FeBIO EXPRESS franse versie 2021

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L’insertion professionnelle à Bruxelles en pleine essor


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Histoires fascinantes de personnes venues du revenu d’insertion, du travail au noir ou même de la rue, et qui ont aujourd’hui un travail digne.


FeBIO. Nous voulons que Bruxelles marche! No. 1

Août 2021 update

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• Qui sommes-nous?...................1 • L’insertion n’est pas le seul objectif!......................................2 • Pourquoi les trajets d’insertion?5 • Quelles activités? ..................6-9 • Massoud . ..........................10-11 • Mustafa . ........................... 12-13 • Ahmed .............................. 14-15 • Najat en Benale................. 16-17 • Zeggai................................18-19 • Tout le monde ne transite pas.20 • Témoignage............................21 • Brussels,we have a problem...22 • Brussel, nous avons un projet..........................23 • Que peuvent faire les employeurs et le secteur de l’économie principale......... 24-25 • FeBIO sur le terrain.................26 • Plus de travail: Que faire?.......27

Qui sommes-nous? Contact Quai du Hainaut 29 1080 Bruxelles Tel : 02/4127242 nora@febio.be

Editeur responsable Nora De Herdt Like this page (Facebook) http://www.febiovzw.com Trouvez ici les liens vers les sites de nos membres.

FeBIO représente les initiatives locales d’insertion socioprofessionnelle néerlandophones au départ. Ce sont des associations à but non lucratif fournissant des services d’insertion professionnelle pour les chercheurs d’emploi difficiles à placer.

Quelle est notre mission? L’émancipation et

l’autonomisation des plus faibles sur le marché du travail sont devenues indispensables. Nos 25 membres, des associations créent une plusvalue sociétale grâce à une activité économique dans divers secteurs.Certains fournissent également des prestations sociales. Leur activité principale consiste à prodiguer un accompagnement de qualité dans un cadre éducatif.

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L’insertion n’est pas le seul objectif!

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our développer nos activités économiques, nous identifions des secteurs qui ne sont pas assez profitables pour le secteur privé. Les subventions compensent le manque à gagner qui va de pair avec la formation de gens très éloignés du marché du travail. Les services ont parfois des prix plus bas que le prix du marché (prestations sociales) et les entreprises sociales doivent obtenir un certain rendement pour garantir un emploi durable.

L’économie sociale est un laboratoire pour une économie innovante et inclusive. L’exclusion des jeunes et des personnes âgées démontre que notre marché du travail est défaillant. Le taux de l’emploi à Bruxelles est de 61,7 % à Bruxelles en 2019 (Statbel), alors qu’il devrait être de 75% pour les 20 à 64 ans.

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Femimain, une collection contemporaine artisanale réalisée par les femmes dans des ateliers et des coopératives au Maroc, et vendue à Bruxelles par le projet d’insertion de l’association Pianofabriek asbl.

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Pourquoi les parcours d’insertion?

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ls sont essentiels pour une bonne continuité formation-emploi, car ils augmentent les compétences dans les trois domaines: psycho-social, attitude de travail, et technique (formations professionnelle dans divers secteurs). En outre, la connaissance des langues est perfectionnée. L’objectif est une bonne transition vers le marché du travail général.

L

a nouvelle ordonnance relative à l’agrément et au soutien des entreprises sociales de 2018 et a été complété par l’arreté des emplois d’insertion du 16 mai 2019 et l’arreté relatif au mandat et la compentation des entreprises sociales d’insertion.

Quelques chiffres

En 2021

En 2021

En 2021

En 2019

En 2020

374,8 public cible chez nos 25 membres (enquète de FeBIO mai 2021). Contrat d’insertion, ECOSOC, Article 60. Pas tout les ecosoc sont occupés.

164 Articles 60 chez nos 25 membres.

27 contrat d’insertion jeunes chez nos 25 membres.

Le montant attribué pour le mandat d’insertion est de 2.316.468 euros chez nos membres.

Le montant attribué pour le mandat d’insertion est de 3.211.375 euros chez nos membres.

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Quelles activités? Quelle motivation? partenaires.

BRICOTEAM (EVA) Amélioration de l’habitat.

Aksent

Centre de services locaux, secteur Aide à domicile, Transport social. Soins aux personnes âgées.

L’Asbl Aksent a pour mission de soutenir les personnes âgées ayant besoin d’aide, afin qu’elles puissent rester plus longtempts dans leur environnement habituel et bénéficier ainsi d’une meilleure qualité de vie. Ce travail se fait par l’intermédiaire des centres de services locaux de Schaerbeek et d’Evere, et par la mise à disposition d’aides à domicile, de façon souple et individualisée. Des chercheurs d’emplois sans qualification suivent un trajet d’insertion de travail et reçoivent une formation et un accompagnement.

ATELIER GROOT EILAND

(construction, horeca, et agriculture urbaine)

AGE propose du travail, une préformation et une expérience professionnelle dans ses ateliers. Elle oeuvre en faveur de l’emploi, de la formation, de l’intégration et de l’émancipation des demandeurs d’emploi (chômeurs de longue durée, allocataires d’aide d’un CPAS, bénéficiaires d’un revenu d’intégration, ayants droit à une indemnité d’invalidité ou de la mutuelle, candidats réfugiés politiques). L’association possède 4 ateliers: ArtiZan pour les produits artisanaux, Bel Mundo, restaurant sociale offrant un service de restauration, une sandwicherie et le magasin de produits durables Bel’O. Le potager urbain Bel Akker, Klimop, menuiserie. Un conseiller pour l’emploi oriente notre public cible vers le marché du travail

Baita

Secteur agence immobilière sociale et entretien de bureaux

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Elle offre des logements pour les familles à faibles revenus, ainsi que des opportunités d’emplois pour personnes peu qualifiées et /ou chômeurs de longue durée. Baita Clean Office: service de nettoyage pour une première insertion Elle gère également O-zone, un lieu bien situé, proche du canal, où sont établis une dizaine de

L’association fournit des solutions créatives améliorer le confort des logements des séniors et autres personnes ayant besoin de soins. En exécutant des petits travaux de rénovation, elle rend les logements plus sûrs et réduit les frais d’électricité : travaux Kyoto, de base, de soins, et de sécurité. Les tarifs varient selon les revenus des clients.

Maison de quartier Bonnevie Secteur Construction

BON{FIX}: projet d’économie sociale où les travailleurs construisent leur propre expérience de travail technique. Le centre de prêt propose la location d’outillage (marteau piqueur, échelle…) Le conseiller en rénovation offre un accompagnement visant à l’autonomisation des habitants (centre de Molenbeek et quartier du port) et se concentre sur les travaux d’isolation. Le service Logement aide les familles à bas revenus. Bonnevie informe son public sur les droits et les obligations des locataires. Plus généralment, elle lutte pour le droit au logement pour tous.

