






Guilhem Lesaffre, à la fois professeur de lettres et naturaliste de terrain, se passionne pour la nature et les oiseaux depuis plus de quarante ans. Auteur et traducteur de nombreux ouvrages, dont certains sont devenus des références pour les ornithologues de terrain en France, il a été lauréat du Grand Prix du Festival du Livre de Nature en 2002 pour Le Grand Envol (éditions du Chêne), traduit en plusieurs langues. Il fait aussi partager sa passion lors de conférences et d’émis-sions de radio. Engagé depuis quarante ans dans la vie associative afin de mieux préserver espèces et milieux, il est vice-président du Centre orni thologique d’Île-de-France (CORIF). Il est administrateur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Catherine Levesque est journaliste, auteure et blogueuse, spécialisée dans les domaines de la nature et de l’écologie. Militante depuis sa prime jeunesse (LPO, FCPN…), elle est membre de l’Association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE). Auteure de nombreux ouvrages sur les oiseaux, la mer, la randonnée, la biodiversité, l’éco-citoyenneté, pour la jeunesse et le grand public, elle a collaboré à de nombreux magazines et quotidiens nationaux. Elle rédige également la newsletter mensuelle du Festival international du film orni-thologique de Ménigoute.
Emmanuel Risi est docteur vétérinaire, passionné de faune sauvage et de la médecine de ces espèces. Après avoir été Praticien Hospitalier à l’École natio nale vétérinaire de Nantes et au Centre vétérinaire de la faune sauvage de Nantes, il exerce aujourd’hui au sein de la clinique FAUNEVET au Centre hospitalier vétérinaire Atlantia à Nantes, en médecine des nouveaux animaux de compagnie et animaux de parcs zoologiques.
La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est l’une des pre mières associations de protection de la nature en France. Présente dans 79 départements et forte de 46 000 adhérents, elle soutient un réseau de plus de 22 000 « Refuges LPO » où des particuliers s’engagent à protéger la nature. Elle agit au quotidien pour la sau vegarde de la biodiversité, à partir de sa vocation de protection des oiseaux. Elle est présidée par Allain Bougrain Dubourg.
Son activité s’articule autour de trois grandes missions : la protection des espèces, la préservation des espaces et la sensibilisation.
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Le rôle du jardin dans la vie des oiseaux
Le jardin, un milieu à part entière 14 Du jardin enclavé au réseau de jardins 15 « Mon » rougegorge ? 17 À manger et à boire 19 La sécurité en question 21 Haltes bienvenues pour les migrateurs 23
Des sites accueillants 25
De la jardinière à la terrasse 28
De la ville… 30 … à la campagne 32
Le jardin public : du square… 34 … au parc 36
Des jardins et des régions
L’influence du climat 40
Le jardin « océanique » 44
Le jardin « continental » 48
Le jardin montagnard 52
Le jardin méditerranéen 56
Un peu de géographie 60
Le calendrier des oiseaux du jardin - Janvier 64 - Février 66 - Mars 68 - Avril 70 - Mai 72 - Juin 74 - Juillet 76 - Août 78 - Septembre 80 - Octobre 82 - Novembre 84 - Décembre 86
Accueillir les oiseaux dans son jardin
Où nichent les oiseaux ? 90
Un jardin favorable à la nidification 94
Les nichoirs artificiels 96
Des nichoirs à faire soi-même 100
Des nichoirs atypiques 102
Des nichoirs vendus dans le commerce 104
L’aménagement des bâtiments 105
Le cas des hirondelles 107
Accueillir les martinets 110
Des hôtes de marque 111
Le Traité des oiseaux du jardinNourrir les oiseaux du jardin
Que mangent les oiseaux du jardin ? 114
Le nourrissage artificiel 116
Un plaisir quotidien 120
Les différents modèles de mangeoires 121
L’ eau : boisson et ablutions 126
Protéger les oiseaux et votre jardin
Les réponses du vétérinaire 132
Capturer un oiseau en difficulté 136
Qui mange les oiseaux du jardin ? 138 Quand les oiseaux sont en danger 140 Quand les oiseaux posent des problèmes 142 À propos des zoonoses 144
Observer les oiseaux du jardin
Indispensables jumelles 148
Les appareils de prise de vues 150
Utiliser jumelles et télescope 156
Les secrets de l’observation 158
Les techniques d’observation 160
La prise de notes 162
Les surprises du jardin 164
Un peu de théorie 170
Le lieu et l’époque 172
Le comportement, clé d’identification 174
Les couleurs du plumage 178
Les détails du plumage 180
Les signes distinctifs et la taille 182
Le vol 184
Les jeunes oiseaux 186
La voix 188
Les espèces des jardins de France
Les coquilles 194
Les plumes 196
L’accenteur mouchet 198
La bergeronnette grise 202
La bergeronnette des ruisseaux 206
Le bouvreuil pivoine 208
Le bruant zizi 212
Le canard colvert 214
Le chardonneret élégant 216
La chevêche d’Athéna 220
Le choucas des tours 222
La chouette hulotte 224
La corneille noire 226
L’épervier d’Europe 230
L’étourneau sansonnet 232
Le faucon crécerelle 236
La fauvette mélanocéphale 240
La fauvette à tête noire 242
La foulque macroule 248
Le geai des chênes 250
Le gobemouche gris 254
Les goélands argenté et leucophée 258
Le grimpereau des jardins 260
La grive draine 264
La grive litorne 268
La grive mauvis 270
La grive musicienne 272
Le grosbec casse-noyaux 276
L’hirondelle de fenêtre 280
L’hirondelle rustique 282
La huppe fasciée 286
La linotte mélodieuse 288
Le martinet noir 290
Le merle noir 292
La mésange bleue 296
La mésange charbonnière 300
La mésange huppée 304
La mésange à longue queue 306
La mésange noire 310
La mésange nonnette 312
Le moineau domestique 316
Le moineau friquet 320
La mouette rieuse 324
Le petit-duc scops 326
Le pic épeiche 328
Le pic épeichette 332
Le pic vert 336
La pie bavarde 340
Le pigeon biset de ville 344
Le pigeon colombin 346
Le pigeon ramier 348
Le pinson des arbres 352
Le pinson du Nord 356
Le pouillot véloce 358
La poule d’eau 362
Le roitelet huppé 364
Le roitelet à triple bandeau 366
Le rossignol philomèle 368
Le rougegorge familier 370
Le rougequeue à front blanc 374
Le rougequeue noir 378
Le serin cini 380
La sittelle torchepot 382
Le tarin des aulnes 386
La tourterelle des bois 388
La tourterelle turque 390
Le troglodyte mignon 394
Le verdier d’Europe 398
Les autres oiseaux du jardin 402
Anatomie et physiologie de l’oiseau
Le plumage 410
La croissance et la mue 412
Le squelette 413
L’ appareil musculaire 415
L’ appareil respiratoire et circulatoire 416
L’ appareil digestif 420
L’ appareil reproducteur 421
Les sens 423
Glossaire
Bibliographie
Carnet pratique
iconographiques
Le Traité des oiseauxBien des jardins sont, pour un certain nombre d’espèces, des milieux d’accueil, et ceci se vérifie mieux encore en zone urbanisée. Certes, il existe des jardins inhospitaliers pour diverses raisons, et d’autres au contraire très attractifs. Entre ces deux extrêmes, on rencontre une importante proportion de jardins où les oiseaux parviennent à trouver des conditions de vie susceptibles de leur convenir pour quelques heures, ou quelques années...
Le terme « milieu » – dans le sens général d’entité écologique – est couramment utilisé par le néophyte comme synonyme de « milieu naturel ». Pour les écologues, cette équivalence n’a pas de sens. Un milieu, même modifié par l’homme, est tout simplement un milieu, et le jardin, milieu anthropique par excellence, c’est-à-dire « fait par l’homme », peut être abordé et étudié comme tel.
Envisagé comme un milieu, le jar din prend une dimension nouvelle, lar gement méconnue. Il ne se réduit plus, comme on l’a longtemps considéré, à un lieu valant par son esthétique, son agrément ou sa production. Il devient un endroit où la vie existe, où la nature « sauvage » réussit à s’immiscer, le trans formant en maillon dans la préservation de la biodiversité. Les naturalistes, qu’ils soient chercheurs professionnels ou simples amateurs, l’ont bien compris. Leurs travaux ou leurs observations rela tifs aux jardins paraissent dans des publi cations scientifiques ou associatives tou chant à tous les domaines du vivant. Les oiseaux et les insectes comptent parmi les sujets d’intérêt les plus féconds – les seconds, en particulier, en raison notam ment du rôle, négatif ou positif, qu’ils peuvent jouer dans un jardin.
La végétation (et le type de sol qui la détermine dans une large mesure) et le climat constituent le « milieu » que forme le jardin, ou ont une influence sur
Un milieu façonné par l’homme, où l’oiseau, telle cette tourterelle perchée sur un portique en bois, peut trouver son bonheur...…
lui. Ces éléments dépendent eux-mêmes de la situation géographique (voir cha pitre 2). En fonction de ces paramètres fondamentaux, les animaux qui peuplent le jardin seront différents, qu’il s’agisse des insectes, des mammifères, des rep tiles et batraciens ou des oiseaux.
À noter : dans ce traité, le terme « micro-milieu » désigne telle ou telle composante d’un jardin (une haie, un bosquet de bouleaux ou une mare), ou encore une modeste jardinière sur un balcon...
