CONSTRUIRE LES LOYAUTE N°186

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Le journal de la Province des ±les

DOSSIERS • Les Rencontres Economique aux îles Loyauté • La province conforte son aménagement du territoire • Les premiers médiateurs coutumiers de proximité • Le pont de Lékiny à Ouvéa, bientôt flambant neuf !

Juillet - Août 2020

n° 186

Ensemble, notre souveraineté économique est possible ! f

province des iles loyaute

www.province-iles.nc



éditorial LA PROVINCE

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- Le monde économique fait sa déclaration commune - La FINC séduite par le potentiel économique d’Iaai - Tadine : cap sur le Port du futur ! - Jacques Lalié à Ouvéa pour redynamiser l’économie de l’île - Comment devenir propriétaire d’une maison neuve ? - La province conforte son aménagement du territoire - Les premiers médiateurs coutumiers de proximité - Bientôt le pont de Lékiny flambant neuf !

UN PEU D’HISTOIRE !

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- Les étapes de la conquête du droit de vote - Hommage aux disparus de “La Monique” - Du grand rêve kanak au grand rêve calédonien ou la dignité du politique

ENVIRONNEMENT

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- Le filière cocotier d’Iaai retient l’attention de l’Europe - RORC DOSSIER (détachable) : Bilan 2019 sur la surveillance des récifs de NENGONE

JEUNESSE

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- L’enseignement en débat en province des îles Loyauté - Visioconférence pour les étudiants en partance pour la métropole

CÔTÉ JARDIN

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- Vanille d’Ouvéa, une filière à organiser

LITTÉRATURE

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- Le sens du Oui

SANTÉ

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- C’est quoi être infirmier en tribu ? - Prévention Dengue : Moustique sors de chez moi ! - STOP au diabète aux Loyauté - Hygiène alimentaire, la solution des anciens

SAVEUR D'ZIL

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- Alphonse Koce : un Si Nengone au firmament de la gastronomie - Recettes de cuisine : Mi-cuit de thon au fruit de la passion Mousse à la papaye

PORTRAIT - Maryline Sinewami : La 1ère femme Maire aux Loyauté !

Construire les Loyauté - Email : constloy@canl.nc - ISSN n° 1169-4998 Directeur de publication : Henri Humuni Cellule Communication de la Province des Iles Loyauté : Tél. 45 13 09 ou 73 19 21 - Email : communication-presidence@loyalty.nc Réalisation : Adanis - BP 7815 98801 Nouméa cedex Tél. 79 47 69 Régie publicitaire : ACP Tél. 24 35 20 Reportages : Sarah Maquet - Katia Cimutru - Sylvain Derne - Soumynie Kartadiwirja Province des Iles Loyauté Impression : ARTYPO tiré à 5000 exemplaires Papier certifié FSC Le label Imprim’Vert certifie une action respectueuse de l’environnement.

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epuis plus de 20 ans, le tissu industriel et artisanal calédonien s’est bien développé. Notre Pays a le plus fort taux d’industries, hors nickel, de tout l’outremer français. Les perspectives pour poursuivre cette diversification économique existent, notamment avec +17% de nos entreprises qui ont déjà cette démarche à l’export. Nos entreprises calédoniennes disposent aussi d’une vraie marge de manœuvre pour devenir plus compétitives, en améliorant leur productivité. Le seul bémol, leur implantation est principalement sur le Grand Nouméa. Il faut y remédier en créant les conditions nécessaires à cette transformation en Province des Iles. Les Loyaltiens sont des gens très entreprenants et dynamiques, c´est un atout pour nos îles, il nous faut poursuivre nos efforts pour les accompagner. C´est pourquoi, il était important que Les Rencontres économiques, qui ont eu lieu en juillet, soient une réussite. Nous avons été honorés par l´engouement du secteur privé de par leur participation active. Plus de 40 entrepreneurs et représentant d´entreprises ont partagé 3 jours de Loyalty Spirit by Made In Loyalty, ce qui a donné un souffle nouveau vers notre souveraineté économique.

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L’Accord de Nouméa est un processus de décolonisation unique. Nous avons fait le choix d´une méthode faite de dialogue, d’une volonté de corriger les inégalités, et d’un transfert progressif de responsabilités. Ensemble, nous avons fait progresser le Pays, même s’il reste beaucoup à faire. Il nous faut passer le cap de notre transformation, l´indépendance est une clé pour aller plus loin dans notre développement, aujourd’hui´hui nous sommes au bout de nos compétences, on doit encore aller plus loin… Prochainement, nous aurons la possibilité de s´inscrire à nouveau dans les bureaux de vote délocalisé – BVD, soyons prêt et donnons-nous les moyens de “faire entendre notre voix” ce 4 octobre 2020, chaque voix compte ! D´ailleurs, avec mes collègues élus provinciaux, nous avons invité tous les élus du Pays quel que soit sa sensibilité politique, à se joindre à notre demande d´étendre le délai pour les inscriptions dans les BVD, pour que chacun au plus haut niveau de nos institutions calédoniennes, puisse faire valoir ce droit inaliénable de VOTER. Une main tendue pour un apaisement de nos populations afin qu’ensemble, nous puissions mettre toutes les conditions nécessaires pour le bon déroulement de ce second référendum. La prochaine consultation est notre chance de porter ensemble la naissance de notre nation, car nous sommes à la porte de notre pleine souveraineté. Nous avons porté ensemble l’Accord de Nouméa, faisons naître ensemble notre nation. Ce pays qui nous rassemble et nous ressemble. Votons oui. Jacques Zanehno LALIE Président de la Province des Iles Loyauté

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LA PROVINCE

Le monde économique fait sa déclaration commune avec la province des îles Loyauté Suite à sa déclaration de politique générale en juillet 2019, le président Lalié a posé sa vision économique pour les prochaines années pour la province des îles Loyauté en précisant également, les effets induits pour la Nouvelle-Calédonie. 3 objectifs stratégiques sur 7 sont dédiés au volet économique, et déclinés en plan d´actions : • Impulser un aménagement cohérent du territoire et favoriser la mobilité, • Impulser une économie durable basée sur les patrimoines loyaltiens, • Préserver et valoriser l´environnement naturel des îles Loyauté.

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e président Lalié affirme ainsi sa ferme volonté de développer le Made in Loyalty, ce label valorisant les savoirs de nos îles Loyauté dans tous secteurs confondus que ce soit agroalimentaire, textile, BTP, services, etc. Les 1ères rencontres économiques ont été organisées les 16, 17, 18 juillet 2020 à Lifou, en partenariat avec la Fédération des Industries de NouvelleCalédonie (FINC) et la SODIL. Ceux sont plus de 40 entrepreneurs de la Grande Terre et des 4 îles Loyauté qui ont répondu à l´appel. Les objectifs de cet événement ont été de : • Valoriser les produits des îles Loyauté • Créer des synergies entre le monde coutumier et le monde économique

• Renforcer l´idée du développement économique possible sur terres coutumières. Avec comme fil rouge “le développement des dynamiques entrepreneuriales sur terres coutumières”, ce sont 3 ateliers sectoriels qui ont été animés sur l´Agroalimentaire, le BTP – construction et le Textile. Le Défi pour participants :

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centaine

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Comment déployer en 18 mois des projets opérationnels pour générer et/ ou renforcer une activité économique sur la province des îles dans les 3 secteurs.

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LA PROVINCE

LOYALTY SPIRIT, des savoirs à la conquête d’un nouveau public Ces 3 jours pour convaincre du potentiel des savoir-faire de nos îles Loyauté ont été jalonnés par : • des visites de terrain selon un programme millimétré en terme de timing, pendant lequel nos participants ont pu appréhender in situ le tissu économique de Lifou. • la soirée LOYALTY SPIRIT à laquelle les participants ont été conviés avec au programme : • un défilé de mode des couturières et créateur de mode, préfiguration du lancement de la LOYALTY FASHION WEEK qui aura lieu en novembre 2020. • une dégustation des produits locaux -terre et mer- orchestrée par nos 2 grands chefs de renommées internationales Alphonce Koce et Terence Hniminau. • Des ateliers de travail pour imaginer les projets opérationnels à déployer d’ici 2022.

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Des ateliers très créatifs Une centaine de participants d’origine très diverses se sont retrouvés le samedi matin à 8H00 pour imaginer des projets. Cinq groupes de 18 personnes ont été constitués, pour répartir les compétences, origines et personnalités. Il s’agit de mobiliser nos forces, nos énergies, nos idées et nos cœurs pour CONSTRUIRE ENSEMBLE l’avenir prospère et durable de la province des îles dans les secteurs prioritairement définis. La Méthode La méthode de travail basée sur l’intelligence collective a consisté à : • Faire partager dans un premier temps des expériences positives et réussites d’entreprises pour créer une envie positive. • Demander à chacun, en individuel tout d’abord, de formuler des souhaits pour une province des iles en 2022. • Le partage de ces souhaits en ateliers de 6 personnes pour créer une vision commune de projets à créer a ensuite été remis en commun en groupe de 18. C’est à l’issu de ces échanges variés dans une gestion du temps très restreinte que les groupes ont finalisé 18 propositions de projets à fort impact pour les communautés des îles loyautés.

• La dernière étape pour les participants aura été de choisir parmi les 4 à 6 projets par groupe lesquels ils souhaitent mettre en œuvre en priorité. Ce sont les 18 projets qui ont été recueillis dans un format cadré par l’organisation. • Loyalty spirit, ne passez pas à côté ! • Grande mercerie, une centrale d’achat pour le textile • Plan “Coco” • Loyalty NAGEJË sont les titres des projets qui ont reçu le plus de votes. La balle est dans le camp du Comité de Pilotage - COPIL de déploiement ! Il va s’agir maintenant d’analyser les ambitions des 10 premiers projets pour structurer leur déploiement avant janvier 2022 avec l’aide de toutes les organisations signataires de la déclaration commune.

Le calendrier Du 16 au 18 juillet 2020 Rencontres économiques Le 31 août 2020 Comité de pilotage qui définit les projets prioritaires Fin 2022 Mise en œuvre.

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LA PROVINCE

Le président d’honneur de la FINC séduit par le POTENTIEL ÉCONOMIQUE d’Ouvéa Avant les rencontres économiques de Lifou, organisées les 16, 17 et 18 juillet, Carold Vassilev, président d’honneur de la Fédération des industries de NouvelleCalédonie (FINC), est venu découvrir le potentiel économique d’Ouvéa.

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ne visite début juillet en forme de tour de l’île, de la savonnerie à l’huilerie de Wadrilla, en passant par une unité de transformation de déchets lourds ou la poissonnerie de Takedji. C’est là, habillé d’une toque blanche et d’un masque sanitaire, que Carold Vassilev exprime son admiration. “De loin, on ne voit Ouvéa que comme une île paradisiaque avec des cocotiers et du sable blanc, mais vous avez de beaux équipements et un vrai potentiel économique”. Même remarque positive face à Roger Toulangui, de retour depuis peu dans son île natale pour développer le tri des déchets avec sa société Layannah environnement. “On parle souvent des jeunes qui quittent les îles mais vous êtes un exemple de réussite car vous êtes revenu, en plus vous êtes dans le fondamental car on ne peut pas faire d’industrie sans savoir recycler l’industrie”, réagit Carold Vassilev.