Beeldenstorm

Secteur Grafisme, Temps Libre, Multimedia, Couture, Metaux

Un projet socio-économique pour jeunes adultes, construit autour des arts figuratifs: atelier des métaux, imprimerie associative, menuiserie, atelier de céramique, audiovisuel (Beeldenstorm télévision), arts scéniques, couture, catering…

Casablanco

Secteur Construction, Renovation, Renovation d’écoles

L’objectif est d’insérer des chômeurs de longue durée peu qualifiés et d’améliorer l’environnement résidentiel en RBC dans les quartiers défavorisés. Les ouvriers sont accompagnés par des instructeurs chevronnés. L’insertion peut également se faire grâce à des tâches administratives et logistiques.


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Cosmos

De Welvaartkapoen

Cosmos, surtout actif à Cureghem et Anderlecht, cherche à travailler en lien avec d’autres initiatives d’économie sociale. La plupart des travailleurscibles sont déjà inclus dans un projet d’insertion de travail, dans un environnement multilingue où l’on apprend le néerlandais. L’expérience est combinée avec des formations externes pour une meilleure insertion dans le marché du travail. Les travailleurs “Article 60” (nettoyage et bricolage) et PTP (cuisiniers) suivent un autre programme. Le PTP est réservé aux candidats possédant une forte motivation. Ils doivent accepter d’aller à l’école en dehors des heures de travail. Les aspirants cuisiniers suivent une formation à CERIA/COOVI.

L’expérience de travail s’acquiert dans un atelier de couture, un restaurant social, des services périscolaires, de livraison de repas chauds, et de transport social. Le centre de services locaux, Het Begin, offre un ensemble de services destinés à aider les personnes âgées à rester chez elles le plus longtemps possible

Centre de services locaux,secteur Horeca

CyCLO

Secteur Mobilité

Une entreprise d’économie sociale qui promeut l’usage du vélo à Bruxelles - technique, recyclage, cycloculture, innovation. Chaque travailleur suit un trajet indivualisé tenant compte de ses attentes professionnelles et personnelles. L’association se situe au croisement de trois défis : mobilité, emploi et environnement.

Centre de services locaux De Harmonie, Quartier Nord Secteur Horeca.

L’association permet à des personnes âgées ayant besoin de soins de rester chez elles dans des bonnes conditions. Elle les aides à rompre leur isolement et à se re-socialiser. L’expérience de travail est possible en cisine et restauration.

De Pianofabriek

Secteur Culture et Horeca

Le Pianofabriek est un projet d’habitat groupé : c’est à la fois un centre communautaire, un laboratoire artistique et un centre de formation. Nous donnons aussi du travail aux demandeurs d’emploi de longue durée. Nous employons 5 collaborateurs issus de groupes défavorisés et nous les accompagnons vers une meilleure insertion dans le marché de l’emploi. Ils sont impliqués dans: Alcantara, le café bio et équitable de notre centre, et Femimain, notre propre collection de produits équitables provenant de coopératives de femmes marocaines. Les produits sont vendus par le projet d’emploi.

Secteur Couture, Horeca, Mobilité

De Overmolen

Secteur Soins en Bâtiment

Cet organisme social de développement de projet souhaite donner des réponses aux grands problèmes de société grâce à des projets en économie sociale, en liaison avec d’autres organisations. Il cherche des solutions de logement pour les organisations de bien-être et les associations culturelles, ainsi que pour les personnes défavorisées. Il utilise pour cela différentes formules : convention de mandat, baux emphytéotiques, achat en commun, collaboration privée... De Overmolen exploite aussi un centre de vacances 100% accessible dans les Ardennes flamandes: De Kleppe.

De Kaai

Centre de service locaux, secteur Horeca Lieu de rencontre. Mission de soutenir les personnes agées. Restaurant avec projet d’insertion socio-professionnelle.

Elmer

Secteur halle-garderie pour des enfants

La crèche offre un système flexible d’acceuil aux parents. Elmer offre un formation qualifiante en l’acceuil des enfants qui résulte dans un diplôme reconnu par Kind en Gezin.

EAT

Secteur Horeca

EAT gère 4 projets de restauration (Café ABC, Elan, Nic-Nac et la Taverne Ter Linden).

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FIX

Secteur Construction, Rénovation et Rénovation d’école. FIX améliore la qualité de vie des Bruxellois possédant un faible niveau d’éducation, et la qualité des équipements publics: travaux de peinture, revêtements de sols, les travaux sanitaires, le placement d’isolation, menuiserie, etc.. Ses valeurs de base sont la pertinence sociale, la formation, la solidarité, la, diversité, la durabilité... FIX lutte en priorité contre le chômage des jeunes, qui sont accompagnés par un conseiller pour l’emploi (en collaboration avec AGE).

GREAT

Secteur Horeca

Resto BEL est le restaurant de Bruxelles Environnement sur le site de Tour & Taxis. Resto BEL est exploité par GREAT, une collaboration entre Atelier Groot Eiland & EAT.

LD3

Secteur Horeca, construction

LD3 est un collectif de trois centres de services locaux et un projet d’économie sociale actif dans différents quartiers. Les projets partagent la même vision.

Maks

Graphisme, Multimedia

Son action est double : l’accompagnement au travail, individuel ou dans des ateliers collectifs. Des cours intensifs de longue durée, qui améliorent les connaissances et les compétences Maks Bureau Graphique - de l’infographie pour le secteur non-marchand. L’association propose un concept unique : la formation sur le lieu de travail de jeunes demandeurs d’emploi talentueux mais peu qualifiés. Les bénéficiaires, environ une vingtaine par an, se trouvent principalement à Bruxelles Région Capitale. Pendant un projet d’expérience de travail de un ou deux ans, les travailleurs à faible niveau d’éducation, ou les personnes touchant un revenu minimum d’insertion, vont apprendre un métier : animateur multimédia, PAO (publication assistée par ordinateur), hôte d’accueil, assistant logistique, technicien informatique....

Manus Brussel

Secteur Renovation, Entretien Espaces Vert, Entretien Manus est une entreprise de transition, qui investit dans le développement professionnel

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de ses collaborateurs. Elle prépare ses ouvriers à une nouvelle carrière dans le secteur privé classique en offrant un plan de développement personnalisé, une formation, un accompagnement et un encadrement motivé.Manus apprend à ses travailleurs à fonctionner dans un environnement le plus proche possible d’un environnement de travail normal. En collaboration avec des entreprises classiques, elle crée des emplois aidés et accompagnés, mais déjà situés sur le lieu de travail de l’entreprise partenaire.

