N° 43 - Juillet 2021

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société

La plus haute des épiceries ! L’épicerie de Chandolin Un projet participatif et rassembleur

L

es rues de Chandolin sont parfois bien silencieuses. En dehors de la saison touristique, les lieux sont clos et l’atmosphère un peu fantomatique. Le village est pourtant très habité, avec de nombreux enfants. Mais les habitants ne savent plus où se réunir, où se retrouver. Chacun vit dans sa bulle. Les sociétés locales s’essoufflent par manque de relève et peinent à déclencher l’enthousiasme. Bien sûr, la Covid et son cortège de restrictions ont rétréci nos vies. Mais certains habitants s’inquiètent, car la vie du village avait déjà beaucoup perdu bien avant la pandémie : l’esprit de Chandolin est-il en train de mourir à petit feu ? N’est-ce pas un problème plus large, aux racines plus profondes et qui risque de perdurer même quand la crise liée à la Covid sera surmontée ? Des habitants se sont réunis il y a déjà de nombreuses années pour partager cette impression et échanger sur des solutions pour faire renaître la vie de village. Ils ont décidé de créer « une épicerie qui ressemblerait à ses habitants, un lieu convivial et participatif, offrant un assortiment le plus complet possible, avec de l’essentiel et du local, de l’accessible et du bio, permettant un accès diversifié, en direct ou par commande en ligne et livraison. Avec aussi l’idée d’une partie café, pour se rencontrer, discuter, déguster et pourquoi pas écouter une causerie ou un concert ou s’informer de l’actualité du village, avec un Point Relais La Poste ». Le mercredi 24 mars 2021, la coopérative de Chandolin était née. Une épicerie financée et gérée par des coopérateurs, habitants ou non ? Mais comment cela est-il possible ? A quoi cela va-t-il ressembler ?

séance constitutive de la coopérative en 2021

Stéphanie Guex et Alexander Dorr, tous deux habitants de Chandolin et dévoués à la concrétisation de leur rêve, vont nous décortiquer ce projet pour qu’on y voie plus clair. Comment est née cette idée de coopérative et à quel besoin veut-elle répondre ? Stéphanie : Il y a trois ans, le magasin a failli arrêter son activité. Pour éviter cela, les habitants se sont renseignés sur ce qu’il était possible de faire et ils ont compris que la meilleure solution était de racheter les locaux. Ils ont créé une coopérative dans ce but, mais ils n’ont pas réussi à réunir assez de coopérateurs et d’argent pour que le projet aboutisse. Par chance, 13*PAM a alors repris la gestion du magasin en louant les locaux. Par contre, ces derniers sont restés en vente et Alex les a rachetés pour rendre possible le nouveau projet de coopérative. Alex : Je faisais partie des coopérateurs du premier projet et j’ai été très ému et déçu

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quand tout s’est arrêté. Les gens étaient très motivés, ils avaient vraiment envie de faire quelque chose ensemble. Ce qui a fait échouer la première coopérative, c’était les murs, représentant un investissement financier important. J’ai alors décidé de prendre les choses en main de mon côté. Je me suis dit que la seule possibilité pour débloquer la situation était de racheter les locaux, c’est ce que j’ai fait à titre individuel. Après quelques mois de négociations, 13*PAM s’est retiré comme acheteur potentiel et j’ai finalisé l’achat. J’ai fait cela pour avancer, mais à un moment donné je vais me retirer lorsque le projet tournera. Suite à l’assemblée générale constitutive, les coopérateurs ont commencé à acheter des parts sociales d’une valeur de 1000 frs. N’importe qui peut devenir coopérateur, même quelqu’un qui n’est pas domicilié à Chandolin, car le but est de créer quelque chose en commun. Notre modèle est aussi celui d’une coopérative pour tous et pas seulement d’un magasin réservé aux coopérateurs, car cela ne fonctionnerait pas dans notre environ-


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