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Architecture et psychologie

Dossier

Introduction : Architecture et Psychologie

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Mental Obsessions

La fondation Goodplanet p.5

Débat : Peut-on guérir grâce a l’architecture ?

Interview avec Emmanuel Negroni

« L’architecture n’est qu’un outil. Un résultat d’observation de la vie qui passe autour de nous» p.15

Trieste comme ma poche p.16

PFE : Architecture et psychologie p.18

Theatre 13 : critique de la piece «Dans les cordes» de Pauline Ribat p.19 p.7-11

Par Nawel Badja

Il est évident que notre environnement a un impact sur nous : un bureau mal rangé, une pièce avec du bruit ou encore un espace avec beaucoup trop de personnes peuvent influencer notre manière de travailler et plus généralement notre bien-être.

Cet impact sur notre bien-être, les chercheurs ont tenté de le comprendre dès les années 30 en essayant de voir comment notre lieu d’habitat pouvait nous impacter. Le résultat a révélé que le fait de grandir dans une ville, double le risque de développer des psychoses plus tard (Source: Dr Evangelos Vassos ) et d’autres études commencent aussi à démontrer que les environnements urbains peuvent augmenter le risque de troubles mentaux tels que la dépression ou l’anxiété ( The British Journal of Psychiatry) . Enfin, des chercheurs ont évoqué le lien possible entre le mode de vie urbain et la schizophrénie ( Source : Faris, R. E. L., & Dunham, H. W. (1939).

Les grandes villes ont été conçues majoritairement avec une verticalisation de l’architecture, et contrairement à ce que nous pourrions croire, vivre en hauteur pourrait avoir quelques avantages sur notre état psychique : les habitants des tours disent se sentir comme dans un “ cocon coupé du monde”, car grâce à la diminution des bruits urbains et au cadre de vue offert par la hauteur, ils se sentiraient plus détendus. Cependant, d’autres, au contraire, se sentiraient “étouffés et enfermés ”, car les contraintes techniques n’offrent pas la possibilité d’une ouverture sur l’extérieur.

Ainsi, autant les choix d’urbanisme que d’architecture influencent notre état psychologique. La question que nous pourrions nous poser serait : de quelle manière nous pourrions penser et créer des espaces dans lesquels nous nous sentirions tous à l’aise.

Nous avons rencontré Emmanuel Negroni, architecte spécialisé dans la construction de bâtiments dédiés aux personnes souffrantes de troubles mentaux, qui nous a donné des éléments de réponse au cours de son interview. Ce dernier, nous a expliqué travailler tout en prenant en compte la sensibilité de nos sens afin de pouvoir répondre au mieux à leur besoin.

Ainsi, nous ne parlons pas “d’architecture psychologique” comme nous l’avions tout d’abord imaginé, mais plutôt d’architecture sensorielle et thérapeutique : termes que vous pourrez découvrir dans l’interview d’Emmanuel Negroni.

AGATHE-PALOMA PASTRÉ, PIERRE GUIGNOT

Illustration Par B Atrice Zingan

Débat : Neuro-Architecture, Psychologie environnementale...

Peut-on guérir grâce à l’architecture ?

« La construction, c’est pour faire tenir. L’architecture, c’est pour émouvoir ».1 Et si l’architecture et la psychologie n’étaientpas des disciplines si éloignées ? On pourrait définir l’architecture comme l’art de concevoir des espaces et la psychologie en tant que science de l’esprit. Or, l’espace a un impact réel sur la psychologie. Qui ne s’est jamais senti oppressé dans un bureau à la superficie minimale, à l’éclairage artificiel et entièrement coupé de l’extérieur ? La psychologie environnementale (champ de la psychologie sociale étudiant l’interrelation entre l’individu et son environnement) fait aujourd’hui parti du processus de conception des projets architecturaux. De même, de nouvelles architectures qualifiées de « thérapeutiques » se multiplient. Dès lors si l’architecture a un impact sur l’état mental des gens, peut-elle devenir en soi un moyen de guérison en faveur de certaines pathologies ?

