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Ahmed
Ahmed Boukhari a transité du Café ABC d’EAT vers un emploi stable chez L’Amourette, snack-bar.
Ahmed, âgé de 39 ans, est né au Maroc et a connu une jeunesse difficile. Après une période mouvementée, il atterrit chez EAT. Il a suivi pendant son parcours d’insertion une formation d’aide-cuisinier.
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Ahmed travaille dans l’horeca
A midi, c’est le coup de feu chez l’Amourette. Six personnes, dont lui, s’activent derrière le grand comptoir pour servir les clients. Enfant, il fut recueilli par une famille française et amené en France. Mais quelques années plus tard ses nouveaux parents l’abandonnent et il est renvoyé au Maroc. Son parcours scolaire est brutalement interrompu, ce qui provoque chez lui un grave traumatisme psychologique. Il obtient malgré tout son diplôme de fin d’études primaires. Adulte, il arrive à Bruxelles et connaît des années difficiles et solitaires. Sans papiers, il devient SDF, et le restera pendant 12 ans.
Il séjourne également à la Clinique Sans Souci, un lieu d’habitat protégé, destiné aux adultes ayant des difficultés à vivre en autonomie pour des raisons psychiatriques. Ils y reçoivent un accompagnement adapté et participent à des activités de jour. Après une longue hospitalisation à la Clinique Sans Souci, Ahmed est envoyé chez EAT sur intervention d’un CPAS. A l’hôpital, on craignait qu’un parcours d’insertion professionnelle s’avère trop lourd pour lui, mais il réussit à obtenir un contrat PTP de deux ans.
Son travail chez EAT a été pour lui une véritable thérapie.
Ahmed chez L’Amourette
A son arrivée, il souffrait encore de dépression, mais il se mit rapidement à apprécier le contact avec d’autres personnes lors des nombreuses réunions.. Il se souvient avec gratitude de ‘Monsieur Alain’ que tout le monde appelait ‘Papa’ et qui était un homme de confiance. Il n’a pas non plus oublié l’autre patron, affligé d’un caractère difficile, qui faisait preuve de paternalisme et d’une sévérité excessive. Malgré tout, Ahmed acquiert un peu de confiance en lui, apprend beaucoup et suit des formations, notamment par exemple une initiation à l’hygiène chez JES. Sur recommandation du CPAS, il commence à apprendre le néerlandais et apprend le métier d’aide cuisinier à l’école Elishout/ CERIA.
Aujourd’hui, il sait préparer une soupe, un bouquet garni, des entrées, des plats du jour. Il devrait bientôt s’attaquer à l’apprentissage de la pâtisserie, mais ce sera difficile avec les horaires actuels.

Vers la fin de son contrat chez EAT, Ahmed allait tous les jours au café ABC à Anderlecht en triporteur, qu’il pleuve ou qu’il vente. Là, il cuisinait pour une cinquantaine de personnes - des résidents temporaires d’un centre d’accueil d’hiver proche de la gare de l’Ouest, géré par Vluchtelingenwerk Vlaanderen. Il préparait diverses viandes, du couscous, du riz mexicain, les plat en bain-marie... Chez Café ABC, les repas pour les réfugiés étaient préparés avec enthousiasme. Pour Ahmed, il s’agissait d’un engagement personnel très fort, car il était passé par là luimême, et savait que ce type d’assistance faisait vraiment une différence.
Café ABC Une des 4 initiatives Horeca d’EAT
Le patron de l’Amourette engagea Ahmed presque sur le champ, après une période d’essai d’un seul jour, car son C.V. était déjà bien rempli et qu’il parlait néerlandais et français. Il lui fallut du temps pour s’habituer aux horaires. Cinq jours par semaine, il doit se lever à 3 heures du matin, pour être au travail à 4h, et travaille jusqu’à 13h30. A présent, il est habitué à ce rythme. Cela fait aujourd’hui cinq ans qu’il travaille dans ce snack bar, l’une des meilleurs de la Gare du Nord. A ce jour, il n’y a eu pas de problème de discrimination entre hommes et femmes, ni à cause de la religion, même après les attentats de 2016. L’équipe est bien rodée, les clients apprécient qu’il parle néerlandais. Entretemps, Ahmed a obtenu la nationalité belge, tout en conservant sa nationalité marocaine. Il regarde l’avenir avec confiance. Même si un jour il devait changer d’emploi, il se dit persuadé qu’il pourrait trouver facilement un autre poste dans le Horeca. Il est le père d’une fillette de trois ans, et sa femme est à nouveau enceinte. Ahmed quand il servait des repas