DAU En prenant ma place sur le site du théâtre de la Ville, une vidéo faisait office d’explication : Entre 2009 et 2011, un cinéaste russe, Ilya Khrzhanovsky, décide d’enfermer 400 personnes dans un studio de cinéma en Russie reproduisant les décors de L’URSS. Plongées dans le monde communiste des années 1938-1968 pendant trois ans, ces personnes vivent comme à l’époque : appartements communautaires, police locale. Ils sont chercheurs, artistes, criminels; ils représentent à eux seuls une petite société. Ils vivent leurs vies, tombent amoureux, expérimentent, et sont filmés 24h sur 24, 7 jours sur 7. À la suite de l'expérience, 13 films sont montés et plus de 700 heures de rush sont disponibles. On nous propose de replonger dans ce monde le temps de 6 heures, 24 heures ou en illimité selon nos souhaits (et notre budget). De la cave au plafond, tout est visitable. J’ai découvert ces endroits mythiques sous un autre oeil. A l'intérieur, aucune horloge, les portables doivent être déposés à l’entrée, ainsi, aucun contact avec l'extérieur n’est possible. Les fenêtres sont noircies, impossible de savoir s’il est 2h du matin ou de l’après midi. Le bâtiment est une sorte de carte mentale, chaque zone arborant un thème: guerre, peur, amour, corps, sexe, drogue, alcool, orgasme, rêve, utopie. Dans chaque zone, des expériences corporelles, spirituelles ou intellectuelles sont proposées. Chacun expérimente le DAU à sa manière. Le but, si toutefois il y en a un, est de se perdre dans ce lieu clos, hors du temps, de visiter les locaux, de rencontrer des gens, d'expérimenter.
J’ai participé au projet DAU organisé du 24 janvier au 17 février 2019 par le théâtre du Châtelet, le Théâtre de la ville et le Centre George Pompidou.
J’avais pris un Visa de 24h, c’est-à-dire que j'étais autorisée à rester au DAU de 9h du matin le samedi 2 février jusqu’à 9h du matin le dimanche 3 février tout en pouvant sortir et revenir selon mes souhaits. J'étais seule dans un premier temps, avant de rencontrer des gens, et cette solitude m’a beaucoup servie pour sortir de ma zone de confort. J’ai eu la chance d'être là aux bons moments, là où il se passait des choses. J'ai pu être « chamanisée », écouter de la musique hypnotisante, voir une performance de danse, un concert de piano, les nombreux films réalisés pendant l'expérience et tous les rushs. J'ai rencontré des gens aussi, plein, que j’ai beaucoup recroisés, et deux personnes avec qui je suis restée une bonne partie de la nuit, on a bu, on a rigolé. J’ai fais deux fois les actifs listener. Dans une petite cabine, grande comme un photomaton, deux personnes s’assoient en face l’une de l’autre et peuvent se raconter ce qu'elles veulent pendant le temps qu’elles veulent. Une personne écoute, l’autre parle. De sa vie, du beau temps; le sujet de la conversation revient à celui qui parle. C’est un moment fort, j’en suis partie déboussolée (comme beaucoup) en pleurs la première fois, euphorique la seconde fois. Il se passe beaucoup de choses en 24h et je pense que le but était d'être ouvert à ce qui se présentait. J’ai trouvé cette expérience très intéressante et enrichissante de par l'esthétique de l’endroit, qui nous plonge directement dans un autre monde, mais aussi pour le concept, la création d’un lieu où les gens sont coupés du monde et voient des choses hors du commun, où le temps passe lentement. J’ai passé de bons moments. Je pense que la promesse est tenue pour le Théâtre de la ville et du Châtelet. Pauline Colon
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