Les terres coutumières comme protection d’une économie raisonnée Cette visite marque le début d’un cycle de rencontres économiques entre la province des îles Loyauté (PIL), la FINC et la Confédérations des petites et moyennes entreprises. “Le monde économique européen a du

Carold Vassilev avec Sylver Ouckewen, responsable de l’huilerie de Wadrilla, échangent sur la filière coprah, l’un des piliers de l’économie d’Ouvéa.

mal à appréhender les opportunités de travailler en terre coutumière, explique Carold Vassilev, alors qu’il s’agit d’une approche protectrice de l’environnement qui évite un développement anarchique”. Et d’appeler à repenser l’économie pour y inclure, dans des structures à taille humaine, l’activité non-marchande courante dans les îles. Une approche saluée par Robert Kapoeri, 1er viceprésident de la PIL. “Les mentalités changent et les coutumiers sont de plus en plus partants pour que la terre puisse servir au développement économique. A Ouvéa, les entreprises existantes sont un peu restées enfermées sur ellesmêmes, la FINC peut apporter des idées novatrices”, conclut Carold Vassilev. Des idées qui ont été débattues lors des rencontres économiques à Lifou, où une quarantaine de membres de la FINC étaient présents.

TeePrint commande 1.000 masques sanitaires aux couturières d’Iaai Également co-gérant de la société TeePrint, Carold Vassilev est venu aussi passer commande de 1.000 masques sanitaires aux couturières d’Ouvéa. “Car nous venons, après notre capacité à produire des masques UNS2 pour le grand public, de recevoir l’agrément UNS1, pour les masques des professionnels, par la direction générale de l’Armement”. Les couturières s’étaient déjà organisées sur toutes les îles de la province pour répondre à une première commande de 13.000 pièces passée par la PIL. TeePrint vient, pour l’instant, de demander 1.000 masques aux couturières de Maré et 1.000 à celles d’Ouvéa.

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Savonnerie d’Ouvéa : pas de cadeaux pour les rebuts ! Inutilisées durant 20 ans, les chutes de savon sont désormais valorisées par l’équipe de la savonnerie, qui les transforme en lessive et en coupeaux. Au milieu de la savonnerie, Alfonsine, râpe à fromage à la main, réduit en copeaux un bout de savon. Dans un gros bac à côté est stockée une fine poudre, bientôt conditionnée dans des paquets de lessive. Une réduction en poudre possible grâce à un nouveau broyeur. “On a aussi retrouvé de vieux cartons de paquets de lessive Iaai encore en bon état, explique Wanabo Wadjeno, responsable de la savonnerie, alors on a décidé de les utiliser pour relancer, comme il y a 20 ans, une production distribuée seulement à Ouvéa”. A la savonnerie, l’exportation ne concerne que les savons et l’huile de massage. Quand la production fonctionne normalement, trois tonnes de savon sont produites chaque semaine. La quasi intégralité de ces produits sont envoyés à Nouméa, où ils sont distribués par cinq grossistes. “Moins les 200 kilos vendus dans les magasins d’Ouvéa tous les 3 mois environ et les 10 % de chutes de savon”. Ce sont ces chutes, inutilisées auparavant qui sont dorénavant valorisées. “Depuis l’implantation de la savonnerie en 2000, les habitants de l’île avaient pris l’habitude de venir récupérer gratuitement ces bouts issus de la découpe des blocs de savon, précise Wanabo Wadjeno, maintenant on ne les donne plus gratuitement”.

Une production de savon dépendante du coprah Après la valorisation des chutes de savon, un autre défi se dessine : stabiliser la production. En effet, la savonnerie dépend entièrement de la production d’huile de coco fournit par l’huilerie voisine. Avec le confinement, les coprahculteurs ont fourni beaucoup. D’où l’envie de Wanabo Wadjeno de stocker un maximum d’huile pour prévenir des temps plus durs. En attendant, il débute le programme de la semaine, qui recommence tous les lundis pour les six employés de la savonnerie : faire chauffer l’huile de coco puis la laisser reposer 48 heures avant la découpe à la main, les envois à Nouméa et le passage à travers la râpe d’Alfonsine ou le broyeur pour les chutes. Savonnerie d’Iaai à Wadrilla, visite gratuite et espace de vente Tél. 45 10 60


TADINE : cap sur le Port du futur ! Pour les visiteurs et les produits arrivant de la mer, c’est la porte d’entrée sur l’île de Nengone : le port de Tadine entame bientôt sa grande mue ! L’objectif est certes de rénover des installations vieillissantes, mais aussi de mieux desservir une île aux besoins qui évoluent.

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ruit d’une concertation menée au long cours avec la population et les autorités coutumières, l’opération de réaménagement terrestre et maritime entre en phase opérationnelle. C’est à la SECAL, acteur-clé du Pays dans le suivi de grands projets d’équipement et d’aménagement public depuis 50 ans, que la Province des Îles a confié le mandat de maîtrise d’ouvrage.

En plus des outrages naturels que le temps a fait subir aux installations portuaires, l’augmentation du trafic au fil des ans impose une nouvelle approche. Ainsi s’agira-t-il dans un premier temps de fluidifier les parcours dans un espace restreint, entre passagers du Betico ou du Ieneic, croisiéristes, et professionnels de la logistique. Sens de circulation entre piétons, véhicules légers et poids lourds qui viennent charger ou décharger une cargaison ; aménagement d’espaces de stockage ; installation d’éclairages permettant le travail de nuit… Autant de données qui entrent dans une équation complexe autour des quais.

permettant une mise à l’abri des marchandises. À cette première phase de travaux devant courir jusqu’en 2022, succédera la réalisation de la gare maritime proprement dite, et de ses abords : sanitaires, zones d’attente abritées, séparation des flux de passagers et de bagages arrivés ou en partance, pour une gestion plus efficace. Une troisième phase ciblera l’extension et l’éventuel remplacement de certains pontons, ainsi que l’aménagement d’aires de détente et de loisirs. La cale de mise à l’eau et la digue de protection seront réhabilitées au cours de la phase suivante, tandis que l’ultime étape consistera à mettre en place un coffre d’amarrage en baie de Tadine, destiné aux paquebots.

La fin des travaux est prévue courant 2024. Menés dans le cadre du contrat de développement État – Province 2017-2022, leur coût total est estimé à 5.120.395.487 FCFP. Au-delà de ce réaménagement global des équipements portuaires, la réalisation d’un tel chantier aura des répercussions concrètes sur le confort de vie des Si Nengone. Ainsi, l’amélioration de la qualité et des capacités des infrastructures de stockage garantira une plus grande autonomie de l’île en denrées alimentaires, carburant ou matériaux divers. À terme, l’exploitation du nouveau port, prévue en régie directe les deux premières années, nécessitera l’adoption d’un cadre réglementaire en assemblée provinciale.

Les réflexions menées depuis les débuts du projet visent à minimiser l’impact environnemental du port. Ainsi la collecte des eaux pluviales, l’isolation des bâtiments ou la gestion des espaces verts entrent pleinement dans les objectifs de travaux menés en conformité avec la charte Chantier Vert. L’autre enjeu important concerne une meilleure sécurisation, aussi bien pour l’embarquement et le débarquement du fret, que la construction d’un dock CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ

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LA PROVINCE RINA PARAU, NOUVELLE DIRECTRICE DE L’ANTENNE PIL D’OUVÉA

Jacques Lalié à Ouvéa pour redynamiser l’économie de l’île Le président de la province des îles Loyauté (PIL) est venu visiter, vendredi 31 juillet, plusieurs infrastructures de l’île, pour estimer les besoins en investissement et le potentiel économique.

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remier objectif pour le président de la province : recadrer les équipes. “A Ouvéa, ils avaient l’habitude d’être un peu délaissés, donc je viens pour les revivifier. Les choses ont changé et il faut qu’on avance ensemble dans une nouvelle dynamique”. Première fois qu’un président se déplace de Lifou pour installer une directrice à Ouvéa (lire encadré ci-contre), le symbole semble apprécié. Autre objectif : estimer les besoin de l’île. A l’unité de conditionnement des produits de la pêche (UCPM) de Takedji, il est envisagé de mettre en place une unité du vivant pour pouvoir, en plus des poissons, commercialiser les différents crabes de l’île. Le responsable de la savonnerie de Hwadrilla pointe du doigt, de son côté, la toiture qui fuit et l’inexistante d’un vrai espace d’accueil. “Le savon de Iaaï est une marque protégée et pourtant on n’utilise que 30 % des possibilités de ce marché, il faut que ça change”. Au local des femmes de Fayaoué, c’est encore le “made in Iaai” qui est recherché. Un projet devrait être financé pour que ce local devienne une boutique. “L’idée c’est d’exploiter nos richesses là où elles sont, explique Jacques Lalié, tout doit être transformé et vendu dans la province, on n’a pas de nickel mais on a des cocotiers, des ignames, du poisson et des savoir-faire”. L’occasion d’annoncer la tenue d’une Fashion Week en novembre à Ouvéa, ainsi que la fin des jeudis des îles à Nouméa. “Ça suffit de donner des subventions pour que nos artisans se déplacent puis dépensent l’argent en province Sud avant de rentrer, alors qu’on a les structures pour vendre ici”. Objectif pour Jacques Lalié : qu’au minimum 50 % du budget de la province reste dans les îles. “Au début ce sera la PIL via la SODIL

notamment, qui actionnera les leviers de ce circuit économique, mais l’idée est ensuite de trouver des partenariats ou des associés”.

Les filières cocotier et coprah suscitent le débat Échanges vifs vendredi, lors de l’aprèsmidi dédiée à la filière cocotier. Le constat présenté par l’association Arbofruits, en partenariat depuis 2011 avec la province pour l’animation de la filière coco, n’est pas nouveau. A Ouvéa les cocoterais sont vieillissantes et le potentiel de production très loin d’être atteint (500 tonnes en production potentielle annuelle, contre à peine 200 à ce jour). L’idée de mettre en place une ligne pilote pour de la fabrication d’huile vierge de coco a été accueillie froidement. “Il faut d’abord régler le problème de la production avant de vouloir diversifier”, ont ainsi réagi plusieurs élus. Après la visite de l’huilerie, l’urgence constatée a été d’augmenter le prix d’achat du coprah aux coprahculteurs, de financer un chariot élévateur et une rénovation en profondeur des locaux et de la presse vieillissante. Premier client à Ouvéa qui demande plus d’huile : Enercal, dont le moteur fonctionnant au bio-carburant n’a produit en 2019 que 5,3 % de l’énergie de l’île, par faute de manque d’huile. Pour tous les projets évoqués pour Ouvéa, Jacques Lalié a demandé des devis avant le vote, en fin d’année, du budget 2021 de la province. Pour le concret, il donne rendez-vous à tous dans deux ans pour les résultats sur le terrain.

De gauche à droite, Rina Parau directrice générale des services d’Ouvéa, Maurice Tillewa Maire d’Iaai et Jacques Lalié président de la PIL.

