N° 43 - Juillet 2021

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éducation

Les écoles à ciel ouvert et la génération hors-sol

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xiste-t-il en Valais des salles de classe qui ont pour seul plafond le ciel ? Et des enfants qui étudient dans les bois, les champs ou les bords des rivières ? Dans les années 50, l’idée qu’il est possible de faire sortir l’école de ses murs se développe en Scandinavie. En Suisse, il faut attendre 1998 pour que les premières écoles enfantines en forêt ouvrent à Brütten et à St Gall. Il y a actuellement dans notre pays de plus en plus de structures éducatives en extérieur: 400 jardins d’enfants, 8 écoles enfantines publiques, 12 écoles enfantines privées et 2 écoles primaires. Plusieurs écoles privées valaisannes expérimentent un enseignement en partie dans la nature: à l’école Mandala, les élèves passent près de 60% de leur temps à l’extérieur du bâtiment scolaire. Depuis 2017, une autre école innovante, Graines d’avenir, se déroule en semi-plein air et encourage les valeurs d’autonomie, de nature, de coopération et de projet, car « les défis sont de taille et c’est notre rôle de préparer nos enfants à les relever en remplissant leurs petites poches de connaissances, de compétences, de valeurs et d’outils indispensables à la vie. »1 Il peut arriver que l’un d’eux ait huit limaces dans les mains au moment de commencer

Une autre école primaire pionnière, fondée en 2013, est basée à Uvrier: EducaTerre. Les élèves y passent « un minimum de périodes entre quatre murs pour jouir d’un maximum de moments entre quatre mûres. »2 A ses débuts, l’école était nomade, dans une roulotte. Aujourd’hui, elle compte une douzaine d’élèves par niveau,

Nathalie Barras lit une histoire aux enfants à la fin d’une après-midi d’école en forêt, enfants de 1-5H, automne 2020

de la première à la cinquième primaire. Les enfants sont dehors, sauf par grand froid, forte pluie ou grand vent. L’éducation y est conçue comme un voyage qui « commence par une découverte, une éducation par la nature»2 et qui privilégie «l’alternance entre des moments d’inspiration, d’émerveillement, de découvertes personnelles, et des instants d’émulation, de partage, de collaboration autour de la construction d’un projet commun, avec comme moteur d’apprentissage la motivation et l’enthousiasme des enfants. »2 EducaTerre veut «apprendre dans, par et avec la nature»2, car «les études montrent que les enfants qui passent du temps dans la nature développent d’importantes compétences de concentration, de confiance en eux, de communication et de recherche de solutions.» 2 Les cours sont donnés «sur un magnifique terrain au cœur des vergers, [les] voisines [des élèves] sont des poules et des chèvres, et le

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ciel est [leur] toit.»2 L’enseignant utilise ce qu’il trouve sur place. Comme l’explique Isaline Pilet, institutrice de première et deuxième primaire à EducaTerre, « en plein air, le bruit incessant des enfants est moins dérangeant. Cela amène tellement de ne pas avoir besoin de leur dire tout le temps de s’asseoir et de se taire. On leur demande de se calmer, mais cela n’a rien à voir avec la vie dans une classe fermée. Là où, souvent, tout le monde finit cassé nerveusement au terme de la journée. […] Comme certains arrivent plus tôt, il peut arriver que l’un d’eux ait huit limaces dans les mains au moment de commencer. […] Il est important que la génération qui vient puisse se reconnecter à la nature. Mieux la connaitre, ne pas en avoir peur. Voir combien elle dépend d’elle. [Les enfants] y gagnent une capacité d’attention accrue. […] Ils sont beaucoup plus sereins. »3 De plus en plus de pédagogues alertent sur les


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