Kalika, l’été est mort

Déserts imaginaires
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À la conquête de l’Est
Dernière Pluie
Jeux & Horoscope
Kalika, l’été est mort
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Faire un magazine ça ne sert à rien si ce n’est pas avant tout une aventure collective, de nous jusqu’à vous. Un défi d’équipe que vous ressentiriez à chaque page, de la naissance de nos idées pleines d’espoirs brouillons, des moments fragiles où elles existent pour de vrai jusqu’au bouclage exalté qui tranche leur sort. Que l’énergie physique, fébrile et puissante à la fois qui préside à la destinée du magazine ne fasse que ricocher sur le support papier que vous tenez entre les mains, pour vous imprégner à votre tour.
Quand on nous demande de définir la ligne éditoriale du magazine, on répond toujours que c’est en fonction de la pêche du jour. Les lignes de nage, strictes et acides, c’est bien pour les autres. Ici, c’est team monstres d’apnée ou poissons volants. Est-ce que bien rigoler est une ligne éditoriale? Est-ce que dire ce qui ne se dit pas, est-ce que regarder ce qu’on croyait connaître, est-ce que traquer la beauté sensible sont des lignes éditoriales ?
Pour fabriquer ce numéro d’été, on a vagabondé, perdu du temps, tenté des choses. Ce n’est pas une ligne éditoriale, pas une recette, même pas tout à fait une technique de pêche. Des longues errances en voiture à battre la campagne et provoquer les grandes collines, des allers-retours en train pour aller voir en vrai la couleur des choses. Des jours fériés sans pique-niques pendant un printemps dopé à la glycine. Bref, de la dérive.
Parfois, on rentre au port abîmés et bredouilles en ayant juste bien rigolé. Pour faire ce magazine d’été, on a plus que jamais passé du temps ensemble. Première Pluie est une aventure collective, une embarcation mobile, joyeuse et qui chahute, donc capable d’affronter les immenses vagues. Est-ce qu’avoir de la curiosité pour la ligne d’horizon est une ligne éditoriale ?
Finalement, c’est une technique de pêche comme une autre. Et figurezvous qu’encore une fois, la pêche du jour a été bonne.
PLUIE
PREMIÈRE
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NOÉLIE
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GRAPHISME
ZÉBINA
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D’IMPRESSION
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PAR
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FONTS
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DU
SORTIE
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À
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EFFECTUÉ
LÉGAL
DÉPÔT
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À
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Aujourd’hui, laissez-moi vous conter l’histoire de Clémentine Delait, née en 1865 dans les Vosges. Son nom, peut-être, ne vous évoque rien. Son surnom, sûrement, vous évoque bien davantage: «La Femme à Barbe».
Au delà d’être son identité, sa pilosité est sa fierté. Clémentine Delait, figure vosgienne, est aussi devenue un modèle pour les féministes. Jeune fille déjà, sa différence se fait remarquer. Elle la qualifie dans ses Mémoires, retrouvées dans une brocante dans les années 2000 (petit conseil: arpentez les brocantes, c’est toujours une belle idée), d’un «duvet prometteur qui soulignait agréablement son visage».
«Prometteur», le terme est bien choisi. Clémentine Delait s’ancre rapidement avec son époux comme une tenancière de bar.
Un banquier farceur lui fixe un jour un défi: si elle se laisse pousser la barbe, il lui offre 500 francs. Elle n’a jamais vu la couleur de cet argent. En revanche, des clients de la France entière se pressent pour voir cette femme barbue. Fière, elle appelle le troquet « le café de la femme à barbe » et vend des cartes postales à son effigie.
C’est elle qui règle leurs comptes aux clients trop éméchés en les jetant à l’eau de la fontaine, elle aussi qui se joue des codes de l’époque en sollicitant l’autorisation du ministère de l’Intérieur pour porter des pantalons. Elle transgresse allègrement les frontières du genre, ce qui la rend réellement unique.
Hors de question pourtant d’être considérée comme une freak, en vogue à l’époque. Elle refuse de faire partie du cirque Barnum, connu pour exhiber des personnes avec des particularités physiques (la fin de certaines traditions a définitivement du bon…).
Clémentine Delait meurt dans les Vosges en 1939. Son épitaphe est l’ultime symbole de la fierté qui la caractérise : «Ci-gît la femme à barbe». Elle a alors tout le loisir d’explorer le paradis dans lequel elle pense qu’il n’y a «aucune barbe aussi belle que la sienne». Assurément, elle marque l’histoire et grignote aussi une petite part de septième art: voici notre protagoniste héroïne d’un film sélectionné à Cannes, Rosalie de Stéphanie Di Giusto.
Que des bonnes choses, importées d’ailleurs et à déguster à quelques miles de vos domiciles. Voilà les dates de concerts à ne louper sous aucun prétexte dans la région. Comme on est sympa, on en a fait une playlist.
Le magazine est gratuit, mais on balance des faits-divers pour vendre plus de papier. Les chiens écrasés, dans la presse traditionnelle, c’est ça. Ici, 3 histoires sont vraies et 1 est fausse. Saurez-vous la retrouver?
Le 10 mai, une femme de 391 kilos a été évacuée de son domicile à Stenay (55). De nationalité américaine, elle vivait là depuis une quinzaine d’anné tuation était devenue très compliquée depuis le départ
i plus tôt.
date elle a duré 6 heures et a d et de 5 engins. Du ja
L’opération d’évac
ÇA DÉCOIFFE
Technique de fraude originale, le 2 mai, un homme de 26 ans a sauté sur le toit d’un TGV Nancy-Paris à hauteur de Champigneulles (54). Des témoins ont rapidement donné l’alerte, ce qui a sans doute permis de lui sauver la vie. Le jeune mexicain, électrisé mais conscient, a été transporté au CHR de Metz-Thionville.
Le 17 avril, un homme a été interpel de l’année, il creusait un tunnel so cave de son domicile et celle d’un “ La galerie faisait 35m. L’homme avait r parois mais l’entreprise était très da et l’homme a été pris en charge par d
Le 28 mars, à Toul (54), saoulé d’attendre sa monitrice qui satisfaisait un besoin naturel dans les locaux de l’auto-école, un apprenti pilote a décidé de faire son cours en solo. Il faut dire qu’il avait déjà 55 heures au compteur, et au prix que ça coûte, il faut rentabiliser chaque minute. Le jeune homme était attendu par la police à son retour, au bout d’une heure. Il sera jugé pour abus de confiance, même s’il a juré “ avoir été super prudent”.