• Le recours au terme « sauvage » n’est pas anodin. Il témoigne d’un refus, d’un rejet de ce qui n’a pas été dompté, asservi ou façonné par l’homme. La « bête sauvage » persiste d’ailleurs dans l’inconscient collectif – le loup du « Petit Chaperon rouge » l’illustre à point nommé. De même, le végétal sauvage, la « mauvaise herbe », continue en règle générale d’inspirer au jardinier une véritable répulsion. Et pourtant, ce sont ces « herbes folles » – l’expression est symptomatique d’une évolution des mentalités – qui fournissent aux oiseaux une bonne part de leur subsistance...
Si végétation et climat sont des facteurs essentiels pour le milieu que représente le jardin, deux paramètres écologiques ont aussi une influence déterminante : la taille du jardin et son degré d’intégration ou d’isolement.
Bien qu’elle ne détermine pas tout, la taille du jardin apparaît comme un para mètre non négligeable. S’il est exact qu’un grand jardin peu varié est moins riche, no tamment en oiseaux, qu’un petit jardin à la diversité affirmée, on peut comprendre qu’un vaste jardin qui réunit divers « micro-milieux » recèle une plus grande richesse biologique. Toutefois, un jardin
de surface réduite en jouxtant un ou plusieurs autres bénéficie de cette proxi mité et présente davantage d’intérêt qu’un jardin étendu mais plus isolé.
Plus un jardin se trouve en re lation avec d’autres jardins, ou, mieux encore, avec d’autres milieux, plus grande
Le jardin comme élément d’un « réseau vert ».
• À une époque où l’emprise de l’homme sur la nature et les paysages se fait chaque jour plus sensible, où les pratiques agricoles modernes entraînent leur lot d’inconvénients – sinon de dommages –pour la faune, les jardins apparaissent souvent comme des refuges pour la vie sauvage. Et ce d’autant plus qu’y sont respectées quelques règles de bon sens, surtout dans le choix des végétaux et en matière d’utilisation de pesticides. Un jardinier sur deux recourt à ces produits (soit un total de 8 000 tonnes), et l’on estime que les jardiniers amateurs, souvent peu informés des véritables risques environnementaux, seraient responsables du quart de la pollution des eaux de surface et des nappes phréatiques. Un phénomène qui touche au premier chef insectes et oiseaux... Quand l’on sait que 60 % des Français possèdent un jardin, soit une surface totale supérieure au million d’hectares ou environ 2 % de la superficie de notre pays, on mesure toute l’importance d’une gestion de ces espaces compatible avec la préservation de la faune. Ces statistiques mettent en évidence la nécessité de percevoir chaque jardin non pas comme une entité isolée, biologiquement coupée de son environnement, mais bien comme l’élément d’un réseau. Chaque propriétaire de jardin peut ainsi, s’il le souhaite, apporter sa contribution à la préservation de la biodiversité : une merveilleuse opportunité !
est la variété des oiseaux que l’on peut s’attendre à y rencontrer. Les oiseaux ne se soucient nullement des limites des jardins qu’ils fréquentent. À leurs yeux, chacun d’eux ne représente que la pièce d’un puzzle bien plus étendu, et si le jardin est en contact direct avec la cam pagne environnante ou une zone boisée, la diversité des espèces contactée s’en trouve accrue dans des proportions par fois étonnantes.
La richesse biologique d’un jardin enclavé, situation courante en agglomé ration, dépend de son degré d’isolement. Les oiseaux, experts dans la façon d’utili ser au mieux les ressources qui s’offrent à eux, peuvent tirer parti de plusieurs jardins séparés les uns des autres. Ils tendent toutefois à privilégier ceux qui ne sont pas trop distants. En somme, il ne faut pas que l’effort – autrement dit la dépense énergétique – consenti pour
gagner un jardin soit supérieur au gain énergétique (sous forme de nourriture disponible) escompté de la visite du jardin en question.
Ajoutons que les relations entre jar dins séparés se trouvent grandement fa cilitées pour les oiseaux lorsque existent entre eux des couloirs de végétation. C’est là un élément tout à fait capital que l’on s’efforce maintenant de mettre en œuvre notamment en milieu urbain ou périur bain (voir encadré). Les espèces favori sées par de tels corridors sont essentiel lement les espèces arboricoles, celles qui trouvent leur nourriture en se déplaçant d’arbre en arbre, comme les mésanges, les roitelets, les grimpereaux ou les pics. En profitent également celles qui utilisent les arbres comme postes d’observation ou de chant, à la façon du merle, de la grive musicienne ou du serin cini.
Les études menées en agglomération, et plus particulièrement en banlieue ou en ville, ont montré que la faculté des parcs et jardins à accueillir des oiseaux se trouve accrue dans d’importantes proportions si ces différents espaces verts sont mis en relation grâce à ce que les écologues appellent des « corridors verts ». La version la plus simple de ces corridors est constituée d’arbres d’alignement (marronniers, platanes, tilleuls...) plantés le long des voies de circulation ; mieux encore, de bandes vertes qui associent arbres, arbustes, plates-bandes et pelouses, formant en quelque sorte des jardins linéaires.
Telle est, dans le 12e arrondissement de Paris, la « Coulée verte », encore appelée « Promenade plantée », qui, installée sur le sommet d’un ancien viaduc de chemin de fer, part de l’Opéra Bastille pour rejoindre le bois de Vincennes : une incitation pour les oiseaux de cet espace boisé à pénétrer dans Paris.
La Promenade plantée favorise la circulation des oiseaux dans la ville, comme ici la « Coulée verte » à Paris.
Mon jardin, mon oiseau ; à un jardin donné correspondent des oiseaux donnés...
Ces idées communément répandues résistent-elles au fait qu’un jardin n’est qu’un élément dans un réseau bien plus vaste ? La réalité ne serait-elle pas tout autre ?
Quelques indices pour identifier un individu
Interruption du cercle oculaire
Ongle manquant
Au regard d’un observateur inattentif, rien ne ressemble plus à un oiseau qu’un autre oiseau. Une mésange charbonnière et sa congénère sont aussi semblables que deux gouttes d’eau, un merle et son voisin ne peuvent être différenciés. Cette similitude n’est pourtant qu’apparente ! Pour s’en persuader, il faut des jumelles
et une attention aiguisée. Dès qu’on dé taille un oiseau afin de découvrir ses par ticularités, on les repère sans mal.
Les « parties nues » des oiseaux, autre ment dit dépourvues de plumes, pré sentent des particularités remarquables : les pattes diversement colorées, certaines des scutelles qu’elles portent (petites
plaques cornées semblables à des écailles) abîmées, plus ou moins manquantes ou décollées, un ou plusieurs ongles dispa rus, cassés ou, à l’inverse, trop longs. Le bec est également porteur de bien des in dications notables : forme exacte de cha cune des mandibules (notamment à leur extrémité), coloration précise (qui varie souvent avec l’âge), tache éventuelle ou petit défaut de conformation. Les cercles orbitaire et/ou oculaire peuvent aussi fournir des éléments d’individualisation par leur aspect (largeur et coloration) ou leurs éventuels défauts (certaines interruption(s) en particulier).
Le plumage peut aussi donner des indices mais qui ne sont pas durables puisque la mue entraîne le renouvelle ment périodique des plumes (une ou deux fois par an, généralement, selon les types de plumes). Ces dernières restent toutefois suffisamment longtemps en place (plusieurs mois, dans la norme) pour que l’on puisse s’y fier. Une plume abîmée, tordue, cassée ou de coloration inhabituelle constitue un élément parfait pour individualiser un oiseau au moins pendant quelque temps.
Enfin, des détails tels qu’un parasite (comme une tique) près du bec ou au tour de l’œil, ou une petite zone déplu mée peuvent être notés.
La combinaison de différents indices permet d’affiner l’individualisation qui n’en reste pas moins malaisée en raison de la mobilité des oiseaux et de la fré quente discrétion des marques. En outre, certaines espèces se prêtent mieux que d’autres à ce repérage, soit par leur plus grande taille, soit par leur propension à rester un moment en place, soit enfin parce que leurs marques et/ou couleurs présentent des caractéristiques fortes.
Quand vous aurez réussi à individua liser certains des oiseaux qui fréquentent votre jardin, vous découvrirez que ce ne sont pas nécessairement toujours les mêmes visiteurs : en clair, « votre » rou gegorge n’est pas un oiseau unique... Ces changements d’individus s’expliquent de plusieurs façons, en fonction du temps et de l’espace.
Au fil de l’année, de nombreux oi seaux se déplacent. Cette constatation s’avère particulièrement fondée aux époques des migrations (printemps et
Amusez-vous à dresser la « carte d’identité » de certains oiseaux du jardin. Chaque fois que vous détaillez un oiseau, établissez sa fiche en notant ses caractéristiques.
Vous pouvez même intégrer des photos (voir chapitre 7) et donner un nom à chaque oiseau individualisé (comme le font les spécialistes des cétacés ou des éléphants) : « plume blanche », « bec taché » ou « moins un ongle » donneront aux oiseaux ainsi nommés des allures de Sioux...
automne), mais aussi au cours de l’hiver et après la saison de nidification : entre la fin de celle-ci et le début de la migration, on note une période de nomadisme que les ornithologues appellent « erratisme ».
