Sion 21 n°14

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Novembre 2020

Education et culture

Le quartier de la gare en pleine mutation Quartier libre : Salins

LE MAGAZINE DE LA VILLE DE SION

L’été sédunois a fait le plein d’impulsion La communauté polonaise La basilique Sous-le-Scex



N° 14 — Novembre 2020

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SOMMAIRE 4 Brèves 5 Editorial 6

Le dossier

Le service de l’éducation et de la culture 16 Grand projet

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Le quartier de la gare en pleine mutation

18 Quartier libre

Salins, le sésame pour la rive gauche

22 Sion surprenant 23 Petite enfance Le nouveau visage

de la Pouponnière

valaisanne

24 Mobilité

Une passerelle enjambe la Lienne

25 Vivre ensemble

L’été sédunois a fait le plein d’impulsion

26 D’ici et d’ailleurs

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Vivre sa ville selon Jacqueline Chou

28 Patrimoine

La basilique Sous-le-Scex

30 Associations

La Pologne, si lointaine et si proche

32 Agenda 34 Prix de Sion 2020 Madeleine Boll,

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pionnière du football féminin

Impressum Rédaction : François Praz, Judith Mayencourt Design : Octane communication Contact : Ville de Sion,
rue du Grand-Pont 12, case postale 2272,
 1950 Sion 2 — Tél. : 027 324 11 23 — Email : info@sion.ch Imprimé par Schmid SA sur Image Impact, certifié FSC C004846. Couverture 2020 © Céline Ribordy

Dernière page © Claude Cœudevez

Sion 21 n°14, Novembre 2020 Le magazine officiel de la Ville de Sion


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BRÈVES DES JARDINIÈRES RÉALISÉES PAR LES JEUNES DE L’OSEO Durant l’été, de très jolies jardinières ont fait leur apparition dans les parcs et à proximité des places de jeu. Les bacs en bois abritent des plantes vivaces et des herbes aromatiques, et sont équipées d’un cendrier. Ils ont été réalisées par les jeunes qui fréquentent les ateliers du secteur jeunes de l’OSEO. Ces jardinières ont été réalisées et installées par la section parcs et jardins de la Ville afin de sensibiliser les habitants et visiteurs à l’importance de l’écologie. Tout a été fabriqué à partir de matériaux récupérés. Chaque plante ou herbe aromatique a sa petite pancarte informative. Merci à tous ces jeunes et à leur maître d’atelier pour leur contribution à une ville propre et fleurie.

FAIS COMME L’OISEAU… S’élancer dans le vide, pour voir la ville d’en haut, suspendu à un câble d’acier. La tyrolienne d’été, installée durant un mois entre Valère et Tourbillon, a offert une expérience citadine inédite. Elle a attiré chaque jour plus d’une centaine de personnes pour un petite dose d’adrénaline et de bonheur.

DES LIVRES EN LIBRE SERVICE

› © Office du Tourisme

› © Ville de Sion

PARKINGS ÉQUIPÉS DE DÉFIBRILLATEURS Parce que chaque minute compte en cas d’arrêt cardio-respiratoire, des défibrillateurs ont été installés dans les parkings souterrains de la Ville (Scex, Planta, Roches-Brunes, Saint-Guérin et Cible). Ils permettent ainsi une intervention rapide. Le projet a été réalisé en collaboration avec l’association coeur wallis et l’OCVS. Dix employés de l’administration communale ont suivi une formation de Public Responder proposée par coeur wallis et ont appris les différentes manoeuvres de massage cardiaque. Ils peuvent ainsi rejoindre le réseau de miliciens habilités à intervenir en cas d’arrêt cardio-respiratoire. En Valais, 150 personnes par an sont concernées par une intervention pré-hospitalière lors d’un ACR d’origine cardiaque.

capitale suisse des Alpes d’ici 30 ans. Elle mise sur l’innovation, tout particulièrement dans les domaines de la santé, de l’énergie et des géosciences, et invite les communes environnantes à co-construire un projet de développement commun. Un processus de fusion devrait être lancé au cours de la prochaine législature.

Une cabine téléphonique transformée en mini-bibilothèque de quartier. C’est le concept des boîtes à livres, qui connaissent un joli succès à Sion. Deux nouvelles boîtes ont été installées cet été, l’une à côté de l’arrêt de bus du Furet à Châteauneuf et l’autre sousgare, à la rue de l’Industrie. On peut y déposer ses livres préférés pour les partager avec ses voisins, ou prendre un ouvrage qui pique notre curiosité. Gratuitement bien sûr.

CERTIFIÉE VALAIS EXCELLENCE

CARREFOUR DE L’OUEST

Sion est la première ville du Valais romand à obtenir le label Valais excellence. Les différents services de la Ville ont été audités ce printemps et jugés conformes aux exigences en matière de management durable. Cette certification s’inscrit dans la démarche qualité entreprise depuis plusieurs années afin d’améliorer constamment les prestations aux citoyens.

La biodiversité fait son grand retour au carrefour de l’Ouest. Celui-ci a été entièrement réaménagé par la section parcs et jardins de la Ville. Graminées et plantes typiques du Valais central ont remplacé le gazon. Le bassin azur a laissé la place à deux étangs. La nature n’a pas mis longtemps à reprendre ses droits. La pause de filets dans le cadre d’une étude menée par le canton a permis de confirmer la présence de deux espèces de chauves-souris. D'autres espèces ont aussi colonisé les deux étangs, notamment des libellules, une punaise aquatique et un coléoptère.

FAVORABLE À DE NOUVELLES FUSIONS Sion doit s’agrandir, le statu quo est le pire des scénarios. C’est la conclusion du conseil municipal au terme d’une étude sur l’avenir de la ville. La Municipalité vise à faire de Sion la

› © Canal9


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ÉDITO La législature touche à sa fin. A la lecture de Sion 21, vous avez pu suivre l’évolution des grands et petits projets de la Ville. De nombreuses ambitions ont pu être concrétisées sur le plan urbanistique, en matière d’aménagements publics, de politique économique, sociale, culturelle, ou encore dans les domaines de la formation et de l’intégration. Des chantiers se terminent, d’autres commencent. Et la mission des autorités municipales est de veiller au développement de Sion sans que la ville ne perdre sa cohésion, sa joie de vivre et son âme si particulière. Voilà pour le court et le moyen terme. Mais les projets qui vont marquer les prochaines années n’occultent pas le besoin de réfléchir au temps long et de se fixer un cap. Après une réflexion approfondie, le conseil municipal a présenté cet automne l’intention stratégique de la Ville à 30 ans. Il veut faire de Sion la capitale suisse des Alpes. Etre à la Suisse ce qu’Innsbruck et Grenoble sont à l’Autriche et à la France. Notre conviction est profonde, solide et repose sur des

faits : la prospérité sédunoise ne peut pas vivre en vase clos. Il est temps de penser notre développement à l’échelle régionale, autour d’un projet fort et qui ne s’arrête pas aux limites actuelles du territoire. Il ne s’agit pas de conquérir mais de collaborer et co-construire ensemble un modèle de développement alpin. Dans les quartiers, dans les villages, dans les vallées, les identités sont fortes. Et elles le resteront. Mais pourquoi feraient-elles obstacle à un développement commun qui profite à tous ? Depuis longtemps déjà, nous vivons ensemble et de manière fluide dans un même territoire connecté. Etre vraiment la capitale suisse des Alpes, c’est offrir des perspectives motivantes pour les habitants et les entreprises. C’est renforcer l’attractivité du Valais. C’est être plus fort ensemble, tout simplement ! Philippe Varone Président de Sion

› © Florence Moix

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8-9 Présentation du service avec Jean-Pierre Meyer 10 Étudier en allemand à Sion 11 Un pôle musique sur les hauts de la ville 12-13 La culture sédunoise à la croisée des chemins 14 Interview de Sébastien Gattlen, conseiller municipal 15 Visite dans le temple du livre pour enfant


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ÉDUCATION ET CULTURE, LA CURIOSITÉ EN PARTAGE

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> Jean-Pierre Meyer (à gauche) et Sébastien Gattlen devant le chantier du centre scolaire de Champsec

LA DIRECTION DES ÉCOLES ORGANISE LA VIE SCOLAIRE DES PETITS SÉDUNOIS Salles de classes, transports, fournitures, saut de classe et autres difficultés scolaires ou familiales … La Direction des écoles règle le quotidien des 2600 écoliers sédunois.

Photographies : © Céline Ribordy

L’école sédunoise, c’est un gros, un très gros bateau. Voyez plutôt. Chaque année, quelque 2 600 élèves fréquentent les écoles primaires sédunoises, de la 1H à la 8H. Ils sont répartis dans 150 classes et pris en charge par 290 enseignants et enseignants spécialisés. Autour d’eux gravitent plus de 200 personnes : stagiaires pédagogiques, concierges, personnel de nettoyage, bibliothécaires, personnel de la Maison de la nature et tous les collaboratrices et collaborateurs du centre pédagogique spécialisé de la région de Sion.

Le quotidien scolaire Alors que le Canton s’occupe du volet pédagogique, la Direction des écoles, elle, gère la vie pratique de tout ce petit monde. «Je dois faire en sorte que tout roule. Cela va du matériel à l’organisation des rythmes scolaires : les salles de classes, l’achat des livres, les bus pour le ramassage des enfants, les sorties de ski, les visites, les études surveillées etc. La Direction des écoles fixe aussi les horaires scolaires. A Sion, nous avons choisi les horaires blocs, ce qui facilite beaucoup l’organisation familiale», explique Jean-Pierre Meyer, le chef du service de l’éducation et de la culture. Un contrat de prestation lie le canton et les communes et fixe les responsabilités des uns et des autres. Les programmes et le choix des moyens d’enseignement dépendent du canton.