Elle aime dévaler nonchalamment les montagnes, elle coupe les villes en deux, elle tombe même du ciel pour arroser les plantes et mouiller les selles de vélo sans vergogne. Ce n’est un secret pour personne, l’eau est essentielle à toute vie sur terre. Ce n’est un secret pour personne, aussi, elle a connu des jours meilleurs. On a posé des questions aux gouttes qui remplissent les aquariums et les flaques d’eau pour vous donner des nouvelles.
Cet été ne promet rien de bon. Les records de températures qui remettent leur titre en jeu chaque année perturbent durablement le cycle de l’eau. Et tout commence en hiver : les précipitations censées pouvoir s’infiltrer facilement jusqu’aux nappes phréatiques sont bien trop faibles. Or, c'est à cette période de l’année que l’eau s’infiltre le mieux dans le sol en l’absence de végétation vigoureuse.
Les nappes ne se rechargent pas comme elles le devraient, elles qui représentent 62% de notre consommation d’eau potable en France. Le reste, on le puise dans les cours d’eau, et ils sont fragilisés eux aussi par le manque de précipitations en été (période où l’on compte généralement sur l’apport des nappes phréatiques). L’évaporation accrue provoquée par des températures de plus en plus élevées n’arrange rien, et l’état de destruction avancé des sols favorise même les inondations en cas de fortes pluies. Trop secs, leurs capacités d’absorption sont mises à mal, le processus d’infiltration est défaillant. Pas facile d’être une goutte d’eau dans ce cercle vicieux.
75% 58%
Le cycle de l’eau est déjà nettement perturbé par le dérèglement climatique, et notre agriculture dans son ensemble est sous tension. La viabilité d’ecosystèmes entiers est remise en question et cette facette du dérèglement climatique promet de devenir un enjeu majeur de nos civilisations.
Texte par Romain Bouvier Graphisme par Mathilde Petit Part des nappes phréatiques au niveau bas ou extrêmement bas en mars :12 millions d’hectares sont perdus chaque année à cause de la desertification
Populaion mondiale touchée
50% aujourd'hui
75% d'ici 2050
40% 29% des terres sont dégradées au niveau mondial
700 millions
de réfugiés climatiques à cause des sécheresses d’ici 2030
2,3 milliards
de personnes sont aujourd’hui confrontées au stress hydrique
Particuliers: 8%
Industrie: 22%
D'EAU
PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ
L’Europe enregistre 65 milliards d’euros de pertes liées aux sécheresses chaque année
Agriculture: 70%
Depuis 2000, le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de CONSOMMATION
2 milliards de m3 par an : c’est le déficit pour la satisfaction des besoins en eau dans le monde
Au delà de la désertification qu’il installe et des perturbations qu’il impose au cycle de l’eau, le réchauffement climatique mène une bataille navale sans pitié avec nos océans. La stratification des couches océaniques est l’un de ses effets les plus préoccupants.
L’eau qui compose les océans est segmentée en plusieurs couches. L’eau en surface, plus chaude et moins salée, se superpose aux eaux plus profondes, plus lourdes, plus froides et plus salées.
Ces différentes couches océaniques se mélangent habituellement sous l’action des courants, des marées ou des vents. Mais plus la différence de température entre elles est élevée, plus le processus est difficile : l’océan devient stable.
Les échanges verticaux de chaleur, d’oxygène ou de carbonesontcompromis.L’ensembledesécosystèmes marins est impacté, y compris le phytoplancton*, essentiel à la photosynthèse et à l’apport en oxygène de notre atmosphère. L’eau de surface, plus chaude, n’absorbe pas aussi efficacement le carbone que l’eau froide, en profondeur. Les capacités de stockage du carbone par l’océan sont amoindries par le réchauffement climatique, ce qui a pour vocation… d’aggraver le réchauffement climatique : c’est une boucle de rétroaction.
*Les océans sont de vrais puits de carbone. Ils absorbent environ 30% du CO2 émis par l’activité humaine et produisent 50% de l’oxygène que nous respirons grâce à la photosynthèse du phytoplancton.
Cet organisme à la base de la chaîne alimentaire est constitué d'organismes photosynthétiques pourvus de chlorophylle. Grâce à eux, il peut transformer le CO2 en oxygène.
La température des 75 premiers mètres sous la surface des océans augmente de 0,11°C par décennie. Un changement trop rapide, qui détruit les écosystèmes et a des répercussions directes sur l’atmosphère terrestre. La pollution plastique fait elle aussi des ravages. L’acidification des océans provoquée par l’explosion du taux de CO2 dans l’atmosphère compromet l’existence des petits organismes marins, y compris du phytoplancton. Nos forêts brûlent. Nos océans meurent.
Comment on matérialise la sortie d’un projet ?
Je pense que c’est l’objet, le disque et les concerts. Quand on a reçu les premiers vinyles, je me suis sentie fière, je me suis rappelée d’où je venais. J’ai pensé à moi minus et je me suis dit “j’ai fait ça”. La route est longue encore, mais c’est une façon de déjà gagner quelque chose. Maintenant j’essaie de toujours me rendre compte des trucs cools qui se produisent. On fait les premiers concerts de la tournée, il y a des gens qui connaissent déjà les paroles, ça rend les choses concrètes.
Kalika dit d’elle-même qu’elle est un peu sauvage, à l’image de sa musique, update punk. Normal, comme elle le dit : Ce qui surgit ne se contrôle pas. C’est comme ça qu’elle a fait son premier album qui vient de paraître, Adieu les monstres, où elle déballe à la fois des souvenirs rose bonbon et des traumas tourbillonnants. Avec les mots, la rage et le regard d’une femme de son âge qui chante ce qui est trop dur à dire.
C’est une forme de preuve ?
Oui. Une preuve et une façon pour moi de rétablir ma vérité, d’être entendue. C’est une preuve à retardement, parce que c’est l’enfant que j’étais, mais mieux vaut tard que jamais. Je suis contente de l’avoir fait.
L’album est sorti, c’est quelle émotion ?