Recyclart

Secteur Horeca, Construction

Une structure pluridisciplinaire composée d’un Centre d’arts et de projets d’insertion socioprofessionnelle qui sont traduit par le BAR RECYCLART (un bar/restaurant 100% vegan + 100% bio ) et de RECYCLART FABRIK (ateliers bois/métal/infra).

Sociaal Vervoer Brussel

Secteur service Bruxellois de transport adapté et accompagné

SVB aide à la mobilité des personnes à faible mobilité dans la Région Bruxelles Capitale. Il dispose d’une flotte de véhicules adaptés handicap et d’une réserve de bénévoles à laquelle les clients peuvent faire appel. Les bénévoles, chauffeurs et accompagnateurs en contrats aidés, offrent aux clients soutien et accompagnement dans les transports publics.

VITES

Secteur magasin d’occasion

En 2017 le premier magasin ouvre ses portes à Laeken. Des biens recoltés en Flandre et à Bruxelles sont vendus à des prix corrects et avec garantie.

Maison de quartier Chambéry Secteur Bâtiment, Horeca et Entretien.

Elle fonctionne grâce à la collaboration entre un centre de services, des activités de jeunes et d’enfants, de quartier. Le service de bricolage effectue des réparations chez les habitants du quartier en collaboration avec le CPAS. L’équipe de rénovation est spécialisée dans la finition intérieure et travaille surtout pour des agences immobilières sociales. L’équipe de cuisine prépare 120 repas par jour pour le restaurant social.


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Massoud devient concierge

Massoud Soleimani a transité de Maison de quartier Chambéry avant de devenir concierge. Massoud est un quinquagénaire d’origine iranienne arrivé en Belgique comme réfugié en 2000. Il a étudié le français pendant 9 mois mais ne parle pas le néerlandais. Il n’avait eu aucun travail fixe jusqu’en 2012, quand il a été mis au travail par le CPAS d’Etterbeek dans la maison de quartier Chambéry grâce à un contrat “Article 60”. Au bout d’un an et demi il reçoit une proposition d’emploi de concierge chez un clients, dans une résidence d’appartements dans une avenue élégante de Etterbeek.

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En Iran, Massoud travaillait comme technicien d’entretien pour un barrage hydraulique. Deux de ses frères et soeurs s’étaient déjà installés en Europe. Massoud a laissé derrière sa famille et ses enfants. En 2008, il fit victime d’une crise cardiaque et a été opéré en Belgique.. Ses problèmes cardiaques sont dûs à la violence qu’il a subi. En Iran, Il fut jeté à travers une vitrine et a été gravement blessé au bras, à la main et au torse. Entre 2000 et 2012, il travailla régulièrement dans le bâtiment, puis dans une usine, et enfin comme peintre-tapissier. Il a appris ces différents métiers sur le tas, et se sent aujourd’hui complètement Belge. En 2012 il frappait tous les jours à la porte du CPAS de Etterbeek, car il était à la recherche d’un emploi stable. Une jeune femme du CPAS l’aida à rédiger son C.V. Ensuite , tous les jours pendant 40 jours, il le glissa sous la porte Massoud devant sa résidence

du responsable, avec une lettre demande d’emploi. Finalement, le responsable décida de l’appeler, et comme chaque jour, Massoud était devant la porte de son bureau…. Massoud pouvait démarrer un emploi aidé “Article 60” à la Maison Chambéry, dans l’équipe Dépannage. Au début, la responsable Christine ne voulait pas l’engager, à cause de sa santé fragile. Mais Massoud ne lâchait pas: “nous mourrons tous un jour, je ne veux pas mourir dans mon lit, je veux contribuer à la société...” Pendant un an et demi passé à la Maison Chambéry, il a réparé des objets, puis a été chargé de travaux plus complexes. Il ne considère pas qu’il a eu de la chance: “en tout cas, pas comme avec la loterie. Je suis ponctuel, fiable. Au CPAS les gens remarquent que je suis toujours à l’heure aux rendez-vous.” A Chambéry, il a aussi appris ce qu’était une pause,


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un jour férié, une réunion de travail ou l’on s’assoit ensemble autour d’une table, un salaire versé régulièrement à la fin de chaque mois. Il a découvert la gentillesse et camaraderie au travail. Sa vie s’est vite améliorée. Pour Chambéry, il travaillait dans un bâtiment Avenue des Nerviens à Etterbeek. Une écrivaine, Barbara, une des habitantes dont il a fait connaissance, l’appela un jour pour lui proposer de devenir concierge de la résidence. Ils cherchaient un ‘homme de confiance’. Ce fut un moment difficile, mais il décida d’abandonner Chambéry. Massoud n’avait aucune notion du droit de travail. A nouveau, le CPAS est venu à son secours, pour lui expliquer qu’il avait le droit de démissionner, le 16 du mois et de commencer son travail de concierge dès le lendemain. La résidence est impressionnante: 120 appartements, quatre ascenseurs, deux installations de chauffage, une laverie, et un jardin côté rue. Quand Massoud est arrivé, elle était sale, mal entretenue, infestée de souris. La loge du concierge était très décrépite. La première année, il travailla tous les jours, d’arrache pied, souvent jusqu’à tard dans la nuit. Le travail était très varié: cimentage, petites réparations, jardinage, électricité, carrelage, réception des livraisons....

Le CPAS a mis sa vie en mouvement! “

Massoud chez Chambéry

La reconversion de Massoud a été possible grâce aux collaborateurs du CPAS Christine de Chambéry et Barbara, une bénéficiaire de Chambéry, un réseau de connaissance et de confiance. Derrière l’étiquette dévalorisante “ Article 60”, il y a un homme qui a reçu un coup de pouce au bon moment.

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Mustafa est aujourd’hui menuisier.

Mustafa Saaif a transité d’un poste de collaborateur polyvalent vers un emploi de menuisier chez NNOF/Your Mover Logistics NNOF et Manus travaillent sur l’emploi durable grâce à un système collectif de transition. En mai 2016, cette initiative a été nominée par The Shift dans le cadre des Sustainable Partnerships.

