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ENVIRONNEMENT

calédonien

Crédit photo : Sophie Mendes

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l’inacceptable. Côté indépendantistes, Le Fulk et l’USTKE qui avaient plutôt vu dans ces Accords, la reddition du FLNKS devant la puissance coloniale, quittèrent l’un après l’autre ce mouvement.

Pour les anti-indépendantistes de leur côté, enfermés dans l’idée que c’est l’Europe qui apporte le progrès, la civilisation et le droit aux peuples exotiques, et non l’inverse, reconnaître que les kanak ont des droits historiques et qu’ils les leur off rent de surcroît en partage, relevait de l’injure. Il a fallu toute l’autorité de J. Lafl eur pour faire admettre momentanément, aux élus du RPCR, qu’accepter les kanak de leur part était la seule condition intelligente d’une paix durable.

Les Accords de Matignon-Oudinot, germe du grand rêve calédonien, est l’expression de la dignité du politique. Ils sont une profession de foi, en la possibilité, pour tous les “enfants du pays”, de forger ensemble un monde commun, à partir de leurs identités individuelles et collectives respectives. Ils sont le pari sur l’intelligence, dans la mesure où celle-ci est cette capacité qui nous rend capable, de nous élever au-dessus de notre univers de vie pour accueillir l’autre dans son honneur, eût-il été l’ennemi d’hier, et prendre le risque d’admettre que, même s’il y a eu des morts entre nous, celui-ci a une vérité à partager avec nous.

Cependant, ce qui a été, et ce qui reste toujours diffi cile à faire comprendre, c’est que ces Accords s’inscrivent dans un processus de paix d’une grande hauteur politique, bien diff érent des combats électoraux habituels du type gauche contre droite, conservateurs contre libéraux ou indépendantistes contre anti-indépendantistes. En eff et, si dans ce dernier cas de fi gure, une belle victoire électorale s’obtient par la défaite des adversaires, œuvrer pour la paix par contre exige, autant que faire se peut, respect mutuel et écoute de l’autre. Dans cet autre cas de fi gure, chacun doit à la fois défendre ses convictions et en même temps veiller à ce que l’autre ne soit pas discrédité dans son propre camp, sinon tout est à recommencer. A respecter ainsi l’ennemi d’hier, chacun court le risque d’être accusé, par ses propres compagnons de lutte, de “trahir la cause”, avec des conséquences souvent dramatiques dont l’histoire off re de nombreux exemples.

Pour cette raison J-M Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné avaient été soupçonnés de trahison par d’autres indépendantistes kanaks qui s’attendaient à les voir piétiner le RPCR avec l’appui des socialistes français et non qu’ils s’engagent avec J. Lafl eur dans un processus de paix. Leur mort rappelle celle de l’israélien Rabin et de l’égyptien A. El Sadate survenue dans un contexte politique similaire de négociation pour un accord de paix. Pour la même raison, J. Lafl eur avait été désavoué par la majorité des électeurs européens du Grand Nouméa lors du référendum de 1988 sur les Accords de Matignon.

Lors du premier référendum en 2018, 30 ans après la poignée de main historique, l’esprit des Accords de Matignon-Oudinot a grandi et habite la conscience calédonienne. D’un côté, il y a cette aspiration profondément humaine qui d’ellemême gagne doucement les consciences, et de l’autre côté les partis politiques qui s’approprient, à grand bruit, les notions de “destin commun, d’avenir ensemble”, pour en faire des arguments de lutte pour le pouvoir, conservant tristement un regard tourné vers le passé, négligeant de voir toutes les opportunités d’un avenir meilleur pour la jeunesse du Pays. De l’autre côté il y a la dignité du politique, dans la mesure où selon la philosophe H. Arendt la dignité humaine tient au fait d’être “co-fondateur d’un monde commun”, il y a la politique dans sa médiocrité, règne de la ruse et des rapports de forces. Il faut libérer la politique de la médiocrité.

Fondamentalement, cela signifi e que la création d’un monde commun est moins une aff aire de majorité électorale, que de respect des dignités individuelles et collectives.