Jacques Lalié a installé, lors de sa visite, à la direction générale des services d’Ouvéa (DGSO), Rina Parau, ancienne chef des transports terrestres à la DITTT. “Vous avez intérêt à avoir un caractère fort”, l’a mise en garde Matthias Waneux, à la DGSO pendant plus de 20 ans. Rina Parau, 51 ans, répond d’une voix assurée. Décline son identité : papa Polynésien des îles Australes, maman de Takedji (nord d’Ouvéa). Puis ses études : bac avec mention en 1987 (“alors que mon père ne savait pas encore ce qu’était un baccalauréat”), licence de droit publique en Métropole avant une ascension dans les administrations calédoniennes grâce à sa réussite aux concours, jusqu’au grade d’attachée principale. “Je suis fière d’être la première femme kanak à être arrivée à cet échelon administratif”. Son envie de venir travailler à Ouvéa ? “Mettre mes compétences au service de l’île, être un exemple et montrer qu’on peut y arriver. Ouvéa a besoin d’un recadrage avec une antenne de la province plus administrative et moins politique, c’est ce que je suis venue accomplir et sachez-le : j’ai une réputation de travailleuse et de quelqu’un qui atteint toujours son but”.

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LA PROVINCE

Comment devenir PROPRIÉTAIRE d’une MAISON NEUVE aux Loyauté ?

Marceline Adjouhniope, qui s’occupe du guichet Loyauté habitat à Ouvéa présente le dispositif. A sa droite, Erydise Wanyima, chargée de clientèle.

Créée en 2017, la société publique locale Loyauté habitat vient d’ouvrir ses guichets sur toutes les îles. Première étape pour constituer un dossier : avoir une autorisation coutumière.

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enue présenter le dispositif habitat à Ouvéa, Erydise Wanyima, chargée de clientèle, explique. “Avant, la province des îles Loyauté (PIL) était en charge d’inscrire les dossiers et la Sodil de les construire : maintenant tout est réuni, toujours dans le cadre de la politique d’habitat social de la province”. Pour être aidé, il faut justifier de revenus mensuels réguliers inférieurs à 300 000 francs CFP pour une personne seule, 350 000 francs à deux et 450 000 francs CFP si le logement est pour trois personnes ou plus. Le programme est dédié aux 40-65 ans. “Cela ne veut pas dire que votre dossier ne sera pas étudié si vous ne rentrez pas dans cette tranche d’âge, précise Romarick Hnanganyan, directeur général de Loyauté habitat, seulement, après 65 ans on vous orientera plutôt vers de la rénovation et avant 40 ans vers de l’insertion si vous êtes sans emploi, sinon on estime que vous êtes en mesure de construire par vos propres

moyens si vous travaillez, l’idée est de responsabiliser les gens”.

Objectif : 50 maisons par an Pour avoir accès à l’aide à la construction d’un logement neuf il faut, tout d’abord, demander une autorisation coutumière. Il faut également demander l’aide pour son logement principal, accepter le constructeur et les modèles proposés et participer au financement de l’habitation. L’apport personnel est, au minimum, fixé à 10 % du prix du projet et la subvention de la PIL oscille, selon les cas, entre 10 et 90 %. Le reste à charge peut être financé grâce à un prêt sans intérêt accordé par la province. Les modèles de maisons proposées sont des F2 (une chambre) à 8 millions ou des F3 (deux chambres) à 9,5 millions. Les constructions sont des modèles en

kit. “Les artisans coulent la dalle puis la structure arrive par conteneur, explique Romarick Hnanganyan, cela permet un montage rapide, en 3 mois environ”. Loyauté habitat est, pour l’instant, en cours de construction des commandes 2018-2019. Romarick Hnanganyan estime que ces logements seront terminés courant 2021. La prise en charge des nouveaux dossiers, déposés dès maintenant, seront alors mis en place. Avec un objectif : construire 50 maisons par an sur l’ensemble des îles Loyauté. Pour ceux dont les dossiers étaient encore en cours de traitement, il faudra certainement recommencer la démarche. “On repart de zéro, conclut Romarick Hnanganyan, mais un arbitrage provincial pourrait intervenir pour certains dossiers très avancés, notamment ceux dont l’apport personnel a déjà été versé, on parle là d’une dizaine de dossiers”. A plus long terme, Loyauté habitat envisage de proposer des maisons plus grandes et avec plus d’options (panneaux solaires, système de récupération de l’eau de pluie). Objectif, tendre vers de l’habitat durable et une autonomie énergétique !

Informez-vous et constituez votre dossier auprès de Loyauté Habitat soit par téléphone au 45 78 09 ou par E-Mail à contact@loyaute-habitat.nc CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ

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LA PROVINCE

CONFORTE son AMENAGEMENT du territoire La province des Îles

Dans la déclinaison des objectifs du plan stratégique, le Président Lalié a souhaité décliner un axe visant à impulser la dynamique de manière à rendre l’aménagement du territoire provincial plus cohérent tout en favorisant la mobilité des biens et des personnes, afin d´améliorer notamment la desserte maritime de ses îles.

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our se faire, le Président a confié à la SECAL, deux opérations d´envergures distinctes :

• La maitrise d´ouvrage pour les travaux de réalisation de la gare maritime de Tadine – Maré (voir sujet en page 7), • L´étude de l´aménagement durable de Wé-Lifou intégrant les impacts du changement climatique.

Pour un meilleur aménagement du territoire du Grand Wé Avec une forte concentration démographique la commune de Lifou connait aujourd’hui de nombreux problèmes liés aux usages de l’espace du centre de Wé. En effet, le centre de Wé concentre aujourd’hui de nombreux services (OPT,

Hôpital, commerces, banques, établissement scolaires, zones industriels et ports…) qui peuvent parfois engendrés des impacts néfastes pour la sécurité de la population et son environnement. Propriétaires du foncier, les coutumiers sont aujourd’hui des partenaires incontournables du développement, ainsi le président a souhaité intégrer dans la réflexion des aménagements futurs de la zone de Wé, les chefferies concernées par la zone afin de mieux appréhender les enjeux locaux. La prestation d’étude est envisagée sur une durée de production de 9 mois, suivant le calendrier prévisionnel suivant : • Phase 1 – Il s’agira d’établir un diagnostic afin de définir des enjeux du territoire : état des lieux multithématiques (4 mois), • Phase 2 – A partir des enjeux, des objectifs et des actions seront déclinés (2 mois), • Phase 3 – Accompagnement à la conception du projet et évaluation (3 mois). Ainsi, ce présent projet de convention définit les modalités d’intervention de la SECAL pour mener à bien ces prestations. Le coût de ces prestations s’élève donc à un montant de 7.420.000 FCFP pour l’année 2020.

Pourquoi la SECAL ? La SECAL connue pour être un opérateur spécialisé dans le domaine de l’aménagement, dont les valeurs et savoirfaire seront des atouts pour accompagner la collectivité à la concrétisation de ces projets. De plus, le développement durable est une composante non négociable de tout projet public d’aménagement et de construction. Dans le cadre de ses missions d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage et de prestations intellectuelles sur la faisabilité de projet, la mobilité, l’aménagement, la construction et la gestion patrimoniale, la SECAL certifiée Iso 14001 Environnement depuis 2015, contribue à la qualité de vie du pays en privilégiant les trois piliers du développement durable que sont l’économique, le social et l’environnemental. Cet outil est un gage de qualité pour nous, et nous permet :

Jacques Lalié pour la province des îles Loyauté et François Suvé pour la SECAL lors de la signature de la convention.

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• D’accroître les performances de ses processus en vue de satisfaire les parties intéressées, • D’adopter une approche proactive pour réduire les impacts environnementaux des projets, • De multiplier les initiatives en faveur d’un développement territorial durable, • D’inscrire l’ensemble de ses travaux à la démarche “chantier vert”.


Les premiers

MÉDIATEURS COUTUMIERS DE PROXIMITÉ sillonnent l’île de Drehu

Le mardi 14 juillet, la convention interinstitutionnelle dénommée “Médiateurs coutumiers de proximité” a été signée et la mise en place de ce nouveau dispositif permet dorénavant aux médiateurs coutumiers de sillonner l’île de Drehu en toute légalité pour le bien-être et la sécurité de la population.

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l’occasion du conseil provincial de la délinquance (CPPD) qui s’est déroulé en décembre 2019 et ensuite, lors des assises nationales de la sécurité organisées en janvier 2020, plusieurs constats ont été partagés par l’ensemble des partenaires. Parmi toutes les réflexions abordées lors de ces rencontres, deux points importants ont été mis en avant. En premier lieu, les atteintes à l’environnement qui doivent pouvoir être prévenues compte tenu de la fragilité des écosystèmes aux îles loyauté après une période de sensibilisation et d’information dans les tribus. Et le second point, l’un des moins négligeables, le sentiment d’insécurité venant des incivilités et du non-respect des espaces publics : tags, consommation d’alcool sur la voie publique ou dans les parkings des commerces. Ainsi, dans le prolongement des actions validées par le CPPD, les acteurs

institutionnels sont convenus des réponses aux problématiques de délinquance et d’incivilités ou d’atteintes à l’environnement en privilégiant la prévention et la dimension éducative. Imaginant un procédé approprié et adapté à ces besoins, le dispositif appelé “médiateurs coutumiers de proximité” a été mis en place. La cérémonie de signatures de cette convention interinstitutionnelle s’est déroulée à la Résidence du Commissaire délégué en province des îles Loyauté à Wé-Lifou, en présence de Messieurs Roméo Zéoula – Président du conseil coutumier Drehu, Jacques Lalié – Président de la province des îles Loyauté, Stéphane LucienBrun – Commissaire délégué en province des îles Loyauté, Neko Hnepeune – 1er adjoint au maire de Lifou, et de Jean-Louis Boula – Président du CEMAID le mardi 14 juillet 2020 à l’issue de la cérémonie de célébration de la Fête Nationale.

LES COUTUMIERS DE DREHU À L´ORIGINE DU PROJET Le sujet est évoqué depuis plus de 15 ans mais n’a jamais vraiment eu d’écho auprès des politiques jusqu’en 2016. Avec l’aval du membre du gouvernement en charge des affaires coutumières, Anthony Lecren, les travaux ont débuté avec le Groupe du Fer de Lance Mélanésien. Cette première prise de contact a permis de tracer les premières esquisses de cette “police”, d’établir un calendrier et de créer un groupe de travail. Ceci a été chose faite et avait même reçu un financement des premiers équipements et une formation à Fidji des premiers “policiers”. Toutefois, en se heurtant aux compétences régaliennes encore non transférées à la Nouvelle-Calédonie, cette première proposition n´a donc pas trouvé d´issue, et le conseil coutumier Drehu a donc pris de nouvelles orientations. Suite aux différents échanges effectués lors de l’état des lieux, une nouvelle dimension au projet s’est dessinée : Proposer de mettre en place une meilleure collaboration avec les autorités compétentes locales.

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Bientôt LE PONT DE LÉKINY flambant neuf !

L’un des équipements les plus emblématiques d’Iaai aura bientôt son successeur ! Le nouveau pont de Lékiny (ou Mouli selon le point de vue...), répondra aux enjeux environnementaux et sécuritaires de son temps.