La neuro-architecture amène à créer des espaces avec une meilleure qualité de vie pour des bâtiments réduisant stress et anxiété. Elle unit alors obligatoirement le travail collaboratif d’architectes et de neuroscientifiques. Cette jeune science « partagée » porte son attention directement sur la neuroplasticité2 et la façon dont l’environnement modifie la chimie du cerveau. Le cerveau interprétant, analysant et reconstruisant l’espace perçu, il offre des indices utiles aux architectes pour penser espaces et répartitions corbuséen du Colloque international d'Architecture émotionnelle, mars 2011, Genève, initié par Barbara Poila : médecin, galeriste et écrivain. Elle publia en 2011 avec Paul Ardenne également, Architecture émotionnelle, matière à penser. L’architecture émotionnelle est aussi un terme souvent attribué à l’architecte mexicain Luis Barragán et au sculpteur-peintre Mathias Goéritz. Ce dernier publia en 1954, Le Manifeste de l’architecture émotionnelle.

Les cartographies des stimulations du cerveau offrent la compréhension de ce qui active la créativité avec par exemple de haut plafonds ou la productivité avec de bas plafonds pour la concentration et le travail plus routinier. Il en est de même avec l’analyse du cortex auditif sensible aux sons et la production hormonale liée : l’écoute de certaines musiques améliore la concentration. Toutefois, l’architecture peut-elle alors devenir un remède en faveur de la guérison médicale ? « L’architecture émotionnelle ne se prescrit pas » 3 ?

En effet, loin de ce rapport scientifique à l’architecture, un espace peut dans sa seule observation faire éprouver des émotions plus personnelles et aléatoires. « L’espace n’existe pas en soi » 4? Notre affect perçoit et modifie notre comportement et notre humeur. « L’espace lui-même est un vide, en tant qu’architectes nous ne définissons que l’enveloppe de l’espace, peut être sa forme, et vous percevez cela par les sens. »5 ? C’est alors tout l’enjeu de la psychologie environnementale : un lieu traversé, visité, habité nous transmet quelque chose, produit un effet sur nous. Les objets d’influences d’expérience d’un lieu sont multiples : amplitude, complexité, texture, couleur, désordre, espace minimaliste, saleté mais également l’identification… Comment la décoration peut influencer notre humeur ? Notre cerveau réagit de façon sélective aux lieux 6 .

2Abordée notamment en lien avec les espaces au Salk Institute par le Dr Fred Gage, neuroscientifique

3Nicolas Gilsoul

4Heidegger

5BÖHM, Ursula : Peter Zumthor: Der eigensinn des schönen, Arte, 2000 e ne sont pas des éléments statiques qui résumeraient le lien entre architecture et psychologie. Nous tentons de percevoir ces impacts statiques sur notre état cérébral de plus en plus mais lorsqu’il s’agit de mouvement, nous peinons encore à en comprendre tous les ressorts. Toutefois, certains invariants apportés par la psychologie environnementale visant au bien être des gens sont aujourd’hui pris en compte dans le processus de conception architectural. Des architectes emploient même le terme « d’architecture thérapeutique » allant jusqu’à favoriser la guérison de certaines pathologies. Nous pouvons citer pour exemple le travail de Emmanuel Negroni (interviewé dans ce numéro) dont l’architecture devient un moyen pour traiter les maladies mentales (autisme, trisomie...). En effet, les stimulations sensorielles créent par l’architecture sont des vecteurs d’amélioration de la santé. La forme de l’enveloppe architecturale d’un projet peut notamment apaiser les sens des personnes souffrant d’autisme. Par exemple, dans un établissement pour personnes autistes à Ecouen, l’architecte explore un univers végétal favorisant la guérison des patients. En Corse, il réalise un centre pour autistes composé de cellules proposant une autonomie aux occupants. Ainsi, les recherches en psychologie environnementale constituent bien une avancée dans le traitement des maladies mentales par l’architecture.

