N° 46 - Mars 2022

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patrimoine

Cure de jouvence pour Le Centenaire

C

’est presqu’au bout du vieux village de Zinal que se dresse le chalet, appelé aujourd’hui Le Centenaire, qui fut la première auberge du lieu, officiellement datée de 1859. Le bâtiment est maintenant divisé en deux appartements. Le premier étage et la moitié du rezde-chaussée sont la propriété de la famille Bodevin. Jacques et Suzanne Bodevin ont été séduits par la station et, après quelques années, ils y ont cherché un logement. L’appartement, bien que dans un état primitif, les a enthousiasmés et c’est sans hésitation qu’ils l’ont acheté. Ils en ont confié la rénovation à l’architecte Marc Joye, copropriétaire, mari de Christiane Wicki, après avoir vu le résultat du travail que celui-ci avait effectué en haut (1996). En 2020, Le Centenaire méritait un nouveau coup de jeune. Ce fut Victoria Bodevin, fille du propriétaire et architecte EPFL, qui s’est chargée de cette passionnante mission. Elle y a mis le meilleur d’elle-même, trouvant là matière à donner libre cours à ses compétences et à sa vision du travail de l’architecte. De la conception à la réalisation Dans son activité professionnelle, Victoria remplit différents rôles : elle conçoit une structure, choisit les matériaux, propose l’agencement et le mobilier. En vrai elle insuffle ou redonne une âme au lieu dont elle s’occupe. C’est en tout cas dans cet esprit qu’elle exerce son métier. Elle aime assurer le suivi complet du projet. Toute intervention sur un bâtiment existant demande au préalable une recherche approfondie sur l’histoire du lieu. C’est un travail sociologique que l’architecte fait en

amont pour qu’à partir de l’histoire de vie du bâtiment, un fil rouge se déroule, nourri par les souhaits du client, qui le conduise jusqu’au bout du projet. Maintenir vivants les objets du patrimoine est une nécessité. Et ce d’autant plus que la Lex Weber a fortement restreint les surfaces constructibles. Pour ce faire il faut repenser l’espace, en tenant compte des contraintes imposées (comme la surface des pièces ou la hauteur des murs), y amener le confort et ajouter ainsi une réelle plus-value. Le résultat doit être à l’image de celui qui va y vivre, pas de l’architecte qui l’a conçu et réalisé. Chaque projet est vraiment personnel et nécessite une réelle collaboration entre le client et l’architecte : un va-et-vient d’idées s’impose pour que l’aboutissement corresponde à la réalisation espérée. Un cas pratique : Le Centenaire Dans cet exemple, il s’agit de la première auberge de Zinal. La date de sa création marque la naissance de la station d’été. Avec ses fenêtres ouvertes sur les mon-

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Les lits de l’hôtel Bella Tola ont une deuxième vie

tagnes, elle accueillit de nombreux alpinistes, dont Edward Whimper, qui fit la première traversée du col de Moming, l’année même de l’ouverture de l’auberge. Au fil des ans, certaines marques des modes de vie contemporains ont pu être intégrées en gardant la maison presque à l’identique. Les madriers de mélèze sont restés intacts. L’intérieur a conservé ses chambres originales, son pierre ollaire, son plafond, bas, joliment décoré, ses parois de planches, ses portes ouvragées. La poutre transver-


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