R

ien n’a été laissé au hasard avant de lancer cet ambitieux chantier, qui devrait changer le quotidien des habitants de Mouli et l’approche des touristes. Le pont actuel date de 1982, et les multiples réparations au fil des ans ne suffisaient plus. Jouet de la houle, des coups de tabac et de l’érosion, il se détériore rapidement et, son cout d´entretien est de plus en plus conséquent. Depuis 2017 et les premiers échanges avec les coutumiers des environs, des bureaux d’étude ont étudié les différentes options envisagées, ainsi que la nature des courants et des fonds qui participent à la dynamique propre à la passe Mata One, enjambée par la structure. La maîtrise d’œuvre d’étude et de suivi de travaux est assurée depuis fin 2017 par la société Gemoce SARL. Début août, c’est la candidature du constructeur spécialisé en génie civil et génie maritime Arbé qui a été retenue, à l’issue de l’appel d’offre. La société, dont l’expertise dans les Îles se confirme au fil des projets, a notamment réalisé le quai de Wadrilla en 2017. Pour Thierry Bolo, secrétaire général adjoint de la province des Îles, “ce pont relèvera à la fois de l’ouvrage d’art et d’une attraction pour le sud d’Iaai, en offrant des postes d’observation pour les magnifiques

paysages environnants”. Garantissant bien entendu la circulation en double-sens, le nouvel équipement sera doté de deux pistes cyclables (l’atoll est célèbre pour ses amateurs de vélo !), et de deux voies piétonnes permettant donc de savourer à loisir le point de vue. Des places de parking y compris réservées aux handicapés seront proposées côté Lékiny comme Mouli. “Au-delà de la dimension touristique, rappelle Thierry Bolo, il y a les aspects culturels propres à la réserve coutumière à proximité. Le pont doit contribuer à la fierté des habitants et à l’image positive d’Ouvéa. De plus avec un certain nombre de structures hôtelières tel le Paradis d’Ouvéa, des gîtes ou tables d’hôtes sur l’île de Mouli, c’est un vecteur déterminant pour l’activité économique”. Le lancement du chantier était initialement prévu en août 2020 : c’était sans compter sur l’onde de choc planétaire générée par la pandémie COVID-19... Le calendrier précis des travaux, qui commenceront d’ici la fin de l’année, sera très prochainement dévoilé, en concertation également avec les coutumiers du sud d’Iaai. Le coût total des travaux s’élève à 2.740.077.003 FCFP. Enfin dans le cadre du dispositif “1 pourcent artistique”, des propositions de mise en valeur du nouvel équipement par des artistes du Pays ont été validées par les instances coutumières. Sur la façade latérale du pont, devraient ainsi apparaître les totems propres aux communautés environnantes (Fayawa, Lékine, Mouli)...

LA PROVINCE

LA BANQUE DES TERRITOIRES, UN DE NOS PARTENAIRES

Il avait déjà fait l´objet d´une première enveloppe budgétaire d´un montant de 1.6 milliards de nos francs. Le projet ayant évolué avec des besoins plus précis, il a fallu augmenter cette enveloppe et trouver les fonds. “Pour un projet aussi structurant et de grande envergure, répondant notamment à différentes normes environnementales, nous avons fait appel à un prêt avec la Banque des Territoires, pour boucler notre budget. La Province des Iles possède une situation financière saine et une feuille de route claire qui a séduit notre partenaire”, affirme Emile Mene, secrétaire général de la province des Iles. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ

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UN PEU D’HISTOIRE !

Les étapes de la Quelques grandes dates jalonnent la généralisation du droit de vote, aboutissant par étapes au suffrage universel.

1791 : suffrage censitaire et indirect La Constitution du 3 septembre 1791 met en place une monarchie constitutionnelle. Dans ce régime, la souveraineté appartient à la Nation mais le droit de vote est restreint. Le suffrage est dit censitaire. Seuls les hommes de plus de 25 ans payant un impôt direct (un cens) égal à la valeur de trois journées de travail ont le droit de voter. Le suffrage est aussi indirect car les citoyens actifs élisent des électeurs du second degré, disposant de revenus plus élevés, qui à leur tour élisent les députés à l’Assemblée nationale législative. Après une brève application du suffrage universel masculin pour élire la Convention en 1792, le suffrage censitaire et indirect est rétabli par le Directoire (Constitution du 5 fructidor an III) en 1795. 1799 : suffrage universel masculin mais limité La Constitution du 22 frimaire an VIII (13 décembre 1799) établit le régime du Consulat. Elle institue le suffrage universel masculin et donne le droit de vote à tous les hommes de plus de 21 ans ayant demeuré pendant un an sur le territoire. Mais ce droit est limité par le système dit des listes de confiance. Il s’agit d’un scrutin à trois degrés. 1815 : suffrage censitaire La défaite de Napoléon Ier à Waterloo (18 juin 1815) entraîne la chute définitive de l’Empire et permet le rétablissement d’une monarchie constitutionnelle, avec le retour de la dynastie des Bourbons : c’est la Restauration. Le suffrage universel masculin est aboli et le suffrage censitaire rétabli. Seuls les hommes de 30 ans payant une contribution directe de 300 francs ont le droit de vote. Pour être élu, il faut avoir 40 ans et payer au moins 1 000 francs de contributions directes. La loi électorale du 29 juin 1820 du double vote permet aux électeurs les plus imposés de voter deux fois. Ces mesures cherchent à avantager les grands propriétaires fonciers, c’est-à-dire l’aristocratie conservatrice et légitimiste. Après la révolution des Trois Glorieuses (27, 28, 29 juillet 1830), la Restauration fait place à la Monarchie de Juillet (LouisPhilippe Ier). Le droit de vote est élargi.

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CONQUÊTE du droit de

VOTE !

1848 : suffrage universel masculin et vote secret Le mouvement révolutionnaire qui éclate en février 1848 met fin à la Monarchie de Juillet et institue la République. Le suffrage universel masculin est alors adopté par le décret du 5 mars 1848 : il ne sera plus remis en cause. Sont électeurs tous les Français âgés de 21 ans et jouissant de leurs droits civils et politiques. Le droit d’être élu est accordé à tout électeur de plus de 25 ans. Le vote devient secret. Cependant Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République en 1848 se maintient au pouvoir par le biais d’un coup d’État, le 2 décembre 1851, puis fait approuver un an plus tard (plébiscite du 2 décembre 1852) le rétablissement de l’Empire. C’est deux jours après la défaite militaire du Second Empire, à Sedan, que la IIIème République sera proclamée le 4 septembre 1870. La décennie 1870 verra la mise en place des institutions du régime républicain, qui, contrairement à la brève expérience de 1848, s’enracine progressivement. Ainsi, hormis la parenthèse du régime de Vichy (le 10 juillet 1940, le Maréchal Pétain se voit remettre les pleins pouvoirs constituants par une Assemblée élue au suffrage universel), la forme républicaine du gouvernement et l’exercice du droit de suffrage ne seront plus remis en cause et iront désormais de pair. Une seule exception, durable : par la loi du 27 juillet 1872, le droit de vote est refusé aux militaires (d’où l’image de l’armée, “Grande muette”).

1944 : droit de vote des femmes et suffrage universel Pendant longtemps le droit de vote avait été refusé aux femmes en raison d’arguments misogynes : les femmes seraient faites pour être des mères et de bonnes épouses, ce qui ne serait pas compatible avec l’exercice du droit de vote ou d’un mandat politique. Par ailleurs, certains redoutaient l’influence de l’Église sur le vote féminin. Après la Première Guerre mondiale, puis l’apparition des suffragettes (militantes du droit de vote féminin), le débat évolue progressivement, mais l’opposition du Sénat fait échec à toute évolution dans l’entre-deux-guerres. L’ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement provisoire de la République française, signée par Charles de Gaulle, donne aux femmes le droit de vote, rendant ainsi le droit de suffrage réellement universel, par son article 17

qui dispose simplement : “Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes”. Dans les faits, les Françaises votent pour la première fois aux élections municipales d’avril-mai 1945. 1945 : droit de vote des militaires L’ordonnance du 17 août 1945 dispose : “Les militaires des trois armées sont électeurs dans les mêmes conditions que les autres citoyens”, rompant avec la pratique en cours depuis 1872. Ils sont éligibles sous certaines conditions. 1946 -1956 : égalité de suffrage en outre-mer À la Libération, la Constituante hésite entre l’assimilation totale et l’association concernant la France d’outre-mer. La loi du 7 mai 1946 (dite loi Lamine Guèye) proclame citoyens tous les ressortissants de l’empire colonial (auparavant, la citoyenneté était la plupart du temps l’apanage des seuls ressortissants de statut civil français, et non des autochtones). Si la loi est inscrite dans la Constitution du 27 octobre 1946, le droit de vote demeure inégalitaire (système du “double collège” : “Des lois particulières établiront les conditions dans lesquelles ils exercent leurs droits de citoyens”, art. 80 de la Constitution). La IVe République institue l’Union française. C’est la loi du 23 juin 1956 (dite loicadre Defferre) qui institue le suffrage universel et le collège unique dans les territoires d’outre-mer. Votée à une très forte majorité dans une situation politique délicate, elle a prouvé selon l’historienne Georgette Elgey qu’il était possible à la IVe République “de devancer l’événement et de permettre une décolonisation réussie”. 1974 : droit de vote à 18 ans Le président de la République Valéry Giscard-d’Estaing abaisse, par la loi du 5 juillet 1974, l’âge d’obtention du droit de vote à 18 ans au lieu de 21. 1992 : naissance de la citoyenneté de l’Union européenne Le traité de Maastricht institue une citoyenneté européenne. Tous les citoyens étrangers ayant la nationalité d’un des pays membres de l’UE peuvent, lors des élections municipales et européennes, voter et se présenter dans l’État membre où ils résident. Cependant, la Constitution (art. 88-3) précise qu’ils ne peuvent devenir ni maires, ni adjoints.


Maré rend hommage aux disparus de

“LA MONIQUE”

Afin de ne jamais oublier les disparus de “La Monique”, 67 ans après le drame du 31 juillet 1953, les Si Nengone se sont recueillis devant le monument érigé à Tadine sur l’île de Nengone. Un dépôt de gerbes et des chants en mémoire des disparus ont marqué cet événement empreint d’émotion.

L

a Monique est le nom d’un bateau construit pour l’US Navy, en 1946 en Nouvelle-Zélande. Mais dès la fin de la seconde Guerre Mondiale, La Monique a servi par la suite de bateau de transport (marchandises et personnes) en Nouvelle-Calédonie. Il effectuait des rotations entre Nouméa et les îles Loyauté.

Dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1953, sa disparition a été signalée à mi-chemin entre Maré et Nouméa : à son bord, 108 passagers et 18 membres d’équipage. L’épave du bateau n’a jamais été retrouvée.

Ainsi à la mémoire des personnes disparues, un monument a été érigé à Tadine (Maré) en 1978, sur lequel leurs noms y sont inscrits. Une commémoration est organisée tous les 31 Juillet devant le monument, afin que cette mystérieuse disparition de La Monique ne soit pas oubliée. Il s’agit d’une catastrophe humaine considérable, un mystère non résolu et inexpliqué : le caboteur La Monique a disparu en 1953 de l’océan Pacifique sans laisser de traces.

La Maire de Nengone, Maryline Sinewami accompagnée de l’historien Louis-José Barbançon devant le monument “La Monique”. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ

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UN PEU D’HISTOIRE !