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Anne Lenaerts, BU-manager chez NNOF et Kimberly Davits, Project Coordinator Manual Services chez Manus, expliquent comment l’association recrute chaque année des travailleurs publics cible issus de l’économie sociale: “NNOF transforme des meubles usagés pour créer du nouveau mobilier de bureau, selon les principes de l’économie durable et circulaire. Sa devise est ‘RE-PAIR, RE-USE, REMANUFACTURE’. Anne Lenaerts explique qu’au début, NNOF a voulu tout faire en interne, mais en 2016, il a été décidé de répartir les tâches. Le développement et le montage restent l’affaire de NNOF, tandis que la production, le montage final et la livraison sont soustraités à la société-soeur Your Mover Logistics. Manus Bruxelles est reconnue comme Initiative Locale pour le Développement de L’Emploi Mustafa dans l’atelier de NNOF/Your Mover Logistics

(ILDE) à Bruxelles et est actif dans le domaine du nettoyage, entretien des espaces vert, et rénovation. Ceci pour les entreprises et pour les particuliers. Manus combine l’entrepreneuriat socialement responsable avec une qualité excellente et un feeling commercial. Dans l’atelier, nous rencontrons Mustafa SAAIF, 45-ans. Originaire du Maroc et réside en Belgique ou il obtient un diplôme en ébénisterie. Mustafa réside en Belgique depuis 2011. En 2014 il démarre comme travailleur public cible chez Manus, sous le régime de l’Article 60, avec la fonction de ‘collaborateur polyvalent’ en formation nettoyage et rénovation. En mars 2015 il débute chez Your Mover Logistics sous un contrat-dit ‘Manus’, mais toujours sous monitoring et


FeBIO-EXPRESS accompagnement de Manus. Pour cela on utilise les ‘Contrats spéciales Manus’. En faisant ainsi, le collaborateur s’habitue petit à petit à une nouvelle situation de travail dans une entreprise régulière. Ce dernier trajet dure maximum un an, et est possiblement suivi par un engagement.

Opération transition réussi Aujourd’hui Mustafa possède un contrat de travail stable chez Your Mover Logistics. Il avait déjà pratiqué la menuiserie au Maroc. Néanmoins, la transition fut difficile/ Il dut apprendre à travailler à un rythme plus soutenu, à tenir ses délais, à obéir à un ensemble de règles contraignantes, et à utiliser différents types de matériaux. Your Mover Logistics avait certaines attentes en matière d’autonomie (rangement, assemblage, nettoyage), de prise de responsabilité, de professionnalisme. Mustapha dut aussi mettre à jour ses et compétences techniques. Sur le nouveau lieu de travail de Mustafa, son collègue Mohammed fut désigné comme son coach pour l’aider à acquérir les compétences techniques. Pendant son temps libre, Mohammed est coach pour des enfants, il est généreux, et fortement engagé. L’équilibre et la compréhension mutuelle au sein de l’équipe sont essentielles sont nécessaires, pour que la pression au travail ne devienne pas insupportable.

Comment Mustafa a-t-il vécu sa transition?

Qu’est-ce qui s’est avéré facile, et difficile ? Mustafa a d’abord appris à être prudent avec le matériel: “si j’endommage quelque-chose, cela entraine un surcroît de travail, tout doit être réemballé, refait ou réparé. Cela

coûte beaucoup de temps et de l’argent.” Il apprécie le support de Mohammed et a déjà beaucoup appris. La transition signifiait aussi au niveau du salaire un changement. Mustafa a moins de jours de congés que pendant son parcours d’insertion chez Manus, car Your Mover Logistics dépend d’une autre commission paritaire. Les avantages et désavantages du travail chez le nouvel employeur ont été listéslors d’une “conversation dans un siège de velours” - un processus au cours duquel on discute de l’ensemble des conditions imposées par le nouvel employeur.

Comment Manus soutient ses bénéficiaires? Au début, Kimberly était présente toutes les semaines pour l’apprentissage de la bonne attitude au travail, les discussions salariales et les évaluations de la performance au travail. Au bout de trois semaines, Mustafa a reçu une première évaluation. Le contrat Manus prévoit un accompagnement structurel et intensif, ainsi que des séances de discussion, un système apprécié de tous. Cela dit, il ne faut pas non plus être trop présent: “le lien avec l’ancienne entreprise doit graduellement diminuer, explique Kimberly; une approche étape par étape permet de bien former le travaiilleur à son nouveau poste. Au début, des petites adaptations sont possibles, pour compenser un manque de connaissances techniques. Mustafa a ainsi appris à lire un plan et assembler un meuble. Pour d’autres travailleurs pris en charge par Manus, la transition a échoué. Il faut de la patience.

avec d’autres organismes, comme les ateliers protégés, ce qui lui a permis d’acquérir un savoir-faire spécifique et une attitude positive. Selon Anne Lenaerts, L’entreprise assume depuis une dizaine d’années un rôle citoyen. Mustafa a travaillé pendant un an chez Your Mover Logistics sous contrat avec Manus, avant de transiter vers le régime général. Au départ, cinq personnes se trouvaient dans la même situation, mais deux seulement ont été recrutées. Entretemps, cinq nouvelles personnes de Manus ont commencé leur parcours sous contrat Manus, et NNOF souhaite continuer le recrutement. Kimberly et Anne confirment que la sélection est plus facile quand les parties se connaissent; Manus livre des travailleurs performants, et leur donne un coup de pouce vers une nouvelle carrière. NNOF aide à construire la carrière et assure une gestion durable.

Pourquoi NNOF/Your Mover Logistics s’engaget-il à donner leur chance à ces personnes? NNOF a travaillé dans le passé

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Ahmed travaille dans l’horeca

Ahmed Boukhari a transité du Café ABC d’EAT vers un emploi stable chez L’Amourette, snack-bar. Ahmed, âgé de 39 ans, est né au Maroc et a connu une jeunesse difficile. Après une période mouvementée, il atterrit chez EAT. Il a suivi pendant son parcours d’insertion une formation d’aide-cuisinier.

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A midi, c’est le coup de feu chez l’Amourette. Six personnes, dont lui, s’activent derrière le grand comptoir pour servir les clients.

raisons psychiatriques. Ils y reçoivent un accompagnement adapté et participent à des activités de jour.

Enfant, il fut recueilli par une famille française et amené en France. Mais quelques années plus tard ses nouveaux parents l’abandonnent et il est renvoyé au Maroc. Son parcours scolaire est brutalement interrompu, ce qui provoque chez lui un grave traumatisme psychologique. Il obtient malgré tout son diplôme de fin d’études primaires.

Après une longue hospitalisation à la Clinique Sans Souci, Ahmed est envoyé chez EAT sur intervention d’un CPAS. A l’hôpital, on craignait qu’un parcours d’insertion professionnelle s’avère trop lourd pour lui, mais il réussit à obtenir un contrat PTP de deux ans.

Adulte, il arrive à Bruxelles et connaît des années difficiles et solitaires. Sans papiers, il devient SDF, et le restera pendant 12 ans.

Son travail chez EAT a été pour lui une véritable thérapie.

