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Le Bunias d’Orient
environnement
Le Bunias d’Orient en juin dernier, une nouvelle plante invasive a été observée en Anniviers
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Comme son nom l’indique, la plante est originaire du Caucase et du sud de la Russie. Elle peut atteindre 30 à 120 cm de haut et ressemble à la moutarde ou au colza, de la même famille.
La Commune d’Anniviers, consciente de cette problématique, a rapidement mis en œuvre des mesures de lutte mécanique et/ ou chimique localisées selon le contexte, sur les surfaces publiques où elle a été observée (ex : talus de route). Le secteur de Mission et d’Ayer est concerné, mais il n’est pas exclu que d’autres foyers existent à l’heure actuelle. Pour les quelques parcelles privées sur lesquelles la plante a été observée, les propriétaires ont été informés personnellement mais cette façon d’agir reste très limitée car elle n’offre aucune garantie sur l’efficacité et la qualité des mesures entreprises. La Commune d’Anniviers compte toutefois vraiment sur la collaboration des propriétaires privés, des agriculteurs et des professionnels concernés (paysagistes, forestiers, etc.) pour signaler les nouveaux foyers au Canton ou via le portail en ligne d’Infoflora sur le web ou l’application (cf. encadré).
Le Bunias d’Orient peut atteindre des degrés de propagation localement très importants et de grandes nuisances sur l’exploitation agricole sont observées (ex : Crans-Montana ou Ayent) : • Avec son fort recouvrement, il réduit considérablement la production fourragère d’une parcelle. • La plante fauchée ne sèche que très lentement et provoque facilement la pourriture du fourrage en grange même lors d’un séchage au pré en conditions idéales.
Bunias d’Orient recouvrant d’importantes surfaces dans la région de Mollens (photo SFCEP)
• Certaines surfaces de fauches ont été abandonnées face à l’ampleur de la lutte nécessaire.
Focus sur la situation des autres néophytes dans la vallée Dans les jardins des chalets Le fameux Lupin bleu ou rose est très présent dans la plupart des jardins de la vallée. Il est toxique, en particulier pour les herbivores. Ainsi, alors qu’il contamine le fourrage et peut causer des troubles digestifs plus ou moins marqués au gros bétail, il est en revanche mortel pour les plus petites espèces et des baisses de populations de lièvres ou de tétras lyre ont été mises en lumière lors d’études universitaires menées dans certains pays voisins (Autriche, Allemagne). La plante peut sans problème se maintenir à plus de 2’100 m comme par exemple à Tignousa. Il est fortement conseillé de l’enlever des jardins et de le remplacer par des espèces si possible indigènes d’intérêt visuel similaire et adaptées à l’altitude (disponibles dans les jardineries ou en ligne), tels que le Panicaut des Alpes, le Lis Martagon, la Campanule en thyrse ou la Campanule en épi. La plante s’est propagée dans l’environnement naturel lors de dépôts de compost sauvages ou par dispersion des graines à proximité des chalets. À St-Luc/ Chandolin, des projets de lutte ont été initiés lors de compensations « nature » par les remontées mécaniques, mais ils ne suffisent pas si les sources de propagation sont conservées chez les privés.
Dans la partie inférieure de la vallée (Niouc - Soussillon - Fang - Vissoie) L’entrée et le bas de la vallée offrent des conditions plus chaudes et sèches qui sont favorables à certains néophytes (cf. ci-des-
Lupins échappés tapissant le sous-bois à St-Luc

