N° 40 - Octobre 2020

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évasion

enviedebouger.com Yes we will travel again ! But ...

J

e fais une petite disgression dans cette chronique. Rassurez-vous, je compte bien, dès la prochaine édition des 4 Saisons, revenir à la découverte d’une destination. C’est le but et la raison d’être d’EnviedeBouger.com. Mais, après ces quelques mois que le monde vient de vivre, et avant ceux qui se préparent, j’aimerais faire une sorte de pause, d’arrêt sur image dans un monde où l’instantanéité prime sur le recul. Ces quelques réflexions sont le fruit d’une pause forcée, un stop brutal, subi et non choisi auquel nous, amoureux du voyage, tous les oiseaux sans cages, amoureux de la liberté de circuler et de se déplacer, avons dû nous accoutumer. Au début de l’été, le monde se réveillait lentement, un peu titubant après plus de 2 mois de léthargie quasi comatique. Et, comme après un long sommeil, le réveil a été brutal. Au bout de quelques semaines, et, alors que le risque de reprise de l’épidémie - du moins au moment où j’écris ces lignes - est à son paroxysme, on a tenté d’oublier ces semaines étranges. Pourtant, si en apparence la vie a semblé reprendre son cours normalement avec l’arrivée des beaux jours et l’insouciance qui va avec, de nombreuses choses ont changé dans nos vies. Et, parmi les choses qui ont le plus changé, il y a le tourisme. Le tourisme, oui, mais plus largement notre rapport aux déplacements. Il est assez surprenant de voir à quel point les restrictions de mouvements mises en place dans la plupart des régions du monde ont eu un impact immédiat non seulement sur nos déplacements physiques mais aussi, et j’aurai tendance à dire surtout, sur notre

conception même de la mobilité. Se rendre à quelques centaines de kilomètres de chez soi dans un contexte de confinement et de fermeture des frontières était plus compliqué que de partir à l’autre bout du monde quelques semaines auparavant. Les ressortissants de nombreux pays, notamment occidentaux, qui ont toujours eu la chance de pouvoir se déplacer librement d’un pays à l’autre – ce qui n’a jamais été le cas pour la majorité de la population mondiale, rappelons-le, ont subitement découvert la valeur de ce privilège. Ces dernières semaines, se déplacer était un luxe réservé à ceux qui ne pouvaient pas faire autrement. Si les déplacements de loisirs sont progressivement redevenus possibles, ces restrictions de circulation, ces frontières fermées, ces quarantaines obligatoires ou volontaires vont radicalement, et sur le long terme à n’en point douter, changer notre vision du voyage. Rappelons qu’au moment où j’écris ces lignes, nous sommes le 10 août, de nouvelles mesures de restrictions apparaissent un peu partout. Avec l’effondrement du marché du transport aérien, il y a de fortes chances que, plutôt que les passagers, ce soient les prix qui s’envolent. Les compagnies low cost risquent fort de disparaître à plus ou moins court terme. Fini les weekends à l’autre

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Manger local

bout du monde ! Ce tourisme de masse, destructeur plutôt que créateur, était déjà décrié avant la crise sanitaire. En apparence à son apogée, il agonisait déjà. Il y a de fortes probabilités donc pour que cette crise sonne le glas d’un certain mode de consommation touristique. Même si les milliards que lâchent les gouvernements pour remettre leurs compagnies nationales à flot montrent que, même agonisant, le tourisme de masse n’aura pas dit son dernier mot. Mais ces milliards ne sont que le chant du cygne, n’en doutez pas ! L’économie touristique vit l’une des plus grosses crises de son histoire. Et c’est une bonne nouvelle ! Bien sûr, cette phrase, un tant soit peu provocatrice, ne prend absolument pas en compte les drames humains qui se jouent en arrière-plan de cet effondrement. Que ce soient les hôtels de ville, avec une forte clientèle internationale ou les agences de voyages, personne, et a fortiori votre serviteur, n’est à l’abri des conséquences économiques que provoquera ce


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