C’est bizarre. Je suis archi contente mais je n’ai pas réalisé tout de suite. Ça représente un gros changement dans ma vie. Je pense que je vais réaliser d’ici un mois, après la Cigale.
À la toi minus, justement, tu dis quoi, ce premier album, c’est un trophée, un bonbon, un diplôme, une revanche ?
C’est une transformation, c’est mon rêve qui se matérialise peu à peu. C’est aussi un peu une revanche. J’ai été rabaissée dans mon enfance, notamment par mon père. J’ai longtemps été toute seule à y croire. D’avoir réussi à emporter suffisamment de gens avec moi pour faire un disque, c’est une belle revanche, une revanche positive et sans colère.
Sur cet album Adieu les monstres, j’ai l’impression que les Kalika de tous les âges sont convoquées. Avec laquelle tu avais le plus envie de renouer ?
L’enfant. J’avais besoin de revenir dans le passé pour devenir la femme que je suis en train de devenir. Depuis mes 18 ans, j’étais perdue. J’ai compris que c’était à cause de plein de traumas de l’enfance. Il fallait que ça sorte et que je raconte mes histoires. Il y a un côté enfantin dans l’album, même dans les morceaux les plus guerriers. J’avais besoin de jouer aussi, de m’amuser, de vivre une enfance en décalage pour me raconter, de faire les choses que je ne pouvais pas faire à l’époque.
Justement, comment ça se construit un album où on se raconte comme ça ?
Ça s’est vraiment fait naturellement. Ce n’est pas un album concept. Je n’allais pas bien. J’ai beaucoup écrit, et ça m’a replongé dans des souvenirs d’enfance et d’adolescence. Je suis retournée à la base pour comprendre pourquoi je ne suis pas solide, pourquoi je fais nimp’. En replongeant, j’ai eu ce choc enfantin, même ma voix a pris des aigus, ma façon de chanter a changé. Ma façon d’écrire a changé aussi. Le trash et le cute s’entremêlent alors qu’avant je voulais trop faire la meuf mature qui connaît tout. Là j’ai plus assumé que : non.
Adieu les monstres, ça devrait être le titre de tous les premiers projets. Chez toi, c’est universel et insolent à la fois.
Cet album est un chemin bizarre. Il ressemble beaucoup à la vie, c’est pour ça que je l’aime et que j’en suis si fière. Dans ses imperfections, ses rebondissements, ses surprises, il ressemble vraiment à ce que j’ai pu vivre et à ce qu’on peut vivre en général. Parfois tout va bien et d’un coup tout va mal.
C’est vrai que chez toi, dans l’écriture, dans ce que les chansons retranscrivent, il y a quelque chose du moment, de la photo, du point de bascule. L’été est mort me donne toujours ce sentiment.
Tu l’as bien décrit. J’ai comme des photos de souvenirs, j’ai besoin de sortir ce qu’il y a autour pour avancer plus légère. Quand je vis un truc hard, j’écris dessus puis je n’y pense plus et un jour, quand, je suis prête, elle sort. Sarah et Stéphane, la chanson sur mes parents, je l’ai écrite il y a 5 ans. Pour moi elle est encore d’actualité, mais sur le moment je m’étais sentie trop mal d’un truc et j’ai écrit le texte d’une traite, alors que je ne savais même pas que j’étais en colère contre eux. C’est un sujet sensible, j’ai mis 5 ans à la sortir.
Ça t’arrives de te faire surprendre par le sujet de ce que tu es en train d’écrire ?
Oui, ça surgit. Je ne peux pas l’expliquer. Écrire, c’est un muscle, j’essaie d’écrire tous les jours, mais ce qui surgit ne se contrôle pas. Quand c’est comme ça, écrire est la seule chose qui peut me canaliser, m’aider à y voir plus clair et me calmer un peu. Ma démarche c’est de m’apaiser, et toutes les chansons de l’album vont dans cette direction.
Est-ce qu’il y a des chansons que tu as réussi à écrire, mais pas encore à montrer ?
Euh, oui. J’ai plein de chansons sur ma grand-mère. Elle est l’exemple de femme puissante et indépendante dans ma vie. Si je fais tout ça c’est aussi pour elle et grâce à elle. Je tire mon courage d’elle. J’ai écrit beaucoup de chansons sur elle mais je n’arrive jamais à en sortir une. Il y a aussi des choses bien darks sur l’alcool. J’ai déjà parlé un peu de l’alcool et de la fête, mais je ne suis pas encore allée en profondeur. Je vais le faire, j’ai des trucs qui traînent, mais je ne suis pas encore prête.
À quel moment tu as su que la scène, c’était un lieu de performance ?
Je crois que je l’ai toujours su. J’ai commencé par la scène, et j’ai fait du studio relativement tard.
Ma première scène, c’était à 9 ans, j’ai toujours kiffé faire le show. J’étais fan de Beyonce, Lady Gaga, Shakira, Britney Spears, etc. J’avais besoin de ce truc visuel, physique. Quand j’écoute un album, j’ai besoin que ça soit vivant. Quand j’ai commencé à faire de la musique en studio, j’ai compris que c’était un espace très différent. Si tu veux que ta musique soit comprise comme il faut, il vaut mieux avoir une énergie un peu plus calme en studio. Plus propre, plus lisible, plus compréhensible, pour pouvoir mieux se déchaîner sur scène. J’ai un truc plus sauvage, le studio c’est plus compliqué pour moi, mais j’aime les deux.
Il y a des chansons plus compliquées à amener sur scène ?
Bah, Sarah et Stéphane je galère un peu. Parfois ça passe, parfois c’est plus compliqué. Mais on ne peut pas la sortir du set au dernier moment avant un concert. C’est difficile de restituer la vérité d’un morceau peu importe les conditions.
Qu’est-ce que ça t’évoque la Première Pluie ?
Ça me fait un peu penser à la première désillusion. La première fois où tu te casses la gueule. Quand je suis arrivée dans la musique, j’étais confiante dans ce que je faisais, j’ai mangé des murs, et ça m’a réveillée.