sous). De plus, la proximité avec la plaine offre aussi un corridor de remontée pour la colonisation que les chaînes montagneuses limitent en amont. Parmi les plantes problématiques, on retrouve le Buddléja de David ou Arbre à papillons. Les berges de la Navisence en sont couvertes de Chippis au pont suspendu à Niouc et d’importants foyers existent le long de la route de la STEP en aval de Fang. Plusieurs chalets de Niouc, de Soussillon et de Vissoie en conservent dans les jardins. Malgré son fort pouvoir attractif pour les papillons, son nectar est à contrario très peu nourrissant et provoque leur surexcitation et les détourne de leur vraie recherche de nourriture ou de partenaire, un peu comme la confusion sexuelle utilisée dans le vignoble contre le vers de la grappe. Est également présent le Robinier fauxacacia qui a déjà fortement colonisé les lisières forestières de Niouc et qui atteint maintenant Fang. Il présente de très grandes épines qui rendent problématique la pose de clôtures et qui peuvent causer de profondes blessures aux hommes et au bétail. Sa situation en Valais est telle que la lutte n’est actuellement opérée que dans les zones naturelles protégées. Enfin, à Niouc toujours, plusieurs jardins sont occupés par le Sumac (ou Vinaigrier), facilement reconnaissable à ses sortes de grappes rouges dressées et ses feuilles à l’élégance de palmier. Il peut former des peuplements denses qui concurrencent la végétation en place et toutes ses parties sont toxiques voire irritantes (latex).
En bordure des cours d’eau proches des villages (Zinal - Grimentz - St-Luc - Vissoie) La Berce du Caucase est une grande ombellifère qui peut atteindre près de 5 m de haut ! Le gigantisme de toutes les parties (feuilles, fleurs, tiges) limite fortement les risques de confusion avec une autre espèce. La plante est en revanche dangereuse pour la santé ! Le contact avec les diverses parties suivi d’une exposition au soleil peut provoquer de graves brûlures jusqu’au 3e degré ! Il faut impérativement porter un équipement de protection adapté pour tous les travaux à proximité ou s’adresser à des professionnels pour l’élimination. Elle aime les secteurs humides et pousse alors volontiers le long des cours d’eau ou dans les prairies humides. La Renouée du Japon est également recensée en bordure de la Navisence. Depuis la crue centennale de juillet 2018, la Commune d’Anniviers opère annuellement un contrôle de toute la Navisence pour lutter contre la propagation de la Renouée du Japon. En effet, le foyer existant à l’ancienne décharge d’Ayer était en bonne voie d’extermination (lutte depuis plusieurs années) mais la crue a provoqué sa dispersion dans la Navisence. L’origine de la contamination semble provenir de la mise en compost de tiges coupées par des privés de la région de Vissoie et de la Combaz. Cette plante est probablement la plus complexe à éradiquer, car quelques centimètres de racine suffisent à faire repartir une plante. De plus, elle dégage des substances qui empêchent les plantes voisines de croître pour occuper ensuite la place par propagation. Sur les berges, elle sèche totalement en hiver et laisse le champ libre aux phénomènes de glissements et d’érosion.
Le long des routes et dans les pâturages au sol perturbé (Niouc - Vissoie - Grimentz) Le Solidage du Canada appelé aussi verge d’or envahit volontiers les milieux ouverts tels que les friches, les tas de terre, les espaces délaissés ou faiblement entretenus et les prairies humides. En plaine, des pairies, anciens vergers ou vignes en friches en sont parfois totalement recouverts. Dans la vallée, elle est relativement peu présente et sa détection a surtout été possible suite à l’entretien des routes cantonales. Quelques foyers ont été repérés en bordure de route à Niouc et à Grimentz, mais c’est dans la région de Vissoie qu’elle présente la plus grande concentration. Elle génère principalement des nuisances à la flore locale en occupant fortement certaines surfaces sans laisser de place à autre chose. Secondairement, elle peut générer des pertes de rendements en fourrage.
En synthèse • L’Ordonnance fédérale sur la dissémination dans l’environnement précise les espèces qu’il est interdit d’acheter, de planter, de répandre ou de vendre. • À l’heure actuelle, la politique est plutôt à la prévention qu’à la répression, mais la situation peut changer. Il est donc fortement conseillé de ne plus détenir de telles plantes dans son jardin et de les faire éliminer avec toutes les précautions nécessaires à chaque espèce par des professionnels. • Le signalement des foyers est important car il permet d’organiser efficacement les mesures de lutte et de suivi. Ne pas




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Renouée du Japon en cours de traitement par la voirie d’Anniviers en bordure de la Navisence à Vissoie

hésiter à demander conseil aux professionnels en cas de doute. • Ne surtout pas composter ou jeter sauvagement des plantes coupées, des racines ou des graines mais les évacuer avec les ordures ménagères. Si des foyers sont importants, se renseigner auprès du Canton avant toute opération afin de voir si des collaborations sont envisageables. • Certaines espèces portent atteinte à la santé des hommes et des animaux (allergies, brûlures, piqûres). • La lutte contre les néophytes coûte à la collectivité. A titre d’exemple, le Canton de Zürich débourse jusqu’à 2,2 mio de francs par an pour la lutte contre 6 espèces.
Lambert Zufferey Informations complémentaires
Signaler au Canton : M. François Biollaz 027 607 10 32 / 079 540 29 59 francois.biollaz@admin.vs.ch
Visualiser la situation et signaler : https://obs.infoflora.ch/app/neophytes/fr/ index.html
Application smartphone gratuite de détermination des plantes : https://apps.apple.com/ch/app/plantnet/ id600547573?l=fr https://play.google.com/store/apps/ details?id=org.plantnet&hl=fr_CH
Application smartphone gratuite pour signaler les foyers : https://apps.apple.com/us/app/ invasivapp/id1101328839?l=fr&ls=1 https://play.google.com/store/apps/ details?id=ch.perron2.invasivapp
Manuel de gestion des néophytes envahissantes : https://www.vs.ch/documents/40859 0/415579/2302_26+Manuel+de+gest ion+des+n%C3%A9ophytes+envahiss antes.pdf/f54db957-1e1e-c702-5b31506e84a13417?t=1593070006918
Ouvrage sur les plantes invasives de Suisse: Plantes invasives de Suisse - Les reconnaître, lutter contre. Ewald Weber, éditions Rossolis 2013 ISBN 978-2-940365-56-2
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