Les cahiers de l'asdifle n°27

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Espaces linguistiques académiques : approche descriptive, le cas de la francophonie universitaire

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Patrick Chardenet Université de Franche Comté UR-ELLIADD (Édition Langages Littératures Informatique Arts Didactique Discours) CEDISCOR-SYLED EA 2290 (Centre de recherche sur les discours ordinaires et spécialisés) Agence universitaire de la Francophonie (Antenne Amérique Latine du Bureau des Amériques)

Résumé Si le terme « francophonie » est aujourd’hui plus ou moins assimilé dans l’espace académique des établissements d’enseignement supérieur et des pays qui ont le français comme langue officielle, on peut se demander à partir de quels degrés de différence, quels niveaux d’analyse (lexique, syntaxe, sémantique, pragmatique, discours), il est possible de considérer que la variation entraîne la séparation d’une langue en langues (français de France ; français d’Afrique ; français du Québec…). Autant de questions qui justifient l’existence d’un terme qui, à la fois englobe un espace (territorialisé et déterritorialisé) et rend compte de variants qui le composent. Cependant, cette notion qui est une construction d’abord politique, ne va pas de soi pour les non-francophones et que parler par exemple d’hispanophonie, de lusophonie, d’anglophonie, etc... n’a guère de sens pour les acteurs sociaux des espaces qu’elles désignent1. Construire le monde en x-phonies, relèverait en partie d’une perception purement politique et francophone et la « Francophonie » en serait l’avatar. La francophonie existe-t-elle autrement que par les discours qui l’instaurent ? En quoi la notion senghorienne de « participant « serait-elle distincte de celle de « locuteur » ? De deux choses l’une : ou les langues sont des objets sans qualités et la formation discursive francophoniste essentialiste distinguant la francophonie, provoque aussi la construction d’un discours anti-francophone par une rétroaction 1. Dans un ouvrage édité en 2008 par Patrick Dahlet, Francofonía, Hispanofonía, Lusofonía : migración, mestisaje, y creación, à la suite du colloque Rostros de la francofonía- primavera 2008, Editorial Aldus, Mexico, ces termes figurent comme convoqués par le discours francophone français (l’Ambassade de France est l’organisateur du colloque, conjointement avec la Facultad de Ciencias Políticas y Sociales de la Universidad Nacional Autónoma de México). L’un des contributeur évoque à cet égard un effet de camouflage discursif : «  Francofonía, Hispanofonía, Lusofonía :he allí tes espacios de camuflaje multipolar ; tres espacios geopolíticos, geoeconómicos, geoestratégicos por excelencia. » (Fabien Adonon Djogbénou, p.53). Espaces linguistiques académiques…

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