Tu as quel souvenir de l’époque où tu habitais à Nancy ? Des souvenirs d’alcool et de fête justement ? Oui, un peu ! C’était la fête tous les soirs. C’était trop bien, mais très dangereux, parce que je ne connaissais pas du tout mes limites. C’est la période où j’ai quitté ma mère, celle où je me suis rendu compte que je ne savais pas du tout qui j’étais. Loin des gens qui étaient censés me connaître, je ne savais pas qui j’étais. Une période compliquée, mais c’est aussi à ce moment-là que j’ai rencontré Balthazar (Picard, ndlr), avec qui je travaille depuis. J’ai des souvenirs très forts. Dans notre école, la MAI, j’ai pris mes premiers cours de coaching scénique. J’ai compris l’importance que la scène allait avoir pour moi et à quel point ça peut être cathartique. J’ai commencé à beaucoup écrire en français et j’ai eu envie de faire un projet solo, alors à la fin de l’année, je suis venue tenter le coup à Paris.
Comment tu bosses le show ?
J’ai la vision toute seule. Pour les nouvelles chorés, j’ai fait appel à une pote à moi, on travaille ensemble. Je travaille en cercle proche.
Le regard des autres, avec la scène, ça a été dur parfois ?
Je crois que je m’en fous un peu du regard des autres. Il y a eu un moment plus compliqué à l’adolescence mais sinon je m’en suis toujours foutu.
Écharpes dispo 20€
Pour ce magazine d’été, on a demandé à 4 jeunes artistes de créer chacun·e une œuvre sur un thème commun et estival : les Déserts Imaginaires. Voici 3 textes pour les accompagner. Vous pouvez collectionner les créations en soulevant les agrafes et en coupant les pages. On vous autorise.
Dans l’ordre
p.19
p.22
p.23
Baptiste Thiebaut / @jacquel_thiebaut
Antoine Graff / @a.ntoinegraff
Jules Boillot / @sad_useer
Emmanuelle Krieger / @numanuemma @premierepluie
Le sang plic ploc en coulant de son nez vers le sol. Après le petit vertige du début, il recueille le sang dans sa main et se l’étale sur le bras pour faire le mec. Ça arrive souvent sur le trajet entre chez lui et chez Léna. C’est une route calcaire, sans végétation, pleine de trous bourrés de poussière qui attendent le passage des rares voitures pour devenir des nuages tout blanc.
Depuis la fin des cours, règne sur le village une odeur de barbecue, de merde et d’herbe coupée. Elli n’aime pas trop l’été. Il n’aime pas être obligé d’aller dans la piscine de ses cousins Lucie et Lucas où tout le monde va en été parce que c’est la seule piscine creusée du village. Léna y va alors il y va aussi.
Léna est la plus jolie fille du collège selon son classement et la plus bizarre selon tout le monde. Elle habite en dehors du village, de l’autre côté de la route aux allures de désert. Avec ses tâches de sang déjà sèches sur le bras, Elli rejoint Léna à l’endroit habituel.
Dans le village, il reste un seul magasin. Un vieux magasin de confitures, posé tout seul au bord de la route de poussière blanche qui relie Léna et Elli. On dirait une ancienne gare qui aurait dérivé comme un bout de banquise. Tout le monde est tout le temps obligé de passer devant, alors le commerce tient le coup. Les 117 habitants du village sont les plus gros mangeurs de confiture du pays. Quand ils se donnent rendez-vous devant, Léna et Elli mangent un mini pot de confiture de figues avec les doigts. La vieille gérante est imbuvable avec eux.
— Les amoureux, vous commencez à me faire pitié avec vos mini pots je vais arrêter d’en faire.
Ils jurent partout qu’ils ne s’aiment pas. Leur activité principale
consiste à s’impressionner mutuellement, mais Léna gagne presque tout le temps. Elli dit que c’est parce que c’est une gosse de riche qu’elle ne craint rien de la vie. La famille de Léna vit dans le vieux château à l’extérieur du village, vaguement descendants des anciens comtes, ses parents arrêtent de chauffer une à une les pièces de la grande baraque au fil des problèmes d’argent. Quand Léna a dit à Elli qu’elle déménageait — Et loin en plus, il a cru qu’elle voulait le faire tomber dans un de ses gros mensonges auxquels il se sent coupable de croire à chaque fois.
— Non c’est pour de bon, fin juillet on décale.
— Tu vas habiter dans un autre château, comtesse ?
— Je crois que c’est même pas un château figure toi.
Les deux sont dégoûtés mais ne se le disent pas. Elli ne demande même pas où elle va. Il sait que c’est à lui de dire quelque chose, parce que ça se voit qu’elle se sent coupable. Pourtant les enfants ne sont jamais responsables des dettes, des envies d’océans, des amours terminés, ou de la bêtise profonde de leurs parents.
— Il faut qu’on fasse un truc mémorable avant que tu partes.
— Je suis chaude, t’as une idée ?
Elli lui indique de lever le camp, les deux prennent la route en direction de chez elle sur quelques dizaines de mètres avant de s’asseoir sur un vieux mur détruit.
— Il faut qu’on fasse un casse dans le magasin de confitures.
— T’es sérieux, c’est ça ton plan ?
Léna met du temps à s’y faire mais pour une fois il parvient à la convaincre. Ils feront ça dans la nuit juste avant le départ de Léna comme ça elle ne sera jamais
inquiétée et Elli, Elli qui est tout le temps avec elle, sera disculpé par ricochet. Ils prendront même certaines mauvaises confitures pour semer le doute. Avec une tenaille, ils couperont le cadenas de la porte de la cave qui est à l’extérieur du magasin.
Pendant les quelques semaines avant le casse et le départ de Léna, les deux affinent leur plan tout en essayant de rester normaux. Ils vont dans la piscine de Lucie et Lucas, mangent des mini pots de figues et regardent le Tour de France. Elli panique de la vie sans elle. L’absence de Léna s’annonce comme une tempête de sable qui va recouvrir la zone.
Le jour J, le cambriolage doit avoir lieu à 3h00 du matin. Rendez-vous au panneau village barré. Si l’un est là et pas l’autre à 3h30, plan annulé. Alors à 3h40 cette nuitlà, Elli a rallumé le flash de son téléphone pour rentrer dormir. À 11h, sa mère a toqué à la porte de sa chambre pour annoncer Léna. Il a les cheveux en bataille et regarde de travers.
— Elli, je suis désolée, j’ai raté le réveil.
— Moi aussi va. Quelle idée en même temps.