Il séjourne également à la Clinique Sans Souci, un lieu d’habitat protégé, destiné aux adultes ayant des difficultés à vivre en autonomie pour des Ahmed chez L’Amourette


FeBIO-EXPRESS A son arrivée, il souffrait encore de dépression, mais il se mit rapidement à apprécier le contact avec d’autres personnes lors des nombreuses réunions.. Il se souvient avec gratitude de ‘Monsieur Alain’ que tout le monde appelait ‘Papa’ et qui était un homme de confiance. Il n’a pas non plus oublié l’autre patron, affligé d’un caractère difficile, qui faisait preuve de paternalisme et d’une sévérité excessive. Malgré tout, Ahmed acquiert un peu de confiance en lui, apprend beaucoup et suit des formations, notamment par exemple une initiation à l’hygiène chez JES. Sur recommandation du CPAS, il commence à apprendre le néerlandais et apprend le métier d’aide cuisinier à l’école Elishout/ CERIA. Aujourd’hui, il sait préparer une soupe, un bouquet garni, des entrées, des plats du jour. Il devrait bientôt s’attaquer à l’apprentissage de la pâtisserie, mais ce sera difficile avec les horaires actuels. Vers la fin de son contrat chez EAT, Ahmed allait tous les jours au café ABC à Anderlecht en triporteur, qu’il pleuve ou qu’il vente. Là, il cuisinait pour une cinquantaine de personnes des résidents temporaires d’un centre d’accueil d’hiver proche de la gare de l’Ouest, géré par Vluchtelingenwerk Vlaanderen. Il préparait diverses viandes, du couscous, du riz mexicain, les plat en bain-marie... Chez Café ABC, les repas pour les réfugiés étaient préparés avec enthousiasme.

Pour Ahmed, il s’agissait d’un engagement personnel très fort, car il était passé par là luimême, et savait que ce type d’assistance faisait vraiment une différence.

Café ABC Une des 4 initiatives Horeca d’EAT

Le patron de l’Amourette engagea Ahmed presque sur le champ, après une période d’essai d’un seul jour, car son C.V. était déjà bien rempli et qu’il parlait néerlandais et français. Il lui fallut du temps pour s’habituer aux horaires. Cinq jours par semaine, il doit se lever à 3 heures du matin, pour être au travail à 4h, et travaille jusqu’à 13h30. A présent, il est habitué à ce rythme. Cela fait aujourd’hui cinq ans qu’il travaille dans ce snack bar, l’une des meilleurs de la Gare du Nord. A ce jour, il n’y a eu pas de problème de discrimination entre hommes et femmes, ni à cause de la religion, même après les attentats de 2016. L’équipe est bien rodée, les clients apprécient qu’il parle néerlandais. Entretemps, Ahmed a obtenu la nationalité belge, tout en conservant sa nationalité marocaine. Il regarde l’avenir avec confiance. Même si un jour il devait changer d’emploi, il se dit persuadé qu’il pourrait trouver facilement un autre poste dans le Horeca. Il est le père d’une fillette de trois ans, et sa femme est à nouveau enceinte.

Ahmed quand il servait des repas Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Quisque

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Najat et Saadia sont aidesménagères

Dans leur métier, il est important de savoir communiquer avec les clients - Najat et Saadia parlent l’arabe et le français -, de faire preuve d’une bonne attitude et de respecter la déontologie professionnelle.

Najat Kenzy et Saadia Benale sont passées d’Aksent à l’Aide aux Familles. Najat, 37 ans, d’origine algérienne réside en Belgique depuis 14 ans, et Saadia, 42 ans, marocaine, depuis 19 ans. Najat a travaillé trois ans chez Aksent sous le régime de l’article 60 - à 31 ans, c’était son premier véritable emploi car auparavant, elle travaillait au noir. Aujourd’hui, Najat et Saadia travaillent à L’Aide aux Familles. Najat a obtenu un contrat à plein temps à durée indéterminée. Saadia a d’abord eu un contrat à mi-temps, puis un deuxième à durée indéterminée. Elles sont aides-ménagères pour des personnes âgées, des malades en situation précaire, et des familles ayant des problèmes avec leurs enfants.. Elles travaillent dans les quartiers Gare du Nord, Schaerbeek et Helmet - un territoire limité, permettant de rester à proximité des clients.

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Auparavant, Saadia a travaillé quelques années pour ISS, dans le secteur du nettoyage. La plupart des bénéficiaires sont des personnes esseulées, sans enfants ni famille, ce qui les rend très dépendants. Très souvent, ils considèrent peu à peu les aides ménagères comme des membres de leur famille. Pour son premier jour de travail, Saadia a préparé à son client un repas typiquement belge: un beefsteak-purée... En général, Najat et Saadia s’occupent à présent de deux ou trois clients par jour, avec des pauses de quinze minutes toutes les deux heures. Chez Aksent, elles gagnent entre 1 et 5 euros de l’heure. Chez l’Aide aux Familles, de 1 à 7 euros de

l’heure. En moyenne on paie 3 euro de l’heure.

Elles ne sont pas seules à rendre visite aux clients, qui bénéficient aussi souvent de soins à domicile ou d’une aide familiale. Toutes ces tâches sont strictement réglementées. Les aide-ménagères font aussi les courses, et bénéficient pour cela d’une assurance . La transition d’Aksent vers L’Aide aux Familles s’est faite sans problèmes d’ajustement. Najat a été engagée grâce à une amie infirmière qui y travaillait, et qui a envoyé à sa direction une lettre de recommandation. Durant la transition, l’accompagnement fourni par Groep INTRO, ainsi que par Maks Travail, s’est avéré très utile. Najat et Saadia reçoivent sans cesse des compliments de leurs nouveaux employeurs. Cinq des quinze collaborateurs de l’Aide aux Familles viennent d’Aksent, grâce notamment à la formation Najat et Saadia Talents pour le secteur des soins...


FeBIO-EXPRESS dont ils ont bénéficié : premiers secours, soins, techniques de nettoyage... Avec les personnes les plus âgées,souvent isolées socialement, il faut faire preuve de patience et d’empathie.Elles doivent aussi établir des relations de coopération, pour éviter que le client se contente de donner des ordres en restant assis sur son sofa. Par ailleurs, il faut savoir gérer les personnes atteintes de troubles mentaux ou de dépression. Chez les plus jeunes, les intervenants travaillent toujours à deux. Selon Najat et Saadia, les jeunes en situation d’habitat protégé sont souvent les plus “difficiles”. Toutes deux font preuves de maturité et professionnalisme. Saadia raconte qu’au début, l’une de ses clientes hurlait qu’elle n’aimait pas les Marocains, qu’ils étaient tous “mauvais” et que leurs femmes faisaient trop d’enfants. Dans cette situation, Saadia a su garder son sang froid, et le miracle s’est produit. Un lien s’est créé entre Saadia et cette dame, fondé sur le respect mutuel. Quand Saadia a dû cesser de travailler chez elle pour une raison d’ordre privé, elles ont pleuré et se sont embrassées très fort. Un jour, Najat vit sur Kapaza des meubles de salon qui lui rappelaient ceux de son ancienne cliente.. Elle appela l’administration pour demander “si tout allait bien avec Madame X”, et apprit qu’elle était décédée. Désormais, les clients sont des hommes et des femmes de toutes nationalités. Certains ne parlent que l’anglais. Normalement, Najat et Saadia portent le foulard islamique, mais elles doivent obligatoirement l’enlever chez les clients. Parfois elles rusent avec l’interdiction, par exemple en portant un bonnet sur le bandeau, Une de leur collègue porte même une perruque. En revanche, lors des