Par ailleurs, même installés territo rialement, les oiseaux occupent l’espace de telle façon qu’un jardin peut être fré quenté par plusieurs oiseaux appartenant à la même espèce, et pas obligatoirement aux mêmes heures. Des conflits peuvent survenir (notamment en période de reproduction) ou, au contraire, une pro miscuité plus ou moins marquée peut
Un oiseau aussi confiant peut être examiné dans le détail et reconnu par la suite.
• La présence de plusieurs oiseaux là où l’on n’en supposait qu’un ou deux a été mise en lumière par des chercheurs grâce à la pose de bagues colorées permettant la reconnaissance immédiate des individus. On a ainsi révélé qu’un jardin n’hébergeait pas moins de 8 accenteurs mouchets alors qu’à l’observation directe, on aurait estimé une population quatre fois inférieure !
constituer la règle. C’est aux mangeoires que, dans l’ensemble, cette tolérance apparaît le plus affirmée, en dépit de différends ponctuels.
Afin d’apparaître le plus accueillant possible pour les oiseaux, un jardin doit leur procurer ce qui motive une bonne part de leurs activités quotidiennes : la nourriture. Si, en outre, de l’eau y est à leur disposition, leur permettant de se baigner ou de boire, les meilleures conditions se trouvent réunies.
La plupart du temps, quand un oiseau fréquente un jardin, c’est qu’il y trouve de la nourriture ou espère en découvrir. Il peut aussi y chercher refuge, par exemple parce que le lieu offre l’abri d’un grand arbre ou d’une haie touffue, mais l’aspect alimentaire demeure néanmoins prépon dérant.
Au cours d’une journée d’hiver, un oiseau peut consacrer près des deux tiers de sa période de veille, soit environ cinq heures, à la recherche de subsistance. Le reste du temps est dévolu à la toilette et à l’entretien du plumage, aux déplace ments et au repos. En période de repro duction, si la quête de nourriture reste prenante, s’y ajoute celle du ravitaille ment destiné aux jeunes : il est vrai que, sous nos latitudes, une journée de fin de printemps dure environ 16 heures. Cet emploi du temps montre à quel point le maintien de la balance énergétique s’avère important. Ainsi, d’évidence, plus la nourriture est disponible au jardin, plus le lieu est attractif pour les oiseaux.
On peut répartir schématiquement les oiseaux en trois catégories selon leur régime alimentaire :
- Les granivores : leur approvisionne ment peut se ménager de trois manières : soit par la plantation de végétaux nourri ciers, soit en accordant une (petite) place
Les fleurs, si elles ne sont pas coupées trop tôt, offrent bien des ressources aux granivores.
Les étourneaux sont très friands de pommes.
Un tel point d’eau sera le bienvenu, à condition qu’il n’y ait pas de chat aux alentours...
aux végétaux indigènes adventices que sont les « mauvaises herbes », soit encore en installant des mangeoires.
- Les frugivores : pour eux aussi, tout est question de plantation d’arbres, d’ar bustes ou de plantes grimpantes.
- Les insectivores : dans leur cas, la mo dération dans l’utilisation d’insecticides, fussent-ils biologiques, est la garantie de leur offrir de quoi se mettre sous le bec.
À ces catégories principales s’ajoutent par exemple les consommateurs de vers que sont les merles ou les grives (égale ment frugivores).
Trouver sa pitance dans un jardin, c’est bien ; y trouver de l’eau, c’est encore mieux. L’eau permet les bains favori
sant l’entretien du plumage et, bien sûr, constitue une boisson bienvenue. Les insectivores se procurent en général dans leur nourriture l’essentiel de ce qu’il leur faut pour s’hydrater convenablement, mais les granivores doivent boire souvent, d’autant plus fréquemment que les ali ments consommés sont pauvres en eau. Ainsi s’explique un apparent paradoxe : les oiseaux granivores ont un besoin d’eau accru l’hiver parce que les semences et graines ingurgitées au printemps sont molles, d’une teneur en eau élevée, alors qu’en hiver, elles ont séché. En outre, les granivores consomment également, à la belle saison, des éléments végétaux riches en eau.
Un ruisselet qui traverse le jardin... voilà une solution toute trouvée pour fournir de l’eau aux oiseaux. Sinon, le creuse ment d’une mare (une simple flaque peut
suffire..) ou la mise à disposition de réci pients adaptés sont des stratégies à rete nir (voir chapitre 5).
Même lorsque rien ne favorise la relation entre les oiseaux et l’eau, ils excellent à trouver le précieux liquide dont ils éprouvent un besoin vital. Sur les bâtiments, un chéneau retenant un fond d’eau ou une terrasse dont les dalles ac cueillent quelques flaques offrent autant de possibilités de se désaltérer. Dans le jardin, ce peuvent être les flaques ou les ornières d’une allée, un dessous de pot de fleurs, un moule en plastique oublié par un enfant sur le tas de sable, le creux situé sous la grille recevant l’arrosoir placé sous le robinet, etc. Les oiseaux s’avèrent habiles à boire les gouttes posées sur les feuilles ou perlant à leur bord, ou encore l’eau recueillie à certains endroits des plantes comme la petite vasque que forme le départ commun de plusieurs feuilles.
Accepter les oiseaux dans son jardin ou, mieux encore, les inciter à y passer ou à s’y installer ne peut se concevoir sans quelques précautions élémentaires. Il s’agit de ne pas les confronter à des dangers ni de les exposer à des pièges.
Oui, la liste des dangers auxquels se trouvent exposés les oiseaux dans un jardin est (trop) longue. Ces dangers peuvent être répartis en deux grandes ca tégories : ceux qui sont liés aux bâtiments donnant sur le jardin et ceux associés au jardin lui-même. En voici les principaux.
C’est un problème sérieux car très ré pandu. D’une façon générale, tout ce qui peut être considéré par un oiseau cavi cole comme un orifice de cavité est sus ceptible d’être visité par lui. Dans le cas d’une cavité suffisamment spacieuse et dotée d’un fond, la visite ne pose pas de problèmes : une fois à l’intérieur, l’oiseau se retourne et sort comme il est entré. Mais s’il s’agit d’un conduit de cheminée, d’une gouttière, d’un tube ou d’une cana lisation quelconques, qu’il soit mésange, choucas ou chouette, l’oiseau s’y engage et soit y tombe, soit ne peut se retour ner pour revenir en arrière, d’autant que ses ongles glissent sur une surface lisse. L’issue est presque à tout coup fatale, à
• Un cas particulier, assez cruel, est celui des oiseaux cavicoles, mésanges le plus souvent, qui commencent à nicher dans un parpaing troué alors que des travaux sont en cours et dont la nichée se trouve emmurée une fois que le mur reçoit son enduit...
moins que quelqu’un comprenne, grâce à ses cris ou ses grattements, qu’un oiseau obstrue le conduit de cheminée, et par vienne à le dégager. Une telle interven tion ne se fait toutefois pas toujours sans dommage pour la victime...
De plus en plus fréquemment, les mai sons sont dotées de larges fenêtres ou de baies vitrées et équipées de vitres réflé chissantes, dans un triple souci d’isola
tion thermique (les rayons du soleil sont partiellement réfléchis), d’esthétique (le jardin s’y reflète) et de tranquillité (dans la journée, ces vitres dissimulent l’inté rieur de la maison). Malheureusement, ces surfaces vitrées représentent autant de miroirs dans lesquels les oiseaux viennent donner la tête la première, pen sant continuer leur vol vers les buissons ou le ciel. Au mieux, le choc se termine par une perte de connaissance plus ou moins longue, au pire, par la mort.
Des centaines de milliers d’oiseaux meurent ainsi chaque année...
Les grands récipients en plastique (de type poubelle collective) ou les ton neaux et autres baquets dans lesquels on recueille l’eau de pluie constituent des pièges potentiels pour tous les oiseaux qui cherchent à s’y abreuver. Les piscines sont également très dangereuses, pour les mêmes raisons.
Un fil (un fil de couture, par exemple) ou un simple lien en plastique de sac poubelle abandonnés au sol par mégarde peuvent facilement se transformer en véritables pièges, comparables aux lacets que l’on utilisait autrefois communé ment pour capturer les passereaux. Les oiseaux terrestres (merles, rougegorges, pinsons...) finissent souvent par s’y emberlificoter les pattes et, pire encore, par se prendre dans un buisson épineux, s’exposant ainsi à un sort peu enviable...
La lutte contre les limaces ou les escar gots, par exemple, conduit souvent à utiliser des produits hélicides dangereux pour nombre d’oiseaux (au premier rang desquels la grive musicienne) qui consomment ces mollusques ayant absorbé le poison. Ce risque vaut aussi pour les grains traités en vue de la des truction des rongeurs – normalement non destinés, il est vrai, à un usage à l’extérieur des locaux...
Quiconque aime les oiseaux ne peut que se montrer sensible au phénomène si spectaculaire des migrations. Deux fois par an, des millions d’oiseaux, des plus grands aux plus petits, se lancent sur les routes du ciel de jour comme de nuit. Ces déplacements, tantôt modestes, tantôt intercontinentaux, sont très exigeants pour les organismes. Il est important qu’ils soient ponctués de haltes réparatrices : les jardins peuvent devenir de tels jalons.
