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« Mon » rougegorge ?
Mon jardin, mon oiseau ; à un jardin donné correspondent des oiseaux donnés... Ces idées communément répandues résistent-elles au fait qu’un jardin n’est qu’un élément dans un réseau bien plus vaste ? La réalité ne serait-elle pas tout autre ?
Quelques indices pour identifier un individu
Interruption du cercle oculaire
Ongle manquant
Rectrice externe cassée
Tentatives d’individualisation
Au regard d’un observateur inattentif, rien ne ressemble plus à un oiseau qu’un autre oiseau. Une mésange charbonnière et sa congénère sont aussi semblables que deux gouttes d’eau, un merle et son voisin ne peuvent être différenciés. Cette similitude n’est pourtant qu’apparente ! Pour s’en persuader, il faut des jumelles et une attention aiguisée. Dès qu’on détaille un oiseau afin de découvrir ses particularités, on les repère sans mal.
Les parties nues
Les « parties nues » des oiseaux, autrement dit dépourvues de plumes, présentent des particularités remarquables : les pattes diversement colorées, certaines des scutelles qu’elles portent (petites plaques cornées semblables à des écailles) abîmées, plus ou moins manquantes ou décollées, un ou plusieurs ongles disparus, cassés ou, à l’inverse, trop longs. Le bec est également porteur de bien des indications notables : forme exacte de chacune des mandibules (notamment à leur extrémité), coloration précise (qui varie souvent avec l’âge), tache éventuelle ou petit défaut de conformation. Les cercles orbitaire et/ou oculaire peuvent aussi fournir des éléments d’individualisation par leur aspect (largeur et coloration) ou leurs éventuels défauts (certaines interruption(s) en particulier).
Les plumes
Le plumage peut aussi donner des indices mais qui ne sont pas durables puisque la mue entraîne le renouvellement périodique des plumes (une ou deux fois par an, généralement, selon les types de plumes). Ces dernières restent toutefois suffisamment longtemps en place (plusieurs mois, dans la norme) pour que l’on puisse s’y fier. Une plume abîmée, tordue, cassée ou de coloration inhabituelle constitue un élément parfait pour individualiser un oiseau au moins pendant quelque temps.
Autres détails
Enfin, des détails tels qu’un parasite (comme une tique) près du bec ou autour de l’œil, ou une petite zone déplumée peuvent être notés.
La combinaison de différents indices permet d’affiner l’individualisation qui n’en reste pas moins malaisée en raison de la mobilité des oiseaux et de la fréquente discrétion des marques. En outre, certaines espèces se prêtent mieux que d’autres à ce repérage, soit par leur plus grande taille, soit par leur propension à rester un moment en place, soit enfin parce que leurs marques et/ou couleurs présentent des caractéristiques fortes.

Le jardin : un lieu de passage
Quand vous aurez réussi à individualiser certains des oiseaux qui fréquentent votre jardin, vous découvrirez que ce ne sont pas nécessairement toujours les mêmes visiteurs : en clair, « votre » rougegorge n’est pas un oiseau unique... Ces changements d’individus s’expliquent de plusieurs façons, en fonction du temps et de l’espace.
Au fil de l’année, de nombreux oiseaux se déplacent. Cette constatation s’avère particulièrement fondée aux époques des migrations (printemps et constituer la règle. C’est aux mangeoires que, dans l’ensemble, cette tolérance apparaît le plus affirmée, en dépit de différends ponctuels.
Astuce
Amusez-vous à dresser la « carte d’identité » de certains oiseaux du jardin. Chaque fois que vous détaillez un oiseau, établissez sa fiche en notant ses caractéristiques. Vous pouvez même intégrer des photos (voir chapitre 7) et donner un nom à chaque oiseau individualisé (comme le font les spécialistes des cétacés ou des éléphants) : « plume blanche », « bec taché » ou « moins un ongle » donneront aux oiseaux ainsi nommés des allures de Sioux...
automne), mais aussi au cours de l’hiver et après la saison de nidification : entre la fin de celle-ci et le début de la migration, on note une période de nomadisme que les ornithologues appellent « erratisme ».
Par ailleurs, même installés territorialement, les oiseaux occupent l’espace de telle façon qu’un jardin peut être fréquenté par plusieurs oiseaux appartenant à la même espèce, et pas obligatoirement aux mêmes heures. Des conflits peuvent survenir (notamment en période de reproduction) ou, au contraire, une promiscuité plus ou moins marquée peut