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Bio express Jean-Pierre Meyer, Chef du service de l’éducation et de la culture

Parfaitement bilingue, Jean-Pierre Meyer est né à Sion en 1962. Ses parents sont tous deux HautValaisans. Il suit la filière allemande de Sion, puis le collège classique en français. Il étudie les Lettres à l’Université de Genève, avec en première branche la linguistique. De 1989 à 2004, il travaille comme professeur de langues à l’École d’ingénieurs du Valais. Parallèlement, il s’engage en politique et siège 12 ans au conseil général (de 1988 à 2000), puis au Grand Conseil, de 2000 à 2005, en tant que député-suppléant. En 2005, il est nommé directeur des écoles de Sion et quitte ses fonctions politiques. Jean-Pierre Meyer est marié et père de deux enfants.

«Notre plus grand défi est de réussir à faire coïncider les attentes des parents et les besoins des enfants.» Jean-Pierre Meyer, chef du service de l’éducation et de la culture

Il n’empêche, beaucoup de décisions opérationnelles ont des incidences pédagogiques. «Nous sommes confrontés tous les jours avec la pédagogie. Equiper les classes d’ipad ou d’ordinateurs fixes, ce n’est pas la même chose et cela influence l’enseignement», témoigne Jean-Pierre Meyer.

Une organisation par quartier Alors que certaines villes ont choisi de regrouper les élèves par niveau dans leurs centres scolaires, Sion a privilégié une organisation par quartier. Ce choix de la proximité permet de réduire les transports scolaires et favorise le maintien de la vie sociale dans les quartiers. Le territoire communal est donc divisé en huit centres scolaires où les enfants peuvent suivre l’entier de la scolarité primaire, de la 1H à la 8H : Bramois, Uvrier, Champsec, Platta, Sacré-Cœur, Collines, Gravelone et Châteauneuf. Dans certains centres, plusieurs niveaux sont regroupés dans la même classe. Toutes les semaines, une rencontre est organisée entre les responsables de centre et la direction des écoles, afin de coordonner les différentes activités. «Tous les élèves sédunois, quel que soit

leur quartier, bénéficient d’exactement des mêmes prestations, que ce soient les journées de ski, les sorties ou les visites», précise Jean-Pierre Meyer.

Dialogue et médiation Depuis des années déjà, Sion s’est doté d’un médiateur et d’un collaborateur pédagogique. La Ville offre ainsi un important soutien aux familles. Harcèlement à l’école, violences familiales, les situations rencontrées sont parfois complexes et impactent directement l’école. La médiation est alors essentielle pour faire baisser la pression et résoudre les conflits entre parents, enfants et enseignants. A cela s’ajoutent un changement général d’attitude à l’égard de l’école et des attentes de plus en plus grandes. «Certains parents aimeraient en quelque sorte une école à la carte, avec des enseignants centrés uniquement sur les besoins de leur enfant. Ce n’est pas possible et peut-être pas souhaitable d’ailleurs. Notre plus grand défi est de réussir à faire coïncider les attentes des parents et les besoins des enfants», conclut Jean-Pierre Meyer.


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ÉTUDIER EN ALLEMAND À SION Un cursus complet de la 1H à la 11CO est proposé aux enfants des familles germanophones installées dans la région sédunoise.

C’est une spécificité de Sion, qui plonge ses racines loin dans l’histoire. Les enfants des familles germanophones installées à Sion peuvent inscrire leurs enfants dans une filière scolaire de langue allemande. Tous les niveaux sont proposés : de la 1H à la fin de la scolarité obligatoire en 11CO. Les enseignants, tous de langue maternelle allemande, suivent le programme haut-valaisan. Parler l’allemand ou le suisse-allemand à la maison est un prérequis. Environ 120 enfants sont scolarisés en allemand à Sion. D'abord réservée aux familles germanophones établies dans la ville, la filière est aujourd’hui ouverte aux germanophones de toute la région. Cette ouverture a permis de combler le recul des Haut-Valaisans dans la capitale

valaisanne et de maintenir cette filière. Désormais, un tiers des effectifs environ provient d’une commune voisine. Toutes les classes sont réunies au centre scolaire de Gravelone. «A l’apprentissage du bon allemand parlé et écrit à l’école s’ajoute également un aspect culturel, notamment les fêtes, l’histoire ou encore l’actualité. Les parents qui inscrivent leurs enfants dans cette filière ont un attachement culturel fort à la langue allemande. D’autres y voient un futur avantage professionnel. Les enfants des classes allemandes sont parfaitement bilingues au sortir de leur scolarité. Ceux qui suivent le collège ensuite le font en principe en français», explique Jean-Pierre Meyer.

«Les parents qui inscrivent leurs enfants dans cette filière ont un attachement culturel fort à la langue allemande. »

La filière bilingue En 1995, face à l’augmentation des demandes des familles francophones d’inscrire leurs enfants dans la filière allemande, une filière bilingue a été mise sur pied à Sion. La spécificité de ce cursus : deux enseignants, l’un de langue maternelle française, l’autre alémanique, se partagent une classe. Un cursus complet, de la 1H à la 11CO est proposé. Chaque année, 48 enfants sont admis dans la filière bilingue. Ils sont répartis dans deux classes, l'une à Gravelone, l'autre au Sacré-Cœur. Tous ne la suivront pas jusqu’au bout, que ce soit parce que la famille déménage ou parce que des troubles de l’apprentissage sont diagnostiqués. L’enseignement se fait dans les deux langues, à égalité. Cependant, le français reste la langue dominante : les enfants doivent atteindre les mêmes objectifs écrits et oraux que ceux demandés dans la filière francophone. En allemand, les attentes sont différentes : l’immersion précoce permet d’augmenter les compétences de compréhension et de communication, mais pas d’obtenir de parfaits bilingues.

> © Céline Ribordy


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> l’Orchestre du Conservatoire cantonal, dirigé par Yuram Ruiz © Julien Beytrison

UN PÔLE MUSIQUE SUR LES HAUTS DE LA VILLE Les principales écoles et hautes écoles de musique seront bientôt regroupées sous un seul et même toit. Le conseil général a voté un crédit d’engagement de 11,7 millions de francs.

Jazz, musiques actuelles, musique classique, musique instrumentale. D’ici l’été 2023, tous ces univers sonores devraient converger sur le site de la Sitterie pour donner naissance à un véritable campus musical : un lieu d’études, d’échanges, de concerts pour les quelque 1 500 étudiants et professeurs qui gravitent dans les différentes écoles de musique sédunoises (voir encadré). «Le pôle musique est porteur d’une identité forte et d’un important potentiel de rayonnement», souligne Sébastien Gattlen, conseiller municipal en charge de la culture. À l’origine de cette belle ambition, un problème de locaux pour les différents centres d’enseignement de la musique. Le bâtiment abritant l’École de jazz et de musiques actuelles (EJMA) est démoli et l’EJMA relocalisée provisoirement dans l’ancien hôpital. La Haute École de musique (HEMU) et le Conservatoire cantonal ne sont guère mieux lotis. Les principaux acteurs expriment leur envie de collaborer autour d’un projet fort pour l’enseignement de la musique. L’Harmonie municipale et la Fondation Sion Violon Musique les rejoindront également. Pour répondre aux besoins, la Ville étudie plusieurs localisations. Le site de la Sitterie, que l’École d’ingénierie de la HES-SO doit quitter en fé-

Le pôle musique en chiffres La Haute Ecole de musique (HEMU) • 60 élèves • 28 professeurs (10 EPT) Le Conservatoire cantonal • Plus de 800 élèves • 62 professeurs • 1300 cours hebdomadaires donnés à Sion L’Ecole de jazz et de musique actuelle (EJMA) • 400 élèves • 30 professeurs L’Harmonie municipale • 40 élèves et 65 musiciens • 7 professeurs • Env. 50 leçons et répétitions hebdomadaires La Fondation Sion Violon Musique • Activités administratives toute l’année • Activités académiques et artistiques l’été

vrier 2021 pour rejoindre le Campus Energypolis, s’impose rapidement. 5 des 6 bâtiments que comportent la parcelle seront réaménagés pour les besoins des différentes écoles de musique, tandis que le dernier bâtiment restera en réserve pour de futurs besoins. L’auditoire FXB et l’ancienne salle de gymnastique permettront d’accueillir sans grands frais les espaces de représentation et d’expérimentation propres à l’activité musicale. De nombreux locaux seront mutualisés : les auditoires, la Black Box, la bibliothèque-médiathèque, la cafétéria ou encore la salle des professeurs. Le projet est devisé à 11,7 millions de francs. Le crédit d’engagement a été approuvé par le conseil général de Sion lors du plenum du 29 septembre dernier. Le canton, propriétaire de la parcelle, la mettra gratuitement à disposition de la Ville pour une durée de 50 ans. Il assumera également 35% des coûts d’exploitation du pôle musique.


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> Piletta Remix, pièce tout public qui sera jouée au Théâtre de Valère par le collectif Wow !, le mercredi 2 décembre à 19h00 © Anthony Abbeloos

LA CULTURE SÉDUNOISE À LA CROISÉE DES CHEMINS Délégué culturel de la Ville depuis un an, David La Sala souhaite donner à la politique culturelle sédunoise les moyens de ses ambitions.

Il a le timbre grave, la voix douce et ce débit si particulier des gens qui s’accordent le temps de la réflexion avant de répondre. Depuis un an, David La Sala a pris ses quartiers à Sion comme délégué culturel. Une fonction qui lui inspire un certain respect. Il s’agit, ditil, non pas d’organiser des événements, mais de mettre en œuvre et de piloter la politique culturelle de la Ville. «C’est l’aspect le plus intéressant de mon travail : penser ce que peut être la culture pour une Ville et ce que les Sédunois sont en droit d’attendre, car la culture est un service public. Nous devons également penser aux besoins des acteurs locaux et favoriser le professionnalisme et l’émergence des acteurs culturels».