Léna s’assoit sur le bord du lit, lui est encore allongé, le torse nu, il tient son corps relevé sur ses coudes. Elle lui met la main sur son sein droit, là où il sait qu’elle a un grain de beauté. Tous les deux ils font l’amour pour la première fois, pour dire au revoir c’est un truc encore plus mémorable que le cambriolage d’un magasin de confitures.
À la rentrée, son ami Jim demande à Elli s’il a passé un bon été.
— L’été c’était super sauf le mois d’août.
Nipple stickers sur les yeux
Pour passer le grand fleuve
À fond sur un jet ski imagine
Le goût du désert
Toute la ville sur une colline
Des épines des balles de plomb
Via la plantation de peupliers
Qui visent juste dans le coeur
After solaire jogging vert
Avec des gens qui n’existent plus Fantômes aux looks impeccables Accrocs à tout sauf la buée
Sous un grand soleil ridicule
Les attractions payantes
Une princesse en short de foot
Miss météo nous manipule
Baskets adidas vertes Rumeurs au comptoir Commandes bizarres
T’as tout le temps une excuse
Dans la ville maintenant vidée
Quelques oracles bon marché
Version payante dispo Quand c’est dimanche on meurt
Qui veut devenir acteur
Pour jouer le goût de la pistache
Dans un film déjà maudit
Sur un ami imaginaire
Inspiré de vrais mensonges
De faits réels, de choses vues
Overdose lune téléguidée
Interdit d’atterrir ici merci
L’heure de vider son sac à main
Dans un village inventé
Maquillage, flingue en plastique Nipple stickers, petit livre
Du lait sans rien sans miel
Des chemins sans semelles Histoires sans cervelle Etc jusqu’à s’endormir debout
Des vacances à la mer
En décembre pour la paix
Hôtel vide peinture hollandaise Personne pour l’addition
Dormir avant la fin du repas
Le dessert qui joue la cathédrale Sans connaître la fin
On devine les contours du volcan
Même si tout est pour de faux Pourquoi ne pas imaginer
Oasis, le goût du désert Nipple stickers sur les yeux
Les journées sont longues
Le manteau du chef de la mafia
Aussi, la grande place aride
Donne le sein aux familles
Lunettes de soleil obligées
Pour le nouveau chevalier
Un regard à la mode Tempête dans la boîte de nuit
Cocktail ouille café bouillasse
Eau de chantier tuiles et vase
Les vrais animaux de nuit
Ne voient pas dans le noir
— Ils sont là ! Le premier camion est là.
Tous les ans c’est le même cirque aux alentours du mois de Mai. Lili devient intenable et tout le monde rigole de sa passion pour la fête foraine. Tout le reste de l’année, l’immense place de la ville est désertique, sauf pour les manifestations, fournaise blanche en été, parking troué de flaques d’eau en hiver. Personne n’ose traverser la place en son milieu, les passants préfèrent l’argent faire le détour par les bords. Mais un beau jour, un camion débarque, puis tous les autres, et les forains investissent la place pour un mois. Le meilleur mois de l’année selon Lili. — Le reste du temps c’est un désert sans âme.
Ils sont organisés, chacun sait ce qu’il doit faire, comme dans une légion romaine. En 24 heures, les immenses attractions sont debout, solides et vertigineuses, elles font de l’ombre à Lili, qui essaie dès le premier jour de retrouver les visages familiers derrière les stands. C’est un monde qui lui est totalement étranger. Ses parents ont une auto-école et rêvent qu’elle prenne le relai. Pas de forains dans la famille. On ne devient pas forain comme ça. Il faut au minimum un mariage. Mais on épouse pas comme ça un forain. C’est sa mère qui lui dit ça.
Lili traîne dans les sillons de la fête foraine, comme une petite bête dans le fond d’un paquet de bonbons. Toute la ville est là. Elle aimerait prendre plus de temps pour saluer tout le monde, mais les gens du reste de l’année compte bien peu au mois de Mai. Le reste de l’année, Lili est ceinture noire de tristesse. En mai elle s’éclaire. Sa mère dit à la boulangère qu’elle aimerait bien que ça dure tout le temps. La boulangère n’a pas
trop le temps. Aux autres, Lili dit qu’elle aime le printemps. Ça passe inaperçu, tout le monde aime le printemps.
La foire ramène sa poésie itinérante, ses histoires de grands chemins, que les forains racontent à haute voix aux citadins médusés. Dans la petite ville, rien ne se passe vraiment. L’usine de brownie a fermé, un prof est venu ivre au lycée, un Ter a été braqué en gare. La jeune lycéenne croit aux grands départs depuis ceux de ses chats les uns après les autres.
— Philémon est parti, il habite ailleurs maintenant.
— Mais ?? Pourquoi on ne peut pas aller avec lui ?
— Parce qu’on a pas fini de payer la maison.
Avec son argent de poche, Lili teste tous les stands, tous les manèges. Comme ça elle échange avec toutes les familles. Avec les années, elle est devenue très forte au tir à la carabine et au lancer de ballon de basket. Elle comprend les mécaniques de la ruse. Lili prend le temps de comprendre les gestes, d’écouter les voix des forains. Parfois, elle ose poser des questions.
— Comment on devient forain ?
— Faut être avec nous. T’as pas un manège comme ça.
— Il n’y jamais de nouveaux forains?
— Hm. Tu vois lui là-bas ? C’est pas un forain mais il est avec nous tous les week-ends. La semaine il est policier municipal. Le reste du temps il fait croire qu’il est forain.
Lili grimace en s’imaginant monitrice d’auto-école la semaine et sur les fêtes foraines le weekend, à essayer de se faire passer pour une foraine. Est-ce qu’un jour on lui dirait de venir pour de bon,
direction le sud, fini les heures de conduite et à l’aventure, plus loin que les routes qu’elle connaît ? Peut-être qu’il y a une cérémonie pour être intronisé. Ou alors tout le monde a un tatouage secret ? Lili hallucine à force de se nourrir des bonbons du stands fluorescents où les soleils automatiques excitent les yeux et les besoins imaginaires.