La lecture des fiches-espèces du cha pitre 9, et plus particulièrement du para graphe consacré aux périodes de présence des oiseaux, montre que la plupart des espèces (et pas uniquement les oiseaux
des jardins) effectuent des déplacements migratoires. Que ces parcours soient à long rayon d’action ou beaucoup plus modérés, le fait est là : les oiseaux ont la bougeotte ! Ceux dont la population tout entière passe d’une zone de nidification à une zone d’hivernage sont nommés
En fin d’été, après avoir chassé au-dessus des jardins, les hirondelles se rassemblent.
grands migrateurs ou migrateurs vrais ; ceux dont seule une partie de la popula tion migre (et le fait à des degrés divers) sont les migrateurs partiels – à l’échelle de l’espèce, les zones de nidification et celles d’hivernage peuvent se chevaucher partiellement.
• Avant d’entamer la migration, les passereaux doivent littéralement faire le plein d’énergie. Pour cela, au cours d’une phase initiale, ils se nourrissent activement (les spécialistes parlent d’hyperphagie). Les insectivores, par exemple, se gavent de baies sucrées, obtenant ainsi des dépôts graisseux notamment sous-cutanés qui entraînent jusqu’au doublement du poids de l’oiseau. Le but du processus est, très schématiquement, de constituer, à partir de graisse (lipides) ou de sucre (glucides), des réserves de graisse qui serviront au bon fonctionnement des muscles, singulièrement ceux des ailes –l’avantage étant que la graisse, contrairement aux glucides, peut être stockée par l’organisme sans nécessiter d’apport d’eau important. La graisse emmagasinée joue le rôle d’un carburant : si celui-ci vient à manquer, il faut en refaire provision, sous peine de voir le « moteur » s’arrêter de tourner...
Les migrateurs amenés à fréquenter les jardins sont dans leur grosse majorité des passereaux comme les fauvettes, les pouillots ou les pinsons. Les représen tants d’autres groupes comprennent, à titre d’exemples, la tourterelle des bois ou le petit-duc scops. Typiquement, la migration d’un passereau se déroule de
telle façon que l’oiseau puisse marquer des arrêts destinés au repos et à l’alimen tation. Pour de nombreux passereaux, les déplacements se déroulent la nuit (de préférence durant sa première moi tié). Après avoir volé de manière à cou vrir une distance de l’ordre de plusieurs dizaines ou, parfois, quelques centaines de kilomètres, le voyageur interrompt sa progression et cherche à se poser, plus ou moins « au hasard ». Il se repose alors ou dort en attendant le lendemain.
Au matin commence la quête de nourri ture, indispensable pour reconstituer les réserves énergétiques entamées à des degrés divers durant le vol nocturne. Vient ensuite une nouvelle phase de repos en vue de l’éventuel vol nocturne suivant. Si les réserves énergétiques n’ont pas retrouvé un niveau acceptable, ou si tout simplement l’oiseau n’éprouve pas le besoin de repartir aussitôt, un ou plusieurs jours supplémentaires pro longent la halte.
Chez les oiseaux opérant leurs dépla cements migratoires de jour, le déroule ment du voyage est comparable pour l’es sentiel, si ce n’est que la nuit est consacrée au repos, et la matinée à la migration. Pré cisons également que certaines espèces peuvent migrer de jour comme de nuit.
Globalement, à quelques exceptions près (chez nous, les corvidés, tels la corneille ou la pie et leurs cousins), les passereaux sont des oiseaux de petite taille, en général dotés d’un appareil phonateur évolué qui leur permet de chanter, parfois remarquablement comme certaines fauvettes ou le rossignol. Les Anglais appellent d’ailleurs les passereaux songbirds, oiseaux chanteurs. Parmi les passereaux classiques figurent le moineau, le pinson ou le rougegorge.
Cas d’un grand migrateur absent en hiver.
Cas d’un migrateur partiel avec déplacements plus ou moins importants.
Que ce soit en plaine ou en ville, le moindre jardin peut représenter pour un oiseau une possibilité de se mettre à l’abri dans une haie ou un arbre, de s’alimenter en capturant des insectes ou – à l’automne, surtout – en consommant des baies ou des fruits (sureau, pyracanthe, pommes tombées, etc.).
Une végétation touffue et étagée, propre à convenir à divers passereaux.
que l’on peut examiner sommairement. Ils dépendent de la situation temporelle et des caractéristiques sociologiques des utilisateurs du jardin.
Une vaste plaine céréalière ou un grand espace urbanisé n’offrent quasi ment pas d’opportunités aux migrateurs désireux de faire étape ou contraints d’in terrompre leur parcours pour des raisons physiologiques (fatigue, épuisement des réserves énergétiques...) ou météorolo giques (pluie, vent violent, brouillard...). En revanche, un jardin bien conçu peut avoir ce rôle accueillant.
On constate aisément à quel point un jardin conçu, au moins en partie, dans l’intérêt des oiseaux, parvient à en drai ner davantage qu’un autre ne bénéficiant pas de cette conception. Y compris dans les secteurs globalement plus accueillants
que la ville ou la plaine (le bocage, par exemple, ou des zones plus ou moins boisées), où les jardins n’ont pas une fonction d’îlot préservé, d’oasis, leur valeur écologique subsiste, surtout s’ils sont menés avec une certaine volonté d’accueillir les oiseaux dans de bonnes conditions.
Outre les abris potentiels et la nourriture, les migrateurs en halte recherchent la tranquillité pour ne pas avoir à reprendre leur vol, surtout s’ils ont atteint un état de grande fatigue. Dans ce domaine, des paramètres humains interviennent,
Dans bien des jardins, la semaine représente sans doute la période de tran quillité optimale. Le week-end, souvent, connaît une plus grande agitation. Cette opposition entre fin de semaine et semaine est valide dans la mesure où la période migratoire automnale ne concerne que peu les « grandes vacances », les premiers mouvements ne prenant place que vers la fin août. Au printemps, les vacances de Pâques coïncident généralement avec la migration printanière, mais celle-ci est plus concentrée dans le temps, et les oiseaux (en outre moins nombreux qu’à l’automne en raison des pertes hivernales) stationnent moins volontiers et, quand ils le font, moins longtemps.
Comme la pleine campagne, les jardins réservent leur lot de dangers...
Quant à l’occupation humaine, un jardin détenu par des retraités apparaît en général plus calme qu’un autre fréquenté par des enfants en bas âge. De manière analogue, la présence ou l’absence de chiens ou de chats est à prendre en compte. On l’aura compris : plus le jar din est calme, mieux il remplira son rôle d’étape bienfaisante.
Ce thème, déjà abordé sur un plan général (voir encadré p. 15), démontre sa pertinence à propos de l’accueil des oiseaux migrateurs. Les efforts consentis par un détenteur de jardin peuvent lui
paraître dérisoires, l’amenant même éventuellement à remettre en cause l’intérêt de la démarche entreprise. Ce serait là une erreur. Il convient en effet d’élargir sa vision des choses et de mesurer toutes les actions menées au niveau national. Il existe d’ores et déjà un réseau officiel placé sous l’égide de la Ligue pour la protection des oiseaux et, parallèlement à cet ensemble organisé, le réseau encore plus fourni de tous ceux qui, moins engagés dans une certaine forme de militantisme, considèrent toutefois leur jardin comme un morceau de nature et apprécient l’attraction qu’il exerce sur les oiseaux. Ce mouvement touche au total des dizaines de milliers de jardins
représentant à eux tous une surface de plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Certes, nous sommes encore loin de la situation prévalant en Grande-Bretagne, mais ce sont des débuts encourageants...
• À travers toute la France, les « refuges LPO » ont pour vocation d’offrir aux oiseaux des sites où ils trouveront de bonnes conditions d’accueil, qu’il s’agisse des nicheurs, des hivernants ou des migrateurs. En décembre 2009, le réseau comptait 15 200 refuges pour une superficie totale dépassant 35 000 ha.
De plus en plus de pancartes comme celle-ci sont apposées, témoignant d’un engagement louable.
Pour plus de renseignements et si vous souhaitez créer votre propre REFUGE LPO :
LPO -
Fonderies Royales - BP 90263 - 17305 ROCHEFORT CEDEX
Site internet : www.lpo.fr
Email : refuges@lpo.fr Tél. : 05 46 82 12 34
Conservant tous mes droits sur ma propriété, la libre et entière disposition de mon bien et la jouissance de celui-ci, en créant mon REFUGE LPO, je m’engage à :
➜ Protéger les oiseaux et la nature en assurant la tranquillité des lieux, en particulier pendant les périodes sensibles : nidification et grands froids ;
➜ Protéger au mieux la faune et la flore, dans le respect de la réglementation en vigueur. Faire que les équilibres écologiques ne soient jamais mis en danger, et leur porter une attention particulière lorsque, localement, il existe des enjeux en matière de conservation d’espèces ou de milieux remarquables ; ➜ Offrir des milieux de vie favorables à la faune et à la flore : - en leur fournissant une aide directe, par exemple, par la pose de nichoirs, de points d’eau, de mangeoires... - en privilégiant la plantation d’arbres et d’arbustes indigènes, favorables aux insectes, aux mammifères et aux oiseaux. - en préférant les méthodes de jardinage écologique, notamment pour la fertilisation et le contrôle des maladies. - en diversifiant et aménageant, en fonction de la surface de mon refuge, de nouveaux milieux, comme une haie champêtre, une mare, un coin d’« herbes folles », un mur de pierres sèches...