Elargir l’offre culturelle Pour David La Sala, Sion se trouve à un moment charnière de son histoire, avec l’installation des Hautes écoles et l’arrivée d’une nouvelle population. Si l’offre culturelle est dynamique et riche, il est souhaitable de renforcer sa dimension urbaine, davantage ancrée

dans le présent. Alors que la musique classique domine l’offre aujourd’hui, le nouveau délégué culturel ambitionne de mettre en valeur la diversité de la vie culturelle sédunoise. Un nouvel élan a été donné aux deux théâtres municipaux – Valère et le Petithéâtre – avec leur regroupement sous une même direction. Une première étape vers la constitution d’un véritable pôle des arts vivants sur la place du Théâtre ? «Ces lieux de référence sont des moteurs essentiels de la vie culturelle d’une ville. Ils doivent pouvoir faire preuve de dynamisme et inviter la population à les fréquenter. Le soutien de la Ville est pour cela indispensable.»

Besoin d’infrastructures Une faiblesse identifiée de la culture sédunoise réside dans la vétusté de ses infrastructures culturelles. «Sion peut devenir une capitale culturelle. Mais cela demande un certain volontarisme. Il n’y a pas de culture sans l’ambition d’avoir une vie culturelle. Il n’est pas souhaitable que la Ville contrôle


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De nouveaux visages à Sion Stefan Hort Membre de l’équipe du Petithéâtre de Sion depuis 2015, Stefan Hort a pris la direction des théâtres municipaux pour une durée de 4 ans, renouvelable deux fois. Diplômé en production théâtrale à l’Ecole nationale de théâtre du Canada et titulaire d’un Master en étude du spectacle, Stefan Hort a mis en scène de nombreux spectacles. Il assure la direction artistique de la compagnie sh, qu’il a fondée en 2014 et préside ProCirque, l’association faîtière suisse des arts du cirque.

> David La Sala et Sébastien Gattlen © Céline Ribordy

Anne Jean-Richard Largey Anne Jean-Richard Largey est la nouvelle directrice de la Ferme-Asile. La Sédunoise revient dans sa ville après un parcours riche et diversifié : des études de Lettres à Neuchâtel et un travail de courtier à Genève, et enfin une longue escale martigneraine comme curatrice du Manoir, en charge de la programmation et des expositions.

tout ce qui se fait, mais il faut qu’elle puisse s’engager pour défendre des projets de qualité. Les infrastructures ne sont pas seulement des outils indispensables, mais aussi des symboles pour la Ville et une source d’attractivité au-delà des frontières de la ville ou du canton», souligne-t-il. Plusieurs projets sont d’ores et déjà en cours. Un rafraîchissement sera effectué au théâtre de Valère l’été prochain. Une nouvelle salle de concerts et congrès sera construite dans le quartier de Cour de Gare, dont le chantier vient de débuter. La salle devrait être opérationnelle au printemps 2024. Et au nord de la ville, les locaux libérés par la HES-SO seront transformés pour accueillir le futur pôle musical de la Ville (voir page 11). «Cette réflexion par pôle artistique est séduisante. Elle aboutira à Budget et médiation culturelle une redéfinition du paysage culturel La Ville consacre environ 4 millions de francs à la culture. Une large sédunois et à une forme d’attractivité partie de cette somme correspond à la mise à disposition de locaux et majeure pour la Ville de Sion.» aux subventions permanentes annuelles. Les subventions ponctuelles à

L’inconnue du coronavirus

la création et à l’animation culturelle, elles, se montent à 300 000 francs par an. Une commission culturelle, dotée de 6 représentants du monde de la culture et 3 représentants de la Ville, traite les dossiers et fait ses recommandations au conseil municipal. La Ville de Sion mène également différentes actions de médiation culturelle. On peut citer la plus récente, les Boîtes à livres, mais aussi le Pass Bienvenue offert aux nouveaux arrivants, en collaboration avec le service de l’intégration. En outre, la commission culturelle attribue le Prix culturel (trois fois par législature) et le Prix de la Ville de Sion (la dernière année de la législature). Des ateliers en résidence à l’étranger (Buenos Aires, Belgrade, Le Caire, Gênes) sont périodiquement attribués aux artistes sédunois par le biais de la Conférence des Villes en matière culturelle à laquelle participe la Ville de Sion.

On l’aura compris, la politique culturelle des prochaines années est en pleine réflexion. Mais pour l’heure, la grande inconnue s’appelle COVID-19. Le public pourra-t-il retrouver sereinement le chemin des salles ? La plupart des événements ont dû être annulés cette année. Et cette situation peut difficilement se répéter l’an prochain sans créer de profonds dommages. «La culture fait partie de la vie économique. Et on a pu en mesurer les retombées cette année. Toute une économie indirecte, les prestataires de services, les artisans, les cafés, les restaurants, etc. a souffert de la mise à l’arrêt de la vie culturelle. Mais cela va bien au-delà : l’organisation de la vie sociale est touchée. Nous avons besoin d’un imaginaire différent qui nous est apporté par l’art et la culture», conclut David La Sala.

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«NOUS DEVONS DÉVELOPPER À SION UNE CULTURE PLUS URBAINE ET ACTUELLE» En Suisse, l’éducation est une tâche avant tout cantonale. Quel est le rôle d’un conseiller municipal en charge des écoles ?

Bio express Sébastien Gattlen Conseiller municipal en charge de l’éducation et de la culture.

Nous avons à Sion 3 800 élèves en scolarité obligatoire, 26 000 en primaire et 1 200 au CO. L’enseignement dépend du Canton, mais l’organisation administrative et la mise à disposition des locaux est une tâche municipale. Sion a une gestion professionnelle des écoles, là où dans d’autres communes plus petites, les choses sont gérées au niveau de la commission scolaire. Mon rôle est de faire le lien entre toutes les parties : parents, enseignants, direction. C’est un travail d’écoute et parfois de médiation afin d’aligner les points de vue et de trouver une solution pour le bien de l’enfant. Sion s’est doté depuis longtemps d’un médiateur scolaire et d’un collaborateur pédagogique et nous pouvons proposer un vrai soutien pour résoudre les problèmes relationnels en milieu scolaire. Les deux nouvelles médiatrices à temps partiel devraient permettre d’améliorer encore l’accès à ces aides par les enfants eux-mêmes.

Vous constatez une augmentation des conflits ou de la violence à l’école ? Je ne peux pas le quantifier. Il y a toujours eu du harcèlement scolaire. La différence, c’est qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, ce harcèlement ne s’arrête pas quand on quitte l’école. C’est du H24. Avec le service de la jeunesse, c’est une vraie préoccupation, et un programme anti-harcèlement a été mis en place pour y répondre.

Un des défis de votre service, c’est le suivi de l’évolution des effectifs pour adapter les structures. Où en est-on à Sion ? Nous avons des outils qui nous permettent de mesurer assez finement l’évolution démographique au sein des quartiers et de prédire les besoins. Ainsi à Champsec, le quartier se développe et attire de nouvelles familles. L’extension du centre scolaire permettra de répondre à la demande dès la rentrée 2022. On avait les mêmes craintes à Châteauneuf mais les études ont montré que malgré le boum des constructions, le type de logements proposés devrait amener peu de familles avec enfants.

Né en 1981, Sébastien Gattlen fait son entrée au conseil général à 27 ans, sous les couleurs du PDC. Il y siège durant deux législatures et préside le conseil de 2013 à 2016. En 2017, Sébastien Gattlen est élu au conseil municipal et prend en charge le dicastère Education et Culture. Il est physiothérapeute, marié et père de trois enfants et préside l’association valaisanne de physiothérapie.

Parlons de la culture qui est passablement chahutée. Les deux directeurs des théâtres municipaux ont été remerciés ce printemps. C’est un fait plutôt rare, non ? Je le redis, ce licenciement n’était aucunement une sanction. Nous voulions changer la structure et l’organisation pour avoir une seule direction pour les théâtres municipaux. Il y a aussi la volonté d’une programmation plus contemporaine et d’affirmer la place des arts de la scène. La musique classique, parfois vue comme assez élitiste a une belle place à Sion. Si nous voulons diversifier les publics, il faut aussi développer une culture plus urbaine, plus actuelle.

Et redéfinir la politique culturelle ? C’est indispensable et cela doit se faire en écoutant les acteurs culturels, le canton, les communes voisines et la population pour cerner où sont les attentes et les besoins, et ensuite faire des choix. La culture participe clairement à l’attractivité d’une ville et joue un rôle important sur son développement démographique, touristique et économique.

Où sont les défis ? J’en citerais trois. D’abord pérenniser l’offre sédunoise. Celle-ci est riche et dynamique mais repose en partie sur le bénévolat et les initiatives privées. Aujourd’hui certaines manifestations peinent à renouveler leur comité, ce qui les fragilise. Nous sommes là à un tournant, avec un besoin de plus de professionnalisation et de davantage de moyens. Le deuxième défi est infrastructurel, avec deux chantiers majeurs en perspective : la nouvelle salle de concerts et congrès à Cour de Gare et le pôle musique à la Sitterie. Mais cela ne doit pas nous faire oublier la vétusté de certaines de nos salles, et notamment du théâtre de Valère. Enfin, nous devons mieux communiquer pour rendre nos manifestations plus visibles pour les Sédunoises et Sédunois.