Soutien aux séniors - Aksent

réunions internes de l’association, elles peuvent garder leur foulard, en présence de leurs quelques collègues masculins. Elles reçoivent trente heures de formation par an, ce qui est peu. Selon elles, les sessions ne sont pas toujours intéressantes, mais elles en apprécient certaines, par exemple sur les mesures à prendre lorsqu’elles trouvent un client sous l’emprise de l’alcool, ce qui est assez fréquent chez les personnes âgées. Elles ont aussi suivi des modules de formation pour leur apprendre à relativiser certaines situations complexes, ou à gérer les personnes en crise d’anxiété. Pour le moment, Najat et Saadia n’ont pas envie de devenir aides familiales, car elles ont peur des responsabilités administratives, ont du mal à écrire en bon français. Par ailleurs, elles ont oublié le néerlandais. Saadia a fait une demande d’emploi auprès de l’association flamande Familiehulp, et s’est présentée sans foulard, mais sa méconnaissance du néerlandais a été un obstacle.

L’importance de l’aide à domicile. A Bruxelles, un séjour en une maison de repos coûte 1.365 euro par mois. Compte tenu du revenu moyen annuel des habitants des communes de Bruxelles, il est clair que beaucoup d’entre eux ne pourront jamais y aller, et ne pourront pas non plus payer la facture d’un séjour prolongé à l’hôpital. La collectivité doit intervenir pour aider les personnes âgées à rester chez elles le plus longtemps possible, grâce à une alimentation saine et à un ensemble de soins à domicile coordonnés entre les différents prestataires. Selon plusieurs études, le maintien à domicile est la solution la meilleur marché. Or, les soins à domicile sont une opportunité d’emploi pour les hommes et femmes d’origine étrangère, qui sauront gérer la diversité et seront sensibles aux différences culturelles. Aksent est depuis longtemps actif sur ce terrain, mais elle doit réduire ses activités à cause de la diminution de 5% des subventions ACS.

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Zeggai Benzerfa, agent de sécurité Il devint alors animateur sportif chez Buurtsport, grâce à une offre d’emploi d’Actiris.

Zeggai Benzerfa agent de sécurité, a transité de Buurtsport vers SERIS Zeggai Benzerfa, 30 ans, d’origine algérienne, n’avait obtenu que son BEPC. Après le divorce de ses parents, il a dû aider sa mère qui traversait une période difficile, et a dû interrompre ses études en sixième année de l’enseignement secondaire. Il avait réussi à décrocher un emploi stable dans un laboratoire pharmaceutique, mais il dut démissionner car il était allergique à certains produits chimiques.

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Il s’entrainait souvent à Fire Gym, un centre de fitness Bruxellois ou on organise également l’insertion de travail. Le sport offre un accès facile aux jeunes Bruxellois, souvent difficiles à joindre. Après une première sélection, les quarante candidats au poste d’animateur sportif n’étaient plus que dix. La concurrence devint âpre. Zeggai réussit à parcourir 80 km à vélo en une journée, et il obtient le poste de PTP chez Buurtsport. Il travaillait avec des enfants et des jeunes, de 1 à 25 ans. Il dut apprendre à pratiquer différents sports, football, handball, gymnastique et sports de combats… En parallèle, il suivait des cours de néerlandais et de pédagogie. Il était très frappé par l’incroyable diversité du public de Buurtsport, place Lemmens et dans les Marolles.

Ce fut pour lui une expérience enrichissante. Mais son rêve était ailleurs. Quand les gens de Buurtsport lui demandèrent de développer une perspective d’avenir et de de préparer un trajet professionnel, il expliqua qu’il voulait devenir agent de sécurité.L’association G4S à Asse organise des formations d’agents de sécurité d’une durée d’un mois, cinq jours par semaine. Le premier module est théorique, et se termine par un examen de trente questions organisé par SELOR, portant sur les dispositions de la loi de 1990. Le second module, organisé en interne, porte sur la sécurité incendie, l’autodéfense et la communication avec le public (observation et prévention). Il s’agit d’une formation assez chère: 1560 euros, Après de longues discussions en interne, Buurtsport décida de la prendre Zeggai Benzerfa


FeBIO-EXPRESS en charge. L’investissement était important, mais le résultat fut positif: Zeggai réussit sa Chez Buurtsport, il avait acquis des connaisances qui se sont avérées utiles dans différentes circonstances: contact avec la clientèle, capacité de leadership... Beaucoup de jeunes songes à postuler pour un poste de “steward” de stade, pour guider les spectateurs lors des grands événements sportifs. Zeggai, qui entretemps s’était marié, voulait un emploi stable avec un revenu fixe. Finalement, il a préféré s’adresser à SERIS, qui l’a présélectionné pour un test. Le résultat fut positif. Zeggai obtient également une réaction positive de Securitas. SERIS intervient dans le secteur de la surveillance télémonitoring, sécurité, conseil, formation, et logistique. Elle a assuré la sécurisation des stades pendant l’Euro 2016. Leur devise est publiée sur leur site web: “Respecter tout le monde, respecter la diversité, respecter la réglementation…. Partage, discipline et dynamisme : telles sont los valeurs fondamentales qui nous sont chères et qui déterminent toutes nos actions.” SERIS a été choisie par la STIB pour assurer la sécurité dans les stations de métro bruxelloises, et un autre avec le siège de OTAN. Après six mois d’ancienneté et une formation complémentaire, il va peut-être se qualifier pour travailler à l’OTAN, ce qui serait une très bonne expérience. Zeggai travaille actuellement dans les stations de métro Bourse, Anneessens, Maelbeek ou Montgomery. A l’issue de sa période, d’essai, il compte bien décrocher un contrat à durée indéterminée. Au métro Bourse, il y a

Devant le Metro Rogier, lieu de travail

actuellement des problèmes de drogue et d’hygiène. Or, le centre de Bruxelles est une destination touristique importante et la réputation de la ville souffre de cette situation. La municipalité cherche donc à améliorer son image. Désormais, la station Bourse ferme entre 1 heure et 5 heures du matin - tout le monde doit la quitter, y compris les sansabris. L’une des missions de Zeggai consiste à les faire sortir. Cela lui fait mal au cœur de voir la dureté de la vie de ces gens, et souhaiterait que le problème soit résolu durablement Il y a en général deux agents par station, et quatre pour les plus grandes comme Gare du Nord et Gare du Midi. Zeggai a appris à travailler en équipe. Il parle désormais arabe, français et néerlandais, ce qui facilite le contact quotidien avec la population bruxelloise, très diverse.