➜ Agir dans le sens d’un développement durable, notamment en faisant des économies d’énergie et de ressources, comme l’eau, en participant au recyclage des matériaux et en limitant les sources de pollution dans mon environnement ;
➜ Si mon refuge est dans une zone où la chasse peut s’exercer, je m’engage à ne pas y chasser. J’y interdis la chasse lorsque cela est légalement possible. Dans le cas contraire, j’entreprends toute démarche utile, à mon initiative, et avec les conseils de la LPO, pour que la chasse puisse y être interdite dans les meilleurs délais.
La LPO s’engage à apporter à ses membres, toute information dont elle dispose, leur permettant de respecter la Charte des REFUGES LPO.
Des millions de chanceux possèdent un jardin ou en ont la jouissance, mais bien des Français se contentent de jardinières sur un appui de fenêtre ou un balcon, à moins qu’ils ne disposent d’une terrasse. Qu’importe ! Même un tout petit espace en pleine ville peut devenir attractif pour certains oiseaux et offrir l’occasion de belles observations.
Selon des chiffres publiés par l’INSEE en avril 2006, la population urbaine fran çaise s’élève à un peu plus de 44 millions de personnes, soit 75 % de la population française. Le territoire urbain de la mé tropole compte près de 6 000 communes urbaines pour une superficie totale de 100 000 km2 (environ 18 % du territoire hexagonal).
Par ailleurs, si l’on dénombre en France environ 13 millions de jardiniers amateurs, on estime qu’au total ce sont 90 % des foyers – proportion tout à fait considérable ! –, soit 22,5 millions, qui disposent d’un espace de jardinage dépendant de leur lieu d’habitation principal, depuis le rebord de fenêtre jusqu’au véritable jardin en passant par tous les échelons. Le rapprochement des deux chiffres montre clairement que ces espaces qu’on pourrait appeler « microjardins » abondent. Quel intérêt les oi seaux peuvent-ils y trouver ?
Un simple balcon peut tenter les oiseaux, comme ce pigeon ramier nichant dans une jardinière.
Comme pour les jardins proprement dits, la surface des micro-jardins repré sente un paramètre déterminant. Ainsi, l’intérêt d’une terrasse bénéficiant d’une conception paysagère est évidemment supérieur à celui d’une simple jardi nière. Pour autant, la réalité réserve des surprises, et l’on connaît des cas de jar dinières hébergeant la nidification de pigeons ramiers – fréquents dans cer taines agglomérations – ou de faucons crécerelles – fait occasionnel notamment constaté en Ile-de-France. Il demeure toutefois avéré que buissons et petits (ou grands) arbres offrent plus d’opportunités aux oiseaux qu’un simple pot de fleurs.
Soyons clairs : aucun oiseau ne s’inté ressera à une jardinière plantée de géra niums ! Pour avoir des chances d’attirer les oiseaux, elles doivent leur offrir deux avantages essentiels : de la nourriture et des matériaux pour la construction ou l’aménagement du nid.
À moins qu’ils ne soient traités, les végétaux hébergent toujours quelques insectes. Les pucerons, par exemple, peuvent conduire une mésange bleue à s’intéresser à des plantes en pot. Un ac centeur se faufilera peut-être sous la vé gétation d’un bac pour picorer de petits invertébrés ou de menues graines. Bien sûr, dans certains cas, l’attrait qu’exercent les fleurs sur quelques oiseaux comme les pigeons peut se traduire par la des truction plus ou moins dommageable
Il s’agit d’un « ensemble d’habitations, telles qu’aucune ne soit séparée de la plus proche de plus de 200 mètres et abritant au moins 2 000 habitants ».
• Les oiseaux repèrent avec une incroyable efficacité les pots et jardinières plus ou moins « squattés » par des plantes qui échappent à un arrachage impitoyable parce que le jardinier ne les a pas remarquées, ou qu’il a eu la paresse de les ôter, ou qu’enfin il a décidé de tolérer ces invitées au moins pour quelque temps...
Il s’agit par exemple de graminées, comme le pâturin annuel, ou de « mauvaises herbes » telles les séneçons ou les renouées. Ce sont là autant d’opportunités offertes aux oiseaux de grignoter des graines et de disposer de tiges, feuilles et autres fibres végétales pour bâtir leur nid.
de pétales : c’est par exemple le cas avec les bégonias ou les primevères. Les pro blèmes se posent aussi, éventuellement, à nouveau avec les pigeons dont le pigeon ramier, lorsque les plantes ne sont encore qu’à l’état de pousses ou de plantules.
Enfin, les oiseaux apprécient particu lièrement les jardinières et pots de fleurs un peu « négligés » où parvient à s’instal ler, au moins provisoirement, une « flore clandestine ».
Ces espaces plus étendus (parfois beaucoup plus...) qu’une jardinière sont, on l’a dit, logiquement mieux à même de satisfaire les oiseaux. Notamment parce
que l’on peut y installer des buissons, des arbustes, voire des arbres, parfois de bonne taille. Les petits passereaux surtout, comme les moineaux, le merle, les mésanges ou le verdier, y trouvent alors refuge. Localement – surtout si la terrasse donne sur un espace vert –, de plus grands passereaux comme la pie, le geai ou la corneille peuvent aussi se présenter et prendre leurs habitudes. Outre les passereaux, ces lieux attirent essentiellement le pigeon ramier, dans les agglomérations où celui-ci a appris à vivre au contact de l’homme. Les oiseaux cités peuvent être encouragés à se repro duire sur place par la pose de nichoirs (moineaux, mésanges...) et, de même, être incités à la fidélité en hiver grâce à l’installation de mangeoires.
Le jardin évoque souvent dans notre esprit une image campagnarde : jardin de curé, jardin de village, jardin ouvert sur un paysage rural... Pourtant, on aurait tort de négliger les jardins des villes : ils ont un rôle important à jouer pour permettre ou favoriser la présence de nombreux êtres vivants, au premier rang desquels les insectes et les oiseaux.
Certaines agglomérations se trouvent mieux loties que d’autres en matière de jardins. Encore faut-il, en la matière, savoir interpréter les chiffres. Le terme « espaces verts », commode et donc fré quemment employé, masque une réa lité disparate. Les statistiques prennent communément en compte de simples bandes engazonnées longeant un trottoir au même titre qu’un parc doté d’arbres centenaires, ou les cimetières (parfois arborés, il est vrai, dans d’importantes proportions) autant que les jardins à la complexité végétale poussée.
Aux jardins et parcs publics (voir pp. 34 à 37) viennent s’ajouter les jardins
privés. Dans cette dernière catégorie, les jardins suspendus ont tendance à « fleu rir » sur un nombre croissant de toits.
L’ensemble de ces espaces verts, ac cessibles ou non au public, composent un réseau dont les oiseaux savent parfai tement tirer parti. Plus le maillage en est serré, plus les éléments qui le constituent se révèleront attractifs pour la faune en général et les oiseaux en particulier.
Quiconque s’est déjà rendu dans une ville du nord ou du centre de l’Europe –au Danemark, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas ou en Allemagne – n’a pu man quer de remarquer que les jardins, et gé
néralement les espaces verts, y sont sou vent non seulement bien présents mais qu’ils offrent couramment un aspect as sez différent de ce que l’on observe chez nous. La composante naturelle s’y voit attribuer une place bien plus importante qu’en France où la volonté de parvenir à un résultat « propre » s’impose dans la majorité des cas. Si le résultat en appa raît, certes, assez désordonné, la nature et la biodiversité y trouvent leur compte, et le regard aussi lorsque la dimension naturelle est exploitée avec talent.
Parcs et jardins urbains sont soumis à des contraintes qui ne font pas l’affaire des oiseaux. Il n’est bien sûr pas question
de prétendre supprimer ces servitudes ni les mesures qu’elles entraînent, mais de comprendre leur incidence sur les oi seaux qui fréquentent ces espaces verts. En voici deux.
La pression humaine Que ce soit dans les villes à fort intérêt touristique ou dans celles dont le nombre insuffisant d’espaces verts provoque des phénomènes de concentration, la pré sence humaine constitue un facteur
négatif par rapport à l’avifaune. D’autant plus que la conception anglo-saxonne d’un accès libre aux pelouses s’applique plus largement en France aujourd’hui, privant les oiseaux – au moins une par tie de la journée – d’espaces nourriciers : les merles ou les grives, par exemple, ne peuvent plus venir capturer les lombrics dont ils se nourrissent et nourrissent leurs jeunes au nid. À ces inconvénients s’ajoute parfois le non-respect des dispo sitions réglementaires et l’accès fréquent du public à des secteurs en théorie inter dits comme les zones de buissons où, précisément, les oiseaux aiment à se réfu gier et, pour certains, à installer leur nid.
Pour limiter les effets de la pression humaine, les défenseurs de la faune pré conisent de définir dans tout espace vert une zone de tranquillité rigoureusement respectée permettant aux oiseaux de trouver un refuge.
Les problèmes qu’elle peut poser ont trait, entre autres, à l’entretien et à la sé curité. Le souci, par exemple, de ne lais ser sous les buissons aucune feuille morte
après l’automne et durant l’hiver prive les merles ou les rougegorges des inverté brés qui trouvent refuge dans cette litière végétale. Le phénomène est aggravé par l’utilisation de « souffleuses » thermiques qui, outre qu’elles polluent l’air et l’oreille (apparaissant décidément peu compa tibles avec la notion d’économie d’éner gie...), font vraiment le vide, chassant simultanément feuilles et invertébrés.