Du grand rêve kanak au grand rêve ou la dignité du politique En juin 1988, lors des Accords de Matignon-Oudinot, l’État français en reconnaissant le fait colonial, reconnaissait par voie de conséquence les droits du peuple kanak, peuple indigène colonisé de la Nouvelle-Calédonie.

A

cette occasion, la délégation indépendantiste kanak conduite par J-M Tjibaou, offrit de partager ces droits avec les autres communautés présentes en NouvelleCalédonie, c’est à dire avec tous les hommes et toutes les femmes que la colonisation, aussi douloureuse soit-

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elle, nous a apportés comme frères et sœurs. Mettant de ce fait, officiellement fin, au grand rêve kanak, celui pour lequel nous avons combattu depuis tant d’années, pour avoir un pays bien à nous, comme les Vanuatais, les Papous ou encore les Salomonais qui ont le leur.

Pour une des rares fois dans l’histoire, un peuple acceptait de partager ses droits avec d’autres. Si du point de vue kanak, le don est l’expression d’une identité et l’affirmation d’une dignité, par contre en termes de rapport de forces politiques classiques, la célèbre poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, en 1988 au lendemain du drame d’Ouvéa, relevait quasiment de


Crédit photo : Sophie Mendes

calédonien l’inacceptable. Côté indépendantistes, Le Fulk et l’USTKE qui avaient plutôt vu dans ces Accords, la reddition du FLNKS devant la puissance coloniale, quittèrent l’un après l’autre ce mouvement. Pour les anti-indépendantistes de leur côté, enfermés dans l’idée que c’est l’Europe qui apporte le progrès, la civilisation et le droit aux peuples exotiques, et non l’inverse, reconnaître que les kanak ont des droits historiques

et qu’ils les leur offrent de surcroît en partage, relevait de l’injure. Il a fallu toute l’autorité de J. Lafleur pour faire admettre momentanément, aux élus du RPCR, qu’accepter les kanak de leur part était la seule condition intelligente d’une paix durable.

A. El Sadate survenue dans un contexte politique similaire de négociation pour un accord de paix. Pour la même raison, J. Lafleur avait été désavoué par la majorité des électeurs européens du Grand Nouméa lors du référendum de 1988 sur les Accords de Matignon.

Les Accords de Matignon-Oudinot, germe du grand rêve calédonien, est l’expression de la dignité du politique. Ils sont une profession de foi, en la possibilité, pour tous les “enfants du pays”, de forger ensemble un monde commun, à partir de leurs identités individuelles et collectives respectives. Ils sont le pari sur l’intelligence, dans la mesure où celle-ci est cette capacité qui nous rend capable, de nous élever au-dessus de notre univers de vie pour accueillir l’autre dans son honneur, eût-il été l’ennemi d’hier, et prendre le risque d’admettre que, même s’il y a eu des morts entre nous, celui-ci a une vérité à partager avec nous.

Lors du premier référendum en 2018, 30 ans après la poignée de main historique, l’esprit des Accords de Matignon-Oudinot a grandi et habite la conscience calédonienne. D’un côté, il y a cette aspiration profondément humaine qui d’ellemême gagne doucement les consciences, et de l’autre côté les partis politiques qui s’approprient, à grand bruit, les notions de “destin commun, d’avenir ensemble”, pour en faire des arguments de lutte pour le pouvoir, conservant tristement un regard tourné vers le passé, négligeant de voir toutes les opportunités d’un avenir meilleur pour la jeunesse du Pays. De l’autre côté il y a la dignité du politique, dans la mesure où selon la philosophe H. Arendt la dignité humaine tient au fait d’être “co-fondateur d’un monde commun”, il y a la politique dans sa médiocrité, règne de la ruse et des rapports de forces. Il faut libérer la politique de la médiocrité.

Cependant, ce qui a été, et ce qui reste toujours difficile à faire comprendre, c’est que ces Accords s’inscrivent dans un processus de paix d’une grande hauteur politique, bien différent des combats électoraux habituels du type gauche contre droite, conservateurs contre libéraux ou indépendantistes contre anti-indépendantistes. En effet, si dans ce dernier cas de figure, une belle victoire électorale s’obtient par la défaite des adversaires, œuvrer pour la paix par contre exige, autant que faire se peut, respect mutuel et écoute de l’autre. Dans cet autre cas de figure, chacun doit à la fois défendre ses convictions et en même temps veiller à ce que l’autre ne soit pas discrédité dans son propre camp, sinon tout est à recommencer. A respecter ainsi l’ennemi d’hier, chacun court le risque d’être accusé, par ses propres compagnons de lutte, de “trahir la cause”, avec des conséquences souvent dramatiques dont l’histoire offre de nombreux exemples. Pour cette raison J-M Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné avaient été soupçonnés de trahison par d’autres indépendantistes kanaks qui s’attendaient à les voir piétiner le RPCR avec l’appui des socialistes français et non qu’ils s’engagent avec J. Lafleur dans un processus de paix. Leur mort rappelle celle de l’israélien Rabin et de l’égyptien

Fondamentalement, cela signifie que la création d’un monde commun est moins une affaire de majorité électorale, que de respect des dignités individuelles et collectives. Le peuple kanak a accepté de partager ses droits avec d’autres depuis 1983 et il est temps aujourd’hui, par la seule majorité électorale de démontrer que ce monde commun existe bien, depuis longtemps, et que chacun d’entrenous vit déjà chaque jour l’un avec l’autre dans le respect des dignités individuelles et collectives. Cette prise de conscience collective a dorénavant un impact sur la politique du pays, quel que soit le parti. Cette petite graine semée il y a 30 ans a germé, grandi et elle est devenue en 2018 un bel arbre avec des racines bien ancrées dans le sol du Pays, ne demandant plus qu’à fleurir en 2020 avec un OUI à la pleine souveraineté du pays, pour enfin offrir ses fruits d’indépendance.

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ENVIRONNEMENT

La filière cocotier d’Iaai retient l’attention de l’Europe

F

in juin, des représentants de la chambre d’agriculture, de la province, de la CPS, de l’agence rurale et de Sud Forêt se sont retrouvés à Ouvéa autour des associations locales Asbo (association pour la biodiversité d’Ouvéa) et Arbofruits afin d’examiner les cocotiers de l’île. “Notre venue s’inscrit à la suite de l’atelier sur le cocotier organisé en novembre à Tahiti, qui avait abouti à la construction d’un programme d’actions à mettre en œuvre dans le cadre de PROTEGE pour développer la filière coco en Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, explique Clément Gandet, coordonnateur PROTEGE à la CPS, pour cette partie agriculture et foresterie du programme, nous avons un budget de plus de 100 millions de francs pacifiques pour ces trois territoires”. A Ouvéa, le premier point du projet PROTEGE porte sur la régénération des cocotiers. Évaluer le potentiel du bois pour le valoriser. “Pour inciter les gens à couper les vieux arbres puis à en replanter de nouveaux,

il faut que le bois ait une valeur”, détaille Clément Gandet. Autre idée : mieux connaître les différentes variétés de cocotiers pour, par exemple, mettre en place des pépinières d’espèces plus productives. “Ce travail a été mené à Wallis, en partenariat avec les chefferies pour la réidentification des espèces, puis avec la population pour orienter la production en fonction de l’utilisation du cocotier”.

Séchage solaire pour production d’huile alimentaire de coco Les financements PROTEGE devraient également permettre de diversifier les produits issus du cocotier, le plus important à Ouvéa restant la production de coprah (pulpe de noix de cocos séchées puis pressées à l’huilerie de Hwadrilla). Le rapport PROTEGE souligne que la production de coprah sur l’île a un potentiel estimé à 500 tonnes par an, pour environ 1000 ha de cocoteraie. En 2019, cette production n’a été que de 191 tonnes. “L’idée c’est que le concret commence cette année, conclut Clément Gandet, nous lançons les appels d’offres et le financement PROTEGE doit créer des synergies entre tous les acteurs du terrain”.

PROTEGE... qu’est-ce que c’est ? Lancé début 2019, le programme PROTEGE est financé, jusqu’en 2022, dans le cadre du 11ème Fonds européen de développement de l’Union européenne, pour près de 4,3 milliards de francs, pour des projets environnementaux dans le Pacifique (NouvelleCalédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française et Pitcairn). Il s’articule autour de quatre thèmes : agriculture et foresterie / pêche côtière et aquaculture / eau / espèces envahissantes. Le premier comité de pilotage du programme s’est tenu il y a un an à Nouméa. Il a acté les 14 résultats attendus, qui devraient se décliner en 200 à 300 actions sur le terrain. Pour en savoir plus : https://protege.spc.int/fr ou l’application mobile (gratuite, à télécharger sur Androïd ou IOS) “PROTEGE Communauté du Pacifique”.

Crédit photo : CPS

Le programme européen PROTEGE (Projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes), piloté par la Communauté du Pacifique (CPS) et par le Programme régional océanien de l’environnement, pourrait permettre de développer des projets pour la filière cocotier à Ouvéa.

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ENVIRONNEMENT

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JEUNESSE

L’enseignement en débat en province des îles Loyauté La province des îles Loyauté (PIL) a organisé en juillet des rencontres autour de la question de l’enseignement. Objectif : en dresser un état des lieux et de nouvelles perspectives. Après des rencontres à Lifou et au campus des îles à Nouméa, une journée-débat s’est déroulée le 15 juillet à Ouvéa. nseignants, associations, retraités, représentants des institutions politiques, coutumières et religieuses, tous ensemble réunis pour parler de l’école d’aujourd’hui et imaginer celle de demain. “L’idée est de rester dans le cadre du Projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie tout en réfléchissant à comment lui donner une déclinaison provinciale, explique Léonard Wamalo, directeur adjoint de la direction de l’enseignement à la PIL, pour l’accompagnement scolaire par exemple, on se demande si on doit aider les parents d’élèves ou le mettre en place au niveau institutionnel, alors on consulte la population”.

E

Parmi les ateliers, l’un a regroupé les plus de 35 ans. Beaucoup ont évoqué l’expérience de l’école populaire kanak (l’EPK, mise en place à Ouvéa de 1984 à 2000 suite à l’appel au boycott de “l’école coloniale” par le FLNKS) pour proposer plus de culture kanak dans l’école d’aujourd’hui. “Pourquoi ne pas traduire des livres en langues iaai et faga-uvea, pour redonner le goût de la lecture”, a ainsi proposé Charles Wea. A Ouvéa, la division par deux du nombre de collégiens en 20 ans (dû au travail des parents à l’extérieur, et notamment à Nouméa) et la disparition de certaines filières d’accompagnement sur l’île, comme la Maison familiale et rurale, la section Segpa ou l’ALEP (lycée professionnel), a été

identifiée comme une des causes du décrochage scolaire. “Au lieu d’avoir trois collèges à Ouvéa, je pense qu’il en faudrait deux avec un lycée, a réagi Hinö Wea, ainsi qu’une antenne de l’université de Nouvelle-Calédonie à Lifou et des partenariats avec les pays non-alignés pour certaines formations, afin d’éviter que les enfants ne soient coupés de leur maison et de leur culture”.