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Tout le monde ne peut pas trouver un emploi dans l’économie principale.

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armi les principaux obstacles : une faible estime de soi, le manque de mobilité, la démotivation, le faible écart entre le montant du salaire et celui des allocations chômage, les problèmes de garde des enfants, les attentes irréalistes en matière de salaire et de type de travail, le décrochage, la maladie, une mauvaise connaissance de la première langue du pays, l’illettrisme…

L O

e marché de travail Bruxellois est de plus en plus exigeant, à cause de la crise économique et la discrimination à l’embauche. 70.000 Chômeurs n’ont pas de diplôme de l’enseignement secondaire.

n peut y remédier partiellement, notamment grâce à l’accompagnement pour les trajets, à une meilleure utilisation des outils de communication modernes.

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Témoignage

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ia (le nom a été changé), 61 ans, touche une allocationchômage et travaille comme bénévole chez Atelier Groot Eiland depuis douze ans. Elle ne possède aucun diplôme. Auparavant, elle a travaillé chez Etiket, le service d’envois, elle a préparé des gaufres chez ArtiZan, et fut longtemps caissière au restaurant Heksenketel, le restaurant, qui vendait les produits d’ArtiZan, fait par des personnes en programme de “soin par le travail”. Elle avait aussi travaillé comme aide ménagère chez Familiehulp mais elle a dû abandonner à cause de problèmes de dos.

Elle travaille à mi-temps. En faisant ainsi elle gagne comme bénévole un euro de l’heure extra Elle a pu économiser une petite cagnotte, qui lui a permis par exemple d’acheter un nouveau matelas. Elle aime la compagnie et le contact avec les clients. Tout le monde la connaît Mia et demande après elle.

L’agence pour l’emploi l’appelle de temps en temps pour des travaux de nettoyage, mais pour elle, c’est devenu trop pénible physiquement.

Côté logement, sa situation est meilleure : elle habite dans l’’immeuble géré par Baita, l’office de location sociale, et pour elle, c’est un grand bonheur. Avant cela, elle résidait en habitat protégé, chez Puerto.

Mia est arrivée chez AGE sur recommandation d’un foyer pour femmes où elle résidait.

Le déménagement de la petite boutique située à l’arrière du bâtiment, et qui a récemment été transférée près du restaurant à l’avant, a été pour Mia une rude épreuve, car il y a beaucoup plus d’affluence. Elle s’efforce de s’adapter, mais elle pleure tous les jours, et a beaucoup de mal à interagir avec d’autres personnes dans ce cadre élargi.

Mia a toujours peur d’être appelée

par le bureau de chômage pour une offre d’emploi. Mais selon l’agent qui suit son dossier, il est clair que la transition vers un emploi dans le secteur privé classique n’est plus réaliste. Tout le monde n’est pas prêt à témoigner: Ainsi, personne n’a envie de parler de son QI peu élevé ou de son manque de connaissance générales, qui sont des barrières pour le recrutement et l’engagement. Beaucoup de mères célibataires vivant dans la pauvreté souhaitent rester dans l’ombre. Elles sont souvent endettées, et ne se sentent pas prêtes à travailler car elles ne parviennent pas à organiser leur vie. Pour aider ces personnes fragiles à trouver un emploi durable, il faudrait mettre en place une organisation du travail plus flexible et mieux adaptée, et leur offrir un accompagnement spécifique.

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Brussels, we have a problem...

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Bruxelles, la situation sociale est potentiellement explosive: de plus en plus de riches, de plus en plus de pauvres (surtout chez les immigrants), une classe moyenne relativement réduite. Le chômage, surtout pour les personnes peu qualifiées, reste structurellement élevé, à cause du manque d’offre d’emplois correspondant aux profils disponibles. Le taux de chômage administratif s’élève fin juin 2021 à 15,4% (Actiris), A Bruxelles, en janvier 2020, 6% des actifs de 18 à 64 ans touchaient le revenu d’Intégration sociale, 7% l’allocation de chômage ou l’allocation d’insertion, 5% l’allocation d’invalidité, 2,4% un revenu de remplacement ou l’allocation

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d’intégration1. Surtoutchez les jeunes adultes le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale a augmenté. Près d’un tiers des Bruxellois (30,9%) vivent en dessous du seuil de pauvreté, notamment des foyers sans travail ou des personnes isolées travaillant à temps partiel. L’inégalité des revenus dans la RBC est plus élevé que dans les autres deux régions, et aussi que dans d’autres métropoles du pays. FeBIO demande l’établissement d’un lien entre le taux de chômage structurel chez les travailleurs peu qualifiés et peu scolarisés, et le contingent d’emplois aidés sous le régime de l’article 60 mis à disposition de l’économie d’’insertion.

1

Baromètre de la pauvreté Bruxelles 2020

On pourra tenir compte des situations locales, qui varient selon les communes. La crise covid a renforcé l’inégalité sociale à Bruxelles, le clivage avec les autres régions risque de s’agrandir.


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Bruxelles, nous avons un plan?!

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’investissement dans les programmes de formation est positif, mais ne suffit pas à résoudre le problème. Il faut avant tout créer des emplois stables rémunérés, qui soient adaptés aux personnes peu ou non qualifiées. 4987 Personnes ont obtenu un emploi grâce à un contrat en Article 60 - une fraction des personnes susceptibles de se qualifier pour ce statut1.

Pour améliorer la situation, il faudrait mieux développer les secteurs employant des travailleurs à scolarité faible ou moyenne, renforçant les liens sociaux - commerce de détail, accueil des enfants, services sociaux adaptés à des besoins réels - mais qui ne sont pas autosuffisants financièrement.

FeBIO estime souhaitable le lancement d’un plan d’action global pour l’économie sociale en accord avec la Stratégie “2030 pour Bruxelles” et avec les grands défis européens: aligner la formation et l’emploi sur les besoins réels du marché de travail, lutter contre le décrochage scolaire et le chômage des jeunes, offrir des emplois de qualité, miser sur l’économie sociale…Pour beaucoup de personnes, le succès sur le marché de travail dépend d’une bonne combinaison entre un travail rémunéré et une formation. La capitale de l’Europe améliorera son image si elle prend des initiatives de plus grande ampleur pour l’insertion des plus vulnérables dans le marché du travail et la création de nouveaux emplois.

Nous partageons nos bonnes pratiques en matière d’insertion et d’entrepreneuriat sociale avec nos membres et avec collègues de la FeBISP et sommes ouverts à toute collaboration avec le secteur privé classique et les pouvoirs publics.