6EPSTEIN, R., & KANWISHER, N. (1998). A Cortical representation of the local visual environment. Par exemple, le cortex parahippocampique s’active quand nous regardons une pièce vide ou remplie mais cette zone du cerveau s’active peu lorsque les mêmes objets présents dans la pièce sont exposés à notre vue sur un simple fond blanc uniquement. Notre cerveau est alors sensible à des attributs spatiaux physiques qui nous amènent à penser ce que l’on nomme alors lieu.

7VARTANIAN, O., NAVARRETE, G., CHATTERJEE, A., FICH, L. B., GONZALEZ-MORA, J. L., LEDER, H., ... & SKOV, M. (2015). Architectural design and the brain : effects of ceiling height and perceived enclosure on beauty judgments and approach-avoidance decisions. Journal of environmental psychology.

8BAR, M., & NETA, M. (2006). Humans prefer curved visual objects. Psychological science.

9GÓMEZ-PUERTO, G., MUNAR, E., & NADAL, M. (2016). Preference for curvature : an historical and conceptual framework. Frontiers in human neuroscience.

Le degré d’ouverture d’une pièce a un impact sensible sur l’appréciation d’un espace : plus la possibilité d’exploration visuelle et motrice est grande, plus le sentiment est positif7 . Les formes courbes sont généralement plus agréables que les contours rectilignes8 . Peutêtre parce que ce sont des formes naturellement associées à des formes dangereuses 9 ? Espace et humeur sont donc liés mais ils font également appel à la mémoire et donc aux souvenirs et ses émotions. L’expérience d’un lieu n’est donc pas généralisable. S’il existe des recommandations pensées comme thérapeutiques10 , un sentiment de tranquillité peut tout à fait en effet être ressenti comme un sentiment d’oppression par une autre personne.

Ces réactions ne relèvent pas seulement d’environnements intérieurs et intimes adaptables sur mesure pour chacun mais ils se font ressentir également sur les espaces extérieurs11. La psychologie environnementale unie la double interaction entre l’environnement et la personne. Nous influençons notre environnement, l’environnement nous influence. Nous nous adaptons comme nous le montre notre capacité à trouver son chemin dans un bâtiment ou une ville inconnue. Si la psychologie fut historiquement centrée sur l’individu, son champ d’action s’est ouvert à l’environnement aussi social et physique12. Un trajet en interaction avec un certain type de paysages urbains peut avoir un impact différent sur notre capacité à récupérer de la fatigue de la journée : cognition et sensibilité visuelle architecturale œuvrent de concert sur notre état psychologique13. Cependant, comment alors penser la cohabitation du multiple plus que le seul individu en un lieu ?

Cependant, si nous prenons aujourd’hui conscience et essayons d’appliquer certaines approches aux environnements intérieurs ou extérieurs de façons statiques, les environnements plus changeants tels que la ville reste des terrains peu réellement compris aux résultats contradictoires14. Une étude plus grande pour une meilleure compréhension permettrait pourtant une inclusion plus adaptée pour chacun où les sensibilités variables aux environnements allant de l’humeur personnelle à des degrés plus complexes liés à la santé mentale seraient mieux appréhendées.