Au lycée, tout le monde rigole de sa passion printanière. — Lili ma cousine tu peux m’avoir un tour de manège gratuit ? — Lili tu seras plus là pour le bac de français du coup ? Les autres ne font que passer à la fête, petit date ou viré entre amis, un tour de manège en hurlant, des churros grand format sans supplément. Le reste de l’année, elle est pétrifiée du regard des autres, mais pendant la fête c’est pas pareil, elle ose répondre. — Eh, la meuf de ton frère a couché avec le forain du super soleil.
Au cas où elle deviendrait foraine par miracle, Lili s’applique en maths. C’est une maman sur un stand qui lui a dit que le calcul c’est la base. — Si t’es nul en calcul, tu vas tourner le cochon grillé à la broche.
Tous les ans, c’est le même cirque au mois de mai. Lili zinzin déserte la maison pour la fête foraine. Mais on est en janvier. Lili au milieu de la place déambule sous la pluie battante. Les deux mains dans le vide comme si elle tenait une grosse peluche et un paquet de bonbons. La place grand désert abrite une fête foraine imaginaire, Lilienpleinmiragetireàlacarabine dans un oasis qu’elle voit seule au milieu de la ville. Dans son délire, le mois de Mai dure toute l’année.
C’est l’été, les grandes vacances, les jobs saisonniers, les beignets à la plage. Mais pour des milliers de jeunes de 15 à 17 ans, cet été sera celui de leur SNU. Le Service National Universel, instauré en 2019, a déjà accueilli plus de 50 000 volontaires lors de ses séjours de cohésion1. Le gouvernement en a fait son grand projet pour la jeunesse. L’opposition le qualifie de nouveau service militaire. Qu’en est-il vraiment ?
Le SNU s’est construit sur le postulat suivant. La nation n’est plus unie et fait face à une montée de l’individualisme et des communautarismes. La jeunesse, elle, ne s’engage plus et ne trouve pas de projets d’avenir. C’est un constat conservateur classique, rempli de démagogie. En réalité, c’est les 1624 ans qui s’investissent le plus dans la vie associative2. Et il est légitime qu’ils aient du mal à s’imaginer un futur cohérent : la société capitaliste a engendré des crises sociales, climatiques et économiques. Au lieu de plaider coupable pour les torts causés et d’agir structurellement pour offrir un avenir viable aux jeunes, le gouvernement leur propose 12 jours de “vivre ensemble”.
Il n’est pas encore un service militaire mais le SNU garde des teintes de son prédécesseur. Un tiers des encadrants viennent des métiers en uniforme. Ils sont là pour transmettre la discipline et le respect de la hiérarchie. Chaque matin à 7h45, tous les membres du séjour se rejoignent dehors pour se mettre en rang, puis au garde à vous. On lève le drapeau français et on chante la Marseillaise. Comme lors d’une cérémonie militaire officielle. Les volontaires sont soumis au port de l’uniforme et la pédagogie appliquée est celle de l’obligation, de la sanction et de l’ordre.
Les activités proposées lors du séjour sont variées mais inutiles. Le SNU n’apporte rien de plus que ce que pourrait faire l’Éducation Nationale si on lui donnait plus de moyens. Il ne sert en fait que de centre de recrutement pour les corps en uniforme. 33% des volontaires ayant déjà leurs parents dans le métier3
Face à une jeunesse de plus en plus informée sur ses dérives, le gouvernement utilise le SNU comme contre-propagande. Mais ce n’est qu’une étape. Le rendre obligatoire est toujours en projet. Des départements tests4 ont été dévoilés
pour janvier 2024. Pour pallier au manque d’encadrants formés et à la majorité de non-volontaires, le SNU obligatoire deviendra forcément de plus en plus militaire, autoritaire et standardisé.
Le projet de société défendu par le SNU est plus que naïf, il est dangereux. Contre l’individu, il fait primer le collectif. C’est la stratégie de la masse : nier les individualités pour invisibiliser les inégalités. On souhaite une jeunesse standardisée, docile, patriote, et non libre, consciente et militante. C’est une lente mise au pas, un combat contre l’émancipation des jeunes et des individus.
Un combat qui coûte 140 millions par an5 dans sa forme actuelle. 3 milliards s’il est rendu obligatoire un texte de loi, il peut donc changer de forme au gré des gouvernements. Passée l’obligation, on ne peut savoir ce qu’il en adviendra. Le retour en arrière, c’est maintenant qu’il est possible.
Lorsque l’amour de la nation devient le cache-misère des inégalités et que l’on appelle des militaires pour former la jeunesse, on a le droit d’avoir peur. La montée des fascismes en Europe n’est pas un mythe. Elle s’accentue. Le SNU est un présage de plus.
Le projet de société défendu par le SNU est plus que naïf, il est dangereux.Texte par Josh Graphisme par Noélie Dessalle Photo par Diego Zébina 1 : Le SNU comporte 3 phases : séjour de 12 jours, mission d’intérêt général de 84h, et engagement de 3 mois facultatif. 2 : 50% des 16-24 ans sont membres d’associations, enquête ENEAD, 2021. 3 : Enquête INJEP : Évaluation des séjours de cohésion 2022. 4 : Information du syndicat scolaire SNES FSU, 26 février 2023. 5 : Projet de loi de finances pour 2023 : Jeunesse et vie associative, Avis n° 120 (2022-2023), tome VI, fascicule 2, déposé le 17 novembre 2022.
Pour la grande saison, on se devait de vous faire un grand article de tourisme. Mais on n'avait pas envie de partir loin. Alors on a imaginé des vacances locales. Ça coûte moins cher, ça pollue moins. Et notre région, malgré les apparences, regorge de coins à explorer. On est partis à la conquête de l’Est. En 3 étapes, triathlon touristique : nage dans la Meuse, vélo dans la Meurthe-et-Moselle et course dans les Vosges. Il y en a pour tous les goûts. On vous raconte dans notre carnet grand format.
La Madine, c’est LE lac de la Lorraine rurale. Le plus grand de la région et le plus familial. Se baigner reste la meilleure façon de fêter l’été à plusieurs.
Quoi de mieux qu’un concentré de fruits pour admirer l’immensité d’un lac artificiel ?
Quand
on
arrive
près
d’un lac,
toujours
en
faire
le
tour. Si
ça
dure
la
+
mer.
d’une
heure, c’est
1h de voiture depuis Nancy ou Metz et vous aurez l’impression d’être à la mer.