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VISITE DANS LE TEMPLE DU LIVRE POUR ENFANTS Depuis 2016, la bibliothèque des jeunes de la Ville de Sion et la bibliothèque municipale ont intégré la Médiathèque Valais Sion. A l’espace enfants, tout est fait pour satisfaire la curiosité des enfants.

Pas besoin de savoir lire pour fréquenter les lieux. Installé au premier niveau de la Médiathèque Valais Sion, l’espace enfant est conçue pour les zéro à 12 ans, et propose une offre considérable pour satisfaire ce jeune public avide de découvertes. Cela va des livres d’image aux romans d’aventure, en passant par les contes, les BD, les livres scientifiques, les albums, les revues. La bibliothèque dispose d’une section allemande et ouvrira bientôt une section langues étrangères : anglais, portugais, italien, espagnol, chinois, russe, langues africaines, etc. Un secteur multimédia et un secteur pédagogique viennent encore enrichir l’offre.

Difficile d’y résister. Toutes les occasions sont donc bonnes pour faire un crochet à la médiathèque. On y vient pour bouquiner, faire ses devoirs, écouter des contes, participer aux différents ateliers, en famille, entre copains ou avec l’école. La fonction historique de prêt reste toujours d’actualité. Pour s’inscrire, l’enfant doit être accompagné d’un adulte de référence. Il reçoit une carte et peut emprunter jusqu’à 20 documents pour une durée de 28 jours, prolongeable jusqu’à 5 fois pour autant que le livre ne soit pas réclamé par d’autres. Tout est gratuit. Les chiffres sont en constante augmentation, avec l’an dernier quelque 120 000 prêts enregistrés !

Un lieu privilégié Ici, tout est fait pour satisfaire la curiosité des enfants. Le décor est ludique et joyeux. Au cœur de la pièce baignée de lumière, des tables et des poufs tout ronds et colorés invitent à s’installer.

> © Céline Ribordy

Des dinosaures aux robots Que lisent les enfants aujourd’hui ? De tout, résume Marie-Paule Marquis, bibliothécaire à l’espace enfants. «Les livres sur les dinosaures ont toujours la

cote. Et les Harry Potter aussi. Par contre, certains classiques, comme le Club des 5, sont moins demandés. Il faut dire que l’offre est aujourd’hui très diversifiée. Elle couvre de nouveaux centres d’intérêts, comme l’informatique, les robots, ou encore des thèmes de société abordés sans tabou : le divorce, les familles arc-enciel, etc … Les livres sur la relaxation des enfants sont de plus en plus demandés». La Médiathèque Valais – Sion met sur pied de nombreuses animations pour les enfants : les mardis de la lecture, en collaboration avec l’OSEO, les coccicontes, des spectacles développés autour d’un conte, pour les petits de 2 à 5 ans, ou encore «né pour lire», axé sur le partage parent-enfant et qui vise les 0-4 ans. «Pour les parents, apprendre à lire reste une préoccupation importante. Ils sont très impliqués dans cette phase. La lecture plaisir, c’est différent ...», analyse Marie-Paule Marquis.


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> © Cour de gare

Grand projet

LE PÔLE DE LA GARE EST EN PLEINE MUTATION Au nord des voies CFF, le chantier du nouveau quartier de Cour de Gare a démarré tandis que celui d’Energypolis touche à sa fin au sud. Pour accompagner cette mutation, la circulation autour de la gare a été réorganisée.

Cette fois, ça y est ! Après plusieurs années de procédures pour la mise à l’enquête et l’homologation de ce nouveau quartier qui jouxte la partie nord de la gare CFF, Cour de Gare a enfin démarré. L’autorisation de construire a été délivrée à la fin du printemps, lançant l’entrée dans une phase de réalisation. La fin du chantier est prévue pour 2024. Pour rappel, Cour de Gare, ce sont 7 bâtiments, 300 appartements, un hôtel d’une centaine de chambres, des bureaux, des surfaces commerciales, un parking souterrain de plus de 600 places et bien sûr une nouvelle salle de concert et congrès, une infrastructure culturelle très attendue par la population du Valais central.

Un quartier exemplaire Idéalement placé au coeur du réseau de transports publics, le futur quartier se veut exemplaire sur le plan de la performance énergétique et de la mobilité douce. Il fera office de pivot entre la ville actuelle et le quartier Ronquoz 21, au sud des voies CFF. «Cour de Gare est un projet majeur qui

s’inscrit vraiment dans le développement urbanistique et économique de Sion. Il arrive au bon moment : le printemps prochain, les nouveaux bâtiments du Campus Energypolis seront opérationnels, ce qui va dynamiser tout le quartier», se réjouit Philippe Varone, le président de Sion.

Desserte de la gare réorganisée Ce développement urbanistique majeur s’accompagne d’une réorganisation de la mobilité autour de la gare CFF. «Il était absolument indispensable d’améliorer son accessibilité et de faciliter la cohabitation entre piétons, cyclistes et automobilistes. Il faudra prendre de nouvelles habitudes, bien sûr, mais personne ne sera prétérité, bien au contraire», souligne Christian Bitschnau, conseiller municipal en charge de l’urbanisme et de la mobilité.

Accès par le sud pour les voitures Le principal changement concerne les automobilistes. Pour les voyageurs, l’accès à la gare se fait


Grand projet

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> Ci-contre : plans d'accès au pôle de la gare

par le sud. Le parking qui jouxte les voies CFF est réaménagé, avec la mise à disposition de 14 places de dépose-minute, 52 places de stationnement de courte durée, 2 places pour handicapé et enfin 23 places pour les motos. Pour le stationnement longue durée des pendulaires avec des abonnements mensuels et annuels, deux parkings P + R ont été créés au sud-est (rue des Entrepôts) et l’ouest (rue Oscar-Bider). Côté ville, la circulation ne sera pas interdite, mais limitée. Les places de stationnement côté est sont conservées et réservées aux clients des commerces et des guichets en gare. Quant aux taxis, ils ont un emplacement clairement identifié, devant le Grand Café.

Place aux piétons et aux vélos Au sud de la gare, la fréquentation de la rue de l’Industrie va fortement augmenter avec l’arrivée des étudiants, professeurs et chercheurs de la Haute école d’ingénierie et de l’EPFL. D’où la construction d’un trottoir à la sortie

sud du passage sous-voies et d’un escalier le long du bâtiment du Nouvelliste. Près de 150 places de stationnement pour vélos sont installées. La sécurité et le confort des piétons et des vélos est également améliorée en direction de la ville, avec la réduction du bal des voitures sur la place de la gare. 129 places de stationnement vélo sont conservées.

Plus de transports publics Deux nouvelles lignes de bus seront mises en service en décembre, avec le nouvel horaire. Il s’agit de la ligne Bramois-Gare-Platta, qui bénéficiera d’une voie de circulation dédiée sur l’avenue de Tourbillon. Au sud des voies CFF, une nouvelle ligne reliera le secteur de la gare à Aproz, via la piscine et la route de la Drague.

Des aménagements extérieurs Un soin particulier est porté aux aménagements extérieurs. Au sud des voies CFF, les bacs plantés mis en place ce printemps ont fait leurs preuves. Ils sont très

appréciés des voyageurs qui les occupent de manière assidue. Ils sont maintenus et réorientés de manière à mieux délimiter l’espace dévolu à la mobilité douce. Des bacs identiques sont également installés du côté nord, afin de permettre aux voyageurs de s’asseoir et d’apporter aussi une touche de verdure et de fraîcheur bienvenue.


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SALINS, LE SÉSAME POUR LA RIVE GAUCHE Il y a sept ans, ce village d’altitude a uni son destin à celui de la capitale, lui apportant une belle ouverture sur le coteau. Avec à la clé un dynamisme renforcé pour l’un et l’autre. Photographies : ©Céline Ribordy

Cette fusion a été la résultante d’une longue histoire qui a vu se croiser à plusieurs reprises les chemins des deux communes. Les Salinsardes et les Salinsards étaient au Moyen Âge les sujets de l’évêque de Sion. Plus tard, ils sont devenus dépendants administrativement des bourgeois de cette même ville. Ce territoire présentait la particularité d’être mitoyen de celui des seigneurs de Savoie.

Une histoire mouvementée L’évêché le fit d’abord gérer par un métral. Dans les faits, cette charge était occupée par la famille de la Tour, ceci jusqu’en 1227. En 1340, le donzel Johannod de la Tour fit l’acquisition des terres ayant appartenu à une autre lignée, celle des de Curtinal. En 1798, les «Frères communiers de Salens» eurent le pressentiment que le régime politique du Valais allait basculer. Les 56 hommes qui composaient cette entité jugèrent prudent de se répartir l’intégralité de leurs avoirs communs, de crainte qu’on ne les leur confisque. Cette décision s’avéra être une sage précaution pour la petite localité. Rattaché au Dizain d’Hérémence jusqu’en 1815, Salins fut en effet intégré au Dizain de Sion (devenu district) en 1848.

Boum démographique Durant plusieurs siècles, la communauté rurale du coteau n’a abrité qu’un nombre restreint de résidents. En 1802, ceux-ci n’étaient encore que 232. En revanche, à partir de 1960, un essor sensible s’est produit. Salins compte aujourd’hui près de 1200 habitants. La vie de village reste vive, avec une dizaine de sociétés locales.

Une union plébiscitée Le 1er janvier 2013, Salins a intégré la Municipalité de Sion. Les Salinsardes et les Salinsards avaient entériné ce rapprochement avec 91,4 % de oui. Il en était allé de même pour les Sédunoises et les Sédunois qui l’avaient approuvé à 84,6 %. Pour ce qui est des bourgeoisies, celle de Salins avait accepté la fusion avec son homologue à 72,5 %. Quant à ses voisins de Sion, ils l’avaient validée à 52,5 %. Ce sont près de 1 000 personnes qui avaient ainsi décidé de rejoindre la capitale et 540 bourgeois qui se sont unis à la structure équivalente de cette même cité. Outre ce rattachement, la proximité géographique de Salins a fortement contribué à attirer de nouveaux résidents.

