Soft skills
La cerise sur le gâteau Du monde scientifique à celui de l’entreprise, il y a un pas, que Philippe Albani franchit aisément. Le directeur des relations entreprises de l’ICN Business School à Nancy possède plusieurs casquettes. Avec 20 ans d’expérience en entreprise en Italie dans le management 52
HUMAN CAPITAL JUILLET 2022
Sofia Azcona
Les soft skills ont pris une importance grandissante dans le monde professionnel. Le comportement, l’adaptation, le travail en équipe et la communication sont venus renforcer les compétences techniques d’un collaborateur. Et on n’a pas fini d’en explorer tous les ressorts !
On ne sait par quel côté attaquer la falaise. C’est comme un poisson visqueux que l’on a du mal à saisir. Alors, on fonce vers un moteur de recherche ou on utilise un logiciel de traduction. On veut savoir ce qui se cache derrière ces deux mots anglais accolés: «soft» et « skills ». Pourquoi cette démarche ? Peutêtre parce que le cerveau nous y a i nvités ? Et si c’était là le point de départ de notre réflexion ? Mélanie Schmaltz est neuro psychologue. Elle exerce chez Neurofeedback Luxembourg, là où le cerveau est étudié afin d’améliorer le bien-être mental et les performances cognitives. «On est bien plus avancé depuis la découverte de l’électroencéphalogramme par Berger, mais on est loin de tout savoir, dit-elle d’entrée. De nouvelles recherches et hypothèses émergent chaque jour. La tendance, c’est de ne pas étudier le cerveau tout seul, mais d’établir ses liens avec l’intestin ou le cœur, par exemple. » Un vaste champ d’action que l’on tente de réduire aux soft skills qui nous préoccupent aujourd’hui. «Dans notre langage, on parle de métacognition, c’est-à-dire la cognition sur la cognition », détaille Mélanie Schmaltz. C’est, en quelque sorte, le fait d’avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux. « Cela fait partie, entre autres, des questionnements des gens qui viennent nous voir. La gestion des émotions est une donnée importante au travail. Si la régulation émotionnelle n’est pas bonne, qu’un brouillard naît dans votre esprit, votre jugement ne sera pas bon et la prise de décision qui va avec non plus. Et si vous souffrez d’anxiété ou de dépression, ça peut se manifester par de la colère, une impulsivité qui pourrait vous pousser à dire des choses que vous ne vouliez pas dire. » Mais sommes-nous tous égaux devant cette problématique, et quelles sont les parts d’inné et d’acquis ? « Ce n’est pas mesurable et c’est toujours multifactoriel. Les études se font avec des jumeaux qui grandissent dans des environnements différents. Ils n’ont pas le même QI. Après, rien n’est figé dans notre vie. Ce n’est pas parce qu’on agit de telle manière depuis 15 ans qu’on ne peut pas modifier cette façon de faire », ajoute encore la neuropsychologue. Avoir de bonnes capacités cognitives peut nous donner plus de résilience. Ne pas souffrir d’anxiété, bien gérer ses émotions, bien dormir, bien manger, avoir une bonne hygiène de vie : tout cela peut aider à faire naître des idées, à augmenter sa lucidité et à éviter le déni.
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Le savoir-être à la rescousse du savoir-faire