Dans l’attente d’une meilleure relation enseignants-parents Côté enseignants comme parents, le besoin de renouer le dialogue a été souligné. “On dirait que les parents ont peur de venir nous voir”, a fait remarquer une enseignante. “On voit que ce n’est pas facile parfois pour eux, a, de son côté, souligné un parent, mais on se comprendrait mieux si les enseignants s’appuyaient sur les images de la culture mélanésienne pour communiquer”. Parmi les propositions : que l’école soit moins théorique avec des ateliers pratiques en après-midi, des horaires allégées et moins de pression sur les enfants. “Il faut que cette journée serve à quelque chose, quelle sera la suite ?”, s’est questionné, de con côté l’ancien sénateur loyaliste Simon Loueckhote. Tous les groupes ont exprimé un besoin de concret et de moyens financiers pour l’école de demain. Après des débats à Maré et Tiga, un colloque-synthèse s’est tenu à Lifou les 10 et 11 août. La remise d’une charte provinciale de l’éducation au président de la PIL est prévue le 30 septembre.

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JEUNESSE

Visioconférence à l’université pour les étudiants en partance pour la métropole Face à l’épidémie mondiale de Covid-19, cette année les autorités locales ont dû s’organiser autrement afin de permettre aux étudiants qui poursuivent un cursus scolaire hors-territoire, d’effectuer dans les meilleures conditions possibles, leur rentrée universitaire 2020-2021 au mois de septembre. eudi 30 juillet à l’Université de Nouvelle-Calédonie à Nouville, se sont retrouvés les étudiants de chaque province pour assister à la visioconférence animée par le service étudiant formation-jeunesse de la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris. Avec pour objectif de donner des informations sur les démarches administratives que rencontrent les étudiants en métropole, la Direction Générale des Services de Nouméa, Section Enseignement Supérieur de la province des îles Loyauté a une fois de plus joué un rôle prépondérant en prodiguant les conseils et le soutien attendu des participants Loyaltiens.

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Les démarches administratives

BCI/BRED téléphone ou mail etudiant@bci.nc BNC/CAISSE D’EPARGNE téléphone ou mail contact@bnc.nc SOCIETE GENERALE téléphone ou mail muriel.martin@sgcb.nc BNP PARIBAS téléphone ou mail bnp.nc@bnpparibas.com La recherche de logement Trouver un logement en métropole est un des soucis majeurs de l’étudiant calédonien. Plusieurs possibilités s’offrent à lui comme les résidences universitaires ou encore les colocations qui sont de plus en plus prisées par les étudiants car elles permettent de réaliser des économies sur un loyer tout en créant du lien social. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de la Maison de la Nouvelle-Calédonie http://www. mncparis.fr/etudiants/logement

La couverture sociale Tous les étudiants originaires de Nouvelle-Calédonie ont besoin d’avoir une couverture sociale et un numéro de Sécurité sociale en Métropole. C’est indispensable et incontournable pour trois raisons essentielles : • Le remboursement des frais médicaux. • La possibilité de faire un job étudiant, un stage ou une alternance. • L’instruction d’un dossier d’aide au logement (prise en charge partielle du loyer). Pour obtenir tout cela des démarches sont nécessaires et vous allez devoir y consacrer un peu de votre temps et de votre énergie. Adhésion à la Sécurité sociale + Adhésion à une mutuelle = COUVERTURE SOCIALE. L’ouverture d’un compte bancaire La Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris a signé des conventions avec des organismes bancaires afin de faciliter vos démarches. Vous pouvez désormais ouvrir un compte bancaire en métropole depuis la Nouvelle-Calédonie en contactant :

Une rentrée universitaire se prépare à l’avance ! Mais il est important de savoir que ces démarches ne se font pas en un jour, lors d’une visioconférence, mais bien à l’avance. C’est ce que l’équipe de la DGSN, Section Enseignement Supérieur de la province des îles Loyauté tient à rappeler aux étudiants et notamment aux futures promotions qui seront concernées ces prochaines années. Ce travail doit débuter au plus tôt et ce parcours se prépare à l’avance avec un objectif qui se dessine sur du long terme. L’équipe qualifiée est toujours là pour conseiller, orienter, soutenir tous les étudiants Loyaltiens et c’est l’un des engagements pris par Jacques Lalié, président de la province des îles Loyauté, lors de sa déclaration de politique générale du 16 juillet 2019.

Pour toute information, contactez la DGSN, Section Enseignement Supérieur de la province des îles Loyauté au 28 18 26 ou par mail dgsn-ces@loyalty.nc

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CÔTÉ JARDIN

100 %

Bio

VANILLE D’OUVÉA Une filière à organiser Avec moins de 500 kilos de vanille chaque année, Ouvéa est l’île des Loyauté qui fournit le moins de gousses à la Maison de la vanille de Lifou. Une filière que la province aimerait dynamiser.

D

e mi-mai et tout le mois de juin, la campagne d’achat de la vanille verte est organisée à Ouvéa par Arbofruits, en partenariat avec la Maison de la vanille de Lifou. “L’achat n’est qu’une partie du travail, explique Kuin Wetewea technicien de l’association, il y a d’abord, entre janvier et avril, le recensement des vanilleraies puis le bilan à réaliser chaque fin d’année”.

la Maison de la vanille à Maré la même année). Parmi les producteurs d’Ouvéa, Jacques Adjouhgniope exploite 200 pieds de vanille à Hwadrila, qui donnent entre 30 et 40 kilos de gousses par an. “Mais ça dépend de beaucoup de facteurs, explique-t-il, comme de l’ensoleillement ou encore du manque d’eau, notre plus grand problème à Ouvéa”.

Comme à Lifou et Maré, la production à Ouvéa est en baisse. En 2013, la Maison de la vanille recensait sur l’île 36 producteurs pour 1,3 tonne de vanille.

Entre 1000 et 5000 francs le kilo

En 2017, la Maison de la vanille ne comptait plus que 16 producteurs à Ouvéa, pour 328 kilos (contre 1,6 tonne à Lifou et près de 900 kilos achetés par

Le producteur vend 80 % de ses vanilles à la Maison de la vanille, via Arbofruits, et transforme les 20 % restants pour vendre aux touristes de passage. “La

préparation après la récolte comprend deux temps, l’échaudage puis le séchage, c’est long mais le produit préparé, vendu en gousse ou cuisiné en confitures, rapporte trois fois plus que de vendre la vanille verte”. Aujourd’hui, la Maison de la vanille achète les gousses entre 1000 et 5000 francs le kilos, selon leurs tailles (moins de 14 centimètres, entre 14 et 15 cm et à partir de 16 cm et plus) et leur état général (gousse non fendue, souple, sans défaut ni courbure).

La province des îles Loyauté plus présente dans les domaines économiques Une situation observée par Ory Toulangui, agent de la province des îles Loyauté à Ouvéa qui, en suivant le technicien d’Arbofruits dans sa tournée, cherche à saisir les difficultés des producteurs. “Aujourd’hui, la province des îles Loyauté essaye d’être plus présente dans tous les domaines économiques pour mieux accompagner et dynamiser chaque secteur”.

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LITTÉRATURE

Le sens du Oui Le sens du Oui est un livre électronique (ebook), écrit par Mathias Chauchat, professeur à l’Université de la NouvelleCalédonie et Louise Chauchat, avocate au barreau de Nouméa, dans la perspective de la consultation du 4 octobre 2020, mais aussi du jour d’après. Il est Illustré par le dessinateur de presse Fly.

C

e livre est original parce qu’il ne tente pas d’esquiver le principe de décolonisation du pays. Il montre que le Oui peut être construit ensemble et être partagé autour de valeurs universelles et océaniennes. L’écriture recense les préjugés et même les peurs et tente d’y répondre rationnellement : Y a-t-il un peuple calédonien ? Pourquoi 3 consultations ? À quelle date s’arrête l’Accord de Nouméa ? Et le jour d’après ? En deçà du partenariat ? Quelle nationalité pour le pays ? Sommes-nous trop petits ? L’argent va-t-il disparaître ? La propriété sera-t-elle garantie ? Tout ce qui n’est pas en question dans la question. Doit-on tout écrire de l’avenir ?

Où et comment le trouver ? On vous donne le lien : https://www.kobo.com/fr/fr/ ebook/le-sens-du-oui et un mode d’emploi pour ceux qui n’ont jamais lu de livre électronique sur leur téléphone, tablette ou ordinateur. Il est souvent préférable de télécharger ou d’utiliser les logiciels gratuits fournis par les vendeurs en ligne, ici Kobo by FNAC, ou Rakuten Kobo, puis, après avoir acheté le livre, de le télécharger directement de l’application en cliquant sur la page de couverture. Pour l’acheter, Il faut aller sur Kobo ou la Fnac et chercher le titre, ou cliquer sur le lien, se connecter en créant un compte Kobo OU avec une adresse Gmail, un compte Facebook, ou Fnac, etc., et payer avec une carte bleue. Le livre se télécharge sur l’application Kobo et se lit alors également en mode hors connexion. Et si on a plusieurs appareils connectés, il est recopié automatiquement d’un appareil à l’autre sans repayer.

Les questions les plus sensibles sont traitées : Sommes-nous trop petits ? Le pays est-il vraiment indépendant en signant un partenariat ? Peut-on tout remettre en cause par le Non ? Que devient le peuple autochtone kanak ? Le destin commun limite-t-il la coutume ? Qu’en est-il des propositions sur la partition ou le fédéralisme avec la France ? Qu’en est-il de la voie autochtone ? Perdra-t-on notre passeport français ? Perdra-t-on l’argent de la France ? Va-t-on généraliser les terres coutumières ? L’économie va-t-elle s’effondrer ? La mine, la santé et l’éducation peuvent-elles être affectées par l’indépendance du pays ? Et la délinquance ? En définitive, sommes-nous vraiment prêts ? Le livre est uniquement disponible en livre électronique et donc en version numérique. L’avantage est de pouvoir l’obtenir aux Îles sans aller l’acheter à Nouméa pour seulement 120 FCFP. L’inconvénient est qu’il faut maîtriser l’achat sur Internet et avoir de la Wi-Fi ou de la 3G, mais une fois téléchargé, le livre se lit sans connexion et sur tous les supports (téléphones, tablettes, ordinateurs, etc.). Les applications ebooks offrent le changement de police, le grossissement, la recherche par mot clé, l’ouverture automatique des chapitres et des notes, des liens Internet fonctionnels si on est connecté, la possibilité d’annoter et de surligner, de “tourner” les pages, etc. Bonne découverte !

MEITRO NE UJË TRENGE EWEKË

Pour toute traduction en langue Drehu la CASE DE TRADUCTION - Tél. 79 57 75

Disponible à la vente le dernier ouvrage de l’auteur Unë Ernest UNË intitulé “MYTHOLOGIE ET SOCIÉTÉ D’ORIGINE” “Le Pays Drehu à son Origine” “Nöje Drehu Ngöne La Qaan” Publié avec la collaboration de la province des îles Loyauté, la Mairie de Lifou et l’hypermarché Korail. Contacter le 79 57 75 pour se le procurer. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ

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SANTÉ

e r t ê i o u q t s C’e INFIRMIER EN TRIBU ?