Quand le bâtiment va … De façon symptomatique, le secteur de la construction a connu un bel essor. Au préalable, trois ou quatre habitations y étaient bâties chaque année. Juste après la fusion, on en a dénombré entre 20 et 30. Aujourd’hui, le rythme s’est un peu apaisé. Un écoquartier de six villas est toutefois en cours d’édification au hameau d’Arvillard. Et au Saillen, ce sont 14 maisons qui vont sortir de terre. Cellesci seront chauffées par le gaz distribué par la Ville. Le prix du terrain reste plus abordable à Salins, même s'il commence à augmenter. La liaison prévue entre la gare CFF et le bas de la piste de l’Ours passera à l’ouest de ce secteur. Cette amélioration de l’offre en transports alimentera sans nul doute cette «Salinsmania».

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LA PAROLE À CEUX QUI Y VIVENT Norbert Rauber «Je suis né à Sion, mais j’habite ici depuis l’âge de mes cinq ans. Mon père avait restauré une maison datant de 1788 à Pravidondaz. Je n’ai plus quitté le village», commente Norbert Rauber. Cet instituteur fraîchement retraité effectue toujours des remplacements et du coaching pour les étudiants de la Haute école pédagogique. Le Salins de ses jeunes années était typique de l’environnement rural d’altitude en Valais. Chaque famille possédait son coin de campagne et, souvent, du bétail. Neuf enfants sur dix n’allaient jamais en vacances. Durant leurs (très) longues pauses estivales qui s’étendaient de fin mai à début septembre, ils aidaient leurs parents aux travaux des champs. Parmi les loisirs figuraient le chant, le foot (le club local a disparu aujourd’hui) et bien sûr le ski. Rappelons que les champions internationaux Sylviane Berthod et Steve Locher sont natifs du lieu. «Dans l’ancienne école, il n’y avait qu’un seul fourneau à mazout par classe. Elle n’offrait que très peu de confort. Le nouveau centre scolaire avec ses grandes salles lumineuses et sa halle de gymnastique a métamorphosé la pratique de mon métier», souligne Norbert Rauber. Aujourd’hui, une population venue non seulement de Sion, mais aussi de Nendaz s’est établie dans l’un ou l’autre des quelque 15 hameaux qui composent Salins. Le panorama et la tranquillité constituent leurs principales motivations. Le seul bémol tient à l’espacement des différents quartiers, ce qui ne favorise pas la vie villageoise. Il existe bien un café, mais l’ouverture d’une épicerie serait souhaitable afin d’offrir un lieu de rencontre fixe où consolider ces liens.

Un nom à géométrie variable Du point de vue purement administratif, les archives dont nous disposons font toutes référence à Salins en tant que commune et paroisse du District et du Décanat de Sion. Ces documents recensent par contre de nombreuses et subtiles variations de l’orthographe du nom de ce village. Ces mutations incluent successivement les déclinaisons «Salen» en 1227, «Salein» en 1232 ; «Salayn», «Saleyn» et Salens vers 1250, de même que «Salaig» à la fin du XIIe siècle. Puis, on croise «Salino» en 1308, «Salens» en 1333, «Saleyns» en 1338, «Salinis» en 1346, «Salins» en 1352, «Salens» en 1438 et «Sallens» en 1484. Par la suite, on rencontre tantôt les formes «Salens», «Sallens» et, rarement, «Salin». Notre contemporain «Salins» s'impose quant à lui à partir de 1831.


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Claire-Lise Bonvin-Ecoffey Elle n’est pas native du lieu, mais cette experte comptable indépendante vit tout de même depuis 1996 à Turin. Ce statut lui donne du recul par rapport aux évolutions récentes, à commencer par la fusion : «Même en tant qu’habitante de la Commune de Salins, je me suis toujours sentie à ma place à Sion. La capitale nous a accueillis à bras ouverts. Nous avons été entendus par les autorités qui se sont engagées en faveur de notre intégration», précise-t-elle. En sa qualité d’élue, puis de présidente du conseil général sédunois, Claire-Lise Bonvin-Ecoffey a pu suivre ce processus de près. Mis à part les rares réticences de certains liées à la nécessité de se rendre en ville pour effectuer leurs démarches administratives, le bilan qu’elle-même en tire est très positif : «Nous sommes enchantés par l'encadrement scolaire que nous a apporté la fusion, ainsi que par les moyens dont des services tels que celui de l'édilité nous font bénéficier. Nos enfants ont maintenant accès à de multiples activités parascolaires. Un bus vient les chercher à Salins et les y ramène. La Ville de Sion a de surcroît mis à notre disposition l’ancienne poste comme salle pour nos sociétés locales. Nous la gérons nous-mêmes», se félicite-t-elle.

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SION SURPRENANT L’auriez-vous reconnue notre avenue du Midi, si la légende ne mentionnait pas son nom ? A l’heure de sa nouvelle mue, rien ne nous permet de reconnaitre l’avenue d’alors. Nous sommes ici en 1920 environ et ces majestueuses maisons de maîtres en imposent sur ce nouveau « boulevard » digne des grandes villes. Bordée d’acacias, la « nouvelle avenue du Midi » prolonge harmonieusement la place du même nom. Nouvelle, car sa création est encore récente. En 1886, un premier tronçon prolonge la place du Midi. Un second est réalisé 4 ans plus tard et débouche sur l’avenue de la Gare. A cette époque, la ville s’étend progressivement hors de son périmètre ancestral. La Municipalité dé-

finit alors son premier règlement des constructions (1894) et son premier plan d’extension (1897). Au centre de l’image, on distingue la villa du banquier Oscar de Werra dessinée par l’architecte Joseph de Kalbermatten. Elle avoisine l’imposant bâtiment de Jean-Jacques Kohler, propriétaire de vignes, que l’on devine à l’ouest en direction de l’avenue de la Gare. Au premier plan, à l’angle de l’avenue du Midi et de la rue des Remparts se trouve la maison d’habitation et le pressoir de Frédéric Varone, commerçant en vins du Valais et fruits en gros. En 1929, une annexe commerciale viendra s’ajouter à la maison et parfaire l’angle de la rue.


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Petite enfance

NOUVEAU VISAGE POUR LA POUPONNIÈRE VALAISANNE La plus grande crèche-nurserie de Sion a été agrandie et rénovée. Son point fort : de généreux espaces de jeux et de mobilité pour les petits.

Des poutrelles en métal qui parcourent les plafonds, des grands espaces géométriques. Il faut un œil avisé pour percevoir au sein de la Pouponnière valaisanne les traces de son passé industriel. A l’origine, le bâtiment abritait les ateliers mécaniques de Tavaro. En 2008, les jeux d’enfants ont remplacé le bruit des machines. Et aujourd’hui, après deux ans de travaux et quelque 6 millions de francs, le bâtiment s’offre une nouvelle jeunesse. La structure porteuse a été maintenue. Des patios ont été créés entre les deux corps principaux des bâtiments, dégageant de nouveaux espaces de jeu et d’accueil. La nouvelle toiture a été aménagée en terrasse. A voir les enfants courir à travers les patios, dévaler le toboggan qui relie les deux niveaux et remonter inlassablement les escaliers, nul doute que le pari des architectes du bureau sédunois Mijong a été relevé : laisser beaucoup d’espace de jeux, de détente et de mobilité aux enfants. Les couleurs et les matériaux choisis renforcent encore le sentiment d’espace et de liberté. «J’ai été très marquée par une crèche que j’avais visitée au Japon. Les enfants pouvaient courir, se déplacer partout. Je me suis dit : ça devrait toujours être comme ça. Et ce sont ces principes que nous avons repris à Sion», raconte Céline Guibat, co-fondatrice de Mijong. Rouverte le 10 août dernier, la plus grande crèche-pouponnière de Sion offre désormais 146 places d’accueil, soit 18 places supplémentaires. Pour l’instant, toutes ne sont pas occupées, ce qui offre à la Ville une petite réserve de capacité pour les prochaines années, dans un quartier de Champsec en pleine expansion. Cette réalisation conclut un cycle d’investissement de 10 millions de francs consacré aux structures de la petite enfance. Avec un total de 380 places, 110 en nurserie (3 à 18 mois) et 270 en crèche (18 mois à 4 ans), Sion peut répondre aux besoins des familles dans un délai moyen de 3 mois.

> © Céline Ribordy

Prochaine priorité : les UAPE La prochaine étape sera l’augmentation des places dans les UAPE. la demande est en constante croissance, tout spécialement durant la pause de midi. Dans le quartier de Châteauneuf, une nouvelle UAPE de 25 places est en cours de création dans le bâtiment de l’OSEO. Elle sera ouverte début janvier 2021 et complétera l’offre de La Cartouche (30 places). Au nord de la ville, le réaménagement du foyer Shalom est en cours de finalisation. Dès la rentrée 2021, ce sont 96 places (+ 28 places) qui seront à disposition des enfants du centre scolaire de Gravelone, aujourd’hui répartis sur deux sites. Pour la rentrée 2022, une nouvelle UAPE de 75 places sera créée dans le centre scolaire de Champsec. Enfin, des réflexions sont en cours pour créer une UAPE à Uvrier.

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Mobilité

> La passerelle baptisée Mosquito © Mijong

Mobilité

UNE PASSERELLE ENJAMBE LA LIENNE Ce pont réservé aux piétons et aux cyclistes relie Uvrier et St-Léonard et s’inscrit dans le réseau de mobilité douce de l’agglo.