BADJA, MATHILDE HAUZY ET NISRINE BOUAZZA INTERVIEW PAR

PROPOS RECUEILLIS PAR

Quand j’ai expliqué cela, on m’a repris en me disant que c’était les personnes qui encadrent l’important. L’idée n’avait pas été comprise, si vous trouvez l’apaisement auprès d’une personne déficiente ce sont les encadrants qui vont en bénéficier. Cela montre bien l’incompréhension et la difficulté qu’il peut y avoir entre cette forme, cette adaptation de l’architecture sur des gens juste différents et pas moins bien ou quoi que ce soit mais il faut adapter l’environnement à leurs différences. Ce sont les grandes lignes de l’architecture sensorielle. Pour en revenir à cet oral j’ai compris quand j’ai entendu cela que le concours on ne l’avait pas. L’architecture sensorielle reste de l’architecture. Moi je suis designer de formation mais je travaille avec un confrère architecte. C’est avoir une approche différente de concevoir un bâtiment. On ne peut pas concevoir pour des gens différents des lieux de la même façon. Regardez, une pièce comme celle-ci c’est une pièce qui ne correspond pas du tout à des hypersensibles car rien ne fonctionne ici. L’éclairage ne peut pas être comme ça car c’est une source d’agression. L’écho est une deuxième source d’agression. Le mobilier disposé comme ça. Les arrêtes sur les murs ça ne peut pas fonctionner car pour des hypersensibles qui vont avoir envie de s’auto mutiler ils vont foncer dedans alors que c’est une salle de classe. Vous avez ce type de volumes dans les établissements spécialisées donc vous avez en France 98% des établissements qui ne fonctionnent pas pour les hypersensibles, pour les personnes avec autisme.

Dans ce domaine on est peu même à travers le monde. Ce projet est un bâtiment expérimentale où finalement toute la recherche que j’ai pu développer après par ce bâtiment c’est une rencontre avec maitre d’ouvrage, un directeur d’établissement qui avait compris depuis un bon moment car on s’est rencontré en 2012 qui avait compris qu’il fallait repenser les bâtiments et dans le cahier des charges ils demandaient de faire en gros comme des clapiers pour des lapins comme c’est le cas encore maintenant. On a un peu évoluer mais pas beaucoup. J’ai jeté le cahier des charges à la poubelle et à partir de ce moment-là. On a eu la chance de le gagner et on a mis sept ans à tout redévelopper en partant d’une page blanche avec ce maitre d’ouvrage étant jean pierre blanchi, entre les études sur le bâtiment et la réalisation. Le bâtiment est sorti en 2017. On a travaillé les volumes, les circulations, les cours, la luminothérapie très importante pour les ambiances par exemple. Et aujourd’hui ce bâti fonctionne, porte ses fruits et ce n’est qu’un début et après j’ai développé autre chose pour aller plus loin.

Avec ce projet vous avez développé cela. Vous avez fait l’école Boule il faut avoir une relation au terrain car je ne suis pas touché personnellement autour de moi par des personnes avec autisme. Des conseils à donner par rapport à la vie étudiante. Comment on peut concilier les études d’architecture ou la profession avec une autre passion ou autre chose qui pourrait nous aider à mieux comprendre l’architecture ?

Oui et j’ai fait l’école de belingen ensuite.

Dans le projet « l’éveil du scarabée », on peut voir à l’intérieur un jeu de lumière et un usage des couleurs en lien avec le bien-être des personnes hypersensibles. Comment vous vous y êtes pris pour prendre en compte cette sensibilité. Vous avez travaillé avec des médecins, des psychologues ou en simple observations comportementales et en parlant avec les personnes concernées ?

Vous avez dû travailler plutôt les ambiances. J’ai enseigné après et cela ne ce faisait pas tant que ça. J’ai essayé par mon cours de développer ça. Ce n’est pas une spécificité de designer, d’architecte d’intérieur ou un architecte après c’est une sensibilité. Les trois professions sont très proches. C’est français de séparer les professions mais vous avez dans d’autres pays c’est une même chose, un concepteur.

Quand vous étiez étudiant comme nous ce n’était pas quelque chose auquel vous pensiez déjà ?

Pas du tout. C’est plutôt un geste de révolte quand j’ai vu comment on traitait ces gens-là, ces personnes différentes, c’était presque les considérer comme des sous-hommes et je pèse mes mots parce que je connais bien le domaine maintenant et donc je n’ai pas accepté tout simplement et je me suis dit si mon métier doit servir à quelque chose au moins qu’il serve à ça. Sept ans pour développer un projet c’est très long surtout que ce n’était pas un gros projet mais 1 200 m2 mais je me suis formé grâce à cela, j’ai appris et après j’ai continué à développer ça.