Autre difficulté : l’élagage des arbres « en vert », c’est-à-dire une fois que les feuilles ont poussé. Cette pratique qui tend à se généraliser – notamment pour assurer la rentabilité des entreprises soustraitantes en leur permettant de travail ler toute l’année et non plus seulement en hiver –, représente un réel handicap pour les espèces nicheuses arboricoles, du merle au pigeon ramier en passant par le geai ou le verdier.
Dernier constat : les questions de sécu rité et le principe de précaution conduisent à abattre des arbres « malades » ou à les élaguer sévèrement, privant ainsi les oiseaux cavicoles de leurs sites de nidification.
Même si les jardins citadins présentent une valeur certaine par leur capacité à accueillir l’avifaune, jardin et oiseaux sont néanmoins au mieux de leur association au sein de la campagne. Et d’autant plus que certains paramètres sont réunis...
Si un jardin isolé au cœur d’un milieu défavorable peut constituer un havre pour les migrateurs, il n’en reste pas moins que plus le milieu environnant est riche, plus la variété des oiseaux que l’on peut escompter voir au jardin sera importante. Conjointement, moins le jar din est éloigné d’un milieu riche, plus il gagne en intérêt.
Un autre critère à considérer est la situation du jardin par rapport aux axes migratoires, vecteurs d’oiseaux en dépla cement ou en halte. En effet, bien que la migration – surtout celle des petits pas sereaux – se déroule plutôt sur un front large, rendant possible, en théorie, toutes sortes de rencontres avec les voyageurs, certains secteurs apparaissent privilégiés en la matière. Ainsi les vallées globale ment orientées nord-est/sud-ouest sont favorables, puisque situées dans l’axe
• La proximité d’un milieu bien défini permet d’augmenter le nombre d’espèces visibles. La proximité d’une zone boisée, par exemple, permet de drainer, selon la saison, le grosbec casse-noyaux, la grive mauvis, le loriot ou les pics. Celle d’un cours d’eau amène plus facilement les bergeronnettes ou le tarin des aulnes, notamment en hiver. Quant au voisinage de broussailles et autres fourrés, il est le gage d’un accroissement des chances d’admirer, selon les régions et l’époque, les pouillots, fauvettes ou rossignols.
suivi par bien des migrateurs. Les régions littorales bénéficient souvent des dépla cements migratoires, alors que les villages (et leurs jardins) situés au cœur ou à proximité de vastes étendues boisées sont nettement moins bien placés pour accueillir des migrateurs, tout comme les grandes plaines ouvertes à monocultures.
Rappelons qu’il existe diverses façons d’envisager la présence des oiseaux dans son jardin. Si certains détenteurs de jardins (assez rares) ne les apprécient guère (ou les détestent !) et que d’autres restent indifférents, une bonne propor tion d’entre eux prennent plaisir à les voir et il en est qui font tout pour les attirer chez eux. Sans grande surprise, c’est chez les passionnés que la diversité des espèces et la quantité des oiseaux présents s’avèrent les plus élevées.
Plus la nature est laissée libre, plus le jardin ou le parc peuvent attirer d’espèces.
Un jardin de cette taille, en outre largement en contact avec la campagne, est fait pour les oiseaux !
Pour qui retient le principe d’un jar din rural, ou mieux encore d’un jardin en prise directe avec la campagne, il convient de choisir entre créer une rup ture avec la campagne proche ou, à l’in verse, rechercher la continuité dans un souci d’homogénéité. Une certaine unité permet souvent d’attirer des espèces qui ne feront pas de différence entre leur milieu habituel et le jardin. Mais un jar din pourrait aussi intéresser des oiseaux par sa spécificité. On sait en effet que les préférences écologiques manifestées par un certain nombre d’oiseaux ne sont pas toujours rigoureuses et qu’il arrive à des espèces de s’accommoder, au moins temporairement, de milieux subsidiaires. Autre donnée intéressante : les milieux linéaires correspondant à la zone de contact entre deux milieux principaux (les écologues les appellent « écotones ») abritent souvent une variété biologique supérieure à celles de l’un ou l’autre de ces milieux. Ainsi, chaque conception présente son intérêt...
Exception dans ce traité : parlons des oiseaux que... l’on ne voit pas dans les jardins, si campagnards soient-ils ! Ce sont ceux qui ne se posent pas (ou très exceptionnellement) dans les jardins. Quelles raisons les en dissuadent-elles ou le leur interdisent-elles ? Notamment la taille (peu de grands oiseaux s’aventurent dans les jardins), le degré de méfiance (en corrélation avec la taille, les oiseaux se montrant souvent d’autant plus farouches qu’ils sont grands) ou le milieu habituellement fréquenté (les oiseaux strictement aquatiques ne s’éloignent guère de leur milieu d’élection). Il est ainsi peu probable de voir dans son jardin une grue cendrée (grand échassier), un aigle royal (grand rapace montagnard), une macreuse noire (canard marin une partie de l’année) ou un courlis cendré (échassier des côtes et des marais).
Le type d’espace vert urbain sans doute le plus répandu est un jardin à la superficie modeste, parfois réduit à un mouchoir de poche, que l’on désigne souvent à l’aide du mot « square », et ouvert au public. Ce terme s’applique en fait à des jardins d’aspect fort variable.
• La première mention du mot « square » dans un texte français (évoquant Londres) date de 1725, mais il faut attendre 1836 pour que ce terme soit utilisé en référence à une réalité française. À cette époque, il désigne un jardin carré, installé sur une place de même forme. Rien d’étonnant à cela, le mot venant directement de l’anglais square, carré (provenant lui-même... de l’ancien français « esquarre », dont on retrouve la trace dans « équerre »). De nos jours, le square est en théorie, selon les dictionnaires, un petit jardin public, généralement entouré d’une grille et aménagé au centre d’une place.
Quelques arbres, un carré de pelouse et deux plates-bandes, le tout couvrant moins de 1 000 m2... Dans sa version em bryonnaire, le square paraît peu accueil lant aux oiseaux. Il n’est toutefois pas nécessairement un désert ornithologique et peut fournir quelques ressources à cer taines espèces. Ces dernières sont plutôt arboricoles, exploitant les arbres (surtout s’ils sont de bonne taille) avant tout pour s’y nourrir ou s’y réfugier, plus rarement pour y placer leur nid. Selon les régions, la liste de ces espèces comprend entre
autres la pie, le grimpereau des jardins, la mésange charbonnière, la mésange bleue ou le moineau domestique. Au niveau du sol, le merle ou l’étourneau viennent parfois se nourrir en extrayant vers ou larves de la pelouse et, pour peu que la végétation comporte quelques buissons, l’accenteur mouchet est à même de faire des incursions. En hiver, un rougegorge peut être tenté par ce jardin, surtout si les chats le désertent...
Réalité liée à la notion si importante de réseau : la modestie d’un petit square peut se trouver compensée par l’existence de jardins environnants formant avec lui un ensemble plus étoffé.
Un « vrai » square, plus étendu que le « jardinet » décrit ci-dessus, couvre une superficie supérieure à 1 000 m2 et jusqu’à 10 000 m2 et plus. Au-delà du haut de cette fourchette, le terme square semble moins adapté que celui de jar din, voire de parc, et devient trompeur ; à Paris, par exemple, le terme square
s’applique à des espaces verts atteignant 23 500 m2 (comme le square Séverine, dans le 20e arrondissement). Dans ces grands squares (ou jardins, peu importe le terme retenu), les oiseaux trouvent beaucoup plus de ressources, dans tous les domaines. Les surfaces de pelouse, plus importantes, favorisent les espèces qui viennent s’y nourrir (merle, grive musicienne, étourneau, bergeronnettes,
pigeon ramier...). Les arbres plus nom breux autorisent l’établissement d’es pèces qui ont besoin de retrouver les caractéristiques d’un bosquet (sittelle torchepot, mésanges, grimpereau des jardins, voire pic épeichette pour les plus grands espaces). Arbustes et buis sons intéressent la fauvette à tête noire, le rougegorge, les troglodytes ou les pouil lots. À l’époque des migrations, ces lieux
peuvent constituer autant d’oasis bien venues pour les passereaux désireux de faire halte au cours de leur périple.
En bien des villes, les squares mode lés sur un plan hérité du XIXe siècle, présentant une certaine raideur, en dépit de l’inspiration anglaise fréquemment
Le week-end, surtout quand il fait beau, la place devient rare pour les oiseaux des jardins urbains...
À Lyon, l’un des squares les plus modestes, le square Jammot (2e arr.), ne couvre que 400 m2. Record battu à Paris, par le square Mazas, dans le 12e arrondissement, qui se contente de 195 m2 de mise, et un classicisme assez net en matière de végétaux, ont fait l’objet d’un rafraîchissement. Modification plus ou moins profonde du plan d’origine, choix d’arbres et de plantes nouveaux, tendance à un aspect plus naturel, tous ces points se retrouvent – avec plus de force encore – dans les squares créés ces dernières années (d’ailleurs souvent bap tisés « jardins », comme si le mot square renvoyait à un modèle dépassé que l’on cherche précisément à renouveler).