Barrière naturelle entre les deux villages, la Lienne matérialise la frontière entre Uvrier et St-Léonard. Aucun franchissement n’existe entre la voie CFF et le Rhône. Mise en service à la fin de l’été, une nouvelle passerelle de mobilité douce vient changer cet état de fait. Fruit d’une collaboration entre les deux communes de St-Léonard et de Sion, l’ouvrage d’art a été réalisé dans le cadre d’un projet d’agglomération. «C’est une passerelle entre nous, au sens propre comme au sens figuré», explique joliment Claude-Alain Bétrisey, président de la commune de St-Léonard. Allusion aux différents dossiers désormais gérés en commun : police intercommunale, épuration des eaux, école et même église. La nouvelle passerelle permet désormais de se promener de part et d’autre de la Lienne et renforce l’attractivité de cette promenade très appréciée des habitants. L’aménagement des berges est en cours et devrait être achevée à l’automne 2021.

Mosquito Baptisé Mosquito, le projet choisi a été imaginé par les bureaux d’architecture de Preux Laurence et Mijong Architecture. Il est directement inspiré des lieux, avec d’une part un élément paysager constitué des deux chemins de terre battue qui longent la Lienne et d’autre part un élément industriel, avec la gare, les rails et l’écluse en amont. La force du projet réside dans sa modestie : intervention douce dans le paysage, économie des moyens constructifs, clarté et simplicité structurelle. La passerelle, svelte et aérienne, repose sur les fondations non visibles. L’acier perforé, traité pour résister aux intempéries, est situé dans les parapets et sol de la passerelle. Le maillage renforce la transparence et la flottabilité tout en se fondant dans l’environnement naturel. Le montage de la passerelle a été fait en atelier. L’élément fini a été posé par camion-grue sur les fondations.

A cet objectif détente et loisirs s’ajoutent encore des attentes en termes de mobilité douce. Le projet d’agglomération vise en effet à favoriser l’utilisation des modes de transport non motorisés. Ce nouveau franchissement permettra en effet de relier les deux entités urbanisées de St-Léonard et d’Uvrier entre elles et de les connecter au réseau cyclable principal de l’agglomération. «La passerelle renforce l’attractivité d’Uvrier et de St-Léonard comme lieu d’habitat et de travail. Elle améliore la sécurité des cyclistes. Enfin, elle diminue l’utilisation de la voiture et les nuisances qui y sont liées», résume la fiche du projet d’agglo. Reste encore à mieux faire connaître cette liaison et les possibilités nouvelles qu’elle offre !


Vivre ensemble

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Vivre ensemble

L’ÉTÉ SÉDUNOIS A FAIT LE PLEIN D’IMPULSIONS ! Durant 8 semaines, des animations gratuites ont été proposées au public les vendredis et samedis. L’été 2020 marquera sans doute les mémoires. Jamais il n’y aura eu autant de monde dans les rues du centre-ville, entre les touristes venus de toute la Suisse pour découvrir les charmes de la capitale valaisanne et les Sédunois restés dans leur ville. Pour distraire les visiteurs et soutenir l’économie locale, la Ville de Sion a mis sur pied un grand programme d’animations gratuites les vendredis et samedis du 3 juillet au 22 août. Près de 150 micro-événements ont été organisés au cœur de ville, avec toujours une attention particulière portée aux mesures sanitaires. Ces indispensables précautions n’ont rien enlevé au plaisir de ces impulsions estivales mises sur pied en quelques semaines, grâce à la bonne

volonté de nombreux artistes et partenaires locaux. Les amateurs de musique classique ont pu écouter les concerts de la Haute Ecole de musique, sur la place du théâtre. Les enfants avaient le choix entre les ateliers bricolage, contes et spectacles de magie, de jonglerie ou de cirque. Sur la place du Midi et l’espace des Remparts, le RLC proposait aux jeunes des tournois de babyfoot, des jeux, du badminton ou encore une silent party. Certains ont profité des balades gratuites proposées par l’Office du tourisme. Enfin, danseurs, échassiers, musiciens itinérants, caricaturistes et artistes de rue ont amené des instants de poésie au détour des rues.

> Photographies : © Florence Moix

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VIVRE SA VILLE SELON JACQUELINE CHOU Cette restauratrice volubile (de son propre aveu) et joviale préside le Marché de Noël. Et ce n’est pas un obscur virus qui l’empêchera de continuer à le faire rayonner.

D'ici et d'ailleurs

«Mon mari est cuisinier. Il est originaire de Hong Kong. Après un passage par Randogne, voilà 20 ans que nous avons ouvert notre établissement à l’espace des Remparts. Nous n’aurions pas pu nous installer ailleurs qu’à Sion», assure Jacqueline Chou avec une pointe d’accent qui lui vient de son Jura natal. Cette année 2020 marque donc un jubilé important pour le restaurant qu’elle gère avec son époux. Célébrera-t-elle l’événement ? «Peut-être nous contenterons-nous d’étonner nos clients en leur préparant des surprises. Nous verrons cela le moment venu», ajoute avec une confiance relative cette titulaire d’un CFC de spécialiste en restauration.

Une interlocutrice engagée Plus que jamais, Jacqueline Chou s’implique dans la promotion de la vie locale. Membre de l’association des restaurateurs, elle siège également au sein de la Société de développement de la capitale. Dans chacun de ces contextes, son approche reste inchangée: il s’agit d’instaurer un dialogue constructif avec ses interlocuteurs. Récemment, l’extension des terrasses ou la prolongation des heures d’ouverture ont été au centre des discussions. Selon elle, le coronavirus a en fait accentué l’urgence de réinventer les pratiques et les usages qui régissaient jusque-là le monde de la gastronomie. «Il est normal que des limites légales soient posées dans ce domaine. Parvenir à vivre ensemble de façon harmonieuse ne peut que passer par là», admet de bonne grâce cette mère de deux grands enfants de 24 et 26 ans (qui travaillent aux côtés de leurs parents).


D'ici et d'ailleurs

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Quid de l’édition 2020 ? L’évolution du COVID-19 étant quasi impossible à prédire, on se dirige vers une mouture réaménagée. «Dès le mois de mars, nos artisans m’ont fait part de leur vif intérêt à être présents lors de cette édition. Cet été, de nombreux marchés ont été annulés. Ils sont d’autant plus impatients de présenter leurs créations au public», commente Jacqueline Chou. Les sponsors, eux-mêmes impactés par la pandémie, sont beaucoup plus frileux. Des décisions devront sans doute être prises dans les ultimes moments. Y aurat-il de simples animations musicales en remplacement des concerts habituels? Les ateliers de bricolage pour les enfants auront-ils lieu ? Autant de questions qui étaient encore en suspens au moment de rédiger cet article.

> Le comité du Marché de Noël de Sion

L’amitié en héritage L’élément qui aura propulsé la dynamique restauratrice sur le devant de la scène est sans nul doute son accession à la tête du Marché de Noël en 2016. L’amitié qu’elle entretient avec l’ancienne présidente, Geneviève Praplan-Theler, en est à l’origine. Après une période d’observation, Jacqueline Chou a accepté de rejoindre ce groupe de neuf bénévoles qui gèrent toute l’organisation de la manifestation.

Cet engouement en vient même à poser la question de la taille future à donner à ce rendez-vous. «De nombreuses personnes me suggèrent d’étendre le marché aux espaces voisins, comme la rue de la Porte-Neuve. Ce n’est pas si simple. Une bande de trois mètres doit être libérée pour garantir l’accès des services d’urgence, comme la police, les ambulances ou les pompiers», précise la restauratrice.

Après une première édition sur la place de la Planta, ce carrefour commercial dédié aux artisans-créateurs a investi la Place du Midi où il n’a cessé de faire florès. Aujourd’hui, le marché de Noël s’étend également à la rue du Scex et l’espace des Remparts et totalise plus d’une centaine de stands. Outre sa célèbre crèche vivante, le marché propose notamment des animations musicales sur une scène. Il est à souligner que, en plus d’une aide financière, la Ville accorde un important soutien logistique à cette manifestation, en particulier au travers des prestations de la voirie qui lui sont offertes.

À taille humaine

Il y a foule Les statistiques de fréquentation ne sont pas effectuées chaque année. Les dernières disponibles remontent à 2018. Pas moins de 57’000 visiteurs avaient foulé les travées sédunoises durant cette quinzaine. L’an passé, ce chiffre a été, à l’évidence, largement dépassé. La présence de l’émission Cœur à cœur de la RTS-La Première n’est pas étrangère à ce véritable plébiscite.

Jacqueline Chou en est persuadée, Sion n’a pas vocation à concurrencer des mastodontes comme Montreux ou Strasbourg. De par les retours qu’elle obtient, la présidente note d’ailleurs que la capitale valaisanne attire depuis maintenant deux ans un public en mal de productions authentiquement artisanales. Car pour obtenir un stand, les postulants doivent démontrer qu’ils procèdent à une transformation effective des matériaux qu’ils utilisent, tels que le métal ou le bois. En dépit du contexte sanitaire actuel (voir encadré), le Marché de Noël continue à séduire les Sédunois et les visiteurs plus lointains, ceci aussi bien par sa taille que par son positionnement. Selon sa présidente, une touche de clinquant siérait bien à cette manifestation, un peu comme une bonne étoile qui la guiderait vers un futur radieux.

www.mdnsion.ch


Dossier

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> Vue par drone de l'espace rendu au public en septembre 2020 © OCA

Archéologie

FEUILLETER LE TEMPS, AU CŒUR DE LA PIERRE Site funéraire d’exception, la basilique Sous-le-Scex est désormais mise en valeur au cœur d’un nouvel espace de détente à deux pas du centre-ville.

