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Du jardin enclavé au réseau de jardins
Si végétation et climat sont des facteurs essentiels pour le milieu que représente le jardin, deux paramètres écologiques ont aussi une influence déterminante : la taille du jardin et son degré d’intégration ou d’isolement.
Question de surface
Bien qu’elle ne détermine pas tout, la taille du jardin apparaît comme un paramètre non négligeable. S’il est exact qu’un grand jardin peu varié est moins riche, notamment en oiseaux, qu’un petit jardin à la diversité affirmée, on peut comprendre qu’un vaste jardin qui réunit divers « micro-milieux » recèle une plus grande richesse biologique. Toutefois, un jardin de surface réduite en jouxtant un ou plusieurs autres bénéficie de cette proximité et présente davantage d’intérêt qu’un jardin étendu mais plus isolé.
Oasis ou chaîne
Plus un jardin se trouve en relation avec d’autres jardins, ou, mieux encore, avec d’autres milieux, plus grande
Le jardin comme élément d’un «réseau vert ». Les petits ruisseaux...
• À une époque où l’emprise de l’homme sur la nature et les paysages se fait chaque jour plus sensible, où les pratiques agricoles modernes entraînent leur lot d’inconvénients – sinon de dommages – pour la faune, les jardins apparaissent souvent comme des refuges pour la vie sauvage. Et ce d’autant plus qu’y sont respectées quelques règles de bon sens, surtout dans le choix des végétaux et en matière d’utilisation de pesticides. Un jardinier sur deux recourt à ces produits (soit un total de 8 000 tonnes), et l’on estime que les jardiniers amateurs, souvent peu informés des véritables risques environnementaux, seraient responsables du quart de la pollution des eaux de surface et des nappes phréatiques. Un phénomène qui touche au premier chef insectes et oiseaux... Quand l’on sait que 60 % des Français possèdent un jardin, soit une surface totale supérieure au million d’hectares ou environ 2 % de la superficie de notre pays, on mesure toute l’importance d’une gestion de ces espaces compatible avec la préservation de la faune. Ces statistiques mettent en évidence la nécessité de percevoir chaque jardin non pas comme une entité isolée, biologiquement coupée de son environnement, mais bien comme l’élément d’un réseau. Chaque propriétaire de jardin peut ainsi, s’il le souhaite, apporter sa contribution à la préservation de la biodiversité : une merveilleuse opportunité !
est la variété des oiseaux que l’on peut s’attendre à y rencontrer. Les oiseaux ne se soucient nullement des limites des jardins qu’ils fréquentent. À leurs yeux, chacun d’eux ne représente que la pièce d’un puzzle bien plus étendu, et si le jardin est en contact direct avec la campagne environnante ou une zone boisée, la diversité des espèces contactée s’en trouve accrue dans des proportions parfois étonnantes.
La richesse biologique d’un jardin enclavé, situation courante en agglomération, dépend de son degré d’isolement. Les oiseaux, experts dans la façon d’utiliser au mieux les ressources qui s’offrent à eux, peuvent tirer parti de plusieurs jardins séparés les uns des autres. Ils tendent toutefois à privilégier ceux qui ne sont pas trop distants. En somme, il ne faut pas que l’effort – autrement dit la dépense énergétique – consenti pour gagner un jardin soit supérieur au gain énergétique (sous forme de nourriture disponible) escompté de la visite du jardin en question.
Ajoutons que les relations entre jardins séparés se trouvent grandement facilitées pour les oiseaux lorsque existent entre eux des couloirs de végétation. C’est là un élément tout à fait capital que l’on s’efforce maintenant de mettre en œuvre notamment en milieu urbain ou périurbain (voir encadré). Les espèces favorisées par de tels corridors sont essentiellement les espèces arboricoles, celles qui trouvent leur nourriture en se déplaçant d’arbre en arbre, comme les mésanges, les roitelets, les grimpereaux ou les pics. En profitent également celles qui utilisent les arbres comme postes d’observation ou de chant, à la façon du merle, de la grive musicienne ou du serin cini.
Zoom sur la coulée verte
Les études menées en agglomération, et plus particulièrement en banlieue ou en ville, ont montré que la faculté des parcs et jardins à accueillir des oiseaux se trouve accrue dans d’importantes proportions si ces différents espaces verts sont mis en relation grâce à ce que les écologues appellent des « corridors verts ». La version la plus simple de ces corridors est constituée d’arbres d’alignement (marronniers, platanes, tilleuls...) plantés le long des voies de circulation ; mieux encore, de bandes vertes qui associent arbres, arbustes, plates-bandes et pelouses, formant en quelque sorte des jardins linéaires. Telle est, dans le 12e arrondissement de Paris, la « Coulée verte », encore appelée « Promenade plantée », qui, installée sur le sommet d’un ancien viaduc de chemin de fer, part de l’Opéra Bastille pour rejoindre le bois de Vincennes : une incitation pour les oiseaux de cet espace boisé à pénétrer dans Paris.
La Promenade plantée favorise la circulation des oiseaux dans la ville, comme ici la «Coulée verte » à Paris.