“A Ouvéa, il y a un sens de l’humour et du respect qui est devenu rare ailleurs” Au centre médico-social de Hulup, la rotation des infirmiers est importante. Beaucoup reviennent après une première expérience, tous repartent avec un souvenir spécial de Iaai. C’est le cas de Frédéric Amar, infirmier marqué par ses tournées chez les habitants des tribus du nord de l’île.

A

u dispensaire de Saint-Joseph, annexe du CMS au nord d’Ouvéa, Frédéric Amar ouvre sa porte et laisse entrer une nouvelle patiente. “C’est déjà la vingtième personne que je vois depuis ce matin et d’autres attendent, c’est une grosse journée”. L’infirmier prend tout de même le temps d’écouter les blessures de chacun. “Racontez-moi, ça aide à faire oublier la douleur”. Il change des pansements, donne du désinfectant, explique quoi faire à la maison. Beaucoup de patients maîtrisent mieux le fagauvea ou le iaai, les deux langues vernaculaires de l’île, que le français. Frédéric Amar s’assure que tout est compris, il explique de nouveau quand c’est nécessaire. Tout en restant direct et sans infantiliser. Puis vient l’heure du départ pour la tournée en tribu. Direction Teuta. Il est midi. Pas le temps de grignoter, Frédéric Amar est déjà en retard. “Ce n’est pas une heure pour arriver chez les gens, s’énerve la première personne visitée, je suis en train de manger moi”.

Prise de tension. L’infirmier garde le même ton, explique faire au mieux avec le nombre des patients. Quelques minutes passent, le vieux s’excuse. “C’est comme ça partout dans le monde, les personnes âgées n’aiment pas qu’on change leurs habitudes, s’amuse l’infirmier, mais venir en tribu me permet de rentrer dans l’intimité des gens, passer un petit moment avec eux et c’est ce que j’aime dans mon métier”. Quand il n’est pas en retard, il s’autorise même à boire un petit café chez l’un ou chez l’autre. “Le but c’est de communiquer et d’aider les gens, sinon ce n’est pas la peine”. Frédéric Amar, infirmier globe-trotter, est reparti fin juin d’Ouvéa. Pour y revenir peut-être un jour. “J’aime mon expérience ici, il y a un sens du respect et de l’humour qui est devenu rare ailleurs”. Le retour au dispensaire se fera en silence. La tête déjà dans les dossiers à remplir au bureau. Il est quinze heures. Le repas manqué est oublié. Le dispensaire ferme ses portes pour la journée.

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SANTÉ

MOUSTIQUE

SORS DE CHEZ MOI

!

La dengue est une maladie due à un virus qui se transmet uniquement d’homme à homme par l’intermédiaire d’un moustique, l’Aedes aegypti, que l’on reconnaît à ses pattes rayées noir et blanc, surtout les pattes arrière. Il vit autour des maisons. Son vol est silencieux et il pique dans la journée, dès le matin jusqu’au coucher du soleil mais pas la nuit. Après avoir piqué un individu malade, le moustique transmet le virus à une autre personne en la piquant à son tour. La femelle moustique pond ses œufs dans de l’eau claire stagnante en petite quantité et à la lumière. Ces œufs vont se transformer en larve puis en nymphe et enfin en moustique adulte qui va prendre son envol. Si nous éliminons tout ce qui peut recueillir de l’eau de pluie, même en petite quantité, comme un coco sec ou l’intérieur d’une feuille de cocotier, nous détruisons les endroits où la femelle moustique peut pondre et nous réduisons les possibilités de développement des larves.

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STOP AU DIABÈTE AUX LOYAUTÉ Dans sa déclaration de politique générale du 16 juillet 2019, le président de la Province des îles Loyauté, Jacques Lalié, a pris un engagement fort sur le chapitre de la santé aux îles Loyauté. Sa politique de santé s’est donc axée “pour un système de santé maîtrisé et axé sur la prévention”. En voici l’extrait : “Améliorer les conditions de vie de nos populations sera également une priorité dans nos politiques publiques. L’accès et l’offre aux soins notamment sont des axes que je souhaite pouvoir améliorer avec tout votre soutien durant notre mandature. En effet, avec un des taux de diabète les plus élevés parmi les pays de la région du Pacifique, notamment la présence de maladies chroniques récurrentes et prononcées dans beaucoup de familles des îles, en particulier chez les plus jeunes, la faiblesse de notre système de santé est éloquente. Nous adapterons les recommandations du plan DO-KAMO à nos réalités quotidiennes, car une société en devenir doit être une société constituée de femmes et d’hommes en bonne santé. Nous favoriserons une meilleure qualité d’accessibilité aux soins”.

Qu’est-ce que le diabète ?

Cette maladie peut passer inaperçue au début car on ne se sent pas malade. La circulation du sang se fait pourtant déjà mal, en particulier dans les yeux, le cœur, les jambes, les reins. Les complications surviennent après quelques années et sont souvent graves : • Yeux risque de devenir aveugle • Cœuressoufflement, puis évolution vers les maladies du cœur (crise cardiaque) • Jambesrisque d’amputation • Reinsmaladie des reins, puis évolution vers la dialyse

Pourquoi est-on diabétique ? Souvent, on a des parents ou de la famille diabétique. On est trop gros, on mange trop de graisses. On mange trop de sucre.

Comment savoir si l’on est diabétique ?

Il suffit de faire un test par une piqûre au bout du doigt qui recherche la quantité de sucre dans le sang (ou glycémie) : le résultat est immédiat. En cas de besoin, si le test montre qu’il y a trop de sucre dans le sang (test positif), une prise de sang complémentaire et d’autres examens pourront être nécessaires.

Pourquoi et comment traiter le diabète ? Traiter le diabète, c’est se donner des chances d’éviter les complications. Si l’on est diabétique, un suivi médical est indispensable. Ce suivi est à multiples facettes : • respect d’une hygiène de vie et adaptation des habitudes alimentaires, • souvent des médicaments sont prescrits et doivent être pris très régulièrement, • contrôles du taux de sucre dans le sang (glycémie) par piqûre au bout du doigt, • consultations chez le médecin et bilans sanguins réguliers pour vérifier l’absence de complications, • consultations spécialisées de temps en temps.

C’est une maladie due à une trop grande quantité de sucre dans le sang, souvent liée à un poids trop important. Elle touche beaucoup de personnes mais peut être évitée en adoptant quelques règles de vie simples.

Est-ce grave d’être diabétique ?

P O ST

SANTÉ

Quelles recommandations pour éviter de devenir diabétique ? L’important est d’éviter d’être obèse (gros) ou de prendre trop de poids. Les recommandations principales sont de deux ordres : 1. Adopter une alimentation variée et équilibrée • Certains aliments riches en graisse ne sont pas recommandés, en particulier la margarine, le beurre, l’huile, la viande de porc (cochon), la charcuterie… • D’autres doivent être privilégiés comme les légumes (choux, chouchoutes, salade, haricots, feuilles…), les fruits frais, le poisson, les viandes maigres (poulet sans la peau…) ; • Le sucre doit être consommé en quantité raisonnable, en évitant les excès ; • Attention aux sirops et autres boissons gazeuses très sucrées ; attention au sucre “caché” dans l’alcool (vin, bière…). La meilleure boisson reste l’eau ! 2.

Prendre l’habitude d’une activité physique régulière • Faire du sport (cricket, foot, volley, natation…) ; • Marcher ou faire du vélo pour les déplacements sur de courtes distances, plutôt que prendre la voiture…

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Photo : Archives CLL2007

SANTÉ

HYGIÈNE ALIMENTAIRE

LA SOLUTION DES ANCIENS A

u fil du temps, les habitudes alimentaires ont évolué, et pas nécessairement dans le bon sens ! La “malbouffe” s’est engouffrée dans nos foyers et a engendré un certain nombre de pathologies. Un retour à une hygiène alimentaire s’impose. Et si la solution venait de nos Anciens ? Autrefois, on marchait pour aller aux champs. Il y avait peu de voitures, les gens se déplaçaient à pied ou à cheval, et avaient donc une activité physique quotidienne. Sur le plan nutritionnel, ils mangeaient les produits qu’ils cultivaient : les tubercules locaux (igname, patate, tarot, manioc, etc.), les légumes (chou kanak, épinards, chou vert, tomates, carottes, salade, courgettes, etc.), les fruits (bananes, papayes, pastèques, mangues, etc.). Les gens mangeaient également le fruit de leur pêche ou de leur chasse. Les tentations étaient également moins grandes et moins courantes. Ils avaient, au final, une alimentation nettement plus équilibrée que leurs petits-enfants aujourd’hui. A l’époque de nos grands-parents, on vivait de nos cultures et de la pêche. Le diabète, l’obésité, et toutes ces maladies dues à la “malbouffe”, on n’en parlait pas ! Et c’est bien le constat effectué ces dernières années : de mauvaises habitudes alimentaires sont en cause dans bon nombre

de pathologies : maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle, obésité, diabète, goutte... Les médecins ont tiré depuis quelques temps déjà la sonnette d’alarme. Ce qui est d’autant plus inquiétant, est de constater que les îles Loyauté ne sont pas épargnées par ce phénomène contemporain.

Les Vieux savaient Or, nous savons que les Anciens ont une influence considérable, notamment dans les îles, sur les jeunes, leurs enfants et petits-enfants. Leur position sociale, leur place dans la famille et dans le clan leur confère un rôle-clé. Ils sont un pivot capital dans l’éducation des enfants. Et ce sont souvent les grands-parents qui s’occupent de leurs petits-enfants et notamment leur préparent à manger. Il est donc important de resensibiliser les seniors aux bonnes habitudes alimentaires, de leur apporter une information précise et de leur rappeler que certaines traditions ont du bon. C’est l’objectif de la DACAS des îles Loyauté ainsi que de l’APAD (Association des Personnes Agées de Drehu). En effet, les personnes âgées, trop souvent délaissées par les campagnes de prévention, se retrouvent en général peu impliquées dans les messages d’éducation à la santé, alors qu’elles

sont un relais incontournable pour la transmission des savoirs auprès des jeunes. Les Vieux sont encore très écoutés par leurs enfants et petits-enfants dans les sociétés traditionnelles, mais il est impératif qu’ils bénéficient de la bonne information car ils peuvent avoir tendance à gâter leurs petitsenfants (notamment en leur achetant des sucreries ou autres produits néfastes exposés aux yeux des enfants dans les magasins). L’expérience et le savoir leur donnent le pouvoir de dire à leurs filles les bienfaits de l’allaitement maternel prolongé, l’importance du lait pour la croissance de leurs enfants au détriment du thé, ce qu’est une alimentation équilibrée pour préserver leur santé et celle de leurs enfants, les aliments à manger librement et ceux à consommer avec modération... Les grand-mères savent comment diversifier l’alimentation du nourrisson et apprendre à faire une purée avec une pomme de terre ou une patate et une carotte bouillies que l’on écrase à la fourchette avec le bouillon au lieu d’ajouter de l’eau dans un sachet de purée lyophilisée...

Mangeons mieux, écoutons nos Vieux ! CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ

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SAVEURS D'ZIL

Alphonse Koce Un Si Nengone au firmament de la gastronomie La success story d’Alphonse Koce, 37 ans, s’est écrite avec beaucoup de persévérance et une passion qui n’a fait qu’augmenter au fil des ans. Familier des cuisines des grands palaces, le Maréen est actuellement de retour sur le Caillou pour partager son énergie… et susciter des vocations !