Ces aménagements et ces créations ont rarement été menés à bien avec le souci affiché de favoriser les oiseaux et pourtant, ceux-ci y trouvent souvent leur compte. Les buissons variés orga nisés en désordre savant se révèlent en général plus accueillants que les haies de troène ou de buis taillées au cordeau ; les arbustes à fruits (choisis pour leur valeur décorative) sont appréciés ; les graminées conviennent aux moineaux pour se nourrir et aménager leur nid ; les ruisselets offrent des occasions de se dé saltérer... Lorsque les arbres récemment mis en place auront pris un peu d’âge, les conditions d’accueil des oiseaux se trou veront encore améliorées.
Avec le parc, les oiseaux bénéficient de ce qui se fait de mieux dans le domaine des espaces verts urbains, même si leur intérêt se trouve très rarement pris en compte par les concepteurs ou les gestionnaires de ces lieux.
• Les associations entre oiseaux et végétaux se sont mises en place au fil de milliers ou de dizaines de milliers d’années. À la faveur de telles périodes, les oiseaux ont appris à se nourrir de végétaux particuliers ou à y installer leur nid. Parallèlement, l’évolution a amené les plantes à s’adapter aux oiseaux (ainsi qu’aux insectes ou aux mammifères), soit pour tenter de leur résister, soit au contraire pour en tirer parti. Les épines, par exemple, constituent un moyen de défense certes surtout efficace contre les mammifères brouteurs, mais qui ne facilite pas la tâche des oiseaux. À l’inverse, des plantes comme le gui, le lierre, l’aubépine ou le sureau voient leurs semences véhiculées par les oiseaux qui ont ingurgité les fruits et en dispersent ensuite les graines par l’intermédiaire de leurs fientes – des oiseaux qu’on qualifie de « disperseurs ».
Si la taille des parcs représente évi demment un atout déterminant, ce critère ne suffit pas, et la composante écologique joue un rôle au moins aussi important. En d’autres termes, un vaste espace sans variété d’essences ni d’âge de la végétation sera moins attractif qu’un espace plus restreint mais doté d’une di versité plus grande. Encore faut-il que les végétaux choisis présentent de l’intérêt pour les oiseaux. Le recours trop fréquent aux végétaux « exotiques » (les écologues parlent d’« exogènes ») au détriment des indigènes, « stérilise » les espaces verts concernés. Les oiseaux, confrontés à des végétaux qu’ils ne connaissent pas,
Le saviez-vous ?
Piquants problèmes...
On connaît des cas de passereaux vivant avec une épine plantée dans telle ou telle partie du corps, et même celui d’un chardonneret traversé de part en part par une épine de chardon et qui menait une vie normale, aucun organe vital n’ayant été lésé lors de l’accident. Pour de tels coups de chance, combien d’oiseaux laissent leur vie dans des cas semblables, soit immédiatement, soit, plus souvent sans doute, des suites de leurs blessures ?
n’en font en effet aucun usage, hésitant même à se poser sur les arbres inconnus. Un problème analogue se pose d’ailleurs avec les insectes – ce qui n’est pas sans répercussion sur les oiseaux qui s’en nourrissent.
Certes, le temps aidant, les oiseaux –certains, du moins – finissent par s’adap ter aux végétaux exotiques, surtout si ces derniers se sont naturalisés, c’està-dire s’ils survivent sans intervention humaine ; mais, globalement, mieux vaut recourir aux végétaux indigènes lorsqu’on cherche à favoriser la présence des oiseaux, même si l’on retient aussi, avec modération, des essences exogènes pour des motifs esthétiques...
Le parc de Bagatelle, dans le bois de Boulogne, à Paris. Un excellent site pour l’ornithologue citadin.
Quand la « nature » – ou du moins la verdure –envahit la ville, l’oiseau y trouve son compte.
La liste des oiseaux fréquentant les parcs est trop étoffée – surtout en incluant les espèces de passage occasionnel –pour être citée ici intégralement. Qu’il suffise de préciser que des dizaines d’es pèces sont concernées, pour ne retenir que celles de présence régulière, qu’elles soient sédentaires ou saisonnières.
Si les capacités d’accueil doivent être améliorées, avec à la clé une augmen tation de la diversité spécifique et des effectifs, cette transformation passe obli gatoirement par la mise en œuvre d’une gestion écologique. Elle implique notam ment, outre le choix des végétaux indi gènes abordé plus haut, la non-utilisa tion de pesticides et donc le recours à la lutte biologique, des fauchages espacés, la création de zones-tampons inacces sibles au public et faisant l’objet du mi nimum d’interventions, le respect, dans les zones-tampons, des arbres morts ou dépérissants et/ou la pose de nichoirs.
Zoom sur le robinier et le liquidambar
Le robinier faux-acacia – le Robinia pseudoacacia des botanistes – est présent en Europe depuis le XVIIe siècle. Il a été introduit d’Amérique du Nord en France par Jean Robin, jardinier du roi. Son acclimatation a bien réussi, trop même, car c’est une essence envahissante qui n’offre d’intérêt que pour les abeilles et autres insectes amateurs de fleurs mellifères, et quelques oiseaux. Parmi ces derniers, le pigeon ramier, qui raffole des fleurs du robinier ainsi que des jeunes feuilles. Le robinier est rarement choisi comme support de nid, sauf, parfois, par la tourterelle turque (voir p. 390), une espèce dont l’apparition en France remonte au milieu du XXe siècle : elle a su, entre autres, tirer parti de cette essence. Le liquidambar (ou copalme d’Amérique), infiniment moins répandu que le robinier, est apprécié surtout dans les parcs pour sa valeur décorative, ses feuilles virant au rouge à l’automne. Bien qu’introduit d’Amérique dès la fin du XVIIe siècle, il est resté de diffusion restreinte, ce qui explique sans doute son faible succès auprès des oiseaux, à l’exception du tarin des aulnes et du chardonneret élégant dont le bec fin ouvre l’accès aux petites graines dissimulées dans des boules hérissées.
Les feuilles à cinq lobes du liquidambar, venu d’Amérique.
Un autre voyageur américain, le robinier au feuillage léger.
Quiconque voyage en France ne tarde pas à mesurer la grande variété des paysages. Largement façonnés par l’activité humaine, ces derniers n’en restent pas moins dépendants des déclinaisons du climat, et les jardins s’inscrivent dans ce contexte. Selon la région où il se situe, un jardin est théoriquement appelé à séduire une gamme d’oiseaux qui, même groupée autour d’un noyau commun, offre aussi d’intéressantes variantes locales.
La France bénéficie d’une position privilégiée au carrefour de plusieurs types de climats. Il en résulte une belle variété écologique. En effet, qui dit climat dit conditions météorologiques particulières et par conséquent végétation spécifique.
• Le tableau ci-dessous présente les préférences de quelques oiseaux des jardins en matière de climat, à la période de nidification. On y voit, par exemple, que la tourterelle turque est rebutée par la rigueur du climat montagnard, mais aussi par l’altitude, tandis que ces paramètres font l’affaire du bec-croisé des sapins. Ni la fauvette babillarde ni l’hypolaïs ictérine ne s’accommodent du climat méditerranéen, alors qu’il est recherché par le petit-duc scops et, surtout, la fauvette mélanocéphale. On remarque également que certaines espèces, loin d’être des spécialistes exigeantes, parviennent à se plaire sous tous les climats. On les appelle des espèces « ubiquistes ». Du printemps à l’automne, la fauvette à tête noire représente un bon exemple d’espèce ubiquiste puisqu’on peut la rencontrer de Calais à Marseille et de Brest à Strasbourg, du niveau de la mer à plus de 2 000 m d’altitude.
Comme tous les êtres vivants, les oiseaux sont tributaires d’une com binaison de paramètres écologiques, eux-mêmes largement dépendants du climat. Ces données influent sur le choix que font les oiseaux d’un milieu pour se reproduire. Elles interviennent également après cette phase de leur em ploi du temps annuel puisque certaines
Climat océanique
Tourterelle turque
Climat océanico-continental
Tourterelle turque
Climat méditerranéen
Tourterelle turque
Petit-duc scops Petit-duc scops Petit-duc scops Troglodyte mignon Troglodyte mignon Troglodyte mignon
Climat montagnard
Troglodyte mignon
Rossignol philomèleRossignol philomèle Rossignol philomèle Rossignol philomèle
Merle noirMerle noir Merle noir Merle noir
Grive litorne
Grive musicienne Grive musicienne
Hypolaïs ictérine
Grive musicienne
Fauvette babillardeFauvette babillarde
Fauvette grisetteFauvette grisette Fauvette grisette
Fauvette à tête noireFauvette à tête noire Fauvette à tête noire Fauvette à tête noire
Pouillot fitis Pouillot fitis
Pouillot fitis
Gobemouche noirGobemouche noir
Mésange nonnette Mésange nonnette
Mésange nonnette
Mésange bleueMésange bleue Mésange bleue Mésange bleue
Chardonneret élégantChardonneret élégantChardonneret élégantChardonneret élégant
Bec-croisé des sapinsBec-croisé des sapins
Bouvreuil pivoineBouvreuil pivoine
Préférence marquée de l’espèce pour le climat considéré
Préférence moindre de l’espèce pour le climat considéré
espèces peuvent se maintenir sur place ou n’effectuer que des déplacements modérés, tandis que d’autres se voient contraintes à des migrations les mettant à l’abri d’une dégradation de climat qui les placerait dans l’incapacité de se nour rir : ainsi, une espèce granivore trouvant essentiellement sa nourriture au sol ne peut plus y accéder lorsque le man teau neigeux s’installe durablement ; une espèce insectivore spécialisée dans les proies aériennes devient incapable de s’alimenter quand les insectes volants meurent ou disparaissent pour hiberner.
