBU ?

“A Ouvéa, il y a un sens de l’humour et du respect qui est devenu rare ailleurs” Au centre médico-social de Hulup, la rotation des infirmiers est importante. Beaucoup reviennent après une première expérience, tous repartent avec un souvenir spécial de Iaai. C’est le cas de Frédéric Amar, infirmier marqué par ses tournées chez les habitants des tribus du nord de l’île.

A

u dispensaire de Saint-Joseph, annexe du CMS au nord d’Ouvéa, Frédéric Amar ouvre sa porte et laisse entrer une nouvelle patiente. “C’est déjà la vingtième personne que je vois depuis ce matin et d’autres attendent, c’est une grosse journée”. L’infirmier prend tout de même le temps d’écouter les blessures de chacun. “Racontez-moi, ça aide à faire oublier la douleur”. Il change des pansements, donne du désinfectant, explique quoi faire à la maison. Beaucoup de patients maîtrisent mieux le fagauvea ou le iaai, les deux langues vernaculaires de l’île, que le français. Frédéric Amar s’assure que tout est compris, il explique de nouveau quand c’est nécessaire. Tout en restant direct et sans infantiliser. Puis vient l’heure du départ pour la tournée en tribu. Direction Teuta. Il est midi. Pas le temps de grignoter, Frédéric Amar est déjà en retard. “Ce n’est pas une heure pour arriver chez les gens, s’énerve la première personne visitée, je suis en train de manger moi”.

Prise de tension. L’infirmier garde le même ton, explique faire au mieux avec le nombre des patients. Quelques minutes passent, le vieux s’excuse. “C’est comme ça partout dans le monde, les personnes âgées n’aiment pas qu’on change leurs habitudes, s’amuse l’infirmier, mais venir en tribu me permet de rentrer dans l’intimité des gens, passer un petit moment avec eux et c’est ce que j’aime dans mon métier”. Quand il n’est pas en retard, il s’autorise même à boire un petit café chez l’un ou chez l’autre. “Le but c’est de communiquer et d’aider les gens, sinon ce n’est pas la peine”. Frédéric Amar, infirmier globe-trotter, est reparti fin juin d’Ouvéa. Pour y revenir peut-être un jour. “J’aime mon expérience ici, il y a un sens du respect et de l’humour qui est devenu rare ailleurs”. Le retour au dispensaire se fera en silence. La tête déjà dans les dossiers à remplir au bureau. Il est quinze heures. Le repas manqué est oublié. Le dispensaire ferme ses portes pour la journée.

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