L

e Le 20 juillet dernier, les promotions de 1ère et 2ème année du CAP/BEP Cuisine au lycée WilliamaHaudra reçoivent un invité très spécial : un chef de cuisine venu tout droit du Qatar... Ou presque ! En mars dernier, alors de passage sur le Caillou, Alphonse Ishice Koce s’est retrouvé indirectement pris dans la tourmente COVID19. La fermeture des espaces aériens et les restrictions liées aux travailleurs étrangers le contraignent à prolonger son séjour au pays natal… En attendant que la situation se débloque, le chef cuisinier est en congé sans solde. Pour l’impénitent baroudeur, cette occasion imprévue a permis de renouer avec le mode de vie océanien. Et de partager, avec générosité et humilité, son inaltérable passion : “Si on la garde pour soi, c’est un peu de l’égoïsme” ! Lors des échanges avec les élèves ce lundi matin, les questions fusent sur son quotidien au Moyen-Orient, la barrière de la langue, sa carrière, ou les stars éventuelles qu’Alphonse a pu régaler et croiser dans les palaces pour lesquels il a travaillé... Rapide échantillon : les footballeurs Ronaldo et Beckham, ou l’acteur Johnny Depp ! “Les jeunes que j’ai rencontrés sont très réservés, mais venir ici un peu comme un grand frère les rend attentifs, souligne le modèle. Ça leur donne confiance”. Le reste de la matinée est consacré à la préparation d’un déjeuner “grand standing” pour le restaurant d’application du lycée. Le chef cuisinier du jour donne quelques conseils aux marmitons : “N’hésitez pas à aller vous renseigner en salle, pour ramener en cuisine un feed-back des clients. C’est ce qui permet de progresser” ! Cela faisait 18 ans qu’Alphonse n’avait pas mis les pieds sur Nöje Drehu, et l’obtention de son CAP/BEP Cuisine : sa fantastique épopée a en effet débuté au lycée des Îles Loyauté ! Après avoir poursuivi par un bac pro au Lycée Escoffier à Nouméa, le Si Nengone a mis le cap en 2005 sur la Rochelle, dans l’Ouest de la France, pour un BTS en génie culinaire et art de la table. Enchaînant stages puis expériences professionnelles hors norme, le jeune homme progresse aussitôt dans l’univers exigeant de la grande gastronomie. Après trois années au Meurice à Paris, il traverse ensuite la Manche et travaille trois ans également dans le restaurant londonien du très réputé chef français, feu Joël Robuchon.

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D’un naturel curieux et entreprenant, Alphonse relève en 2014 un nouveau défi, en s’envolant pour Dubaï, aux Émirats arabes unis... Il y exercera ses talents dans le luxueux palace du One&Only The Palm, dont le restaurant gastronomique STAY (lancé par Yannick Alléno, trois étoiles au Guide Michelin) domine depuis sa terrasse l’imposante forêt de gratte-ciel émiratis. Enfin en 2018, nouvelle étape : Doha, au Qatar voisin. Après avoir connu cinq promotions en six ans, il y devient chef de cuisine au Café Pouchkine, du nom du célèbre poète russe (l’enseigne est également présente à Paris et à Moscou). Vous avez dit cosmopolite ? Tout comme l’ambiance dans les cuisines, puisque le nouveau chef, qui apprécie jouer avec les couleurs en ajoutant par exemple des fleurs à ses plats, s’est habitué à travailler avec des collègues originaires de Taiwan, du Pakistan ou du Népal… L’enfant de Nengone est soumis à un rythme très soutenu : de 8 à 23 heures, avec une pause de deux heures, 6 jours sur 7 dans les cuisines de l’établissement. Son objectif, si les suites de la COVID-19 ne chamboulent pas tout, est de tenir jusqu’à 2022 et la prochaine Coupe du Monde de football, accueillie par le Qatar. “J’avais un plan pour partir sur New York, émet le globe-trotteur avec un pétillement dans les yeux. Mais ça fait déjà quinze ans que j’ai quitté le Pays… J’ai plutôt envie de rentrer ici pour monter ou gérer un restaurant, afin de mettre en valeur nos produits”. Carpaccio de manioc avec rougail de tomates, sashimi de thon à la sauce passion, vivaneau à la sauce citronnelle, cerf au miel et à la vanille d’ici, mousse de papaye rôtie à la passion et au citron… Lors de la soirée Loyalty Spirit qui accompagnait la première édition des Rencontres Économiques des îles Loyauté, les convives ont savouré un aperçu des prodiges que l’inspiration et le savoir-faire d’Alphonse improvisent. Preuve, s’il en fallait, que ces produits familiers sur les étals de nos marchés passeraient aisément l’épreuve de la grande gastronomie. C’est un peu ce message que le natif de Hnaenedr véhicule avec simplicité, à chacun de ses retours au Pays : ayons confiance en nous, en notre potentiel, et en nos richesses, qu’elles proviennent de la terre ou de la mer !


Recettes ! Mi-cuit de thon au fruit de la passion Le thon frais est un poisson qui ne demande pas grande transformation pour être délicieux. On le chauffe juste sur une face, au chalumeau ou sous le gril du four, puis on balance sa richesse avec l’acidité du fruit de la Passion. Ingrédients : 1 steak de thon frais 1 ou 2 fruits de la Passion Quelques feuilles de menthe ou d’aneth 1 cuillère à café de graines de sésame 1/4 d’oignon rouge Le zeste d’une demi-orange Sel, poivre Un petit coup de chalumeau Préparation : Sortir le thon une demi-heure avant de le servir pour qu’il ne soit pas trop rop froid. Le disposer dans une assiette et le cuire une minute sur une face e à l’aide d’un chalumeau (ou 2 minutes sous un grill préchauffé). Assaisonner et garnir du ffruit de lla P Passion, du sésame, de i d i d i d é d l’oignon découpé en lamelles et du zeste d’orange. Servir en plat avec un bol de riz ou à l’apéro avec une baguette fraîche.

Mousse à la papaye Ingrédients : 2 Papayes 1 Citron vert 120 g Sucre 1 sachet Sucre vanillé 1 pincée Sel

50 g Noix de coco râpée 2 Blancs d’œufs 20 cl Crème liquide 5 cl Rhum

Préparation : Versez la crème dans le bol où vous allez la battre. Réservez-la dans le haut du réfrigérateur ou au freezer, afin qu’elle soit très froide au moment de la fouetter. Versez la noix de coco râpée dans une poêle à revêtement antiadhésif. Laissez-la griller à sec 2 à 3 min, sur feu doux, pour qu’elle e colore uniformément uniformément. Dès qu’elle prend une teinte crème, versez-la dans un bol et laissez-la refroidir. Partagez les papayes en deux. A l’aide d’une petite cuillère, retirez toutes les graines noires. Réservez une demi-papaye pour la décoration. Récupérez la chair des autres. Mixez-la avec le jus du citron vert, puis ajoutez les deux sucres et le rhum. Mélangez bien et réservez au réfrigérateur. Fouettez la crème liquide très froide en Chantilly. Cessez de battre dès qu’elle devient ferme et forme à la surface des petits pics. Battez les blancs d’œufs en neige avec la pincée de sel. Mélangez la purée de papaye et la moitié de la noix de coco. Incorporez délicatement, en les alternant et toujours par petites quantités, la crème Chantilly et les blancs d’œufs. Versez la mousse dans une coupe. Décorez-la de lamelles découpées dans la demi-papaye que vous avez réservée. Placez-la au réfrigérateur pendant 2 h. Au dernier moment, parsemez du reste de noix de coco grillée. Servez bien frais.

Bon Appétit !

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PORTRAIT

Maryline Sinewami Maire sortant aux élections 2020 en compagnie de l’ancien Maire de Nengone, Pierre Ngaiohni.

Maryline Sinewami La 1ère femme Maire aux îles Loyauté Agée de 44 ans, Maryline Sinewami Ciwa, l’aînée d’une fratrie de 7 enfants est originaire du district de La Roche, de la chefferie de Gureshaba à Maré. Fille du regretté Grand Chef Buama David Sinewami et sœur de l’actuel président du Sénat Coutumier Hyppolite Sinewami, Maryline Sinewami est la première femme élue à la tête de la Mairie de Nengone, l’une des communes des îles Loyauté, mais avant tout, elle reste une personne humble toujours à l’écoute de son prochain.

A

près l’obtention d’un Bac D et une année universitaire à Nouville, c’est en 1995 que Maryline doit faire un choix important concernant son avenir professionnel. Suite à la sollicitation du directeur de l’école privée de la Roche où un véritable manque d’enseignants se ressent vis-à-vis de la population de l’île, sans aucune hésitation elle retourne aux sources pour débuter sa carrière d’enseignante. Après 3 ans de formation à l’Ecole Normale de l’Enseignement Privé (ENEP) et plusieurs postes d’enseignants sur la Grande Terre, elle revient sur son île natale en 2002 en qualité d’enseignante. Directrice de l’école Catholique privée de la Roche Pierre François Beaulieu depuis 2017, là où sa carrière a commencé, Maryline Sinewami a été titularisée au titre de dirigeants des organisations éducatives scolaires et de formation le 26 février 2020. Une certification de niveau 7 délivrée par le ministère du travail BAC + 5 équivalent au Master 2.

Sa passion pour la politique vient de son enfance Arrière-petite-fille du premier magistrat de Maré Jean Sinewami, Marilyne se souvient “j’étais souvent avec ma grand-mère qui était une grande militante et dès ma plus tendre

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enfance, comme je la suivais partout où elle allait, j’ai très vite plongé dans le monde politique sans vraiment trop m’en rendre compte”. Un entretien au cours duquel on ressent fortement cette vocation politique qui va bien au-delà du métier d’enseignante qu’elle exerce avec ardeur dans sa tribu natale de la Roche. Et sa passion pour la politique finira bien-sûr par la rattraper en 2020, la propulsant à la tête de la Mairie pour les 6 ans à venir.

Une vision profonde de l’émancipation de la femme Kanak L’impact coutumier est très fort sur l’île de Maré où les entités coutumières doivent être respectées. Aussi, avec une gestion participative dorénavant menée, permettant une fluidité relationnelle favorisant les échanges entre les différents partenaires comme les églises, les chefferies, les institutions, les associations, la femme Kanak… la vision politique de la Maire de Nengone inscrit l’Humain au centre d’un tout, comme le poteau central de la Case qui la soutient. “C’est une porte ouverte pour d’autres ! Beaucoup de femmes sont déjà sur la scène politique, pour ne citer que Dewe Gorodey ou Valentine Eurizouké… Mais à Maré, comme l’impact coutumier est encore très fort, il faut permettre le changement, tout en respectant les entités coutumières et ne pas oublier que déjà, plusieurs femmes des îles sont sur des postes à hautes responsabilités, il faut s’ouvrir et oser aller encore plus haut mais encore, ne pas oublier de répondre aux besoins de la collectivité, à ses besoins réels, sans excès pour ne pas favoriser l’assistanat mais plutôt encourager l’autonomie individuelle en permettant à chacun de se prendre en main, et d’être indépendant !”, dixit le premier édile féminin des îles Loyauté.




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