Vous avez développé dans votre agence une cellule appelée « l’architecture et le design sensoriel », qu’entendez-vous par là et quels ont été les fruits de ces recherches ?

Les projets classiques je ne m’en occupe plus maintenant et moi je travaille que les projets d’architecture sensorielle et au travers de cela. L’évolution de ce domaine-là je le fais beaucoup au travers des concours d’architecture ou de projets. Je le développe aussi au travers d’un vécu sur le terrain c’est très important. La théorie c’est bien mais il faut être confronté à la réalité. A côté de ça je dirige une salle de boxe anglais à Paris, « le ring parisien », et dans cette salle j’ai développé des cours pour personnes déficientes intellectuelles et notamment d’autisme et aussi des projets pour des personnes atteintes d’Alzheimer. J’ai quatre groupe, un plus spécifique à l’autisme, un à la déficience intellectuelle et à la trisomie, un avec des troubles cognitifs et là j’essaye de développer un groupe pour personnes atteintes d’Alzheimer. Donc je suis confronté au terrain constamment. Demain j’y serais donc ça aussi ça me permet d’observer, d’être en contact avec eux, de comprendre les choses. J’ai aussi visité énormément d’établissement à travers la France, j’ai fait des enquêtes pour les ARS pour les bâtiments déjà en place ce qui me permet de dire qu’il y a 90% des bâtiments qui ne fonctionne pas, très mal ou en tout cas pas adapté. Je ne mets pas en cause les gens qui sont à l’intérieur qui y travaillent mais le fonctionnement du bâtiment et je fais aussi des recherches mais

Il faut observer. L’architecture n’est qu’un outil. Un résultat d’observations de la vie qui se passe autour de nous. L’architecture doit supporter la vie. Ce ne sont pas que des traits, des barres ou des dessins. Je vois plus l’architecture comme un outil donc toutes passions autour peut amener quelque chose. Il faut rester ouvert, s’inspirer de ce qui se passe autour de nous et c’est surtout une réflexion sur comment on voit l’avenir. L’architecture n’est pas un instant T, c’est un bâtiment que l’on construit pour les vingt ou trente ans qui vont venir et donc il faut anticiper la société de demain constamment. L’architecture sensorielle est une réponse à cela. On anticipe la société de demain. Une réflexion des années à venir. Et vous vous êtes dans une période très intéressante pour cela car un peu bousculée philosophiquement et donc une charnière très intéressante beaucoup plus que notre époque en tant que concepteur et architecte.

«L’architecture n’est qu’un outil. Un résultat d’observations de la vie qui se passe autour de nous.

L’architecture doit supporter la vie.»

Vous travaillez aussi sur le mobilier, pour vous il faut travailler l’architecture avec le mobilier ou vous avez travaillez le mobilier pour permettre une meilleure vie pour les personnes atteintes d’autisme ?

Oui tout est lié. On ne peut pas faire une pièce vide. J’ai remarqué que tout ce qui est au mur n’est pas touché par les personnes en crise. C’est quand l’environnement l’agresse. Pour une lumière comme ça n’est pas très agréable, pour une personne hyper sensible c’est une souffrance. L’écho est une souffrance. Le mobilier a donc une grande importance car dès la première crise c’est ce qui va être touché, déplacé, volé. J’ai remarqué que quand le mobilier est intégré au mur ils n’y touchent pas. C’est un constat, je ne pourrais pas en faire une généralité, je ne suis pas scientifique. On parle d’inclusion. On dit qu’il faut les intégrer dans les écoles mais il faut penser à la suite car ces environnement ne correspondent pas. Le mobilier a donc son importance autant que les volumes, que la forme du bâtiment à l’extérieur. Il ne faut pas que le bâtiment soit dominant car ça va impressionner la personne. La frontière entre l’extérieur et l’intérieur est très importante. Il ne faut pas de frontière trop importante avec des contrastes, des ombres. Il faut que ce soit le plus fluide possible. L’architecture, la volumétrie du bâtiment, l’intérieur et le design doivent être lié

J’ai du mal à le faire comprendre et tant que l’on ne changera pas cette approche par rapport à cette différence on aura que des bâtiments inadaptés.