«Contrairement à Martigny où l’Antiquité romaine prédomine, on trouve à Sion des vestiges de toutes les périodes de l’Histoire, de 5 000 ans avant notre ère jusqu’à l’époque moderne. On ne s’attendait par contre pas à faire une telle découverte à cet emplacement-là», commente l’archéologue cantonale Caroline Brunetti. L’inauguration du site revisité de la basilique Sous-le-Scex à la mi-septembre est venue couronner cette célébration du riche passé de notre cité, celui-là même qui intéresse des institutions aussi prestigieuses que le British Museum. Située au sud de la colline de Valère et à proximité immédiate du centreville, la basilique constitue l’un des plus anciens témoignages de la chrétienté en Suisse. Rien de moins. Cette rareté explique l’aura internationale

qu’elle a acquise. Son plan est de surcroît complet et elle est en parfait état de conservation. Erigée au cinquième siècle, elle est redécouverte dans les années 1980, soit au moment où a été construit le parking du Scex.

L’épaisseur du temps Les fouilles ont été initiées en 1984. L’archéologue cantonal François-Olivier Dubuis confie la phase exploratoire à Alain Gallay, professeur de préhistoire de l’Université de Genève. Plusieurs autres intervenants, dont le Bureau Hans-Jörg Lehner, confirment le statut d’édifice paléochrétien de la basilique. L’excavation de l’église dure jusqu’en 1992. Les travaux révèlent les différentes étapes de sa construction au travers des âges. Au total, ce ne sont pas moins de 500 sépultures et 1 000 défunts qui ont été recensés ici. Dans les


Patrimoine

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années suivantes, de nouveaux vestiges sont découverts aux abords immédiats de la bâtisse religieuse.

Un patrimoine exceptionnel mis au jour «Ici comme ailleurs en Valais, nous pratiquons une archéologie de sauvegarde visant à documenter les vestiges avant leur destruction lors de travaux. Nous agissons dans l’urgence. Puisque les techniques modernes permettent de creuser de plus en plus profond, nous avons désormais accès à des strates bien plus basses qu’auparavant. À Sion, les vestiges du Néolithique sont concentrés entre sept et dix mètres de profondeur par rapport au niveau de marche actuel», explique Caroline Brunetti. Comment mettre en lumière ce patrimoine archéologique exceptionnel ? En 2001, une première valorisation du site est menée à bien. Pour aller plus loin et mûrir le projet actuel, dix ans d’efforts, parfois ponctués de tensions seront nécessaires. La Municipalité est propriétaire d’un tiers du terrain et l’État des deux tiers restants. Un concours d’architecture et de nombreuses études ont donné sa forme actuelle au site.

L’histoire continue ... Sur le plan visuel, les tombes médiévales sont symbolisées par des plaques en acier, alors que les contours de l’église funéraire du Haut Moyen Âge sont stylisés sur la plateforme qui recouvre les vestiges conservés. Un aménagement réalisé par le Service des parcs et jardins vient encadrer cette représentation. «Il ne s’agit pas de contempler des ruines mais d’intégrer ce tracé de sol issu d’un lointain passé à la vie d’aujourd’hui», résume Jean-Paul Chabbey, l’architecte de la Ville et chef du service des bâtiments et constructions.

> Vue de l'église funéraire à la fin des fouilles des sépultures médiévales en 1992 © Bureau Lehner/OCA

Deux livres pour une immersion Deux ouvrages accompagnent l’inauguration du complexe de Sous-le-Scex. Publié dans les Cahiers d’archéologie romande, le premier documente les fouilles entreprises et dresse la synthèse des découvertes liées au lieu. Cet ouvrage scientifique est réservé à un lectorat spécialisé. Le second recueil s’adresse au grand public. Placé sous la direction de Caroline Brunetti, il s’intitule Sion Sous-le-Scex. Des millénaires d’histoire au pied de Valère. Sur à peine plus de 100 pages y sont présentés les éléments essentiels en lien avec ce lieu de mémoire.

Rien de morbide donc, mais plutôt une incitation à savourer l’instant présent. Jeunes et moins jeunes ne s’y sont pas trompés. Déjà, ils sont nombreux à se réapproprier cet espace où près de 300 générations de Sédunoises et Sédunois les ont précédés. Ce site donne la mesure de la longue lignée de nos aïeux, depuis le Néolithique et sur sept millénaires, jusqu’à l’éclosion des quartiers des Tanneries et de la Lombardie aux XIVe et XVe siècles. «Malgré des événements naturels récurrents, comme les inondations de la Sionne, ces traces illustrent que nos ancêtres ont bénéficié d’une qualité de vie tout à fait appréciable dans cet environnement urbain», conclut Caroline Brunetti.

> Inscription funéraire romaine brisée sur tous les côtés et réutilisée dans la construction d'une tombe maçonnée médiévale © Bureau Lehner/OCA


Dossier

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Associations

LA POLOGNE, SI LOINTAINE ET SI PROCHE​ Si elle est peu connue de la majorité de nos concitoyens, la communauté polonaise de Sion y joue pourtant un rôle actif.

Goût immodéré pour l’alcool et conservatisme religieux. Les Valaisans ne sont pas les seuls à devoir affronter certains préjugés. Les Polonais aussi. La réalité est pourtant bien différente. «Plusieurs prêtres de notre pays œuvrent dans les environs, mais nous sommes une structure purement laïque. Notre mission consiste à diffuser notre culture. Nous travaillons au renforcement des échanges entre nos communautés», explique Anita Siennicka Boulé qui préside l’Association polonaise du Valais, créée en 2016 à l’initiative de mères de famille qui se sont rencontrées dans le cadre de l’école polonaise. L’an passé, l’Association polonaise en Valais a proposé un cycle de trois soirées cinéma. Ces séances ont connu un vif succès, attirant bon nombre de Sédunois. La culture constitue, de fait, un vecteur qui favorise grandement les échanges. Aux yeux de beaucoup pourtant, la barrière de la langue paraît infranchissable. «Ce n’est pas le cas. Tout un chacun peut prendre des cours à Sion. Nos enfants ont la possibilité d’apprendre et de pratiquer la langue à l’école polonaise qui fonctionne depuis de nombreuses années», ajoute Ania Clivaz-Feliksiak.


Associations

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> Anita Siennicka Boulé (gauche) et Malgorzata Cybulslea Cerruti représentantes de la communauté polonaise de Sion et entourées d'objets symboliques de la Pologne, issus de l'artisanat et de collages traditionnels © Louis Dasselborne

«Longtemps, la Suisse est restée difficile d’accès pour nous. Ce n’est qu’avec l’entrée de la Pologne dans l’Union européenne en 2005 que nous avons pu nous y rendre de façon plus aisée», note Ania Clivaz-Feliksiak qui appartient, elle aussi, à l’association. Le programme d’échanges estudiantin Erasmus a été l’occasion de séjours prolongés en Pologne pour de jeunes Valaisans et Sédunois. Des rencontres s’y sont faites, donnant naissance à des couples mixtes dont beaucoup se sont installés en Valais.

Une diaspora très active

Des migrations successives L’an passé la Suisse et la Pologne ont célébré les 100 ans de leurs relations diplomatiques, instaurées un an après l’indépendance du pays. A cette occasion le président de la Confédération Ueli Maurer avait été accueilli à Varsovie par son homologue, le président Andrzej Duda. Comme souvent, les vagues de migrants se sont calquées sur les épisodes charnières de l’Histoire. Ainsi à Sion, ce sont les militaires internés durant la Seconde Guerre mondiale qui ont figuré parmi les premiers arrivants. Il s’agissait de simples soldats, pour la plupart des paysans, originaires de régions pauvres. Les officiers, eux, étaient placés dans des villes plus importantes où beaucoup poursuivaient leurs études. Après 1981, plusieurs familles polonaises ont émigré en Valais. Leur pays était alors en état de siège. En 1989, la chute du mur de Berlin - qui avait été amorcée par l’émergence du syndicat Solidarité - a encore davantage ouvert les frontières.

Il n’existe pas de recensement précis du nombre de ressortissants polonais vivant en Valais. Une partie d’entre eux sont des saisonniers employés dans l’agriculture. Ils seraient près de 600 au bénéfice d’un permis temporaire à travailler dans nos vignes et nos vergers, en particulier dans la région de Martigny et de Saxon. Comme ils maîtrisent mal le français, ces ouvriers s’intègrent peu à la vie locale. À l’inverse, Sion abrite une diaspora qui, elle, cherche à prendre une part active dans notre ville. Bon nombre de ces personnes évoluent dans le secteur de la santé. «Nous entretenons d’excellentes relations avec la Municipalité. Depuis trois ans, nous participons avec beaucoup de plaisir aux rencontres interculturelles Redida et au Chemin des Crèches», confirme Anita Siennicka Boulé. D’autres connexions, parfois plus surprenantes, ont été développées. Nos bûcherons entretiennent notamment des contacts suivis avec leurs confrères de la patrie de Chopin et de Marie Curie. Des musiciens se produisent chez nous et plusieurs étudiants de haut niveau fréquentent la HES-SO ou la filiale de l’EPFL.

Le souvenir de Jean-Paul II Ces passerelles vont en se multipliant. Peut-être que cette intensification des relations n’est pas étrangère à un geste fort dont un Polonais demeuré célèbre a gratifié notre cité. Lors de sa venue en terre sédunoise en juin 1984, le pape Jean-Paul II avait élevé l’église de Valère à la dignité de basilique, dans l’un de ces élans du cœur qui le caractérisaient. Lui-même issu d’une région de montagne, le souverain pontife avait été subjugué par nos paysages. Ce coup de foudre, ses compatriotes le perpétuent aujourd’hui.


