Chant d’antan Elise Genoud aime chanter. Cette passion l’accompagne depuis son plus jeune âge. Durant les soirées au mayen, c’était une habitude que de chanter ensemble. Tant de bons souvenirs lui reviennent en mémoire, quand elle évoque le plaisir de ces moments agréables, souvent partagés avec sa sœur Monique. À deux, elles ont appris et interprété d’innombrables airs. Aujourd’hui encore, Elise possède des carnets remplis de chants, joliment écrits à la main. Lors d’une rencontre entre amateurs du patois, elle nous a interprété la chanson suivante, qu’elle a apprise durant sa jeunesse, au mayen de Lirette, auprès des sœurs Adèle, Lydie et Thérèse Salamin. Le texte patois a été recopié d’un carnet entièrement écrit de la main de cette dernière.
patrimoine
Tot lo mondo…
Tout le monde…
I To lo mondo a chö dèfo Rare lhô quïu lèn dann pas Ma lhô quïu lann lô plou grös Charèn proc lè paressos…
I Tout le monde a ses défauts. Rares sont ceux qui n’en ont pas. Mais ceux qui ont le plus grand, Ce seront sûrement les paresseux.
II Remarquia sto grann foumios Chu chon pas dè duspeingchios. Lhô quïu langmonn tann dansiè Valonn rein por travaillè.
II Regardez ces grands fumeurs, S’ils ne sont pas des dépensiers ! Ceux qui aiment tellement danser Ne valent rien pour travailler.
III Lu mouni lè oung mordatz. Pas plou bravô quiè lo tzat. Donna li moudrè dè bloua Vo j’importè la mitcha.
III Le meunier est un coquin. Pas plus honnête que le chat. Donnez-lui à moudre du blé, Il vous en emporte la moitié.
IV Lu boleingziè, por cheinrutzic, Cha proc commeinn fat azic. Lâchè pas cuirè lô panng Por lo reindrè plou pèjann.
IV Le boulanger, pour s’enrichir, Sait bien comment il faut agir. Il ne laisse pas cuire le pain Pour le rendre plus lourd.
V L’èpuciè cri chonn muhiè Dè no férè tot plou tchier. È por guiagnè ounn cor mè Les chansons qu’Elise a chantées dans sa Fé quiè mèttrè fiblo pi. jeunesse sont le plus souvent caractérisées par une certaine portée morale. Cette pièce VI qui précède est donc plutôt originale, car Lu règiann fourri proc brävo elle se moque gentiment de la société et ose Fouchachè pa tzètra cräno même aborder avec humour le statut du Voudri éhrè saloua, curé, personnage particulièrement impor- Prèsquiè commè l’eincoura . tant et imposant à cette époque. Le fait qu’elle soit écrite en patois est aussi un trait VII notable et en fait un document intéressant Dè l’eincoura n’oujeingn rein durè pour l’étude de cette langue. Ma chein quïu no fé tzè rigrè C’est par conséquent une chance que de Lè quïu no fat lo päyè pouvoir la faire connaître à un large public. Por no férè tzingquiagniè. Janine Barmaz
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V L’épicier croit que son métier C’est de nous faire tout plus cher. Et pour gagner encore davantage, Il triche sur le poids. VI Le régent serait assez honnête homme, S’il n’était pas un peu trop fier. Il voudrait être salué, Presque comme le curé. VII Du curé, nous n’osons rien dire. Mais ce qui nous fait un peu rire. C’est qu’il nous faut le payer, Pour nous faire chicaner.