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Najat en Benale

Najat Kenzy et Saadia Benale sont passées d’Aksent à l’Aide aux Familles.

Najat, 37 ans, d’origine algérienne réside en Belgique depuis 14 ans, et Saadia, 42 ans, marocaine, depuis 19 ans. Najat a travaillé trois ans chez Aksent sous le régime de l’article 60 - à 31 ans, c’était son premier véritable emploi car auparavant, elle travaillait au noir. Aujourd’hui, Najat et Saadia travaillent à L’Aide aux Familles. Najat a obtenu un contrat à plein temps à durée indéterminée. Saadia a d’abord eu un contrat à mi-temps, puis un deuxième à durée indéterminée. Elles sont aides-ménagères pour des personnes âgées, des malades en situation précaire, et des familles ayant des problèmes avec leurs enfants.. Elles travaillent dans les quartiers Gare du Nord, Schaerbeek et Helmet - un territoire limité, permettant de rester à proximité des clients.

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Najat et Saadia sont aides- ménagères

Dans leur métier, il est important de savoir communiquer avec les clients - Najat et Saadia parlent l’arabe et le français -, de faire preuve d’une bonne attitude et de respecter la déontologie professionnelle. Auparavant, Saadia a travaillé quelques années pour ISS, dans le secteur du nettoyage. La plupart des bénéficiaires sont des personnes esseulées, sans enfants ni famille, ce qui les rend très dépendants. Très souvent, ils considèrent peu à peu les aides ménagères comme des membres de leur famille. Pour son premier jour de travail, Saadia a préparé à son client un repas typiquement belge: un beefsteak-purée... En général, Najat et Saadia s’occupent à présent de deux ou trois clients par jour, avec des pauses de quinze minutes toutes les deux heures. Chez Aksent, elles gagnent entre 1 et 5 euros de l’heure. Chez l’Aide aux Familles, de 1 à 7 euros de l’heure. En moyenne on paie 3 euro de l’heure.

Elles ne sont pas seules à rendre visite aux clients, qui bénéficient aussi souvent de soins à domicile ou d’une aide familiale. Toutes ces tâches sont strictement réglementées. Les aide-ménagères font aussi les courses, et bénéficient pour cela d’une assurance . La transition d’Aksent vers L’Aide aux Familles s’est faite sans problèmes d’ajustement. Najat a été engagée grâce à une amie infirmière qui y travaillait, et qui a envoyé à sa direction une lettre de recommandation. Durant la transition, l’accompagnement fourni par Groep INTRO, ainsi que par Maks Travail, s’est avéré très utile.

Najat et Saadia reçoivent sans cesse des compliments de leurs nouveaux employeurs. Cinq des quinze collaborateurs de l’Aide aux Familles viennent d’Aksent, grâce notamment à la formation

Najat et Saadia Talents pour le secteur des soins...

dont ils ont bénéficié : premiers secours, soins, techniques de nettoyage... Avec les personnes les plus âgées,souvent isolées socialement, il faut faire preuve de patience et d’empathie.Elles doivent aussi établir des relations de coopération, pour éviter que le client se contente de donner des ordres en restant assis sur son sofa. Par ailleurs, il faut savoir gérer les personnes atteintes de troubles mentaux ou de dépression. Chez les plus jeunes, les intervenants travaillent toujours à deux. Selon Najat et Saadia, les jeunes en situation d’habitat protégé sont souvent les plus “difficiles”. Toutes deux font preuves de maturité et professionnalisme. Saadia raconte qu’au début, l’une de ses clientes hurlait qu’elle n’aimait pas les Marocains, qu’ils étaient tous “mauvais” et que leurs femmes faisaient trop d’enfants. Dans cette situation, Saadia a su garder son sang froid, et le miracle s’est produit. Un lien s’est créé entre Saadia et cette dame, fondé sur le respect mutuel. Quand Saadia a dû cesser de travailler chez elle pour une raison d’ordre privé, elles ont pleuré et se sont embrassées très fort. Un jour, Najat vit sur Kapaza des meubles de salon qui lui rappelaient ceux de son ancienne cliente.. Elle appela l’administration pour demander “si tout allait bien avec Madame X”, et apprit qu’elle était décédée. Désormais, les clients sont des hommes et des femmes de toutes nationalités. Certains ne parlent que l’anglais. Normalement, Najat et Saadia portent le foulard islamique, mais elles doivent obligatoirement l’enlever chez les clients. Parfois elles rusent avec l’interdiction, par exemple en portant un bonnet sur le bandeau, Une de leur collègue porte même une perruque. En revanche, lors des réunions internes de l’association, elles peuvent garder leur foulard, en présence de leurs quelques collègues masculins. Elles reçoivent trente heures de formation par an, ce qui est peu. Selon elles, les sessions ne sont pas toujours intéressantes, mais elles en apprécient certaines, par exemple sur les mesures à prendre lorsqu’elles trouvent un client sous l’emprise de l’alcool, ce qui est assez fréquent chez les personnes âgées. Elles ont aussi suivi des modules de formation pour leur apprendre à relativiser certaines situations complexes, ou à gérer les personnes en crise d’anxiété.

Pour le moment, Najat et Saadia n’ont pas envie de devenir aides familiales, car elles ont peur des responsabilités administratives, ont du mal à écrire en bon français. Par ailleurs, elles ont oublié le néerlandais.

Saadia a fait une demande d’emploi auprès de l’association flamande Familiehulp, et s’est présentée sans foulard, mais sa méconnaissance du néerlandais a été un obstacle. Soutien aux séniors - Aksent

L’importance de l’aide à domicile.

A Bruxelles, un séjour en une maison de repos coûte 1.365 euro par mois. Compte tenu du revenu moyen annuel des habitants des communes de Bruxelles, il est clair que beaucoup d’entre eux ne pourront jamais y aller, et ne pourront pas non plus payer la facture d’un séjour prolongé à l’hôpital. La collectivité doit intervenir pour aider les personnes âgées à rester chez elles le plus longtemps possible, grâce à une alimentation saine et à un ensemble de soins à domicile coordonnés entre les différents prestataires. Selon plusieurs études, le maintien à domicile est la solution la meilleur marché. Or, les soins à domicile sont une opportunité d’emploi pour les hommes et femmes d’origine étrangère, qui sauront gérer la diversité et seront sensibles aux différences culturelles. Aksent est depuis longtemps actif sur ce terrain, mais elle doit réduire ses activités à cause de la diminution de 5% des subventions ACS.

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