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Dossier

Agenda novembre 2020 – avril 2021

VOYAGER DANS LE TEMPS A TRAVERS LES ARCHIVES Dès cet automne, les Archives de l’Etat du Valais et l’Office du Tourisme de Sion proposent «Les trésors du Valais», une visite privilège qui fera revivre plus de 1000 ans d’histoire !

personnages tels que François 1er, Louis XIV, Napoléon ou encore Eisenhower. Ces trésors témoignent de la position centrale du Valais dans l’histoire européenne voire mondiale.

années 1960. Finalement, grâce à «Si on délire» et aux deux comédiens qui l’animent, les richesses patrimoniales de Sion deviennent objets de fiction, prétextes au rire et à la détente.

Créé pour les troupes cantonales militaires à la fin du XIXe siècle, l’ancien arsenal cantonal est aujourd’hui le nouvel écrin pour le patrimoine documentaire valaisan. Il abrite notamment les 17 kilomètres d’archives conservées par les Archives de l’Etat du Valais qui documentent plus de 1000 ans d’histoire valaisanne.

Cette nouvelle offre, proposée une fois par mois et sur réservation pour les groupes, vient compléter la palette déjà riche des visites organisées par l’OT. Citons notamment le «Sion & Wine Tour», par exemple, qui a obtenu le Prix Suisse de l’oenotourisme dans la catégorie Innovation et Découverte. Cette balade vous ouvre les portes de la Tour des Sorciers et des thermes romains, un verre à la main. Accompagnés d’un guide du patrimoine, découvrez également le Couvent des Capucins, sis au nord de la ville : un monument, deux facettes à découvrir, l’une de 1631 et l’autre, moderne des

Le personnel de l’Office du Tourisme vous accueille volontiers à la Place de la Planta, du lundi au samedi toute l’année et également le dimanche en juillet et août et vous donnera toutes les informations sur Sion et sa région.

Durant la visite «Les trésors du Valais», les participants pourront découvrir, en 1h30, 13 précieux documents d’archives jamais présentés au public dont les plus anciens documents écrits du Valais. Il sera ainsi possible de côtoyer de grands

Expositions Destination collections Jusqu’au 10 janvier 2021 Le Pénitencier – centre d’exposition musees-valais.ch 20 ans de donations Du 28 novembre 2020 au 26 septembre 2021 Musée d’art du Valais musees-valais.ch De l’or au bout des doigts Musée d’histoire du Valais musees-valais.ch Lichens – Une vie à deux Jusqu’au 30 avril 2021 Musée de la Nature du Valais musees-valais.ch

Atelier de François Pont, atelier partagé [estampes] Du 8 novembre au 14 janvier 2021 Ferme-Asile ferme-asile.ch

Sandrine Pelletier Cascades Jusqu’au 3 janvier 2021 Ferme-Asile ferme-asile.ch Pincées de sciences Du 27 novembre 2020 au 24 janvier 2021 Ferme-Asile ferme-asile.ch Artists meet Fellini Jusqu’au 17 janvier 2021 Maison du Diable – Fondation Fellini pour le cinéma maisondudiable.ch Natures intimes – Collection du Nouvelliste Du 7 novembre au 20 décembre 2020 Grenette – galerie de la Ville de Sion lagrenette-sion.ch Valérie Caillet-Bois Du 22 janvier au 13 février 2021 Galerie Grande Fontaine galerie-grande-fontaine.ch

Jean-Paul Blais et Yohei Nishimura Du 19 février au 13 mars 2021 Galerie Grande Fontaine galerie-grande-fontaine.ch Jean Siegenthaler Du 19 mars au 17 avril 2021 Galerie Grande Fontaine galerie-grande-fontaine.ch

Spectacles, concerts Théâtre de Valère Rue du Vieux-Collège 22 theatredevalere.ch Petithéâtre Rue du Vieux-Collège 9 petitheatre.ch Théâtre Interface Route de Riddes 87 theatreinterface.ch Théâtre Alizé Route de Riddes 87 alize-theatre.ch

Jean-Marc Jacquod Directeur de l’Office du tourisme de Sion

Teatro comico Avenue du Ritz 18 teatrocomi.co Le Port Franc Route de Riddes 87 leportfranc.ch Le Point onze Rue du Grand-Pont 11 facebook.com/point11sion

Manifestations Les trésors du Valais, Visite guidée de l’OT 26 novembre à 17h30 siontourisme.ch Championnat suisse de natation en petit bassin Du 13 au 15 novembre 2020 Piscine couverte de l’Ancien Stand swimsion2020.ch Les trésors du Valais, Visite guidée de l’OT 19 décembre à 10h siontourisme.ch


Agenda

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1 Le Syndrome du banc de touche de Léa Girardet, au Théâtre de Valère le 29 septembre dernier, © Pauline Le Goff 2 Place des Tanneries, © Florence Moix 3 Travail des élèves de Sion © Céline Ribordy 4 Concert sur l'espace des Remparts, © Florence Moix

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Marché de Noël Centre-ville Du 8 au 23 décembre 2020 mdnsion.ch

Académie de musique Tibor Varga Du 11 au 21 février 2021 sion-academie.ch

Chemin des crèches Itinéraire en vieille ville Du 8 décembre 2020 au 6 janvier 2021

Finales Coupes du Monde FIS Skicross et Snowboardcross Du 19 au 21 mars 2021 Piste de l’ours worldcupveysonnaz.com

Trail des châteaux 12 décembre 2020 Départ et arrivée place de la Planta traildeschateaux.ch Festival d’art sacré Du 6 décembre 2020 au 10 janvier 2021 Cathédrale de Sion maitrise-cathedrale.ch Courses Coupes du Monde FIS Paralympic ski alpin Du 18 au 24 janvier 2021 Piste de l’ours veysonnaz-timing.ch Carnaval de Sion Du 11 au 15 février 2020 Place de la Planta carnaval-sion.ch

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Concours international de Violon Tibor Junior Du 5 au 10 avril 2021 Eglise des Jésuites sion-academie.ch 74e Tour de Romandie 1er mai 2021 Etape Sion - Thyon 2000 tourderomandie.ch

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AVERTISSEMENT Cet agenda propose une sélection d’événements, sous réserve de modification. Il est possible que certaines manifestations soient annulées ou déplacées en raison de la crise sanitaire. Pour connaître l’intégralité de l’offre actualisée, nous vous prions de vous référer aux sites des organisateurs ou consulter l’agenda de siontourisme.ch ou de sion.ch.


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Prix de la Ville de Sion 2020

Prix de la Ville de Sion 2020

MADELEINE BOLL, PIONNIÈRE DU FOOTBALL FÉMININ Madeleine Boll s’est inlassablement engagée au service de l’égalité et du sport. Par son brillant parcours, elle a contribué à faire rayonner Sion au-delà des frontières cantonales et nationales.

«J’ai vécu une belle aventure». Les mots simples de Madeleine Boll, grande dame du football suisse lorsqu’elle commente son destin hors-norme de pionnière du football féminin. Tout commence au mitan des années 1960. Une époque où les femmes n’ont pas le droit de vote et ne peuvent travailler sans l’autorisation de leur mari. Pour les jeunes filles, les loisirs passent par la danse, le piano et les travaux d’aiguilles. Pas pour Madeleine Boll qui s’essaie au foot en accompagnant un camarade d’école à l’entraînement du FC Sion. Elle fait ses pre-

mières passes en jupe plissée et convainc l’entraîneur de l’intégrer aux juniors du club. A 12 ans, elle devient la première fille à obtenir sa licence. Elle participe alors à un match des juniors C du FC Sion en ouverture de la confrontation de coupe d’Europe entre le FC Sion et Galatassaray. La presse s’intéresse à cette jeune fille qui tape dans le ballon aux côtés des garçons. Son histoire est relatée dans le monde entier. Cette médiatisation soudaine entraîne la révocation de sa licence au prétexte que le football n’est pas un sport pour les filles.

Engagement pour le droit des femmes

> Madeleine Boll à 3 ans, 1956 © archives personnelles de Madeleine Boll

> Interview de Madeleine Boll © Pentamedia, Archives de la Ville de Sion, 2019

> Christine Lafelly et Madeleine Boll. Victoire à Bulle de l’équipe féminine du FC Sion, Champion Suisse, saison 1976-1977 © archives personnelles de Madeleine Boll

Madeleine Boll se bat alors pour le droit des femmes à jouer au foot et contribue à l’éclosion du football féminin en Suisse. Elle mène ensuite une carrière en Italie avant de rejoindre l’équipe féminine du FC Sion fraîchement créée. Elle participe, avec six joueuses du FC Sion Féminin ainsi que l’entraîneur Jacques Gaillard de Sion au premier match de l’Equipe Nationale Féminine Suisse de football le 8 juillet 1970, le jour de son 17e anniversaire. Six ans plus tard, comme capitaine, elle gagne avec le FC Sion la première Coupe de Suisse féminine mise en jeu par son père Jean Boll, à l’époque président de la Ligue féminine de football. Son engagement pour la promotion du football féminin et sa lutte contre les discriminations dans le monde du sport se poursuivent ensuite auprès de l’Association suisse de football. Sur proposition de la commission culturelle, le conseil municipal lui a attribué le Prix de la Ville de Sion 2020, décerné une fois tous les 4 ans. De par son brillant parcours et son engagement contre le sexisme dans le monde du sport, Madeleine Boll a contribué à faire rayonner l’image de Sion bien au-delà des frontières cantonales et nationales. Doté d’un montant de 10 000 francs, le Prix de la Ville de Sion est une marque de reconnaissance qui récompense «une personne ou une organisation s’étant particulièrement distinguée et dont l’activité ou l’oeuvre met en évidence Sion ou le Valais».



36 SION 21

Ville de Sion
 Hôtel de Ville
 1950 Sion 2

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