N° 42 - Avril 2021

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culture

Je rêve de skier sur la Lune deuxième partie: mets de l’huile !

a (re)conquête de la Lune s’accélère : les noms et les visages des 13 astronautes américains sélectionnés pour les futures missions lunaires – baptisées Artémis, en l’honneur de la sœur jumelle d’Apollon/Apollo ont été dévoilés par la NASA. Parmi eux, six femmes et parmi elles, LA première qui laissera son empreinte sur un monde extraterrestre... et espérons-le , son nom dans les livres d’Histoire à côté de celui de Neil Armstrong. Les chinois, de leur côté, continuent leur petit bonhomme de chemin en rapportant 2kg d’échantillons du sol et du proche sous-sol lunaire (mission Chang’e 5). Des mesures récentes, principalement américaines, ont permis de mieux quantifier et localiser les réserves d’eau sur la Lune (plus abondantes et dispersées que prévu), indispensables à sa colonisation. Les industriels privés s’organisent pour exploiter ces gisements (eau mais aussi hélium 3 et métaux) et structurer jusqu’au secteur tertiaire lunaire émergeant – dont le tourisme fait partie. Un exemple: DHL propose déjà un service de colis entre la Lune et la Terre... Bref, j’ai déjà une idée du charter que j’utiliserai (américain: plus féminin), de ma destination (les complexes miniers du pôle sud) et de mon budget «carte postale»: au minimum CHF 500.- par envoi ! Mais avant de partir, je vais prendre des renseignements complémentaires auprès de mon astronome lunatique préféré et tenter de répondre à cette question glissante sinon brûlante: le sol lunaire est-il propice au ski ?

© NASA

L

«Vue rasante de la région du pôle sud lunaire. C’est sur la base de photographies très haute résolution comme celle-ci (ici un cliché assez récent pris par la sonde de la NASA Lunar Reconnaissance Orbiter), que les futurs sites d’exploration puis de colonisation et d’exploitation seront choisis. Les cratères simples en forme de bol dont les parois et les fonds sont depuis toute éternité plongés dans l’obscurité la plus totale constituent des gisements potentiels de glace d’eau… et leurs pentes inclinées à plus de 40° de probables spots de glisse dont la taille dépasse celle du Val d’Anniviers»

- Avant de passer au problème des frottements, une dernière précision sur cette notion d’accélération : j’ai compris que pour retrouver sur la Lune les mêmes sensations euphorisantes de prise de vitesse que sur Terre, il me faudra une pente beaucoup plus raide… mais tu pourrais préciser ? - Bien sûr! (marmonnant, absorbé par ses pensées) la pente fait intervenir le sinus de l’inclinaison... et comme la pesanteur lunaire est divisée par 6 environ… cela donne une pente équivalente sur Terre appelons-la Peq - qui doit ressembler à : Peq = arcsin (sinP:6), P étant la pente réelle sur la Lune - (énervé) Eh ! Je crois que nous prenons un très mauvais départ ! Si tu continues comme ça, il va y avoir - comment dire? - des tensions, des frottements dans nos rapports jusque-là cordiaux… - Et ça va chauffer ! Je vois... Pas de formule mathématique en guise d’échauffement… (tout penaud) Ceci dit, l’arcsinus est juste là pour faire joli… ou peur …

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- (toujours énervé) Laisse-moi plutôt réfléchir : la pente maximale ne peut pas dépasser 90°. Donc les sensations les plus extrêmes sont celles de la chute libre. Il me suffit finalement de savoir à quelle pente terrestre correspond une chute libre lunaire ! (se radoucissant un peu) C’est là que ta formule pourrait éventuellement nous être utile… - Merci ! et le calcul donne : à peu près 10° … Je résume : effectuer une chute libre sur la Lune, revient en termes d’accélération, c’est-à-dire de prise de vitesse, à glisser sur une piste bleue sur Terre… en négligeant toute forme de frottements ! Clairement, la Lune n’est pas propice aux godilles endiablées… L’intérêt est ailleurs, tu t’en souviens ? - Vaguement… L’absence d’atmosphère lunaire et donc de frottement aérodynamique peut-être ? - Exactement ! dans le cas d’une chute libre lunaire, ta prise de vitesse augmente de manière continue, alors que sur Terre la vi-


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