Une mer en
pleine campagne, créée pour redonner un
côté sexy à la Meuse après la guerre.
La conquête de l’Est, c’est une histoire de pionnier•es.
Et il faut toujours un•e premier•e à l’eau.
Les grandes étendues d’eau effraient toujours un peu les aventurier.es qui ont le goût des traversées.
Les canards de la Madine sont une espèce endémique du lac. Vous aurez peut-être la chance d’en voir.
Sortir de l’eau, c’est un défi, il faut serrer les dents pour que ça ressemble à une pub de parfum.
La boucle de la Moselle, sur le Tour de France, ça serait une étape de transition. Que du plat, des jolis paysages et une sieste au milieu. Les 85kms du parcours passent par
Neuves-Maisons. Suivez la
rivière. Il
suffit d’un
vélo. Au
pire vous
Nancy,
ferez le retour en
TER.
Liverdun, Toul et
Dans une balade à vélo, il faut savoir faire des pauses, surtout sous un saule, en mode poésie.
Si un•e graphiste a envie d’insérer un monstre super puissant sorti des eaux, c’est son droit.
En mode pique-nique et ponton, Tom Sawyer c’est l’Amérique, on
repose nos montures.
Vrai risque, faire tomber son vélo à l’eau.
Si ça arrive, voici un tuto pour le sauver.
La boucle s’anime. Dépannage express sur le bord de la route.
Énergie à 0 ? Prenez le train pour rejoindre vos prochaines aventures, personne ne le saura.
Faire du vélo, c’est bien, mais courir à côté de son vélo crevé, c’est encore tellement mieux.
Le département des
randonnées, reconnu dans le monde entier, c’est
les Vosges. En arpentant
les montagnes, on a
fini en
Alsace. On a fait la course sur
le site du Donon, une montagne
sacrée qui arbore un
temple antique. Acropole et
l’année si vous
L’horizon est timide et se cache parfois derrière une fusée imaginaire en forme de bougie d’anniversaire.
sapin
font bon
ménage, vous ferez les photos de
arrivez en
haut.
Dans les Vosges, on prend plein de notes. L’occasion de se rappeler qu’Into The Wild a été écrit ici.
Une gorgée d’eau c’est bien, la savourer en surplombant les alentours c’est mieux.
Parfois il y a des châteaux dans le ciel, parfois des nuages, parfois des édifices étranges. C’est là qu’on va.
Adieu les monstres, on fait la paix, on devient potes, on tape des moves de breakdance avec eux.
carte postale spéciale
Yo la mif ça dit quoi ?
I’m back avec de nouveaux projets et prête pour de nouvelles aventures! Plus déter que jamais, je viens de sortir un nouvel EP Pochette surprise 2/3 et en plus, ça va être l’été là, donc ça veut dire la saison des festivals, j’ai tellement hâte !
En vrai je crois que ce nouvel EP c’est mon préféré. Ça faisait un petit moment déjà que je rêvais d’appuyer sur play sur Spotify et d’entendre les premières notes se lancer. T’sais la sensation d’écouter ses sons officiellement sortis pour la première fois. Avant qu’ils sortent je les écoutais déjà en boucle en essayant d’imaginer comment ça «sonne» dans les oreilles des gens qui les découvrent.
J’en suis particulièrement fière parce que c’est l’EP le plus intime que j’ai écrit. Ça me faisait presque un peu peur de le sortir parce que je raconte grave ma vie dedans. C’est un peu comme quand tu veux écrire un long message un peu risqué à ton crush mais que tu le gardes au chaud dans les notes de ton téléphone parce que t’oses pas l’envoyer. Mais bon, si tu prends pas de risques ça risque pas d’arriver. Si tu demandes pas tu sauras jamais. Moi j’ai voulu savoir alors j’me suis lancée.
Dans ce cas-là pourquoi t’écris juste pas un journal intime, pourquoi vouloir rendre ça public et dropper les sons sur toutes les plateformes ?
Parce que je sais que ça peut résonner dans les têtes des autres, je sais que je suis pas la seule à ressentir ces choses-là, on vit tous un peu les mêmes trucs chelous en vrai. Donc ça vaut la peine d’être partagé. Je sais pertinemment que chacun·e est différent et ne va pas être touché·e de la même manière. Peut-être que ça vous fera danser, peut-être que ça vous fera pleurer, peutêtre les deux en même temps. Peut-être que vous n’écoutez même pas les paroles et que vous voulez juste vous ambiancer sur du boum boum, et c’est très bien comme ça aussi, parce qu’en vrai y a rien qui me fait plus kiffer que de vous voir bouger sur mes sons en concert.
À quoi ça sert d’écrire des chansons?
Je pense qu’au départ je le fais pour moi parce que j’en ai besoin. C’est un peu cliché mais y a clairement un effet thérapeutique dans la musique, souvent écrire ça sert aussi à exprimer des sentiments que t’oses pas dire dans la vraie vie.
C’est assez marrant quand je me dis qu’au départ ça part de quelques notes écrites sur mon téléphone et ça finit par être joué devant plusieurs milliers de personnes des fois, c’est fou quand même. Quand je vous dit qu’il suffit juste de se lancer ... Parce qu’au final la passion dépasse toujours la peur. Je m’en rends compte quand je fais des concerts. Je flippe de ouf avant de monter sur scène. Je me demande si je vais réussir à charmer celleux qui me connaissent pas encore et si je vais être à la hauteur des attentes de celleux qui m’écoutent déjà.
Mais une fois que j’enfile mes lunettes de vitesses préférées et que je monte sur scène, toutes ces questions disparaissent, et je me sens forte, et moi-même. Quand je repense à certains festivals que j’ai fait l’année dernière (genre le Sziget, le Cabaret Vert etc) je me rappelle à quel point le public est chaud à faire la fête et ça me donne envie de faire ça tous les jours.
Les concerts, je vis vraiment ça comme un échange. Vous, vous me voyez parce que je suis sur scène mais moi je vous vois aussi ! Des fois vous êtes 50, des fois vous êtes 10 000, mais c’est toujours un kiff de voir des sourires et des bras en l’air. Et des fois je me sens tellement bien que j’oublie presque que je suis en concert et j’ai l’impression d’être en soirée avec mes potes.