Le peuple kanak a accepté de partager ses droits avec d’autres depuis 1983 et il est temps aujourd’hui, par la seule majorité électorale de démontrer que ce monde commun existe bien, depuis longtemps, et que chacun d’entrenous vit déjà chaque jour l’un avec l’autre dans le respect des dignités individuelles et collectives. Cette prise de conscience collective a dorénavant un impact sur la politique du pays, quel que soit le parti.

Cette petite graine semée il y a 30 ans a germé, grandi et elle est devenue en 2018 un bel arbre avec des racines bien ancrées dans le sol du Pays, ne demandant plus qu’à fl eurir en 2020 avec un OUI à la pleine souveraineté du pays, pour enfi n off rir ses fruits d’indépendance.

L lière cocotier d’Iaaia fi lière cocotier d’Iaai retient l’attention de l’Europeetient l’attention de l’Europe

Le programme européen PROTEGE (Projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes), piloté par la Communauté du Pacifi que (CPS) et par le Programme régional océanien de l’environnement, pourrait permettre de développer des projets pour la fi lière cocotier à Ouvéa.

Fin juin, des représentants de la chambre d’agriculture, de la province, de la CPS, de l’agence rurale et de Sud Forêt se sont retrouvés à Ouvéa autour des associations locales Asbo (association pour la biodiversité d’Ouvéa) et Arbofruits afi n d’examiner les cocotiers de l’île. “Notre venue s’inscrit à la suite de l’atelier sur le cocotier organisé en novembre à Tahiti, qui avait abouti à la construction d’un programme d’actions à mettre en œuvre dans le cadre de PROTEGE pour développer la fi lière coco en Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, explique Clément Gandet, coordonnateur PROTEGE à la CPS, pour cette partie agriculture et foresterie du programme, nous avons un budget de plus de 100 millions de francs pacifi ques pour ces trois territoires”. A Ouvéa, le premier point du projet PROTEGE porte sur la régénération des cocotiers. Évaluer le potentiel du bois pour le valoriser. “Pour inciter les gens à couper les vieux arbres puis à en replanter de nouveaux, il faut que le bois ait une valeur”, détaille Clément Gandet. Autre idée : mieux connaître les diff érentes variétés de cocotiers pour, par exemple, mettre en place des pépinières d’espèces plus productives. “Ce travail a été mené à Wallis, en partenariat avec les cheff eries pour la réidentifi cation des espèces, puis avec la population pour orienter la production en fonction de l’utilisation du cocotier”.

Séchage solaire pour production d’huile alimentaire de coco

Les fi nancements PROTEGE devraient également permettre de diversifi er les produits issus du cocotier, le plus important à Ouvéa restant la production de coprah (pulpe de noix de cocos séchées puis pressées à l’huilerie de Hwadrilla). Le rapport PROTEGE souligne que la production de coprah sur l’île a un potentiel estimé à 500 tonnes par an, pour environ 1000 ha de cocoteraie. En 2019, cette production n’a été que de 191 tonnes. “L’idée c’est que le concret commence cette année, conclut Clément Gandet, nous lançons les appels d’off res et le fi nancement PROTEGE doit créer des synergies entre tous les acteurs du terrain”.

PROTEGE...ROTEGE... qu’est-ce que c’est ?u’est-ce que c’est ?

Lancé début 2019, le programme PROTEGE est fi nancé, jusqu’en 2022, dans le cadre du 11 ème Fonds européen de développement de l’Union européenne, pour près de 4,3 milliards de francs, pour des projets environnementaux dans le Pacifi que (NouvelleCalédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française et Pitcairn). Il s’articule autour de quatre thèmes : agriculture et foresterie / pêche côtière et aquaculture / eau / espèces envahissantes. Le premier comité de pilotage du programme s’est tenu il y a un an à Nouméa. Il a acté les 14 résultats attendus, qui devraient se décliner en 200 à 300 actions sur le terrain. Pour en savoir plus : https://protege.spc.int/fr ou l’application mobile (gratuite, à télécharger sur Androïd ou IOS) “PROTEGE Communauté du Pacifi que”.