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Chiffres cités dans la Commission des Affaires Economiques 20/2/2020, ministre Clerfayt, source Actiris, 30 novembre 2020

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Travail et formation FeBIO préconise l’inversion du parcours traditionnel consistant à offrir d’abord une formation, puis un emploi. Il faut au contraire identifier les compétences immédiatement utilisables, et créer sur le champ des emplois aidés, accompagnés de modules de formation spécifiques. Nous recherchons des stages et des emplois, dans divers secteurs, pour nos collaborateurs en PTP et pour les personnes sous le statut de l’Article 60, chez des employeurs du secteur privé, avec possibilité d’évolution du poste vers un emploi stable.

Si vous êtes un employeur intéressé par ce projet, contactez-nous !

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Que peuvent faire les employeurs du secteur privé pour améliorer l’intégration des travailleurs cibles dans le marché du travail? C’est la question centrale de l’étude ‘Vers une employabilité durable des travailleurs issus de l’économie sociale dans l’économie principale. Dix études de cas d’entreprises, dans les secteurs du bâtiment et de la santé1, de Miet Lamberts et Laura Jacobs, HIVA, 2014.

1 Naar duurzame tewerkstelling van doelgroepmedewerkers uit de sociale economie in de reguliere economie.Lessen uit 10 unieke organisatiecases, met bijzondere aandacht voor de bouwen zorgsector (titre néerlandais)

L’étude identifie quelques facteurs de succès, notamment: l’engagement de l’employeur mais aussi de ses collaborateurs, une attitude positive à l’égard de la diversité sur le lieu de travail, l’adaptation de certaines des missions confiées à l’employé. une période d’adaptation, éventuellement sous forme de stage combiné avec une formation,


FeBIO-EXPRESS Postes vacants difficiles à pourvoir Pour les postes exigeant une qualification (attestation ou certification), par exemple accompagnateur d’accueil pour enfants ou assistant logistique, on peut mettre en place un parcours combinant l’emploi avec une formation externe dans un organisme reconnu.

KLIMOP de Atelier Groot Eiland

Soutien d’une organisation externe pour amener des travailleurs cibles. Il peut s’agir d’un soutien ad hoc en cas de problème particulier, ou d’un programme plus structuré et intensif, par exemple un accompagnement sur le lieu de travail, avec des entretiens d’évaluation réguliers. Une approche par étapes est préférable, afin que le poste corresponde aux compétences du travailleur cible. Il faut s’assurer que le travailleur cible soit accompagné par un collègue, et établir un équilibre dans l’organisation du travail et au sein de l’équipe, pour éviter que la pression ne devienne excessive.

Recommandations de l’étude Afin d’encourager les entreprises à embaucher les travailleurs cibles, y compris pour des postes vacants difficile à pourvoir, il faut leur attribuer des compensations. Il faudrait aussi multiplier les contacts entre le secteur privé et les professionnels de l’économie sociale, afin que ces-derniers acquièrent une meilleure compréhension de la mentalité, des désirs et des besoins des employeurs du secteur privé. Le gouvernement peut les y aider, en organisant des rapprochements entre responsables des deux secteurs. Des exemples d’insertion réussie peuvent inspirer et convaincre les employeurs. Le plus souvent,

les travailleurs aidés sont reconnaissants, loyaux et motivés - une plus-value pour l’entreprise. Oser sortir de l’économie sociale Plusieurs études indiquent que les travailleurs aidés se sentent à l’aise dans l’univers protecteur de l’économie sociale. Le transfert vers le secteur privé provoque chez eux des incertitudes sur un éventuel retour vers l’économie sociale, sur le rythme de travail qui sera exigé d’eux, sur les modalités de l’accompagnement... Lisez ici l’étude complète en néerlandais

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assure la défense des intérêts des associations membres

dans divers secteurs: la législation sur les entreprises sociales et le mandat d’insertion mesures d’aide à l’emploi, Article 60, contrat d’insertion, ECOSOC, ACS, .... les politiques urbaines les comités paritaires

SUR OP construit un réseau de partenaires pour l’insertion. FeBIO et ses membres s’enrichissent réciproquement car ils sont confrontés aux mêmes défis.

TERTER-

L’objectif sociétal est essentiel,

chacun le remplit à sa façon.

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FeBIO

développe avec ses membres une

vision, une mission et un programme d’action. soutient, propose des recommandations, et agit comme porte-parole. collecte des informations sur le secteur (enquêtes chez les membres) et sur les réalisations, le fonctionnement et l’identité de ses membres. encourage la professionnalisation, transmet aux instances officielles des mémorandums et points de vue développe les activités favorisant le bon fonctionnement des associations.

LE HET Notre diversité est une force, car tous nos membres sont actifs dans l’économie sociale.

RAIN


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Plus de travail! Que faire? Si vous êtes employeur dans le secteur privé, vous pouvez y amener des personnes venant de l’économie sociale en leur offrant des emplois dignes, ainsi que des stages pendant leur parcours d’expérience. Si vous êtes consultant chez Actiris ou VDAB, vous pouvez guider les travailleurs cibles vers l’économie générale; ou inciter des employeurs bruxellois importants à embaucher dans leurs équipes techniques les personnes venant de l’économie sociale. Pour cela, vous devez posséder des contacts personnels et un réseau professionnel spécifique au secteur visé. Si vous êtes citoyen et consommateur, vous pouvez et stimuler la demande en achetant les produits et services de l’économie sociale. Si vous êtes un responsable de contrats à la ville de Bruxelles ou à la Région Bruxelles Capitale vous pouvez renforcer la présence de clauses sociales dans vos contrats. Si vous êtes un responsable politique, vous pouvez faire des choix qui réduiront les inégalités sociales et soutenir pleinement l’économie sociale. La politique d’achat de la région peut être un moteur pour accroître les investissements. Nous avons aussi besoin d’un organisme qui aidera mieux les communes à intégrer les clauses sociales dans leurs contrats. Si vous êtes diplômé de l’enseignement supérieur, vous pouvez fonder une entreprise qui mettre la technologie au service de l’emploi pour les moins instruits et les moins qualifiés. Si vous êtes un acteur engagé dans la société civile, vous pouvez prendre la parole afin que dans d’autres secteurs (smart cities, renouvellement urbain, santé, environnement, culture…) les responsables soient plus attentifs aux questions sociales Si vous êtes responsable d’un CPAS, vous pouvez accompagner des travailleurs sous contrat Article 60 vers des projets d’expérience de travail correspondant à leurs intérêts. 27


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FeBIO veut un travail durable pour chacun

FeBIO-Express est destiné aux employeurs du secteur privé, aux responsables politiques et aux parties prenantes de l’économie sociale à Bruxelles.

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