N° 40 - Octobre 2020

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histoire

Des mines d’or aux fours à chaux

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our voyager d’Anniviers en Afrique du Sud et retour, il suffit de passer une journée avec ce crapahuteur de Jean, dit Jean de la Lune. Habitué à travailler les vignes avec son père très tôt, curieux de la diversité des composants du terrain, il se destinait au plein air. Après une licence en sciences de la terre, il s’est lancé dans un diplôme d’ingénieur géologue. Des études complexes mais avec de bonnes périodes passées en solitaire sur le terrain, par exemple dans le Jura entre St Cergue et les Rousses (travail de diplôme principal) où il se souvient qu’il pleuvait beaucoup… et aussi au col du Mt Genèvre au-dessus de Briançon (F). Attiré par l’aventure, Jean Zufferey s’est épanoui dans ce monde mystérieux, à l’ombre des mille-feuilles géologiques qui forment notre pied-à-terre. Mais que fait un géologue ? Ce domaine, vaste et compliqué, comprend la connaissance de la nature de la roche : la pétrographie, de l’empilement des couches : la stratigraphie, de la déformation des roches : la tectonique et des minéraux : la minéralogie, de la direction de ces couches et de leur inclinaison (le pendage). La boussole du géologue permet de mesurer tout cela, les prélèvements sur le terrain puis l’observation au microscope polarisant de lames minces établies par un préparateur donnent de bonnes indications sur la matière étudiée, deux centièmes de millimètres suffisent pour cet examen ! La loupe du géologue est utilisée pour observer des fossiles microscopiques quand ils existent, tout un monde pas si mort qu’il n’y paraît et qui nous transmet de

Jean (à gauche) et son collègue évaluant un filon d’or

bien précieuses informations sur notre histoire. Voilà la mission du géologue. L’or, par 2000 mètres de fond En 1973, Jean a envoyé deux cents offres d’emploi et a reçu deux réponses positives dont une d’Afrique du Sud d’un grand groupe occupé à l’exploitation de mines d’or. Pas d’hésitation, la décision a été rapide, départ immédiat pour la pointe sud de l’Afrique. Là-bas, la compagnie connue à l’époque pour sa bonne réputation quant au respect des mineurs et au refus d’engagement d’enfants pour travailler dans ces lieux étouffants et moites, a offert à Jean un intéressant contrat d’engagement. Basé à Carletonville, à 80 Km à l’ouest de Johannesbourg, Jean a trouvé dans cette cité des similitudes avec Sierre. Alors, pas besoin de partir si loin pour frayer avec ce qu’on connaît ? Détrompez-vous. Le lieu de séjour comportait un réfectoire commun, Jean occupait une chambre mo-

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derne avec douche et payait, repas compris, 1/15ème de son salaire. La nourriture anglaise était correcte, il a pu s’acheter une VW Coccinelle neuve pour se rendre à la mine high-tech pour l’époque appelée East Driefontein,. Située pas très loin de celle considérée la plus riche du monde, West Driefontein, le seul endroit où l’or était visible à l’œil nu ! Et qui renfermait aussi de l’uranium exploité comme sous-produit. Pour accéder à «sa» mine, un puits d’un diamètre de 9 m. y conduisait d’un seul tenant à 2000 m. sous la surface. Jean surveillait l’avancement des travaux, et quand les mineurs perdaient le filon, grâce à sa connaissance de la stratigraphie fine aux abords du conglomérat aurifère ou par carottages, le géologue indiquait la nouvelle direction à suivre. Les Noirs seuls travaillaient à creuser, installer les rails pour la locomotive électrique à batterie tirant les wagonnets au niveau de l’exploitation, étayer les galeries avec des carrelets de bois entrecroisés, mesurant 1 m. de hauteur en


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