Le régime des précipitations – la pluie, bien sûr, mais aussi la neige –et celui des températures (voir ta bleau p. 40) sont des paramètres qui conditionnent dans une large mesure à la fois la végétation et les capacités d’accueil du milieu en matière d’oi seaux. Pour ce qui est de la végétation, schématiquement – et même en te nant compte du fait qu’ont été créées des variétés plus résistantes au froid, au chaud, à la sécheresse ou à l’excès
d’eau –, on ne peut pas faire pousser tout n’importe où... Les jardins sont donc peu ou prou façonnés en réponse à des conditions naturelles particulières. Voilà qui ne manque pas d’influer sur l’éventail des oiseaux concernés, singu lièrement dans le domaine des disponi bilités alimentaires.
À cet égard, il convient de rappeler que chaleur et précipitations déterminent en partie l’existence des populations d’in sectes, dont les espèces peuvent ainsi être différentes selon les régions et se manifester selon un calendrier variable. Il en résulte que les oiseaux insectivores trouveront de quoi se nourrir à des dates échelonnées, plus précoces dans le Midi
et à basse altitude qu’à une latitude plus septentrionale ou à une altitude plus éle vée ; avec des conséquences évidentes sur les dates de retour (et, ensuite, celles de départ) des migrateurs.
La végétation dont il est essentielle ment question ici est l’« autochtone » (ou indigène), c’est-à-dire celle qui, len tement façonnée par le climat et l’évo lution, répond à des conditions écolo giques données. Elle convient, plus que toute autre, aux oiseaux qui fréquentent nos contrées. S’il est possible, surtout grâce à l’évolution des techniques mises en œuvre pour la sélection des variétés de végétaux et leur culture, d’installer une végétation « allochtone » (ou exogène) en bien des endroits, une telle végétation
La huppe fasciée aime les contrées ensoleillées.
Le Traité des oiseaux du jardin CHAPITRE 2 - Des jardins et des régionsn’est pas – ou est peu – attractive pour les oiseaux (voir ci-dessous un exemple caractéristique de jardin peu attractif).
Il existe, en matière de végétation, des « domaines », c’est-à-dire des zones où les différentes essences occupent une position dominante. En dehors de son domaine, une essence donnée peut être peu représentée, voire absente, si l’on excepte les implantations résultant de l’action humaine.
Sans entrer dans le détail des cartes de
végétation – des documents souvent très complexes –, on peut citer quelques exemples de nature à guider les choix du jardinier qui cherche à favoriser les oiseaux.
Le châtaignier n’aime que les sols acides, siliceux. Les sols calcaires, eux, conviennent à l’if tandis que le hêtre peut s’y plaire ou s’en passer, du moment qu’il bénéficie d’une humidité atmosphérique suffisante (ce qui explique son goût pour les régions au climat océanique ou mon tagnard). Le charme préfère les régions du Nord et de l’Est. L’épicéa n’est vraiment
chez lui que dans les régions d’altitude de l’est de la France (et donc ni dans le Massif central ni dans les Pyrénées ni ailleurs...). Le chêne pédonculé évite le Midi méditerranéen, au contraire du chêne kermès, qui y prospère sur sol calcaire – il peut y côtoyer les chênes pubescent et vert, ces derniers remon tant toutefois plus au nord. À côté de ces végétaux sélectifs, il existe des essences plus tolérantes, à large répartition, comme l’aubépine, le prunellier ou le merisier – heureuse disposition puisque de nombreux oiseaux les affectionnent particulièrement...
Le type de jardin représenté sur ce dessin ne saurait attirer et retenir les oiseaux de manière satisfaisante. Les haies monospécifiques, la pelouse uniforme, l’alignement des peupliers, les végétaux exogènes comme le magnolia ou les « herbes de la pampa » n’offrent guère d’intérêt pour l’avifaune locale. Il s’agit davantage d’une « collection » de végétaux que de la recherche d’une adéquation entre climat, sol et plantes.
Un jardin peu attractif pour les oiseaux…
Le climat océanique couvre les régions littorales de la façade atlantique, de la Manche et de la mer du Nord. Il pousse aussi son influence assez loin dans les terres, soit à 150 km environ à l’est d’Angers et vers Le Mans. C’est dire qu’il concerne un grand nombre de départements et, partant, de jardins.
D’une façon générale, le jardin « océanique » ne souffre pas du manque d’eau – même si certains étés peuvent se révéler cruels pour la végétation, habituée à un autre régime. Dans ces conditions, les surfaces enherbées s’éta blissent et s’entretiennent assez facile ment, surtout si l’on a opté pour des gra minées rustiques. Le problème viendrait plutôt de la tonte qu’il faut faire très régulièrement là où l’on souhaite garder l’herbe rase. Cette pelouse rase convient
à tous les oiseaux qui doivent pouvoir se déplacer aisément à terre pour déloger larves et vers enfouis dans le sol, tels le merle noir, la grive musicienne, l’étour neau sansonnet ou le pic vert.
En revanche, les amateurs de graines comme le chardonneret élégant ou le verdier d’Europe préfèrent une pelouse moins rase où les plantes basses ont eu le temps de se développer et de fructi fier. On prendra donc soin de ménager, en arrière de la zone tondue régulière ment, une « ceinture » que l’on tondra deux ou trois fois moins souvent. Dans
l’idéal, il convient de laisser subsister, en arrière de cette zone intermédiaire,une surface d’« herbes folles » qui ne fera pas l’objet de tontes mais d’une fauche annuelle ou bisannuelle. C’est là que la fauvette à tête noire ou le pouillot véloce pourront installer leur nid.
Les oiseaux, notamment les passe reaux, tirent profit de la végétation épi neuse pour y dissimuler leurs nids, et certains y trouvent également une partie de leur nourriture, sous forme végétale (fruits, graines...) ou animale (inverté brés). En zone océanique, le jardinier amateur d’oiseaux peut choisir diverses
• Parmi les larves qui s’en prennent aux racines des graminées figurent les Bibionidés. Ces « mouches », qui émergent en avril, pondent dans le sol. Après éclosion, les larves, d’abord présentes en surface, s’enfoncent ensuite dans le sol où elles attendront de se transformer à leur tour en adultes, l’année suivante. C’est lorsque ces larves ne se sont pas encore enterrées que les oiseaux leur donnent la chasse.
Une bergeronnette (voir p. 202), par exemple, peut en consommer de grandes quantités en arpentant la pelouse, l’œil aux aguets et le coup de bec preste.
solutions pour établir des haies ou des fourrés susceptibles de plaire aux oi seaux nicheurs. Le trio comprend l’ajonc, parfaitement à son aise ici, le prunellier qui supporte les vents forts et la proxi mité de la mer, et la ronce, ubiquiste. Le cortège des oiseaux qui fréquentent ces végétaux à un moment ou à un autre est fourni : linotte mélodieuse, fauvette à tête noire, bouvreuil pivoine, bruant zizi, accenteur mouchet, mésanges...
Il est toutefois recommandé de sur veiller ces plantes, notamment la ronce et l’ajonc, dont la propension à occuper le terrain s’avère étonnante. On veille ra donc à les installer de façon à pou voir aisément limiter leur goût pour la conquête en passant par exemple une débroussailleuse (ou la faux) en hiver.
Le choix de ces végétaux offre le plai sir – outre d’aider les oiseaux – de pro fiter du jaune d’or précoce de l’ajonc (et de son parfum de noix de coco), de la neigeuse floraison du prunellier (et des prunelles...) et, bien sûr, des mûres pour la confiture !
L’ajonc, le prunellier et la ronce offrent des ressources fondamentales à bien d’autres animaux que les oiseaux. Les insectes, et notamment les abeilles et les bourdons, y puisent du nectar et du pollen en quantité. Les papillons, dont on sait qu’ils se raréfient, apprécient tout particulièrement les fleurs de la ronce. Les diptères (mouches et compagnie...), attirés par les fleurs, sont des proies toutes désignées pour les oiseaux insectivores. Enfin, les graines des ajoncs font les délices des mulots qui les grignotent en les maintenant adroitement de leurs pattes avant.
Le Traité Rustica des oiseaux du jardin est l’ouvrage de référence qui manquait pour tout savoir sur les espèces qui choisissent de s’installer sur notre territoire. Magnifiquement illustrées, notamment par les dessins de François Desbordes, les pages qui leur sont consacrées permettent de les identifier.
Le Traité Rustica des oiseaux du jardin est également un manuel pratique dans lequel vous pourrez puiser toutes les informations nécessaires pour installer un nichoir ou une man geoire, mais également de nombreux conseils pour aménager au mieux votre jardin, afin d’y attirer les oiseaux et contribuer ainsi à leur protection.
Le Traité des oiseaux du jardin a été conçu et dirigé par Guilhem Lesaffre, naturaliste passionné par les oiseaux depuis plus de quarante ans. Il est administrateur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Catherine Levesque, journaliste, auteure et blogueuse, spécialisée dans les domaines de la nature et de l’écologie, militante LPO et membre de l’Association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE), et Emmanuel Risi, docteur vétérinaire, passionné de faune sauvage et de la médecine de ces espèces, ont collaboré à la rédaction de cet ouvrage.