Donc vous savez quoi, venez on fait la fête ensemble si vous êtes chauds à venir me voir en concert cet été !
Suivez moi sur les réseaux (@jeanneto__) pour suivre ma petite tournée <3
Gros bisouuuuus
Sucre semoule Crème fraîche Biscuits émiettés Farine Beurre Œufs Extrait de vanille
(pour 8 personnes)
500g de fromage blanc (type faisselle)
150g de sucre semoule
25cl de crème fraîche
2 cuillères à soupe de farine
3 oeufs
250g de biscuits émiettés
125g de beurre
Extrait de vanille
1 - Préchauffez le four bien chaud (180°C), et beurrez votre moule de beurre puis mettez du papier sulfurisé (il servira à sortir le gateau du moule, alors laissez-le dépasser de celui-ci).
2 - Mélangez les biscuits et le beurre fondu. Tapissez ensuite le fond de votre moule à l’aide du dos d’une cuillère. Laissez ensuite refroidir le tout au réfrigérateur.
3 - Battez la faisselle (le fromage blanc) jusqu’à ce qu’elle soit lisse. Ensuite, ajoutez le sucre, les oeufs puis les cuillères de farine, la crème et l’arôme de vanille.
4 - Versez votre préparation au-dessus de la couche craquante au fond du moule, au fond du réfrigirateur. Remplissez votre moule jusqu’au bord et retirez le surplus si cela dépasse.
5 - Envoyez votre moule dans le four pour une durée de 50 à 55 minutes. Si vous doutez, votre cheesecake est prêt lorsque la préparation du dessus est ferme au toucher (utiliser un couteau).
6 - Laissez refroidir votre gâteau, sortez-le du moule, puis servez-le.
sortie en 2020, à une époque où il fallait manger les desserts avec un masque et seul• 1h15
e chez soi. C’est aussi la recette qu’elle a choisi de nous confier. Son premier album Adieu les Monstres vient de sortir, et vous pouvez lire son interview sur les pages 14 à 17 de ce magazine. Elle est en tournée et se prépare à retourner les festivals d’été. Écoutez-la en appliquant la recette.
À 30 kilomètres de Nancy et de Metz, on trouve la synagogue de Delme, centre d’art contemporain. Aucune collection permanente mais un mouvement continu d’artistes pour l’investir, chaque fois pour quelques mois. Cette année, le centre d’art fête ses 30 ans. Au programme notamment : vernissage de la nouvelle exposition le 30 juin (navette gratuite depuis Nancy!) et journée anniversaire avec DJ set le 8 juillet. Rendez-vous à Delme.
élément: Vent
habitant·es: 1 151
sport: Tennis Club de Delme
célébrité: Victor Lemoine (pépiniériste)
monument: Synagogue
Dans le passé de notre région, il y a la guerre mais aussi la sidérurgie. Entre Metz et Thionville, à Uckange, six hauts-fourneaux ont transformé du fer pendant près d’un siècle. Le dernier d’entre eux, le U4, est le seul visitable en France. Et une riche programmation culturelle l’accompagne. Les 10 et 11 juin, pour les Fêtes de l’U4, théâtre, cirque et art de rue viennent rencontrer le patrimoine industriel. Réchauffez-vous à Uckange.
élément: Feu
habitant·es: 6 951
sport: Uckange Evolution Palmes
célébrité: Bertha Worms (peintre)
monument: Haut-fourneau
On connaît Verdun, deuxième représentante de la Meuse, a connu la guerre, les tranchées, les morts, etc. Mais Verdun n’est pas qu’une relique. Du 1er juillet au 5 août, Contre-Courant MJC s’empare de la ville avec le festival Musiques & Terrasses. Concerts gratuits chaque samedi sur les quais de la Meuse : de Darius et Enchantée Julia à Jewel Usain et Danitsa, tout le monde sera servi. Venez danser à Verdun.
élément: Terre
habitant·es: 16 877
sport: S.A. Verdun Tennis de Table
célébrité: bataille de 1916
monument: Quai de Londres
Intervilles, c’était le meilleur moyen pour découvrir des villes. Alors on reprend le concept pour mieux connaître notre région. Grand Est. Grand Test. Pour l’été elles s’affrontent à trois. Delme, Uckange et Verdun. Top à la vachette.
Les croisés : Pour les chassés-croisés
Vertical :
1 - Station ou client
3 - Avant la mer, arrière en voiture
5 - Noire sur mer, bleue dans les contes
6 - Grosse pierre, petit dessert
8 - Avant ou après la poule
Sudoku : Pour les pique-niques
10 -
De glace ou de sable
Solutions : Maintenant, à l’eau !
:
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média
un
est
Pluie
Première
Le prochain numéro sort fin août.
basket ou dans la rue.
Merci à celles et ceux qui le complimentent quand on se croise au
un magazine gratuit c’est dur mais si vous le lisez ça vaut le coup.
Merci à vous d’avoir lu ce numéro et/ou les cinq premiers. Faire
Décibulles (Neuve-Église), VYV Festival (Dijon).
(Maron), le festival Cabaret Vert (Charleville-Mézières), le fest ival
synagogue de Delmecentre d’art contemporain, LaPalette Fe stival
Vandœuvre-lès-Nancy, le festival l’Écho du Marteau (Vaudémon t), la
(Verdun), le Centre Culturel André MalrauxScène National e de
Parc du haut-fourneau U4 (Uckange), le festival Musiques & Terrasses
Pulsations, le Théâtre de la ManufactureCDN Nancy Lorraine, le
La Ville de Nancy & le dispositif Ma Ville, mon Projet, Nancy Jazz
de
formes
les
toutes
collectif, ouvert
à
prendre
de
d’écrire,
envie
collaboration. Vous
Nos partenaires, pour ce numéro :
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Une comédie de Marilyn Mattei Mise en scène de Julia Vidit
Avec Amandine Audinot, Hassam Ghancy, Julia Vidit
13 → 15 JUIN 23
Et si une heure disparaissait de votre quotidien ?
Face à ce chamboulement temporel, un adolescent décide de rester cloîtré dans sa chambre. Son seul lien avec l’extérieur et ses parents : une livreuse à vélo...
La spirale infernale du temps qui passe et se répète nous plonge dans un vertige étrange. Une pièce hypnotique et drôle !