Il y a beaucoup de projets pour les personnes en situation de handicap ?

Il n’y en a pas assez. La France a été condamnée plusieurs fois par la cour européenne parce qu’en France ils envoient tout le monde en Belgique et que c’est devenu en énergique un peu un business avec des établissements pour accueillir un maximum de monde. Il faut changer la pensée, la réflexion que l’on a sur le cahier des charges, c’est primordial.

Faire des établissements spécialisés pour les personnes en situation de handicaps ça ne serait pas les exclure ?

Je parlais des personnes handicapées non verbaux ce qui représente environ 40%. En revanche vous avez des personnes autistiques qui peuvent très bien s’intégrer. On va de la déficience intellectuelle au haut potentiel. Il y a donc une partie qui peut s’intégrer et une autre partie que l’on cache, ceux que l’on ne veut pas voir et là il leur faut des établissements spécialisés qui existent pour les apaiser. Il faut les prendre comme des cocons et pas comme un enfermement qui est la philosophie d’avant. Un bâtiment spécialisé doit être ouvert sur l’extérieur, ouvert sur la ville. Je refuse que mes coachs aillent dans les établissements mais que les personnes viennent au « ring parisien ». C’est important mais il faut aussi un lieu apaisant pour qu’ils puissent se reposer, que l’on puisse appliquer les thérapies que l’on appellent IEM, des écoles spécialisées. Moi je parlais plutôt des personnes non verbales, des différences très grandes avec le monde ordinaire.

Dans ces projets il y a un bureau d’étude, des architectes, des constructeurs, pensez-vous qu’une équipe médicale avec des médecins et psychologues doivent aussi intervenir ?

Bien sûr. On considère souvent l’architecte comme un exécutant beaucoup trop qui n’a pas son mot à dire et doit faire ce qu’on lui dit ce qui est faux car les spécialistes de la volumétrie c’est eux. Ce doit être un échange. Il y a un gros problème d’échange entre le onde médicale, le monde scientifique et le monde artistique. C’est dommage car l’évolution pour ce domaine ne peut se faire que par-là par un échange de compétences. C’est difficile de le faire comprendre à des scientifiques soit disant spécialisée là-dedans. Ils sont spécialisés médicalement mais l’environnement c’est plus le problème de l’architecte. Il s’agit d’hypersensible donc tout est lié à l’environnement. Il faut le mélange des professions et il n’y en a pas assez.

J’ai beaucoup de mail d’étudiants en architecture du monde entier qui me pose des questions sur mon travail et je m’aperçoit que ma génération aussi bien du côté concepteur que du côté maitre d’ouvrage n’est pas intéressée. C’est un problème générationnel. Ça n’intéresse que vous et notamment les pays du Maghreb tunisiens, marocains et algériens. Le Québec aussi, anglo-saxon, peu l’Europe France, Espagne, Italie non. C’est surtout votre génération qui s’intéresse peut-être plus à la sante mentale quand avant c’était plus caché.

C’est un domaine passionnant qui donne une utilité au métier et à développer énormément encore.

Je faisais des médiathèques, des bâtiments et quand j’ai découvert ça c’est très intéressant dans la mesure où ça vous remet en cause pour tout constamment et tout l’intérêt est là.

Pourquoi avoir accepté l’interview ?

Et pour finir avec la traditionnelle dernière question en lien avec le titre de notre journal, que vous évoque la double hauteur ?

Une vision différente.

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